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L’apport des théories des changements comportementaux aux

interventions de prévention et de promotion de la santé de


l’ergothérapeute
Johanne Filiatrault ■ Lucie Richard

Mots clés
■ Prévention et promotion de la santé ■ Approche éducative en ergothérapie
■ Théories des changements comportementaux

Résumé
Description. La pratique communautaire interpelle particulièrement les ergothérapeutes dans leur rôle d’éducateur à la santé,
les incitant à déployer des stratégies d’intervention à caractère préventif auprès de leurs clients. Ce type de pratique offre égale-
ment un terrain propice à l’implantation de stratégies de prévention et de promotion de la santé à l’échelle de la communauté.
But. Le présent article décrit quelques-unes des théories utilisées dans les champs de la santé publique et de la promotion de la
santé pour expliquer les changements de comportements liés à la santé.Il vise également à mettre en évidence leur potentiel pour
la pratique communautaire en ergothérapie.Les théories présentées ici, soit le modèle des croyances relatives à la santé, la théorie
sociale cognitive, la théorie de l'action raisonnée et la théorie du comportement planifié, ont été largement utilisées pour l’analyse
et l’intervention au regard des comportements liés à la santé. Conséquences pour la pratique. Puisque ces théories mettent
de l’avant un ensemble de facteurs influençant les comportements liés à la santé, leur utilisation par les ergothérapeutes pourrait
contribuer à améliorer l’efficacité de leurs interventions éducatives, en favorisant chez leur clientèle une observance optimale des
recommandations en matière de prévention et de promotion de la santé.

Abstract
Background. Community occupational therapy practice challenges therapists in their health educator role and incites them to
implement preventive strategies with their clients. Working in the community also provides an interesting context for the imple-
mentation of strategies targeting health promotion at the community level. Purpose.This article describes some of the theories
that are used in the public health and health promotion fields to explain health-related behaviour change. It also highlights their
potential for community practice in occupational therapy.The theories presented in this paper are the health belief model, social
cognitive theory, theory of reasoned action and theory of planned behavior. They are among the most widely used for health-
related behaviour analysis and intervention. Practice Implications. Since these theories emphasize a set of factors that
influence health behaviours, reviewing these theories could contribute to enhance the effectiveness of educational interven-
tions with regards to clients’ adherence to their prevention and health promotion recommendations.

L
a pratique de l’ergothérapie en milieu communautaire a nautés figure d’ailleurs au coeur de la mission des CLSC. De
connu un véritable essor au cours des dernières décen- plus, les ergothérapeutes sont interpellés à participer encore
nies, notamment au Québec, avec le développement des davantage à la PPS, puisque les documents-cadres guidant
centres locaux de services communautaires (CLSC) l’orientation de la réforme des systèmes de santé canadien et
(Tremblay, 1995). Ayant l’avantage d’œuvrer dans le milieu québécois mettent tous en relief la prévention et la promo-
de vie naturel de la personne, les ergothérapeutes oeuvrant en tion de la santé comme des stratégies à privilégier par
CLSC évoluent dans un contexte très propice à l’identifica- l’ensemble des intervenants (Commission d’étude sur les
tion des facteurs à la fois personnels et environnementaux services de santé et les services sociaux, 2000; Commission
pouvant favoriser ou nuire à la réalisation des activités sur l’avenir des soins de santé au Canada, 2002; Direction de
quotidiennes (Gifford, Wooster, Gray et Chromiak, 2001) de la santé publique, 1999; Direction générale de la santé
même qu’à la santé et au bien-être des individus. Ce contexte publique, 2003).
de travail offre donc un terrain favorable à l’implantation de Dans le contexte de la pratique communautaire, une
stratégies de prévention et de promotion de la santé (PPS). bonne part des interventions de l'ergothérapeute en matière
L’amélioration de l’état de santé et du bien-être des commu- de PPS sont constituées de recommandations et font appel à

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son rôle d’éducateur. La qualité de l’approche éducative de éducatives en ergothérapie afin d’optimiser l’observance des
l’ergothérapeute peut s’avérer cruciale pour l’observance des recommandations en matière de PPS et 3) montrer l’impor-
recommandations par le client et ses proches. Toutefois, peu tance de consolider la recherche et l’enseignement quant aux
de données empiriques sont disponibles dans les écrits pour interventions de PPS en ergothérapie.
guider l’ergothérapeute dans son approche éducative en Après avoir défini les concepts de prévention primaire,
matière de PPS. En effet, peu d’études ont porté sur l’obser- secondaire et tertiaire et de promotion de la santé, quelques
vance des recommandations émises par les ergothérapeutes exemples d’interventions de PPS effectuées par les
en matière de PPS et sur les facteurs qui y sont associés. ergothérapeutes dans le contexte d’une pratique en milieu
Quelques rares études ont porté spécifiquement sur l’obser- communautaire seront présentés. Les théories des change-
vance de leurs recommandations en ce qui a trait aux modi- ments comportementaux retenues pour le présent article
fications environnementales (Clemson, Cusick et Fozzard, seront par la suite décrites. Les concepts clés de ces théories
1999; Gosselin, Robitaille, Trickey et Maltais, 1993) ou à un seront dégagés et illustrés à l'aide de situations cliniques
programme d’exercices à domicile (Chen, Neufeld, Feely et pertinentes impliquant l'ergothérapeute. Finalement, la
Skinner, 1999). D’autres études sur l’ensemble des recom- discussion mettra l’accent sur l’importance pour l'ergo-
mandations de PPS que font les ergothérapeutes et sur les thérapeute de considérer dans son approche d'intervention
facteurs associés à l’observance de ces recommandations l’ensemble des déterminants des changements comportemen-
pourraient apporter un éclairage sur l’approche à privilégier taux issus des théories présentées, afin de favoriser une obser-
pour favoriser une observance optimale. De plus, ces études vance optimale de ses recommandations en matière de PPS.
combleraient le besoin chez les ergothérapeutes d’être mieux
préparés à exercer leur travail dans la communauté et à Définition des concepts de
répondre aux exigences d'une pratique où la PPS est en pleine
émergence, comme des chercheurs l’ont soulevé dans une
prévention et de promotion de la santé
étude effectuée auprès de 130 ergothérapeutes de l’Ontario Tel que décrit par Moyers (1999), les ergothérapeutes peuvent
(Lysack, Stadnyck, Paterson, McLeod et Krefting, 1995). inclure dans le spectre de leurs interventions, tant des acti-
Certaines théories issues principalement de la psycholo- vités de prévention primaire, secondaire et tertiaire que des
gie sociale ont été développées dans le but d'expliquer les activités de promotion de la santé. Le tableau 1 présente les
facteurs déterminants des changements comportementaux. définitions des trois types de prévention fournies par Trickey
Ces théories, qui ont été largement utilisées pour l'étude des (1993).
comportements liés à la santé et pour le développement Quant à elle, la promotion de la santé a été définie de
d'interventions (Glanz, Lewis et Rimer, 1997), pourraient multiples façons (Rootman, Goodstadt, Potvin et Springett,
s’avérer d’une grande utilité pour la planification des inter- 2001). La Charte d’Ottawa pour la promotion de la santé
ventions de PPS des ergothérapeutes, puisqu’elles mettent en (Organisation mondiale de la Santé et Santé et Bien-être
relief certains facteurs pouvant prédire et expliquer les social Canada, 1986) définit la promotion de la santé comme
comportements de santé (dont les comportements d’obser- « le processus qui confère aux populations les moyens
vance). Le présent article porte sur quatre de ces théories et d'assurer un plus grand contrôle sur leur propre santé et
vise les objectifs suivants : 1) fournir des assises théoriques d'améliorer celle-ci ». Pour leur part, Green et Kreuter (1999)
aux ergothérapeutes pour appuyer leurs interventions de définissent la promotion de la santé comme « la combinaison
PPS, 2) mettre en évidence l’importance de considérer ces de moyens éducatifs et écologiques pour soutenir les actions
assises théoriques pour la planification des interventions et les conditions de vie favorables à la santé » (traduction

