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CHAPITRE 7.

LA VICTIME DOIT-ELLE ÊTRE UN ACTEUR DE L’EXÉCUTION


DES PEINES ?

Alain Penin, Bruno Lavielle


in Roland Coutanceau et al., Trauma et résilience

Dunod | « Psychothérapies »

2012 | pages 67 à 81
ISBN 9782100576548
Article disponible en ligne à l'adresse :
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https://www.cairn.info/trauma-et-resilience---page-67.htm
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Chapitre 7

La victime doit-elle être un acteur


de l’exécution des peines ?

Alain Penin, Bruno Lavielle

ANS LA QUASI - TOTALITÉ des affaires pénales, la victime est « sympa-


D
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thique ». Elle l’est aux enquêteurs, au point qu’ils en oublient parfois
d’élucider les quelques contradictions qui peuvent exister dans ses déclarations.
Elle l’est aux experts, en particulier en matière d’agressions sexuelles. Elle
l’est aux magistrats du parquet qui poursuivront celui ou celle qui les a « faites
victimes » de manière plus compassionnelle que ces instances dans lesquelles
aucune victime identifiée ne va être physiquement présente au procès pénal
(infractions en matière de stupéfiants, fraude fiscale, travail dissimulé...). Elle
l’est aux juges, car elle exprime la douleur du fait pénal et plonge la scène
judiciaire dans le concret de la souffrance et non plus seulement dans une
répression un peu trop théorique de la violation des principes de la vie en
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société. Dans le même temps, dans un domaine que se partagent « le mal »


et « le mauvais », elle est notre repère. Dans un domaine où demeurent aussi
beaucoup d’incertitudes, elle est notre point fixe.
Elle est encore plus sympathique aux faiseurs de loi, parlementaires et
pouvoir exécutif qui ne perdent plus jamais aucune occasion, ni d’exprimer
leur empathie vis-à-vis d’elle, ni désormais de traduire dans la loi, des
droits nouveaux, parfois affirmés comme devant rétablir un équilibre entre le
coupable et sa victime. Elle est l’enfant chérie de certains candidats à l’élection
qui n’hésitent pas à flirter avec le populisme, en proposant des droits de plus
en plus exorbitants, comme celui de la possibilité de faire appel d’une décision
d’acquittement, encore récemment évoquée, malgré l’avis très négatif du garde
des Sceaux et un précédent rejet lors d’une discussion parlementaire.
La victime devient même extrêmement intéressante au plan électoral, et
suscite la compassion publique, les élus n’hésitant pas à reprocher aux juges
68 T HÉORIE ET REPÉRAGE DE LA LOI

de ne pas être suffisamment attentifs à sa souffrance, tandis que dans le


même temps d’ailleurs, et de manière totalement paradoxale, ils n’hésiteront
pas à vilipender les magistrats qui d’aventure mettraient trop rapidement en
détention des auteurs présumés de faits gravissimes sur lesquels pèsent de
lourds soupçons, comme il y a quelques années dans le Pas-de-Calais. Les
victimes omniprésentes chassent ainsi des victimes oubliées...
Curieusement, le droit pénal français ne donne pas de définition de la vic-
time. Seul le Code de procédure définit l’action civile, qui peut être actionnée
par une « personne ayant souffert du dommage causé par l’infraction. »
Il est frappant de constater que le terme ne fait sa première apparition dans
le Code de procédure pénale qu’en juillet 1970.
Si l’on peut aisément s’accorder sur la définition donnée par le victimologue
Robert Cario, qui précise que l’on peut considérer comme victime « toute
personne en souffrance, dès lors que cette souffrance est personnelle, réelle et
socialement reconnue comme inacceptable », il est évident que cette dernière
a d’abord toute sa place dans le procès pénal.

LE TEMPS DU PROCÈS
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Le procès devient pour elle un moment fécond, un épisode qui lui permettra
l’amorce d’une reconstruction, au plan psychique notamment. Atteinte dans
son corps, qu’elle soit l’objet de simple goujaterie ou d’actes de barbarie, la
victime souffre de manière inacceptable de dommages qui lui sont infligés au
plan physique mais également au plan psychique et qui justifient réparation.
Le temps du procès est celui de la reconnaissance par la société de la
réalité de cette souffrance. Il entraîne immanquablement une confrontation
médiatisée avec l’auteur, qu’il reconnaisse ou non les faits. Les différents
acteurs apporteront alors leur contribution à l’évaluation des dommages, la
compréhension par la victime des mécanismes qui ont pu pousser l’agresseur
à agir constituant un élément déterminant de son apaisement.
La reconnaissance par les experts de l’existence de séquelles de l’emprise
psychique, l’évocation de la symptomatologie de stress post-traumatique,
apporte un regard scientifique, et l’indication de la nécessité d’une prise en
charge thérapeutique et constitue le début d’un long cheminement et d’un
travail de reconstruction que le procès peut inaugurer.
Mais ce temps doit-il être aussi infini que celui de certaines peines et doit-on
pousser cette victime, sous ce même statut, à ressasser sa souffrance ?
Il faut ici évoquer et développer les principaux symptômes ordinairement
rencontrés par les victimes, qui sont directement liés à l’effraction psychique.
La victime doit-elle être un acteur de l’exécution des peines ? 69

