Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Dunod | « Psychothérapies »
© Dunod | Téléchargé le 01/10/2020 sur www.cairn.info via Université Toulouse 2 (IP: 193.50.45.191)
Distribution électronique Cairn.info pour Dunod.
© Dunod. Tous droits réservés pour tous pays.
La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les
limites des conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la
licence souscrite par votre établissement. Toute autre reproduction ou représentation, en tout ou partie,
sous quelque forme et de quelque manière que ce soit, est interdite sauf accord préalable et écrit de
l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. Il est précisé que son stockage
dans une base de données est également interdit.
© Dunod | Téléchargé le 01/10/2020 sur www.cairn.info via Université Toulouse 2 (IP: 193.50.45.191)
ES PARENTS M ’ ONT ÉLEVÉ avec les systèmes en vigueur à
M l’époque, quelques fessées, beaucoup de menaces. Lorsque
le problème de l’autorité s’est posée à moi, d’abord en tant que
professionnelle, je n’ai vu que deux méthodes pour éviter une violence
qu’il n’était nullement question d’utiliser : la séduction (j’ai commencé
à travailler dans les quartiers nord de Marseille à vingt-trois ans, d’abord
dans un centre social, ensuite dans une classe, à cet âge-là cela pouvait
fonctionner) et une incroyable fermeté qui faisait que je ne lâchais rien.
Quoiqu’il m’en eût coûté cela n’était pas possible, car les précédents
créés auraient alors permis que les autres jeunes en classe ou ailleurs
Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
© Dunod | Téléchargé le 01/10/2020 sur www.cairn.info via Université Toulouse 2 (IP: 193.50.45.191)
AVEC BIENVEILLANCE ET CRÉATIVITÉ EN QUATRE
ÉTAPES SIMPLES
Les conventions : dire bonjour, merci, au revoir, s’il te plaît, est très
difficile à appréhender pour un bambin (entre 2 et 6 ans). Elles seront
intégrées par un exemple donné, bien mieux que par des injonctions
souvent blessantes et incompréhensibles.
C’est un peu ce que j’appelle passer les règles au travers du tamis du
sens.
N
© Dunod | Téléchargé le 01/10/2020 sur www.cairn.info via Université Toulouse 2 (IP: 193.50.45.191)
Un tout-petit dont les besoins de base ne sont pas comblés peut réagir
très fort complètement hors contexte, j’entends par là qu’il ne passera
pas par la case : « Je suis fatigué et j’ai faim » mais qu’il se roulera
plutôt au sol en hurlant (par exemple) en plein supermarché, ce qui
ne manquera pas de désarçonner ses parents et de leur donner un fort
sentiment d’incompétence.
Quand ses besoins ne sont pas comblés, un enfant accumule les
tensions en lui et finit par les décharger au moment où le vase déborde,
et c’est ainsi qu’il récupère des souffrances qu’il éprouve. Une fois la
Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
Devenir détective
En devenant parent nous allons porter de multiples casquettes, celle de
détective dans un premier temps. Il nous faudra beaucoup d’ingéniosité
pour savoir pourquoi notre enfant se met « dans un état pareil ». Il a
beaucoup de chagrin, il est dévasté par la rage ou la colère, nous voulons
trouver les raisons, cela est toujours utile. Mais ce qui l’est plus encore
c’est de se mettre en mode écoute, et d’accueillir sans essayer de les
rationaliser les émotions qui s’expriment. Elles effectueront une tâche
importante pour notre petit. Bien sûr lorsque nous comprenons pourquoi
notre enfant est complètement bouleversé en sortant de l’école, nous
pouvons peut-être remédier à son problème mais, en attendant, savoir
que les émotions portent en elles une partie de la solution nous évitera
de nous tromper de réponse. Et puis, parfois, il n’y a pas d’événement
à la source de la décharge émotionnelle, mais plutôt une accumulation
de tensions au cours de la journée passée loin des parents, à l’école, à la
crèche, chez l’assistante maternelle.