TABLEAU 1
Définition des différents types de prévention.

Types de prévention Définitions


D'après une adaptation de Monnier et collaborateurs (1980) par Trickey (1993)

Prévention primaire « La prévention primaire comprend tous les actes visant à réduire le risque d’apparition de maladies
ou de traumatismes dans une population afin d’améliorer la santé et la qualité de vie. »
Prévention secondaire « La prévention secondaire comprend tous les actes visant à diminuer la durée des problèmes de
santé et des incapacités auprès d’individus ou de groupes à risque, par un dépistage précoce et le
traitement des premières atteintes. »
Prévention tertiaire « La prévention tertiaire comprend tous les actes visant à diminuer les conséquences des problèmes
de santé et des incapacités auprès des individus malades afin de réduire les problèmes chroniques
et de favoriser l’intégration sociale. »

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libre). Selon Kahan et Goodstadt (2002), la promotion de la programme de maintien à domicile, qui constitue leur prin-
santé est « un ensemble d’activités conçues pour atteindre la cipal secteur d’intervention (Hébert, Maheux et Potvin, 2000;
santé optimale pour tous en maintenant et en améliorant la Tremblay, 1995). Ces exemples sont inspirés de l’expérience
santé de chacun et en facilitant le contrôle individuel et du premier auteur dans les programmes de maintien à domi-
collectif sur les déterminants de la santé » (traduction libre). cile de quelques CLSC. En se référant aux définitions men-
Bien que les définitions du concept de promotion de la santé tionnées précédemment, on peut noter que les interventions
varient quelque peu selon les auteurs, on en retient qu’il s’agit des ergothérapeutes énumérées au tableau 2 relèvent des trois
d’un concept plus large que celui de la prévention et qui types de prévention.
déborde du cadre clinique traditionnel de l’ergothérapeute. Étant donné leur appartenance au secteur clinique, les
Les exemples suivants illustrent la nature de quelques-unes ergothérapeutes oeuvrant en CLSC sont davantage suscepti-
des interventions de PPS que peuvent effectuer les bles d’offrir leurs interventions de prévention sur une base
ergothérapeutes dans le cadre d’une pratique communau- individuelle et auprès d’individus ayant des problèmes de
taire et, plus spécifiquement, d’une pratique en CLSC au santé et d’autonomie. Toutefois, ils pourraient également
Québec. jouer un rôle plus large du côté de la prévention, en inter-
venant non seulement auprès de la clientèle du maintien à
Interventions de PPS des domicile, mais également auprès de l’ensemble de la popula-
ergothérapeutes oeuvrant en CLSC tion d’une communauté, qu’il s’agisse de groupes à risque ou
Au Québec, les intervenants travaillant dans les CLSC sont d’individus en santé. Le programme PIED (acronyme pour
particulièrement interpellés par les actions de prévention, Programme intégré d’équilibre dynamique) est un exemple
puisque la mission même des CLSC met de l’avant cette d’intervention de prévention destinée à des aînés autonomes
dimension. En effet, selon la Loi 120, la mission d’un CLSC est de la communauté qui peut être implantée par les ergo-
« d'offrir en première ligne à la population du territoire qu'il thérapeutes oeuvrant en CLSC. Il s’agit d’un programme de
dessert des services de santé et des services sociaux courants prévention des chutes ciblant plus spécifiquement les aînés
de nature préventive ou curative, de réadaptation ou de réin- ayant chuté au cours de l’année précédente, de même que
sertion.» Le tableau 2 présente quelques exemples d’interven- ceux qui sont préoccupés par leur équilibre ou qui ont peur
tions de prévention que peuvent réaliser les ergothérapeutes de chuter. Il vise notamment à améliorer l’équilibre des aînés
oeuvrant en CLSC, plus particulièrement dans le cadre du par le biais d’exercices, ainsi qu’à développer leur capacité à

TABLEAU 2
Exemples d’interventions de prévention que peuvent réaliser les ergothérapeutes dans le contexte des programmes de
maintien à domicile.