S YMPTÔMES
On évoquera en premier le phénomène d’intrusion : il s’agit de l’incapacité
à empêcher les souvenirs de remonter. Contre la volonté du sujet, les classiques
« flash-back » ou irruption sous forme d’images fixes ou de films apparaissent,
à l’état de veille ou au moment de l’endormissement et sont éminemment
anxiogènes. Durant le sommeil, ce sont les cauchemars qui prennent le relais,
ils sont souvent thématiques, c’est-à-dire en rapport direct avec l’agression
En second lieu, nous décrirons le phénomène de l’évitement : toutes les
activités, les personnes, les conversations, les endroits qui de près ou de loin
rappellent l’agression vont être très soigneusement évités. Ce mécanisme, qui
paraît économique au sens psychique dans un premier temps, est en réalité
très coûteux, l’évitement renforçant l’anxiété, au moins dans l’immédiateté.
Combien de victimes nous déclarent qu’elles souhaitent avant tout oublier
l’événement, ne plus en entendre parler, tourner la page, sans savoir que ces
déclarations sont un vœu pieux tant que les réaménagements psychiques ne se
sont pas opérés...
Ensuite, il faut nommer l’hyperstimulation, sorte d’épine irritative qui va
entraîner des réactions parfois extrêmement vives, chaque fois qu’un son,
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qu’une odeur, qu’une image vont venir ramener le sujet à l’événement.

F AIRE DU TEMPS DE LA PEINE UN TEMPS D ’ ESPOIR

Il est donc bien légitime et nécessaire que le temps de la peine soit aussi
celui de l’espoir. Il faut que la page se tourne et que l’horreur s’estompe, le
travail psychique permettant à défaut de l’oubli, une atténuation, une érosion
des souvenirs, pour que la douleur devienne tolérable, et que l’instinct de vie
reprenne le dessus, permettant de supporter l’autre, la nuit, les regards.
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La douleur de la confrontation à l’idée de mort imminente viendra alors peu


à peu s’atténuer pour que le désir de vie émerge à nouveau et que la relation à
l’autre devienne moins douloureuse et moins menaçante.
La souffrance en lien avec l’effraction corporelle, avec la pénétration
morcelante, pourra alors lentement s’estomper, les représentations mortifères
se modifier, pour que la libido longtemps ensommeillée par ce séisme se
réveille peu à peu, par touches subtiles, redonnant par moments fugaces une
forme d’espoir, à la victime et aussi à son partenaire, s’il a pu supporter le long
silence des émotions, sans se sentir lui-même personnellement mis en cause.
Car l’oubli n’est jamais possible. Rien ne peut effacer la confrontation à
l’horreur, au monstrueux, surtout s’il a entraîné la proximité avec la mort, s’il
s’est imposé sur la durée, dans la répétition, et si, pire, il a laissé la victime
dans le désarroi, parfois le désespoir, lorsqu’ont cessé les agissements, sans
explication, sans un mot, du jour au lendemain, plongeant la victime dans
70 T HÉORIE ET REPÉRAGE DE LA LOI

un abîme de perplexité dans la confrontation paradoxale à l’abandon. On ne


s’habitue jamais à fréquenter le monstre, mais parfois le bourreau est la seule
référence possible pour la victime et la fin des sévices est curieusement aussi
difficile à comprendre et à supporter que les prédations.

LE TEMPS PSYCHIQUE ET LE TEMPS JUDICIAIRE

Le temps, dit-on, est « le plus sûr des maîtres et le meilleur des juges ».
Il est un allié précieux, même s’il n’efface pas tout, et si le souvenir reste
intact, lancinant, réactivant, une incontestable atténuation de la douleur pourra
en général être observée. Plus que l’oubli, la modification du vécu dans le
quotidien, la maîtrise progressive des émotions, la transformation des affects
rendra davantage supportable l’innommable et les effets de l’effraction. Le
« travail » psychique aura cette fonction, et de ce point de vue, le temps
judiciaire, s’il coïncide avec ces aménagements sera fécond.
La condamnation, la reconnaissance du statut, l’indemnisation viendront
concourir à l’approche de la sérénité, à la « métabolisation » et à l’apaisement.
Grâce à la prise en charge indispensable et souhaitée, la victime va, peu
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à peu quitter ce statut, en replaçant le souvenir de l’expérience traumatique
dans la chronologie de son histoire personnelle et reprendre à grand-peine le
cours de sa vie, oubliant un temps la procédure, les convocations, la crainte
de l’imminence de nouvelles confrontations et finalement recommencer à
supporter l’autre, l’ennui, les dimanches et certains corps à corps du quotidien.
Le procès nouveau qui se profile, longtemps après les faits va convoquer une
tout autre personne, parfois débarrassée de certains aspects de sa souffrance, de
certains symptômes et la replonger dans ce statut qu’elle avait provisoirement
dépassé. Le risque alors que cette nouvelle personne, débarrassée un temps de
sa souffrance, ne soit plus crédible de ce fait est au premier plan, et la défense
de l’accusé pourra s’engouffrer dans cette faille pour déstabiliser la plaignante
et mettre en doute la plausibilité de ses dires et la réalité de sa souffrance.
Que penser donc des procédures allongées, de la longueur des expositions
renouvelées, des « piqûres de rappel » que constituent les auditions répétées,
les confrontations, les expertises, les audiences, les décisions qui ne semblent
jamais définitives ? Comment faire pour établir de la distance avec le monstre
lorsque celui-ci réapparaît en permanence, pendant des années, parfois des
dizaines d’années ? Le travail de sape débute alors et jamais l’apaisement ne
sera possible.
Cette « exposition in vivo », répétée, a donc des effets délétères et peut être
vécue comme une forme de harcèlement, entendu comme un enchaînement
d’agissements hostiles dont la répétition affaiblit psychologiquement la victime.
La procédure d’appel ramène parfois trois années ou plus après les faits la
victime face à son agresseur, à ses dénégations. Pour la vingtième ou trentième
La victime doit-elle être un acteur de l’exécution des peines ? 71

