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HABITER LA TERRE
Maria Villela-Petit
in Thierry Paquot et al., Habiter, le propre de l'humain
La Découverte | « Armillaire »
2007 | pages 19 à 34
ISBN 9782707153203
Article disponible en ligne à l'adresse :
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https://www.cairn.info/habiter-le-propre-de-l-humain---page-19.htm
© La Découverte | Téléchargé le 25/08/2021 sur www.cairn.info par via Université de Caen (IP: 188.62.112.56)
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Maria Villela-Petit
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Nombreux sont les emplois du verbe habiter. Mais quel peut
être, aujourd’hui, la signification, voire la spécificité d’une
expression comme « habiter la Terre » ? En d’autres termes :
doit-on considérer la Terre comme un complément, parmi tant
d’autres, du verbe transitif habiter ? Afin de commencer à réflé-
chir sur le sens même d’une telle question, passons en revue
quelques compléments du verbe habiter, en allant des plus usuels
aux plus denses et riches de sens, là où le métaphorique se lie
intimement au littéral et le déborde.
Le verbe « habiter »
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L’on pourrait évoquer encore l’expression « séjour délicieux
habité par l’esprit » que Marcel Proust emploie à propos de cer-
tains tableaux de Chardin, en leur reconnaissant le mérite de
nous apprendre à voir, avec d’autres yeux, les pièces d’habitation
les plus simples. On parle aussi d’« habiter la profondeur », beau
titre choisi par mon ancien étudiant Alexandre Vieyra pour sa
dissertation de maîtrise consacrée à la poésie de René Char et
d’André du Bouchet. Et cette liste d’exemples est loin d’être
close. Elle pourrait aisément s’allonger à l’aide de Psaumes, où
la question de l’habiter — au sens du lieu où faire demeurer son
cœur —, joue un rôle majeur, comme dans l’expression « habiter
la maison du Seigneur ».
Soit l’expression « habiter sa vie » qui, d’emblée, sonne dif-
féremment de « vivre sa vie ». Habiter sa vie s’entend comme
une injonction. On s’invite ou on invite celui (ou celle) à qui on
l’adresse à ne pas être emporté par le passage des jours, encom-
bré par des tâches diverses, en l’absence d’une présence plus
intense et plus lucide à soi-même, à ce que l’on fait et à la façon
dont on se tient vis-à-vis des autres. « Habiter sa vie » c’est alors
se faire plus attentif à ce que l’on vit, à la façon que l’on a de se
conduire, d’être-au-monde en étant présent à soi-même.
C’est donc en densifiant le sens d’habiter que l’on peut tout
aussi bien parler d’un lieu habité par l’esprit que d’une interpré-
tation habitée, quand on fait allusion au jeu d’un acteur, d’un
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tachent à la notion d’habitude serait d’ailleurs bienvenue dans
une approche phénoménologique de l’habitation. Mais nous
devons tout juste nous contenter d’attirer l’attention ici sur la
familiarité, qui naturellement s’associe à l’espace que l’on
habite, où l’on se sent chez soi. Certes, cela ne garantit pas contre
les entraves ou les écueils : soit un enlisement dans la quotidien-
neté, soit l’impossibilité de s’approprier l’espace où l’on vit, et
enfin la menace qui plane toujours sur l’espace habité, celle
d’une possible irruption en lui de l’étrangeté, là où sa physiono-
mie habituelle se modifie et que, changé dans son apparaître
même, il déstabilise l’habitant, l’exile là même où il avait pu être
« chez lui ».
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sophe dévisageant la petite Terre ne pourrait que s’exclamer :
« C’est là ce point que tant de nations se partagent par le fer et le
feu ! Combien sont risibles les frontières que les hommes
mettent entre eux2 ! »
La possibilité qu’a l’homme de voir, ne fut-ce que par varia-
tion imaginative, la Terre d’en haut, en se plaçant au-dessus du
terrestre — avec l’éventail de sens que ce qualificatif peut revêtir
— est inscrite dans son être-au-monde intrinsèquement marqué
par la station verticale de son corps propre3, qui le fait être entre
ciel et terre, en étant, par là même, le signe visible de l’aptitude
de l’homme à s’élever par la pensée au-delà de son monde envi-
ronnant.
