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OCS : une organisation régionale post-occidentale

David Teurtrie
Dans Politique étrangère 2023/4 (Hiver), pages 53 à 64
Éditions Institut français des relations internationales
ISSN 0032-342X
ISBN 9791037306258
DOI 10.3917/pe.234.0053
© Institut français des relations internationales | Téléchargé le 12/12/2023 sur www.cairn.info via Institut Français de la RDC (IP: 41.174.153.98)

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DOSSIER | LE SUD CONTRE L’OCCIDENT ?


OCS : une organisation régionale post-occidentale
Par David Teurtrie

David Teurtrie, docteur en géographie, est maître de conférence à l’Institut catholique d’études
supérieures (ICES). Chargé de cours à l’Inalco, il est l’auteur de Russie. Le retour de la puis-
sance, Paris, Armand Colin, 2021.
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L’Organisation de coopération de Shanghai a été fondée en 2001 par la
Chine, la Russie et quatre pays d’Asie centrale. Au fil des années, elle s’est
mise à ressembler à une sorte d’OSCE eurasiatique. En 2017, elle s’est
élargie à l’Inde et au Pakistan, un élargissement qui a accru son poids mais
a réduit sa cohérence interne. Complémentaire du format BRICS, elle est
devenue la principale organisation régionale post-occidentale.

politique étrangère

L’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) est la plus importante


organisation régionale non occidentale par sa taille, son poids démogra-
phique et économique. Avec les BRICS, elle incarne l’émergence d’un
monde polycentrique, dans lequel des mécanismes de coopération échap-
pant à la mainmise occidentale voient, ces dernières années, leur autorité
s’étendre rapidement.

Si, comme son nom l’indique, la Chine joue un rôle central dans l’insti-
tutionnalisation de l’OCS, sa configuration actuelle doit aussi beaucoup à
la diplomatie russe. L’organisation, qui a pour objectif principal d’assurer
la stabilité et la sécurité régionales, a rapidement été perçue comme
l’incarnation d’une forme d’alliance sino-russe susceptible de faire contre-
poids à l’Occident. Un temps décrite par la presse1 comme un adversaire
potentiel de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN), l’OCS
serait plutôt comparable à l’Organisation pour la sécurité et la coopéra-
tion en Europe (OSCE), dans une version eurasiatique qui mettrait

1. Voir M. Guenec et J.-S. Mongrenier, « L’Organisation de coopération de Shanghaï : une “OTAN” eurasia-
tique ? », Regard sur l’Est, 15 septembre 2007, disponible sur : https://regard-est.com.

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l’accent sur la « démocratisation des relations internationales » tout en


rejetant le modèle de la démocratie libérale. Marquée par une hétérogéné-
ité croissante du fait de ses élargissements successifs, l’OCS apparaît
comme une organisation emblématique des velléités de structuration d’un
ordre mondial post-occidental.

Formation et objectifs de l’OCS


L’ancêtre de l’OCS, le Groupe de Shanghai, est né en 1996 de la volonté
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de la Chine et de quatre États frontaliers issus de l’ex-URSS (Russie,
Kazakhstan, Kirghizstan et Tadjikistan) de résoudre des différends territo-
riaux le long des 7 000 kilomètres de l’ancienne frontière sino-soviétique.
Ils signent à Shanghai puis à Moscou, en 1997, deux accords visant à
réduire les forces militaires présentes aux frontières et à renforcer la
coopération transfrontalière. Surtout, ils négocient le règlement des
contentieux frontaliers qui avaient empoisonné les relations entre l’URSS
et la Chine depuis les années 1960. Les cinq États ayant pris l’habitude
de se réunir régulièrement pour régler ces dossiers épineux, ils décident
de transformer leurs rencontres en un forum régional avant tout consacré
aux problèmes de sécurité.