fois, elle s’entend dire ou elle croit entendre que finalement, elle n’est peut-être
pas totalement étrangère à ce qui lui est arrivé.
Viennent alors souvent des retours du refoulé, sous forme de resurgissements
de symptômes douloureux la plupart du temps incompréhensibles. Cette expo-
sition sur la durée constitue donc, de notre point de vue, une survictimisation,
à laquelle il convient de se montrer attentif.
Il ne faudrait pas qu’oubliée du procès pénal, la victime devienne, pour des
raisons qui lui sont étrangères, le centre exclusif du dispositif, le remède serait
alors, on le comprend, bien pire que le mal.

LA VICTIME ET SA PEINE

De récentes modifications du droit de l’exécution et de l’application des


peines sont l’occasion d’une présentation réactualisée du dispositif et aussi
d’interrogations sur la place qui doit être celui de la victime dans l’après procès
pénal. Le tableau suivant tente d’être exhaustif. Il suffit à lui seul à démontrer
comment la victime a parsemé ces dernières années la phase post-sentencielle.
Il démontre que nous nous trouvons manifestement à un point d’équilibre qui
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peut vite devenir un point de rupture, si la victime se voit insuffisamment prise
en compte malgré le dispositif actuel, ou à l’inverse se voit reconnaître tant
de droits que la notion d’équilibre, si précieuse en matière pénale, viendrait à
disparaître.

C ONCLUSION
Tout procès est une histoire. Toute histoire doit avoir une fin. Les perspec-
tives de rajouts de droits nouveaux au profit des victimes, celui de faire appel
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des décisions d’acquittement, d’être physiquement présente dans la phase


d’application des peines, voire d’être en position de décider de l’octroi ou des
modalités de tel ou tel aménagement, ne peuvent qu’inquiéter en ce qu’elles
condamneront finalement les victimes à revivre à perpétuité l’infraction,
l’effraction subie. Les apprentis sorciers de la compassion utilitaire1 , ceux-là
même qui abhorrent plus que toute l’idée que les juges puissent rendre justice,
aux accusés comme à leurs victimes, seraient bien inspirés de se souvenir que
le trop est toujours l’ennemi du mieux.

1. Denis Salas, La Justice dévoyée. Critique des utopies sécuritaires, Les Arènes, 2012.
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T HÉORIE

Tableau 7.1.
Art. 707 al. 2 L’exécution des peines favorise, dans le respect des intérêts de ] Dans l’exercice de leurs attributions, le ministère public et
cpp la société et des droits des victimes, l’insertion ou la réinsertion les juridictions de l’application des peines, ainsi que, s’il est
EXÉCUTION des condamnés ainsi que la prévention de la récidive. saisi, le service pénitentiaire d’insertion et de probation,
DES PEINES prennent en compte, tout au long de l’exécution de la peine, la
protection des intérêts et des droits de la victime ou de la
(prise en partie civile, conformément aux dispositions du présent code
compte des et notamment des articles 707, 712-16, 712-16-1 et 712-16-2
ET REPÉRAGE DE LA LOI

victimes) et 721-2 (art. D. 49-64 cpp).