Remarquons que parmi ceux, aujourd’hui, susceptibles de se
forger une conscience aiguë des dégâts que notre civilisation
inflige à la planète, on compte certains astronautes, après qu’ils
aient pu observer la Terre d’en haut, au sens littéral du terme ; ce
qui n’avait commencé à être fait que très partiellement grâce aux
voyages aériens.
2. Sénèque, cité par P. HADOT, « La Terre vue d’en haut et le voyage cosmique. Le
point de vue du poète, du philosophe et de l’historien », in Jean SCHNEIDER et Monique
LÉGER-ORINE (dir.), Frontières et conquête spatiale, Kluwer Academic Publishers,
Dordrecht, 1987, p. 35.
3. Voir sur l’importance de la station verticale, A. LEROI-GOURHAN, Le Geste et la
Parole, Albin Michel, Paris, 1965.
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alors que la Terre s’est vue destituée de son statut d’un singulare
tantum4 pour n’être plus qu’une planète parmi d’autres.
Ce changement de statut cosmologique fut d’autant plus
lourd de conséquences qu’il allait de pair avec la transformation
de notre conception de la nature sous l’emprise conjuguée de la
conception cartésienne de la matière comme simple res extensa,
et des lois de la mécanique qui dominaient la science physique,
au sens moderne de ce terme.
La nature, alors, n’est plus tout à fait ni la natura des Latins,
ni la phusis des Grecs. Car, malgré l’atomisme ou le matéria-
lisme ancien, que ce soit en grec ou en latin, le mot même de
nature avait partie liée avec la vie, autrement dit avec la nature
telle qu’elle nous apparaît sur Terre. C’est pourquoi dans sa
méditation sur l’« origine de l’œuvre d’art », Heidegger peut dire
qu’il nomme Terre ce que les Grecs entendaient par phusis5. Tout
avait changé, cependant, et pour la Terre et pour la nature,
lorsque la Terre fut comprise comme corps matériel au sein de la
nature au sens moderne du terme, c’est-à-dire une nature faisant
objet de la science physique classique et soumise à généralité de
ses lois. Autrement dit, la conjonction qui s’est opérée entre la
réduction de la Terre au rang d’une simple planète et le dévelop-
pement extraordinaire de la science physique a fait perdre à la
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vue d’un essai publié en 2000, et ayant pour titre : « Vers une
nouvelle Terre ? Approche philosophique de la conquête spa-
tiale7 » que j’ai commencé à prendre la mesure du déclassement
de la Terre aux yeux des philosophes des Lumières, et non des
moindres. Commençons par Kant, sans doute le plus grand phi-
losophe de l’époque (voire un des plus grands de toutes les
époques). Notons en passant que Kant, dont un des derniers
ouvrages publiés de son vivant sera consacré à la Géographie8,
discipline qu’il avait enseignée pendant près de 40 ans, envisa-
geait déjà l’homme comme « habitant » (Einwohner ou
Bewohner). Toutefois, malgré son intérêt pour la Géographie
physique, lorsque Kant se référait à l’homme comme habitant, il
le pensait comme « habitant du monde », et ce, dans le sillage du
cosmopolitisme stoïcien. S’il se rendait compte de la différence
de milieux géographiques, il était encore loin de comprendre en
quoi chaque « monde » en tant que monde humain est dépendant
de la manière dont on est sur Terre. Ou pour le dire avec Henri
Maldiney : « Une civilisation, une culture est une façon d’habiter
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monde des esprits croît et progresse dans les planètes de la même
façon que la perfection du monde matériel, de Mercure à Saturne
et peut-être même au-delà (dans la mesure où il existe d’autres
planètes) dans une progression graduée et en proportion de
l’éloignement du Soleil10 ».
Il est curieux, mais symptomatique de l’époque, que souhai-
tant postuler une correspondance entre la perfection des esprits
et la perfection matérielle des corps, Kant eût pu imaginer que
celle-ci progresserait en proportion de l’éloignement de leur
habitat par rapport au soleil, en tant que cet astre dégage beau-
coup de chaleur et occupe une position centrale par rapport à la
trajectoire des planètes. Ainsi, au lieu de supposer que si la vie
avait pu émerger sur Terre, cela était dû à la bonne distance de
notre planète par rapport au soleil, Kant établissait une relation
progressive ; les habitants des astres seraient d’autant plus spiri-
tuels que leur astre serait éloigné de leur étoile.