En 2001, le « groupe des cinq de Shanghai » (Chine, Kazakhstan,


Kirghizstan, Russie et Tadjikistan), auxquels s’adjoint l’Ouzbékistan,
fonde l’OCS. La transformation du Groupe de Shanghai en organisation
régionale correspond à un processus d’institutionnalisation qui répond
au besoin de donner de la régularité et de la prévisibilité à la coopération
entre les États membres. L’OCS comprend ainsi un Conseil des chefs
d’État qui définit les grandes orientations et un Conseil des chefs de gou-
vernement qui se réunit une fois par an afin de « discuter de la stratégie
de coopération multilatérale et des domaines d’interaction prioritaires au
sein de l’Organisation, de la résolution des problèmes économiques […],
et approuve le budget annuel de l’Organisation2 ». Des rencontres ont
également lieu au niveau ministériel, ainsi qu’entre les représentants des
services judiciaires et de sécurité. Les deux organes permanents sont un
secrétariat général basé à Pékin et un centre antiterroriste régional à
Tachkent.

L’institutionnalisation s’est accompagnée d’un approfondissement de


la coopération au sein de l’OCS. Le fait que le nom de Shanghai, ville où
a été signé le premier accord entre les cinq, ait été conservé marque autant
l’origine « chinoise » de l’organisation que le flou qui entoure ses objectifs.

2. Disponible sur : http://rus.sectsco.org (en russe).

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À la lecture de la « Déclaration portant sur la fondation de l’Organisation
de coopération de Shanghai3 », il ressort que celle-ci étend ses activités à
toutes les sphères des relations internationales. Les objectifs de l’organisa-
tion sont en effet de « favoriser une coopération effective dans les
domaines politique, économique, commercial, technique, scientifique,
culturel, éducatif, énergétique, du transport, écologique etc. ; de coordon-
ner les efforts pour garantir la paix, la sécurité et la stabilité dans la
région4 ».
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De cet inventaire à la Prévert, il faut retenir la dernière proposition :
c’est bien la stabilité régionale qui préoccupe au plus haut point la Chine,
la Russie et les républiques centrasiatiques. Les pays fondateurs de l’OCS
redoutent les effets déstabilisateurs de la situation en Afghanistan, avec
le risque de conflits armés en Asie centrale. Ceux-ci auraient des répercus-
sions directes pour la Russie, ne serait-ce que par l’émigration qui s’ensui-
vrait, à l’image de ce qui s’est passé avec la guerre civile au Tadjikistan
(1992-1997) ; mais aussi pour la Chine avec la région du Xinjiang. C’est la
raison pour laquelle les États membres ont signé en 2001 la Convention
de Shanghai sur le terrorisme, le séparatisme et l’extrémisme, désignés
comme les « trois forces du mal » par les autorités chinoises.

La création d’un centre antiterroriste à Tachkent, seule structure qui


fonctionne sur une base permanente hors du secrétariat général, témoigne
également de la priorité donnée aux questions sécuritaires. En 2005, la
création d’un groupe de contact OCS-Afghanistan traduit la volonté des
États membres que leurs intérêts soient pris en compte dans la stabilisa-
tion de leur voisin méridional. Enfin, des exercices « antiterroristes »
conjoints, qui prennent souvent la forme de manœuvres militaires de
grande ampleur, illustrent le rapprochement entre Pékin et Moscou dans
le domaine de la défense et assurent une forte visibilité internationale
à l’OCS.

Les enjeux du partenariat « anti-hégémonique » sino-russe

Une réponse à la pression de l’Occident


Au milieu des années 1990, les problèmes frontaliers à l’origine du
Groupe de Shanghai auraient pu facilement dégénérer, surtout si la Chine
avait voulu profiter de la confusion de la période post-soviétique pour
remettre en cause de manière radicale le tracé des frontières. La Chine et

3. « Shankajskoj organizacii sotrudnichestva », 15 juin 2001, disponible sur : www.spbpravo.ru.


