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Université Cheikh Anta Diop de Dakar

FLSH/ Département de philosophie


Cours : Esthétique/Philosophie de l’art
Année universitaire : 2022-2023
Enseignant : Mounirou Diallo
Licence 1

Mounirou Diallo
Philo_Art_122B

Séquence 1 :

PH 122B - ESTHÉTIQUE ET PHILOSOPHIE DE L’ART

L’idée du beau : de Platon à la


pensée moderne du beau
Plan du cours
Séquence 1 : Présentation, introduction, Position du problème
Séquence 2 : La question du beau chez les Anciens : Platon et
Plotin
Séquence 3 : Principes et déclinaisons de la métaphysique du
beau
Séquence 4 : La Poétique d’Aristote
Séquence 5 : La pensée moderne du beau : les conséquences de
la nouvelle épistémé du XVIIIe sur le beau et l’art
Séquence 6 : L’invention du Goût et de la catégorie du Génie
Introduction

Si l’esthétique est une réflexion philosophique sur l’Art et sur le beau, alors le
terme esthétique se distingue donc de celui de l’art, en ce sens que l’art est une
pratique et l’esthétique une réflexion sur cette pratique. Aussi bien « art » et
« esthétique » se distinguent-ils du « beau ». Car la doctrine du beau est à
l’esthétique ce que l’épistémologie est à la science comme connaissance du vrai. Le
beau est par conséquent une idée (ou un idéal) qui ne peut, en aucune manière, se
confondre avec l’activité créatrice qu’est l’art. Dès lors, une problématique s’invite :
lorsqu’on dit d’une chose qu’elle est belle, au nom de quoi juge-t-on ? Le beau
subsiste-t-il en lui-même ? Ou n’est-il tout simplement qu’une affaire de
jugement ? Qu’est-ce qu’alors un jugement esthétique ?
Pour illustrer cette problématique, nous partirons, tout d'abord, de la
métaphysique du beau classique (Platon vs Aristote) et tenterons d'en déterminer
les enjeux, à partir d’un certain nombre de questions : quels rapports entre l’art et
le vrai, entre l’art et la nature ? Quelle est la portée et le sens de la mimesis.
Ensuite, nous nous efforcerons de montrer que le jugement sur le beau change
significativement de contenu au cours du XVIIIe siècle, quand on passe du primat
de l’harmonie et de l’ordre à celui du plaisir et du goût esthétiques. L’enjeu, c’est de
montrer qu’à la faveur d’une nouvelle epistêmê, le siècle des Lumières aura permis
de lier d’une manière absolument inédite le sensible, le beau et l’art.
Position du problème :

 Le mot « art » renvoie à une double étymologie, du latin « ars » qui signifie
talent, savoir-faire, habileté et au mot « artes », qui signifie œuvre d’art. C’est
pour tout dire « la parfaite maîtrise des normes d’un faire ».
 Dans l’Antiquité grecque, la situation est assez similaire. Car le mot « technê »
désigne en effet l’ensemble des connaissances pratiques et des savoir-faire
requis pour l’exécution d’une tâche ou la réalisation d’un produit.
 Il faut alors se rendre à l ’évidence : jusqu’au Moyen-Âge, on ne distinguait pas
du tout l’artiste qui peint un tableau et l’artisan qui produit un objet utile
comme un lit ou une chaise. Le Moyen-Âge chrétien apporte certes une
nouveauté en opposant arts libéraux (domaine de l’artien qui ne s’adonnait qu’à
un travail purement intellectuel) et arts mécaniques (domaine de l’artisan qui
faisait un travail essentiellement manuel). Mais il reste que cette distinction
n’affecte nullement le statut épistémique de l’art en général : on ne distinguait
toujours pas l’artiste peintre du menuisier ou du cordonnier. La menuiserie, la
poterie, la cordonnerie comme la sculpture, l’architecture et la peinture étaient
tout simplement des arts mécaniques, domaine de l’artisanat. Ce n’est qu’à
partir du XVIe siècle qu’une rupture épistémique s’opère : le peinture et le
sculpteur, par exemple, ne seront plus considérés comme de simples artisans
mais plutôt comme des artistes au génie exceptionnel.
On peut donc poser qu’une réflexion sur la technique (domaine
de l’artisan) implique toujours une réflexion sur la philosophie
de l’art, qui est le domaine de l’artiste. Et c’est à ce niveau qu’il
faut apporter une précision de taille, déjà établie par Étienne
Gilson : la philosophie de l’art tourne autour des réflexions qui
portent sur le travail de l’artiste, son génie propre et ses produits
(ou œuvres d’art) ; l’esthétique, quant à elle, s’occupe de la
réception des œuvres d’art ou de la critique du goût. En
esthétique, on s’intéresse justement à l’énigme du goût de celui
qui contemple, lit ou écoute une œuvre d’art.

