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LA TOXICOMANIE

I- DEFINITIONS

1- L’OMS en 1965 a substitué au terme

Toxicomanie

Dépendance
2- La dépendance est un état qui résulte de
l’absorption répétée périodiquement ou
continuellement de certaines drogues.
La dépendance peut être :
 psychique;
 physique ou
 les deux à la fois et
 s’accompagne souvent d’un
phénomène de tolérance
3- Drogue = substance psychotrope qui
peut engendrer une dépendance
Des éléments caractérisent classiquement ce
concept de toxicomanie:

dépendance dépendance
physique psychique

accoutumance tolérance
 La dépendance psychique est caractérisée par
un désir, et non une obligation, de réitérer la
prise de drogue, mais sans troubles physiques
lors du sevrage (exemple : Cannabis)

 La dépendance physique est un besoin


entraînant l’apparition de signes cliniques
graves, constituant « l’état de manque » lors du
sevrage
 L’accoutumance est un état d’adaptation
traduisant une nécessité d’augmenter des
doses pour obtenir le même effet.

 La tolérance est un état d’adaptation de


l’organisme qui permet l’usage de doses
de drogue de plus en plus élevées.
Les drogues ont les caractères suivants :

 xénobiotiques non utilisés comme aliment

 éliminés après avoir subi des


biotransformations
 agissent principalement sur le cerveau en

doses très faibles

 ont pour cible Particulière les neurones

catécholaminergiques (dopamine,

norépinéphrine)
II- CLASSIFICATION DES DROGUES
Selon leurs effets au niveau du SNC :

• dépresseurs
1

• stimulants
2

• perturbateurs ou
3 hallucinogènes
Dépresseurs

= sont des substances qui dépriment le SNC

Opiacés
Opium
Morphine
Héroïne

Médicaments
(barbituriques,
anxiolytiques..)
Alcool
1- dépresseurs
1.1. Opiacés
 d’origine naturelle (morphine, codéine)

 hémisynthétique (héroïne)

 Synthétique

Tous ces produits sont utilisés comme


analgésiques ou comme anti-tussifs

Seule l’héroïne ne figure plus à la


pharmacopée.
Opiacés

Dépendance dépendance
psychique physique

stupéfiants
1.1.1. Opium

 Recueilli par incision de la


capsule non mure du pavot blanc
(P. somniferum)

 Le suc blanchâtre brunit au


contact de l’air par oxydation des
alcaloïdes phénoliques qu’il contient

 Il est généralement fumé


(c’est le « chandoo »).

Fleur de Papaver
somniferum
1.1.2. Morphine

 La morphine base est insoluble dans l’eau

 Ses sels (chlorhydrate, sulfate) utilisés en


thérapeutique sont hydrosolubles

 La morphine est peu employée par les toxicomanes

 Utilisation de son dérivé d’hémisynthèse diacétylé,


l’héroïne, beaucoup plus active que la morphine à
dose équivalente
1.1.3. Héroïne

 L’héroïne est la drogue la plus utilisée par les toxicomanes


après le cannabis.

 Usage actuel : * voie nasale


* voie intraveineuse (« fix » ; « shoot »)
« flash »

Le flash est une sensation brutale et éphémère qui se produit au


moment de l’injection, une « chaleur qui monte du corps à la
tête », « un bonheur immense » à la fois physique, psychique et
sexuel. Il est suivi par une phase de détachement et de
léthargie ou le sujet « plane ».

 La consommation répétée provoque l’apparition de la


tolérance rapidement
Effets psychiques

Varient d’une euphorie à un état plus ou moins


stuporeux, avec somnolence
L’angoisse est apaisée, les idées dépressives
calmées, le monde réel mis à distance

La dépendance psychique

reprise sans cesse du produit dont la


quête devient l’activité quotidienne unique
Sur le plan somatique

 un réchauffement cutané
 analgésie
 myosis
 bradycardie
 hypotension
 ralentissement du transit intestinal
et parfois
 dépression respiratoire
dépendance physique

arrêt d’héroïne

 état d’anxiété intense;

 des douleurs diffuses;

 de l’insomnie et des diarrhées


Les préparations d’héroïne

sont le plus souvent des dilutions du principe actif


dans du mannitol, du sorbitol, du lactose, du
glucose, de la caféine, du paracétamol, d’acide
ascorbique (vit C), d’acide citrique, de
phénobarbital, de lido-caïne, de cocaïne.