Exemples d’intervention* Type de prévention

• Recommandations de modifications environnementales pour prévenir les chutes chez une Prévention primaire
personne âgée;
• Recommandations de méthodes spécifiques pour prévenir les blessures chez une personne Prévention primaire
âgée lors des transferts (p. ex. : à la baignoire), des déplacements et de la réalisation des
activités de la vie quotidienne;
• Recommandations de stratégies pour prévenir les blessures chez les aidants lors du Prévention primaire
déplacement d’une personne à mobilité réduite;
• Recommandations de stratégies de positionnement chez les individus à risque de développer Prévention secondaire
des plaies ou des contractures;
• Recommandations de stratégies de protection des articulations et de prévention de la douleur Prévention secondaire et tertiaire
articulaire chez une personne atteinte d’arthrite; (selon le stade de la maladie)
• Recommandations de stratégies d’économie d’énergie et de prévention de la fatigue Prévention secondaire et tertiaire
excessive chez une personne atteinte de sclérose en plaques; (selon le stade de la maladie)
• Recommandations d’aides techniques et entraînement à leur utilisation pour améliorer Prévention tertiaire
l’autonomie fonctionnelle chez une personne présentant des incapacités permanentes;
• Recommandations d’un programme d’exercices adapté pour une personne aux prises avec Prévention tertiaire
une maladie dégénérative dans le but de favoriser le maintien de ses capacités résiduelles.

* Inspirés de l’expérience de la première auteure dans les programmes de maintien à domicile de quelques CLSC.

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modifier certains comportements et à aménager leur domi- un ensemble d’autres facteurs susceptibles d’influencer les
cile en vue d’améliorer leur sécurité (Trickey, Parisien, comportements de son client.
Laforest, Genest, et Robitaille, 2002). Les intervenants en Les théories présentées ici figurent parmi celles qui ont
CLSC pourraient également contribuer à promouvoir la été les plus utilisées pour l’étude et l’intervention en matière
santé et le bien-être des individus d’une communauté en de comportements de santé (Glanz et al., 1997). Il s'agit du
débordant du cadre de la prévention. À titre d’exemple, ils modèle des croyances relatives à la santé, de la théorie sociale
pourraient participer à la mise sur pied d’un groupe destiné cognitive, de la théorie de l’action raisonnée et de la théorie
aux personnes retraitées d’une communauté, ayant comme du comportement planifié.
objectif le partage d’informations et de ressources pour pro-
mouvoir une retraite active tant aux plans physique que
Le modèle des croyances relatives
social. Une étude québécoise menée après le virage ambula- à la santé
toire auprès des ergothérapeutes oeuvrant en CLSC suggère Développé dans les années 1950 par un groupe de psycho-
toutefois que ces intervenants investissent peu de temps dans logues américains, le modèle des croyances relatives à la santé
de telles activités. En effet, les résultats de cette étude ont a été l’un des plus étudiés et utilisés pour guider les interven-
montré que la pratique des ergothérapeutes en CLSC est sou- tions ciblant les comportements de santé (Glanz et al., 1997).
vent limitée par des facteurs organisationnels tels que les À l’origine, ce modèle avait été développé dans le but d’expli-
restrictions budgétaires, l’augmentation des clientèles, le quer les facteurs associés à l’engagement individuel dans des
manque de ressources et les attentes en termes d’efficacité programmes de prévention ou de dépistage de la maladie
(Hébert, Maheux et Potvin, 2001). Cependant, comme cette (Janz et Becker, 1984; Rosenstock, 1974). Un des premiers
étude ne visait pas spécifiquement les pratiques relatives à la comportements étudiés dans ce contexte fut celui de la
PPS, d’autres études s’avèrent nécessaires pour pouvoir faire participation des individus à un test de dépistage de la tuber-
un constat précis quant aux interventions de PPS des culose. Le modèle a ensuite été utilisé pour l'étude de com-
ergothérapeutes en CLSC et aux facteurs qui y sont associés. portements individuels suite à l'apparition de symptômes
Les interventions de prévention et de promotion de la (Kirscht, 1974) ou à l'annonce d'un diagnostic, de même que
santé font souvent appel à des changements de comporte- pour l’étude de l'observance à l'égard de recommandations
ments chez les individus. Plus spécifiquement, les interven- médicales (Becker et Rosenstock, 1984).
tions de PPS de l’ergothérapeute oeuvrant en CLSC Le modèle des croyances relatives à la santé s’intéresse au
impliquent typiquement des changements de la part du client rôle des perceptions (ou croyances) des personnes dans leur
ou du proche aidant, lesquels seront effectivement réalisés processus de décision quant à l'adoption ou la cessation de
dans la mesure où celui-ci donnera suite aux recommanda- certains comportements. Le modèle présenté par Rosenstock
tions de l’ergothérapeute (réfère à la notion d’observance (1974) suggère que les changements comportementaux d’une
mentionnée précédemment, qui constitue en soi un com- personne dépendent des composantes cognitives suivantes :
portement lié à la santé). Nous verrons dans les lignes 1. La perception d’une menace pour la santé, influencée
par :
suivantes quelques théories des changements comportemen-
taux dont pourraient s’inspirer les ergothérapeutes dans leur a) la perception de la vulnérabilité : la perception de
l'individu quant à son risque relatif à un problème de
pratique afin d’optimiser l’observance de leurs recommanda-
santé;
tions en matière de PPS.
b) la perception de la gravité : la perception de l’indi-
Théories des changements vidu quant au sérieux d'un problème de santé ou au
danger associé au fait de ne pas traiter ce problème;
comportementaux 2. La perception des bénéfices : la perception de l’indi-
Bien que la connaissance des risques pour la santé associés à vidu quant à l'efficacité des stratégies proposées pour
un comportement constitue une condition préalable au réduire la menace pour la santé;
changement de comportement chez un individu, on recon- 3. La perception des obstacles (ou coûts) : la perception
naît aujourd’hui qu’à lui seul, ce facteur n’est pas suffisant de l’individu quant aux conséquences négatives
pour engendrer les changements de comportement escomp- associées aux stratégies proposées (incluant des con-
tés (Bandura, 1995; Milio, 1986). D’autres facteurs cognitifs sidérations physiques, psychologiques et financières).
doivent être considérés, qu’il s’agisse de favoriser l’adoption Outre ces variables cognitives, la probabilité d’adopter
de nouveaux comportements bénéfiques à la santé (p. ex. : un comportement peut également être influencée par des
faire de l’exercice) ou la cessation de comportements néfastes incitatifs provenant de l'environnement externe (p. ex. :
à la santé (p. ex. : consommation excessive de gras). Intéressé message diffusé dans les médias, recommandation d’un pro-
à maximiser l’observance de ses recommandations, l’ergo- fessionnel de la santé) ou d'une condition interne (p. ex. :
thérapeute a donc tout intérêt à considérer non seulement le symptômes d’une maladie possible). D'autres variables telles
niveau de connaissance des risques de son client, mais aussi certaines caractéristiques démographiques (âge, sexe,
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ethnie), de même que celles liées au statut socio-économique, Le modèle des croyances relatives à la santé suggère des
peuvent également influencer les perceptions de l'individu et, pistes d’intervention que pourrait emprunter avec profit
par conséquent, ses comportements à l'égard de sa santé. Les l’ergothérapeute dans son approche auprès du client. Le
composantes du modèle de même que les interrelations entre modèle suggère notamment qu'il est primordial de considérer
celles-ci sont schématisées à la figure 1. les perceptions de la personne. Ceci est d’autant plus impor-
tant que très souvent, les perceptions ou croyances du client
Application du modèle des croyances ne sont pas exprimées, ce qui peut compromettre
relatives à la santé à la pratique l’observance des recommandations par le client et, par
Une vignette clinique est utilisée ici afin d’illustrer comment conséquent, l’efficacité des interventions en ergothérapie
le modèle des croyances relatives à la santé peut être utile à la (Harlowe, 2001). Selon le modèle des croyances relatives à la
pratique de l’ergothérapeute en ce qui a trait à la PPS. Une santé, il est crucial que l'ergothérapeute évalue la perception
dame de 78 ans est référée par son médecin au programme de et la compréhension du client quant aux risques encourus,
maintien à domicile du CLSC de son quartier à la suite de aux bénéfices et aux obstacles associés au comportement
plusieurs chutes qu’elle a faites récemment à l'intérieur de recherché. D'autre part, une partie de l'intervention de
son domicile. Elle présente quelques séquelles d'un ancien l'ergothérapeute devrait viser à modifier favorablement
accident vasculaire cérébral (notamment de l’ataxie) et souf- certaines de ces perceptions et tenter de réduire certains
fre d’ostéoporose. Elle utilise une canne simple lors de ses obstacles au comportement afin de favoriser l’observance des
déplacements. Suite à l’évaluation effectuée au domicile de recommandations.
madame, l'ergothérapeute recommande notamment à cette La version plus récente du modèle comporte également
dernière d'utiliser une marchette plutôt qu’une canne pour une autre variable cognitive, soit l’auto-efficacité (self-
prévenir les chutes. efficacy), un concept emprunté à Bandura (1977, 2003).
S’inspirant de la situation de cette dame, le tableau 3 Selon Rosenstock, Strecher et Becker (1988), l’intégration de ce
présente des exemples pour chaque type de perceptions du concept au modèle des croyances relatives à la santé permet
modèle, de même que des exemples d’incitatifs et autres vari- d’améliorer le pouvoir explicatif de ce dernier. L’auto-efficacité
ables susceptibles d’influencer la décision de la dame de a d’ailleurs été identifiée dans plusieurs études comme étant un
suivre ou non les recommandations de l'ergothérapeute. déterminant important des comportements de santé, notam-