 Conséquence : toutes les réflexions du philosophe dans le


domaine de l’art vont tourner autour de deux pôles qui se
croisent et se mêlent indéfiniment, soit on est du côté de l’artiste
(qui crée l’œuvre d’art) soit du côté du spectateur ou lecteur (qui
reçoit et juge l’œuvre d’art).
Mounirou Diallo
Philo_Art_122B

Séquence 2 : La question du beau chez les


Anciens : Platon et Plotin
Dans l’Antiquité, on retrouve des réflexions sur le beau, des questions
relatives à l’art. Plus précisément, on retrouve des réflexions sur
l’imitation, sur la définition de la tragédie, sur les effets psychagogiques de
la poésie ou de la musique, etc. Ainsi l’art (ou la tecknê) est pensé comme
un savoir-faire qui suppose toujours deux choses.

Retenons-les :
①La première se rapporte au cognitif : c’est le savoir-faire ou les règles
permettant de produire un objet.

②La deuxième chose renvoie au fait suivant : l’art relève du faire et non de
l’agir. Ce qui compte en art ce ne sont pas les intentions (comme dans
nos conduites morales) mais plutôt le produit obtenu à partir d’une
exécution pratique. Vous n’êtes artiste que parce que vous avez produit
des objets concrets qui viennent s’ajouter aux objets naturels. L’artiste
est vraiment dans le faire ; il fabrique quelque chose.
Par conséquent, la théorie de l’art est, pour les Anciens, une
théorie du « métier ou de l’artifex ». Aussi-bien le peintre comme
le sculpteur, le rhéteur comme le cordonnier sont-ils tous des
artistes.
Cela veut dire que ce que nous distinguons aujourd'hui par les mots
« art », « technique » et « artisanat » ne constitue en aucune
manière trois domaines d’activités humaines distinctes pour
l’Antiquité gréco-romaine.