] Texte modifié par Décr. 27 octobre 2010, art. 8, qui impose
donc au spip la « protection » des intérêts et des droits de la
victime ou de la partie civile.
Art. 712-13 Pour l’examen de l’appel des jugements mentionnés à l’article La victime n’est jamais présente en personne.
cpp 712-7, la chambre de l’application des peines de la cour d’appel Voir également art. 712-13-1 créé par L. n° 2011-939 du
EXÉCUTION est composée, outre le président et les deux conseillers 10 août 2011 sur la participation des citoyens au
DES PEINES assesseurs, d’un responsable d’une association de réinsertion fonctionnement de la justice pénale et le jugement des
des condamnés et d’un responsable d’une association d’aide mineurs (art. 15) sur la nouvelle composition de la chambre de
(représentation aux victimes.
des victimes l’application des peines (2 assesseurs citoyens en sus).
devant la
chambre de
l’application
des peines)
Art. 712-16 Dans l’exercice de leurs attributions, les juridictions de Texte fondant la généralité des pouvoirs du JAP (à l’instar de
cpp l’application des peines peuvent procéder ou faire procéder, sur l’art. 81 pour le juge d’instruction) y compris dans le suivi des
APPLICATION l’ensemble du territoire national, à tous examens, auditions, intérêts des victimes.
DES PEINES enquêtes, expertises, réquisitions, y compris celles prévues par
l’article 132-22 du code pénal (communication de
(pouvoirs du
renseignements de nature bancaire ou fiscale) ou toute autre
JAP)
mesure, permettant de rendre une décision d’individualisation de
la peine ou de s’assurer qu’un condamné respecte les
obligations qui lui incombent à la suite d’une telle décision.

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Tableau 7.1. (suite)


Art. 712-16-1 Préalablement à toute décision entraînant la cessation ] Article imposant la prise en considération des intérêts de la
cpp temporaire ou définitive de l’incarcération d’une personne victime, Créé par Loi n°2010-242 du 10 mars 2010, art. 11.
APPLICATION condamnée à une peine privative de liberté avant la date Jusqu’alors l’ancien article 712-16, spécifiait : que les
DES PEINES d’échéance de cette peine, les juridictions de l’application des enquêtes prescrites par le JAP pouvaient « le cas échéant
peines prennent en considération les intérêts de la victime ou de porter sur les conséquences des mesures d’individualisation
(enquête
la partie civile au regard des conséquences pour celle-ci de de la peine au regard de la situation de la victime, notamment
préalable à
cette décision. dans le cas prévu par l’article 720 » (dont le premier alinéa est
toute mesure
Les mesures prévues à l’article 712-16 peuvent porter sur les repris par 712-16-1, l’art. 720 étant abrogé) !
entraînant la
cessation de conséquences des décisions d’individualisation de la peine au ] Cette formulation laisse à penser que toute libération avant
l’incarcération) regard de la situation de la victime ou de la partie civile, et terme à des conséquences pour la victime...
notamment le risque que le condamné puisse se trouver en ] Pour autant « l’enquête victime » reste facultative même si
présence de celle-ci. l’on veut bien croire que par prudence elle deviendra
Si elles l’estiment opportun, les juridictions de l’application des systématique.
peines peuvent, avant toute décision, informer la victime ou la ] Quelles interrogations peut-on ou doit-on avoir sur
partie civile, directement ou par l’intermédiaire de son avocat, préalables, formes et contenu de cette enquête (voir infra).
qu’elle peut présenter ses observations par écrit dans un délai
] Ce dispositif ne paraît pas englober le PSE fin de peine.
de quinze jours à compter de la notification de cette information.
] L’avis à victime est facultatif.
Les observations peuvent être adressées à la juridiction par la
victime ou la partie civile par tout moyen à leur convenance
(rajout L. 10 août 2011, art. 15).
La victime doit-elle être un acteur de l’exécution des peines ?
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Tableau 7.1. (suite)


T HÉORIE

Art. 712-16-2 S’il existe un risque que le condamné puisse se trouver en ] Article créé par Loi n°2010-242 du 10 mars 2010, art. 11 et
cpp présence de la victime ou de la partie civile et qu’au regard reprenant, en les détaillant, les dispositions des alinéas 2 à 4
APPLICATION de la nature des faits ou de la personnalité de l’intéressé il de l’ancien art. 720.
DES PEINES apparaît qu’une telle rencontre paraît devoir être évitée, les ] Prévention du « risque » (!). Le postulat est que c’est
juridictions de l’application des peines assortissent toute notamment en fonction de la nature des faits qu’il convient
(interdiction
décision entraînant la cessation temporaire ou définitive de d’éviter à la victime de rencontrer son agresseur... Le fait
d’entrer en
l’incarcération d’une interdiction d’entrer en relation avec la qu’une rencontre auteur/victime paraisse devoir être évitée
relation)
victime ou la partie civile et, le cas échéant, de paraître à demeure en tout état de cause un critère éminemment
proximité de son domicile et de son lieu de travail. subjectif si l’on s’intéresse à la pratique de certains pays
Le prononcé de cette interdiction est obligatoire, sauf décision étrangers en particulier nord-américains.
contraire spécialement motivée, lorsque la personne a été
ET REPÉRAGE DE LA LOI