4. Ibid.

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ses voisins ont au contraire choisi la voie de la négociation, chacun étant


conscient de ses faiblesses. Les États d’Asie centrale étaient trop faibles et
trop jeunes pour se permettre d’entrer en opposition avec la Chine, chose
que cette dernière ne souhaitait pas non plus. Cela aurait été le meilleur
moyen de les repousser dans les bras de la Russie, qui ne souhaitait quant
à elle pas s’investir dans les problèmes de l’Asie centrale, n’en ayant pas
les moyens.
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Moscou, qui émerge très affaibli des décombres de l’URSS, cherche à
améliorer ses relations avec une Chine en plein boom économique. Le
rapprochement avec Pékin, qui avait débuté avec Mikhaïl Gorbatchev, a
été poursuivi et amplifié avec constance par Boris Eltsine et Vladimir
Poutine. Les deux pays ont d’abord négocié la fin de leur contentieux
territorial, processus qui s’est achevé par la signature le 2 juin 2005 du
traité de délimitation de la frontière sino-russe. En 2001, année de création
de l’OCS, Moscou et Pékin signent un traité de bon voisinage, d’amitié et
de coopération. Ce traité a été reconduit par Xi Jinping et Vladimir Pou-
tine en juin 2021 pour une durée de cinq ans.

Cependant, une fois le processus de démarcation des frontières achevé,


le Groupe de Shanghai aurait pu perdre de son intérêt pour ses États
membres. Il a, au contraire, pris de l’importance du fait d’une perception
Une perception négative commune de la politique occidentale
en Eurasie. Moscou et Pékin considèrent que
négative commune Washington et ses alliés mettent en œuvre une
de la politique politique de containment, qui aurait tendance à
occidentale progressivement s’accentuer. Élargissement et
activation de structures euro-atlantiques jusque
en Eurasie dans l’« étranger proche » de la Russie, dégra-
dation des relations sino-nipponnes, revendications japonaises réaffir-
mées sur les îles Kouriles, soutien renforcé des États-Unis à Taïwan… : la
pression de l’Occident sur les marches des deux puissances s’est faite de
plus en plus pressante dans une région dont il était jusque-là quasi exclu,
l’Asie centrale.

Si Vladimir Poutine avait, dans un premier temps, semblé s’accommo-


der de l’installation de bases américaines en Asie centrale dans le cadre
de la « guerre contre le terrorisme », la dégradation des relations avec
Washington incite Pékin et Moscou à durcir le ton. En juillet 2005, l’OCS
adopte une déclaration commune5 exigeant que « les participants à la coa-
lition antiterroriste fixent le terme définitif de l’utilisation temporaire des

5. En russe, sur le site du ministère des Affaires étrangères de la Fédération de Russie, 5 juillet 2005,
disponible sur : www.mid.ru.

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infrastructures et de la présence de leurs contingents militaires sur le terri-
toire des pays membres de l’OCS ».

Il est remarquable que Russes et Chinois aient obtenu l’accord des


républiques centrasiatiques, alors que ces dernières mènent une politique
multivectorielle impliquant des relations constructives avec l’Occident.
Surtout, deux d’entre elles (l’Ouzbékistan et le Kirghizstan) accueillaient
alors des bases militaires américaines sur leur territoire. En réalité, tout
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porte à croire que cette déclaration a été soutenue, voire suggérée, par les
autorités ouzbèkes en réaction aux critiques occidentales de la répression
des émeutes d’Andijan, en mai 2005. En effet, Tachkent a exigé le départ
des troupes américaines du pays quelques semaines après la déclaration
commune de l’OCS. La fermeture effective de la base américaine, contre
l’avis de Washington – un événement particulièrement rare à l’échelle
internationale –, est une première illustration des limites de l’influence
américaine dans la région et de l’autorité croissante de l’OCS.