FIGURE 1
Composantes du modèle des croyances relatives à la santé et liens entre les composantes du modèle.

Le modèle des croyances relatives à la santé

Perceptions individuelles Facteurs de modification Probabilité de l’action

Âge, sexe, ethnie Perception des bénéfices associés au


Personnalité changement de comportement moins
Aspects socio-économiques la perception des obstacles
Niveau d’éducation

Perception de sa vulnérabilité/ Perception de la menace de Probabilité du changement de


gravité de la maladie maladie comportement

Incitatifs:
• stratégies éducatives
• symptômes, maladie
• information via les médias

Tiré de « Health Belief Model » par V. J. Strecher et I. M. Rosenstock, 1997. Dans K. Glanz, F. M. Lewis, et B. K. Rimer (Eds.), Health behavior and health education. Theory, research
and practice (2nd ed.). San Francisco: Jossey-Bass Publishers, p. 48. Copyright 1997 de Jossey-Bass Inc. Reproduit et traduit avec la permission de John, Wiley et Sons, Inc.

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TABLEAU 3
Application du modèle des croyances relatives à la santé.

Composantes du modèle Exemples de perceptions, incitatifs et autres variables

• Perception d’une menace à


sa santé :
- perception de sa vulnérabilité Vu le nombre élevé de chutes qu’elle a faites depuis quelque temps, madame se sent
vulnérable aux chutes.
- perception de la gravité Madame perçoit que les blessures liées à une chute pourraient être relativement graves,
compte tenu de son âge et de son état de santé.
• Perception des bénéfices Madame perçoit que l’aide technique suggérée par l’ergothérapeute (marchette) peut
contribuer à faciliter ses déplacements et à réduire ses risques de chutes.
• Perception des obstacles Le fait qu’une marchette soit un équipement plus encombrant et plus susceptible d’être
remarqué par autrui constitue pour madame une conséquence négative liée à l’utilisation de
cet équipement.
• Incitatifs Environnement externe : recommandation favorable de l'ergothérapeute vis-à-vis l'aide
technique.
Condition interne : ataxie, ostéoporose.
• Autres variables Âge de la cliente (p. ex. : l'utilisation d'une marchette est fréquente chez les personnes âgées,
ce qui contribue possiblement à influencer favorablement son évaluation du rapport entre les
bénéfices et les obstacles liés à l'utilisation d'une marchette).