] Interdiction de rencontre obligatoire pour toutes les


condamnée pour l’une des infractions visées à l’article 706-47. infractions « sexuelles » et les crimes les plus graves faisant
La juridiction adresse à la victime un avis l’informant de cette encourir à leurs auteurs le suivi socio-judiciaire sauf au JAP à
interdiction ; si la victime est partie civile, cet avis est également motiver une décision l’excluant.
adressé à son avocat. Cet avis précise les conséquences ] Nouvel avis à victime sur la décision d’interdiction : quelles
susceptibles de résulter pour le condamné du non-respect de seront les formes de cet avis ?
cette interdiction.
Lorsque « la personnalité de la victime ou de la
La juridiction peut toutefois ne pas adresser cet avis lorsque la partie civile le justifie » (art. 712-16-2 al. 4 cpp)
personnalité de la victime ou de la partie civile le justifie, lorsque
la victime ou la partie civile a fait connaître qu’elle ne souhaitait En cas d’une cessation provisoire de l’incarcération
pas être avisée des modalités d’exécution de la peine ou dans le Avis du condamné d’une durée n’excédant pas la durée
cas d’une cessation provisoire de l’incarcération du condamné faculta- maximale autorisée pour les permissions de sortir
d’une durée ne pouvant excéder la durée maximale autorisée tif (10 jours : art. 712-16-2 al. 4 cpp)
pour les permissions de sortie. Lorsque la victime a fait connaître qu’elle ne
Pour l’application du présent article, la victime ou la partie civile souhaitait pas être avisée des modalités d’exécution
peut informer la juridiction de l’application des peines de ses de la peine (art. 712-16-2 al. 4 et D. 49-72 cpp)
changements de résidence ou de lieu de travail. En cas de cessation définitive de l’incarcération :
Depuis le premier janvier 2012, un dernier alinéa rajouté par la loi libération conditionnelle (art. 731 cpp), ou prononcé
n° 2011-939 du 10 août 2011 sur la participation des citoyens au de réduction de peine conditionnelle (art 721-2 cpp)
fonctionnement de la justice pénale et le jugement des mineurs (art. 21) Avis
prévoit : lorsque la personne a été condamnée pour une infraction visée à En cas de cessation temporaire de l’incarcération
l’article 706-47 et si la victime ou la partie civile en a formé la demande, le
obliga- (au-delà du maximum de la durée d’une PS) :
juge de l’application des peines ou le service pénitentiaire d’insertion et de toire fractionnement et suspension de peine (art 720-1 et
probation informe cette dernière, directement ou par l’intermédiaire de son 720-1-1 cpp), semi-liberté et placement à l’extérieur
avocat, de la libération de la personne lorsque celle-ci intervient à la date (art. 723-4 cpp), placement sous surveillance
d’échéance de la peine. électronique (art. 723-10 cpp).

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Tableau 7.1. (suite)


Possible dérogation à l’envoi d’un tel avis. A priori, il n’est pas
prévu que l’avis qui ne serait pas envoyé à la victime le soit
seulement à son avocat...
Si l’avis peut ne pas être envoyé à la victime en cas de
permission de sortir, il semble pouvoir être déduit de cet
alinéa que l’enquête victime est en revanche obligatoire même
pour une permission de sortir.
Art. D. La victime ou la partie civile qui, conformément aux dispositions ] Décret n° 2011-1986 du 28 décembre 2011 modifiant le
49-65-1 cpp du dernier alinéa de l’article 712-16-2, souhaite être informée de code de procédure pénale et relatif à l’application des peines
la libération d’une personne condamnée pour une infraction (art. 2)
visée à l’article 706-47, à la date d’échéance de sa peine,
adresse cette demande par lettre recommandée avec accusé de
réception au procureur de la République ou au procureur
général de la juridiction de condamnation. Cette demande est
transmise par le ministère public au juge de l’application des
peines dont relève le condamné pour être classée dans la cote
« victime « du dossier individuel prévu par l’article D. 49-29. La
personne peut préciser dans sa demande qu’elle souhaite être
informée par l’intermédiaire de son avocat.
Art. D. 49-66 Lorsque la juridiction de l’application des peines informe la ] Cf. Décret n° 2011-1986 du 28 décembre 2011 modifiant le
cpp victime en application des dispositions de l’article 712-16, elle code de procédure pénale et relatif à l’application des peines
l’avise de sa possibilité d’être assistée par une association (art. 2) qui a ajouté la possibilité de déléguer l’information au
d’aide aux victimes. Lorsqu’en application des dispositions du spip.
dernier alinéa de l’article 712-16-2 ou de l’article 745 la victime
ou la partie civile doit être informée de la libération du condamné
intervenant à la date d’échéance de la peine ou de la date de fin
de la mise à l’épreuve, le juge de l’application des peines peut
demander au service pénitentiaire d’insertion et de probation
saisi de la mesure de procéder à cette information.
La victime doit-elle être un acteur de l’exécution des peines ?
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76

Tableau 7.1. (suite)


