Vous êtes sur la page 1sur 1

CE, Ass.

, 17 février 1995, Hardouin et Marie, n° 107766 et 97754

En l’espèce, un militaire, Hardouin, est surpris en état d’ivresse lors d’une escale et
refuse de se livrer à un alcootest. Un détenu, Marie, est mis en cellule de punition
après qu’il se soit plaint d’un refus de soin dentaire dans l’établissement.

Le militaire et le détenu ont contesté ces sanctions devant les tribunaux


administratifs, qui ont refusé le recours au motif que les sanctions sont des mesures
d’ordres intérieures, non susceptibles de recours contentieux. L’affaire est envoyé au
Conseil d’État afin de savoir si le recours pour excès de pouvoir est ouvert contre ces
sanctions.

Les sanctions disciplinaires d’une particulière gravité sont-elles toujours des mesures
d’ordres intérieures non susceptibles de recours devant le Conseil d’État ?

Selon les juges, les sanctions attaquées constituaient des mesures d’ordres intérieures
faisant grief, et par conséquent, susceptibles d’un recours pour excès de pouvoir
devant le Conseil d’État. Dans l’arrêt Hardouin parce qu’elle a des effets directs sur la
liberté d’aller et venir du militaire, et a des conséquences sur l’avancement des
contrats d’engagement de ce militaire pour son avenir professionnel. Et dans l’arrêt
Marie, à cause de la nature et de la gravité de la sanction. En l’espèce, après le recours
pour excès de pouvoir à l’égard de ces sanctions, celle de Monsieur Hardouin n’est pas
annulée puisque les fautes ont été avérées, mais celle de Monsieur Marie l’a été car les
critiques étaient mesurées.

Le Conseil d’État s’était déjà prononcé concernant les mesures d’ordres intérieures
dans un arrêt Kherouaa du 2 novembre 1992 qui portait sur le règlement intérieur
d’un établissement scolaire où le juge a admis la possibilité du recours pour excès de
pouvoir, alors qu’avant, c’était irrecevable puisque c’était une mesure interne qui
concernait la vie interne de l’établissement. De plus, selon un arrêt Druhot rendu par
le Conseil d’État le 6 juillet 1917, les actes internes au fonctionnement d’une
administration sont non susceptibles de recours en annulation. Dans ces arrêts
Hardouin et Marie, le Conseil d’État opère un revirement de jurisprudence puisqu’il
indique que les deux sanctions peuvent faire l’objet d’un recours pour excès de pouvoir.

Vous aimerez peut-être aussi