ment dans quelques études reliées à l’intervention en Les sources d’auto-efficacité


ergothérapie (Chen et al., 1999; Clemson et al., 1999). L’auto- Tel que mentionné précédemment, l’auto-efficacité est la
efficacité est la croyance d’un individu en sa capacité d’exé- croyance de la personne en sa capacité d’exécuter avec succès
cuter avec succès un comportement donné pour parvenir aux un comportement donné pour parvenir aux résultats
résultats escomptés (Bandura, 1977; 2003). Concrètement, escomptés (Bandura, 1977; 2003). Selon cet auteur, l’auto-
dans une situation clinique, il pourrait s’agir de la croyance efficacité constitue un déterminant clé du comportement et
d’un client en sa capacité de faire les exercices recommandés est susceptible de s’améliorer grâce à certaines interventions.
par son ergothérapeute sur une base quotidienne. Bandura identifie en effet quatre moyens de développer
En résumé, la version plus récente du modèle des l’auto-efficacité d'un individu, soit : ses réalisations person-
croyances relatives à la santé suggère que pour effectuer un nelles, lesquelles constituent la principale source d’auto-
changement de comportement, la personne doit non efficacité, l'observation des expériences vécues par autrui, la
seulement être incitée à changer, mais doit également se sentir persuasion verbale et l’activation émotive. Ces sources
menacée par son comportement actuel, percevoir qu’un d’auto-efficacité fournissent des pistes d’interventions utiles
changement pourrait être bénéfique pour elle tout en présen- pour l’ergothérapeute afin d’accroître le sentiment d’auto-
tant peu de conséquences négatives et enfin, se sentir compé- efficacité de ses clients et conséquemment, d’assurer un suivi
tente pour effectuer le changement (Naidoo et Wills, 1994). optimal de ses recommandations. Évidemment, il importe en
tout premier lieu que l’ergothérapeute considère ce
La théorie sociale cognitive
paramètre dans son évaluation. Du côté de l’intervention
La théorie sociale cognitive développée par Bandura (1986)
visant à développer l’auto-efficacité, l’intervenant doit
est une théorie robuste, notamment parce qu’elle intègre un
surtout permettre à l’individu d’expérimenter des succès.
certain nombre de concepts importants pour l’étude et
Cette démarche concorde avec la valeur qui est accordée en
l’intervention en ce qui a trait au comportement humain
ergothérapie à l'implication active, à l’expérimentation et à
(Baranowski, Perry et Parcel, 1997). Étant donné le nombre et
l'entraînement (Madill, Townsend et Schultz, 1989).
la complexité des concepts de cette théorie, seul le concept
L’élaboration d’objectifs réalistes et à court terme permet à
d’auto-efficacité, concept central de la théorie de Bandura,
l’individu d’expérimenter rapidement des succès, ce qui
sera présenté ici. Pour plus de détails sur l’ensemble des
contribue favorablement à sa croyance en son efficacité
concepts de cette théorie, le lecteur peut toutefois consulter
personnelle.
l’ouvrage de Bandura (1986).
L’auto-efficacité peut également être développée en four-
nissant à la personne des occasions d’être témoin des succès

50 FÉVRIER 2005 ■ REVUE CANADIENNE D’ERGOTHÉRAPIE ■ NUMÉRO 1 ■ VOLUME 72 © CAOT PUBLICATIONS ACE
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FIGURE 2
Composantes de la théorie de l’action raisonnée et de la théorie du comportement planifié et liens entre les composantes.

Théorie de l’action raisonnée (TAR) et théorie du comportement planifié (TCP)

Croyances relatives
aux retombées du
comportement
Attitude envers le comportement
Évaluations des
retombées du
comportement

Croyances
normatives Intention
Norme subjective comportementale Comportement
Motivation à se
conformer

Croyances relatives
aux obstacles et
aux ressources Variables de la TAR
Perception du contrôle
Pouvoir perçu comportemental Ajout aux variables de la TAR
donnant lieu à la création de la TCP

Tiré de « The Theory of Reasoned Action and the Theory of Planned Behavior » par D. E. Montaño, D., Kasprzyk et S. H., Taplin, 1997. Dans K. Glanz, F. M. Lewis, et B. K. Rimer
(Eds.), Health behavior and health education. Theory, research and practice (2nd ed.), San Francisco: Jossey-Bass Publishers, p.92. Copyright 1997 de Jossey-Bass Inc. Reproduit,
traduit et adapté avec la permission de John Wiley et Sons, Inc.

expérimentés par d’autres individus en regard de l’adoption Théorie de l'action raisonnée et théorie
du comportement souhaité. Dans le contexte de la pratique
du comportement planifié
en ergothérapie, l’utilisation de vidéos, les démonstrations, la
La théorie de l'action raisonnée (Fishbein, 1967; Fishbein et
participation de l'individu à des activités de groupe, de même
Ajzen, 1975) et la théorie du comportement planifié
qu’une visite effectuée au domicile d’un autre client sont
(Ajzen,1985) sont deux autres théories impliquant des
quelques-uns des moyens pouvant permettre à un client
facteurs cognitifs individuels en tant que déterminants du
d’observer le succès d’autrui. Par exemple, le fait de pouvoir
comportement. Développée par Fishbein en 1967, la théorie
observer une personne qui utilise de manière efficace une
de l’action raisonnée met l’accent sur les relations entre les
aide technique pour ses déplacements peut contribuer à
croyances, les attitudes, les intentions et le comportement
renforcer chez un client sa confiance en sa capacité à utiliser
(Montaño, Kasprzyk et Taplin, 1997). Cette théorie postule
la même aide technique. La persuasion verbale (troisième
que le comportement est déterminé par l'intention com-
source d’auto-efficacité selon Bandura) est un outil fréquem-
portementale (ou la motivation en regard du comportement)
ment utilisé en ergothérapie, qu’il s’agisse de donner du ren-
qui, à son tour, est influencée par l’attitude de l’individu à
forcement positif une fois le comportement effectué ou
l’égard de l’exécution du comportement ainsi que par sa
d’inciter le client à poursuivre ses efforts. Enfin, l’activation
norme subjective associée au comportement.
émotive réfère aux réactions physiologiques associées au
La théorie du comportement planifié (Ajzen, 1985)
stress et à l’anxiété (p. ex. : élévation de la pression artérielle,
est une extension de la théorie de l’action raisonnée. Elle
palpitations, étourdissements, hypersudation, tremble-
comprend les variables de cette dernière mais en intègre une
ments). Puisque ces réactions physiologiques informent la
autre, soit la perception du contrôle comportemental. Les
personne d’une certaine « vulnérabilité », elles peuvent
composantes des deux théories ainsi que les liens entre leurs
affecter sa croyance en son efficacité personnelle.
diverses composantes sont illustrés à la figure 2 et expliqués
Concrètement, il est possible de contrôler cette activation
dans les lignes suivantes.
émotive, particulièrement chez les personnes plus anxieuses
ou vivant des situations de stress important, par l’utilisation
de techniques de relaxation et d’auto-suggestion.