De fait, les élites centrasiatiques ont été assez rapidement déçues par
leur coopération avec les puissances occidentales, dont elles attendaient
des retombées économiques plus importantes. De plus, les révolutions de
couleur (Géorgie en 2003, Ukraine en 2004 et, surtout, Kirghizstan début
2005), interprétées comme ayant été soutenues, voire suscitées, par les
Occidentaux, ont généré des craintes parmi les élites politiques centrasia-
tiques restées en place depuis la période soviétique. La trajectoire de
l’Ouzbékistan, qui avait d’abord donné la priorité au rapprochement avec
Washington afin de se dégager de l’emprise russe, illustre ces tendances
lourdes qui favorisent les deux grandes puissances frontalières de la
région.

En 2014, c’est au tour du Kirghizstan de procéder à la fermeture de la


base américaine de Manas, tout en prolongeant le bail de la base russe de
Kant jusqu’en 2032. Enfin, en 2020, les États-Unis, qui évacuent l’Afgha-
nistan, étudient la possibilité de transférer une partie de leurs troupes
vers l’Asie centrale, suscitant l’hostilité de Moscou et Pékin. La Russie
organise alors des manœuvres militaires démonstratives avec le Tadjikis-
tan et l’Ouzbékistan pour « marquer le terrain » face à Washington, qui
doit finalement renoncer. Dans tous les cas, au vu du résultat désastreux
de la présence militaire américaine en Afghanistan, il est peu probable
que les élites centrasiatiques aient été très enthousiastes à l’idée
d’accueillir à nouveau des bases militaires américaines.

Cependant, pour faire face à Washington, Moscou a tenu à mettre en


avant l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC), structure

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dominée par la Russie et qui se veut un équivalent eurasiatique de


l’OTAN. De même, c’est bien à l’OTSC – et non à l’OCS – que fait appel
le Kazakhstan en janvier 2022 pour déployer des troupes de « maintien
de la paix », afin de faire face à des troubles intérieurs menaçant le pou-
voir en place. Ainsi Moscou et ses voisins centrasiatiques semblent-ils
considérer que la Russie demeure le garant de la sécurité régionale. En
témoigne la ratification en octobre 2023 d’un accord russo-kirghize sur la
création d’un système de défense antimissile unifié. Il semble que Pékin
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s’en satisfasse, accordant la priorité au renforcement des positions chi-
noises en mer de Chine et en Asie du Sud-Est.

Il n’en demeure pas moins que les deux pays, tout en étant plus proches
que jamais pour rejeter l’hégémonisme américain, jouent un jeu subtil
mêlant concurrence et coopération en Asie centrale. C’est l’une des rai-
sons pour lesquelles Moscou a tenu à ce que l’OCS reconnaisse le rôle
des structures de coopération régionale dominées par la Russie : l’OCS a
signé des accords de coopération avec la Communauté des États indépen-
dants (CEI) en 2005 et avec l’OTSC en 2007.

Les enjeux économiques


Ces différences d’approches entre les deux capitales se retrouvent dans le
domaine économique. En septembre 2001, les États membres ont adopté
un mémorandum6 portant sur la coopération économique au sein de
l’OCS. Dès 2006, la Chine a proposé de transformer l’organisation en zone
de libre-échange (ZEE) mais elle a dû faire face à l’opposition de Moscou,
qui préfère travailler à la consolidation des structures régionales post-
soviétiques – ZEE dans le cadre la CEI, union douanière et économique
dans le cadre de l’Union économique eurasiatique (Russie, Biélorussie,
Kazakhstan, Kirghizstan et Arménie). Moscou est conscient que la mise
en place d’une ZEE avec la Chine équivaudrait à l’abandon de toute poli-
tique de réindustrialisation et de diversification de l’économie. En
juin 2019, la ministre de la Commission économique eurasiatique en
charge du Commerce extérieur Veronika Nikichina a exprimé7 les craintes
de Moscou : « Nos pays ne sont pas prêts à mettre en place une zone
de libre-échange avec la Chine. Le risque principal est que la puissance
économique de la Chine lui permette de tirer beaucoup plus d’avantages

6. « Mémorandum entre les États membres de l’Organisation de coopération de Shanghai portant sur les
principaux objectifs et orientations de la coopération économique régionale et sur la mise en place d’un
environnement favorable dans le domaine du commerce et des investissements » (en russe), Almata, 24 sep-
tembre 2001.
7. V. Nikisina, « Glavnaâ zadača – izbavit’ biznes ot fobij o liberalizacii torgovli », TASS, 6 juin 2019, disponible
sur : https://tass.ru.