T HÉORIE

Art. D. 49-67 Qu’elle se soit ou non constituée partie civile lors de la ] Modifié par Décret n°2010-1277 du 27 octobre 2010
cpp procédure, la victime qui souhaite être informée de la libération (comme les art. D. 49-68 et 69).
du condamné conformément aux dispositions des articles ] L’article D. 49-29 spécifie quelles pièces doit contenir le
712-16-1 et 712-16-2 peut, par lettre recommandée avec accusé dossier individuel du condamné tenu au greffe du juge de
de réception, faire connaître ses changements d’adresse auprès l’application des peines et les conditions dans lesquelles ce
du procureur de la République ou du procureur général près la dossier peut être consulté par l’avocat du condamné ou le
juridiction qui a prononcé la condamnation. procureur de la République. C’est l’article D. 49-65 qui prévoit
Ces informations sont transmises par le ministère public au juge dans ce dossier une cote spécifique dans laquelle sont
de l’application des peines dont relève le condamné pour être regroupés l’ensemble des pièces et informations relatifs à la
classées dans la cote « victime » du dossier individuel prévu par victime ou à la partie civile de l’infraction.
l’article D. 49-29.
ET REPÉRAGE DE LA LOI

La victime ou la partie civile peut demander que ces


informations demeurent confidentielles et qu’elles ne soient pas
communiquées au condamné ou à son avocat.
Art. D. 49-68 L’avis adressé à la victime en application du troisième alinéa de ] Cf. D. 49.72 : Conformément aux dispositions du quatrième
l’article 712-16-2 lui indique qu’en cas de violation par le alinéa de l’article 712-16-2, qu’elle soit ou non constituée
condamné de l’interdiction de la recevoir, de la rencontrer ou partie civile, la victime peut à tout moment faire connaître au
d’entrer en relation avec elle, elle peut en informer sans délai le procureur de la République ou au procureur général de la
juge de l’application des peines ou, à défaut, le procureur de la juridiction ayant prononcé une peine privative de liberté qu’elle
République. demande à ne pas être informée des modalités d’exécution de
Cet avis n’est pas adressé si la victime a demandé à ne pas être la peine et notamment de la libération du condamné.
informée conformément aux dispositions de l’article D. 49-72. ] La demande de la victime est alors transmise par le
ministère public au juge de l’application des peines compétent
pour suivre le condamné, et elle est classée dans la cote
« victime » du dossier individuel prévu par l’article D. 49-29.
] De même, l’article D. 49-73 prévoit que lorsque la personne
condamnée à une peine privative de liberté n’est pas
immédiatement incarcérée à la suite du jugement, la victime
peut également demander, selon les modalités prévues par
l’article D. 49-72, à ne pas être informée de la mise à
exécution de cette peine.
Art. D. 49-69 Même hors le cas prévu par les articles 712-16-1 et 712-16-2 et
D. 49-68, la victime peut être avisée par le juge de l’application
des peines de toute décision prévoyant son indemnisation dans
le cadre d’un sursis avec mise à l’épreuve, d’un sursis avec
obligation d’accomplir un travail d’intérêt général, d’un suivi
socio-judiciaire ou d’une mesure d’aménagement de peine, et du
fait qu’elle peut informer ce magistrat en cas de violation par le
condamné de ses obligations.

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Tableau 7.1. (suite)


Art. D. 49-70 Le juge de l’application des peines peut informer la victime de la Possibilité et non obligation.
mise à exécution d’une peine d’emprisonnement faisant l’objet
d’une mesure d’aménagement conformément aux dispositions
de l’article 723-15, sauf s’il a été fait application des dispositions
des articles D. 49-72 ou D. 49-73.
Art. D. 49-71 Le procureur de la République ou le procureur général, lorsqu’il ] Possibilité et non obligation.
ramène à exécution une peine d’emprisonnement dans le cas ] Peu pou pas utilisée en pratique
prévu par les deuxième et troisième alinéas de l’article 723-15-2
] En retour, la victime « informée » ne peut faire valoir que
et par l’article 723-16, peut en informer la victime, sauf s’il a été
des observations écrites sur la portée desquelles il convient
fait application des dispositions des articles D. 49-72 ou D. 49-73.
de s’interroger ?
Si la victime a obtenu une condamnation à des dommages et
] Les textes ne semblent pas prévoir un même avis à l’avocat
intérêts et que le ministère public a fait application des
d’une victime constituée.
dispositions de l’article D. 325, elle peut être avisée de sa
possibilité de demander le versement des sommes susceptibles
de figurer dans le compte nominatif du détenu et affectées à
l’indemnisation des parties civiles.
La victime doit-elle être un acteur de l’exécution des peines ?
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78
T HÉORIE

Tableau 7.2.
Les services de police et les unités de gendarmerie peuvent, d’office ] Extension des possibilités de réaction aux manquements du
ou sur instruction du juge de l’application des peines ou du magistrat condamné à ses obligations.
du siège qui le remplace ou, en cas d’urgence, du procureur de la ] Cf. art. 141-4 pour le contrôlé judiciaire.
République, appréhender toute personne placée sous le contrôle du
] Dispositions retouchées par L. n° 2011-392 du 14 avril 2011 relative à
juge de l’application des peines et à l’encontre de laquelle il existe une
la garde à vue.
ou plusieurs raisons plausibles de soupçonner qu’elle a manqué aux
obligations qui lui incombent et spécialement à son interdiction d’entrer
en relation avec certaines personnes, dont la victime, ou de paraître en
un lieu, une catégorie de lieux ou une zone spécialement désignés. La
ET REPÉRAGE DE LA LOI