Le besoin d’attention
© Dunod | Téléchargé le 01/10/2020 sur www.cairn.info via Université Toulouse 2 (IP: 193.50.45.191)
© Dunod | Téléchargé le 01/10/2020 sur www.cairn.info via Université Toulouse 2 (IP: 193.50.45.191)
J’aimerais ici mettre le focus sur le besoin d’attention car les enfants
aujourd’hui en manquent parfois beaucoup. Notre mode de vie trépidant,
l’absence de soutien à la famille (même si en France notre situation reste
parmi les plus privilégiés au monde sur ce plan), fait que nous avons
souvent le sentiment de participer à une course effrénée que nous devons
absolument courir. Métro, boulot, dodo..., on a parfois l’impression de
ne jamais avoir le temps de se poser ! Une étude commandée par Ikéa
et menée sur deux mille familles britanniques a révélé que les couples
qui travaillent tous les deux passeraient seulement 36 minutes par jour à
profiter de leurs enfants, une fois les bains, la préparation des repas et les
tâches ménagères effectuées. Sur une année, cela représenterait moins
de quinze jours. Une situation qui fait souffrir les parents et les enfants.
Un enfant peut réagir très fort au manque de temps parental. Il peut aussi
combler ce besoin assez rapidement, à la condition que nous, les parents,
pensions à intégrer des moments fréquents de partage avec lui.
Une discussion en tête à tête au moment du coucher, un long câlin qui
signe les retrouvailles à la fin de la journée, des petits rituels qui mettent
de la chaleur dans le quotidien, des jeux : le matin avant de se séparer,
le soir à la place du bain, de la confection des repas qui peuvent être
réaménagés. Les contraintes de notre emploi du temps pourraient être
revues à la baisse. « Les personnes avant les choses » c’était l’une des
devises de la Leche League, association de soutien à l’allaitement où j’ai
Une nouvelle autorité sans punitions ni fessées 265
Pour résumer
Un besoin non comblé provoque chez l’enfant une réaction que nous
trouvons souvent disproportionnée, ou inappropriée, mais le simple fait
de combler le besoin va faire disparaître le comportement. Nous avons
à chercher quel est ce besoin pour essayer de le combler même si cela
s’avère plus énigmatique qu’une enquête judiciaire. C’est ainsi que nous
apprenons peu à peu à comprendre de mieux en mieux nos enfants.
Une décharge émotionnelle n’est pas un comportement inadapté mais
un processus de guérison.
Bien sûr la première chose à faire est de combler le besoin, mais
parfois cela s’avère impossible. Les conditions ne le permettant pas : un
tout-petit qui pleure parce que sa mère est partie travailler par exemple
pourra être accueilli dans son chagrin.
© Dunod | Téléchargé le 01/10/2020 sur www.cairn.info via Université Toulouse 2 (IP: 193.50.45.191)
© Dunod | Téléchargé le 01/10/2020 sur www.cairn.info via Université Toulouse 2 (IP: 193.50.45.191)
Il arrive aussi que nous n’arrivions pas à remonter à la source du
problème, un enfant qui est en rage parce que le biscuit que nous lui
donnons est cassé en deux morceaux nous déroute, et s’il est parfois
facile de comprendre que cet « événement » est une goutte d’eau, il est
moins aisé de trouver les besoins à combler.
J’ajoute que cette information sur les émotions nous sera utile tout au
long de notre vie de parent. Je ne compte plus dans la vie de mes enfants
les moments d’impuissance (conflits, hospitalisation, deuil, etc.) qui ont
été accompagnés par une écoute salutaire des émotions.
Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
Devenir interprète
© Dunod | Téléchargé le 01/10/2020 sur www.cairn.info via Université Toulouse 2 (IP: 193.50.45.191)
Nous avons en général affaire à deux catégories d’actions, il y a celles
auxquelles nous voudrions que nos enfants se prêtent (se brosser les
dents, dire bonjour, se vêtir le matin avant d’aller à l’école, participer
aux tâches d’entretien de la maison familiale, etc.) et celles que nous
refusons qu’ils mettent en œuvre (agresser les autres autour de lui, jeter
la nourriture au sol, dégrader, casser des objets qui ne lui appartiennent
pas, se mettre en danger en traversant seul, etc.)
Je voudrais ici mettre en avant trois points communs au traitement de
ces deux catégories d’actions :
© Dunod | Téléchargé le 01/10/2020 sur www.cairn.info via Université Toulouse 2 (IP: 193.50.45.191)
et pourra avec cette acceptation de lui-même, se développer en toute
sérénité.
En voici un exemple.
Vignette clinique
© Dunod | Téléchargé le 01/10/2020 sur www.cairn.info via Université Toulouse 2 (IP: 193.50.45.191)
Vignettes cliniques
1. Elliot, 3 ans, ne veut pas se brosser les dents, ses parents ont beau lui
expliquer le bien-fondé de cette habitude, rien n’y fait. Plusieurs possibilités
s’offrent à ses parents :
Anna a besoin d’attention exclusive, peut-être son papa pourrait-il faire des
sorties spéciales avec elle de temps à autre, et sa maman pourrait lui consacrer
un temps de câlin ou de jeu chaque jour.
