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Les chapitres

 Le peuple Yoruba et les orishas


 La cosmogonie
 Le culte Ifa, la divination
 L’Egungun ou le culte des morts
 L'Ibeji le culte des jumeaux
 Les Orishas
 Le peuple Fon et les voduns
 Cosmogonie, sorcellerie et magie chez les Bakongo Le peuple Yoruba
et les

Longtemps bercés par les sirènes de la république nous avons partagé avec l’Afrique nos
ancêtres communs les gaulois. Loin de toute arrière-pensée, nous étions tout compte fait
heureux de prêter à ces pauvres noirs un peu de ces racines qui semblaient tant leur manquer.
Pour des générations élevées au grain du colonialisme, l’africain était un type bizarrement
fringué, planté devant sa case à surveiller ses trois maigrichonnes chèvres, croyant à
balivernes dignes d’un moyen-âge que nous, nous avions relégué au rang des antiquités
superstitieuses. Aujourd’hui nous savons enfin que l’Afrique avait ses grands royaumes, ses
cultes riches de mythologie et de symboles, et un art sacré dont la splendeur éclate dans nos
plus grands musées. Sortis d’une longue période d’occultation réapparaissent ça et là, parfois
sur leur terre natale, souvent dans des exils lointains, les témoins de ces archaïsmes culturels
et cultuels. Rafraichissantes pour nos concepts religieux, ces apparitions sont de plus des
occasions exceptionnelles nous permettant d'observer le résultat de l’évolution en divers
milieux.
A ce jeu le peuple Yoruba est sans conteste l'échantillon témoin parfait. Envahi par le
christianisme et l’islam dans son pays de naissance, c’est dans sa déportation que le culte va
exprimer toute sa vigueur en donnant naissance ou en influençant la plupart des syncrétismes
afro-américains.
Casque Yoruba
Si nous retrouvons les yorubas dans les rivages des Caraïbes, c’est vers le Nil qu’il nous faut
en rechercher les origines. Selon Olumide Lucas (The Religion of Yoruba) l’ethnie yoruba
serait originaire d’Egypte. Similitudes de croyances et de noms semblent donner corps à cette
probabilité. Quoiqu’il en soit le peuple Yoruba est difficile à suivre. D’abord parce que sa
mythologie se mélange parfois avec son histoire, mais surtout parce que l’attribution du terme
yoruba à un ensemble de population résulte d’adaptations faites par les envahisseurs. En
premier les Houssa des voisins du nord et en suite les colons européens. En fait l’origine pure
et dure du peuple yoruba est la ville d’Ile-Ife (actuel Nigéria). Le terme Yoruba est accordé à
un ensemble de peuplades qui « parlaient le Yoruba » et s’identifiaient à la communauté, les
Ifé, les Isa, et d’autres qui ne s’identifient pas, comme les Sabe et les Idaisa, même si tous ces
groupes partagaient une même mythologie et une même culture.

Le nom Yoruba viendrait de « YO-RU-EBO » qui voudrait dire « ceux qui font des offrandes
aux Orishas ». Le mythe de la création des Yoruba fait de la ville d’Ile-Ife l’origine de toute
chose. Cette ville aurait été créée par l’Orisha Oduduwa, qui plutôt qu’un dieu aurait été
véritablement un roi dont les parentés auraient créés de nombreuses villes dont Oyo et Benin.
Les villes ou royaumes étaient dirigées par un roi (oni) mais la ville d’Ile-Ife conservait la
primauté religieuse apparaissant comme la Mecque du culte Yoruba. C’est avec l’arrivée des
Fulani venus du califat de Sokoto que l’Islam fut introduit au Yorubaland. Guerres avec le
Dahomey, luttes intestines affaiblirent l’ensemble du peuple Yoruba permettant la capture
d’esclaves et leur déportation vers les Amériques.

La cosmogonie
Cet Article a té complètement revu le 25/11/2009

Nous venons de situer les Yorubas dans leur contexte, mais ce qui nous intéresse ici c’est leur
religion, aussi devons nous aborder en premier leur cosmogonie dans sa version originale,
c'est-à-dire non encore influencée par ses apports américains. Avant tout chose il nous faut
préciser qu’à l’image de nombreux animismes africains le religion des yorubas ne propose
aucun concept métaphysique ou philosophique, ni de paradis ni d’enfer, mais une démarche
destinée à relier le monde matériel des vivants au monde spirituel ce que nous pourrions
appeler l’ici-bas à l’au-delà.

Toute la création est une sphère constituée de deux moitiés, l’une représentant le royaume de
tous les êtres vivants (humains, animaux, plantes) appelé Ayé et l’autre contenant les pouvoirs
spirituels (Orun-réré) , où se situent les Irunmoles, le Orishas, les Ara Orun(ancêtres) et
les ajoguns (esprits malveillants). Notons ici que le terme Irunmole est souvent synonyme
d’Orisha, pourtant certaines versions distinguent les deux noms. Irunmole serait en fait les
esprits supérieurs situés dans l’Orun (ciel) mais qui ne viendraient jamais dans l’Ayé, alors
que les Orishas sont chargés d’établir les liens entre ces deux règnes et circulent donc entre
les deux.