Il faut donc se garder d’affirmer qu’il y a chez les Anciens une
réflexion sur l’art. La raison est simple : il n’y a aucune catégorie
conceptuelle qui pourrait correspondre à la définition moderne de
l’esthétique dans l’Antiquité. D’où le sens « des réflexions
esthétiques sans esthétique », donc des réflexions sur le beau ou
sur l’imitation sans une discipline philosophique autonome qu’est
l’esthétique.
Platon
 La question du beau : beauté sensible et beauté intelligible
Un dialogue de jeunesse de Platon porte sur la question du beau, Hippias Majeur.
Celui-ci met en scène Socrate (qui cherche à définir l’essence du beau) et le
sophiste Hippias. Partant d’une discussion qui tourne autour des belles
occupations dignes d’être considérées, « Socrate saisit au vol la notion de Kalōn
(beau) et pose la question essentielle : Qu’est-ce que le beau ? ». Six (6) réponses
sont proposées tour à tour par Hippias et Socrate puis écartées après examen. Et
le dialogue s’achève sur une aporie lourde de sens que le Banquet reprendra à son
compte.
Voici les trois (3) premières définitions proposées par Hippias : « Le beau, c’est
une belle vierge » ; « le beau, c’est l’or » et « Le beau, c’est une vie heureuse ».
Dans Hippias Majeur, ces définitions du sophiste sont examinées et rejetées au
motif qu’un exemple ou une image ne peuvent définir l’essence d’une chose.
Lorsque Socrate reprend la parole pour introduire les réponses proposées par un
questionneur anonyme, trois (3) autres définitions feront l’objet d’une
discussion. Il propose alors de définir le beau autrement : d’abord comme « la
convenance (293e-295a) » ; ensuite comme « l’utile et l’avantageux (295b-
297e) » et enfin comme « le plaisir de l’ouïe et de la vue (297e-304e) ». Ces trois
(3) dernières définitions proposées ne permettent pas non plus de dévoiler
l’essence du beau. Qu’est-ce qu’alors le beau?
Certes, les six (6) définitions exposées dans Hippias Majeur ne sont pas du
tout satisfaisantes, elles nous permettent toutefois de comprendre ce beau
à la recherche duquel part Socrate : c’est « ce par quoi sont belles toutes les
belles choses » (294b). Ce beau est ce qui « en aucun temps, en aucun
endroit, aux yeux d’aucun homme, ne doit apparaître laid » (291d).
Mais les dialogues métaphysiques de la maturité exposeront l’essence du
Beau en soi. Le beau y apparaîtra dans sa réalité, sa splendeur
métaphysique de l’Idée. Il y est décrit comme ce qui forme, avec le Bien et
le Vrai, les trois (3) principes inséparables qui cohabitent dans le monde
intelligible.
Dans le Banquet, en effet, Platon montre bien que les choses sensibles ne
sont belles que par la présence en elles de l’Idée intelligible du Beau. Les
belles choses du monde sensible ne sont en réalité que l’éclat de la forme
intelligible. Par conséquent, le beau sensible n’est que le premier degré du
Beau en soi. Car il y a au-delà de cette beauté sensible (le bel homme, une
belle fille, une belle marmite, une belle jument, etc.), la beauté des actes de
connaissances et la beauté des âmes, de degrés supérieurs.
Conséquence : Dans le platonisme, l’expérience de la beauté ne se
limite pas aux choses du monde sensible ( palpables et visibles), elle
est aussi intellectuelle. L’immatérialité du Beau en soi est un
principe chez Platon.
Le beau sensible n’est qu’une imitation (une pâle copie ou un reflet
du Beau en soi) qui doit nous conduire progressivement vers la
contemplation de l’Idée du Beau. Cette progression (autrement
appelée « dialectique ascendante ») est une démarche de
spiritualisation progressive qui est bien décrite dans le Banquet en
211c : « […]c'est, en prenant son point de départ dans les beautés
d'ici-bas pour aller vers cette beauté-là, de s'élever toujours, comme
au moyen d'échelons, en passant d'un seul beau corps à deux, de
deux beaux corps à tous les beaux corps, et des beaux corps aux
belles occupations, et des occupations vers les belles connaissances
qui sont certaines, puis des belles connaissances qui sont certaines
vers cette connaissance qui constitue le terme, celle qui n'est autre
que la science du beau lui-même, dans le but de connaître
finalement la beauté en soi. »
La beauté ainsi définie est éternelle et absolue ; elle ne
connaît ni la génération ni la corruption. L’incorporéité
du Beau en soi (aucun rapport avec la matière) est ainsi
posée par Platon dans le Banquet. Le Beau en soi est une
Idée que l’on retrouve dans le monde intelligible, dont
l’essence nous conduit à la contemplation pure.
D’ailleurs, le Phèdre, avec comme sous-titre « De la
beauté », nous montre bien comment l’âme, qui avait déjà
contemplé les Idées (réminiscence), cherche
inexorablement à trouver ici-bas (monde sensible) les
copies insuffisantes qui n’en sont que les indices (ou
copies).
En définitive, il est bon de retenir que le beau sensible
cherche son propre dépassement dans la contemplation
intellectuelle de l’intelligible.
 La condamnation platonicienne de la mimêsis
Retenons avant tout : Platon avoue clairement son admiration pour
le poète Homère (en 598e). En revanche, il hésite à ranger la poésie
ou du côté de l’apparence ou alors du côté d’un savoir auquel les
poètes auraient accès par une sorte de délire mantique, conçu de fait
comme un don divin. De toutes manières, le Phèdre illustre cette
double attitude à l’égard de la poésie : elle oscille entre méfiance
souvent déclarée et fascination parfois avouée.
Mais, il faut dire que Platon, pour l’essentiel, condamne sans appel
l’art d’imitation (surtout la peinture) dans la République. Pourquoi ?
Parce que c’est au nom de la Vérité que sont condamnés tous les arts
qui imitent. Car l’objet imité par le peintre est, aux yeux de Platon,
une imitation de l’imitation (le peintre imite les objets du monde
sensible qui est lui-même une imitation du monde intelligible).
L’objet peint est donc de deux degrés en deçà de la Vérité (que l’on
retrouve dans le monde intelligible). Les fameux passages du livre X
de la République montrent clairement l’indignité ontologique de la
mimêsis (imitation).
Plotin (philosophe gréco-romain, 205-270 après Jésus Christ)

