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Introduction

Avec le pape François, une nouvelle ère commence à


bien des égards en 2013 : il est le premier successeur
de Pierre à choisir le nom de François, le grand
fondateur de l'ordre des frères mendiants, le premier
jésuite à s'asseoir sur la chaire de Pierre, le tout
premier pape latino-américain et le premier pape à ne
pas être directement impliqué dans la rédaction et la
vulgarisation des textes du Concile Vatican II. Cet état
des choses marque-t-il aussi le début d’une nouvelle
phase dans la réception du Concile ? Jusqu'à présent, il
y a eu la phase d'essor et d'enthousiasme
immédiatement après le Concile, la phase des
corrections doctrinales et des frustrations parmi le
peuple de Dieu et, depuis 1985, la phase
d'approfondissement de l'ecclésiologie du Concile avec
la notion de « communio ». Il est possible que le pape
François entame maintenant une phase qui doit
donner, pense-t-il, plus de vie au Concile grâce au
terme synodalité. Mais que signifie la synodalité ? En
bref, dans l’Église protestante, cela signifie :
participation à la direction, dans l’Église orthodoxe :
direction, et dans l’Église catholique jusqu’à présent «
seulement » conseil.

Un synode des évêques sur le thème de la synodalité a


été tenu en 2023 ( on l’a déjà relevé et il faut le redire :
nous avons ici parmi nous un digne représentant qui
peut fièrement proclamer : « Synode sur la synodalité
convoqué par le Pape François : j’y étais »)
Ce synode a été pressenti comme l’épilogue d’un long
processus synodal mondial entamé depuis près d’une
décennie aux lendemains du pontificat de François.
Avec le fort accent mis sur le thème de la synodalité
par le Pape argentin, l'idée a émergé dans la conscience
de plusieurs chrétiens que des changements structurels
spectaculaires interviendront dans la vie de l’Église.
Plus que toutes les autres Églises, l’Église de Dieu en
Allemagne attendait beaucoup plus de ce synode. Le
Chemin synodal des évêques allemands en
collaboration avec le Comité central des catholiques
allemands a montré une avance spectaculaire à nulle
autre pareille sur les questions dites de la synodalité
jusqu’à son recadrage par le magistère du même
François, bien avant la tenue du Synode. En effet, de
nombreux croyants et des bénévoles zélés engagés à
plein temps dans la pastorale ont été infectés par le
virus du changement encouragé selon eux par le pape,
et se sont organisés en de petits groupes de réforme
(Maria 2.0, Outinchurch).

Mais que veut vraiment dire le pape François en


mettant massivement l’accent sur la synodalité de
l’Église ? Veut-il changer les structures de l’Église, vers
un nouveau type de conciliarisme ou vers une forme
d’Église de base, d’Église d’en bas ? Se sent-il dans la
peau d’un « nouveau François d’assise » avec le souci
de redonner à l’Évangile sa radicalité ?
Jusqu'à présent, il existe différentes évaluations à ce
sujet. Ce travail vise donc à aller au fond de la question.

16

INTRODUCTION
La question du travail est donc : quelle compréhension
de la synodalité Le Fragranciscus et quelle
compréhension de l'Église peut-on comprendre comme
base ?

La première partie traitera en détail des déclarations


du Pape au sujet de la synodalité. Puisqu’il n’existe pas
encore de travail systématique sur ce sujet, il s’agit
essentiellement d’une analyse détaillée des
contributions pertinentes du pape François. Cela
permet de répondre à la première question sur la
compréhension de la synodalité par le pape François.
Un premier excursus dans la première partie est
consacré aux fondements bibliques du terme parrhesia,
qui est un vocabulaire fréquemment récurrent dans la
compréhension de la synodalité par le pape François.
Une deuxième digression dans la deuxième partie est
consacrée à un cas dans lequel Ratzinger est mal cité
par plusieurs auteurs, de telle sorte que sa déclaration
originale est transformée en son contraire.

Afin de catégoriser la compréhension sous-jacente de


l’Église, la deuxième partie examine un débat
jusqu’alors peu remarqué à l’approche du Concile
Vatican II. Dans le débat entre Hans Küng et Joseph
Ratzinger (1961) sur la théologie du Concile, deux
modèles ecclésiaux fondamentaux ont émergé qui, de
l'avis de certains commentateurs, ont déterminé
l'histoire de l'Église en Allemagne depuis le Concile
Vatican II : l'Église comme Concilium ou église comme
communion. Ce débat était, contrairement à par ex. B.
sur le débat entre Walter Kasper et Joseph Ratzinger,
qui n'a pas encore été traité en termes d'histoire
théologique. C'est ce qu'il faut faire ici. Elle doit être
insérée dans l’horizon temporel de l’histoire
théologique et présentée en détail. Cela permet alors
d’avoir une image claire des deux catégories pour
évaluer la compréhension de l’Église qui se cache
derrière l’accent mis par le pape François sur la
synodalité. Une question secondaire issue de la
recherche de Ratzinger trouve également une réponse
dans cette partie. Il s'agit des circonstances exactes du
début de la collaboration entre le cardinal Joseph
Frings et Joseph Ratzinger dans le cadre du Concile
Vatican II. Cela soulève également la question de savoir
ce que l'expérience,
1 Voir Wancat, The Benedikt Project, 197 et 225 ; cf.
KOCH, Le Secret du Kome Moutarde, 181 ; voir
VODERHOLZER, La signification durable du pontificat de
Benoît XVL pour les années et décennies à venir, 33 ;
Cf. WEIMANN, Transmission de la foi dans le domaine
de tension entre changement et identité, 772 ; Cf.
VODERHOLZER, Pionniers de la Commission
Théologique Internationale, 438. 2

Voir BUCKENMER, Église universelle sur place ; Cf.


MENKE, Le principe directeur de Joseph Ratzingers.

INTRODUCTION
a conduit le cardinal mondialement reconnu et presque
sage à
faire du jeune théologien fondamentaliste de Bonn son
conseiller
théologique le plus important pour cet événement
historique
ecclésial spécial du Concile œcuménique. Diverses
théories
circulent à ce sujet. Avec l'aide de sources inédites dans
les archives
de l'Institut du Pape Benoît XVI. A Ratisbonne, la
question peut
recevoir une réponse claire (excursus dans la partie II).
Dans la
troisième partie, la communion-ecclésiologie que
Joseph Ratzinger
a mise en jeu dans le débat avec Hans Küng est
examinée plus
en détail. De quel droit peut-on la favoriser et même la
considérer
comme la vision réellement catholique de l’Église et
magistralement
confirmée ? A cet effet, on examine le témoignage
de l'Écriture et de la tradition, puis on examine sa
réception
magistrale jusqu'au Concile Vatican II. La quatrième
partie est
ensuite consacrée au développement de l'ecclésiologie
de communion
chez Joseph Ratzinger, combinée à la thèse selon
laquelle le
concept de communion est le grand terme générique
pour
l'ecclésiologie de Joseph Ratzinger.
La cinquième partie résume les résultats individuels et
prépare la formulation de la thèse de ce travail.
En conclusion, la thèse du travail est formulée et
illustrée
confronté à un contre-discours. Cela inclut également
les
défis pour l’avenir ainsi que les souhaits de recherche
découlant de ces travaux.
Dans le but de relier théologie et liturgie, science et
pratique
religieuse, cet ouvrage se termine par une «
perspective spirituelle »
qui considère la fête du Corpus Christi comme une fête
liturgique.
expression d'une Église synodale. L'annexe
contient un résumé de l'essai « Sur la théologie du
Concile » de Joseph Ratzinger, qui juxtapose la version
de
1961 (Pastorale militaire) et celle de 1969 (Le nouveau
peuple
de Dieu).4 On y trouve également des fac-similés de
Brie-
3 Il est significatif ici si, par exemple, B. Heribert Schauf
a écrit dans son journal
pour le Concile Vatican II du 23 juin 1962 : « Prof.
Ratzinger (Bonn) serait le théologien
du cardinal de Cologne. - Peut-être ai-je oublié (sic !) de
dire que le
chapitre De infantibus [...] n'a pas été accepté.",
SCHAUF, Journal du Concile Vatican
II (1960-1965), 227 ; voir aussi le discours de Michel
SCHMAUS du « théologiens
adolescents» lorsqu'il parle des conseillers du conseil
Hans Küng et Joseph Rat-
Zinger, cité dans : KÜNG, Erkampfe Freiheit, 476.
4 Dans les notes éditoriales du JRGS 7, dans lesquelles
l'article est inclus, il est
dit que « là [dans la version de 1969], à quelques
endroits, il y a des réflexions
du temps après la conclusion du Concile », ce qui
obscurcit quelque
peu la révision massive de l'essai « Sur la théologie du
Concile » de 1961 pour
inclusion dans « Le nouveau peuple de Dieu »
(1969).100

sti
INTRODUCTION
fe des archives de l'Institut du Pape Benoît XVI, qui sont
particulièrement
pertinentes pour l'excursus de la deuxième partie.
Également une
lettre du pape émérite. Benoît XVI à l’auteur qui, après
l’avoir relu,
confirme l’exactitude historique des conclusions de
cette digression.5
Fe

I. La compréhension de la
synodalité par le pape François
dans le contexte du chemin
synodal allemand
1. La réception contradictoire de la compréhension de
la synodalité par le pape François en Allemagne
En 2019, le Comité central des catholiques allemands
(ZdK)
et la Conférence épiscopale allemande (DBK)
proclament
une « Voie synodale » pour l'Église en Allemagne,
destinée
à initier des processus de réforme que les partisans du
Le
chemin synodal est convaincu qu'après le scandale des
abus, qui devrait être systématiquement traité avec la
soi-
disant étude MHG¹, ils sont nécessaires pour regagner
la
confiance du peuple dans l'Église. Le Cardinal Reinhard
Marx
et Thomas Sternberg se voient renforcés dans le projet
du
pape François, qui veut promouvoir la synodalité de
l'Église
et renforcer l'indépendance des Églises locales.
« Le pape François nous appelle à devenir une Église
synodale – à parcourir
notre chemin ensemble. Le Chemin synodal de l’Église
en Allemagne,
que nous, en tant qu’évêques du Conseil épiscopal
allemand, sert cet objectif.
6 En Allemagne, la couverture publique des cas d'abus
sexuels dans l'Église a
commencé avec la lettre ouverte du recteur du Collège
Canisius de Berlin, le
père Klaus Mertes SJ, au printemps 2010, voir MERTES,
Lost Trust, 19-35, la
lettre ouverte en annexe, 207-209 ; Également en 2010,
des cas d'abus à
l'Odenwaldschule ont commencé à être découverts
après que de nombreux étudiants
ont rendu publics leurs souvenirs à l'occasion du 100e
anniversaire de l'école,
voir KEUPP et al., L'Odenwaldschule comme phare des
programmes de réforme.
Dagogik et comme lieu de violence sexualisée,
V. 7 Cf. DRESSING et al., Abus sexuels sur mineurs par
des prêtres catholiques, des diacres et
des membres masculins d'ordres religieux dans le
domaine de l'Église épiscopale allemande
conférence.
8 Président du DBK de 2014 à 2020.
9 Président du ZdK de 2015 à 2021.

1.W
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un
I. COMPRÉHENSION DU PAPE FRANÇOIS DE LA
SYNODALITÉ
Conférence et en tant que représentants des laïcs actifs
au sein du Comité
central des catholiques allemands, ils souhaitent
accompagner de nombreux
catholiques, religieux, prêtres et surtout des jeunes au
cours des deux
prochaines années. »10
Ce qui a toutefois surpris certains, c'est la lettre du
pape François
au peuple de Dieu en pèlerinage en Allemagne, datée
du 29 juin
2019. Dans cette lettre, le Saint-Père partage le « souci
pour l'avenir
de l'Église en Allemagne »11. et souhaiterait «
rechercher
« encourager une réponse franche à la situation
actuelle »12.
Reinhard Marx et Thomas Sternberg ont fait une
déclaration le jour de
la publication de la lettre dans laquelle ils ont souligné
que la lettre devait
être comprise comme un encouragement pour le
Chemin synodal et
que le Saint-Père avait exprimé son soutien à ce projet.
Ils ont déclaré
textuellement, et cette déclaration constitue
également la publication de la
lettre dans les documents publiés par le Secrétariat du
Conseil allemand
« Déclarations du » publiées par la Conférence des
évêques
Siège Apostolique" ajouté :
Lettre du pape François au peuple de Dieu en
pèlerinage
Allemagne» est un signe d'appréciation de la vie
ecclésiale de
notre pays et de tous les croyants catholiques. Nous
remercions le
Saint-Père pour ses paroles d'orientation et
d'encouragement et nous
considérons comme des évêques et des représentants
laïcs invités
à poursuivre le processus initié dans cet esprit. Le pape
François
souhaite soutenir l'Église d'Allemagne dans sa
recherche de réponses
aux questions qui nous concernent tous pour une
forme
durable de l'Église. »13
En revanche, Michael Fuchs, alors vicaire général du
diocèse de Ratisbonne, est convaincu que la lettre doit
conduire à des changements significatifs dans la forme
et
surtout dans le contenu du chemin synodal. 14 En
résumé,
Michael Fuchs écrit à la fin de sa déclaration :
«Il est certain qu'après cette lettre du Pape, il ne peut
plus y avoir de
« statu quo », ni dans le contenu ni dans la forme. En
fait, la lettre
appelle à une réécriture complète d'un tel processus,
qui devrait se
concentrer sur l'évangélisation et le renouveau spirituel
et sur les
personnes marginalisées ; un processus qui ne fabrique
ni ne s'adapte
10 MARX, STERNBERG, lettre du Cardinal Marx et du
Prof. Dr. Sternberg aux croyants
d'Allemagne le 1er décembre 2019. 11
Pape FRANÇOIS, lettre au peuple de Dieu en pèlerinage
en Allemagne, introduction.
12 Idem.
13 MARX, STERNBERG, « Encouragement sur le chemin
synodal »,
27. 14 Cf. FUCHS, Réflexions sur la lettre du Pape.

NOUS
1. RÉCEPTION CONTRADICTIVE EN ALLEMAGNE

il
œuf
6-
t
mais il compte sur Dieu, qui peut renouveler et
convertir et nous
donne la joie de l'Évangile ; et un processus qui engage
toutes les
questions avec la communauté de l'Église catholique,
dans le temps
et dans l'espace. »15
Le 31 août 2019, le pape François a reçu Mgr Rudolf
Voder-
Holzer en audience privée. 16 Le sujet de la
conversation était la critique
de Voderholzer à l'égard du chemin synodal des Églises
en Allemagne.17
Comme l'a rapporté Mgr Voderholzer dans son sermon
de fin
2019, le pape François lui avait assuré qu'il rejetait un
chemin synodal
considéré comme une approche sociologique. ou
processus politique ou
compris comme une lutte entre les partis. 18 Déjà dans
le sermon des
premières Vêpres de l'Avent, et donc au début du
Chemin synodal, Mgr
Rudolf Voderholzer parlait dans la cathédrale de
Ratisbonne du sens
de la lettre du pape François et de sa compréhension
de la synodalité :
« D'ailleurs, cette lettre
est absolument vraie. dans l'histoire de l'Église - unique
dans ce pays,
et il a même été comparé par le nonce Eterović à
l'encyclique de Pie
XI de 1937 « Avec une préoccupation brûlante ». En
guise de moyen-
Le Saint-Père nous recommande que le
L'évangélisation, la nouvelle évangélisation, le critère
directeur est mauvais.
Toutes nos consultations doivent être complétées. Je
suis moi-même né fin août
reçu par le Pape François en audience privée, et il a
également
m'a répété avec des mots emphatiques : l'essence de
l'Église est
l'évangélisation. Le chemin synodal doit être une
démarche
spirituelle, une écoute partagée de l’Évangile. Nous ne
devons en aucun
cas confondre le chemin synodal avec un processus
politique ou
sociologique, et nous ne devons certainement pas nous
laisser
guider par un public médiatique qui, pour la plupart, ne
comprend rien à la nature de l'Église. »19
Lors de la conférence de presse finale de l'Assemblée
générale de
printemps de la Conférence épiscopale allemande du
10 mars 2022,
l'unité d'étude de deux jours du DBK sur les thèmes du
Chemin
synodal est l'un des thèmes principaux. Trois ans après
la décision en
faveur du chemin synodal, deux ans et demi après la
lettre du Saint-
Père au peuple de Dieu en pèlerinage en Allemagne et
deux ans
après la première assemblée synodale (30 janvier au
1er février 2020).
15 FUCHS, réflexions sur la lettre du Pape.
16 Cf. SALA STAMPA DELLA SANTA SEDE, Bollettino.
17 Cf. DISTRICT DE REGENSBOURG (éd.), le pape
François reçoit Mgr Rodolphe en audience
privée.
comme capitulaire de la cathédrale de Ratisbonne le 30
novembre 2019 3.
18 VODERHOLZER, sermon fin 2019 dans la cathédrale
de Ratisbonne. 19
VODERHOLZER,
sermon pour les Vêpres de l'Avent avec investiture du
Professeur Dr. Joseph Kreiml

boom

e
I. COMPRÉHENSION DU PAPE FRANÇOIS DE LA
SYNODALITÉ
Pour la première fois, Mgr Bätzing, les évêques ont
maintenu un
échange théologique intensif entre eux et sur la base
de « leur
propre expertise théologique », c'est-à-dire sans
intervenants extérieurs,
et « chacun a dit à la fin de ces jours qu'il était temps
dépensé,
tout [...]."20
Après cette longue période de pratique de la synodalité
et
d'échanges théologiques intensifs à ce sujet, la
conférence épiscopale
devrait avoir une idée claire de ce que signifie la
synodalité.
Au sujet de « L'engagement de l'évêque envers les
organes
diocésains », où il s'agit d'un évêque qui cède
légalement son
pouvoir de décision sur un certain point à un organisme
diocésain,
Mgr Bätzing explique ce que le pape François entend
par son
point de vue. vue par synodalité. Il dit littéralement :
« Oui, il y avait aussi les pièges de l'engagement
personnel : 'Qu'en est-il
de l'autorité apostolique d'un évêque, peut-on
simplement la dissoudre
formellement [...] ?'. Un évêque a dit : « Le dernier mot
avec l'évêque,
mais pas l'avant-dernier mot », c'est ce que disent les
autres. Cela
correspond-il encore à la logique d’une Église
synodale ? C'est en fait le
sujet. Nous ne travaillons pas en vase clos, mais
voulons prendre au
sérieux et traduire en actions concrètes ce que le Pape
nous envoie sur le
chemin qui mène à : devenir une Église synodale. »21
Selon cette brève déclaration lors de la conférence de
presse, pour
Mgr Bätzing, la synodalité signifie essentiellement une
réduction
de l'autorité apostolique de l'évêque en transférant les
pouvoirs
de décision finale aux organes synodaux, donc cela
fonctionne
essentiellement sur la participation à la gestion.
Le soupçon selon lequel il pourrait s'agir d'une
interprétation
erronée de la conception de la synodalité du pape
François par le
président de la Conférence épiscopale allemande surgit
lorsque l'on se
souvient de ce que le pape François a dit dans le
discours tant cité.
à l'occasion du 50e anniversaire de la création du
Synode romain
des évêques en ce qui concerne la relation entre
synodalité et
fonction hiérarchique. Faisant référence à la relation
entre le Pape et le
Synode des Évêques, qui peut être transférée par
analogie à l'évêque
et à ses organes consultatifs dans les diocèses, il dit :
« Et enfin, le chemin synodal culmine dans l'écoute de
l'Évêque de
Rome, appelé à être « pasteur et maître de tous les
chrétiens »
[en référence à : Concile Vatican I, Dogme. Const.
Pastor aeternus du 18
juillet 1870, chap. IV : Denz. 3074 ; voir aussi Codex
Iuris Canonici, Can. 749,
20 BATZING, conférence de presse finale de
l'assemblée générale de printemps de la Conférence
épiscopale allemande, le 10 mars 2022.
21 Idem.