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FILIATRAULT & RICHARD

La théorie de l’action raisonnée le cas d’un comportement comme celui d’adhérer à un


La théorie de l'action raisonnée suggère que le déterminant le programme d’exercices, la personne aura peu de contrôle à
plus important du comportement est l’intention comporte- l’égard de l’adoption du comportement si elle n’a pas les
mentale (motivation). Elle met l’accent sur deux facteurs opportunités, les ressources ou les habiletés requises. C’est
cognitifs qui déterminent directement cette intention pourquoi Ajzen (1985) ajouta la « perception du contrôle
comportementale. Le premier facteur, l’attitude (positive ou comportemental » aux variables de la théorie de l’action
négative) de la personne à l’égard de l’adoption du raisonnée (voir la figure 2).
comportement, est déterminé par les croyances de l'individu La perception du contrôle comportemental reflète les
concernant les retombées du comportement, ainsi que la croyances de la personne quant au degré de facilité ou de
valeur qu’il accorde à ces dernières. Concrètement, une difficulté à réaliser le comportement. Elle est déterminée
personne croyant que des retombées positives résulteront d'une part, par les croyances de la personne en ce qui a trait à
d'un comportement (p. ex. : forme physique associée au fait la présence ou à l’absence de ressources et d’obstacles à la
de réaliser le programme d'exercices prescrit par son réalisation du comportement. Ces ressources et ces obstacles
ergothérapeute) et qui valorise de telles retombées aura une peuvent être externes (p. ex. : ressources économiques, soutien
attitude favorable envers le comportement. De la même social) ou internes (p. ex. : habiletés, connaissances). D'autre
façon, une personne qui croit que des retombées négatives part, la perception du contrôle comportemental est influencée
résulteront du comportement (p. ex. : temps supplémentaire par la perception de la personne à l’égard du pouvoir
requis pour effectuer une activité de façon plus sécuritaire) et d’influence de chacune de ces ressources et de ces obstacles
qui accorde une grande valeur au temps aura une attitude sur le comportement (facilitation ou inhibition du com-
plutôt défavorable à l'égard du comportement. portement). Concrètement, une personne sera moins motivée
Le deuxième facteur déterminant l’intention comporte- et déploiera moins d’efforts pour réaliser le comportement si
mentale est la norme subjective d’un individu, c’est-à-dire sa elle perçoit plusieurs obstacles importants et peu de
perception des attentes des autres relativement à l’adoption ressources pour lui permettre de réaliser le comportement.
du comportement. Cette norme dépend, d’une part, des Comme l’indique le schéma à la figure 2, la perception
croyances normatives, c’est-à-dire de l’approbation ou de la du contrôle comportemental peut être à la fois un détermi-
désapprobation des personnes significatives entourant l’indi- nant direct du comportement et un déterminant indirect par
vidu (professionnels de la santé, famille, amis, etc.) quant à ses effets sur l’intention (Ajzen, 1985). Étant plus récente, la
l’adoption du comportement et, d’autre part, de la motivation théorie du comportement planifié n'a pas été autant utilisée
de l’individu à se conformer aux opinions de ces personnes et n’a pas fait l’objet d’autant d’études que la théorie de
significatives. Concrètement, une personne dont les proches l’action raisonnée.
ont une attitude positive à l’égard d’un comportement (p. ex. :
Application de la théorie de l’action
faire de l’exercice) et qui est motivée à rencontrer les attentes
de ses proches, aura une norme subjective plutôt favorable à
raisonnée et de la théorie du comportement
l'égard du comportement en question. planifié à la pratique en ergothérapie
Comme le mentionnent Montaño et ses collaborateurs Un deuxième cas fictif est maintenant présenté pour illustrer
(1997), la théorie de l'action raisonnée a été utilisée avec comment la théorie de l’action raisonnée et la théorie du
succès pour prédire et expliquer une grande variété de comportement planifié peuvent contribuer à éclairer la pra-
comportements de santé (p. ex. : auto-examen des seins, tique de l’ergothérapeute. Il s’agit d’une dame de 67 ans,
vaccination, utilisation du condom) ainsi que pour dévelop- veuve depuis 5 ans, qui vit chez sa fille, son gendre et leurs
per plusieurs types d’interventions. deux enfants. Elle souffre d’arthrite et se déplace à l’aide
d’une canne simple. Sa fille a fait appel aux services d’un
La théorie du comportement planifié ergothérapeute pour obtenir des conseils relatifs à l’hygiène
Ajzen (1985) développa la théorie du comportement plani- de sa mère qui n’est plus capable d’entrer et de sortir de la
fié après avoir noté certaines limites de la théorie de l’action baignoire seule. À partir de la situation de madame, le tableau
raisonnée. Bien que cette dernière soit appropriée lorsqu’elle 4 fournit des exemples concrets relatifs à chacune des
sert à décrire des comportements qui dépendent principale- composantes de la théorie de l’action raisonnée et de la
ment du contrôle de l’individu, Ajzen constate que la théorie du comportement planifié.
performance de cette théorie semble plutôt pauvre lorsqu’il
s’agit d’étudier les comportements pour lesquels la personne Discussion
n’a pas un contrôle total (Godin et Kok, 1996). Le fait de Les théories présentées dans cet article mettent de l’avant un
se faire vacciner est un exemple de comportement où la certain nombre de déterminants cognitifs des changements
personne a un bon contrôle car dans un tel cas, il y a peu de de comportements liés à la santé (dont les comportements
contraintes à l’adoption du comportement. Toutefois, dans d'observance) et suggèrent certaines pistes pour les interven-

52 FÉVRIER 2005 ■ REVUE CANADIENNE D’ERGOTHÉRAPIE ■ NUMÉRO 1 ■ VOLUME 72 © CAOT PUBLICATIONS ACE
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TABLEAU 4
Application de la théorie de l’action raisonnée et de la théorie du comportement planifié.