La religion Yoruba comme les autres animismes ayant participé à la formation des
syncrétismes afro-américains, est un monothéisme. Oloddumare en est le Dieu unique, absolu,
créateur et source de toutes choses. Son nom signifie « Seigneur de notre éternel destin ». Il
n’est pas en contact avec les hommes autrement que sous sa seconde et troisième
manifestation, de façon directe par Olorun est indirecte par Olofin. Oloddumare ne possède
aucun autel, ni statues, ne fait pas l’objet de culte ni d’offrande et ne possède pas de collier.
Tous les êtres humains possèdent un Ayanmo ou destin manifeste qui doit amener la
conscience spirituelle que possède la personne dans le monde physique (Ori-Inu), à s’élever
pour rejoindre le monde spirituel d’Ori-Orun, autrement dit à se convertir en pur esprit avec
Oloddumare. Pour parvenir à ce but on pourra se faire aider par les Orishas et les Ara Orun.
Les Orishas sont les divinités chargées par Oloddumare de veiller à maintenir son ordre dans
le monde matériel c’est à dire à assister les hommes dans leur destinée mais aussi parfois les
contraindre à suivre cette destinée s’il s’en écartent trop. Pour comprendre la nature des autres
entités intervenant dans le processus nous devons maintenant en venir au cycle de vie et de
mort.

Selon les croyances yorubas l’être humain est constitué de trois éléments. Le premier
est Ara notre corps physique qui la mort devient unoku ou cadavre. Nous trouvons en
suite Emi notre esprit, le siège de la conscience qui stocke l’ensemble de l’expérience acquise
dans notre actuelle incarnation. Pour finir vient Ori, notre âme, qui conserve en mémoire les
acquis de nos anciennes incarnations mais dont le souvenir ne nous est pas accessible avant
notre mort. A la mort justement Ori et Emi désolidarisés d’Ara ne forment plus qu’une seule
entité qui restera en attente de son retour en Ayé au travers de la réincarnation (atunwa) ou
alors parvenue au terme de son évolution sera admise au royaume d’Orun pour devenir pur
esprits compagnon des orishas.
Lorsque le retour vers l’ayé s’avèrera nécessaire, le couple Emi-ori deviendra un Egun (Mort).
Si la vie terrestre de l’egun a été respectable il devient alors Omaluabi un esprit ancestral
bienveillant pouvant être vénéré par sa lignée. En revanche si l’egun a eu une vie dissolue il
devient Ajogun un esprit obscur et malveillant porteur de tous les maux qui affligent
l’homme au cours de son incarnation, la mort, la maladie, la haine, l’isolement, l’égoïsme, la
malédiction, la perte et l’abandon. Comme on le voit les maux qui frappent l’homme durant
son incarnation ne sont pas uniquement de son fait mais résident dans la présence d’entités
nuisibles qui vont s’acharner à lui rendre la vie impossible. Cette croyance est en Afrique la
source de la toute puissance que la sorcellerie étend sur la société et l’individu en permettant à
chacun de se dédouaner des responsabilités pour rejeter les conséquences de ses actes sur
autrui passant ainsi du statut de coupable à celui de victime.

Oloddumare est le grand propriétaire de l’ Ashé que l’on put assimiler au souffle créateur ou à
l’énergie vitale ou encore à l’âme dont la force va se répandre dans toute création et se
retrouver non seulement chez les orishas ou les ancêtres mais dans chaque éléments matériel
comme les sources, les rivières, les forêts etc…Olorun deuxième manifestation d’Oloddumare
est le propriétaire du ciel autrement dit du monde spirituel, et il est en contact direct avec les
hommes. Il est le propriétaire de la vie et donne l’énergie aux créations terrestres, il possède
les couleurs la lumière l’air la force et l’effort. Il n’est en revanche pas reçu comme un Orisha.
Olofin, la troisième manifestation d’Oloddumare est le propriétaire du palais dont les
courtisans sont les Orishas qui servent d’intermédiaires entre lui et les hommes. Rien ne peut
réussir sans son intervention, mais il vit retiré et ne descend que très rarement dans le monde
matériel. C’est lui qui répartit l’Ashé entre les Orishas et c’est encore lui qui a autorisé
Orunmila à descendre sur terre pour être prophète. Orunmila est l’Orisha de la divination et
l’oracle suprême. C’est le bienfaiteur de l’humanité et son principal conseiller. C’est un grand
guérisseur dont il ne faut jamais ignorer les avis, auquel cas Eshu le grand donneur de leçon
nous rappellera à l’ordre. C’est par la divination de l’Ifa qu’Orunmila communique avec les
prêtres spécialisés les babalawos. C’est encore Orunmila qui est présent auprès de l’egun prêt
à se réincarner afin de l’aider dans le choix du destin qu’il se fixe pour sa future existence en
Ayé.

Le culte Ifa, la divination

La divination relève d’une technique extrêmement sophistiquée, et pour la comprendre il nous