10% d’héroïne pure

1 à 2 % consommateur
Métabolisme simplifié de l’héroïne

Diacétylmorphine = Héroïne (20 mn)

O6-Monoacétylmorphine (45 mn)

Morphine (2-3 h)

Conjugués Normorphine
morphine-3- (N- Déméthylation)
glucuronide
Codéine
(O-Méthylation ou O-déméthylation)
Métabolisme simplifié de l’héroïne
Elimination
essentiellement urinaire (8 à10h)
Les composés retrouvés dans l’urine :
morphine-3-glucuronide

morphine libre

(morphine-6-glucuronide, sulfoconjugués de la
morphine, normorphine et codéine libres et
conjuguées..etc.) en quantités beaucoup plus faibles
1.2. Médicaments

Les médicaments dépresseurs centraux


susceptibles de déterminer une dépendance

*des analgésiques
*des hypnotiques
*des anxiolytiques
1.2.1. Analgésiques
Des opiacés comme la codéine,
l’éthylmorphine, la pholcodine
(antitussifs)

biotransformation

morphine
1.2.2. Hypnotiques et anxiolytiques
Les hypnotiques barbituriques et non
barbituriques, et les anxiolytiques
(benzodiazépines )

sous forme de comprimés ou de gélules


ou en injection intraveineuse
Ils peuvent provoquer :

la perte des réflexes

Un état de passivité avec amnésies


transitoires et donner lieu parfois à
des surdosages mortels

dépendance physique
2- Stimulants

2.1. Amphétamines

= des psychostimulants purs

= des produits de synthèse

Amphétamines « amines d’éveil »


 Les molécules les plus utilisées à des fins
toxicomaniaques sont:

* amphétamine elle-même

* méthylène dioxyamphétamine ou (MDA)

* N-méthyl-3,4-méthylène dioxyamphétamine

= méthylène dioxy-3,4 méthamphétamine (M.D.M.A)

= Ecstasy ou pilule d’amour


Fig : Structure chimique de l’amphétamine et de certains
dérivés
Sur le plan physique L’utilisation d’amphétamines
conduit à :

mydriase, tachycardie, poussée


hypertensive

libération de noradrénaline et surtout


de dopamine

hyperexcitation tant physique que


psychique, avec perte de la
sensation de faim, hypervigilance,
anxiété, hypermnésie
Toxicocinétique
La prise par voie orale sous forme de gélules ou
de comprimés.

L’amphétamine est bien absorbée au niveau du


tractus gastro-intestinal et se distribue
rapidement dans les tissus
Fig : quelques amphétamines
Dans le foie, elle est
- soit désaminée au niveau de la chaîne latérale,
- soit hydroxylée sur le cycle aromatique en P-
hydroxy-amphétamine, ensuite éliminée avec les
urines

30% excrétée sous forme inchangée dans l’urine

La demi vie de la molécule est de 25 h. La


métamphétamine est déméthylée en
amphétamine que l’on retrouve dans les urines
2.2. Cocaïne
La cocaïne est un alcaloïde extrait de la feuille
de cocaïer, Erythroxylon coca

Coca et cocaïne sont classés comme stupéfiants


cocaÏne et feuilles de cocaïer
Préparation de la cocaïne
 La cocaïne (chlorhydrate hydrosoluble) possède
des propriétés d’anesthésique local

 A l’état pur c’est une poudre blanche appelée


aussi « neige »

 Le produit peut être dilué dans du Talc, de


l’aspirine, de la caféine, des barbituriques, voire
des anesthésiques locaux de synthèse
chlorhydrate de cocaïne (CC)

prise nasale « sniff » voie intraveineuse

 rock-cocaine

cc lidocaïne (inhalé)

 smack

cc d’héroïne (injecté)
crack

 CC substance alcalinisante
(bicarbonate de sodium)

ce produit cristallisé est consommé à l’état de vapeurs


(cigarettes ou pipes à eau spéciales) qui sont conduites
au niveau des alvéoles pulmonaires et passent
rapidement dans le sang
CC
Etude pharmacologique
La cocaïne est un stimulant sympathomimétique
puissant, s’oppose au recaptage de la dopamine,
la noradrénaline et la sérotonine

blocage de la transmission de l’influx nerveux


sensoriel le long de l’axone, développant ainsi
l’anesthésie locale
A faible dose la cocaïne entraîne:
 une sensation d’euphorie

 un sentiment de puissance physique et


intellectuelle

 Cette phase de stimulation est suivie par une


période de dépression dont le toxicomane
cherche à en sortir par une nouvelle prise

