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Vote du Budget Primitif Mardi 2 avril 2024

Intervention de Frédérique Hachmi


Conseillère Départementale de Créteil
Au nom du Groupe Socialiste

M. le Président, cher(e)s collègues, il y a trois semaines à peine, ici-même, nous


étions nombreux à vous interroger sur la réalité de vos orientations
budgétaires, à questionner la pertinence de votre trajectoire financière et
finalement, à nous inquiéter des choix politiques qui allaient être les vôtres,
pour ce budget 2024.

Aujourd’hui, malgré la qualité du rapport de nos services, que nous


remercions, une fois encore, pour leur travail ; tout comme nous saluons celui
de notre collègue Hervé Gicquel ; qui peut se satisfaire du seul prétexte des
DMTO que vous nous invoquez ici comme lors de nos 5 commissions la
semaine dernière, pour justifier de ce budget de renoncement, que nous
avions pointé ?

Monsieur le Président, nous sommes tous d’accord pour dénoncer la


situation intenable que l’Etat fait peser sur les départements, avec le non-
sens, politique et institutionnel, de cette ultra-dépendance aux DMTO, dont
on devra bien sortir, sauf à vouloir faire disparaître les conseils
départementaux.

Mais le fameux « redressement financier » que vous nous aviez tant annoncé
n’est toujours pas au rendez-vous et le choc conjoncturel que connaît le
Conseil départemental, qui frappe aujourd’hui toutes nos collectivités, sans
exception, ne saurait seul justifier vos renoncements de votre budget
primitif !
- Renoncements sur le Social, avec la baisse de 3,50% de l’APA.
- Renoncements sur l’aide sociale à l’hébergement des personnes âgées
bénéficiaires de l’aide sociale, en diminution de 20 % par rapport au
Budget 2023.
- Renoncements sur les crèches, sujet sur lequel nous vous avions déjà fait
part de nos préoccupations, et dont le budget pour 2024 connaît une

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forte baisse avec moins 12,7 %, soit moins 400.000 € en dépenses de
fonctionnement par rapport au BP 2023.
- Renoncements sur le tourisme, avec 150 000 euros en moins pour le CDT
- Renoncements sur les dépenses d'investissement qui baissent de plus de
20 millions € par rapport au Budget Primitif 2023, et même de 32
millions € par rapport au réalisé 2023 (l'équivalent d'un collège !)
- Renoncements sur l’investissement en matière d’éducation et de
collèges, avec la baisse de 12M€ des dépenses d’équipement, ce qui est
questionnable, tout particulièrement quand on se souvient que vous
reprochiez à nos majorités de n’avoir pas assez fait en la matière !
- Renoncements sur les subventions, qui diminuent fortement de - 20%,
soit moins 16M€, notamment dans des domaines pourtant clés comme
l’action sociale (-62%), l’aménagement et l’environnement (-8%).
- Renoncements sur les investissements pour l'habitat, qui baissent de
1,72 million € et ce en pleine crise de l’immobilier et du logement !
- Renoncements sur la jeunesse et le sport (-43%) avec notamment des
baisses sur les bases de loisirs, une baisse de 600.000 € pour le sport
pour tous avec quelles répercussions sur l’accompagnement des clubs ?
- Renoncements enfin, sur la culture, et notre groupe vous interrogera
dans cette séance, sur la baisse de 150.000 € de la subvention
départementale à la Maison des Arts de Créteil, qui constitue à la fois
une négation de toutes les politiques culturelles portées par ce
département depuis des années, et qui signe surtout l’abandon de la
culture, quel triste symbole !

Au-delà de ce constat, sur lequel nous attendons bien sûr des réponses de
votre part, notre groupe s’interroge Monsieur le Président, sur la réalité de
certaines inscriptions qui apparaissent dans ce Budget :

- En premier lieu, et malgré le contexte, votre budget affiche une hausse


contenue des dépenses de fonctionnement, et ce en dépit de
nombreuses augmentations mécaniques, notamment salariales,
réglementaires ou contextuelles (inflation) dont seules certaines sont
couvertes par des recettes dédiées : la limitation de la croissance des
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dépenses de fonctionnement contenues à +1,3% suppose des économies
dans certains secteurs, qui ne sont pas précisées. Pourtant l’ensemble
des politiques publiques pourraient être touchées par un réajustement
de leurs crédits.

- Le rapport évoque « les efforts de gestion » et le « travail approfondi sur


les taux d’exécution des crédits » ce qui continue aussi de susciter nos
interrogations, dans la lignée de nos précédentes critiques sur le ROB, où
nous avions regretté un budget manquant d’ambitions. Certains de nos
collègues n’ont pas manqué de souligner d’ailleurs une forme d’opacité
sur les secteurs où les crédits baissent. On observe notamment une
baisse de 15 millions € depuis le BP23 dans les « charges à caractère
général » qui regroupent de nombreux dispositifs en fonctionnement
dont certains connaissent des baisses très significatives : il est par
exemple prévu -19% sur les dépenses d’alimentation / -32% sur les
fournitures administratives / -15% sur les dépenses de formation !