faut aborder la mythologie Yoruba. Olodumare a créé l’univers en acceptant un seul témoin ’
Orunmila qui a créé le monde des hommes. Olodumare donna à Orunmila la méthode parfaite
pour que par son intermédiaire puisse être établi le lien entre les Orishas et l’être suprême, en
prenant comme intermédiaire l’Orisha Ifa .Cette recette secrète permettant de pénétrer le
mystère repose sur le symbolisme du nombre « seize ». Le monde des hommes est lui-même
sorti d’un palmier à seize branches situé au centre de la ville d’Ile-Ife, ses branches formant
en quatre points cardinaux les seize quartiers de la ville. Oluda, le premier roi (Oni) d’Ife eut
seize fils qui fondèrent les seize royaumes yorubas. Orunmila apprit l’art de la divination aux
seize fils qui la transmirent à leurs successeurs les Babalawos (les devins ou prêtres d'Ifa).
Le seize représente les seize possibilités de vie humaine. Ces seize principes appelés Odu ou
Oladu eurent à leur tour seize fils chacun représentant ainsi 256 possibilités. Chaque
possibilité (odu) possède seize poèmes (ese) qui transmettent des indices pour les séances de
divination, ce qui donne finalement 4096 scénarii possibles. En d’autres termes lorsqu’une
question est posée à un babalawo (devin) il existe 4096 réponses possibles, soit autant de
poèmes qui devront être interprétés par le devin pour donner une réponse. Ce système
s’apparente aux hexagrammes du Yi-King qui d’ailleurs donnent en multipliant 64 par lui-
même le résultat de 4096.
Ici le tirage ne se fait pas au moyens de baguettes ou de pièces de monnaie, mais en utilisant
les 18 noix sacrées ou le chapelet divinatoire donnant 16 signes en 16 maisons soit 256.
L’utilisation des noix s’appelle le Grand jeu et le chapelet le Petit jeu. Les Babalawo héritiers
du savoir transmis par Orunmila sont les témoins de la destinée les « parents des secrets »
qu’ils révèlent par l’utilisation de la planche Ifa , Ifa étant devenu le nom du rituel
divinatoire.Le plus grand babalawo est celui de la ville sacrée Ile-Ife le Vatican Yoruba.

Les Egungun, le culte des morts

Le culte des ancêtres est comme dans la plupart des religions africaines un point majeur de la
croyance. Entre les vivants et les morts existe un lien indélébile dont il faut tout au long de la
vie manifester la vigueur. Parfois invité à participer à des actes du quotidien le mort fait aussi
l’objet de manifestations spéciales qui chez les yoruba passent par les mascarades consacrées
à l’esprit des disparus.L’Egungun est cette incarnation de l’esprit du mort revenu chez les
vivants pour visiter ses enfants. C’est un officiant qui revêt le masque d’Egungun, et qui
s’enveloppe des pieds à la tête de tissus afin de cacher toutes les parties de son corps faute de
quoi celui qui la verrait, mourrait. Le masque porté par le figurant représente souvent un
animal, serpent, léopard, ou un étranger (européen). Une fois la ville purifiée par les
médecines et l’eau bénite, la mascarade peut commencer. A cette occasion les morts
communiquent avec les vivants au moyen de la transe des danseurs, et font part de leurs avis
afin d’améliorer le sort de la communauté. Le culte des ancêtres est généralement destiné à la
préservation de l’ensemble social vécu comme un corps à lui tout seul, l’individualité devant
être mise au service de ce corps.
Cette préférence sociale n’empêche en aucun cas que la société yoruba soit fondée sur le clan
ou la famille. Mais pour les Yoruba la notion de famille ne se limite pas aux enfants et
parents, mais inclut oncles, tantes, petits enfants, familles unies par un mariage commun. En
fait la famille est le clan. Le chef de la famille la plus nombreuse est le chef du clan, le Bale.
Il établit la justice et doit adopter tout enfant du clan qui se retrouverait orphelin. Lorsque
plusieurs clans cohabitent dans un même village il finissent par se considérer comme de
même famille. Lorsque naît l’union de communautés de villages, la tribu, les Bale choisissent
un chef commun, un Oba, qui sera responsable de la justice et des affaires économiques et
sociales jusqu’à sa mort.
Les Yoruba croient à la réincarnation et a un jugement post-mortem prononcé par Olorun. De
ce jugement porté sur la vie écoulée dépendra les conditions de la vie future. Ni plus ni moins
que la notion de Karma. En principe l’âme du mort devra se réincarner dans deux générations
chez les descendants de son ancienne famille. Cette prédilection familiale affirme
l’importance du culte des ancêtres et de la nécessité de conserver avec eux de bonnes
relations.

Comme n’importe quel groupe social ou individu les yoruba cherchent à se préserver des
mauvais sorts et des maladies. La particularité chez eux est que ces évènements sont toujours
le résultat d’une action maléfique entreprise par une sorcière. Jamais un yoruba ne peut être
responsable de son sort. Le pouvoir de la sorcière ne peut atteindre qu’un individu.
Catastrophes ou épidémies sont du seul pouvoir de Shango le dieu du tonnerre ou de Shopona
le dieu de la vérole. Pour défaire le pouvoir d’une sorcière il faut consulter le babalawo, prêtre
d’Ifa dont les services ne sont pas donnés.
S’il ne peut se payer le babalawo, il ne reste à la victime qu'à s’assurer une vie irréprochable
ou de rentrer dans une communauté de culte qui par la connaissance de la magie noire
possède tous les antidotes. La société la plus puissante est celle des Ogboni. Cette société dont
les pouvoir s’exerçaient même dans le monde politique pouvait décider l’élimination de tout
adepte ayant perdu ses faveurs. Le chef des Ogboni envoyait une tasse de poison chez le banni
et ce dernier devait en boire le contenu.

Les Ibeji, le culte des jumeaux


Avant d’en venir aux Orishas il nous faut aborder un aspect particulier de la vie Yoruba, le
culte des Jumeaux ou « Ibeji » (appelé Hoho chez les Fon). Ce culte repose d’abord sur un fait
génétique avéré. Nous avons constaté qu’aux USA survenait la naissance de 8 jumeaux pour
mille naissances. Chez les yoruba ce rapport est de quarante pour mille, ou encore, dans le
monde il nait un jumeau toutes les 80 naissances alors que chez les Yoruba il en nait un toutes
les vingt naissances. Une autre façon de se faire une idée est de comparer le taux mondial de
naissance gémellaires de 8/1000 avec le taux de la ville nigériane d’ Igboora qui est de
150/1000.