Qu’en diraient aujourd’hui les planétologues de ces habitants
d’autant plus spirituels qu’ils habiteraient à une plus grande dis-
tance du soleil ? Et comment ne pas constater l’extraordinaire
changement intervenu, et qui ne cesse d’intervenir depuis, dans
notre connaissance des planètes ! À telle enseigne que, faute de
pouvoir s’attendre à la vie d’extraterrestres dans les planètes de
9. KANT, Histoire générale de la nature et théorie du ciel (extraits), trad. fr. de
F. Marty, Œuvres philosophiques, Gallimard, coll. « Pléiade », vol. 1, Paris, 1980, p. 100.
10. KANT, Histoire générale de la nature et théorie du ciel, ou recherche concernant
la constitution et l’origine mécanique du système du monde conduite d’après les princi-
pes newtoniens. Nous citons cet extrait d’après la traduction qui figure dans l’ouvrage de
Jules VUILLEMIN, Physique et métaphysique kantiennes, PUF, Paris, 1955, p. 108-109.
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demain », présentée à la Bibliothèque nationale de France (site
F. Mitterrand).
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nom de l’homme (âdam). Mais revenons brièvement à l’héritage
des Lumières. Le titre même d’Entretiens sur la pluralité des
mondes (1686) choisi par Fontenelle pour un de ses écrits les
plus fameux, et qui a notablement contribué à la vulgarisation du
système copernicien, parle de lui-même. On supposait que là où
il y a des astres, il y avait presque nécessairement des habitants
et le monde qui était le leur. Ainsi que le rappelle Lucian Boia,
dans son ouvrage L’Exploration imaginaire de l’espace, les
auteurs de l’Encyclopédie illustraient la notion de problème par
la question « de savoir si la Lune et les planètes sont habitées par
des êtres qui soient en quelque sorte semblables à nous13 ».
12. Peter WESTBROEK, Vive la Terre. Physiologie d’une planète, trad. de l’anglais par
N. Witkowski, Seuil, Paris, 1998, p. 145.
13. Lucian BOIA, L’Exploration imaginaire de l’espace, La Découverte, Paris, 1987,
p. 16.
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américain. Je ne veux pas exclure que dans l’avenir on ait les
moyens de construire sur Mars une station, où, malgré d’innom-
brables difficultés15, des chercheurs pourraient séjourner pendant
quelque temps, ni non plus nier, compte tenu de « l’histoire de
l’univers », que, dans un avenir très, très lointain, il faille quitter
la planète pour un autre habitat, si tant est que d’ici là des
hommes auront survécu aux égarements de notre civilisation en
matière d’environnement…
Ces spéculations « futurologiques » mises à part (et leur
degré d’incertitude est considérable), le fait est que, conjuguée à
la perte du sens de la Terre comme habitat et milieu de vie, l’aug-
mentation exponentielle de la puissance technique, inséparable
des connaissances scientifiques des trois derniers siècles, a mis
et met le destin de la Terre à la merci de la démesure humaine.
Or tout cela fut et est fait au nom d’une raison scientifico-instru-
mentale, divorcée du désir du bien, auquel le logos des Anciens
était intrinsèquement lié. C’est d’une telle crise du rationalisme
moderne avec sa cohorte de dangers et d’inconséquences, que
traitent, de façon tout à fait indépendante, et les remarquables
écrits de Simone Weil sur la science, et les écrits d’Edmund
Husserl sur La Crise des sciences européennes et la phénoméno-
logie transcendantale. Comme ce dernier le souligne : « Nous
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tionalisme qu’à coup sûr il recèle. Tout vrai savoir ne peut être
que modeste, car conscient de l’océan d’inconnaissance qui l’en-
toure. Ce qui nous importe ici est de voir que c’est le même
Husserl qui cherchera à montrer la vérité expérientielle de la
Terre telle qu’elle nous apparaît.
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Terre, à même la Terre, à partir d’elle et en s’en éloignant que le
mouvement a lieu. La Terre elle-même, dans la forme originaire
de la représentation, ne se meut ni n’est en repos, c’est d’abord
par rapport à elle que mouvement et repos prennent sens18. »
Dans cet enchaînement de considérations sur la donation ori-
ginaire de la Terre, Husserl s’exerce aussi, comme il est de
rigueur en phénoménologie, à des variations imaginatives
jusqu’à concevoir la possibilité du voyage sur un autre astre. En
voici un extrait :
Pourquoi ne devrais-je pas imaginer la Lune comme une sorte de
Terre, comme une sorte d’habitation animale ? Oui, je peux très
bien m’imaginer comme un oiseau qui s’envole de la Terre vers un
corps lointain ou comme un pilote d’avion en décollant et se posant
là-bas. Oui, je peux même m’imaginer qu’il y a déjà là-bas des
animaux et des hommes. Mais si d’aventure je demande :
« Comment sont-ils arrivés là-haut ? » alors j’interroge de la même
manière que sur une île nouvelle, où, découvrant des inscriptions
cunéiformes, je demande : « Comment les peuples en question
sont-ils parvenus là ? » Tous les animaux, tous les êtres vivants,
tous les étants en général n’ont de sens d’être qu’à partir de ma
genèse constitutive et celle-ci a une préséance « terrestre19 ».
