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© Comité d?études de Défense Nationale | Téléchargé le 05/02/2024 sur www.cairn.info via CY Cergy Paris Université (IP: 193.54.115.197)
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Secrétaire général de rédaction, auditeur de la 226e session Rédacteur en chef de la RDN.
régionale de l’IHEDN.
L
es conflits de haute intensité en Ukraine mais aussi dans la bande de Gaza
ont démontré le rôle indispensable des drones et des robots. Ceux-ci n’ont
cependant pas attendu 2022 pour être présents dans les arsenaux des puis-
sances militaires. Depuis longtemps, le drone est devenu d’usage courant tant dans
le champ militaire que dans des applications civiles. De l’hélicoptère « jouet »
disponible dans les rayons des grandes surfaces, jusqu’à l’engin ayant la taille d’un
avion Airbus, le choix n’a cessé de s’élargir apportant de nouvelles fonctionnalités.
Pourtant, le paradoxe est que le drone, s’il ne cesse d’évoluer en touchant tout le
spectre des milieux – des fonds marins à des altitudes stratosphériques –, n’est pas
une nouveauté du XXIe siècle mais le fruit d’une évolution permanente bénéficiant
des progrès du positionnement, du guidage et maintenant de l’intelligence artifi-
cielle (IA).
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Celui-ci fut fabriqué jusqu’en 1984 avec
1 530 exemplaires produits. Il fut même dérivé
un système de reconnaissance, le drone R20,
destiné à accompagner les régiments Pluton
chargés de mettre en œuvre le missile nucléaire. Le R20 était radioguidé et dispo-
sait d’appareils photos pour acquérir des cibles potentielles.
Si les États-Unis ont été pionniers ces dernières années avec une produc-
tion croissante et des systèmes de plus en plus variés couvrant un spectre de plus
(1)
Pour l’anecdote, la première mention du mot « drone » dans la RDN, remonte à août 1946 dans l’article qui relate
« Les expériences de Bikini » et l’utilisation par les Américains d’avions sans pilote destinés à collecter des données.
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en plus large comprenant des drones armés capables de frappes, il faut bien
admettre que les pays européens, dont la France, ont mis du temps à mettre en
œuvre de tels engins avec des réticences quant à leur armement et en préférant se
procurer notamment le drone MQ-9 Reaper de conception américaine.
On peut cependant considérer qu’au début des années 2020, l’usage du
drone aérien est devenu une réalité tant pour les aviateurs que pour les soldats de
l’Armée de terre avec l’accroissement des micro
et mini-drones comme le Black Hornet de la
taille d’un moineau. L’apport des drones, en
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particulier pour la reconnaissance tactique, est
devenu indispensable créant d’ailleurs de vraies
filières professionnelles et industrielles, avec de
nombreuses start-up proposant en permanence
des innovations facilement disponibles, au
risque d’ailleurs d’une obsolescence très rapide.
Une banalisation
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IA, numérIque, Drones, robots : vers lA guerre De DemAIn
démontrant la dimension désormais incontournable des drones dans tous les
champs d’activité.
Il faut également comprendre que le
drone ne remplace pas l’avion ou l’hélicoptère,
même si certains posent le débat en ces termes,
il les complète en offrant une gamme de nou-
veaux services et d’avantages comme la dimi-
nution d’exposition au risque pour ceux
mettant en œuvre ces engins, comme ce fut le
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cas lors de l’incendie de Notre-Dame de Paris
en avril 2019 avec l’intervention d’un Colossus
de la société Shark Robotics. Développé en France en coopération avec des
Sapeurs-Pompiers, cet engin d’une demi-tonne est capable de résister à une chaleur
de plus de 900° C et d’opérer pendant une douzaine d’heures.
Face à l’augmentation des besoins, il a fallu créer de véritables filières pro-
fessionnelles pour la formation des pilotes. Ainsi, l’Armée de terre vient d’inaugurer
l’École des drones à Chamont-Semoutiers (Haute-Marne), colocalisée avec le
61e Régiment d’artillerie qui met en œuvre le Système de mini drones de reconnais-
sance (SMDR) de Thales et bientôt le Patroller de Safran.
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faut aussi souligner l’essor des essaims de drones qui pourront saturer un compar-
timent de l’espace aérien et faire une menace majeure sur des troupes au sol.
Il en est de même dans la dimension
maritime où les conditions d’exploitation sont
complexes. Le drone marin doit disposer d’une
autonomie, tant pour sa navigation que pour
ses algorithmes de pilotage. Là encore, les
spectaculaires destructions de navires russes par
des engins ukrainiens sans pilote de la taille
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d’un canoë, démontrent un nouvel usage opé-
rationnel et d’une capacité d’innovation à
moindre coût. Ici, on voit l’élargissement de la gamme entre un drone à usage
unique et un drone sous-marin capable de recueillir du renseignement ou de sur-
veiller un vaste espace maritime.
Naval Group s’est ainsi doté d’un Démonstrateur de drone sous-marin océa-
nique (DDO) de 10 tonnes et pouvant plonger jusqu’à 150 m de profondeur.
Celui-ci pourrait mener des missions à caractère militaire mais également civil
comme la surveillance de la ressource halieutique, permettant ainsi d’éviter le
déploiement d’un navire à équipage. De même, pour la Marine nationale, le
Système de lutte anti-mines marines futur (Slamf) fait l’objet d’une coopération
franco-britannique afin de développer un système de drones destiné à accroître la
sécurité des marins dans ce genre d’opérations.
De fait, avec l’IA et la diminution des coûts, le spectre d’emploi ne va cesser
de s’élargir, avec des produits dont la dualité sera la marque de fabrique. Cependant,
les engins exclusivement militaires viendront compléter d’autres systèmes. Il est en
effet peu probable qu’à moyen terme des drones comme les remote carriers (ou
« effecteurs déportés ») aient des applications civiles.
Parmi les débats déjà en court, se pose la question de l’autonomie décision-
nelle du drone, celle-ci bénéficiant des apports de l’IA. Un drone armé pourrait-il
décider de lui-même d’appliquer ses feux sur une cible ? La réalité technologique
le permet et la tentation peut être grande pour certains acteurs, qu’ils soient éta-
tiques, terroristes ou criminels, de franchir le pas. Une régulation est-elle possible ?
La remise en cause actuelle des modes de régulation des relations internationales
considérées comme trop « occidentales » ne peut qu’inciter au pessimisme. Il est
donc nécessaire à la fois de développer un éventail de plus en plus large, une dro-
nisation au profit de nos forces mais aussi de travailler à ne pas se faire surprendre
par un compétiteur qui emploierait sans limite des flottes de drones ou de robots
débordant nos capacités de défense. w