1-

1. RÉCEPTION CONTRADICTIVE EN ALLEMAGNE

§ 1] pour parler [...]. Le fait que le Synode agisse


toujours cum
Petro et sub Petro - c'est-à-dire non seulement cum
Petro, mais
aussi sub Petro - n'est pas une limitation de la liberté,
mais
une garantie d'unité. [...] Ceci est lié au concept de
communauté hiérarchique appliqué par le Concile
Vatican II :
les évêques sont liés à l'évêque de Rome par le lien de
la
communauté épiscopale (cum Petro) et sont en même
temps lui en
tant que chef du collège hiérarchiquement subordonné
(sub
Petro). [en référence à : Concile Vatican II, Dogm.
Const. Lumen gentium,
22 ; Décret Christus Dominus du 28 octobre 1965, 4]"22
Sur la base des Conciles Vatican I et II, le Saint-Père
enseigne dans ce discours que la synodalité ne remet ni
ne restreint la constitution hiérarchique de l'Église.
L'autorité
apostolique du collège des évêques et du pape
reste structurellement épargnée par la synodalité.
Directement après la déclaration sur la structure
hiérarchique
de l'Église, qui ne devrait pas être abolie par la
synodalité, le pape
François utilise la citation de Chrysostome « Église et
synode
sont synonymes », qui en Allemagne est un appel à des
réformes structurelles, notamment en ce qui concerne
le leadership
et la participation est comprise.23 Ici aussi, on
soupçonne que le
pape François est mal interprété.
Si les critiques et les partisans de la voie synodale se
sentent encouragés par la lettre du Pape, elle suggère
que différentes compréhensions circulent concernant
la synodalité exigée par le Pape. Et si, après deux ans
et demi de mise en œuvre du Chemin synodal en
Allemagne, on soupçonne toujours qu'il existe un
malentendu
entre le Saint-Père et les évêques d'Allemagne, il
convient d'examiner de plus près la compréhension
du pape François. de la synodalité.
Alors que veut dire le Pape François lorsqu’il veut
promouvoir la synodalité de l’Église et est même
convaincu que
c’est ce que Dieu attend de l’Église du troisième
millénaire ?24
22 Pape FRANÇOIS, discours à l'occasion du 50e
anniversaire de la création de la Bi-
Synode des évêques du 17 octobre 2015, souligné dans
l'original.
23 Cf. la conférence spécialisée de l'Académie
catholique "Die Wolfsburg" en coopération
avec la Conférence épiscopale allemande et le Comité
central des catholiques allemands
(ZdK) du 1er au 2 septembre 2016, au cours de laquelle
Mgr Franz-Josef Overbeck
est intervenu dans un résumé discursif » a exigé que
l'Église « cherche des moyens
de réunir la participation et le leadership dans l'Église
» : CONFÉRENCE DES ÉVÊQUES
ALLEMANDE (éd.), communiqué de presse n° 158 du 2
septembre
2016. 24 Cf. Pape FRANÇOIS , discours à l'occasion du
50e anniversaire de l'établissement du
Synode des évêques, le 17 octobre 2015.
I. LES SYNODALI
2. Analyse de
la compréhension
de la synodalité par le
Pape à partir de ses discours et de ses écrits
de pé
Vie
C

François
De nombreux commentateurs et théologiens qualifient
de programmatique
le discours que le cardinal Jorge Mario Bergoglio a
prononcé
devant les cardinaux assemblés avant le conclave dont
il est
sorti comme pape le 13 mars 2013. 25 Quelques jours
après l'élection,
l'archevêque de La Havane, le cardinal Aimé Ortega,
s'est
interrogé sur le discours,
après quoi Alanie lui a remis un résumé manuscrit. Dizis
kus,
le scénario a ensuite été publié par le cardinal Ortega
avec la
permission de Mast Francis dans sa revue diocésaine
"Palabra Nueva".
Le discours est décrit par de nombreux observateurs
comme décisif
pour l'élection.27 Il y a une continuité de contenu entre
le discours
de Bergoglio et le discours du pape Benoît XVI au
Konzerthaus
de Fribourg, dans lequel il a appelé à une
"désécularisation" de
l'Église. Tous deux s’intéressent au retour de l’Église au
cœur du
message chrétien. 28 Il est également comparé au
sermon de Joseph
Ratzinger, qu'il a prononcé en tant que doyen du
Collège des
cardinaux lors de la messe pour l'élection papale le 18
avril 2005 dans la
basilique Saint-Pierre de Rome. Hanns-Gregor Nissing
arrive
à l'analyse du pontificat de Benoît XVI. à la conclusion :
«Ce programme qui se déroule progressivement est
déjà
contenu, comme dans un germe, dans le sermon que
Joseph
Ratzinger a prononcé en tant que doyen des cardinaux
devant le
conclave d'où il est lui-même sorti comme nouveau
pape. Il y
inventa le mot « dictature du relativisme », qui est
depuis devenu
un exemple de sa critique contemporaine et culturelle
[...], pour
y répondre par une citation des Éphésiens (3 : 14).
l'amour'"29
25 Le rédacteur en chef de l'Agence de presse
catholique (KNA), Ludwig Ring-
Eifel, parle d'un discours avec « une analyse claire et
[...] un appel à des réformes
radicales », qui représente une sorte de programme du
pape François.
Pontificat : RING-EIFEL, Contre une église sécularisée,
5 ; Franz Gruber le décrit
comme un « leitmotiv », façonné par « l'image
pastorale et ecclésiologique » du
Pape : GRUBER, « Un renouveau ecclésiastique urgent
»,
185. 26 « L'Église est appelée à sortir d'elle-même.
Discours de Jorge Mario
Cardinal Bergoglio aux cardinaux avant le conclave,
traduit par KNA, dans : Pape
FRANÇOIS, « Et maintenant nous commençons ce
chemin »,
122-124. 27 Cf. GELMI, Pape François - une
révolution 12.432, qui parle même
de la haute cour de la vieillesse plus
En tant que papa, le cardinal Bergoglio n'a pas vraiment
d'esclave à cause de son
grand âge.
renouveau ecclésiastique reportable", 182.
Benedikt grote, 1; cf. OHIY, MEIERS (éd.),
Désécularisation. 29
NISSING, "Qu'est-ce que la vérité, 11.

2. ANALYSE DE LA COMPRÉHENSION DU PAPE


FRANÇOIS SUR LA SYNODALITÉ
Le discours du cardinal Bergoglio lors du pré-conclave
aurait également un programme similaire pour son
pontificat. Qu'a-
t-il dit dans ce discours ?
Son point de départ est l'évangélisation. Selon lui, c'est
la
raison d'être de l'Église. Le Christ lui-même exhorte
l'Église à
annoncer l'Évangile aux nations et ainsi à évangéliser.
Pour
ce faire, dit Bergoglio dans un premier point, l'Église a
besoin
d'un « zèle apostolique »30, pour lequel il utilise le mot
parrhesia, qui doit l'aider à sortir d'elle-même et à se
tourner vers
le monde géographique et surtout humain-existentiel.
Les
bords disparaissent. Dans un deuxième point, il aborde
l'égocentrisme de l'Église. Comme la femme tordue de
l'Évangile,
31 elle est la cause de nombreux maux. Le «
narcissisme
théologique »,32, comme il appelle aussi
l'égocentrisme, conduit
à dire que l'Église empêche Jésus de venir aux gens
parce
qu'elle le revendique entièrement pour elle-même.
Dans un
troisième point, il utilise un mot de De Lubac, «
sophistication
spirituelle », pour opposer l'Église proclamatrice qui
sort
d'elle-même à une Église qui se préoccupe d'elle-
même,
qui vit en elle-même, par elle-même et pour elle-même
"33,
et exige que les réformes au sein de l’Église soient
évaluées
selon qu’elles servent ou non au salut des hommes.
Dans
la traduction KNA, qui figurait dans l'édition Herder des
premiers messages du pontificat, manque le point 4
des notes
manuscrites, dans lesquelles Bergoglio aborde les
exigences
du futur pape. Cela doit aider l'Église à assumer son
rôle maternel à partir de la contemplation de Jésus-
Christ et du
culte de Jésus-Christ »34. Elle doit devenir une mère
féconde
« qui vit de la joie douce et réconfortante de l'annonce.
»35

30 "L'Église est appelée à sortir d'elle-même". Discours


du cardinal Jorge
Mario Bergoglio aux cardinaux avant le conclave,
traduit par KNA, dans : Pape
FRANÇOIS, "Et maintenant nous commençons ce
chemin", 122. 31 C'est évidemment sur la guérison
d'une femme
le jour du sabbat dans
Lc
13, 10-17. 32 "L'Église est appelée à sortir d'elle-même.
" Discours du cardinal Jorge
Mario Bergoglio aux cardinaux avant le conclave,
traduit par KNA, dans : Pape
FRANÇOIS, " Et maintenant nous commencez ainsi",
123.
33 Idem, p. 124.
34 Discours du Cardinal Jorge Mario BERGOGLIO,
Archevêque de Buenos Aires, au pré-conclave,
dans : SECRÉTARIAT GÉNÉRAL DE LA CONFÉRENCE DES
ÉVÊQUES D'AUTRICHE (éd.), Changement
de Pontificat 2013, 41 ; Dans une compilation
légèrement différente, mais avec le même
contenu, le discours se trouve dans : HESEMANN, Pape
François, 26 s.
35 Discours du Cardinal Jorge Mario BERGOGLIO,
Archevêque de Buenos Aires, au pré-
conclave, dans : SECRÉTARIAT GÉNÉRAL DE LA
CONFÉRENCE DES ÉVÊQUES D'AUTRICHE (éd.),
Changement
de Pontificat 2013, 41.
1. COMPRÉHENSION DU PAPE FRANÇOIS DE LA
SYNODALITÉ

Il fait évidemment référence à l'Exhortation


Apostolique
Evangelii nuntiandi du 8 décembre 1975 par le pape
Paul VI, le
première lettre pédagogique par laquelle un pape
transmet les impulsions du système épiscopal
nœud ramassé. Dans la traduction officielle allemande,
il est dit au
n° 80 : « [...] la joie intime et réconfortante de
l'annonce de
l'Évangile [...]. »36 L'image
de l'Église qui écoute avec révérence la parole de Dieu
et le
proclame fidèlement et en même temps se dépasse,
est l'esquisse
d'une Église synodale qu'il revendiquera dans le futur.
Ci-dessous, les encycliques, les exhortations
apostoliques, les
exhortations apostoliques post-synodales, les lettres,
les discours, les sermons
et les catéchèses des audiences générales du pape
François depuis
son élection comme successeur de Pierre jusqu'en mai
2022 ainsi
que sa publication de livre « Osez rêver ! » sont
présentés ci-dessous.
Nous avons discuté de la compréhension de la
synodalité. Puisqu'un
tel aperçu n'est pas encore disponible, l'analyse est
d'abord présentée
ici sous une forme détaillée, triée par ordre
chronologique, apparaissant
parfois peut-être redondante. Dans un deuxième
temps, une
synthèse évaluera systématiquement cela. Les
chapitres sont chacun est
intitulé avec des déclarations ou des sujets qui revêtent
une
importance particulière dans l'année respective parce
qu'ils sont abordés
pour la première fois ou parce qu'ils occupent plus de
place.
Excursion : Parrhesia
Un terme central dans la compréhension de la
synodalité par le
pape François est la parrhesia. Déjà pendant son
mandat
d'archevêque de Buenos Aires, ce terme était pour lui
une
préoccupation centrale pour caractériser un
prédicateur éminent de
l'Évangile.38 Il l'a utilisé dans son discours au conclave
en mars
2013, dans son exhortation apostolique Evangelii
Gaudium du
n° 1. 24 - novembre 2013, dans le discours de
bienvenue aux
Pères synodaux réunis pour le troisième Synode
extraordinaire
des évêques en octobre 2014, dans son salut au
Consistoire
des Cardinaux en février 2015, dans son discours
d'ouverture à

36 PAUL VI, Exhortation apostolique Evangelii nuntiandi


; WALDENFELS, Nouvelle évangélisation
sous le pape François, 404, déclare également que dans
sa première monographie,
BERGOGLIO / Pape FRANCIS, Esprit ouvert et cœur
fidèle, le pape François cite Evangelii
nuntiandi le plus fréquemment de toutes les lettres
papales. 37 Les
sermons de la première messe à la maison d'hôtes du
Vatican « Domus Sanctae Marthae »
décrits sur la page d'accueil du Vatican comme des «
méditations quotidiennes »
ne sont pas pris en compte.
38 Cf. BERGOGLIO, Nous avons besoin d'un dialogue
franc et patient, 53-61.

2. ANALYSE DE LA COMPRÉHENSION DU PAPE


FRANÇOIS SUR LA SYNODALITÉ
Synode des évêques en octobre 2015, dans son
exhortation apostolique
Gaudete et exsultate du 19 mars 2018 et à de
nombreuses autres
occasions, comme par exemple. B. Visites ad limina aux
conférences
épiscopales et discours à divers groupes au cours des
années suivantes.
Il est intéressant de noter qu’il n’utilise pas ce terme
dans le discours
prononcé à l’occasion du 50e anniversaire du Synode
des
évêques, qui est considéré par beaucoup comme un
résumé de sa
compréhension de la synodalité39, ni les mots «
franchise » et « dialogue ».
Ici, il se concentre moins sur la parole que sur l’écoute.
Pour mieux comprendre ce terme, il est nécessaire
d’examiner
de plus près son utilisation dans les Écritures. Dans son
article dans
le Dictionnaire théologique du Nouveau Testament 49,
Heinrich
Schlier développe les dimensions d'utilisation et de
signification du
terme parrhesia depuis sa première utilisation dans la
démocratie attique
au 5ème siècle avant JC jusqu'à la littérature de l'Église
primitive.
L'usage du Nouveau Testament est particulièrement
intéressant
pour la compréhension de la synodalité ecclésiale, car il
présuppose
le concept de l'Ancien Testament, est compris à la
lumière de
l'événement christique et a un caractère normatif pour
la proclamation
de l'Église.
La signification fondamentale de la parrhesia pour les
Grecs
est le droit d'un citoyen à part entière (contrairement
aux esclaves,
aux femmes et aux autres résidents sans statut de
citoyen)
de la polis grecque au sein de l'ekklesia, c'est-à-dire
l'assemblée
populaire, de « tout dire » (pan - rhesia). La parrhesia
du locuteur,
son ouverture et sa franchise, exprime qu'il sait
s'affirmer face
à la résistance. Même dans la sphère privée, la
parrhesia
signifie principalement la franchise dans la parole.41 Le
terme est
rarement utilisé dans l'Ancien Testament grec. Au-delà
des
dimensions de sens du terme hellénistique, parrhesia
acquiert ici une
signification divine. Dieu est l'auteur de la parrhesia du
peuple, la
parrhesia appartient à la Sophie divine elle-même, et le
croyant
est capable d'exprimer la parrhesia aussi envers Dieu
réalise ce
qui présuppose sa position dans la justice, c'est-à-dire
l'accomplissement de la loi. Parrhesia envers Dieu
signifie un libre
accès à Lui, et cela se réalise dans la prière (cf. Emploi).
Si du parrhe
39 Cf. GRECH, lettre à tous les évêques sur l'envoi du
document préparatoire à l'assemblée
générale du Synode des évêques d'octobre 2023 du 20
mai 2021, dans laquelle il
souligne que le Saint-Père lui-même avait souhaité « ce
texte de base de le synode
40
dal way". SCHLIER, Art.
παρρησία, παρρησάζομαι, 869-884. 41
Cf. ibid., 870 s.

Puisque Dieu lui-même est la parole, le moment de la


révélation
et le moment de la parole, de la parole, s'expriment en
même
temps.42
I. COMPRÉHENSION DU PAPE FRANÇOIS DE LA
SYNODALITÉ
Le nom apparaît 31 fois dans le Nouveau Testament
(une
fois dans l'Évangile de Marc, 13 fois dans l'Évangile de
Jean
et la Première Lettre de Jean, huit fois dans Paul, cinq
fois
dans les Actes, quatre fois dans Hébreux). Le verbe
dérivé ils-
apparaît deux fois dans le livre des Actes et deux fois
dans
Paul. Dans l’ensemble, le terme a un caractère
clairement christologique
et pneumatologique. Dans l'Évangile de Jean (ainsi que
dans
l'Évangile de Marc), la parrêsia est un attribut de Jésus.
Il parle
ouvertement dans le monde, ne proclame aucune
doctrine secrète, mais
sa parole ouverte reste cachée à ceux qui ne croient
pas en lui
car elle a le caractère d'une référence à la vie au-delà,
spécialement au
Père. Jésus œuvre publiquement, mais n'est pas encore
révélé. Sa
« révélation » ne se produit que lorsqu'il est exalté par
le Père et que
le Saint-Esprit conduit ses disciples dans toute la vérité
(Jean
16 : 13). Il devient alors évident à quoi indiquaient ses
signes et ses
prodiges. La Première Lettre de Jean parle de la
parrhesia de l'homme
et signifie ainsi son ouverture à Dieu et son droit de
dire n'importe
quoi à Dieu (prière). L’ouverture à Dieu, qui se traduit
eschatologiquement par un libre accès à Dieu, requiert
une bonne
conscience. Ceux qui croient en Christ par le Saint-
Esprit et gardent ses
commandements ont une bonne conscience. 43 Les
opposés de la
parrhesia sont la honte et la peur.
Dans les Actes des Apôtres, la parrhesia est avant tout
une
caractéristique ou une activité des apôtres et est
utilisée presque
comme synonyme de « sermon ». Elle inclut
essentiellement la
confession du Christ et est habilitée par le Seigneur à
travers des signes
et des prodiges. Elle a lieu dans le Saint-Esprit et est
donc un
charisme des apôtres.44 Le terme parrhesia est utilisé
de la même
manière dans les lettres de Paul. Un facteur encore plus
important
ici est, outre l'ouverture à Dieu, aussi l'ouverture aux
personnes qui lui sont confiées. Paul inclut parrhesia
aussi une
affection pour les croyants basée sur la foi en Christ.
La lettre aux Hébreux apporte une autre composante à
la
concept tamental de parrhesia. Il y apparaît comme
une caractéristique
du chrétien, comme une manière de réaliser son état
de foi,

42 Cf. ibid., 872-875.


43 Cf. PETERSON, Sur l'histoire du sens de la Parrhesía,
358.
44 Cf. SCHNEIDER, Les Actes des Apôtres, 348 s. et 360.

2. ANALYSE DE LA COMPRÉHENSION DU PAPE


FRANÇOIS SUR LA SYNODALITÉ
qui repose sur le sacrifice de Jésus et présuppose la
purification et
le baptême, et qui lui donne confiance et ouverture
dans la parole
et la prière.45 Dans l'Église primitive, la parrhesia est
principalement
attribuée au martyr. Peterson résume son analyse
comme suit
ensemble:
« Le martyr a une double parrêsia : une sur terre et une
au
ciel. Sur terre, il manifeste sa parrêsia contre les
autorités hostiles
à la foi. [...] Mais après sa mort, il a la parrhesia avec
Dieu, car
il est déjà au paradis et peut maintenant tout lui
demander en
tant qu'ami de Dieu. Le martyr fait cela aussi ; Il prie
pour
les vivants et ainsi le mot parrhesía devient un concept
central
dans l'Église grecque dans l'enseignement de
l'intercession
des martyrs, puis des saints en général. »46
Pour preuve, Peterson cite des déclarations
exemplaires de Jean
Chrysostome, qui était lui-même connu pour sa culture
de la
parrhesia, dans le sens d'une apparence intrépide
envers les
autorités. 47 En
résumé, on peut dire que la parrhesia dans le Nouveau
Testament
Le tament est d’abord une caractéristique de Jésus. Il
peut parler à
Parrhesia car il est le logos. Les apôtres reçoivent part à
la parrêsia de
Jésus dans le Saint-Esprit dans la mesure où ils le
confessent. Par l'annonce
et les sacrements, tous les croyants reçoivent
également une
part s'ils s'accrochent à la foi au Christ et à l'observance
de ses
commandements, ce qui était considéré comme acquis
dans l'Église primitive
pour les martyrs.
2.1 Déclarations du pape François sur la synodalité de
l'Église
2.1.1 ... en 2013 : Synodalité et œcuménisme
Il y a un échange régulier de délégations de haut niveau
entre l'Église catholique romaine et le Patriarcat
œcuménique
de Constantinople à l'occasion des fêtes patronales
commémorant les apôtres Pierre et Paul à Rome et
l'apôtre
André à Istanbul. Le 28 juin 2013, le pape François a
prononcé
un discours à l'occasion de la visite de la délégation
orthodoxe dans lequel il a également évoqué la
synodalité.
Le Pape y rappelle l'importance de la relation entre
45 Cf. SCHLIER, Art. voir aussi WEISS, Départ et
probation, 106.
47
Voir note 58 ci-dessous.
D
46 PETERSON, Sur l'histoire de la signification de
Parrhesía, 359.