 La cocaïne retarde l’apparition de la fatigue et


réduit le besoin d’alimentation, voire de
sommeil et entraîne la mydriase
 A forte dose la cocaïne provoque :

surexcitation avec tremblement


pouvant aller jusqu’aux hallucinations
et au délire (paranoïa)

dépendance psychique très intense


qui peut parfois conduire à la
schizophrénie

la mort par blocage du centre


respiratoire ou par défaillance
cardiaque
Métabolisme de la cocaïne
cocaïne
HYDROLYSE
Estérases hépatiques et
plasmatiques
benzoylecgonine

et
ecgonine méthylester

ecgonine + d’acide benzoïque


Elimination

 20% de la cocaïne sont éliminés sous


une forme inchangée dans l’urine

 Les principaux métabolites peuvent


être décelés dans l’urine pendant 2 à 4
jours
3. Hallucinogènes
3.1. Cannabis (chanvre indien)

 Le cannabis est la drogue la plus largement


consommée au monde

 Il existe de nombreuses variétés de cannabis


sativa qui sont des plantes peu exigeantes mais
qui poussent dans les régions méditerranéennes

 Ce sont des plantes femelles qui renferment le


principe actif, le delta -9-
tétrahydrocannabinol (THC)
Feuille de cannabis sativa
 Trois formes sont disponibles avec des
concentrations en principe actif très variables :

- « l’herbe » ou « marihuana », contient 2 à 6% de


THC et se fume comme une cigarette (« joint » ou
« pétard »).

- la résine à partir de quoi se prépare le «hashish»


(«hash», «H», «shit», «charas» «ganja», «kif»,
etc) peut titrer entre 8 à 25% de THC

- L’huile de cannabis obtenue par extraction au


moyen de solvants (alcool, éther de pétrole) et
renferme de 60 à 80% de THC
Le THC n’est pas un alcaloïde mais
plus de 60 canabinoïdes ont été isolés
à ce jour à partir de la plante
Toxicité
*L’intoxication à faible dose (moins de 25 mg THC)
détermine:
 un état proche des ivresses alcooliques

 ébriété, euphorie, calembours, fous rires

 succession rapide d’idées, d’images, d’illusions,

d’hyperacuité sensorielle

Le sujet a le sentiment de planer puis s’endort


* A plus forte dose (>25 mg cannabis)

des états pharmacopsychotiques aigus


caractérisés par des phénomènes
hallucinatoires
* En usage chronique le cannabis provoque :

o la conjonctivite;
o la cachexie;

o l’altération des fonctions de reproduction et de la

fonction respiratoire;

o de véritables psychoses;

o des atrophies cérébrales.


*La dépendance au cannabis est essentiellement
psychologique avec tendance à la répétition
des prises sans augmentation des doses.

20 à 50% du THC contenu dans la fumée inhalée


atteint le sang, qui présente un pic de
concentration 20 mn environ après l’inhalation.
 Le THC est très rapidement absorbé et distribué
notamment dans les tissus adipeux ou il est
stocké ( lipophile)

 Les cannabinoïdes traversent la barrière foeto-


placentaire et peuvent contaminer le lait
maternel

 La voie principale de métabolisation est la


formation de dérivés hydroxylés polaires (l’acide
nor-11-delta-9-THC-carboxylique qui se
conjugue à l’acide glucuronique .
L’élimination du THC est très lente. Son
élimination complète demanderait un mois,
80% par voie intestinale et 20% par voie
rénale. Le principal métabolite urinaire est
le delta-9-THC-COOH-glucuronide
Autres substances hallucinogènes
 LDS 25
 Psilocybine
 Harmine
 Ibogaïne
 Bufoténine
 Mescaline
 Phéncyclidine
 Kétamine
Paramètres comparés de pharmacocinétique
Substance Conc ½ vie Volume de Durée de
sanguine d’élimination distribution détection
mortelle urinaire par
immunoanalyse

Cannabis Non 14-38h 4-14 L/kg 1-3sem


(THC) Mortel (8sem)
Cocaïne >1 mg/l 0.5-10.5h 1.2-1.9 48à72h
Morphine >100ug/l 1-7h 2.5-3.9 24à48 h
Amphéta 0.5-41mg/L 10-30h 3.2-5.6 48à72 h

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