Durant longtemps l’arrivée de jumeaux dans une famille était considérée comme un malheur.
Un tel accident ne pouvait s’expliquer que par l’infidélité de la mère. En pareil cas les enfants,
et la mère étaient tués. Les conséquences sur la démographie furent telles que les Yoruba
durent changer leur façon de voir. Dans ce cas rien de tel qu’un oracle pour dire de faire
autrement et vers le milieu du XIXème siècle les jumeaux devinrent des signes positifs
revêtus de pouvoir surnaturels. Des fêtes sont organisées à leur naissance et le babalawo les
consacre à l’Orisha IBEJI. (IBI= né et UJI=eux).
La tradition Yoruba veut que les jumeaux ne possèdent qu’une seule âme. Ainsi quand l’un
d’eux meurt celui qui reste est déséquilibré et se retrouve en danger. De plus la colère du
jumeau mort devient une menace pour celui qui reste et sa famille. Pour parer à ces
conséquences néfastes la famille consulte le babalawo et fait fabriquer une petite statue en
bois qui contiendra l’âme du défunt après que le babalawo ait pratiqué le rituel nécessaire.
Devenu le gardien de l’âme du jumeau mort, l’Ibeji recevra de sa mère toutes les attentions
qu’il aurait eu de son vivant. Il est lavé, nettoyé et même convié à la tété. Parfois les copeaux
des statuettes sont utilisés pour concocter des médecines ce qui explique les abrasions
constatées sur ces statuettes. Si les deux jumeaux meurent il n’est en principe pas utile de leur
sculpter des Ibeji. Mais comme ces jumeaux sont pourvus de pouvoir surnaturels supérieurs à
ceux des ancêtres « normaux » des figurines seront sculptées pour recevoir les offrandes
destinées à s’assurer de la protection des disparus.

Il est coutumier que le premier né soit appelé Taiyewo ou de façon abrégée Taiwo, Taiye ou
Taye, nom qui signifie «le premier à goûter le monde». Le deuxième né s’appelle Kehinde ou
«celui qui arrive après». On dit que Kehinde envoi Taiyewo en éclaireur pour voir comment
va la vie dans le monde. Taiyewo communique alors par des cris avec Kehinde pour
l’informer si la vie est bonne ou non et ainsi selon les intonations de ces cris Kehinde pourra
choisir de venir au monde vivant ou mort. De fait si Kehinde nait en dernier il est considéré
comme l’ainé puisque c’est lui qui a exercé son autorité sur Taiyewo en l’envoyant en mission
de reconnaissance. L’attribution d’un nom en fonction de l’ordre des naissances ne s’arrête
pas aux seuls jumeaux. Le premier enfant qui naitra à la suite des jumeaux sera appelé quel
que soit le sexe, Idowu ou Esu lehin Ibeji ce qui signifie "le polisson qui vient après les
jumeaux" parce que les Idowu sont souvent des enfants difficiles. S’il vient d’autres enfants
ils seront appelés successivement Alaba, puis Oni, Ola ou Idogbe.

On peut souvent observer les figurines transportées par la mère et débordant de sa tunique. Si
dans les premières années c’est la mère qui soigne les Ibeji et place les statuettes près de son
lit, plus tard ces Ibeji sont déposés dans le sanctuaire familial. Quand la mère meurt, si les
deux jumeaux sont aussi décédés, plus personne ne s’occupera des figurines. En revanche s’il
reste un jumeau vivant, c’est lui qui prendra en charge la statuette jusqu’à sa propre
disparition. Les Ibeji représentent toujours un adulte, et le sexe est celui du jumeau mort. Ils
portent des anneaux autour des poignets et des chevilles ainsi que des colliers des chaines et
des boucles d’oreille. Dans une forme de syncrétisme il arrive que des amulettes islamiques
soient gravées sur le dos des statuettes. Au Brésil le culte des jumeaux est syncrétisé avec
celui des saints Côme et Damien.

Les Orishas en V.O.


Il est temps maintenant d’en venir au point central du culte yoruba, les Orishas.L’univers a été
créé par Olodumare et il a chargé des forces spirituelles les « Irunmole » ou Orishas de
maintenir les choses en place. Les sources divergent quant au nombre des Orisha, mais les
plus fréquentes donnent un chiffre de 800. 400 demeurent dans le monde des esprits, le non
manifesté, et 400 autres divisés en 200 forces positives et 200 négatives se promènent entre
Orun (les esprits) et Aye le royaume de la terre. Chaque Orisha a sa personnalité, et sa
conscience influence la nature et les hommes. C’est par l’Ifa, le rituel de divination que
l’adepte prend contact avec les Orisha. Si chaque Orisha a sa personnalité, il est comme tout a
chacun susceptible de plaire ou déplaire. Ainsi certains Orisha se voient plus ou moins honoré
en fonction des localités ou des régions concernées.

Nous allons donner une courte liste des principaux Orishas.

