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Rapport d’Orientations Budgétaires Lundi 11 mars 2024

Intervention de Frédérique Hachmi au nom du Groupe Socialiste


Conseillère Départementale de Créteil

M. le Président, cher(e)s collègues, je commencerai mon intervention là où je


l’avais terminée au précédent exercice budgétaire avec, malheureusement,
nos mêmes interrogations, avec mes collègues du Groupe socialiste, sur la
portée politique réelle de vos orientations, et nos mêmes inquiétudes, quant à
vos stratégies financières pour la collectivité.

Car malgré la qualité du rapport des directions départementales, que je félicite


à mon tour, et en dépit du savoir-faire de notre collègue Hervé Gicquel, que je
salue pour sa présentation, force est de reconnaître qu’aux responsabilités,
vous êtes à votre tour confrontés aux mêmes défis, que les précédentes
majorités que vous critiquiez !

La seule différence avec vos précédents exercices budgétaires, c’est que le ton
a changé, et que nous espérons en avoir fini avec votre immodestie, et votre
choix de dénoncer dans un rapport à charge, la gestion de nos précédentes
majorités départementales, là où vous auriez déjà dû faire preuve à l’époque,
de davantage de prudence, au vu de la situation que vous affrontez. Cela vous
aurait évité de devoir nous expliquer la difficulté du contexte qui nous impacte.

Ce contexte, auquel nous sommes toutes et tous confrontés, ici comme dans
nos collectivités, vous amène désormais à faire preuve de plus de mesure,
comme si vous nous demandiez de faire preuve de solidarité, sur les constats
comme sur les réalités qui nous incombent, là même où vous n’aviez que des
critiques sur les gestions passées, sans imaginer apparemment qu’une fois aux
responsabilités, vous risqueriez à votre tour d’être face aux mêmes difficultés !

Et ce sera l’objet de mon intervention au nom du groupe Socialiste, au vu de la


dégradation des ratios financiers du Département tels qu’ils apparaissent dans
ce document en 2023 et 2024, nous pouvons toutes et tous être d’accord sur
un constat : votre « redressement financier » tant espéré par votre majorité
politique n’est pas au rendez-vous !

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- Que n’aurions-nous entendu pourtant, si nous vous avions dressé l’état
des lieux d’une telle situation financière si dégradée pour notre
collectivité, et une telle fragilité de vos perspectives, telles que vous
nous les présentez aujourd’hui, dans ce ROB 2024 !?

- Que n’aurions-nous entendu, s’agissant de l’épargne et de la dette, qui


étaient alors vos chevaux de bataille, n’est-ce-pas, sur les taux
d’épargnes en forte baisse que vous nous présentez ?

- Que n’aurions-nous entendu si nous vous avions affiché une épargne


brute divisée par deux, contraignant le Département à emprunter
davantage, et une épargne nette pratiquement nulle, qui a d’ailleurs
chutée puisqu’elle est passée de 78 M € en 2021, à 2 M€ aujourd’hui ?!

- Que n’aurions-nous entendu si nous vous avions affiché une telle


dégradation de la capacité de désendettement ?

- Que n’aurions-nous entendu enfin de la situation financière dégradée


que vous nous décrivez, avec un encours de la dette qui continue à
croître et qui se porte dorénavant à 1,175Mds€, à fin 2023 ?

Je pourrais bien sûr continuer de lister ainsi, toutes les inquiétudes que
suscitent vos éléments budgétaires, mais je crains de n’y trouver en définitive,
aucun motif pour nous rassurer, et sur la situation de la collectivité Monsieur le
Président, et surtout sur vos perspectives alors nous cherchons à comprendre :

- Comment comprendre malgré le contexte que nous connaissons toutes


et tous, la limitation de la croissance des dépenses de fonctionnement à
0,8% et ce, en dépit des nombreuses augmentations mécaniques,
notamment salariales, réglementaires ou contextuelles, ici comme dans
toutes nos collectivités ?

- Comment comprendre cette limitation, si ce n’est qu’elle suppose des


économies dans certains secteurs, mais qui ne sont pas précisés dans le
rapport ?

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Si j’osais, et si ce terme n’avais pas été si galvaudé, je dirais que tout nous
incline à penser que nous sommes face à un budget de renoncement !

Que devons-nous comprendre en effet quand nous lisons dans vos


orientations budgétaires, je cite : « L’année 2024 sera une année de
transition […] où il faudra remettre à plat nos politiques publiques dans
un contexte devenu insoutenable » ?

- Devons-nous comprendre que vous avez renoncé sur notre offre


de services publics, dans la limitation de vos dépenses de
personnel ? Une telle prévision de baisse sur les dépenses de
personnels n’est-elle-pas irréaliste au vu du contexte que nous
connaissons, sauf à vouloir encore diminuer le nombre de nos
emplois et de nos agents publics, à ne pas combler les centaines
de postes vacants qui augmentent sans cesse ou à mettre en
œuvre un repositionnement forcé des agents en reclassement ?

