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Britt-Mari Barth
in Philippe Carré et al., Psychologies pour la formation
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1. Aperçu biographique de l’auteur et contexte de son œuvre............... 141
2. Présentation de la construction théorique et des concepts clés........ 144
3. Critiques, prolongations et actualité de la pensée de l’auteur........... 147
4. Inspirations, implications et importance pour les pratiques
de formation....................................................................................... 151
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1. Aperçu biographique de l’auteur
et contexte de son œuvre
Professeur de psychologie pendant 27 ans (1945-1972) à l’université de Harvard,
il y a fondé – avec George Miller – le Center for Cognitive Studies, le premier de
son genre ; il a ensuite passé neuf ans (1972-81) à l’université d’Oxford, où il s’est
consacré à l’étude de l’acquisition du langage. De retour à New York, à la New
School for Social Research, il a poursuivi ses recherches afin de préciser le rôle de
la médiation culturelle dans le développement, en soulignant que la culture est
constitutive de l’activité mentale humaine. Il s’est également consacré à l’étude de la
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théorie littéraire pour comprendre les ressorts du récit en tant que mode de pensée
spécifique pour mettre en forme et transmettre l’expérience humaine.
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Sa grande influence sur l’éducation est reconnue, dans son pays d’origine, les
États-Unis, mais aussi partout dans le monde. Ce qui est moins connu est que Jerome
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Bruner, tout en étant le cadet de Piaget et de Vygotski, a agi en quelque sorte comme
un « parrain » pour ces deux géants ! Toujours ouvert et intéressé par la diversité des
idées et des approches théoriques, c’est lui qui a appuyé la demande de Piaget auprès
de la Rockefeller Foundation pour l’obtention de fonds sans lesquels Piaget n’aurait
pas disposé des conditions nécessaires à ses recherches. Ce soutien a contribué à
étendre sa reconnaissance aux États-Unis comme au niveau international. Bruner
a également joué un rôle fondamental pour faire connaître Vygotski. C’est lui qui a
établi les liens nécessaires en Russie, notamment avec Alexandre Luria, pour pouvoir
traduire et assurer la diffusion de Pensée et Langage, qu’il a préfacé en 1962. Sans
Bruner, sans Piaget, sans Vygotski, la psychologie du développement et les sciences
de l’éducation ne seraient pas ce qu’elles sont aujourd’hui.
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apprenant chère à Bruner était déjà là.
Certes, il ne s’agit pas, dans ces expériences, de cognition humaine, mais on pour-
rait peut-être parler, métaphoriquement, d’une forme primitive de « pédagogie »
qui permet d’induire un comportement « réfléchi ». Bruner pensait lui-même que
cet épisode avait éveillé chez lui une interrogation qui allait durer toute sa vie :
« Comment un individu donne-t‑il sens à une réalité complexe ? »
Bruner continua ensuite ses graduate studies à Harvard dans le but d’étudier la
perception ; il y soutint sa thèse en 1941.
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recherches, parfois oubliées.
1. Bruner, J., Goodnow, J.J. et Austin, G.A. (1956). A study of thinking. New York : Wiley and Sons.
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théorique de Vygotski. Follow your nose, conseillera-t‑il plus tard. C’est ce qu’il a
fait lui-même toute sa vie. Le concept vygotskien de zone proximale de développe-
ment et la nécessaire médiation sociale, technique et sémiotique étaient pour lui des
concepts extrêmement féconds, en particulier parce qu’il s’intéressait à l’éducation,
ce dont témoigne The Process of Education, publié en 1966. Mais il voulait aller
plus loin dans leur instrumentalisation.
Dans un livre ultérieur, The Relevance of Education, Bruner écrit : « Ce qui est
unique pour l’homme est que son développement en tant qu’individu dépend de
l’histoire de son espèce – pas de l’histoire qui est reflétée dans les gènes et chromo-
somes, mais plutôt de celle qui est reflétée dans une culture qui est à l’extérieur de
sa vie et qui dépasse la capacité de chaque individu. Le développement de l’intellect
est alors un développement qui est soutenu par l’extérieur… Les limites du déve-
loppement intellectuel dépendent en effet de la manière dont une culture aide un
individu à utiliser le potentiel intellectuel qu’il peut posséder2. »
1. Bruner, J.S., Greenfield, P. et Olver, R. (1966). Studies in cognitive growth. New York : Wiley.
2. Bruner J.S. (1971). The relevance of education. New York : W.W. Norton, p. 52, souligné par
l’auteure.