Nous avons essayé d’en rester aux caractéristiques originales des Orishas telles qu’elles
existaient avant qu’elles aient subi les diverses transformations dues à leur émigration vers les
Amériques. Isoler ces caractères originaux avec certitude nécessiterait un véritable travail
d’historien qui dépasse le cadre de cette courte étude. Les données transmises ici ne tiennent
donc pas compte de l’évolution des typologies Orishas dans les divers cultes qui les ont
accueillis tel que la Santéria le Candomblé ou l ’Umbanda. De même nous avons pour la
plupart des dieux, ignoré leur correspondance chrétienne du fait que celle-ci fait aussi partie
de l’évolution. Les divers noms cités eux-mêmes concernent pour la majorité les traductions
espagnoles ou portugaises des noms Yoruba.
De toute façon nous avons bien compris que les Orishas sont les personnifications de
concepts, de forces, qui ont contribués et contribuent au maintient et à l’évolution de la vie
tant matérielle que spirituelle. Ce qui est original et touchant ici, est que contrairement à nos
religions du plus que parfait qui veulent faire que l’homme une lessive à l’ âme plus blanche
que blanc, les Orishas sont les miroirs de nos faiblesses de nos doutes et de nos forces. Bien
loin d’établir une arrogante domination sur l’homme, ils n’hésitent pas à mouiller la chemise
s’il le faut, en assumant des patronages aussi peu enviables que celui de la variole, celui des
marécages, de la boue , et même de ce truc bizarre, le cordon ombilical. Les Orisha oxygènent
nos esprits, soulage nos âmes. Nous sommes loin de ces grands dieux donneurs de leçon qui à
l’abri de la souffrance et de la mort dans leurs Edens dorés oublient qu’ils nous ont donné si
peu de moyens pour tant d’exigence.
Quelques Orishas

Olorun
Aussi appelé Olodumare, Olofin-Orun, Ogus, Oba-Ajiki
Il est le père du ciel et créateur de l’univers, parfois androgyne ou femelle. Dieu de la paix et
de l’harmonie il contrôle tous ce qui est blanc. (nuages, les os..) Olorun signifierait «
propriétaire de l’utérus arc-en-ciel », ce sui devrait être compris symboliquement comme le
dépositaire de la somme des couleurs possibles, le blanc, qui sous l’action du prisme donne
l’infinie multitude des couleurs. Olorun est le père d’Obatala lui-même père des Orishas, et de
Odudua (Oduduwa) que nous avons déjà rencontré et qui serait l’ancêtre des rois yoruba.

Aganju
Aganju est le dieu des volcans et des déserts (Saint Christophe).Il serait le troisième Orisha
apparu sur la terre il est associé avec Shango dont il serait ou le père ou le frère. Il est en
relation avec l’épaule. Les autres attributions relèvent d’avantage du culte Lucumi en
particulier la présence de l’Orisha dans le processus de germination, la production de richesse.

Babalu Aye
Connu sous le nom de Omulu, Shonponno, Obaluaye, Saktapa, il est le dieu de la maladie Il
est le fils de Yemaja et Orungan. Il est aussi le dieu de la guérison et l’eau fraiche l’apaise.
Dans la santéria il est syncrétisé par Saint-Lazare. Dans la mythologie du Dahomey il est le
dieu de la variole. Aujourd’hui il est invoqué pour guérir le Sida. Ses couleurs sont le Bleu, le
brun, le blanc, et ses offrandes sont faites de riz, de blé, de maïs, d’ognon d’ail, du poisson
fumé

Yemaja
Yemaja, Ymoja, lemanja nan Borocom, lemanja Bomi, lemanja Boci en Afrique, Yemanja,
lemanja ou Janaina au Brésil, la Sirène à Haïti, Yemalla, ou Yemana aux dans le voodoo de la
Nouvelle Orléans, cette déesse est la mère des déesses, patronne des femmes enceintes. Son
nom signifierait en yoruba « mère dont les enfants sont comme des poissions ». Elle est
représentée comme une vieille femme habillée de noir et mauve liée à la boue, les marécages
et la terre.

Eshu
Aussi appelé Elegua ou Elegba il est un des plus important Orisha. Il est le protecteur des
voyageurs, dieu des routes et particulièrement des carrefours. Il est le maître du hasard
apportant fortune ou infortune. Il personnifie la mort en temps que passeur d’âme. Toute
cérémonie doit commencer par une offrande à Eshu au risque de la rendre improductive. Eshu
est un maître sévère mais juste.

Shango
Sango Xango Shango Chango Jakuta.Un des Orishas les plus populaire. Dieu du tonnerre et
de l’éclair il aurait été le troisième ou quatrième roi du royaume d’Oyo déifié à sa mort.
Ogun
Dans la mythologie yoruba Ogun était à l’origine un chasseur appelé Tobe Ode. Il aurait été le
premier Orisha à descendre dans le royaume terrestre pour y trouver une habitation
convenable pour abriter la vie humaine. Pour cette action il fut appelé Oriki « premier des
Orishas à être venu sur terre » Il a été l’objet des premiers cultes yoruba dans une lieu nommé
Ekiti, et aurait été enseveli dans un endroit nommé Ire-Ekiti (mais sans mourir). Il peut être
agressif, peut aussi diriger la tête des femmes et des hommes efféminé dont il est amateur. Il
est aussi lié au sang et est consulté lors de maladie du sang. Il apparaît sous de nombreux
noms Ogun Alara, Ogun Elemona …

Ochosi
Oxossi, ochossi Oshossi Osawsi.Dieu de la forêt, il est chasseur et chaman. Il est aussi le dieu
de ceux qui travaillent avec les animaux.

Obatala
Oxala, Orixala, Orisainla.Dieu créateur il fit le corps humain auquel son père Olorun insuffla
la vie. Olorun créa l’univers, Obatala le monde et Oduduwa l’humanité. Il est le propriétaire
de toutes les têtes. Il a créé les handicapés et en est devenu le patron. Les personnes nées avec
une déficience sont appelées « eni orisa » littéralement, peuple d’Obatala. Il est le dieu du
nord et est habillé en blanc.