I. COMPRÉHENSION DU PAPE FRANÇOIS DE LA


SYNODALITÉ
Synodalité et primauté pour les relations œcuméniques
entre
les Églises occidentales et orientales. La Commission
mixte pour
le dialogue théologique (dirigée par le cardinal Kurt
Koch et le
métropolite Ioannis Zizioulas) étudie le sujet en vue de
publier un
texte commun. Le Saint-Père explique que son équipe
consultative
composée de huit cardinaux promeut la synodalité
dans l'Église
catholique. Il veut dire par là que les différents
épiscopats du
monde peuvent s’exprimer dans la direction de
l’Église.48
Dans le sermon de la solennité de Pierre et Paul du 29
juin 2013
il parle de la mission de Jésus à Pierre de fortifier ses
frères (cf.
Lc 22, 32). François relie le renforcement à la foi, à
l'amour et à
l'unité. La synodalité représente un moyen important
de
renforcer l'unité. Ici, il parle seulement du Synode des
Évêques et de
son intégration dans la constitution hiérarchique de
l'Église enseignée
par le Concile Vatican II (en référence aux LG 18, 19,
22). le
Synode des Évêques en harmonie avec la primauté.
Nous devons suivre
ce chemin de synodalité, nous devons grandir en
harmonie
avec le service de la primauté. »49 Lors de
la rencontre avec les représentants du clergé, les
personnes
consacrées et les membres des conseils pastoraux du 4
octobre 2013
Le pape François s'exprime à l'occasion de sa visite
pastorale à Assise
sur le synode diocésain comme outil de gouvernance
d'une église
locale. Il est important que ce que le Saint-Esprit dit aux
laïcs
soit également entendu. Ils devraient reprendre
conscience de
leur grâce baptismale. Dans un synode diocésain, ce
que signifie
avancer ensemble en tant que peuple de Dieu est
particulièrement
visible. La parole de Dieu est ici d’une importance
centrale.
Parce que l'Église est « la communauté à l'écoute du
Seigneur
pleine de foi et d'amour ».50 L'évêque a la tâche de
maintenir
l'unité. Il est frappant qu'en plus de la synodalité, le
service de
Les évêques sont très mis en
avant.51 Étonnamment, le terme « synodalité »
n'apparaît qu'une
seule fois dans l'exhortation apostolique Evangelii
Gaudium, la
première grande déclaration du Pape. Dans le chapitre
sur le
dialogue œcuménique, le Saint-Père souligne ce que les
catholiques

48 Pape FRANÇOIS, discours à une délégation du


Patriarcat œcuménique de Constantinople
le 28 juin 2013, voir aussi le discours du 27 juin 2015.
49 Pape FRANÇOIS,
sermon à l'occasion de la remise de la pallia aux
nouveaux archevêques métropolitains
le 29 juin 2013 dans la Basilique Saint-Pierre. 50
Pape FRANÇOIS, Discours à la rencontre avec les
représentants du clergé, les personnes
consacrées et les membres des conseils pastoraux
éternels. octobre 2013 dans le
Cathédrale de San Rufino à
Assise. 51 Le Saint-Père parle six fois de « l’évêque » et
cinq fois du « synode ».
2. ANALYSE DE LA COMPRÉHENSION DU PAPE
FRANÇOIS SUR LA SYNODALITÉ

L’Église peut apprendre de ses différents


interlocuteurs. Elle
pourrait apprendre quelque chose des Églises
orientales sur le
sens de la collégialité épiscopale et sur l'expérience de
la
synodalité.52 En substance, la synodalité se retrouve
également dans
les déclarations sur le dialogue interreligieux, où le
Saint-
Père souligne que le dialogue doit avoir lieu de manière
attitude
d'ouverture dans la vérité et l'amour. 53 Dans les
remarques
sur le sermon, le Saint-Père aborde également des
éléments de la
synodalité (entendre, écouter, la parole de Dieu, le
langage du
peuple, les soucis quotidiens, l'échange dans l'Esprit
Saint),
sans les relier ici explicitement au terme apporte. Cela
poserait la
question d’une éventuelle « évolution » de sa
proclamation,
qui ne peut être approfondie ici.
2.1.2... en 2014 : Un synode n'est pas un parlement
Dans son discours à l'Assemblée générale de la
Conférence épiscopale
italienne du 19 mai 2014, François a déclaré que
l'Assemblée générale
de la Conférence épiscopale italienne était aussi une
expérience
de synodalité. Il est évidemment principalement
concerné par la
prise de décision communautaire et les échanges entre
eux en tant
que formes de synodalité. La synodalité est comprise
comme une
forme d'interaction entre les évêques, l'ouverture à
l'œuvre du Saint-
Esprit étant décrite comme particulièrement
importante. La
participation des laïcs ne joue ici aucun rôle.54
Le 5 octobre 2014, le pape François a inauguré la III.
Assemblée
générale extraordinaire du Synode des Évêques dans la
Basilique Saint-Pierre. Elle se réunira du 5 au 19
octobre 2014 pour
discuter des défis pastoraux de la famille dans le
contexte de
l'évangélisation. Dans son sermon, il présente le synode
comme
une coopération dans la vigne du Seigneur. L'Église a
l'appel à
participer au plan de Dieu visant à créer un peuple
saint. Pour y
parvenir, elle doit se laisser guider par le Saint-Esprit.
Cela
protège contre l’avidité ou l’hypocrisie de mettre ses
propres intérêts
au premier plan et permet en retour de travailler
généreusement
dans une vraie liberté et une humble créativité. »55

52 Cf. Pape FRANÇOIS, Exhortation apostolique «


Evangelii Gaudium », n° 246.
53 Voir ibid., n° 250 s.
54 Cf.
Pape FRANÇOIS, discours à la 66ème Assemblée
générale de la Conférence
épiscopale italienne dans la salle du Synode le 19 mai
2014.
55 Pape FRANÇOIS, sermon d'ouverture du III.
Assemblée générale extraordinaire du Synode
des Évêques le 5 octobre 2014 dans la Basilique Saint-
Pierre.

I. COMPRÉHENSION DU PAPE FRANÇOIS DE LA


SYNODALITÉ
Le 6 octobre 2014, le pape François accueille les Pères
synodaux
du Synode extraordinaire des évêques au Vatican. A
sa demande, le Synode des Évêques dispose d'un plan
de travail
spécial sur la famille. Cela fonctionne en deux étapes.
La
première étape est l'assemblée extraordinaire de 2014,
qui vise à
saisir le statut des questions et à recueillir les
suggestions des évêques
sur la manière dont l'Évangile peut être annoncé et
vécu de
manière crédible pour la famille. La deuxième étape
consiste
en l'Assemblée ordinaire du Synode des évêques en
2015. Celle-ci
est chargée d'adopter des lignes directrices concrètes
pour la
pastorale. 56 Le public interprète cette approche, qui
implique une
enquête auprès de l’ensemble de la population
ecclésiale sur les
questions du synode, comme une innovation du pape
François.
La possibilité pour tous les croyants de remplir un
questionnaire
est considérée comme un signal clair de l'importance
que le pape François veut accorder à la synodalité et
donc à la
voix du peuple. 57 Dans son salut aux Pères synodaux,
le Saint-Père
affirme que l'esprit de « synodalité » doit également se
refléter
dans l'élection des diverses charges. C'est pourquoi il a
renoncé
à son droit de nommer les « présidents délégués » et a
accepté
la proposition de le Conseil post-synodal a adopté. Il
cite la
conversation ouverte comme condition fondamentale
de la
synodalité. Chacun est autorisé à exprimer ce qu’il se
sent obligé
de faire dans le Seigneur. Franchise dans la parole -
humilité
dans l'écoute. Ici François utilise à nouveau le terme
parrhesia58 (cf.
Marc 8,32 ; Jean 7,4 ; Actes 2,29 etc.), qu'il avait déjà
utilisé dans
le discours au conclave qui l'a élu pape. La présence du
Pape
et donc le principe cum et sub Petro est dans le Synode
des Évêques
« garantie pour tous et garantie de la foi » 59
Il aborde la signification particulière de la primauté
dans
son discours plus détaillé à la fin du III. Assemblée
générale
du Synode extraordinaire des évêques du 18 octobre
2014.
Tout d'abord, en repensant à l'assemblée, il parle des
tentations
auxquelles ont dû faire face les participants au synode.

56 Cf. SYNODE DES ÉVÊQUES (éd.), document


préparatoire du III. Synode extraordinaire
des évêques.
57 Cf. HAHN, Magistère et sens de la foi, 184 et s.
58 Sur le terme Parrhesia, voir l'excursus Parrhesia sous
1.2. Jean Chrysostome, qui disait
que l'Église et le synode étaient synonymes, était
connu pour avoir cultivé la parthésie ;
c'était un de ses traits de caractère qui était connu
pour montrer qu'il n'avait pas
peur de censurer les puissants, comme il le faisait selon
son Les croyances
chrétiennes se manifestent en paroles et en actes, voir
HÜBNER, introduction, 58 et
suiv. 59 Pape FRANÇOIS, discours pour la terre
d'octobre 2014.

2. ANALYSE DE LA COMPRÉHENSION DU PAPE


FRANÇOIS SUR LA SYNODALITÉ

eu : Premièrement, la tentation d'une rigidité hostile :


Elle conduit au fait que vous ne pouvez plus être surpris
par Dieu parce que vous vous enfermez dans ce qui est
écrit, par exemple dans la loi, et n'acceptez rien
d'autre. Deuxièmement, la tentation d'une attitude
bienveillante destructrice : elle conduit à ce que les
problèmes ne soient pas combattus en découvrant les
causes, mais simplement en les dissimulant et en
prétendant que le problème n'existe pas. Le concept de
miséricorde est alors utilisé à mauvais escient à cette
fin. Troisièmement, la tentation de transformer des
pierres en pain pour mettre fin à un jeûne long, difficile
et douloureux (Luc 4 : 1-4) ou, à l’inverse, de
transformer du pain en pierres pour les jeter sur les
pécheurs et leur imposer des fardeaux.
Quatrièmement, la tentation de descendre de la croix :
par là, le Saint-Père oppose l'obéissance à Dieu à
l'écoute de « l'esprit de mondanité » (italien « spirito
mondano »). Cinquièmement, la tentation de négliger
le depositum fidei. Le Saint-Père pense ici à une
attitude qui montre les acteurs non pas comme des «
gardiens » mais comme des « maîtres » du dépôt de la
foi. Ou d’un autre côté, ne pas percevoir suffisamment
la réalité et utiliser un langage qui n’a que peu ou rien à
voir avec la réalité.
Faisant indirectement écho à certains commentateurs
du synode, le Saint-Père explique clairement ce qu'il
imagine être une Église synodale. Il ne s’agit pas d’un
groupe divisé dans lequel une partie lutte contre
l’autre. Ce combat serait une indication que l’existence
ou la puissance du Saint-Esprit serait mise en doute. Au
contraire, les différents charismes au sein de l’Église
devraient s’exprimer collectivement afin de pénétrer
ensemble plus profondément dans l’essence de
l’Évangile, guidés par l’Esprit Saint. Cela vous donne la
force de suivre Jésus dans votre propre vie. Cette
expression communautaire doit avoir lieu dans le calme
et la tranquillité, cum et sub Petro. Le sensus fidei est le
don du Saint-Esprit qui rend possible cet échange
communautaire.

François conclut ensuite par une brève exposition de


l'autorité de la fonction papale en tant que ministère le
plus élevé, basée sur les pensées du pape Benoît XVI. à.
Il cite un extrait plus long du discours prononcé à
l'audience générale du 26 mai 2010, dans lequel Benoît
XVI. il est clair que l'exercice du pouvoir dans l'Église
doit toujours avoir un caractère de service. Il clarifie les
déclarations doctrinales pertinentes du Concile Vatican
II dans le décret sacerdotal Presbyterorum Ordinis avec
l'image du Bon Pasteur, qui illustre la norme pour les
actions des décideurs au sein de l'Église. Avec Benoît
XVI il déclare:

34
I. COMPRÉHENSION DU PAPE FRANÇOIS DE LA
SYNODALITÉ

«[C]elle est la norme suprême du comportement des


serviteurs de Dieu, un amour inconditionnel, comme
celui du Bon Pasteur, plein de joie, ouvert à tous,
attentif à ceux qui nous sont proches et attentif à ceux
qui sont éloignés [...]. ..], sensible aux plus faibles, aux
humbles, aux simples, aux pécheurs, pour révéler la
miséricorde infinie de Dieu avec les paroles
encourageantes de l'espérance [...]."60

Il considère donc la fonction d'enseignement des


évêques comme un service d'obéissance à la volonté de
Dieu, à l'Évangile du Christ et à la tradition de l'Église.
Pour garantir cette obéissance, le Pape dispose, comme
le dit le CIC, de « la pleine autorité ordinaire, suprême,
pleine, immédiate et universelle dans l'Église » (CIC
331-334, cité du Pape François).61

Dans son sermon lors de la célébration eucharistique à


l'issue du Synode extraordinaire des évêques et de la
béatification du Pape Paul VI. Le 19 octobre 2014, il
revient sur cette rencontre avec gratitude. La
synodalité et la collégialité ont été mises en pratique. Il
cite comme expériences positives du Synode des
Évêques : l'inclusion de tout le peuple de Dieu, y
compris les laïcs, dans la préparation et l'expérience de
l'œuvre de l'Esprit Saint, qui s'est manifestée dans une
vraie liberté et une humble créativité"62 du Les
participants. Avec une citation du Pape Paul VI, il
rappelle que la création du Synode était le fruit de la
perception des "signes des temps", des "besoins
croissants" et des "conditions changeantes de la
société".63

Le 28 octobre 2014, le Saint-Père a mis en garde les


participants à la rencontre internationale des
mouvements populaires de ne pas enfermer leurs
efforts communautaires dans des « structures rigides »,
car le synodal dans l’Église « marcher ensemble » exige
des rencontres libres avec des dynamiques.64

Lors de la conférence de presse sur le vol de retour de


son voyage vers la Turquie en novembre 2014, le pape
François a été interrogé sur la manière dont le «
Synode de la famille des évêques » avait traité la
question de l'homosexualité.

60 BENOÎT XVI, discours à l'audience générale du 26


mai 2010, cité de : Pape FRANÇOIS, discours à la fin du
III. Assemblée générale du Synode extraordinaire des
évêques le 18 octobre 2014 dans la salle du Synode au
Vatican.

61 Cf. Pape FRANÇOIS, discours à la fin du III.


Assemblée générale du Synode extraordinaire des
évêques, le 18 octobre 2014 dans la salle synodale de
Va-
Tikan. 62 Pape FRANÇOIS, sermon à l'issue du Synode
extraordinaire des évêques et béatification du pape
Paul VI. le 19 octobre 2014.

63 PAUL VI, Motu proprio "ApostolicaSollicitudo" du 15


septembre 1965. 64 Cf. Pape FRANÇOIS, discours aux
participants de la rencontre internationale de

Mouvements populaires du 28 octobre 2014 dans


l'ancienne salle synodale du Vatican.

2. ANALYSE DE LA COMPRÉHENSION DU PAPE


FRANÇOIS SUR LA SYNODALITÉ

35

Chen. Il répond à cette question de fond spécifique par


une déclaration générale. Il ne faut pas confondre un
synode et un parlement. Ce devrait être un espace
d’église protégé dans lequel le Saint-Esprit peut
œuvrer. Il soutient cette affirmation en décrivant les
nombreuses étapes d’édition d’un texte synodal. En fin
de compte, aucune voix ne pourra prévaloir sur aucun
point. Il appelle également les journalistes à ne pas se
concentrer sur la personne. Les opinions individuelles
peuvent effectivement entrer en jeu, mais seulement
dans un sens matériel et non personnel.65

Lors de l'audience générale du 10 décembre 2014, le


pape François a rendu compte du déroulement du
Synode des évêques. Il souligne que le synode doit être
un espace protégé dans lequel les gens peuvent
s'exprimer ouvertement. Il peut aussi y avoir des
disputes, comme il y en eut entre les apôtres. Les
disputes ne sont pas mauvaises en soi, « à condition
qu’elles soient faites avec humilité et avec l’intention
de servir la congrégation des frères ». Il faut cependant
noter qu’un synode n’est pas un parlement. « Il n'y a
pas de choc entre partis comme dans un parlement, où
c'est légal, mais plutôt un échange entre les évêques
[...]. »67 Il faut le préparer et le suivre au mieux pour
qu'en fin de compte « le bien de le peuple, les familles,
l'Église et la société68.

2.1.3 en 2015 : Être une « Église synodale ».

Dans son discours d'ouverture du consistoire du 12


février 2015, le pape François a évoqué la réforme de la
Curie. Ce faisant, il exprime la conviction que l'efficacité
et la transparence dans la coopération entre les
diocèses et les offices sont des conditions nécessaires à
la réalisation de la synodalité et de la collégialité. Il
souligne ensuite la fonction auxiliaire de la Curie. Leur
identité est d'aider le Successeur de Pierre dans
l'exercice de sa charge pastorale suprême « au service
de l'Église universelle et des Églises particulières ».69

65 Cf. Pape FRANÇOIS, conférence de presse sur le vol


de retour à Rome, Voyage apostolique du Saint-Père en
Turquie du 28 au 30 novembre 2014, question de Pa-

Tricia Thomas.
66 Pape FRANÇOIS, discours à l'audience générale du
10 décembre 2014.

67 Idem.

68 Idem.

69 Pape FRANÇOIS, salutation aux cardinaux au début


du consistoire du 12 février 2015 dans la salle synodale.

36

I. COMPRÉHENSION DU PAPE FRANÇOIS DE LA


SYNODALITÉ

Dans son discours à la délégation du Patriarcat


œcuménique de Constantinople le 27 juin 2015, le
pape François a évoqué la signification œcuménique de
la synodalité. Il dit : « L'étude attentive [de la
commission mixte] de la manière dont le principe de
synodalité et le service du président de présidence
s'expriment dans l'Église constituera une contribution
importante au progrès des relations entre nos Églises.
»70

Dans son Motu proprio Mitis Iudex Dominus Jesus du


15 août 2015, par lequel il a reréglementé les
procédures de déclaration d'annulation de mariage au
CIC, il a décrété, entre autres, que la procédure d'appel
devrait à nouveau avoir lieu dans les sièges
métropolitains. partout (en Allemagne, c'était aussi le
cas auparavant). Il décrit l’autorité des métropoles
comme un signe reconnaissable de la synodalité.71

Lors de la visite ad limina des évêques portugais en


septembre 2015, le Saint-Père a salué les efforts visant
à impliquer davantage les fidèles dans l'œuvre
d'évangélisation et de sanctification des personnes. Il
décrit cet effort comme le développement de « la
synodalité comme option pour la vie pastorale ». A titre
d'exemple, il cite l'enquête sur la foi et la croyance au
Portugal suite à « l'accueil chaleureux » du pape Benoît
XVI. en mai 2010. François lie à nouveau la synodalité
et la primauté du Successeur de Pierre. Il décrit la visite
papale comme le point culminant des années au cours
desquelles les évêques portugais ont renforcé la
synodalité pastorale.72

Dans son discours d'ouverture à la Première


Congrégation générale du Synode des Évêques, le 5
octobre 2015, le Saint-Père a exposé son image du
Synode en ce qui concerne sa structure, sa localisation
ecclésiologique et sa méthodologie de travail.

Le synode se caractérise donc par l'esprit de collégialité


et de synodalité. Les attitudes importantes des acteurs
sont : la parrhesia, le zèle pastoral et pédagogique ainsi
que la sagesse et la sincérité. Les objectifs primordiaux
sont : le bien-être de l’Église, le bien-être de la famille
et le salut des âmes.73
70 Pape FRANÇOIS, discours à une délégation du
Patriarcat œcuménique de Constantinople le 27 juin
2015, voir aussi le discours du 28 juin 2013.

71 Cf. Pape FRANÇOIS, Exhortation apostolique sous


forme de Motu Proprio « Mitis Iudex Dominus Iesus ».