- De même, le rapport confirme une baisse des dépenses de personnel de


moins 3M€ entre le réalisé 2023 et le BP24, ce qui implique une
réduction des effectifs ou, à tout le moins, une politique RH très
regardante sur la dépense, et pour laquelle nous vous demanderons des
éclaircissements.

- Enfin, l’inscription de la dépense de RSA nous apparaît particulièrement


optimiste car vous semblez miser sur une éventuelle réduction du
nombre d’allocataires, dans un contexte justement où l’annonce d’une
nouvelle réforme de l’assurance chômage pourrait malheureusement
avoir un effet de transfert des bénéficiaires de l’assurance chômage vers
le RSA. C’est, à notre sens, une inscription volontairement politique
destinée à mettre en avant les résultats de votre politique d’insertion...

- Le reste à charge des AIS dépasse pour la première fois les 200 M€. Cette
explosion du reste à charge des AIS est une dramatique illustration d'un
système à bout de souffle qui consiste à faire reposer l'incurie de l'Etat

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sur l'endettement des Départements, tout cela pour financer des
allocations de solidarité nationales. Cette situation démontre que ce
système ne peut plus fonctionner et ne pourra pas durer éternellement,
et la solution de l'Etat à travers sa réforme du RSA est plutôt celle
d'exclure plus facilement les bénéficiaires du RSA de l'accès à cette
allocation (pour générer des économies) que celle d'aider les
Départements à faire monter en charge leur politique d'insertion en
partageant mieux la dépense de RSA avec eux. On pourrait même
considérer que les 15h d'activités hebdomadaires - qui seront très
difficiles à généraliser - seront un alibi pour permettre aux plus zélés de
radier des bénéficiaires du RSA ?!

- Dans cette perspective, le groupe Socialiste demande une nouvelle fois à


l’exécutif et aux services du Conseil Départemental d'étudier l'éligibilité
du Département à expérimenter la renationalisation du financement du
RSA, comme nous l’avions déjà fait à deux reprises ces dernières années.
Je voudrai conclure mon intervention en vous interrogeant Monsieur le
Président, sur le budget vert qui apparaît pour la première fois aujourd’hui,
dans le cadre de nos discussions budgétaires : pour le groupe Socialiste, le
travail sur le budget vert devra être encore affiné puisqu’avec 82% de
dépenses neutres et 7% à approfondir, ce n’est finalement que 10% du budget
qui est réellement classifié entre « très favorable / favorable et défavorable ».

A titre d’exemple, il est dommage que ne soient pas adossées au rapport les
pistes d’action pour :
- Travailler sur les dépenses « à approfondir » afin d’être en mesure de les
ranger dans les autres catégories
- Travailler sur les dépenses « favorables sous condition » afin de les faire
basculer dans la catégorie « très favorable »
- Travailler sur les dépenses « défavorables » afin de les réduire ou de les
réorienter.
- En outre, au volet « atténuation » il conviendra d’ajouter les autres
critères environnementaux (biodiversité, pollution, protection des eaux,
économie circulaire, adaptation au changement climatique).

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En tout état de cause, ce budget vert sera pertinent sur le moyen terme si tant
est qu’il puisse s’appuyer sur une permanence des méthodes et une volonté
politique d’accélérer l’action du Département en faveur de la transition
écologique !
Chers collègues, en conclusion, nous sommes toutes et tous d’accord pour
reconnaître que le contexte économique rend l’exercice budgétaire
complexe.

Nous vous le concédons d’autant plus, que nous sommes en responsabilités


dans nos communes. Mais ce constat d’une équation budgétaire difficile, ne
doit pas conduire à l’immobilisme ou au recul de vos interventions, mais bien
au combat commun que nous vous appelons à mener pour une vraie
autonomie financière des collectivités départementales, afin qu’elles soient
aptes à affronter les crises et à en amortir les conséquences pour les
citoyens.

Nous serons à vos côtés, dans toute la diversité de nos familles politiques, pour
dire que nous refusons de subir les injonctions de l’Etat qui n’est pas à la
hauteur de la situation, comme nous nous étions mobilisés ici même
collectivement, voici quelques années pour contrarier ses projets de
suppression des départements !

Monsieur le Président, à la séance du conseil départemental du 14 décembre


2020, vous disiez ici-même, « La réalité c'est que le Département n'a plus
les moyens de ses ambitions. Sa situation financière ne lui permet pas
d'agir au quotidien pour protéger nos concitoyens ».

Cette réalité, que vous dénonciez voici près de 4 ans, elle vous a vite
rattrapée.

Et nous n’aurons de cesse de vous réaffirmer nos inquiétudes face à vos


coups de rabots sur les dépenses de fonctionnement, et sur la baisse de vos
sur vos subventions et de vos investissements. Car nous voulons que le

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Département assume son rôle de bouclier social et d’accélérateur de la
transition écologique en accompagnant nos communes et nos concitoyens.

Au moment où la crise frappe à tous les échelons de la société, il ne peut y


avoir de renoncements et de reculs, dans la qualité de nos services publics
départementaux, et sur ce qui a toujours été l’ADN du Val-de-Marne.

Pour l’heure, nous ne voterons pas votre projet de budget.

Je vous remercie.

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