- Et si tel était le cas, alors dites-nous dans quels secteurs de la


collectivité vous envisageriez de tels reculs de l’offre publique ?
Dans quels services à la population envisageriez-vous de telles
coupes ? Nous aimerions vous entendre sur ces préoccupations ?

- Devons-nous comprendre que vous avez aussi renoncé sur la politique


d’investissement de notre collectivité ? Lorsque nous constatons que vos
dépenses réelles d’investissement, sont présentés en baisse pour la 3ème
année consécutive : à 383 M € en 2021, elles sont chiffrées au Compte
Administratif 2023 projeté à 333 M €. Comment comprendre dans ce cas
que les autres Départements aient poursuivi dernièrement leurs efforts
d’investissements (+ 7,4 %) qui ont dépassé 12 Md€, tout en continuant
à réduire leur endettement (- 2,5 %) et que leur capacité de
désendettement est restée quasi-stable ?

- Devons-nous comprendre enfin, que l’absence d’un véritable document


de prospective financière cette année encore, sur nos investissements

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pluriannuels au travers d’un PPI, masque en réalité une telle absence de
visibilité de votre majorité sur vos prévisions à moyen terme ?

Un dernier mot sur ce point : nous regrettons une fois encore l’absence
d’un vrai document sur le PPI, comme nous le demandons chaque année,
et qui aurait pourtant pu nous être présenté ici, comme d’ailleurs la
Chambre Régionale des Comptes vous le recommande ?

Monsieur le Président, les incertitudes que vous nous pointez ne sont pas
nouvelles, pour une collectivité comme la nôtre, loin s’en faut, qui a déjà
surmonté par le passé tant de crises, et qui a su à chaque fois se relever, sans
pour autant renoncer à son engagement dans ses politiques publiques.
Et le choc conjoncturel que connaît le Conseil départemental, mais qui frappe
aujourd’hui toutes nos collectivités, sans exception, ne doit pas justifier les
renoncements que nous pressentons dans vos orientations budgétaires !
Nous sommes d’accord pour dénoncer, avec vous, avec nos Maires et nos
élus locaux, la situation intenable que la puissance publique fait peser sur
nos collectivités. Et il demeure évident que l’Etat n’est pas à la hauteur de la
situation : le montant du fonds de sauvegarde est trop faible face à la baisse
des DMTO, la diminution annoncée du fonds vert en cours d’année est
regrettable, l’absence de réforme structurelle du financement de
l’autonomie est irresponsable, la poursuite du gel des dotations dans un
contexte inflationniste sera intenable sur le moyen terme. Sans même parler
de la perte de tout levier fiscal… Si le contexte économique rend l’exercice
budgétaire complexe, l’incertitude n’est pas nouvelle en matière budgétaire
et bien des crises (financières, sociales, sanitaires) ont précédé l’actuelle
période inflationniste qui conduit à la stagnation du marché immobilier.

Tout cela, nous vous le concédons d’autant plus, que nous sommes en
responsabilités dans nos communes. Mais le constat d’une équation
budgétaire difficile ne doit pas conduire à l’immobilisme ou au recul des
interventions du Département, mais bien à un combat commun pour une
vraie autonomie financière des collectivités départementales afin que ces
derniers disposent de vraies capacités à affronter les crises et en amortir les
conséquences pour les citoyens.
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« La réalité c'est que le Département n'a plus les moyens de ses ambitions.
Sa situation financière ne lui permet pas d'agir au quotidien pour protéger
nos concitoyens ». Ces paroles, elles ne sont pas de moi, mais vous les
reconnaissez sûrement Monsieur le Président, puisque c’est vous qui les
aviez prononcées, ici-même, à la séance du conseil départemental du 14
décembre 2020… Vous le voyez, elles n’ont pas pris une ride !

Et nous nous interrogeons, à notre tour, sur la portée politique réelle de ce


ROB, que nous n’aurons de cesse de mettre en regard de vos annonces de
début de mandat !

Les coups de rabots que nous pressentons ici sur les dépenses de
fonctionnement et la baisse des investissements, sont inquiétants dans une
période où le Département doit pourtant jouer son rôle de bouclier social et
d’accélérateur de la transition écologique, et soutenir ainsi nos communes et
nos concitoyens. Il ne saurait y avoir de renoncements dans nos réponses à
leurs attentes ; il ne saurait y avoir de reculs dans la qualité de nos services
publics départementaux, qui a toujours été l’ADN du Val-de-Marne, il ne peut y
avoir, en l’occurrence, et à un moment où la crise frappe si durement et à tous
les échelons de la société, de renoncement sur notre offre de service.

Parce que nous sommes en responsabilité dans nos communes, nul ne peut
croire, que les impacts des renoncements que vous ferez ici, n’auront aucune
conséquence sur nos concitoyens. Ils en auront, c’est certain !

Voilà nos préoccupations, nos questions et nos attentes. C’est dans cet esprit
de vigilance et de responsabilité, que notre Groupe Socialiste s’inscrira en
2024, pour être utiles aux Val-de-Marnais.

Je vous remercie.

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