72 Cf. Pape FRANÇOIS, discours aux évêques du


Portugal à l'occasion de leur visite « ad

Limina Apostolorum" le 7 septembre 2015.

73 Le terme « salut des âmes » est ici étrangement cité


du Canon 1752 CIC/1983, qui traite de la mutation d'un
pasteur. Le Canon serait plus évident

2. ANALYSE DE LA COMPRÉHENSION DU PAPE


FRANÇOIS SUR LA SYNODALITÉ
37

Il rappelle ensuite qu'il ne faut pas confondre le synode


avec des rassemblements laïcs, comme un parlement
ou une conférence spécialisée. Il souligne le caractère
ecclésial du synode.

« Le Synode est l'Église qui réfléchit sur sa fidélité au


dépôt de la foi, qui n'est pas pour elle un musée à
visiter ou à conserver, mais une source vivante dont
l'Église se désaltère. .] »74

Il oppose le concept de bonne foi au concept de bien


de la vie.

opposé. Le bien de la vie doit être illuminé par la bonne


foi. L'œuvre du Saint-Esprit est constitutive du synode.
Pour que cela soit efficace, le synode doit être un
espace ecclésiastique protégé. Cela exige que les
participants se distinguent par leur courage
apostolique, leur humilité évangélique et leur prière
confiante. Enfin, le Saint-Père rappelle qu'un synode
n'est pas un parlement et demande à l'Esprit Saint de
remplacer les opinions personnelles des personnes
impliquées par la foi en Dieu, la fidélité à la fonction, le
bien de l'Église et le salut des âmes.75

Quelques jours après l'ouverture du Synode sur la


Famille en 2015, le Saint-Père a parlé, lors de l'audience
générale, principalement des défis de fond auxquels le
synode doit faire face. Mais il montre aussi quelle est la
tâche du synode de son point de vue, à savoir
interpréter une certaine partie de l'enseignement de
l'Église pour aujourd'hui. Il n’y a aucune possibilité que
le synode change la doctrine par rapport à ce discours.
Le Saint-Père semble supposer le contraire.76

Une semaine avant la fin du Synode des évêques sur la


famille en 2015, le Saint-Père invite à une célébration
du 50e anniversaire de la création du Synode des
évêques. De nombreux observateurs considèrent son
discours sur ce sujet comme d'une importance centrale
pour sa compréhension de la synodalité. Dans ce
discours, le Saint-Père parle pour la première fois d'une
« Église synodale », par laquelle il entend une Église qui
entend, écoute et écoute, dans laquelle chacun répond
les uns aux autres.

747.2, où au début du III. Dans le livre, le service de


prédication de l'Église est attribué au « salut des âmes
» comme objectif primordial.

74 Pape FRANÇOIS, discours introductif à la I


Congrégation générale de la XIV Ordonnance

l'assemblée générale du Synode des évêques du 5


octobre 2015, souligné dans l'original. 75 Cf. Pape
FRANÇOIS, discours introductif à la Ière Congrégation
générale de la XIVe.

Assemblée générale ordinaire du Synode des Évêques


du 5 octobre 2015. 76 Pape FRANÇOIS, Audience
générale du 7 octobre 2015.
38

1. COMPRÉHENSION DU PAPE FRANÇOIS DE LA


SYNODALITÉ

tout le monde écoute le Saint-Esprit. Le point de


rassemblement concret de ce processus dynamique est
le Synode des Évêques. »

Le pape François explique que la revalorisation du


Synode des évêques était pour lui une préoccupation
importante dès le début de son pontificat. Dans une
lettre datée du 1er avril 2014 adressée au cardinal
Lorenzo Baldisseri, secrétaire général du Synode des
évêques, il écrit qu'il a examiné les signes des temps et
qu'il est convaincu que pour exercer la charge de
Pierre, il est nécessaire de maintenir un lien avec les
évêques du monde entier pour intensifier cette action.
Il décrit le Synode des Évêques comme l'un des
héritages les plus précieux des dernières sessions du
Concile. Ses prédécesseurs ont déjà développé le
Synode des évêques et il souhaite désormais
poursuivre sur cette voie afin que la coopération dans
tous les domaines de la mission au sein de l'Église
puisse être accrue. Ce type de synodalité est que,

ce que Dieu attend de l'Église du troisième millénaire"


78

Il développe ensuite sa compréhension de la synodalité


en cinq points, que l'on peut écraser comme suit : I.
Synodalité du peuple de Dieu et sens de la foi des
croyants, II. Synodalité et constitution hiérarchique de
l'Église, III. Synodalité aux différents niveaux de l'Église,
IV. Synodalité et œcuménisme et V. Synodalité de
l'Église pour toute l'humanité.

L'idée de peuple de Dieu du Concile Vatican II et la


doctrine du sens de la foi des croyants, qui selon LG 12
est infaillible si tous les membres de l'Église expriment
quelque chose d'accord sur questions de foi et de
coutumes. Cela inclut l'infaillibilité du Pape dans les
questions de foi et de morale formulées par le Concile
Vatican I. En conséquence, il ne peut y avoir de
séparation stricte entre les Églises enseignantes et
apprenantes. Ce qui est important pour les bergers,
authentiques gardiens et interprètes de la foi, c’est
d’être à l’écoute des gens. L'écoute mutuelle doit
permettre un véritable échange de dons spirituels. Le
Saint-Père qualifie le Synode des Évêques de lieu de
rassemblement

77 Cf. aussi les discours de Noël à la Curie romaine en


2016 et 2017, le discours lors de la visite pastorale aux
diocèses de Piazza Armerina et de Palerme à l'occasion
du 25e anniversaire de la mort du bienheureux Pino
Puglisi le 15 septembre 2018, l'exhortation apostolique
post-synodale Querida Amazonia" du 2 février 2020, n°
103 (Accès des femmes aux ministères et offices de
l'Église qui ne nécessitent pas l'ordination) le discours
aux diacres permanents du diocèse de Rome du 19 juin
2021, le discours aux fidèles du diocèse de Rome le 18
septembre 2021, le discours du

Ouverture du synode le 9 octobre 2021.


78 Pape FRANÇOIS, discours à l'occasion du 50e
anniversaire de l'établissement du Synode des évêques,
le 17 octobre 2015.

2. ANALYSE DE LA COMPRÉHENSION DU PAPE


FRANÇOIS SUR LA SYNODALITÉ

39

écoute. L'écoute de l'évêque de Rome est le sommet


du chemin synodal. Il est le berger et le maître de tous
les chrétiens, comme le pape François le précise en
référence au Concile Vatican I.79 Le synode, qui a lieu
cum et sub Petro, garantit l'unité du peuple. La
communauté hiérarchique est importante : les évêques
sont liés au Pape dans une communauté collégiale et
en même temps lui sont subordonnés
hiérarchiquement.
Il présente ainsi le lien entre la synodalité et la
constitution hiérarchique de l'Église : L'Église est
l'avancée commune du peuple de Dieu vers le Seigneur.
Personne ne peut être exalté au sein de cette
communauté. La structure de la hiérarchie ecclésiale
est celle d’une pyramide inversée. Au sommet, qui
représente le fondement, se trouvent Jésus, puis Pierre
avec les apôtres. L'autorité est toujours au nom du
service. Les personnes qui constituent la majorité de la
pyramide se trouvent au sommet. Le servir est la tâche
du ministre.

L'effet de la synodalité sur les différents niveaux de


l'Église devrait être le suivant : Au niveau des Églises
particulières, il y a les synodes diocésains, puis, comme
organes consultatifs, le conseil des prêtres, le collège
des consulteurs, le chapitre cathédral et le conseil
pastoral. . Tous les membres de ces comités doivent
rester connectés aux gens et comprendre les
problèmes de la vie quotidienne. Le niveau suivant est
celui des provinces ecclésiastiques et des régions
ecclésiastiques, des conseils particuliers et des
conférences épiscopales. Il s’agit d’un exemple
intermédiaire de collégialité. Selon la volonté du Saint-
Père, la décentralisation et la subsidiarité devraient
être renforcées à ce niveau en particulier. Le troisième
niveau est l'Église universelle. Le Synode des Évêques
est ici une expression de la collégialité épiscopale au
sein d'une Église synodale. La distinction entre
collégialité affective et collégialité effective est
importante à ce niveau80.

79 Cf. PAROLIN, sermon dans la Basilique Saint-Jean ;


tandis que le président de la Conférence épiscopale
allemande, Mgr Georg BÄTZING, a assuré au Saint-Père
lors d'une audience peu avant le sermon que le Chemin
synodal n'est pas un chemin particulier, voir le
communiqué de presse DBK n° 113 du 24 juin 2021.
souligne qu'un chemin synodal aboutit à l'obéissance
au magistère, à la tête duquel se trouve l'évêque de
Rome. À plusieurs reprises dans son sermon, Parolin
cite la lettre au peuple de Dieu en pèlerinage en
Allemagne du 29 juin 2021, en particulier les
déclarations qui abordent de manière critique la forme
spécifique du chemin synodal en Allemagne : le
mauvais chemin de la confiance d'une Église en soi.
méthodes et la propre intelligence et l'implication de
chaque église dans tout le corps de l’Église, le peuple
saint et fidèle de Dieu. 80 Sur les termes de collégialité
« affective » et « effective », voir WINTERKAMP, The
Bishops’ Conference between « affective » and «
effective » collégiality, cf. aussi Bu

I. COMPRÉHENSION DU PAPE FRANÇOIS DE LA


SYNODALITÉ

40

La synodalité présente un grand potentiel pour


l’œcuménisme1. Elle peut aider à comprendre la
primauté du Successeur de Pierre comme une «
présidence dans l’amour »82 et faciliter ainsi l’adhésion
d’autres communautés ecclésiales à l’Église catholique.
Pour le Pape François, cela a aussi un impact positif sur
l’humanité toute entière : l’Église peut aider à
redécouvrir la justice et la fraternité.83
Lors de la rencontre avec les représentants du congrès
national de l'Église en Italie, le 10 novembre 2015, il a
parlé de l'attitude nécessaire au sein de l'Église face aux
processus de changement. Il lui tient à cœur que le
pouvoir ne devienne pas un but en soi, mais que l’Église
reste toujours humble, altruiste et bénie. Ce faisant,
elle doit diriger son regard vers le Seigneur exalté et se
laisser guider par lui. En utilisant l'exemple du
personnage fictif de "Don Camillo", il montre
clairement comment il imagine l'Église : dans la prière
vivante et dans une grande proximité avec le peuple de
Dieu. Concrètement, il suggère d'initier un processus
d'approfondissement d'Evangelii Gaudium. à tous les
niveaux de l’Église afin d’en déduire des critères
pratiques et de mettre en œuvre des instructions, ce
qu’il appelle « synodalité d’en haut » dans son discours
du 20 mai 2019 à la Conférence épiscopale italienne. 84

2.1.4... en 2016 : La synodalité comme moyen contre le


cléricalisme

Dans son discours aux participants à l'assemblée


plénière de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi,
le 29 janvier 2016, le Saint-Père a loué la structure
collégiale de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi,
qui, avec de nombreux

CKENMAIER, Magistère des Conférences Épiscopales ?,


48-54. 81 La question se pose de savoir si François est
seulement, ou du moins principalement, le

églises en vue. Quoi qu'il en soit, on peut affirmer que


lorsqu'il rencontre des représentants de l'Église
évangélique d'Allemagne, qui a une structure de
direction clairement synodale, il ne les mentionne pas
du tout, mais parle uniquement du témoignage
commun pour le Christ et aborde les divergences sur
les questions. de foi et de morale, cf. Pape FRANÇOIS,
discours à la délégation du Conseil de l'Église
évangélique d'Allemagne le 6 février 2017 ; également
dans le discours à l'Eku-
Lors de l'événement menian à l'occasion du 500e
anniversaire de la Réforme à Malmö le 31 octobre
2016, il n'aborde pas la synodalité. 82 Cf. RATZINGER, «
Présider dans l'amour », cf. aussi : RATZINGER, « Notre
Rédempteur vit, a

un visage et un nom : Jésus-Christ. » 83 Cf. Pape


FRANÇOIS, discours à l'occasion du 50e anniversaire de
la création de la Bi-

Synode des évêques du 17 octobre 2015. 84 Cf. Pape


FRANÇOIS, discours lors de la rencontre avec les
représentants du Ve Congrès national de l'Église
d'Italie, le 10 novembre 2015 ; Cf. Pape FRANÇOIS,
discours à la Conférence épiscopale italienne du 20 mai
2019.

2. ANALYSE DE LA COMPRÉHENSION DU PAPE


FRANÇOIS SUR LA SYNODALITÉ
41

len consulteurs et autres membres de l’église


mondiale. Il qualifie la réunion de la Congrégation pour
la doctrine de la foi avec les représentants des
commissions pédagogiques des conférences
épiscopales européennes, qui a eu lieu au cours des
mois précédents, de expressément « synodale ». Il
apparaît ici clairement que la « synodalité » peut
également être limité aux responsables de l’Église. Du
point de vue du Pape, pour pouvoir qualifier un
processus synodal, il n'est pas nécessaire qu'un laïc soit
impliqué.85

Dans l'exhortation apostolique post-synodale Amoris


laetitia, qui conclut le premier « chemin synodal » du
Saint-Père, il réfléchit également sur la méthode
synodale, affirmant que la situation de la famille dans le
monde a été ouvertement présentée à travers les
enquêtes et que, par conséquent, Les débats synodaux
se sont basés sur un tableau complexe : une évaluation
magistrale des situations doit osciller entre deux
extrêmes, ou plutôt résister à deux tentations : soit de
tout changer sans réflexion suffisante, soit de vouloir
tout résoudre par des règles générales. la réflexion,
menée par les bergers et les théologiens, doit être non
seulement créatrice, mais aussi fidèle à l'Église.86

Dans son discours à l'Association internationale des


supérieures générales (UISG) le 12 mai 2016, François a
mis en garde contre deux tentations qui existent dans
l'Église : le féminisme et le cléricalisme. Il décrit la
synodalité comme un moyen contre le cléricalisme. Il
précise également ce qu'il entend par cléricalisme. Si
un prêtre ne dispose pas de conseils comme le prescrit
le CIC - en Allemagne, il s'agit du conseil paroissial et du
conseil administratif paroissial - et décide tout seul
comme un entrepreneur, alors, selon les mots du pape
François, il agit de manière cléricale. . En revanche,
quiconque travaille avec des laïcs dans les conseils agit
de manière synodale.87

Le discours traditionnel lors de la réception de Noël de


la Curie romaine remonte aux premières années du
pontificat du pape François.
85 Pape FRANÇOIS, Discours aux participants à
l'Assemblée générale de la Congrégation pour la
doctrine de la foi, le 29 janvier 2016. 86 Voir Pape
FRANÇOIS, Exhortation apostolique post-synodale «
Amoris Laetitia ».

87 Pape FRANÇOIS, discours à l'Association


Internationale des Supérieurs Généraux (UISG), le 12
mai 2016 ; voir aussi le concept de cléricalisme de
Joseph Ratzinger, qui reconnaît un « progressisme néo-
clérical » dans une compréhension fonctionnelle du
ministère, chez un prêtre qui agit comme un « acteur »
à la fois dans la liturgie et dans les questions de
réforme structurelle de l'Église, contribue à la question
s'interroge sur la raison pour laquelle cette fonction est
refusée aux femmes : RATZINGER, Dix ans après le
début du Concile - où en sommes-nous ?, 1038, cf.
aussi RATZINGER, Foi, Histoire et Philosophie, 331, cf.
aussi RATZINGER, Sel de la terre, 363.

42
I. COMPRÉHENSION DU PAPE FRANÇOIS DE LA
SYNODALITÉ

La réforme de la Curie était le thème de chaque ciscus.


Ce fut également le cas en 2016. Sur fond de message
de Noël, de renversement de la logique du monde, de
réduction de Dieu qui veut être aimé de nous, il parle
des orientations de la réforme de la Curie. Outre onze
autres lignes directrices, comme la subsidiarité, la
catholicité et le professionnalisme, il mentionne
également la synodalité. Comme tous les processus
ecclésiaux, le travail de la Curie doit également avoir un
caractère synodal. Concrètement, il devrait y avoir des
réunions régulières des chefs de dicastères sous la
présidence du Pape, des audiences régulières des chefs
de dicastères et des réunions régulières des dicastères
entre eux. Le travail au sein des différents dicastères
doit également être synodal. A cet effet, les réunions
habituelles devraient être tenues plus fréquemment. La
scission en départements spécialisés doit être évitée
afin de réduire le risque de voir les départements
devenir égocentriques.88
2.1.5... en 2017 : La synodalité mène au zèle pastoral

Dans une lettre de janvier 2017, le Saint-Père a


annoncé la tenue du Synode des Jeunes aux jeunes et
leur a remis le document préparatoire. Il leur assure
que l'Église veut écouter leur voix. Les jeunes doivent
faire connaître leurs opinions « dans la communauté »
afin de pouvoir atteindre « les bergers ». Se référant à
la Règle de Benoît, qui dit que le Seigneur révèle
souvent aux plus jeunes ce qui est meilleur89, il les
assure de l'ouverture et de la disponibilité à l'écoute du
collège des évêques qu'il dirige. Il appelle cette
approche synodale90.

Dans le discours aux membres de l'Action catholique


d'Italie à l'occasion de leur 150e anniversaire, le Saint-
Père rappelle que la véritable synodalité consiste dans
le fait que chacun dans le peuple de Dieu peut
contribuer à une interprétation des signes des temps.
afin d'accomplir la volonté de Dieu de pouvoir
comprendre et vivre. Le Saint-Père encourage les laïcs à
le faire - conformément à leur appel à vivre la sainteté
au quotidien - et à se renforcer ainsi ensemble.
François encadre ses déclarations avec un peu
d'ecclésiologie. Il indique la structure épiscopale de
l'Église, qui, en tant qu'Église mondiale, se compose
d'Églises locales, qui à leur tour

88 Pape FRANÇOIS, discours lors de la réception de


Noël de la Curie romaine le 22 décembre 2016.

89 François se réfère à la Règle de saint Benoît III, 3.

90 Cf. Pape FRANÇOIS, lettre aux jeunes sur la


présentation du document préparatoire du XV.
Assemblée générale ordinaire du Synode des Évêques

à partir du 13 janvier 2017.


2. ANALYSE DE LA COMPRÉHENSION DU PAPE
FRANÇOIS SUR LA SYNODALITÉ

43

divisé selon la structure des paroisses. Il nous exhorte


expressément à préserver et à accepter la structure
paroissiale.91

Dans son discours à la Conférence épiscopale italienne


du 22 mai 2017, il a encouragé les évêques. La
réalisation de la collégialité épiscopale dans l'échange
commun des préoccupations et des besoins est une
expression de la synodalité, qui est constitutive pour
l'Église comme « être en marche ensemble ». Il
comprend la synodalité comme être en marche
ensemble dans l'Église avec un zèle pastoral pour le but
de renouveler la pastorale, qui doit être adaptée à la
mission de l’Église dans le monde d’aujourd’hui.92
Dans un discours prononcé devant les participants à un
cours organisé par la Cour de la Rote romaine en
novembre 2017, François a évoqué les origines de la
synodalité dans le Nouveau Testament. Dans la
première communauté de Jérusalem, la pratique
synodale était que Pierre, avec les autres apôtres et la
communauté entière, s'efforçait et, avec l'aide du
Saint-Esprit, d'agir conformément aux instructions du
Seigneur. Cela inclut l’esprit de communauté et de
fraternité, la parole ouverte et l’acte de discrimination.
Ici, il associe le concept d’esprit synodal à celui
d’encouragement pastoral. Les participants au cours
devraient concrétiser ces deux aspects par des actions
concrètes en tant qu’employés fidèles de leur
évêque.93

Une idée œcuménique entre en jeu dans le discours de


Noël 2017 en lien avec la synodalité. Comme l’année
précédente, il s’agit de la réforme de la Curie. Cette fois
sous l'aspect particulier de l'effet de la Curie ad extra,
c'est-à-dire « les relations de la Curie avec les pays,
avec les Églises particulières, les Églises orientales, le
dialogue œcuménique, le judaïsme, l'Islam et les autres
religions, c'est-à-dire avec les monde extérieur. »4 Le
Saint-Père tente de rapprocher l’Église romaine et les
Églises orientales en qualifiant, d’une part, la primauté
du Pape de « primauté diaconale »95, qui est au service
de l’unité de l'Église unique. Cette unité doit également
se refléter dans l'élection de nouveaux évêques. La
communion avec le successeur Pe-

91 Pape FRANÇOIS, discours aux membres de l'Action


catholique d'Italie à l'occasion du 150e anniversaire de
sa fondation, le 30 avril 2017.