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de la baisse des droits de douane [que les pays membres de l’Union éco-
nomique eurasiatique]. »

Ces craintes russes sur le poids économique grandissant de la Chine


ont aussi pu susciter des interrogations quant aux tenants et aboutissants
du vaste projet de Nouvelles routes de la soie, lancé début septembre
2013 par Pékin. En effet, le tracé initial principal des nouvelles routes
terrestres présenté par l’agence de presse officielle chinoise Xinhua repre-
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nait dans ses grandes lignes les projets occidentaux (projet TRACECA)
visant à contourner la Russie par le sud en passant par l’Asie centrale et
la Turquie.

La Russie a pourtant préféré participer aux Nouvelles routes de la soie


en tentant de les orienter dans un sens qui lui soit favorable. Et de fait,
contrairement aux projets chinois initiaux, le corridor ferroviaire eurasia-
tique qui connaît un véritable développement passe par le territoire russe.
Il s’agit de la liaison Kazakhstan-Russie-Biélorussie, dont les avantages
sont multiples : trajet le plus court pour relier La Chine et la Russie
la Chine aux espaces industrialisés d’Europe du
Nord-Ouest, il bénéficie du réseau ferroviaire reconnaissent la
relativement dense et développé du Nord complémentarité
Kazakhstan et de la Russie européenne. Moscou de leurs projets
a également renforcé ses positions grâce à
respectifs
l’Union économique eurasiatique : l’espace
douanier unique formé par l’Union facilite considérablement le transit de
marchandises entre les deux principaux pôles économiques du continent
eurasiatique, l’Union européenne (UE) et la Chine.

Cette situation a conduit la Chine et la Russie à reconnaître la complé-


mentarité de leurs projets respectifs. Certes, le projet chinois des
Nouvelles routes de la soie a été intégré à la Stratégie de développement
de l’OCS 2015-2025. Mais c’est plutôt au niveau de l’interaction entre la
Chine et l’Union économique eurasiatique (UEE) que des avancées
concrètes ont été réalisées. En mai 2015, Pékin et Moscou signent une
déclaration commune visant à associer l’initiative chinoise des Nouvelles
routes de la soie et l’UEE. Cela s’est traduit en mai 2018 par la signature,
entre la Chine et l’UEE, d’un traité de coopération économique et
commercial qui prévoit notamment la formation d’une commission mixte
Chine-UEE chargée de l’intensification de la coopération économique
sectorielle.

La signature de cet accord équivaut à une reconnaissance par Pékin de


la réalité de cette structure dominée par la Russie, qui donne à Moscou

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une forme de droit de regard sur les relations économiques et commer-


ciales entre les États membres et le voisin chinois. La montée en puissance
du corridor de transport Chine-UEE-UE a incité les deux parties à signer
un nouvel accord en juin 2019, consacré à l’échange d’informations dans
le domaine du transit de marchandises entre l’UEE et la Chine, confirmant
ainsi le rôle central de l’Union eurasiatique dans la réalisation des Nou-
velles routes de la soie entre la Chine et l’Europe. Ces deux accords entre
la Chine et l’UEE font d’ailleurs explicitement référence à la « coordina-
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tion entre l’UEE et les Nouvelles routes de la soie ». Néanmoins, les sanc-
tions européennes à l’égard de la Russie ont eu un impact négatif sur le
transit de produits européens, qui ont été remplacés par l’importation
massive de produits chinois par l’intermédiaire de ces corridors ferro-
viaires continentaux.