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C’est justement pour explorer cette aide que Bruner a accepté une invitation
de l’université d’Oxford pour étudier « comment les enfants apprennent à parler »
– et ceci avec d’autant plus d’enthousiasme et d’audace qu’on ne s’intéressait
pas tellement à l’étude de la genèse de la pensée aux États-Unis à cette époque.
Les intuitions de Vygotski ne lui suffisaient pas non plus pour préciser les rôles
possibles des démarches éducatives.
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ou formats pour rendre compte de la structure d’interaction qui se mettait en place
entre un adulte et un petit enfant. Quand cette structure se répète de façon rituelle,
elle devient familière à l’enfant. Il a montré comment cette interaction permettait
de créer une attention et une action conjointes, une trame sur laquelle s’établissait
la compréhension d’une communication. Par la médiation de l’adulte, qui lui prête
en quelque sorte sa conscience (vicarious consciousness), l’enfant acquiert ainsi un
cadre pour interpréter son expérience ; il apprend un langage commun qui lui sert
à « négocier » le sens avec autrui. C’est en utilisant la langue que l’enfant apprend
à parler (affirmation qui allait à contre-courant des théories prédominantes de
l’époque, notamment celle de Noam Chomsky), mais le langage permet aussi à
l’enfant de préciser et de structurer sa pensée. Il apprend ainsi à anticiper les inten-
tions de l’autre, à faire des inférences, à entrer dans une « culture » c’est-à‑dire dans
un milieu particulier, local, avec ses règles de comportements ; ce faisant, il devient
lui-même un acteur culturel.
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de la pensée de l’auteur
3.1 L’éducation, entrée dans la culture
Bruner avait une passion pour l’éducation et la façon dont la recherche (en
psychologie mais aussi dans d’autres sciences, notamment en anthropologie)
pouvait nourrir et soutenir la politique et les pratiques éducatives. C’était un homme
engagé, tôt investi dans l’action éducative, notamment dans les programmes Head
Start, conçus pour préparer la scolarité des jeunes enfants issus des milieux pauvres,
et MACOS (Man : A Course of Study). Il prit pour s’y consacrer un an de congé de
son poste à Harvard et ensuite enseigna lui-même à des élèves de 10 ans pendant
un semestre. Ce programme en sciences sociales voulait inciter les élèves de la
middle-school « à poser des questions, à faire des inférences, à les argumenter », « à
aller au-delà de l’information donnée ». Ses étudiants et ses assistants de l’époque
ont continué à investiguer les questions qu’il posait : What is human about human
beings ? How did they get that way ? How can they be made more so ? Je pense, entre
autres, à David Olson, à Howard Gardner, à Patricia Greenfield, à Michel Cole…
Plus tard, il s’est beaucoup investi dans le programme des écoles maternelles à
Reggio Emilia, dans l’Italie du Nord. Ayant reçu l’invitation de m’y rendre l’année
où Bruner était nommé citoyen honoraire de cette région (c’était à la fin des années
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cognitive. Bruner s’intéressait ainsi à la relation entre le fonctionnement cognitif
humain et son contexte historique, institutionnel et social. Il était attentif à la
façon dont les personnes pensent ensemble dans un but précis, à la façon dont une
structure d’interaction permet de créer une attention conjointe, un contexte dans
lequel s’établit la compréhension d’une communication.
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le sens naissait de l’usage. Cela veut dire qu’il faut participer à la réflexion pour
apprendre à réfléchir. Le sens n’est pas un déjà-là, il va émerger dans un aller-retour
entre les situations contextualisées que chacun peut vivre comme une expérience
personnelle et les mots abstraits communs qu’on va chercher ensemble pour s’y
référer. C’est l’interaction qui se transforme en pensée. Le sens est le fruit d’un
travail permanent (souvent inconscient, mais qui gagnerait à devenir conscient)
de sélection, d’interprétation et de discernement.
Ce lien entre la pensée et son interaction avec l’environnement est d’une impor-
tance capitale. « La manière dont nous vivons, qui est culturellement adaptée,
dépend entièrement de significations et de concepts qui nous sont communs,
tout comme elle dépend des modes de discours que nous partageons et qui nous
permettent de négocier les différences qui peuvent paraître dans les significations
et les interprétations » (Bruner, 2015, p. 34). Selon Bruner, l’une des fonctions
de l’éducation est de doter les apprenants de systèmes symboliques qui leur sont
nécessaires pour « négocier le sens ». Et il précise : « Toute pratique éducative qui
se propose d’accroître la puissance de l’esprit doit mettre au centre de son acti-
vité de “penser l’acte de penser” » (Bruner, 1996, p. 36). La réflexivité et l’action
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consciente sont les caractéristiques de la métacognition. Celle-ci a pour but d’élargir
le champ de conscience des apprenants et donc leur capacité à réutiliser ce qu’ils
savent dans des contextes différents. Elle permet d’acquérir le contrôle partiel de
sa propre activité intellectuelle et d’agir de façon plus réfléchie et responsable.