92 Pape FRANÇOIS, discours à la Conférence des


évêques italiens à l'ouverture de la 70e Assemblée
générale, le 22 mai 2017.

93 Cf. Pape FRANÇOIS, discours aux participants d'un


cours organisé par la Cour de la Rote romaine le 25
novembre 2017.

95 Idem.
94 Pape FRANÇOIS, discours lors de la réception de
Noël de la Curie romaine le 21 décembre 2017.

I. COMPRÉHENSION DU PAPE FRANÇOIS DE LA


SYNODALITÉ

44

tri et tout le collège des évêques est constitutif pour


cela. D’autre part, il honore la tradition synodale des
Églises orientales et appelle à un approfondissement
dans l’Église romaine. Se référant à l’exhortation
apostolique post-synodale Ecclesia in medio Oriente du
pape Benoît XVI, il met en jeu le concept de
communion, qui apparaît ici comme un lien possible
entre primauté et synodalité.96

2.1.6 ...en 2018 : La synodalité est une collégialité


vécue
Rencontrant les évêques dans la sacristie de la
cathédrale de Santiago du Chili, le Saint-Père a
mentionné la synodalité et le discernement comme
deux qualités essentielles pour le prêtre du futur. La
façon dont le Saint-Père imagine concrètement le
prêtre apparaît clairement quand il dit :

« J'avoue que je suis préoccupé par la formation des


séminaristes. Ils doivent devenir des pasteurs qui
servent le peuple de Dieu comme un berger, avec
l'enseignement, avec la discipline, avec les sacrements,
avec leur proximité, avec des œuvres de charité – mais
toujours avec la conscience de faire partie du peuple.
Les séminaires doivent veiller à ce que les futurs
prêtres soient capables de servir le saint peuple fidèle
de Dieu, en reconnaissant la diversité des cultures et en
rejetant la tentation de toute forme de cléricalisme. Le
prêtre est un serviteur du Christ ; Le Christ est la figure
principale qui devient présente dans tout le peuple de
Dieu. »97

Cette citation montre particulièrement clairement que


le Saint-Père comprend la synodalité comme une
coexistence entre ministres et croyants, dans laquelle
le ministre exerce son ministère d'enseignement et de
sanctification, mais doit le faire dans une relation
communautaire avec les croyants. Il n’est pas question
ici de mélanger ou même d’échanger les rôles du clergé
et des laïcs. Semblable à son discours aux Supérieurs
généraux en mai 2016, François propose également ici
la synodalité comme moyen contre le cléricalisme.

96 Sous la forme « ecclesiastica communio », telle


qu'utilisée par le pape François,

il se concentre aussi simplement sur la question


canonique de l'appartenance à l'Église (cf. can 96

CIC/1983). A propos de la référence à Benoît XVI. mais


il est

proche de la réflexion sur le concept ecclésiologique de


communion, qui est lié à l'Eucharistie
l’ecclésiologie chrétienne est étroitement liée. 97 Pape
FRANÇOIS, discours de salutation aux évêques dans la
sacristie de la Cathédrale de Santiago du Chili lors du
Chef Apostolique de l'Arte de Peru le 16 janvier 2018.

2. ANALYSE DE LA COMPRÉHENSION DU PAPE


FRANÇOIS SUR LA SYNODALITÉ

45

Lors de sa rencontre avec la communauté du


Mouvement des Focolari, on a demandé au Saint-Père
ce qui pourrait être fait de mieux à Loppiano. Il
commence sa réponse par une description de la
situation et dit que le style synodal du voyage
ensemble en tant que peuple de Dieu est déjà vécu à
Loppiano. Se référant à Mt 23,10, il explique ensuite un
peu la conception du peuple de Dieu, qui se caractérise
par le fait que chacun s'oriente vers le Seigneur et
Maître, qui est le seul à enseigner et à guider. Elle se
caractérise en outre par l’écoute mutuelle et l’échange
de cadeaux.99

À l'occasion du 25e anniversaire de la mort du


bienheureux Pino Puglisi, le Saint-Père s'exprime sur la
Piazza Europa, à Piazza Armerina, en septembre 2018.
Compte tenu de la situation laïque et ecclésiastique
désolée et des projets du diocèse local pour la nouvelle
évangélisation, François encourage les gens de ce
projet et donne des pistes pour une église du futur. Au
début, il clarifie le contexte général et relie les termes
mission, église synodale, parole de Dieu, amour
missionnaire et communauté eucharistique en une
seule phrase.

Le premier aspect est la perspective d'une « Église


synodale, une Église de la Parole de Dieu »100. Dans
une Église de la Parole de Dieu, il faut s'écouter les uns
les autres et surtout le Seigneur. La Parole de Dieu est
le noyau de la communauté chrétienne, à laquelle il ne
faut rien préférer. Concrètement, il recommande la «
lectio divina » pour être proche de Jésus. Tout le
monde devrait lire l’Évangile cinq minutes par jour. Ici,
il place plusieurs fois côte à côte la Parole de Dieu et
l’Église/communauté synodale. Ensemble, ils
constituent une main tendue pour tous ceux qui
demandent une Église miséricordieuse. Le deuxième
aspect est l’Église missionnaire. Tout le monde, et pas
seulement les employés à temps plein, devrait
descendre dans la rue pour proclamer la bonne
nouvelle et, dans un esprit de charité, œuvrer pour
ceux qui sont dans le besoin. Le troisième aspect est
l’Église en tant que communauté eucharistique.

98 Fondée en 1943 à Trente par Chiara Lubich, 23 ans,


comme communauté spirituelle catholique, en 1962
par Jean XXIII. Agréé, aujourd'hui environ 140 000
membres, travaille avec des sous-organisations
politiques et économiques, entretient environ 35
colonies, dont Loppiano, qui est la plus ancienne
colonie des Focolari, où le mouvement possède
également diverses entreprises, un lieu de rencontre
et, depuis 2018, une université. fonctionne.
99 Voir Pape FRANÇOIS, discours lors de la rencontre
avec la communauté du Mouvement des Focolari le 10
mai 2018 à Loppiano.

100 Pape FRANÇOIS, discours lors de la visite pastorale


aux diocèses de Piazza Armerina et de Palerme à
l'occasion du 25e anniversaire de la mort du
bienheureux Pino Puglisi, le 15 septembre

2018.

46

I. COMPRÉHENSION DU PAPE FRANÇOIS DE LA


SYNODALITÉ

L'Eucharistie est la source où les membres de l'Église


puisent l'amour du Christ. L'Eucharistie est
nécessairement liée au sacerdoce ministériel. Les
prêtres doivent bien travailler avec leur évêque et
entre eux. Pour les croyants, ils doivent être des
bergers et des témoins de l'amour de Dieu 101. Ils
devraient être les premiers à prier, les premiers à se
réconcilier et les premiers à aimer. 102

Au début du Synode des Jeunes en 2018, François


s'adresse à tous les participants dans la salle synodale.
Dans son salut, il remercie expressément les jeunes
pour leur conviction qu'il vaut la peine d'entrer en
dialogue avec l'Église comme mère103 et maîtresse
qui, malgré les faiblesses humaines, transmet le
message impérissable du Christ. Il veut leur montrer sa
vision du Synode des Jeunes comme un synode qui
ouvre la voie aux jeunes vers un avenir ecclésiastique
et croyant. Pour ce faire, il caractérise d’abord le
synode lui-même : le synode est un moment de
partage. C’est pourquoi la parrêsia est importante car
elle allie liberté, vérité et amour. Il souligne qu'il est
important que le synode soit un lieu où les gens
écoutent humblement et parlent avec audace.
L’objectif est de créer un véritable dialogue, libre de
préjugés et d’hypothèses. Le fruit de ce dialogue est
que chacun est ouvert à la nouveauté et prêt à changer
ses croyances et ses attitudes, ce qui ne signifie pas des
convictions religieuses.104

Un autre aspect du synode est que, selon François, il


s'agit d'un acte ecclésial de discernement. La distinction
est une attitude intérieure qui s’enracine dans un acte
de foi. C'est à la fois une méthode et un objectif, fondé
sur la conviction que Dieu œuvre dans l'histoire du
monde et peut être reconnu. escroquer-

101 Voir aussi MARX, Church. En tant que peuple de


Dieu en chemin : « Comme le Christ l’a fait

Il aime l'église, un pasteur doit aimer sa congrégation


et un évêque doit aimer son diocèse. Mais le prêtre
n'est pas seulement le président de l'association
paroissiale, qui peut être démis de ses fonctions puis
remplacé à volonté, comme un homme politique élu, il
est aussi l'ambassadeur du Christ lui-même dans cette
paroisse par l'intermédiaire de l'évêque.
102 Cf. Pape FRANÇOIS, discours lors de la visite
pastorale aux diocèses de Piazza Armerina et de
Palerme à l'occasion du 25e anniversaire de la mort du
bienheureux Pino Puglisi, le 15 septembre 2018.

103 Le pape François relie l'idée de la « maternité


pastorale de l'Église » à Henri de Lubac, comme
l'explique CASARELLA, Henri de Lubac et la théologie du
présent, 36.

104 Cf. le discours d'ouverture du Synode des Évêques


demande que les opinions personnelles des
participants soient remplacées par celle du 5 octobre
2015, où il a exprimé la foi en Dieu, la fidélité à la
charge, la lutte pour le bien de l'Église et de la salut des
âmes du peuple (voir ci-dessus).

2. ANALYSE DE LA COMPRÉHENSION DU PAPE


FRANÇOIS SUR LA SYNODALITÉ
47

Concrètement, il y aura trois minutes de silence après


cinq interventions lors du Synode des Jeunes.105

L'écoute est une partie essentielle de la synodalité pour


le pape François. Il doit s’agir d’une véritable écoute,
d’une volonté d’entendre de nouvelles choses sans
réagir directement avec des réponses toutes faites.
Cela nécessite avant tout une ouverture sans préjugés
ni clichés.

Une attitude qui va à l’encontre de cette synodalité est


le cléricalisme. Le cléricalisme considère la fonction
comme un instrument de pouvoir et découle d'une
vision élitiste et exclusive de la vocation. Le Saint-Père
oppose la notion de pouvoir à la notion de service,
caractérisée par l'altruisme et la générosité. Le
cléricalisme amène les gens à cesser d’écouter parce
qu’ils croient tout savoir. Il oppose au mal du
cléricalisme un autre mal que l’on pourrait rencontrer
parmi les jeunes du synode : l’autosuffisance. Il s’agit
d’une attitude dans laquelle on suppose que l’on ne
dépend pas des expériences des autres. Empêcher les
deux attitudes

la synodalité.106 Lors d'une rencontre avec des


séminaristes, le Saint-Père prononce un discours
improvisé. Il y aborde la question de savoir ce qui
constitue réellement la spiritualité du prêtre diocésain.
Ces relations sont : la relation avec l'évêque, les
relations entre eux et la relation avec le peuple de
Dieu. Ici aussi, il apparaît clairement que le Saint-Père
veut promouvoir la communauté dans l'Église, mais
qu'il maintient la distinction entre les offices et
prestations de service. Il parle bien sûr du prêtre qui
fait face au peuple de Dieu pour le servir. Dans le
discours préparé qu'il fait lire aux séminaristes, il
évoque quatre concepts clés du récit d'Emmaüs : le
chemin, l'écoute, le discernement et la mission.
Concernant la mission, il a rappelé que le Synode des
Jeunes accordait une grande valeur à l'aspect synodal
de la mission. Que signifie ici la synodalité ? Cela
signifie témoigner du Christ ensemble et se sentir
partie intégrante d’une communauté, sans penser que
l’on peut être un missionnaire individuel efficace. Les
disciples d'Emmaüs servent de modèle, puisqu'ils
retournent à Jérusalem par deux et rejoignent la
communauté des apôtres. Cela répond également au
besoin d’auto-relativisation en faveur de l’intégration
dans la communauté. L'Eir

105 Cf. l'élargissement de la réglementation lors du «


Synode Amazonien » en 2019. 106 Cf. Pape FRANÇOIS,
discours d'ouverture du Synode des Jeunes du 3
octobre 2018.

2. ANALYSE DE LA COMPRÉHENSION DU PAPE


FRANÇOIS SUR LA SYNODALITÉ

47

Concrètement, il y aura trois minutes de silence après


cinq interventions lors du Synode des Jeunes.105
L'écoute est une partie essentielle de la synodalité pour
le pape François. Il doit s’agir d’une véritable écoute,
d’une volonté d’entendre de nouvelles choses sans
réagir directement avec des réponses toutes faites.
Cela nécessite avant tout une ouverture sans préjugés
ni clichés.

Une attitude qui va à l’encontre de cette synodalité est


le cléricalisme. Le cléricalisme considère la fonction
comme un instrument de pouvoir et découle d'une
vision élitiste et exclusive de la vocation. Le Saint-Père
oppose la notion de pouvoir à la notion de service,
caractérisée par l'altruisme et la générosité. Le
cléricalisme amène les gens à cesser d’écouter parce
qu’ils croient tout savoir. Il oppose au mal du
cléricalisme un autre mal que l’on pourrait rencontrer
parmi les jeunes du synode : l’autosuffisance. Il s’agit
d’une attitude dans laquelle on suppose que l’on ne
dépend pas des expériences des autres. Empêcher les
deux attitudes

la synodalité.106 Lors d'une rencontre avec des


séminaristes, le Saint-Père prononce un discours
improvisé. Il y aborde la question de savoir ce qui
constitue réellement la spiritualité du prêtre diocésain.
Ces relations sont : la relation avec l'évêque, les
relations entre eux et la relation avec le peuple de
Dieu. Ici aussi, il apparaît clairement que le Saint-Père
veut promouvoir la communauté dans l'Église, mais
qu'il maintient la distinction entre les offices et
prestations de service. Il parle bien sûr du prêtre qui
fait face au peuple de Dieu pour le servir. Dans le
discours préparé qu'il fait lire aux séminaristes, il
évoque quatre concepts clés du récit d'Emmaüs : le
chemin, l'écoute, le discernement et la mission.
Concernant la mission, il a rappelé que le Synode des
Jeunes accordait une grande valeur à l'aspect synodal
de la mission. Que signifie ici la synodalité ? Cela
signifie témoigner du Christ ensemble et se sentir
partie intégrante d’une communauté, sans penser que
l’on peut être un missionnaire individuel efficace. Les
disciples d'Emmaüs servent de modèle, puisqu'ils
retournent à Jérusalem par deux et rejoignent la
communauté des apôtres. Cela répond également au
besoin d’auto-relativisation en faveur de l’intégration
dans la communauté. L'Eir
105 Cf. l'élargissement de la réglementation lors du «
Synode Amazonien » en 2019. 106 Cf. Pape FRANÇOIS,
discours d'ouverture du Synode des Jeunes du 3
octobre 2018.

2. ANALYSE DE LA COMPRÉHENSION DU PAPE


FRANÇOIS SUR LA SYNODALITÉ

47

Concrètement, il y aura trois minutes de silence après


cinq interventions lors du Synode des Jeunes.105

L'écoute est une partie essentielle de la synodalité pour


le pape François. Il doit s’agir d’une véritable écoute,
d’une volonté d’entendre de nouvelles choses sans
réagir directement avec des réponses toutes faites.
Cela nécessite avant tout une ouverture sans préjugés
ni clichés.
Une attitude qui va à l’encontre de cette synodalité est
le cléricalisme. Le cléricalisme considère la fonction
comme un instrument de pouvoir et découle d'une
vision élitiste et exclusive de la vocation. Le Saint-Père
oppose la notion de pouvoir à la notion de service,
caractérisée par l'altruisme et la générosité. Le
cléricalisme amène les gens à cesser d’écouter parce
qu’ils croient tout savoir. Il oppose au mal du
cléricalisme un autre mal que l’on pourrait rencontrer
parmi les jeunes du synode : l’autosuffisance. Il s’agit
d’une attitude dans laquelle on suppose que l’on ne
dépend pas des expériences des autres. Empêcher les
deux attitudes

la synodalité.106 Lors d'une rencontre avec des


séminaristes, le Saint-Père prononce un discours
improvisé. Il y aborde la question de savoir ce qui
constitue réellement la spiritualité du prêtre diocésain.
Ces relations sont : la relation avec l'évêque, les
relations entre eux et la relation avec le peuple de
Dieu. Ici aussi, il apparaît clairement que le Saint-Père
veut promouvoir la communauté dans l'Église, mais
qu'il maintient la distinction entre les offices et
prestations de service. Il parle bien sûr du prêtre qui
fait face au peuple de Dieu pour le servir. Dans le
discours préparé qu'il fait lire aux séminaristes, il
évoque quatre concepts clés du récit d'Emmaüs : le
chemin, l'écoute, le discernement et la mission.
Concernant la mission, il a rappelé que le Synode des
Jeunes accordait une grande valeur à l'aspect synodal
de la mission. Que signifie ici la synodalité ? Cela
signifie témoigner du Christ ensemble et se sentir
partie intégrante d’une communauté, sans penser que
l’on peut être un missionnaire individuel efficace. Les
disciples d'Emmaüs servent de modèle, puisqu'ils
retournent à Jérusalem par deux et rejoignent la
communauté des apôtres. Cela répond également au
besoin d’auto-relativisation en faveur de l’intégration
dans la communauté. L'Eir

105 Cf. l'élargissement de la réglementation lors du «


Synode Amazonien » en 2019. 106 Cf. Pape FRANÇOIS,
discours d'ouverture du Synode des Jeunes du 3
octobre 2018.

48
I. COMPRÉHENSION DU PAPE FRANÇOIS DE LA
SYNODALITÉ

Les individus doivent se considérer comme faisant


partie d'un groupe et lui soumettre leurs idées. La
synodalité est à ce stade une forme de collégialité. 107

2.1.7 en 2019 : La synodalité requiert Sensus ecclesiae

François aborde également le thème de la synodalité


dans son discours aux participants à l'assemblée
générale de la Congrégation pour le Culte Divin. Il
affirme que les relations du Saint-Siège, et donc aussi
de la Congrégation, avec les évêques doivent être
façonnées dans un esprit de coopération, de dialogue
et de synodalité. Il s’agit ici d’une coexistence
harmonieuse, qui reconnaît aux deux parties leur droit
à l’existence (« le Saint-Siège ne remplace pas les
évêques »). Il entend ici la synodalité comme une unité
harmonieuse dans la diversité.108
Le style synodal est de cultiver la communion, de
s'écouter les uns les autres et d'écouter ensemble
l'Esprit Saint, souligne le Saint-Père dans son discours à
la famille charismatique des Camilliens le 18 mars
2019.109

Dans l’exhortation apostolique post-synodale Christus


vivit, deux aspects sont particulièrement intéressants
lorsque l’on s’interroge sur la compréhension de la
synodalité par le pape François. Premièrement, il
affirme que la pastorale des jeunes doit être synodale
en soi, et deuxièmement, il approfondit le
discernement spirituel, qui est un élément essentiel de
sa compréhension de la synodalité. Ce qui est
constitutif de la pastorale synodale des jeunes, c'est
qu'elle est ouverte aux différents charismes et à
l'œuvre de l'Esprit Saint en chaque croyant. La
participation et la responsabilité partagée de l’Église
sont importantes.

Concernant le discernement spirituel, le Saint-Père


répète ici ce qu'il a déjà dit dans l'exhortation
apostolique Gaudete et exsultate. Il s'agit de
reconnaître si quelque chose de nouveau vient de Dieu
ou du diable. La raison et la prudence sont
importantes, et elles sont renforcées par la foi en Dieu
et son plan pour nos vies. La condition préalable est la
formation de sa conscience, dans laquelle on comprend
les critères et les intentions des décisions de Jésus.

107 Voir Pape FRANÇOIS, discours aux séminaristes de


l'archidiocèse d'Agrigente le 24 novembre 2018.