Composantes Exemples relatifs à chaque composante des modèles


des modèles

Comportement souhaité1,2 Le comportement souhaité est le suivi des recommandations concernant les aides techniques à se
procurer et les stratégies à adopter pour effectuer un transfert sécuritaire à la baignoire.
Intention comportementale1,2 Madame a l’intention, à prime abord, de suivre les recommandations de l’ergothérapeute (p. ex. : se
procurer un banc de transfert pour le bain et une barre d’appui) dans le but de favoriser son
indépendance et sa sécurité lors de l’hygiène.
Attitude envers le Madame a une attitude assez favorable à l’égard des recommandations. Elle croit que les
comportement1,2 recommandations proposées diminueront ses risques de chutes et de blessures. Madame valorise
son indépendance et sa sécurité.
Norme subjective1,2 Madame a une norme subjective favorable à l’égard des recommandations de l’ergothérapeute car
sa fille croit que les aides techniques sont justifiées et pertinentes. Le fait que les autres intervenants
impliqués auprès de madame appuient de façon explicite les recommandations de l’ergothérapeute
favorise également l’observance, d’autant plus que madame accorde une grande importance aux
opinions des professionnels de la santé.
Perception du contrôle La perception du contrôle comportemental de madame est influencée positivement par le
comportemental2 fait que le CLSC peut lui prêter certains équipements pendant quelques semaines pour lui permettre
d’en faire l’essai et de pratiquer les nouvelles stratégies enseignées par l’ergothérapeute. La fille de
madame sera présente durant les premiers essais d’équipements, ce qui rassure madame.

1. Composantes de la théorie de l’action raisonnée.


2. Composantes de la théorie du comportement planifié.

tions de l’ergothérapeute. Bien que les termes employés pour de PPS de l’ergothérapeute. En tout premier lieu, il s’avère
décrire certains déterminants ne soient pas nécessairement primordial que l’ergothérapeute évalue ces déterminants afin
les mêmes au sein des diverses théories, on constate que d’identifier ceux qui sont les plus susceptibles de nuire à
plusieurs des concepts présentés se rejoignent. La perception l’observance de ses recommandations. Dans un deuxième
du contrôle comportemental et le concept d’auto-efficacité temps, l’ergothérapeute devra développer des stratégies
ont notamment certains points de convergence (Godin et adaptées au client pour intervenir au niveau de ces facteurs.
Kok, 1996). Les déterminants des comportements de santé Le tableau 5 présente quelques pistes d’intervention se
qui se dégagent de l’ensemble de ces théories sont les percep- dégageant des théories décrites précédemment et pouvant
tions de la personne à l'égard des dimensions suivantes : la guider la pratique de l’ergothérapeute.
menace à sa santé (risques encourus et gravité des problèmes
potentiels), les bénéfices du comportement, les obstacles Limites des approches individuelles
associés au comportement, les ressources disponibles, les atti- Il importe de souligner que dans les domaines de la santé
tudes des personnes significatives (notamment, celles des publique et de la promotion de la santé, les modèles
proches et de l’ensemble des intervenants impliqués auprès théoriques et d’intervention ciblant strictement les change-
de la personne) et l’auto-efficacité en regard du comporte- ments comportementaux individuels ont fait l’objet
ment. d’importantes critiques au cours de la dernière décennie
À une époque où la question de l’efficience des services (Richard, 1996). La prise de conscience des limites des
de santé est de plus en plus débattue et où la prévention et la approches individuelles quant à certains comportements
promotion de la santé apparaissent comme des axes centraux prévalents dans la population (p. ex. : tabagisme) a notam-
de la réforme des systèmes de santé canadien et québécois, il ment contribué au développement d’approches dites
semble crucial que les ergothérapeutes se donnent les moyens écologiques en promotion de la santé (Green, Richard et
de maximiser l’efficacité de leurs interventions en matière de Potvin, 1996; McLeroy, Bibeau, Steckler et Glanz, 1988;
PPS, notamment en favorisant l’observance optimale de leurs Richard, Potvin, Kishchuk, Prlic et Green, 1996; Stokols,
recommandations. Au-delà de la seule transmission d’infor- 1996). De telles approches préconisent de cibler non seule-
mation inhérente à l’intervention éducative, la considération ment les facteurs individuels à la source des problèmes de
des déterminants explorés dans le présent article se dégage santé, mais également l’environnement plus large dans lequel
comme un moyen d’optimiser l’efficacité des interventions les individus évoluent. Sans renier les bénéfices des approches