Bruner souligne l’importance d’harmoniser deux modes de pensée : l’explication,
qui est un mode décontextualisé et causal, et l’interprétation, qui est un mode
contextualisé, s’intéressant au particulier, comme le récit. Le récit se prête ainsi
à communiquer une expérience vécue, à mieux comprendre une situation ou un
phénomène. Le mode interprétatif s’exprime volontiers par des métaphores, des
analogies, des métonymies. Ces deux modes se complètent pour créer du sens.
C’est en combinant ces activités mentales que les apprenants peuvent faire évoluer
leur compréhension et adhérer à une hypothèse validée plutôt que de rester avec
leurs propres croyances. Ces modes de pensée sont culturels et doivent être mis
en pratique pour être transmis.
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Bruner lie l’aptitude à agir (qui ne se fait pas dans la solitude) à la coopération et
à l’idée de créer une « communauté d’apprenants1 » (développée par Ann Brown)
en tant que culture d’une classe ou d’un groupe de stagiaires. Un langage partagé
se développe, la coopération et la responsabilité conjointe sont encouragées. La
solidarité peut se développer au sein même du groupe.
3.5 L’intersubjectivité
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La troisième idée que je retiens est le concept d’intersubjectivité, the meeting of
minds, également au cœur de la pensée de Bruner. L’intersubjectivité2 nous aide à
penser la relation dans l’apprentissage. Chercher à établir une intersubjectivité dans
un groupe d’apprenants, c’est chercher à faire connaître les attentes mutuelles, à
établir la confiance, à veiller à ce que chacun comprenne bien le sens de l’activité,
se sente rassuré par rapport aux ressources disponibles pour réussir (y compris les
ressources humaines) et se trouve donc dans des conditions optimales pour vouloir
relever les défis de l’apprentissage proposé.
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une culture apprenante où chacun peut trouver sa place, de prévoir des structures
d’interaction et des objets pour une attention conjointe permettant la négociation
et la co-construction du sens.
Bruner a ainsi ouvert une direction nouvelle de recherche en éducation qui met
au centre de la préoccupation pédagogique l’intersubjectivité, notamment l’attention
portée aux conditions qui permettent aux « esprits » de se rencontrer et de s’ajuster en
« négociant » le sens grâce à un travail de mise à l’épreuve avec les savoirs reconnus.
Exprimer et justifier sa compréhension, l’argumenter, la mettre à l’épreuve ; savoir
faire la différence entre une opinion et un savoir reconnu ; savoir discerner. Pour
décrire ce processus, plutôt que la métaphore de la transmission, c’est celle d’une
transaction qui apparaît ici pertinente, une transaction qui vise, in fine, à « renforcer
l’intelligence humaine et la sensibilité pour la vie dans une société ouverte1 ».
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En m’inspirant de l’œuvre de Bruner, j’insisterai sur deux défis pour penser l’acte
pédagogique, que ce soit à l’école, à l’université ou dans la formation des adultes.
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une progression « spiralaire1 » où ce qui est acquis est repris à un niveau supérieur,
plus complexe. Quel que soit le niveau de complexité choisi, il importe de relier,
simultanément, le savoir abstrait (l’explication) et son expression concrète (l’action),
pour permettre aux apprenants de prendre conscience de leur nécessaire réciprocité2.
Chaque discipline peut alors être conçue comme une culture à part entière,
comme l’a montré l’anthropologue américain Clifford Geertz3 : pour acquérir des
connaissances disciplinaires approfondies, il faut pouvoir participer à la culture de
la discipline concernée et comprendre les questions qu’on s’y pose, les modes de
pensée que l’on utilise, dans quel but on le fait. Il faut pouvoir penser et agir avec les
concepts principaux de la discipline concernée, comprendre comment ceux-ci sont
reliés entre eux dans un réseau conceptuel. Nous sommes bien dans un processus
réflexif, de construction de sens.
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le savoir-faire dans sa forme tridimensionnelle : le mot qui le désigne ; les attributs
qui l’identifient (la définition) ; une pluralité d’exemples (cas) auxquels les attributs
s’appliquent. Le concept est la structure qui réunit ces trois éléments et l’activité
mentale qui consiste à les coordonner en est la fonction.
1. Bruner, J.S. (1960). The process of education. Cambridge, MA : Harvard University Press, p. 52.
2. (Cf. « alternance simultanée » : Barth, B. M. (2013). L’Apprentissage de l’abstraction.
Paris : Metz.