108 Cf. Pape FRANÇOIS, discours aux participants à


l'assemblée plénière de la Congrégation pour le Culte
Divin et la Discipline des Sacrements, le 14 février

2019.

109 Voir Pape FRANÇOIS, discours à la famille


charismatique des Camilliens le 18 mars 2019.
2. ANALYSE DE LA COMPRÉHENSION DU PAPE
FRANÇOIS SUR LA SYNODALITÉ

49

devrait faire le vôtre. Les conditions fondamentales


d’un bon discernement spirituel sont le silence et la
solitude. 110

Dans son discours à la Conférence épiscopale italienne


en mai 2019, le Saint-Père a de nouveau parlé de la
synodalité. En raison des projets possibles des diocèses
italiens pour un processus synodal commun au niveau
national, il rappelle des éléments de sa compréhension
de la synodalité qu'il avait déjà exprimés les années
précédentes et s'appuie également sur le document de
la Commission Théologique Internationale (CIT) sur la
synodalité. . Il a souligné aux évêques italiens que la
synodalité est un élément constitutif de l'Église, que
Dieu attend pour l'Église du troisième millénaire. 111
Du document de l'ITC, il cite le passage dans lequel il
est dit que la synodalité est un modus vivendi et
operandi de l'Église en tant que peuple de Dieu. Chacun
est appelé à prendre une part active à l’évangélisation.
Il cite en outre le passage qui relie la synodalité et la
collégialité des évêques, dans la mesure où la
collégialité est une forme spécifique de synodalité aux
fins de leadership. En outre, le document précise qu'à
l'inverse, toute forme de synodalité dépend de
l'exercice de l'épiscopat collégial. La collégialité
épiscopale fait essentiellement partie de la synodalité.
La collégialité, à son tour, se réalise dans la communion
entre les Églises particulières d'une région et dans la
communion de toutes les Églises particulières de
l'Église universelle. Il souligne ensuite qu’il existe deux
directions lorsqu’on réfléchit à un processus synodal
national : le synode ascendant et le synode
descendant. La première est la participation des laïcs,
des conseils et des paroisses. Il ne développe pas ici ce
dernier point, mais se réfère au discours du 10
novembre 2015 à Florence et affirme que la direction
de haut en bas est également constitutive. 112 Lors de
la rencontre avec les responsables de la pastorale des
vocations

ral en Europe le 6 juin 2019, il utilise le terme synode


lité dans un sens plus général. Faisant référence à la
douleur que Jacob souffrirait si son Benjamin lui était
enlevé (cf. Gn 44, 30), le Saint-Père précise que

110 Cf. Pape FRANÇOIS, Exhortation apostolique post-


synodale « Christus viviť », n° 280.

111 Cf. également ses déclarations dans le discours


prononcé à l'occasion du 50e anniversaire de
l'établissement du Synode des évêques, le 17 octobre
2015. 112 Cf. Pape FRANÇOIS, discours à la Conférence
épiscopale italienne du 20 mai 2019.

50

I. COMPRÉHENSION DU PAPE FRANÇOIS DE LA


SYNODALITÉ
Cela fait partie de l’être humain que nous soyons
attachés les uns aux autres, que nous soyons unis les
uns aux autres et devenons ainsi un peuple. C'est
pourquoi la pastorale des jeunes doit aussi être
synodale. Il fait référence au numéro 206 du Christus
vivit, dans lequel la synodalité est décrite comme une
bonne unité, où chacun est valorisé et personne n'est
exclu. Le Saint-Père conclut ce paragraphe en affirmant
que la synodalité est fille de la convivialité. 113

Un an après le Synode des Jeunes, soit en juin 2019, le


Conseil Pontifical pour les Laïcs organise le XI. Forum
international de la jeunesse. Le Saint-Père assure aux
jeunes qui y participent qu'ils font partie d'une Église
synodale parce qu'ils sont considérés comme des
membres actifs, comme des « protagonistes ».114

La seule lettre dans laquelle il aborde le thème de la


synodalité - outre la lettre aux jeunes annonçant le
synode des jeunes de janvier 2017 - est également un
document pertinent, à savoir la lettre au peuple de
Dieu en pèlerinage en Allemagne de Pierre et Paul.
Journée en 2019 à l'occasion du chemin synodal prévu
en Allemagne. Sur la question de la compréhension de
la synodalité, le pape François se réfère à son discours
à l'occasion du 50e anniversaire de la création du
Synode des évêques et s'inspire principalement de
l'exhortation apostolique Evangelii Gaudium sur la
question de la réforme de l'Église. Il écrit que la
synodalité est essentiellement « un chemin commun
sous la direction de l'Esprit Saint »115. Ce chemin doit
être parcouru « avec toute l'Église »116. En référence à
son discours du 20 mai 2019, il rappelle que la
synodalité a deux directions, de bas en haut et de haut
en bas.117 Il poursuit ici en expliquant ce qu'il entend
par synodalité d'en haut. L'exercice du ministère
épiscopal de pasteur et de maître dans la communauté
de tous les évêques, avec l'évêque de Rome à sa tête,
est une synodalité d'en haut. D'une part, il se réfère au
LG 23, qui traite des relations entre les Églises
particulières et l'Église entière, et plus spécifiquement
au CD 3, la mise en œuvre de celui-ci dans le décret
épiscopal, pour ainsi dire, où l'enseignement épiscopal
est à nouveau explicitement indiqué.

113 Cf. Pape FRANÇOIS, discours aux participants au


Congrès des responsables
114 pour la pastorale vocationnelle en Europe du 6 juin
2019.

le 22 juin 2019.

Voir Pape FRANÇOIS, discours aux participants à l'Int.


Forum des jeunes

116 Idem.

115 Pape FRANÇOIS, lettre au peuple de Dieu en


pèlerinage en Allemagne du 29 juin 2019, n° 3.

117 Voir Pape FRANÇOIS, discours à la Conférence des


évêques italiens le 20 mai 2019.
2. ANALYSE DE LA COMPRÉHENSION DU PAPE
FRANÇOIS SUR LA SYNODALITÉ

51

et la fonction pastorale des évêques individuels pour


leur église particulière ainsi que de tous

Les évêques, avec le Pape en tête, sont appelés pour


toute l'Église

devient. S'appuyant sur un ouvrage d'Yves Congar, il


souligne particulièrement que

que les changements dans l'Église nécessitent avant


tout beaucoup de patience et de longs processus de
maturation. 118 Un processus de changement, comme
le chemin synodal en Allemagne, nécessite une
conversion pastorale. La conversion pastorale amène
chacun à vivre et à rendre transparent l'Évangile dans
la vie de tous les jours. Un processus de changement ne
doit pas simplement répondre « aux faits et aux
besoins [...] »119. L’évangélisation doit avoir la
primauté. L’évangélisation n’est pas une adaptation à
l’air du temps ou à tout autre changement externe ou
structurel, mais plutôt un changement. des individus de
cœur qui expérimentent à nouveau la joie de
l’Évangile.120

Selon le pape François, une question centrale est le


type de communication, la question de savoir comment
l'Église aborde les gens, en particulier les faibles, et leur
transmet la joie de l'Évangile. Ce n’est donc pas le
contenu mais la forme de la proclamation qui doit être
réformée.

En ce qui concerne le processus synodal spécifique, le


Saint-Père le formule ainsi :

« Tous les efforts d'écoute, de conseil et de


discernement visent à rendre l'Église chaque jour plus
fidèle, plus disponible, plus adroite et plus transparente
dans l'annonce de la joie de l'Évangile, base sur laquelle
toutes les questions peuvent trouver lumière et
réponse. ]."121

Le développement de la synodalité à tous les niveaux


de la vie ecclésiale (paroisse, diocèse, « État-nation »,
Église universelle, ordres et communautés spirituelles)
fait partie du processus de réception du Concile Vatican
II, qui n’est pas encore achevé.

Un critère essentiel pour la justesse des processus


synodaux est l'intégration dans la communion de
l'Église en tant que corps du Christ.

118 Cf. Pape FRANÇOIS, lettre au peuple de Dieu en


pèlerinage en Allemagne du 29 juin

2019, n° 3 en référence à : CONGAR, Vera e falsa


riforma nella Chiesa, 259. 119 Pape FRANÇOIS, lettre au
peuple de Dieu en pèlerinage en Allemagne du 29 juin
2019, n° 6.
120 Cf. Emmeram H. RITTER sur Mgr Rudolf Graber : «
Non pas une fausse indulgence envers certaines
tendances contemporaines, mais la proclamation
opportune de la parole immuable de Dieu, tel est le but
qu'il a en tête dans toute son œuvre. », RITTER,
Proclamation de la Parole de Dieu,

121 Pape FRANÇOIS, lettre au peuple de Dieu en


pèlerinage en Allemagne du 29 juin 2019, n° 8.

52

I. COMPRÉHENSION DU PAPE FRANÇOIS DE LA


SYNODALITÉ

ti, qui s'exprime dans la communion de l'Église


universelle dans et à partir des Églises particulières. 122
Le Pape fait référence au sensus ecclesiae, qui nous
rappelle que tous les membres et parties de l'Église
font partie d'un corps plus vaste. Cela ne peut pas être
changé avec des idées soi-disant progressistes. Il
appelle le peuple de Dieu en pèlerinage en Allemagne à
se mettre en route en tant que « corps apostoliques
»123 sous la direction de l'Esprit Saint. C'est ici que
s'exprime l'apostolicité de la communauté ecclésiale.
Juste avant, il parle du « saint et peuple fidèle de Dieu"
124. Il devient clair que pour lui, la fidélité à la tradition
apostolique et l'ouverture à l'œuvre de l'Esprit Saint
sont importantes, par lesquelles l'Esprit amène l'Église,
comme il le dit dans DV 8, « à tendre vers la plénitude
de la vérité divine ». il distingue la synodalité des
moyens laïques de parvenir à un consensus ou même à
un compromis. L'évangélisation et le sensus ecclesiae
sont des éléments déterminants de la synodalité. Pour
une bonne synodalité, de la vigilance et

Conversion par le jeûne et la prière préalables


nécessaires. Le Saint-Père s'adresse aux représentants
de l'Église gréco-catholique d'Ukraine le 5 juillet 2019.
Ils sont venus à Rome à son invitation. Dans la
continuité du projet pastoral que leur synode avait
adopté quelques années plus tôt, il leur recommande
de prêter attention à trois éléments essentiels dans sa
mise en œuvre : la prière, la proximité et la synodalité.
Par la prière et la vie spirituelle, l'Église doit contribuer
à la sanctification des personnes ; par la proximité avec
les personnes, des canaux de communication doivent
être créés entre les bergers et les personnes. Être une
église signifie être une communauté. Cela comprend un
dialogue intensif et un échange de dons spirituels. La
structure de direction synodale de l’Église orientale
doit être complétée par une synodalité de la vie
quotidienne qui inclut tous ceux qui croient en Jésus
dans la vie de l’Église.

Il explique ensuite trois aspects de la synodalité :


l'écoute, la responsabilité partagée et l'implication des
laïcs.

122 Ici, il fait à nouveau référence à LG 23.

123 Dans une première version, on l'appelait encore «


corps », comme il est dit aussi dans la traduction
allemande du CIC au canon 336 : « Dans le collège des
évêques, dont le chef est le Pape et dont les membres
en vertu de la consécration sacramentelle et
hiérarchique communion le chef et les membres du
collège sont les évêques, le corps apostolique continue
pour toujours ; Avec sa tête et jamais sans cette tête, il
est aussi porteur du pouvoir suprême et total.

À l’égard de l’Église dans son ensemble » [souligné


GW]. 124 Pape FRANÇOIS, lettre au peuple de Dieu en
pèlerinage en Allemagne du 29 juin 2019, n° 10.

2. ANALYSE DE LA COMPRÉHENSION DU PAPE


FRANÇOIS SUR LA SYNODALITÉ

53

L'écoute et la responsabilité partagée concernent le


niveau des fonctionnaires. Cela signifie qu'en tant
qu'évêque, vous écoutez vos confrères et assumez
également vos responsabilités envers vos confrères.
Les laïcs sont autorisés à faire des suggestions et
doivent être entendus. Enfin, la synodalité a également
une dimension œcuménique car toutes les
communautés ecclésiales cheminent ensemble. De
cette façon, vos propres horizons devraient s’élargir.
L’évêque de Rome garantit l’unité et tient toutes les
ficelles en main.125

Le 2 septembre 2019, le Saint-Père recevra à nouveau


les représentants de l'Église gréco-catholique
d'Ukraine. Au lieu de prononcer un discours, il se réfère
à un article de l'Osservatore Romano126 sur l'Esprit
Saint et le Synode. En quelques phrases formulées
spontanément, il précise qu'il ne faut pas confondre
synode et parlement. Le Saint-Esprit et l’identité de
l’Église sont constitutifs du synode.127

Lors de l'ouverture du « Synode d'Amazonie », le 7


octobre 2019 à Saint-Pierre, le Saint-Père a différencié
le synode des autres rassemblements : le contenu était
le même, mais sans le citer directement, il l'a exprimé
comme le Pape Paul VI, le 22 septembre 1974, lors de
l'Angélus, a expliqué ce qu'est, ou plutôt ce qu'il n'est
pas, le nouveau Synode des évêques. La phrase
centrale de l'époque était, et elle est souvent répétée
par le pape François : « Un synode n'est pas un
parlement ». . "128 Mais Il rejette non seulement cette
forme politique de réunion à titre d'exemple, mais
également les tables rondes, les congrès ou d'autres
formes de discussion. Il décrit l'Église avec Ignace de
Loyola comme « la sainte mère, l'Église hiérarchique
[...] ».129 Le facteur décisif qui distingue le synode de
tous les autres rassemblements est l'Esprit Saint, qui
est l'acteur principal du synode. avoir de la chaleur

125 Cf. Pape FRANÇOIS, discours aux représentants de


l'Église gréco-catholique

d’Ukraine le 5 juillet 2019. 126 Voir MASCIARELLI,


Sinodalità e Spirito santo, 6.

127 Cf. Pape FRANÇOIS, discours aux évêques de


l'Église orthodoxe grecque d'Ukraine réunis pour un
synode à Rome le 2 septembre 2019. 128 Cf. son
discours à l'ouverture du Synode des évêques du 5
octobre 2015, le discours discours aux évêques
ukrainiens le 2 septembre 2019 et discours à la
Conférence épiscopale italienne le 30 avril 2021.
129 IGNACE DE LOYOLA, Cahier 353, cité de : Pape
FRANÇOIS, salutation à l'ouverture des travaux de
l'Assemblée Spéciale du Synode des Évêques pour la
Région Pan-Amazonie le 7 octobre 2019 ; sur
l'utilisation de la citation d'Ignace, voir aussi le discours
à l'audience générale du 5 novembre 2014, où il dit que
la maternité de l'Église s'exprime particulièrement dans
le service de l'évêque, garant de la foi et représentant
du Christ pour le peuple de Dieu.

1. COMPRÉHENSION DU PAPE FRANÇOIS DE LA


SYNODALITÉ

54

Pour exprimer l'esprit spirituel, la prière intensive, la


parrhesia, l'écoute et le discernement sont nécessaires.
Concrètement, il suggère qu'après quatre discours, il y
ait quatre minutes de silence pour la réflexion. 130
De la considération du récit des Actes sur le Concile des
Apôtres (Actes 15 et Ga 2, 1-11), le Saint-Père tire des
critères pour les processus synodaux dans la catéchèse
lors de l'audience générale du 23 octobre 2019. Il
soutient que le dialogue doit être la méthode du
synode. Cela consiste en une écoute patiente et une
prise de décision à la lumière du Saint-Esprit. La
présence du Saint-Esprit est le critère de distinction
entre le synode et un parlement. 131

En novembre 2019, le Saint-Père remercie la


Commission théologique internationale (CIT) pour son
travail jusqu'à présent, y compris le document sur la
synodalité. Il précise que pour lui la synodalité est un
style d'église qui n'est ni comparable à une fête avec
des enfants ni à une prise de décision via des sondages
d'opinion. Il voudra peut-être exprimer ainsi que le
style ne doit pas être sous-interprété comme une
simple unité non pertinente et non contraignante, ni
sur-interprété unilatéralement comme une sorte de
démocratie directe. C'est un style, une manière de
réaliser l'Église créée à l'image de la Trinité de Dieu. Et
surtout, l’âme de la synodalité, c’est le Saint-Esprit. 132
2.1.8... en 2020 : Déformations de la synodalité

Dans l'exhortation apostolique post-synodale Querida


Amazonia, François dit que les communautés de base
offrent de véritables expériences de synodalité parce
qu'elles ont combiné l'engagement communautaire
pour leurs droits avec l'annonce missionnaire et la
spiritualité (cf. n° 96). La synodalité de l’Église signifie
également qu’elle permet aux femmes de prendre
visiblement et efficacement leur place dans l’Église. Ils
devraient de plus en plus trouver leur place dans des
services et des tâches qui ne nécessitent pas de
consécration. Là, ils doivent conserver leur style
féminin. 133

130 Par rapport au Synode des Jeunes de 2018, ce


moyen est ici élargi. 131

Pape FRANÇOIS, audience générale du 23 octobre


2019. 132 Pape FRANÇOIS, discours aux membres de
l'Internationale Théologique
Commission le 29 novembre 2019.

133 Cf. Pape FRANÇOIS, Exhortation apostolique post-


synodale « Querida Amazonia », n° 103.

2. ANALYSE DE LA COMPRÉHENSION DU PAPE


FRANÇOIS SUR LA SYNODALITÉ

55

Le 25 novembre 2020, dans sa catéchèse lors de


l'audience générale, le Saint-Père parle du verset des
Actes des Apôtres, qui décrit la première communauté
de Jérusalem comme une communauté qui adhère à
l'enseignement des apôtres, à la fraction du pain. et
des prières (cf. Actes 2:42). François note que l'on
identifie ici quatre critères constitutifs de l'Église parce
qu'ils permettent à l'Église de rester unie au Christ : «
premièrement, écouter l'enseignement des Apôtres ;
deuxièmement, la préservation de la communauté
mutuelle ; troisièmement, la fraction du pain et
quatrièmement, la prière. « 134 Ces quatre
coordonnées » sont également la base de la prise de
décision au sein de l'Église. Un chemin synodal qui ne
prend pas en compte les quatre critères n’est pas
ecclésiastique mais laïc. Le respect des quatre critères
garantit la présence du Saint-Esprit. Et cela, comme le
Saint-Père cite le Catéchisme, rappelle à l'Église le
Christ et introduit toute la vérité.

(cf. CCC 2625), 135 Dans son livre « Osez rêver ! », dans
lequel il tire les leçons de la pandémie du coronavirus,
le pape François aborde également clairement sa
compréhension de la synodalité, qui est à la base de
l'enseignement des contraires de Romano Guardini, qui
distingue l'opposition de la contradiction et lui attribue
un potentiel créatif et dynamique, 136 Si deux opposés
sont tolérés et si l'on tente de comprendre dans le
dialogue les raisons des différences, une nouvelle
synthèse peut être trouvée à un niveau plus profond
pour les personnes impliquées. se confient à Dieu dans
un tel processus, un « débordement » de grâce peut
même se produire.
Selon François, le concept de synodalité devrait
précisément conduire à cela, tant dans le domaine
séculier que dans le domaine ecclésiastique. Il se
préoccupe avant tout de gérer les différences tout en
maintenant l’unité. Il en voit le premier modèle dans le
Concile des Apôtres. De plus, la participation du peuple
de Dieu lui tient particulièrement à cœur. D'une part
parce qu'avec LG 12, il considère le sens de la foi des
croyants comme infaillible, et d'autre part parce qu'il
veut suivre l'ancien principe de l'Église Quod omnes
tangit ab omnibus tractari debet". Par quelques
changements structurels au Synode de Evêques, il a
voulu que les synodes « soient plus libres et plus
dynamiques et disposent de plus de temps pour des
discussions honnêtes et pour

134 Pape FRANÇOIS, audience générale du 25


novembre 2020.

135 Cf. ibid.


136 Voir DETTLOFF, Romano Guardini (1885-1968),
325.

56

L. COMPRÉHENSION DU PAPE FRANÇOIS DE LA


SYNODALITÉ

Proposez d'écouter [...].»137 En ce qui concerne le


contenu des négociations du Synode, il précise plus
clairement dans son livre que dans ses discours que
l'enseignement de l'Église n'est pas sujet à débat.