Dans Ennéade ( I, 6) nous retrouvons l’essentiel des réflexions de Plotin sur le


beau.

Précision : il est certes vrai que près de cinq (5) siècles séparent Platon
et Plotin, mais sur le plan doctrinal (surtout les aspects qui touchent aux
réflexions sur l’art et le beau) Plotin est de loin plus proche de Platon
que ne l’est Aristote, disciple de Platon. Pour le dire plus nettement, les
réflexions de Plotin sur l’art et le beau sont si proches de celles Platon
qu’on s’autorise à dire ceci : Plotin fut le « nouveau Platon » (ou néo-
platonicien) de l’Antiquité tardive. C’est ce qui explique l’inversion de
l’axe chronologique notée dans ce cours : si nous respections l’axe
chronologique, nous aurions dû étudier d’abord Aristote avant de nous
attaquer à la doctrine de Plotin. Mais choisir l’axe doctrinal signifie
mettre ensemble ce qui se ressemble. Or, les réflexions d’Aristote sur
l’art et le beau n’ont aucun rapport avec la doctrine de son maître Platon.
D’où l’idée d’introduire la doctrine de Plotin juste après celle de Platon.
Car il s’agira toujours de métaphysique du beau avec Platon, Plotin et le
Moyen-Âge chrétien.
À savoir : Plotin reprend et pense à nouveaux frais certains
thèmes du platonisme. Sur la question précise du beau, six (6)
thèmes ou aspects de la doctrine de Platon ont permis à Plotin
d’élaborer sa propre pensée. Énumérons-les :
1) La beauté sensible n’existe que par participation à l’idée
intelligible du Beau ;
2) Le Beau en soi est source de toute beauté sensible : toutes les
beautés sensibles dépendent du Beau en soi. Et cette dépendance
n’augmente ni ne diminue l’éclat du Beau en soi ;
3) Les différentes beautés ont toutes la même essence (elles se
ressemblent) du fait de leur participation à l’Idée de Beau
4) Une démarche ascendante (dialectique ascendante) permet de
gravir des échelons : on commence toujours par contempler les
beaux corps et on s’achemine progressivement vers les beautés
spiritualisées comme les âmes ;
5) L’amour joue toujours un rôle essentiel dans cette ascension
progressive vers les beautés immatérielles ;
6) Le Beau et le Bien sont intimement liés dans le monde
intelligible.
C’est pourquoi la question du beau chez Plotin
repose véritablement sur une métaphysique qui
part de l’Un (ou le Bien) en passant par
l’Intelligence (ou l’Intellect) et l’Âme du monde
pour aboutir au monde sensible.
Mais Plotin introduit tout de même quelques
analyses toutes nouvelles qui dépassent le
platonisme. Quelles sont alors ces réflexions
nouvelles qui ont permis à Plotin d’infléchir la
doctrine platonicienne ?
 À retenir :
Plotin pense la beauté à travers deux catégories essentielles : la
matière et la forme.
L’idée (qui renvoie toujours à l’Intelligible) est ce qui donne
forme à la matière ; elle ordonne (harmonise) aussi les parties
des choses entre elles pour les accorder et finit par en faire un
tout bien harmonieux. On voit bien que l’harmonie, la
proportion et la mesure sont aux sources de toute beauté
resplendissante. D’où l’importante de la symétrie dans l’objet
beau. Dans toute œuvre belle apparaît une symétrie : un axe
vertical ou horizontal central, qui divise l’œuvre en deux parties