Oya
Oia, Lansa est la déesse du Niger. Elle est la déesse du l’éclair, la fertilité la magie, des
ouragans des tornades et garde le monde souterrain. Son nom complet est Oya-Yansan

D’autres Orishas

Nana Buluku-Nana déesse de la création, mère du vieux ciel et de l’esprit des marécages elle
est associée à la lune.
Olokun-Gardien des profondeurs océanes, des abîmes il est le patron de la diaspora africaine
Ochumare- Serpent arc-en-ciel,dieu du mouvement et de l’activité, gardien des enfants et du
cordon ombilical
Oshun- Déesse des rivières, de l’amour, de la beauté de la fertilité, amoureuse de Shango et
bien aimée d’Ogun.
Ibeji- Orisha des jumeaux sacrés
Ozain- Orisha de la foret il possède le saint liquide fait de diverses herbes. Il est le gardien
des herbes et des médecines naturelles.
Erinle- Orisha de la médecine, de la guérison et de la moisson.

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Le peuple Fon
et les voduns
Le peuple Fon installé au Dahomey, actuel Bénin, a payé un lourd tribut à l’esclavage, et a de
ce fait largement contribué à la diffusion des cultes africains dans le nouveau monde. De leur
mythologie Dahomey va émerger le candomblé vodun au Brésil, le vaudou à la Nouvelle-
Orléans et en Haïti. C’est bien entendu là aussi sous ses formes afro-américaines que le culte
est le plus connu, mais celles-ci font l’objet d’autres pages et ce qui nous intéresse ici est de
retrouver les caractères d’origine issus principalement de l’ethnie Fon au Bénin.

Dans la mythologie Fon, le Dieu suprême est Nana Buluku. Il est un Dieu au sens gnostique,
une entité non manifestée, incommensurable à laquelle il ne peut y avoir accès, il est
l’équivalent yoruba d’ Olodumare. Nana Buluku est hermaphrodite, il s’auto engendre là
encore un peu comme le Dieu des gnostiques qui se pense lui-même d’un pensée féminine
l’Ennoia. D’ailleurs son premier enfant est féminin, Mawu, maîtresse de la lune et de la
maternité. Son deuxième est Lisa, le garçon, maître du soleil qui va donner aux hommes les
outils pour déboiser, travailler la terre, faire la guerre.
Ce sont Mawu et Lisa ou leur entité réunie en Mawu-Lisa, qui ont créé le monde en quatre
jours. Le premier jour ils ont créé l’univers et l’humanité. Le deuxième jour ils ont veillé à
rendre la terre accueillante pour les humains. Le troisième jour ils ont donné aux hommes
l’intellect, les sens, et le langage, et le quatrième jour l’humanité a reçu la technologie. Mawu-
Lisa ont eu sept enfants, don Dan, le dieu serpent arc-en-ciel qui sera le père des voduns, les
équivalents des Orishas chez les Yoruba.

Les voduns sont les intermédiaires désignés entre Dieu et les hommes. Ils sont aussi des
esprits liés à des forces et des manifestations naturelles. Le culte des voduns est animiste,
mais loin d’attribuer à cette définition un sens péjoratif il s’agit tout au contraire de situer
l’homme dans une conception globale d’une création qu’il ne dirige pas, mais à laquelle il
participe comme un élément à valeur égale. Là où les Grecs avaient créé leur Zeus, Hadès, et
consorts avec leur statues anthropomorphes, les animistes vont à un essentiel que nous nions
ou parfois même méprisons, l’âme des choses. Mieux encore là où notre pensée rationnelle
reste victime de l’intellect et a besoin de dieux à notre image, les cultes premiers confient à la
transcendance le soin de rencontrer leurs divinités. Dans le monde vodun tout est partie du
Dieu unique dont les voduns, l’homme, l’animal, le minéral ne sont qu’émanation.
Là encore, alors que nous établissons une rupture entre le sacré et le profane, les religions
africaines considèrent que le monde manifesté n’est qu’un des aspects non méprisable du
divin. De ce fait la qualité de vodun ne se limite pas aux représentants divinisés des forces
naturelles, mais peut habiter des personnages historiques ou mythiques puisqu’après tout les
qualités dont ils ont fait preuve ne sont jamais que l’expression sublimée de ces forces
primordiales. Alors aux voduns de la terre, du ciel, de la mer et de tous les archétypes vont
s’ajouter les voduns ethniques fondateurs d’une nation ou d’un royaume, comme Agasu
(ancêtre fondateur du royaume d’Abomey) et les Toxwyo, les voduns représentant les
ancêtres d’une famille (l’équivalent des pénates romains) . Une quatrième catégorie va clore
la distinction, la catégorie dite des voduns modernes, particulièrement développée au Ghana
et qui est celle des entités protégeant des sorciers, ou celle des Koku au pouvoirs occultes
terrifiants.
Cet attachement à la famille et aux ancêtres se retrouve dans la hiérarchie du panthéon vodun.
Mawu-Lisa va/vont donner naissance à sept enfants qui à leur tour vont donner naissance à
des familles spécialisées dans leur domaine d’activité, déclinant en quelque sorte la force
familiale dans toutes ses manifestations possibles, négatives comme positives. Le premier
enfant Sakpata est un vodun de la terre ou(Ayi vodun) Il est craint car il diffuse la variole, ou
plus généralement les maladies contagieuses. Ses fils son nombreux. Ada Tangni est le vodun
de la lèpre, et Sinji Aglosumato le vodun des blessures mortelles En suite Xevioso un vodun
du ciel (Jivodun) Il se manifeste sous la forme de l’éclair et du tonnerre, il est le dieu de la
justice et punit les menteurs les voleurs les blasphémateurs. Xevosio (Hevioso) exerce sa
répression sur les être animés et les grands arbres, son fils Sogbo est le dieu de la foudre de
terre qui se manifeste sans tonnerre ni éclair. Agbe est un vodun de la mer (Tovodun) Il est
représenté par un serpent et domine tout ce qui transmet la vie. Gu est un vodun de la guerre
et du fer. Il exècre le mal et peut en tuer les auteurs. Agê le cinquième des fils, est le dieu de
l’agriculture et des forêts, il règne sur les oiseaux et les animaux. Jo est un dieu invisible qui
règne sur l’air. Lêgba est le plus jeune de tous. Il n’a pas d’attribut et il est jaloux.
Parmi les voduns, les guèdes ont une place particulière. Ils proviennent en effet d’une tribu
conquise par les Fons, les Guede- vi. Cette ethnie représentait une caste de fossoyeurs et de ce
fait ils ont été incorporés comme génies responsables des cimetières et de la mort. Ils sont
l’exemple type de l’imbrication entre histoire et mythologie.