Bien entendu, après que l’homme ait marché sur les étendues
désertes de la Lune et que des sondes spatiales nous envoient des
18. Ibid., texte D17, p. 12. Ce texte de 1934 fut d’abord publié par Marvin FARBER,
in Philosophical Essays in Memory of Edmund Husserl, Harvard University Press,
Cambridge, Mass., 1940, p. 309.
19. Ibid., p. 27.
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deçà de ce qui est véritablement à penser, y compris en matière
de l’interaction entre les projets scientifiques (et ceux personnels
des scientifiques) et les objectifs économiques et politiques des
sociétés auxquels ils appartiennent.
Toute prise de conscience philosophique concernant notre
habitation sur Terre, en tant qu’elle est ce qui héberge et est pré-
sente dans tout ce qui s’épanouit, pour reprendre les mots mêmes
de Heidegger, requiert du philosophe qu’il reste à l’écoute de la
parole essentielle des poètes, mais qu’il ne néglige pas pour autant
ce que les savants sont à même de nous apprendre concernant les
subtils réseaux d’interdépendance qui sous-tendent le jeu de la vie,
et sans oublier la nécessaire critique des motivations humaines
trop humaines qui sous-tendent nombre de recherches.
Pour nous limiter ici à un bel exemple de mise au jour du jeu
de la vie, comment ne pas être reconnaissant à un botaniste
comme Francis Hallé qui dans son « Plaidoyer pour l’arbre »
nous fait mieux appréhender l’importance de la chlorophylle
pour l’apparition des organismes vivants ? Toujours sur l’arbre,
je viens de lire, dans le journal du CNRS, l’annonce d’un
ouvrage, L’Arbre, une vie, où les auteurs, David Suzuki et
Wayne Grady, ont voulu décrire « les liens complexes que tisse
un arbre avec la communauté des êtres vivants qui l’entourent ».
En tout cela se révèle la solidarité d’ensemble des vivants entre
eux, malgré la « lutte » de chacun pour sa survie, qu’il serait une
grosse erreur de nier.
Or, face à cette prise de conscience du tissu de la vie sous-
jacent à tous les vivants, il reste à tirer un corollaire à tous égards
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“être-le-là” implique un là que la vie ignore. La vie n’implique
pas de soi l’apparaître, l’ouverture de la manifestation, l’ouver-
ture de sa propre manifestation. Ouverture qui constitue
proprement le Dasein comme comprendre20. »
C’est aussi en fonction de cette ouverture du Dasein au
monde et à lui-même que Heidegger est venu à penser l’habita-
tion. Malgré leur impasse majeure sur le et la politique, ses écrits
sont des jalons importants vers une pensée de l’habiter, surtout
dans ses approches de la poésie de Hölderlin. Il n’en est pas
moins vrai que lorsqu’on essaie de prendre tout à fait au sérieux
une expression comme « habiter la Terre », la distinction entre le
vivant et l’existant finit par avérer ses limites.
J’insiste sur ce point parce que, dans les milieux philosophi-
ques se réclamant de la phénoménologie, certains font
actuellement de cette distinction un enjeu, vis-à-vis duquel il faut
prendre parti. Les uns, dans le sillage de Heidegger, sont pour
l’existant, et se croient obligés de mettre à l’écart une pensée se
réclamant du vivre, de la vie, tandis que d’autres, dans le sillage
de Michel Henry, optent pour la vie, en refoulant la question de
l’exister, dans son irréductibilité au vivre.
D’après moi, celui qui cherche à penser l’habiter en tenant
pleinement compte de notre appartenance à la Terre n’a pas à
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Seulement ainsi nous habiterons en conscience la Terre, en deve-
nant, enfin, ses gardiens fiables.