« Lorsqu’on parle de synodalité, il est important de ne


pas confondre la doctrine et la tradition avec les
normes et méthodes de l’Église. Ce qui est discuté lors
des assemblées synodales, ce ne sont pas les vérités
traditionnelles de l’enseignement chrétien. »138
Le synode devrait se préoccuper du « comment » de la
foi chrétienne dans le monde contemporain et non du
« quoi ».

Le Saint-Esprit est un élément essentiel. Il faut donc


parler librement et écouter humblement pour que son
œuvre ne soit pas ignorée.

Revenant sur trois synodes, il parle aussi de difformités


et de tentations. Les aberrations doctrinales
comprennent une obsession de la pureté doctrinale et
une insistance sur « des critères progressistes qui sont
incompatibles avec l'Évangile et la tradition ». 139 Les
participants étaient tentés de considérer le synode
comme un parlement et de diffuser leur propre
position par le biais de tactiques politiques (par
exemple par le biais d'appels, de sondages d'opinion ou
via les médias). Il voit également un danger pour le
synode dans la polarisation et l’escalade médiatique.
Cela conduit à une pensée en noir et blanc, que le
chemin synodal vise à éliminer.
Enfin, le Saint-Père cite trois conditions préalables à la
renaissance de la synodalité de l'Église primitive :
l'écoute respectueuse les uns des autres, le
débordement de nouveautés et la patience. 140 Dans
le discours de Noël à la Curie en 2020, le Saint-Père
différencie clairement sa compréhension de la
synodalité des malentendus. Toutes les interprétations
erronées qui naissent du conflit entre différents
groupes, majorités et minorités, différentes fonctions,
de droite ou de gauche, ont un défaut crucial : elles
éloignent l'Esprit Saint du concept de synodalité et ne
comprennent pas l'Église comme un corps vivant. Il
précise également que la réforme de l’Église ne
consiste pas à changer l’Église elle-même, mais
seulement son apparence. Le corps reste le même, seul
le vêtement est renouvelé.

137 Pape FRANÇOIS, Osez rêver !, 110.

138 Ibid., 111.

139 Idem, p. 112.


140 Cf. ibid., 103-122.

141 Voir Pape FRANÇOIS, discours à la Curie romaine


lors de la traditionnelle réception de Noël du 21
décembre 2020.

57
2. ANALYSE DE LA COMPRÉHENSION DU PAPE
FRANÇOIS SUR LA SYNODALITÉ

2.1.9 ... en 2021 : La synodalité est communion en


pratique

Dans son discours aux participants de l'assemblée


générale du Mouvement des Focolari, François a
évoqué un aspect de la synodalité qui concerne la
gouvernance de la communauté. Promouvoir la
synodalité dans la communauté signifie donc rendre le
leadership transparent et intégrer des processus
consultatifs.142

Lors de la catéchèse de l'audience générale du 14 avril


2021, le Saint-Père parle de la prière. Il précise que les
processus de réforme au sein de l'Église qui oublient la
prière et donc l'ouverture à l'Esprit Saint ne sont pas
des processus ecclésiastiques. 143

Lors de la messe de la Fête-Dieu dans la basilique Saint-


Pierre le 6 juin 2021, le pape François souligne que les
rassemblements religieux ne peuvent être synodaux s'il
manque l'adoration et l'émerveillement devant la
présence du Seigneur dans l'Eucharistie. De l’ouverture
et de l’humilité envers le Seigneur dans l’Eucharistie
naît la véritable ouverture envers les personnes.144

Le 19 juin 2021, le Saint-Père s'adressera aux diacres


permanents du diocèse de Rome. Il place le terme «
synodal » à côté de « missionnaire » et de « diaconal »,
qu'il décrit comme constitutifs de l'Église. La synodalité
est donc une ligne d’action à laquelle l’Église est
obligée en raison de son fondement trinitaire.145

Le 18 septembre 2021, le pape François s'adressera aux


croyants du diocèse de Rome dans la salle d'audience
avec une introduction passionnée et très vivante au
processus synodal mondial. Il conclut par un appel qui
montre clairement ce que le Saint-Père veut réaliser
avec sa motivation pour une synodalité vécue :

« En cette période de pandémie, le Seigneur insiste sur


la mission d’une Église qui soit sacrement de soin. Le
monde a lancé son cri et exprimé sa vulnérabilité : le
monde a besoin de soins. »146

142 Cf. Pape FRANÇOIS, discours aux participants de


l'Assemblée générale de la

Mouvement des Focolari le 6 février 2021. 143 Pape


FRANÇOIS, Audience générale du 14 avril 2021.
144 Cf. Pape FRANÇOIS, Sermon pour la solennité du
Corps et du Sang du Christ du 6 juin

2021 dans la Basilique Saint-Pierre.

145 Cf. Pape FRANÇOIS, discours aux diacres


permanents du diocèse de Rome et aux membres de
leurs familles, le 19 juin 2021.

146 Pape FRANÇOIS, Discours aux fidèles du diocèse de


Rome, le 18 septembre 2021.

58

I. COMPRÉHENSION DU PAPE FRANÇOIS DE LA


SYNODALITÉ

Dans ce contexte, il expose clairement sa vision du


processus synodal. C’est censé être un processus
d’écoute du Saint-Esprit. D’une part, il distingue cela
des sondages d’opinion, des études et des parlements.
D’un autre côté, cela affirme la nécessité d’écouter
chacun, non seulement ce qu’il dit mais aussi ce qu’il
ressent. Même les insultes doivent être entendues
parce que le Saint-Esprit peut parler à travers elles. Il va
même jusqu'à dire que le Saint-Esprit peut parler à
travers n'importe quelle créature (en référence à l'âne
dans Nombres 22). Rien ni personne ne doit donc être
ignoré.

Une déclaration centrale sur la compréhension de la


synodalité par le pape François dans ce discours est la
suivante :

« Le thème de la synodalité n'est pas un chapitre d'un


traité d'ecclésiologie, encore moins une mode, un mot
à la mode ou un nouveau terme à utiliser ou à exploiter
dans nos réunions. Non! La synodalité exprime la
nature de l'Église, sa forme, son style, sa mission. Il faut
donc parler de l'Église synodale, mais éviter de la
considérer comme un titre parmi d'autres, comme une
vision avec des alternatives. »147
La source la plus importante, il parle d'un manuel, car
la synodalité est les Actes des Apôtres. Pour lui, la
synodalité n’est pas une question de théorie, mais une
question de pratique. La synodalité ne peut se
substituer à l’ecclésiologie de communion. En même
temps, il précise que la synodalité prétend se référer à
l'ensemble de l'Église ; il parle même de son essence.
"Synodal" n'est donc pas une autre caractéristique de
l'Église une, sainte, catholique et apostolique, mais
exprime plutôt la forme et le style de cette église
connue dans la nota ecclesiae. L'"église synodale" est
l'église en exécution connue dans le Credo. Le pape
François attache une grande importance aux Actes des
Apôtres comme référence durable et souligne
particulièrement le rôle principal de l'Esprit Saint et
l'ouverture des apôtres à son œuvre qui les a conduits
à Rome.148

Pour une mise en œuvre concrète, il lui tient à cœur de


faire l’expérience d’une coopération réelle et égale.
Personne ne devrait se sentir trop repoussé et rabaissé.
Car toute personne baptisée et confirmée est autorisée
à la dignité de la fonction prophétique du Christ (en
référence à LG 33-35). Il considère comme base la
théorie du sensus fidei, qui est infaillible en matière de
foi. Celui-ci vient

147 Idem.

148 Voir ibid.

2. ANALYSE DE LA COMPRÉHENSION DU PAPE


FRANÇOIS SUR LA SYNODALITÉ

59

Cependant, cela ne s'applique pas lorsque les gens


expriment leurs évaluations personnelles de certains
éléments de l'enseignement et de la discipline de
l'Église, les comparent les uns aux autres et
déterminent ensuite l'opinion de la majorité. Ce serait
l’approche d’un parlement. Il nous rappelle que les
groupes qui se considéraient comme des leaders
d'opinion dans l'histoire de l'Église ont "toujours" (sic !)
fini dans les hérésies (comme les Gnostiques, les
Pélagiens et les Jansénistes). La synodalité, en
revanche, devrait aider tous les chrétiens. reconnaît le
don que Dieu lui a fait à travers sa vocation et se
demande comment il peut transmettre ce don aux
autres.149

Le 7 octobre 2021, le Saint-Père rencontrera le groupe


de travail mixte orthodoxe-catholique de Saint Irénée.
Il remercie les membres d'avoir publié l'étude : « Au
service de la communauté. « Repenser le rapport entre
primauté et synodalité » 150 Il souligne
particulièrement que

"Grâce au dialogue constructif patiemment mené,


notamment avec les Églises orthodoxes, nous
comprenons mieux que la primauté et la synodalité ne
sont pas deux principes concurrents qu'il faut maintenir
en équilibre, mais deux réalités qui s'unissent au
service de la communauté, se justifient et se
soutiennent mutuellement". .151

La synodalité, comme la primauté, a pour tâche de


servir la communauté ("comunione"). La synodalité et
la primatialité seraient donc, pour ainsi dire, le mode
de vie de l'Église en tant que communion. Il le précise
encore une fois, en référence à le document de la
Commission théologique internationale « La synodalité
dans la vie et la mission de l'Église » (2018, n° 64), que
la synodalité qu'il réclame ne remplace pas la
hiérarchie de l'Église, mais la présuppose : « La
synodalité dans l'Église catholique » L’Église peut être
considérée au sens large comme une articulation de
trois dimensions : toutes, certaines, une. Car la
synodalité implique l'exercice du sensus fidei de
l'Universitas fidelium (tous), la fonction de
gouvernement du collège des évêques, chacun avec
son presbytère (certains), et la fonction d'unité de
l'évêque et du pape (un) [. ..]."152

149 Voir ibid.


150 Cf. CERCLE DE TRAVAIL MIXTE ORTHODOXE-
CATHOLIQUE ST. IRENÄUS, Au service de la
communauté.

151 Pape FRANÇOIS, discours au groupe de travail


conjoint orthodoxe-catholique Saint Irénée le 7 octobre
2021, traduction allemande du nonce Nikola Eterović
dans son salut aux évêques allemands à l'occasion de
leur assemblée générale de printemps le 7 mars 2022.

152 Idem.

60

1. COMPRÉHENSION DU PAPE FRANÇOIS DE LA


SYNODALITÉ

Le 9 octobre 2021, le pape François ouvrira dans la salle


synodale le processus mondial de préparation du
Synode des évêques de 2023, qui s'étalera sur trois ans,
sous le thème « Pour une Église synodale :
communauté, participation et mission ». Le Saint-Père
souligne que le synode n'est ni un parlement ni un
sondage d'opinion car l'Esprit Saint est l'acteur
principal de ce processus. Il détaille ensuite les trois
termes du sous-titre du chemin synodal. Il qualifie de «
communauté », « comunione » italienne, comme
concept ecclésiologique de communion et le lie au
concept de mission. Le Concile Vatican II a enseigné
que l'Église imite la vie du Dieu trinitaire dans la
communauté et la mission, notamment intérieurement
sous forme de communauté et après à l'extérieur. sous
la forme de la mission. Le pape Paul VI a décrit ces deux
termes comme les lignes directrices du Concile (en
référence à son discours de l'Angélus du 11 octobre
1970). À la conclusion du Synode des évêques de 1985,
le pape Jean-Paul II a réaffirmé que l'essence de l'Église
est la communion (en référence à son discours à
l'assemblée finale du deuxième synode extraordinaire
des évêques, le 7 décembre 1985). Dans son discours
final, Jean-Paul II a également appelé à ce que les
synodes des évêques se tiennent, si possible, avec la
participation de tous les croyants.
doit être bien préparé dans les églises locales. Le pape
François décrit ainsi la relation entre synodalité et
communion :

« Les concepts de communauté et de mission risquent


de rester un peu abstraits à moins de cultiver une
pratique ecclésiale qui exprime le caractère concret de
la synodalité à chaque étape du chemin et de la
procédure et qui encourage la participation réelle de
chacun. Je voudrais dire que la célébration d'un synode
est toujours belle et importante, mais elle n'est
vraiment féconde que lorsqu'elle devient une
expression vivante d'être une Église, une action
caractérisée par une participation authentique. " [Herv.
dans l'original] 153

Pour le pape François, la synodalité est donc une


pratique ecclésiale qui correspond à la description par
l'Église de son essence de communion. Il reconnaît un
déficit dans la pratique antérieure en matière de
participation de tous les baptisés à la mission de
l'Église. On pourrait dire qu'il veut promouvoir une
participatio actuosa, qui rend possible la constitution
liturgique pour tous ceux qui sont réunis pour la
liturgie, pour toute la vie de l'Église, en fonction de
l'office et du charisme.

153 Pape FRANÇOIS, discours d'ouverture du synode le


9 octobre 2021.

61

2. ANALYSE DE LA COMPRÉHENSION DU PAPE


FRANÇOIS SUR LA SYNODALITÉ

Il évoque les risques du synode : formalisme,


intellectualisme et immobilité. Vous faites face à trois
opportunités : devenir une Église synodale, devenir une
Église d’écoute, devenir une Église de proximité. Ces
trois « styles » sont une expression pratique de
l’Imitatio trinitatis : l’Église doit devenir synodale non
seulement « occasionnellement, mais structurellement
», en italien : « non occasionnellement ma
strutturalmente » [Herv. dans l’original], de sorte
qu’elle soit un un lieu ouvert « où chacun se sent chez
lui et peut participer. »154 Afin de devenir une église à
l’écoute, il faut d’abord apprendre à écouter l’Esprit
dans l’adoration. « Combien l’adoration nous manque
aujourd’hui ! »155 Ensuite, l’église peut aussi entendre
les besoins des croyants du monde entier et
reconnaître les signes que la vie concrète donne sur
place. Il souligne ici une fois de plus la primauté de la
dimension verticale de la synodalité. Il termine son
discours par une citation d'Yves Congar (en référence à
Vraie et fausse dans la réforme de l'Église, Paris 1950),
dans laquelle il souligne qu'il ne s'agit pas de changer
l'Église, mais bien de la fermer, même si le l'Église peut
être reconnue dans le monde dans son altérité.

Dans la Messe par laquelle il a ouvert le processus


synodal mondial 2021-2023 le 10 octobre 2021, il a
utilisé l'exemple de Jésus pour illustrer ce qu'il imagine
être la synodalité dans l'Église. En interprétant la
péricope de la rencontre de Jésus avec l'homme riche
qui lui demande comment il peut hériter de la vie
éternelle (cf. Mc 10, 17), il a mis en évidence trois
comportements de Jésus qui sont également
importants pour le chemin synodal de l'Église : la
rencontre , écoutez, distinguez. L’accent mis sur la
dimension verticale de la synodalité est clairement
visible. Premièrement, Dieu doit être écouté, Dieu doit
être rencontré dans l’adoration, Sa Parole doit être
prise en compte pour le discernement. Cette priorité de
Dieu devrait alors permettre des rencontres humaines
véritables, libres et ouvertes, susceptibles de changer la
vie. Il souligne une fois de plus que le synode « n’est
pas une convention ecclésiale, une conférence d’étude
ou un congrès politique, qu’il n’est pas un parlement,
mais un événement de grâce, un processus de guérison
sous la direction du Saint-Esprit. »156 L’Église devrait
redevenir véritablement ouvert aux gens.

Le 22 octobre 2021, le pape François appelle les


participantes au chapitre général des Filles de Marie
Auxiliatrice à vivre de manière synodale au sein de leur
congrégation. Ce qu'il veut dire, c'est que

154 Idem.
155 Idem.

156

Pape FRANÇOIS, sermon à l'ouverture du Synode des


Évêques le 10 octobre 2021.

62

1. COMPRÉHENSION DU PAPE FRANÇOIS DE LA


SYNODALITÉ

Ils doivent gérer les différences entre les membres en


termes d'âge et d'origine de manière à ce que les
relations fraternelles puissent se développer et que se
crée une communauté capable de travailler ensemble
de manière familiale. « Ne fuyez pas vers d’autres
congrégations parce que vous ne pouvez pas supporter
la vôtre. C'est une manière concrète pour vous de vivre
la synodalité [...]. »157 La condition préalable à cela est
la soumission à l'Esprit Saint.

Le 2 décembre 2021, le pape François rencontrera des


prêtres, des religieux, des diacres, des catéchistes, des
associations ecclésiastiques et des associations à la
cathédrale maronite Notre-Dame de Grâce de Nicosie.
Il leur résume ce que devrait être le processus synodal
de l’Église universelle : la prière et l’écoute pour rendre
l’Église obéissante à Dieu et ouverte aux hommes.158

Lors de la conférence de presse sur le vol de retour de


son voyage vers la Grèce et Chypre le 6 décembre
2021, il explique le sens de la synodalité comme
dynamique de la différence entre clergé et laïcs au sein
de l'unique peuple de Dieu. Cela nécessite une écoute
mutuelle intensive. 159

Le 3 décembre 2021, le Saint-Père prendra la parole à


la cathédrale orthodoxe de Nicosie lors de la rencontre
avec les évêques du Saint-Synode de l'Église de Chypre
au cours de son voyage apostolique à Chypre et en
Grèce. Il parle de la manière correcte d'annoncer
l'Évangile et présente comme exemple éloquent
Barnabas, dont le surnom (Barnabas) signifie à la fois «
fils de consolation » et « fils d'avertissement ». Les
deux sont nécessaires à l’annonce de l’Évangile : la
vérité et l’amour. Et la mise en œuvre des deux
fonctions uniquement en communauté, et pour cela la
redécouverte de la dimension synodale de l'Église est
nécessaire, pour laquelle un échange œcuménique est
nécessaire.

utile aux églises orthodoxes. 160

Dans son discours de Noël, le pape François a inculqué


aux cardinaux réunis l'attitude d'humilité que Dieu lui-
même a pratiquée au plus haut degré dans son
incarnation. humilité

157 Pape FRANÇOIS, Discours aux participantes au


Chapitre Général des Filles
Marie Auxiliatrice, le 22 octobre 2021. 158 Cf. Pape
FRANÇOIS, discours aux prêtres, religieux, diacres,
catéchistes,

associations et associations ecclésiales le 2 décembre


2021. 159 Cf. Pape FRANÇOIS, réponse lors de la
conférence de presse sur le vol de retour de
l'Apostolique

voyage français en Grèce et à Chypre le 6 décembre


2021.

160 Cf. Pape FRANÇOIS, discours lors de la réunion avec


le Saint-Synode de l'Église orthodoxe de Chypre le 3
décembre 2021.

2. ANALYSE DE LA COMPRÉHENSION DU PAPE


FRANÇOIS SUR LA SYNODALITÉ

63
et la modestie sont également des conditions
préalables nécessaires au processus synodal, qui doit
aider chacun, clergé et laïcs, à se considérer comme
membres du peuple de Dieu. La synodalité est un style
auquel les membres de la Curie romaine doivent se
convertir.161

Lors de la messe de Noël du 24 décembre 2021, il parle


à nouveau de « l'Église synodale ». Elle devrait prendre
l'exemple des Mages et se rendre à Bethléem pour
adorer. Il parle du fait que l'Église doit retourner à ses
origines : l'essence de la foi, au premier amour, au culte
et à la charité. »162 Ici aussi, il souligne que l'Église ne
peut devenir une communauté humaine féconde
(incarnation horizontale) qu'en reconnaissant la
primauté de Dieu (incarnation verticale).

2.1.10 ... en 2022 : Synodalité, liturgie et droit

Le pape François appelle les membres d'une délégation


de l'Action catholique France le 13 janvier 2022 à
participer activement au processus synodal de l'Église
universelle. Il nous rappelle que la synodalité ne doit
pas être comprise comme une sorte de processus
parlementaire. La synodalité fait partie de la nature de
l’Église et n’est pas un ajout qui peut être accepté ou
rejeté de temps en temps.

« La synodalité n’est pas non plus la recherche du


consensus de la majorité. C’est ce que fait un
parlement, comme on le fait en politique. Ce n'est pas
un plan, ce n'est pas un programme à mettre en œuvre.
C'est un style à adopter dans lequel l'acteur principal
est l'Esprit Saint, exprimé avant tout dans la Parole de
Dieu lue, méditée, partagée ensemble. »163

Il précise ainsi que la synodalité est une question de


pratique ecclésiale et qu'il faut donner la primauté à la
Parole de Dieu, et donc à la dimension verticale.