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Cosmogonie sorcellerie et magie


chez les bakongo.

Lorsque l’on utilise le mot Kongo on se réfère aux populations bantoues aussi appelées
Bakongo (peuple du kongo) originaires de l’ancien royaume du Kongo qui comprenait les
deux Congo (ex Belge et Français) ainsi que l’Angola et l’actuel Cabinda. Ainsi les cultes
syncrétiques afro-américains qui seront issus de cette culture verront leur définition suivie des
noms d’Angola, Congo, ou même Cabinda, Mayombe, ou toute autre région de l’ex royaume,
dès lors qu’il sera utile d’en différencier les origines. C’est le cas dans le candomblé où l’ajout
d Angola sert à distinguer les origines bantous des origines yoruba (candomblé Kétu ou
nago) ou autres. (jéjé, cabocle). Mais dans un premier temps ce sont les croyances originales
qui nous intéressent.

La cosmogonie Kongo comme ses proches parents yorubas et voduns repose sur la croyance
d’un Dieu unique (Nzambi mpongo) créateur du ciel des étoiles de la lune du soleil et de la
terre. Il créa aussi la nature et ses forces et enfin les animaux, l’homme et la femme. Il
enseigna à ces derniers le secret des minkisi (pluriel de knisi) des makutos (amulettes) et du
nganga. Il s’est alors retiré partageant le ciel avec son pendant négatif Lugombé facilement
identifié comme étant le diable mais qui serait plutôt à considérer comme une polarité
opposée et équilibrante.
Comme dans les cosmogonies voisines, le Dieu unique à laissé à des entités intermédiaires le
soin de veiller à la création. Ici ces équivalents des Orishas yorubas sont les « Kimpungulu
» (pluriel de mpongo). Cependant la relation aux kimpungulu n’est pas installée dans un rituel
central comme pour les cultes voisins. Chez les bakongos le pilier central du phénomène
religieux se construit sur une relation fortement imprégnée de magie reposant sur les ancêtres
(lignage) et les lieux spécifiques environnants (rivière, cascade, source etc..) habités par des
génies ou des esprits qui vont être tout comme les ancêtres, mis au service de la communauté
selon une méthode bien codifiée.
Nous devons bien comprendre que la religion bantoue comme celle des Yorubas et
des Voduns n’a pas grand-chose à voir avec notre concept du religieux. En tout premier les
religions sont ici un ensemble de pratiques, rituels et croyances permettant au-delà de la mort
de perpétuer le lien avec les ancêtres jusqu’à en assurer parfois l’élévation au rang de divinité.
Dans ce même état d’esprit l’ancêtre comme les divinités et les esprits sont des guides
destinés à aider et à conseiller l’individu dans sa traversée du monde des vivants. A la grande
éthique de nos sotériologies les croyances africaines choisissent l’assistance concrète et
pragmatique limitée à ce monde dans le souci du respect et de la préservation de la famille et
du clan. Cependant si les forces peuvent être mises au service du bien, elles peuvent tout
autant être utilisées pour le mal, quoiqu’en la matière le mal des uns fait le bien des autres.
C’est toute la circulation de ces énergies positives et négatives que le culte Kongo permet de
mettre en action ou au contraire d’en contrecarrer l’effet, donnant en quelque sorte la priorité
du magique sur le religieux

Comme nous l’avons déjà annoncé, la mise en œuvre des opérations de magie blanche comme
noire répond à une répartition très précise des rôles entre les initiateurs , intermédiaires,
destinaires. Le fondement du système s’appuie sur une spécialisation des tâches selon que
l’on veuille agir dans le domaine collectif ou privé. Ces domaines eux-mêmes font à leur tour
l’objet d’une sélection selon cette fois qu’il s’agisse pour jeter un sort (le mal) ou de se
protéger d’un sort ou simplement obtenir une faveur, réaliser un souhait positif (le bien).
Cette spécialisation des fonctions s’étend jusqu’à l’utilisation d’intermédiaires spirituels
distincts (forces, esprits, fantômes etc..). Ainsi toute action de magie/sorcellerie fera intervenir
un sacerdote, (ancien,prêtre, sorcier, ou magicien) une entité intermédiaire (ancêtre, esprits
local bénéfique ou malveillant, fantôme…) et un destinataire,la collectivité ou l'individu.