personne peut alors, sur décision d’un officier de police judiciaire, être
retenue vingt-quatre heures au plus dans un local de police ou de
gendarmerie afin que soit vérifiée sa situation et qu’elle soit entendue
sur la violation de ses obligations.
Dès le début de la mesure, l’officier de police judiciaire informe le juge
de l’application des peines ou, en cas d’empêchement du juge de
l’application des peines ainsi que du magistrat du siège qui le remplace,
le procureur de la République.
La personne retenue est immédiatement informée par l’officier de
police judiciaire ou, sous le contrôle de celui-ci, par un agent de police
judiciaire de la nature de l’obligation qu’elle est soupçonnée avoir violé
et du fait qu’elle peut exercer les droits... (du gardé à vue).
Les pouvoirs conférés au procureur de la République par les
articles 63-2 et 63-3 sont exercés par le juge de l’application des
peines ou, en cas d’empêchement de ce juge ainsi que du magistrat du
siège qui le remplace, par le procureur de la République...
À l’issue de la mesure, le juge de l’application des peines ou le
magistrat du siège qui le remplace peut ordonner que la personne soit
conduite devant lui, le cas échéant pour qu’il ordonne son incarcération
provisoire.
Le juge de l’application des peines ou le magistrat du siège qui le
remplace peut également demander à un officier ou un agent de police
judiciaire d’aviser la personne qu’elle est convoquée devant lui à une
date ultérieure puis de mettre fin à la rétention de la personne.

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Tableau 7.2. (suite)


La réduction supplémentaire de la peine d’emprisonnement peut être ] Aucune disposition légale ne prévoit (contrairement à certaines
accordée notamment au détenu qui s’efforce d’indemniser sa victime législations étrangères) la consultation de la victime avant octroi de la
ou suit une thérapie destinée à limiter les risques de récidive (réd. L. réduction de peine.
n°2008-174, 25 février 2008 – art. 2). ] La proposition n° 63 du rapport Lienemanna tendant à voir augmenter
la part du pécule des détenus réservée à l’indemnisation de la partie
civile n’a pas été retenue (cf. D. 320-1cpp).
] La plupart des décisions d’aménagement de peine peuvent être
subordonnées à la réalisation d’efforts sérieux d’indemnisation de la
victime : la libération conditionnelle (c. pr. pén., art. 729, al. 1, 4° et D.
536-5°), la semi-liberté (c. pr. pén., art. D. 138), les placements à
l’extérieur sans surveillance (c. pr. pén., art. D. 136, al. 4), les
placements sous surveillance électronique statique (c. pr. pén., art.
723-10 les permissions de sortir (c. pr. pén., art. D. 142, al. 1 in fine)...
Le juge de l’application des peines peut ordonner que le condamné ] Peut s’accompagner de l’obligation d’indemniser.
ayant bénéficié d’une ou de plusieurs réductions de peines prévues par ] En cas de non-respect, possible retrait des réductions de peine et
les articles 721 et 721-1, soit soumis après sa libération à l’interdiction réincarcération selon les modalités prévues par l’article 712-6 ;
de recevoir la partie civile ou la victime, de la rencontrer ou d’entrer en possibilité de délivrance d’un mandat en application des dispositions de
relation avec elle de quelque façon que ce soit pendant une durée qui l’article 712-17.
ne peut excéder le total des réductions de peine dont il a bénéficié.
La libération conditionnelle peut être accordée notamment au détenu ] Aucune disposition légale ne prévoit (contrairement à certaines
qui s’efforce d’indemniser sa victime. législations étrangères – Belgique, Canada...) la consultation de la
victime avant octroi de la libération conditionnelle.
] La proposition n° 33 du rapport Lienemann aux termes de laquelle :
« Le juge de l’application des peines devra informer la victime de
l’ensemble des décisions la concernant directement », n’a pas été
retenue.
La victime doit-elle être un acteur de l’exécution des peines ?
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Tableau 7.2. (suite)


T HÉORIE

Pour les demandes de libération conditionnelle concernant des ] La présence de la partie civile elle-même n’est pas prévue et encore
personnes condamnées à une peine d’emprisonnement égale ou moins celle de la victime non constituée.
supérieure à cinq ans ou à une peine de réclusion, l’avocat de la partie ] Cette participation de l’avocat de la partie civile ne concerne que les
civile peut, s’il en fait la demande, assister au débat contradictoire demandes de libération conditionnelle : elle ne s’applique ni aux
devant le juge de l’application des peines, le tribunal de l’application demandes de modification d’une mesure déjà accordée, ni aux
des peines ou la chambre de l’application des peines de la cour d’appel demandes de révocation. Elle ne vise pas non plus les demandes de
statuant en appel pour y faire valoir ses observations, avant les suspension ou de fractionnement de peine ou encore de relèvement
réquisitions du ministère public. d’une période de sûreté.
] Sur les modalités de convocation de l’avocat, cf. art. D. 49-74 cpp.
] Crim. 15 mars 2006, n° 05-83684, Bull. crim. n° 81 : « Le droit de la
ET REPÉRAGE DE LA LOI