Une relation Pékin-Moscou tout en nuances


Moscou et Pékin sont donc engagés en Asie centrale dans un jeu subtil
conjuguant concurrence et coopération. La Russie, qui ne dispose ni de la
puissance industrielle ni des moyens financiers de la Chine, répond à la
logique chinoise d’intégration transnationale par une logique d’intégra-
tion institutionnelle supranationale. Cela permet à Moscou de rester un
partenaire de poids auprès de ses voisins, y compris sur le plan écono-
mique, et ceci d’autant plus que les États d’Asie centrale comptent désor-
mais sur les liens avec la Russie pour faire contrepoids à une éventuelle
hégémonie de Pékin.

Plusieurs facteurs contribuent à la crainte de la domination chinoise :


la pression migratoire venue de Chine, la répression de la population
ouïghour au Xinjiang, ou encore les premiers effets négatifs du partena-
riat économique proposé par Pékin dans le cadre des Nouvelles routes de
la soie. Le Kirghizstan et le Tadjikistan ont en effet vu leur dette envers
Pékin exploser ces dernières années, phénomène observable également en
Asie du Sud-Est et qui provoque souvent une remise en cause du bien-
fondé du modèle de développement à sens unique proposé par la Chine.

Dans ce contexte, le désintérêt relatif des pays occidentaux pour la


région incite les élites centrasiatiques à cultiver leurs relations avec
Moscou, en dépit de la pression occidentale exercée par la politique des
sanctions. Ainsi l’OCS apparaît-elle tout à la fois comme un instrument
de la Chine pour pénétrer en Asie centrale sans entrer en confrontation
avec la Russie, et comme un outil de la Russie pour contrôler les ambi-
tions chinoises dans la région. Dans tous les cas, son existence permet
aux États d’Asie centrale de coopérer avec les deux pays sans avoir à
choisir entre eux.

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Les enjeux de l’élargissement de l’OCS
La montée en puissance de l’organisation est illustrée par l’intérêt qu’elle
a suscité auprès de nombreux pays asiatiques. En 2004, la Mongolie
accède au statut d’observateur, rejointe dès l’année suivante par l’Inde,
l’Iran et le Pakistan. L’Afghanistan et la Biélorussie sont pays observa-
teurs, respectivement depuis 2012 et 2015. De plus, on compte en 2023
pas moins de quatorze États « partenaires de dialogue » : Azerbaïdjan,
Arménie, Bahreïn, Égypte, Cambodge, Qatar, Koweït, Maldives, Birmanie,
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Népal, Émirats arabes unis, Arabie Saoudite, Turquie et Sri Lanka.

L’adhésion pleine et entière de nouveaux membres a cependant été


longue et complexe. Il faut attendre 2017 pour que l’OCS intègre officiel-
lement l’Inde et le Pakistan, et 2023 dans le cas de l’Iran. Entre la Chine
et la Russie, il semble que cette dernière ait été plus favorable à l’élargisse-
ment, tout particulièrement au profit de l’Inde, qui est en ligne avec la
vision stratégique russe visant à constituer un triangle Russie-Inde-Chine
(RIC). Cette configuration a été proposée dès 1998 par Evgueni Primakov,
le ministre des Affaires étrangères russe qui a diversifié les partenariats
de la Russie et occupait alors les fonctions de Premier ministre de Boris
Eltsine.