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FILIATRAULT & RICHARD

TABLEAU 5 nature des risques, les caractéristiques de l’environnement du


Pistes d’intervention pour l'ergothérapeute découlant des client, de même que la nature des recommandations effec-
théories examinées. tuées. Il est possible que le déterminant prioritaire soit, pour
certains clients, la perception des risques alors que pour
• Développer une perception de la vulnérabilité plus près du d’autres, il s’agirait plutôt de la perception de l’auto-efficacité
risque réel de l’individu; ou de la perception des obstacles. Le besoin de recherche sur
• Spécifier les conséquences du risque et les effets positifs du
les interventions de PPS des ergothérapeutes a d’ailleurs été
comportement recherché;
• Expliquer clairement le comportement recherché; soulevé dans plusieurs écrits (Bolduc et al., 1997); Madill et
• Clarifier les attentes irréalistes ou incorrectes face au al., 1989; Reitz, 1992; Seymour, 1999). Dans un contexte de
comportement; rationalisation des ressources de santé, il semble impératif
• Tenter de modifier les attitudes (normes) de l’entourage pour d’entreprendre de telles études afin de guider et de maximiser
les rendre favorables au comportement;
l’efficience des interventions des ergothérapeutes. De façon
• Tenter de modifier la perception de la personne à l’égard des
obstacles; plus générale, il serait souhaitable que davantage de
• Réduire ou contourner certains obstacles, si possible; recherches soient orientées vers la pratique communautaire
• Solliciter les ressources du client et de son milieu de vie; en ergothérapie afin d’éclairer ce secteur d’intervention en
• Faire appel à des ressources extérieures au besoin; plein essor. Une étude québécoise effectuée dans cette pers-
• Développer l’auto-efficacité de la personne :
pective auprès des ergothérapeutes oeuvrant en CLSC
• Fixer des objectifs réalistes;
• Fournir un entraînement; (Hébert et al., 2001) a d’ailleurs permis de constater que la
• Donner des occasions d’observer le succès pratique des ergothérapeutes dans ce type d’établissement est
d’autres clients (démonstrations, activités de souvent limitée par des contraintes organisationnelles. De
groupe,…); tels résultats ont orienté les auteurs vers l’énoncé de pistes
• Donner du renforcement verbal;
d’action visant à mieux harmoniser ce contexte de pratique
• Réduire l’anxiété par des techniques de
relaxation ou d'auto-suggestion. avec les valeurs fondamentales de la profession (Hébert,
Maheux et Potvin, 2002).
Parallèlement aux besoins identifiés en termes de
individuelles, on recommande d’élargir le spectre des inter- recherche, le besoin de formation des ergothérapeutes quant
ventions pour favoriser une action plus efficace, notamment à la PPS et la pratique communautaire a également été montré
en intégrant des interventions visant les environnements dans certaines études (Lysack et al., 1995; Seymour, 1999).
organisationnels (p. ex. : développement de ressources dans Les milieux universitaires ainsi que les organismes impli-
les écoles, les milieux de travail), communautaires (p. ex. : qués dans la formation continue en ergothérapie sont donc
modification de l’environnement physique d’un quartier) et interpellés pour accorder davantage de place aux activités de
politiques (p. ex. : lobbying pour établir des lois favorables à formation concernant les théories et les nouvelles connais-
la santé). Il reste toutefois que dans un contexte d’interven- sances en lien avec la PPS et la pratique communautaire.
tion clinique impliquant une action auprès d’individus dont
les problèmes de santé et les risques pour la santé sont Conclusion
supérieurs à ceux de la population en général, les approches Les théories des changements comportementaux présentées
individuelles demeurent sans contredit des stratégies fort dans cet article peuvent contribuer au développement des
adaptées (Jeffery, 1989). interventions de PPS des ergothérapeutes. Ces théories
mettent de l’avant un ensemble de déterminants cognitifs
Le besoin de recherche et de formation en que l’ergothérapeute devrait considérer systématiquement
lien avec la PPS en ergothérapie dans son approche, tant lors de l’évaluation du client que lors
Les comportements d'observance des clients à l'égard des de l’intervention, afin de favoriser un observance optimale de
recommandations de l’ergothérapeute en lien avec la PPS et ses recommandations. Par ailleurs, en fournissant des assises
les facteurs qui y sont associés ont fait l’objet de peu d’études théoriques susceptibles d’appuyer les interventions de PPS
en ergothérapie. Les théories présentées ici offrent un point des ergothérapeutes, les théories présentées ici pourraient
de départ intéressant pour l’étude des comportements répondre à un besoin chez les ergothérapeutes d’être mieux
d’observance chez différents types de clientèles rencontrées outillés pour œuvrer dans le contexte d’une pratique
en ergothérapie. De telles études s’avèreraient pertinentes car communautaire.
elles pourraient fournir aux ergothérapeutes des bases Le développement de la recherche sur les interventions
empiriques pour consolider leurs interventions de PPS. Plus de PPS des ergothérapeutes et sur la pratique communautaire
spécifiquement, ces études permettraient de dégager les en ergothérapie, de même qu’une formation accordant
déterminants devant être considérés en priorité selon les davantage de place à ces dimensions contribueraient à
besoins des diverses clientèles, besoins pouvant varier selon la consolider la pratique des ergothérapeutes dans un secteur en

54 FÉVRIER 2005 ■ REVUE CANADIENNE D’ERGOTHÉRAPIE ■ NUMÉRO 1 ■ VOLUME 72 © CAOT PUBLICATIONS ACE
FILIATRAULT & RICHARD

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Les auteurs souhaitent remercier leurs collègues du séminaire
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en promotion de la santé de l’Université de Montréal pour la Gifford, K. E., Wooster, D. A., Gray, L., et Chromiak, S. B. (2001).
pertinence de leurs commentaires au regard de la première Home health. Dans M. Scaffa (Ed.), Occupational therapy in
version de cet article. Nous remercions également l’équipe de community-based practice settings (pp. 188-222). Philadelphia,
recherche en promotion de la santé de l’Université de PA : F.A. Davis Company.
Montréal pour son soutien financier. Glanz, K., Lewis, F. M., et Rimer, B. K. (1997). Health behavior and
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Occupational Therapy, 46, 50-55. clinique à l’École de réadaptation. Adresse de correspondance:
Richard, L. (1996). Pour une approche écologique en promotion de Université de Montréal, doctorante au programme de doctorat
la santé : Le cas des programmes de lutte contre le tabagisme. en santé publique et membre du Groupe de recherche interdis-
Ruptures, revue transdisciplinaire en santé, 3, 52-67. ciplinaire en santé (GRIS) de l’Université de Montréal. École de
Richard, L., Potvin, L., Kishchuk, N., Prlic, H., et Green, L. (1996). réadaptation, Faculté de médecine, Université de Montréal, C.P.
Assessment of the integration of the ecological approach in 6128, succursale Centre-ville, Montréal, Québec, H3C 3J7.
health promotion programs. American Journal of Health Courriel : johanne.filiatrault@umontreal.ca
Promotion, 10, 318-328. Lucie Richard, Ph.D., est professeure agrégée à la Faculté des
Rootman, I., Goodstadt, M., Potvin, L., et Springett, J. (2001). A sciences infirmières de l’Université de Montréal, chercheure au
framework for health promotion evaluation. Dans I. Rootman, GRIS et chercheure associée au Centre de recherche de l’Institut
M. Goodstadt, B. Hyndman, D.V. McQueen, L. Potvin, J. universitaire de gériatrie de Montréal et au Centre de recherche
Springett, et E. Ziglio (Eds.), Evaluation in health promotion : Léa-Roback sur les inégalités sociales de santé de Montréal.

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56 FÉVRIER 2005 ■ REVUE CANADIENNE D’ERGOTHÉRAPIE ■ NUMÉRO 1 ■ VOLUME 72 © CAOT PUBLICATIONS ACE

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