C’était à l’époque pour moi une contribution pédagogique de penser les mots, l’explication,
et une activité, en même temps, en « alternance simultanée », un aller-retour entre les mots
abstraits et le savoir incarné dans une activité, une expérience vécue par l’apprenant, en
même temps. C’était en 1985 (thèse soutenue à Paris 4, et ensuite dans le premier livre,
L’Apprentissage de l’abstraction). Cette idée a évolué depuis.
3. Geertz, C. (1973). The interpretation of cultures. New York : Basic Books.
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Un deuxième défi consiste à porter un autre regard sur la personne qui apprend
et à abandonner l’idée que tous les apprenants ont les mêmes « prérequis » et la
même motivation pour suivre la formation. Au contraire, il faut chercher à les faire
tous adhérer au projet d’apprentissage en cours, quelles que soient leurs différences.
Ce qui marque le plus l’apprentissage institutionnel, c’est plutôt l’hétérogénéité
des personnes en tant qu’apprenants. Celle-ci est liée à leur histoire personnelle,
aux expériences (positives ou négatives) qu’ils ont vécues dans le passé, à leur
compréhension des attentes institutionnelles par rapport à leurs projets futurs…
Des besoins particuliers peuvent également intervenir. Cette hétérogénéité est ainsi
à la fois cognitive, affective et relationnelle ; elle concerne, à des degrés divers, leurs
connaissances préalables, leur confiance en leurs propres capacités intellectuelles,
leur projet, leur motivation, leur persévérance, leur ouverture aux autres… Jerome
Bruner nous rappelle que la culture – l’environnement – forme l’esprit par l’inte-
raction constante de l’individu avec les membres et les outils de cette culture. Or,
les étudiants arrivent tous avec « une culture » différente.
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en le rapprochant des expériences, des connaissances, des intérêts et du contexte qui
sont les leurs. Il ne s’agit donc pas de montrer des « productions » finalisées, comme
dans un portfolio, mais plutôt d’assembler, en cours de route, des documents de
tout genre, qui témoignent d’un véritable « savoir en construction1 ».
1. Le scénario 4 (Barth, 2013, p. 159-175) donne un exemple détaillé de cette forme d’évaluation,
au niveau de l’université.
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identique, mais plutôt de se servir de ces contenus comme moyen pour développer
la capacité et le goût d’apprendre, attestés par des acquis solides. Dans ce cas, la
multiculturalité, apprendre ensemble malgré la diversité, aura créé l’intercultura-
lité : apprendre ensemble grâce à la diversité.
En guise de conclusion
L’impact de l’œuvre de Jerome Bruner nous amène à être attentifs à la façon
dont nous, enseignants et formateurs, prenons en compte les expériences et les
intentions des apprenants, à la façon dont nous mettons à leur disposition des
outils de pensée qui permettent de faire évoluer leurs connaissances et compé-
tences, à la façon dont nous organisons les structures d’interaction pour que chacun
puisse participer et contribuer au processus de négociation et de co-construction
de sens. L’émulation prime sur la compétition. Apprendre ensemble est en même
temps apprendre à vivre ensemble, dans un climat de confiance. C’est apprendre à
coopérer, à penser ensemble, à entraîner une pensée critique, une pensée créative.
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Jerome Bruner nous laisse l’héritage d’un penseur visionnaire qui n’a eu de
cesse de « cultiver des possibles » pour toujours mieux comprendre la complexité
de l’esprit humain. Il a contribué à des changements de paradigmes à propos du
développement de l’intelligence humaine et des meilleures conditions pour la
mettre en œuvre. Cet héritage est à même d’éclairer la refondation des pratiques
pédagogiques aujourd’hui.
Lectures conseillées
Barth, B.M. (2013). Élève chercheur, enseignant Paris : Retz (version originale : Acts of meaning.
médiateur, donner du sens aux savoirs. Paris : Cambridge : Harvard University Press, 1990).
Retz ; Montréal : Chenelière. Bruner, J.S. (1996). L’éducation, entrée dans
Bruner, J.S. (2000, 2008). Culture et modes de la culture. Paris : Retz (version originale : The
pensée : l’esprit humain dans ses œuvres. culture of education. Cambridge : Harvard Uni-
Paris : Retz (version originale : Actual minds, versity Press, 1996).
possible worlds. Cambridge : Harvard Univer- Bruner, J.S. (2010). Pourquoi nous racontons-
sity Press, 1986). nous des histoires ? Paris : Retz (version origi-
Bruner, J.S. (1991/2015). Car la culture donne nale : Making stories, law, literature, life. New
forme à l’esprit. Paris : Eshel, nouvelle édition, York : Farrar, Straus & Giroux, 2002).
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