À un moment où les élites russes se départissent de leurs illusions sur


le rapprochement avec l’Occident du fait de l’élargissement de l’OTAN,
l’idée principale est d’amener les trois grandes puissances à dépasser
leurs différends pour faire contre-poids à l’Occident. Pour Bobo Lo8,
« l’objectif était clair : il s’agissait de contrer le
pouvoir hégémonique et les tendances unilaté- Dépasser les
ralistes des États-Unis. Le partenariat sino-russe différends pour
a été une première étape de cette politique, mais faire contrepoids
Primakov jugeait primordial d’engager aussi
l’Inde à cause de son importance géostratégique
à l’Occident
croissante et, surtout, pour renforcer le concept de multipolarité ».
L’objectif de la Russie est de parvenir à se rapprocher de Pékin sans
mettre en danger ses relations avec New Dehli. Il s’agissait d’encourager
un dialogue trilatéral afin que New Dehli ne perçût pas le rapprochement
Russie-Chine comme une menace, ce qui aurait contribué à pousser l’Inde
dans les bras de l’Occident. En effet, alors que la Russie est le principal
fournisseur d’armements de l’Inde depuis les années 1960, ses exporta-
tions d’armes vers la Chine ont fortement augmenté dans les années 1990.

8. B. Lo, « Russie-Chine-Inde : un vieux triangle dans un nouvel ordre mondial », Russie.Nei.Visions, no 100,
Ifri, avril 2017, p. 9.

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politique étrangère | 4:2023

Le lancement du format trilatéral a pourtant été difficile à mettre en


place, du fait notamment des relations complexes entre l’Inde et la Chine
(rivalité stratégique, conflits frontaliers). Ce n’est qu’en 2005 que le format
du RIC est lancé grâce à une rencontre à Vladivostok. La même année,
l’Inde accède au statut de membre observateur de l’OCS. Pour les diri-
geants indiens, ce format a l’intérêt de tenter d’inciter la Chine à des
relations plus constructives et à ne pas soutenir le Pakistan contre son
voisin indien. En définitive, l’adhésion de l’Inde à l’OCS en 2017 répond
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à l’objectif de la diplomatie russe de consolider le triangle Pékin-Moscou-
New Dehli, dans lequel la Russie occupe une place centrale grâce à ses
bonnes relations avec deux partenaires qui restent, quant à eux, dans un
rapport de méfiance.

Par ailleurs, l’adhésion simultanée de l’Inde et du Pakistan a permis de


« diluer » le poids de la Chine dans l’organisation. L’OCS est devenue un
équivalent eurasiatique de l’Organisation pour la sécurité et la coopéra-
tion en Europe (OSCE), ce qui correspond tout à fait aux objectifs de
Moscou : à l’échelle mondiale, l’élargissement de l’OCS au sous-continent
indien participe de la volonté russe d’élargir l’influence des structures de
coopération non occidentales, et de favoriser la stabilité et une sorte de
cohésion de la « Grande Eurasie » promue par Vladimir Poutine. Dans le
même temps, l’élargissement à l’Inde et au Pakistan éloigne les perspec-
tives d’intégration économique et militaire poussées qui auraient risqué
d’institutionnaliser une forme de domination chinoise en Asie centrale.
Cette évolution permet en effet à la Russie d’éloigner les perspectives
d’une éventuelle concurrence frontale de l’OCS avec l’UEE et l’OTSC,
dont elle cherche à renforcer le degré d’intégration et l’autorité à
l’échelle régionale.

L’adhésion de l’Iran à l’OCS a été encore plus longue et difficile, mais


pour des raisons différentes. Moscou et Pékin ont longtemps tenu à
garder leurs distances vis-à-vis d’un pays isolé sur la scène internationale
et aux relations jugées trop conflictuelles à la fois avec les États du Moyen-
Orient et l’Occident. Là encore, c’est la dégradation des relations avec les
Occidentaux qui a poussé Pékin et Moscou à accepter l’adhésion de l’Iran.
Cette adhésion a été facilitée par l’accord sur le nucléaire iranien, qui
a montré la capacité de Téhéran à accepter des compromis, alors que
Washington n’a au contraire pas respecté sa signature en se retirant unila-
téralement de l’accord. New Dehli était favorable à l’adhésion de Téhéran
pour faire contrepoids au Pakistan et pour activer les projets du corridor
de transport international Nord-Sud (Inde-Iran-Russie), qui concurrence
en partie les Nouvelles routes de la soie chinoises.