victime à être entendue, dans la mesure de ses intérêts, dans les


procédures concernant l’exécution des sentences pénales, en
application de l’article 720 (ancien) du code de procédure pénale, ne
confère pas à celle-ci la qualité de partie aux décisions prises, en cette
matière, par le juge de l’application des peines. » Son appel est donc
irrecevable sur les décisions rendues.
La juridiction de jugement ou le juge de l’application des peines peut ] Pour l’obligation visée au 5°) avec toute la difficulté pour le JAP
imposer spécialement au condamné l’observation de l’une ou de d’évaluer le préjudice si la victime ne s’est pas constituée partie civile...
plusieurs des obligations suivantes : ] Obligation du 13°) modifié par L. 10 mars 2010.
5° Réparer en tout ou partie, en fonction de ses facultés contributives, ] À compléter par : loi n° 2010-769 du 9 juillet 2010 relative aux
les dommages causés par l’infraction, même en l’absence de décision violences faites spécifiquement aux femmes, aux violences au sein des
sur l’action civile couples et aux incidences de ces dernières sur les enfants (ordonnance
... de protection délivrée par le JAF)
13° S’abstenir d’entrer en relation avec certaines personnes, dont la ] Cf. ci-dessous art. 745 cpp.
victime, ou certaines catégories de personnes, et notamment des
mineurs, à l’exception, le cas échéant, de ceux désignés par la
juridiction ;
19° En cas d’infraction commise soit contre son conjoint, son concubin
ou son partenaire lié par un pacte civil de solidarité (ou l’ancien
conjoint, concubin ou partenaire), soit contre ses enfants ou ceux de
son conjoint, concubin ou partenaire, résider hors du domicile ou de la
résidence du couple et, le cas échéant, s’abstenir de paraître dans ce
domicile, ou cette résidence ou aux abords immédiats de celui-ci...

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Tableau 7.2. (suite)


À l’audience de renvoi, la juridiction peut, en tenant compte de la ] Possibilité ouverte au JAP de prononcer lui-même une dispense de
conduite du coupable au cours du délai d’épreuve, soit le dispenser de peine sur ajournement probatoire, notamment lorsque la victime a été
peine, soit prononcer la peine prévue par la loi, soit ajourner une indemnisée.
nouvelle fois le prononcé de la peine dans les conditions et selon les
modalités prévues à l’article 132-63. Avec l’accord du procureur de la
République, le juge de l’application des peines peut, trente jours avant
l’audience de renvoi, prononcer lui-même la dispense de peine, à
l’issue d’un débat contradictoire tenu conformément aux dispositions de
l’article 712-6 du code de procédure pénale.
Si le condamné satisfait aux mesures de contrôle et d’aide et aux ] Idem.
obligations particulières imposées en application de l’article 739 et si
son reclassement paraît acquis, le juge de l’application des peines peut
déclarer non avenue la condamnation prononcée à son encontre. Le
juge de l’application des peines ne peut être saisi à cette fin ou se saisir
d’office avant l’expiration d’un délai d’un an à compter du jour où la
condamnation est devenue définitive.
La décision est prise conformément aux dispositions de l’article 712-6.
Lorsque le condamné à une peine d’emprisonnement assortie du ] Article rétabli par la L. n° 2011-939 du 10 août 2011 sur la
sursis avec mise à l’épreuve doit satisfaire à l’obligation de s’abstenir participation des citoyens au fonctionnement de la justice pénale et le
de paraître dans un lieu ou une zone spécialement désigné, afin jugement des mineurs (art. 22).
d’éviter un contact avec la victime ou la partie civile, ou à l’obligation de er
] Entrée en vigueur au 1 janvier 2012 (art. 54).
s’abstenir d’entrer en relation avec la victime ou la partie civile, prévues
aux 9° et 13° de l’article 132-45 du code pénal, le juge de l’application
des peines ou le service pénitentiaire d’insertion et de probation avise
la victime ou la partie civile, directement ou par l’intermédiaire de son
avocat, de la date de fin de la mise à l’épreuve.
Cet avis n’est toutefois pas adressé lorsque la victime ou la partie civile
a fait connaître qu’elle ne souhaitait pas être avisée des modalités
d’exécution de la peine.
Les modalités d’application du présent article sont précisées par décret.
Toute personne condamnée par un tribunal français à une peine ] Le condamné doit, sauf le cas de prescription, justifier du paiement de
criminelle, correctionnelle ou contraventionnelle peut être réhabilitée. l’amende et des dommages-intérêts ou de la remise qui lui en est faite
(art. 788 cpp).

a. « Pour une nouvelle politique publique d’aide aux victimes », sous la signature de Marie-Noëlle Lienemann, Hélène Magliano et Jacques
La victime doit-elle être un acteur de l’exécution des peines ?

Calmette, rapport remis au premier ministre en janvier 1999 dont bon nombre de ses propositions se sont retrouvées dans la loi « présomption
d’innocence » du 15 juin 2000.
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