Commençons par le domaine public. L’envoi d’un sort négatif sur le clan ou le groupe social
est entre les mains du chef de village ou des anciens. Pour obtenir satisfaction ils utiliseront le
concours des ancêtres. Généralement l’envoi d’un mauvais sort sur la communauté répond à
l’intention de donner une leçon et non de porter préjudice et donc revêt un aspect positif (en
principe du moins). Dès qu’il s’agira d’agir de façon positive sur le groupe, comme favoriser
une récolte, ce sera au prêtre d’agir. Pour cela il s’adjoindra les services des bisimbi(pluriel de
simbi) qui sont des esprits locaux bienveillants attachés à des lieux particuliers.
Quittons les actions collectives pour entrer dans la relation privée. Là aussi les acteurs sont
spécialisés. Pour jeter un mauvais sort et pratiquer la magie noire, le sorcier ou « ndoki » va
mettre à son service un fantôme (nkuyu) qui généralement est l’âme errante d’un ancien
sorcier ou d’un membre d’une tribu n’ayant pas eu une vie respectable ou qui se serait suicidé.
A l’opposé le magicien ou « nganga » va lui intervenir soit pour créer les conditions
nécessaires à réaliser le souhait d’un de ses clients, soit pour opposer un contre pouvoir à
l’action présumée d’un ndoki (sorcier). En l’occurrence le nganga va utiliser le knisi pour
construire et transmettre sa magie. Le thème du knisi déjà largement développé dans notre
page dico (voir définition knisi) peut être résumé ainsi. Le Knisi est un contenant ou une
statuette anthropomorphe ou zoomorphe chargée par le magicien de matières minérales qui lui
transmettent les esprits et de matières végétales et animales qui lui communiquent la force
d’agir. Cette charge est appelée « bilongo ».

Dans la société Kongo certains évènements comme la mort d’un enfant par exemple, n’est pas
dans l’ordre naturel et procède très certainement de l’action négative d’un ancêtre d’un esprit
ou d’un sorcier. Le sorcier est doté d’un organe spécial, le kundu, qui a sa vie propre et qui
mange l’âme (dia) de ses semblables. Un individu peut être habité du kundu sans le savoir,
autrement dit être sorcier malgré lui. Tous les nganga ne sont pas aptes à détecter les individus
malfaisants, ce rôle est dévolu à un voyant ou devin le nganga ngombo. Dès lors que celui-ci
soupçonne quelqu’un il le soumet à une sorte de jugement de dieu en lui faisant ingurgiter du
poison. Selon la réaction le suspect sera acquitté ou condamné éventuellement à mort s’il est
coupable.
Comme nous le voyons à chacun son travail. Or, lors de leur exil vers les terres américaines
les populations Kongo ont rompu d’une part le lien avec les ancêtres avec la disparition des
lignages et d’autre part le lien avec les esprits liés à leur environnement africain. Autrement
dit il y a eu rupture totale des liens magiques communautaires. Dans leur déportation n’a pu
subsister que la relation magie/sorcellerie, qui elle se limite à la sphère privée. Il en est résulté
deux conséquences principales. Dans certains cas l’apport de la culture bantoue à du pour
survivre se mélanger avec d’autres croyances africaines qui dépendant principalement d’un
culte de divinités majeures (orishas, voduns) restaient moins vulnérables à la mouvance. En
effet les kimpungulu bantous équivalents des orishas ou voduns ne font pas l’objet de
vénérations similaires. Cette absence de culte «transportable» et la perte des repères collectifs
ont également débouché dans certains cas sur des pratiques de sorcellerie ayant perdu
définitivement tout aspect religieux. (Obeah-man et Myal-man des Antilles britanniques ou
encore le hoodoo d’Amérique du nord) Les magiciens ou sorciers sont ainsi consultés pour
régler les petits et grands litiges du quotidien, les affaires de cœur, d’argent, de jalousie et
d’amour. C’est également cette vulnérabilité qui à rendu le candomblé Angola (donc Kongo)
le plus disponible à recevoir l’apport des esprits amérindiens en donnant naissance au
candomblé cabocle.

Le Palo cubain reste la forme la moins altérée du syncrétisme de source kongo en amérique
latine. Cependant il ne put éviter la perte des références ancestrales du lignage et de l’espace
africain. Ainsi le Palo aura-t-il lui aussi tendance à se replier sur la sphère privée, axant sont
intervention sur les pratiques de magiques. Le nganga ou magicien africain devient à Cuba le
récipient contenant les matières constitutives de la magie (aussi appelé prenda) auxquelles
sont ajoutés des petits bâtons ou palo qui donnent le nom au culte.
Le terme gnanga attribué au magicien fait place au terme Mayombe lorsqu’il s’agira de
sorcellerie appelé aussi nganga juive, et Quimbice ou nganga chrétienne lorsqu’il s’agira de
magie blanche. Pour certains le Mayombero ne croit pas en Nzambi alors que le Quimbicero y
croit. La magie blanche ou noire peut être accomplie par un même officiant, mais tous les
paleros n’acceptent pas de pratiquer la magie noire.

A Cuba le terme knisi souvent traduit par le mot Inquice (ou inkice) est utilisé non plus pour
définir le récipient ou le fétiche mais par assimilation du terme knisi (récipeint) bilongo
(charge magique qui retient les esprits) ce mot de knisi a fini par désigner les esprits et entités
elles-mêmes à savoir les kimpungulu autrement dit le contenant à fini par désigner le contenu

Les principaux syncrétismes issus de la culture Kongo sont donc le Palo Mayombe de Cuba,
le candomblé Angola du Brésil ainsi que lecandomblé cabocle qui reçoit l’apport des esprits
amérindiens, le culte Obeah des Antilles britanniques, le Hoodoo ou Conjure des USA,
leKumina jamaïcain.
La liste des principaux kimpungulu et de leurs attributs est reportée sur notre page relative au
culte du Palo à Cuba
En savoir plus sur le knisi

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