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OCS : une organisation régionale post-occidentale

DOSSIER | LE SUD CONTRE L’OCCIDENT ?


Tout comme l’OCS, mais à l’échelle mondiale et dans un format diffé-
rent, les BRICS font figure d’élargissement du format RIC du point de
vue de la diplomatie russe. Le premier sommet officiel des BRICs s’est
tenu en 2009 à Ekaterinbourg, à l’initiative de la Russie. Le forum des
BRICS a désormais sa logique propre mais il apparaît complémentaire de
l’OCS, à la fois en tant que format plus souple et comme relais à l’échelle
mondiale. Les deux structures ont l’avantage, pour Moscou, de rassem-
bler des États opposés aux sanctions occidentales et, pour Pékin, de pro-
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mouvoir des formats de coopération alternatifs visant à conférer à la
Chine une forme de centralité dans les relations internationales.

* * *

La grande réussite de l’OCS du point de vue des relations sino-russes


est que, contrairement aux pays occidentaux, qui s’implantent dans
l’espace ex-soviétique en y contestant systématiquement le rôle de la
Russie, la Chine a décidé de se concilier cette dernière par la mise en
place d’une structure régionale inclusive. Le résultat de ces approches
différenciées est éloquent : les relations sino-russes se sont considérable-
ment intensifiées, tandis que l’Asie centrale, pourtant initialement la plus
pauvre et potentiellement la plus instable des régions issues de l’ex-URSS,
bénéficie d’une relative stabilité et d’un certain dynamisme économique.

À l’inverse, l’Europe orientale postsoviétique, à l’origine la région la


plus riche et la plus développée de l’Union soviétique, subit les consé-
quences économiques d’une nouvelle guerre froide liée à la guerre
d’Ukraine. L’adhésion en cours de la Biélorussie à l’OCS relève de cette
logique d’arrimage à un ensemble eurasiatique dont le poids économique
ne cesse de croître, et dont les mécanismes souples de coopération ont fait
la preuve d’une certaine efficience. Si la Russie bénéficiait d’une position
d’équilibre en étant membre à la fois du Conseil de l’Europe et de l’OSCE
d’une part et de l’OCS de l’autre, son exclusion des organisations occiden-
tales cristallise une logique de blocs à l’échelle de l’Eurasie, avec une
frontière entre l’OTAN et l’OCS qui ne cesse de s’étendre (adhésion de
l’Iran et de la Biélorussie à l’OCS, et de la Finlande à l’OTAN).

Néanmoins, si l’élargissement de l’OCS illustre l’accroissement de son


poids à l’échelle internationale, sa cohérence interne est moindre depuis
l’adhésion de l’Inde, pays qui souhaite garder des relations constructives
avec l’Occident et dont les rapports avec Pékin restent difficiles. De fait,
si la création de l’OCS avait été permise par le règlement des conflits
frontaliers entre les républiques ex-soviétiques et la Chine, l’adhésion de

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l’Inde et du Pakistan a laissé entière la problématique des conflits fronta-


liers entre ces trois pays. Les élites occidentales auraient cependant tort
de s’arrêter à ces différends, au risque de méconnaître les évolutions lour-
des qui affectent les relations internationales.

En dépit de leurs intérêts parfois divergents, les membres de l’OCS et


des BRICS ont pour point commun de vouloir restructurer les relations
internationales à leur profit. Ils considèrent que l’hégémonie occidentale
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n’est plus justifiée, ni par le poids relatif de l’Europe et des États-Unis, ni
par un universalisme remis en cause par une approche civilisationnelle.
Le défi n’est donc plus seulement géopolitique, il est aussi celui d’un
« narratif post-occidental » qui fait des émules bien au-delà du continent
eurasiatique.

Mots clés
Organisation de coopération de Shanghai
BRICS
Relations sino-russes
Gouvernance mondiale

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