Anna est l’aînée et pour autant elle est encore petite, elle a aussi envie que
l’on s’occupe d’elle de temps à autre comme on le fait pour le bébé.
Il n’est pas question de la punir quand elle attaque le bébé, mais plutôt
de lui manifester son désaccord clairement et de l’empêcher de passer à
© Dunod | Téléchargé le 01/10/2020 sur www.cairn.info via Université Toulouse 2 (IP: 193.50.45.191)
© Dunod | Téléchargé le 01/10/2020 sur www.cairn.info via Université Toulouse 2 (IP: 193.50.45.191)
l’acte si on la surprend en utilisant une force non violente. Il est probable
que rendue ainsi impuissante, elle fasse une crise de colère importante, une
manifestation émotionnelle à écouter.
Anna exprimera peut-être avec conviction qu’elle n’aime pas ce petit garçon,
qu’elle le déteste, qu’elle aimerait qu’il disparaisse. Écouter ses sentiments
lui apportera un soulagement, les messages « Tu aurais préféré rester notre
seul enfant ? », « Tu aimerais vraiment qu’il ne soit pas là ? » sont des
messages d’écoute qui vont aider les aînés à se rapprocher de leur plus
jeune frère ou sœur. C’est le résultat que produisent l’écoute et l’acceptation.
Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
3. Tristan (2 ans) adore jouer avec la nourriture, ce qui n’est pas facile à
supporter pour ses parents.
C’est un cas typique où l’on peut proposer à l’enfant une activité alternative.
Pour lui permettre de satisfaire cet engouement, on lui proposera par exemple
une bassine avec de la semoule, ou de la farine et de l’eau afin qu’il puisse
manipuler tout son saoul ces réjouissantes matières.
Pour la plupart des parents il est très difficile de déterminer le moment où
ils doivent poser une limite. C’est la raison pour laquelle identifier ses règles
non négociables est une idée intéressante, pour éviter de commencer une
négociation épuisante alors que la réponse sera invariablement « non ». Chez
nous les règles non négociables consistaient à ne pas frapper les êtres humains
et les animaux, ne pas dégrader nos biens ni ceux des autres. En dehors de
cela, tout était discutable.
270 P RISE EN CHARGE ET PRÉVENTION
Réparer
Une réparation est toujours possible, on peut la proposer à l’enfant
lorsque ses actions ont eu des conséquences sur des personnes, des lieux,
ou des objets. Une réparation se discute avec l’enfant concerné et n’est
en rien une punition ou une sanction.
L’enfant en est l’initiateur, c’est lui qui va déterminer ce qu’il souhaite
faire pour réparer ses actes ou ses paroles.
Pour les parents aussi la réparation s’avère bien utile. Lorsque l’on
a le sentiment de ne pas avoir comblé un besoin, d’avoir blessé son
enfant alors que l’on n’en avait nullement conscience, la réparation nous
redonne confiance en nos compétences et nous extirpe très efficacement
de la culpabilité.
© Dunod | Téléchargé le 01/10/2020 sur www.cairn.info via Université Toulouse 2 (IP: 193.50.45.191)
de discussion des parents conscients par exemple, ou en tenant un
blog comme le font certains parents avec toutes vos trouvailles dans
ce domaine, ou en vous formant pour accompagner d’autres parents.
Tout cela parce que pour nos enfants nous souhaitons le meilleur et
que nous comprenons très vite qu’ils sont l’avenir de notre monde et
qu’ils seront plus à même de répondre aux défis qui se présenteront à
eux si leur créativité et leur sensibilité ont pu se développer dans un
environnement respectueux.
Le rapport du centre d’analyse stratégique Aider les parents à être
parents datant de 2012 et édité par la Documentation française souligne
les bénéfices énormes qui pourraient être faits grâce à des programmes
de soutien destinés aux parents animés par des parents formateurs.
Pour les soutenir, il suffit de les écouter, de les comprendre, de leur
redonner confiance, de leur transmettre quelques outils... Ils seront alors
prêts à prendre le relais. Les parents sont les acteurs politiques d’un
changement en profondeur, une vague de bienveillance en marche !
© Dunod | Téléchargé le 01/10/2020 sur www.cairn.info via Université Toulouse 2 (IP: 193.50.45.191)
© Dunod | Téléchargé le 01/10/2020 sur www.cairn.info via Université Toulouse 2 (IP: 193.50.45.191)