distinctes, c’est-à-dire deux parties égales et exactement
symétriques. En plus, les éléments des deux parties doivent
être rigoureusement équidistants par rapport à l’axe central. De
sorte qu’il est bon de retenir ceci : « Le beau, c’est quand l’idée
domine la matière. Le laid est donc absence de toute forme ».
Du côté de l’artiste : l’artiste doit puiser dans son âme l’idée
de forme pour insuffler à la matière la symétrie adéquate afin
que l’objet puisse resplendir. Le rôle de l’artiste consiste donc
à ordonner la matière en s’appuyant sur la qualité supérieure
de son âme. En revanche, il n’est pas banni de la société
puisqu’il ne fait pas qu’imiter. À la différence de Platon, Plotin
reconnaît l’importance de l’artiste du fait qu’il a une âme
saine bien connectée à l’Intelligible. C’est ce qui lui permet de
reproduire l’harmonie du beau intelligible en travaillant la
matière informe. Par conséquent, la beauté d’une sculpture
n’est finalement que la manifestation de l’esprit pur de
l’artiste qui cherche à rendre sensible la beauté du monde
intelligible. Plotin montre ici une certaine originalité en se
démarquant de la position platonicienne qui invite à chasser
les artistes de la cité.
Du côté du spectateur : la beauté de l’œuvre d’art n’est qu’une
beauté singulière (d’une importance moindre) qui doit rappeler
au spectateur le Beau intelligible. Pour tout dire, contempler une
belle œuvre ce doit être l’occasion pour celui qui contemple
d’entrevoir les beautés immatérielles pures, destination ultime
des âmes purifiées. Mais notons juste que la beauté des objets
d’art n’est pas essentielle à la formation spirituelle de l’homme.
C’est ce que Plotin défend justement en Ennéade (I,6,9) : « Il faut
accoutumer l’âme elle-même à voir d’abord les belles
occupations, puis les belles œuvres, non pas celles que les arts
exécutent, mais celles des hommes de bien ».
En réalité, Plotin reprend à son compte, pour l’éducation des
jeunes gens, toute la pertinence de la dialectique ascendante du
platonisme. C’est en effet l’œil de l’âme purifiée (qui a appris à
dompter les passions du corps) qui, seul, est capable de
contempler « Dieu et le Beau ». C’est tout le sens de ces propos
de Plotin :
« Comment peut-on voir cette beauté de l’âme bonne ?
Reviens en toi-même et regarde : si tu ne vois pas encore la
beauté en toi, fais comme le sculpteur d’une statut qui doit
devenir belle ; il enlève une partie, il gratte, il polit, il essuie
jusqu’à ce qu’il dégage de belles lignes dans le marbre ;
comme lui, enlève le superflu, redresse ce qui oblique,
nettoie ce qui est sombre pour le rendre brillant, et ne cesse
pas de sculpter ta propre statue, jusqu’à ce que l’éclat divin de
la vertu se manifeste […] » (Ennéade I, 6, 9).
On voit donc que chez Plotin le travail de l’artiste comporte
en lui-même une dimension heuristique : celui qui cherche à
rendre belle son âme doit s’en inspirer ; il doit sculpter son
âme comme l’artiste sculpte du marbre informe. À ce niveau
aussi Plotin se démarque de Platon en ennoblissant le travail
de l’artiste.

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