Le 27 janvier 2022, le pape François parlera de la


synodalité dans le système judiciaire à l'occasion de
l'ouverture de l'année judiciaire de la Rote romaine.
Cela s'exprime, notamment dans les processus de
mariage, par le fait que toutes les personnes
impliquées n'ont qu'un seul intérêt, à savoir la vérité.

161 Pape FRANÇOIS, discours lors de la réception de


Noël de la Curie romaine le 23 décembre 2021.

162 Pape FRANÇOIS, sermon à la messe de Noël du 24


décembre 2021.

163 Pape FRANÇOIS, discours à la délégation de l'Action


catholique française

le 13 janvier 2022.

64
signifie découvrir. Pour réaliser cette « unité de but »
(en référence à Pie est une expression de la synodalité,
qui est devenue libératrice

Dans son discours aux participants à l'assemblée


générale de la Congrégation pour les Églises orientales
du 18 février 2022, le Saint-Père met en garde contre
une compréhension du processus synodal comme un
parlement. Le Saint-Esprit est constitutif de la
synodalité contrairement aux processus laïques de
formation d’opinion et de prise de décision. Il compare
le processus synodal à l'assemblée liturgique dans
laquelle la manière d'agir n'est pas influencée par les
changements d'opinions et les analyses sociologiques
nécessaires mais par « la parole et l'esprit du Ressuscité
».

Dans le discours aux membres de la Commission


pontificale pour la protection des mineurs du 29 avril
2022, le Saint-Père appelle à l'aide et à la supervision
des conférences épiscopales afin qu'elles puissent
fournir des instruments utiles pour l'accompagnement
des victimes d'abus, pour la protection des les enfants
et les jeunes et pour le traitement équitable des
auteurs d’abus. Le pape François décrit cette obligation
de la Commission de protection de l'enfance comme
une sorte d'autorité de contrôle à l'égard des
conférences épiscopales comme une expression du
caractère synodal de l'Église.

2.2 Résumé et évaluation des déclarations papales sur


la synodalité de l'Église

2.2.1 La synodalité comme fil conducteur du pontificat

Pour analyser la compréhension de la synodalité du


pape François, tous les documents pertinents de son
pontificat jusqu'au 21 mai 2022, y compris le discours
du pré-conclave et son livre "Osez rêver !", ont été
évalués.

164 Cf. Pape Fans, discours d'ouverture de l'année du


jugement des Romains
Rotation du 27 janvier 2022

165 Pape FRANÇOIS, discours aux participants à


l'assemblée plénière de la Congrégation pour les Églises
orientales du 18 février 2022

166 Voir Pape FRANÇOIS, discours aux membres de la


Commission pontificale pour la protection des mineurs,
le 29 avril 2022.

167 Toutes les encycliques, exhortations apostoliques,


exhortations apostoliques post-synodales, Motu
Proprien, lettres sélectionnées (ecclésiastiques, à usage
général/destinataire), toutes

65

2. ANALYSE DE LA COMPRÉHENSION DU PAPE


FRANÇOIS SUR LA SYNODALITÉ
il parle du thème de la synodalité six fois par an. Les
années 2019 et 2021 sont frappantes, au cours
desquelles il parle respectivement de onze et treize fois
de la synodalité. En 2019, le chemin synodal a été
annoncé en Allemagne et en 2021, il a ouvert le
processus synodal mondial pour la mise en œuvre du
Synode des évêques en 2023. Pour la première fois, il a
parlé explicitement de la « synodalité » lors de la
réunion avec la délégation de l'Église œcuménique.
Patriarcat de Constantinople le 28 juin 2013. Il s'agit
d'un signal œcuménique selon lequel la primauté dans
l'Église catholique romaine ne doit pas être considérée
indépendamment de la synodalité. Dans l'exhortation
apostolique ultérieure Evangelii Gaudium, il parle - ainsi
que déjà esquissé dans le discours au pré-conclave - de
nombreux aspects de sa compréhension de la
synodalité sans les nommer comme tels. Il se
préoccupe de l'évangélisation, de la parrhesia, de la
franchise dans la parole, de l'humilité dans l'écoute,
des bergers qui écoutent le peuple de Dieu et servent
avec lui son annonce de la sanctification du peuple de
Dieu. Plus tard, il résumera tout cela sous le terme de
synodalité. Lors de la célébration du 50e anniversaire
du Synode des évêques en octobre 2015, il parle pour
la première fois de « l'Église synodale », qui ,
cependant, n'introduit pas une nouvelle catégorie
ecclésiologique, mais doit être compris comme une
forme abrégée de « l'Église qui met en œuvre la
synodalité ».

Qu’entend le pape François par synodalité ? Pour lui, il


s’agit d’une manière d’être Église basée sur le
comportement communautaire de la première
communauté et qui a été récemment exigée par le
Concile Vatican II. Il s'agit du style, de la manière de
traduire ce qu'est l'Église dans la réalité. Il est
convaincu que la volonté de Dieu est que la synodalité
soit vécue plus intensément dans l'Église en ce
troisième millénaire.

Trois formes de synodalité peuvent être distinguées : la


synodalité liée à la direction de l'Église, la synodalité
liée à la pastorale, la synodalité liée à la vie des
croyants et de tous. Il est également possible de
distinguer la mise en œuvre structurelle et culturelle de
la synodalité dans l'Église.
2.2.2 Synodalité de la direction de l'Église ou synodalité
hiérarchique

En ce qui concerne la direction de l'Église, la synodalité


comprend toutes les formes de coopération, d'échange
et de consultation entre les évêques, les fonctionnaires
à plein temps et les autorités. L'autorité du Me-

Discours et catéchèses sélectionnées pour le grand


public (série de catéchèses au contenu approprié), soit
un total de 1.514 documents, dont 48 pertinents.

66

1. COMPRÉHENSION DU PAPE FRANÇOIS DE LA


SYNODALITÉ
Les trophées sont tout aussi possibles pour la mise en
œuvre de la synodalité que la création du conseil
consultatif pontifical composé de huit cardinaux de
l'Église universelle. Les réunions régulières des
dirigeants du dicastère au Vatican sont également des
exemples d'objectifs de leadership synodal. Il s’agit de
relations mutuelles, notamment entre le Siège
Apostolique et les évêques de l’Église universelle. Les
évêques locaux doivent également entretenir des
échanges animés, des consultations mutuelles et une
coopération entre eux ; il en va de même pour les
prêtres d'un diocèse. Pour lui, la collégialité est la
forme spécifique sous laquelle s’exprime la synodalité.
Et la collégialité se réalise dans la communion des
Églises particulières. La synodalité n'abolit pas la
hiérarchie, mais lui permet plutôt de retrouver le
caractère de service qui lui est propre.

2.2.3 Synodalité pastorale ou synodalité pastorale

L'idée du Peuple de Dieu du Concile Vatican II et la


doctrine du sens de la foi des croyants (LG 12), dans
laquelle est ancrée l'infaillibilité du Pape, ajoutent une
idée supplémentaire importante, peut-être la plus
importante pour François. On pourrait la qualifier de
synodalité de pastorale. Les bergers, c'est-à-dire les
authentiques gardiens de la foi et de la doctrine,
doivent être à l'écoute du peuple de Dieu, ensemble ils
doivent écouter l'Esprit Saint. Les pasteurs et les
théologiens sont appelés à entreprendre un acte
ecclésial de discernement afin de réinterpréter
finalement une partie de l'enseignement de l'Église
pour aujourd'hui. Pour cela, ainsi que pour la
synodalité de direction, il convient d'utiliser les
structures existantes : au niveau de l'Église universelle,
le synode des évêques, au niveau entre l'Église
universelle et les Églises particulières, les conférences
épiscopales, au niveau au niveau des églises
particulières, du conseil des prêtres, etc. Collège des
consulteurs, chapitre cathédral et conseil pastoral et,
au niveau paroissial, les conseils. Il ne s'intéresse pas à
ce que les laïcs soient toujours activement impliqués,
mais plutôt à ce que toutes les personnes impliquées
sachent comment et ce que pensent les croyants
ordinaires.
2.2.4 La synodalité de vie, une question de style

Une troisième forme de compréhension de la


synodalité par le pape François peut être appelée une
compréhension générale de la synodalité pour la vie.

168 Le pape FRANÇOIS appelle à de telles réunions


régulières dans sa Constitution apostolique «
Praedicate Evangelium » du 19 mars 2022, article 10,
mais sans plus d'informations sur le format et la
fréquence.

2. ANALYSE DE LA COMPRÉHENSION DE PAPOT


FRANCIS SUR LA SYNODALITÉ

67

les croyants et même tous les gens comprennent. Ce


qui l’intéresse, c’est de comprendre que les humains,
et plus encore les croyants, sont des êtres sociaux. Le
style synodal consiste alors à cultiver la communion
fraternelle, à s'écouter les uns les autres et à écouter
ensemble l'Esprit Saint. Tout le monde doit être
valorisé et personne ne doit être exclu. Dans son livre «
Osez rêver ! », il suggère également ce style pour les
processus laïques car il permet de maintenir l'unité
d'une communauté malgré les différences existantes.

2.2.5 La synodalité mal comprise : interprétations


erronées et malentendus Il est frappant de constater
qu'au cours des huit années de son pontificat, le Saint-
Père met de plus en plus en garde contre les
interprétations erronées et les malentendus de la
synodalité ainsi que contre les tentations des acteurs
des processus synodaux. Les interprétations erronées
et les malentendus sur la synodalité consistent
généralement à retirer le Saint-Esprit en tant qu'acteur
principal du processus synodal. En revanche, le pape
François a déclaré à plusieurs reprises qu’un synode
n’est pas un parlement et ne devrait pas se dérouler
comme un consensus laïc ou même comme un
processus de recherche de compromis. À un moment
donné, il parle également d'une interprétation erronée,
caractérisée par le rejet du processus synodal comme
une forme de vie communautaire non contraignante et
plus ou moins pertinente (image d'enfants se tenant la
main). Les tentations des acteurs individuels sont
également liées au fait de négliger le Saint-Esprit en
tant qu’acteur principal du processus. Par exemple, il
parle de la tentation d'être doctrinalement fermé, de la
tentation d'être un bienfaiteur superficiel, de la
tentation de succomber à l'air du temps, de la tentation
de négliger la doctrine de l'Église ou de la tentation
seulement partiellement percevoir la réalité. Un mal
contre lequel il s’oppose à la synodalité est le
cléricalisme. Il s'agit d'une fausse compréhension du
pouvoir et d'un isolement du peuple de Dieu et n'est
donc pas propre aux « clercs ».

2.2.6 Synodalité et doctrine

Le Saint-Père souligne à plusieurs reprises dans ses


discours que les processus synodaux au sein de l'Église
ont un système de coordonnées clair.

169
Voir Pape FRANÇOIS, Ma vie, mon chemin, 121 f, où il
rend compte de la « culture de la rencontre » qu'il a
proposée à la politique et à la société argentines avec
une compréhension générale de la synodalité comme
solution à leur fragmentation. Ibid., 126 : " Vous
devriez avoir des dialogues, avoir des dialogues, avoir
des dialogues [...]."

68

I. COMPRÉHENSION DU PAPE FRANÇOIS DE LA


SYNODALITÉ

doit avoir : La verticale est donnée dans une seule


direction en relation avec Jésus-Christ. Elle est
conservée en fidélité à sa tradition, qui est conservée
dans l'église par les apôtres avec Pierre en tête et leurs
successeurs avec le Pape en tête (cf. l'image de la
pyramide inversée dans le discours à l'occasion du
50ème anniversaire de la création du Synode des
Évêques le 17 octobre 2015, voir note 78 ci-dessus).
L’autre direction de la verticale montre le but de
l’Église : la communauté éternelle du Dieu trinitaire.
Par l’œuvre du Saint-Esprit, l’action synodale de l’Église
est déjà liée à cette communauté. L'accent mis sur
l'Esprit Saint en tant qu'acteur des processus synodaux
se retrouve dans presque toutes les déclarations
synodales du Saint-Père, et il formule à plusieurs
reprises les conditions préalables qui doivent être
présentes pour cela : courage apostolique, audace,
humilité, prière et protection. , décor d'église.
L'horizontale relie les synodes à l'Église de tous les lieux
et de toutes les époques. Dans la lettre aux pèlerins
d'Allemagne du 29 juin 2019, il met particulièrement
l'accent sur le concept de sensus ecclesiae, qui garantit
l'intégration de l'Église dans la communion en tant que
corps du Christ, constitué dans et à partir d'Églises
particulières. Ceci est souligné par Walter Kasper, qui
déclare de manière presque apodictique à propos de la
relation entre synodalité et doctrine dans sa
contribution commémorative au cardinal Koch :

« Le pape n'a aucunement l'intention de mettre de côté


l'enseignement de l'Église et les commandements de
Dieu, les considérant comme insignifiants, comme le
craignent certains au sein de l'Église catholique. Il n’est
pas intéressé par le christianisme à prix réduit. Il veut
faire briller dans son contexte intérieur, dans sa beauté
originelle et dans son attrait et le parfum de l'Évangile
redistribué l'Évangile entier et complet (EG 237), qui
est annoncé dans l'Église, cru et témoigné dans la vie
(EG 237). 34 ; 39). Il veut montrer que la foi n'est pas
une lagune fade, mais une source toujours fraîche et
rafraîchissante (EG 11) et une vérité qui ne se démode
jamais (EG 265)."170

2.2.7 Synodalité puisée aux sources

Les sources de sa compréhension du Nouveau


Testament sont principalement l'histoire d'Emmaüs
(Luc 24 :13-33), la description de la première
communauté de Jérusalem (Actes 2 :42) et le Conseil
des Apôtres (Actes 15 et Gal 2 :1). -10), la
compréhension de la primauté, qui inclut l'autorité
enseignante suprême du successeur de Pierre (Pastor
aeternus, Chapitre IV ; LG 22), le
170 KASPER, La vision œcuménique du pape François,
25.

2. ANALYSE DE LA COMPRÉHENSION DU PAPE


FRANÇOIS SUR LA SYNODALITÉ

69

Idée Peuple-Dieu du Concile Vatican II (LG 9-14), en


particulier la doctrine du sens de la foi des croyants (LG
12), le concept de communauté hiérarchique et de
collégialité des évêques 171 (LG 22 et 23 ), la charge
pastorale des évêques (LG 27), la conception des signes
des temps (GS 4; 11) et la conception de
l'évangélisation du Pape Paul VI. Du point de vue
théologique, il convient de mentionner : la doctrine des
contraires de Romano Guardini (1885-1968), 172 la
compréhension de la réforme par Yves Congar (1904-
1995), 173 la description de la mondanité spirituelle
par Henri de Lubac (1896). -1991), 174 Michel de
Certeau (1925-1986) et à travers lui surtout Peter Faber
(1506-1546) et Jean-Joseph Surin (1600-1665).175 On
retrouve aussi des idées du romantisme démocratique
du XIXe siècle en Argentine, qui se reflètent dans un
poème de José Hernández intitulé Martín Fierro16
décrit comme une épopée nationale et dans d'autres
classiques de l'art et de la littérature comme Manzoni,
Dostoïevski et Hopkins. 177

2.2.8 L'« Église synodale »

François parle à plusieurs reprises de « l'Église synodale


».178 Il s'agit d'une nouvelle formulation du magistère
de l'Église. Dans l'actuel

171 Cf. aussi la distinction entre collégialité affective et


effective, entre attitude collégiale et exercice concret
en différentes étapes, que JEAN-PAUL II dans son
exhortation apostolique post-synodale "Pastores
gregis", 8, dans l'interprétation de Lumen gentium 22 s.
a réalisé.
172 Voir la thèse « L'opposé comme structure de la
pensée quotidienne et de l'annonce chrétienne »
commencée par Jorge BERGOGLIO en 1986, dans
laquelle Romano Guardini avec son œuvre « Le
Contraste. Tentatives pour une philosophie du vivant et
du concret, Mayence 1925 » a été le focus, cf. BAUER,
From Have to Being, 52, note 71, mais sans citer de
sources ; voir aussi à ce sujet

KASPER, Pape François, 31 f. 173 Cf. Pape FRANÇOIS,


lettre au peuple de Dieu en pèlerinage en Allemagne du
29 juin 2019, n° 3, note 9.

174 Cf. Pape FRANÇOIS, Exhortation apostolique


"Evangelii gaudium", n° 93-97 ; cf. précédemment,
même avec la mention d'Henri de Lubac dans le texte
lui-même, le pape FRANÇOIS, adresse aux
représentants pontificaux les jours de prière et la
réflexion sur l'Année de la foi du 21 juin 2013, n° 3.

175 Voir BOGNER, Formative Influence, 21-24. 176 Voir


Pape FRANÇOIS, Ma vie, mon chemin, 202 : « Je
voudrais vous inviter à reprendre le poème. Ne le faites
pas par intérêt purement littéraire, mais écoutez plutôt
la sagesse de notre peuple, qui a pris forme dans cette
œuvre unique. Vous constaterez qu'au-delà des mots,
au-delà des actes, un certain sentiment perdure en
nous : le désir de tourner le bras autour de chaque
injustice et de chaque mensonge et de continuer à
travailler sur une histoire de solidarité et de fraternité,
sur un terrain commun, sur qui peuvent tous grandir à
la manière humaine. »

177 Cf. KASPER, Pape François, 27 et 31.

178 Voir note 77 ci-dessus ; voir aussi COMMISSION


THÉOLOGIQUE INTERNATIONALE, Synodalité dans la vie
et la mission de l'Église, n° 5, 11, n° 9, 14, n° 10, 15, n°
57, 50,

1. COMPRÉHENSION DU PAPE FRANÇOIS DE LA


SYNODALITÉ
On ne le trouve pas dans la version 70 du recueil des
croyances et des décisions doctrinales de l'Église. 179
La question se pose de savoir quelle qualité le pape
François donne à cette expression. On est enclin à y
voir une alternative à l'expression « Église hiérarchique
», voire une caractéristique supplémentaire (nota) de
l'Église. Andreas Batlogg SJ écrit un article Église suite à
« l'introduction » du terme par le pape François en
octobre 2015. » pour les voix de l'époque. L'article sur
« l'Église synodale » se limite ensuite à une analyse de
la compréhension de la synodalité par le pape François,
telle que nous l'avons présentée ici plus en détail. La
nouveauté de la déclaration n'est pas expliquée plus en
détail. Une nécessité, Batlogg n’en tire pas l’idée de
changer l’ecclésiologie.180 Dans la Quaestio disputata
(2020) éditée par Markus Graulich et Johanna Rahner,
qui discute du document de la Commission théologique
internationale sur la synodalité dans l’Église, la
formulation n’est pas spécifiquement éditée.181 Avec
l’expression « Église synodale », le pape François ne
veut pas ajouter une cinquième aux quatre notae
ecclesiae de l’Église une, sainte, catholique et
apostolique, comme si l’Église avait une structure
constitutionnelle synodale. . Il ressort plutôt clairement
de ses déclarations qu’il parle de l’Église qui vit et
travaille de manière synodale. Cela inclut : l’ouverture,
l’écoute, la rencontre, la discrimination. Il s’agit du style
avec lequel l’Église hiérarchiquement constituée
proclame la parole de Dieu et œuvre dans le monde, et
surtout pour le monde. La synodalité est une attitude
qui correspond à l'essence de l'Église fondée sur la
Trinité. Mais il ne s’agit pas de leur être, mais de leurs
actions. François parle aussi d’Église diaconale ou
missionnaire.

3. Implications œcuméniques de l’accent mis par le


pape François sur la synodalité

3.1 L'œcuménisme avec l'orthodoxie à la lumière de la


synodalité

Depuis 1998, Jorge Bergoglio, comme archevêque de


Buenos Aires, est également évêque des fidèles
catholiques de rite oriental.
N° 67, 56, n° 68, 57, n° 109, 88.

179 Cf. DENZINGER, Compendium des Credos et


Doctrines de l'Église

divorces.

180 Cf. BATLOGG, Église synodale, 73-74.

181 Voir GRAULICH, RAHNER (éd.), Synodalité dans


l'Église catholique.

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