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Les mots clés du corpus

• vagabondage : le vagabondage désigne un certain style de vie caractérisé par le goût de


l’aventure. Il est souvent associé à une vie errante, au fait d’aller çà et là, sans destination
précise. Dans un sens plus général, le vagabondage caractérise le fait de voyager
beaucoup, sans se fixer sur un territoire.
• nomadisme : le nomadisme désigne à l’origine les peuples sans habitat fixe, dont la vie
itinérante était dictée prioritairement par la recherche de territoires cultivables
(nomadisme géographique). Par extension, le nomadisme est la tendance
comportementale à ne pas se fixer dans un territoire. Ainsi, dans le monde moderne,
l’appel de la route et la multiplication des voyages sont une réponse à un mode de vie
de plus en plus sédentaire.
• road trip : cette expression d’origine nord-américaine caractérise un voyage
d’agrément sur les routes, parfois à pied mais le plus souvent à moto ou en voiture
(notamment en camping-car, en van, etc.). Le road trip est souvent associé à une vie
d’aventure, de nomade et de bohême, sans contrainte sociale.
• Beat Generation : symbole de l’Amérique des années 50 et 60, la Beat Generation est
un mouvement de contre-culture, protestataire et libertaire, né de l’amitié entre Jack
Kerouac et le poète Allen Ginsberg. Le qualificatif de « beat » renvoie à la fois au
rythme trépidant du jazz et à la quête de la “béatitude” comme voyage intérieur. Le
“beatnik” est donc un marginal revendiquant un mode de vie assez utopique. Par son
pouvoir de subversion, la Beat Generation a largement influencé les Hippies et le
mouvement de Mai 68.

Présentation du corpus
Pour accéder au corpus, cliquez ici.

Le corpus présente la route comme une composante essentielle du voyage. Partir sur les routes,
c’est en effet choisir de rompre avec l’enracinement sédentaire et ses normes pour une quête de
la vie authentique.

• Document 1. Isabelle Eberhardt (Genève, 1877 – Aïn-Sefra, Algérie, 1904) est une
écrivaine et exploratrice qui a rompu très jeune avec les valeurs occidentales pour
adopter la culture arabe et la civilisation islamique. Elle a mené une vie de nomade,
mêlant son existence à celle des peuples de l’Algérie, du Maroc et de la Tunisie auxquels
elle vouait une véritable admiration. Dans ce texte, le vagabondage est présenté comme
un processus salutaire d’individualisation et d’affranchissement des normes sociales.
Paria moderne, le vagabond est celui qui peut goûter vraiment la beauté du monde.
• Document 2. Chef de file de la « Beat Generation », Jack Kerouac (1922-1969) est un
écrivain américain d’origine canadienne-française. Rédigé en 1951 mais publié en 1957,
Sur la route est considéré comme le récit fondateur du mythe de la route : à la fois
errance antisystème et voyage intérieur. Dans le passage présenté, la route elle-même
devient intrigue et le voyage cheminement spirituel, moyen de s’emparer, en le
parcourant, du monde qui nous entoure.
• Document 3. La chanson “On ira” célèbre autant les routes de l’exil que l’envie
d’ailleurs. Mais si désir de fuite il y a, ce désir est surtout une quête de vérité : la route
fonctionne en effet comme territoire identitaire. Loin d’être une fuite dans le monde
fantasmatique, l’errance apparaît dans sa double nature : à la fois transgressive et quête
idéale d’authenticité, loin du factice et du simulacre du monde.
• Document 4. Adeptes de la vanlife, Éric Bournot et Joana Boukhabza exposent dans ce
récit de voyage leur attachement aux road trips. Le passage présenté constitue
l’introduction de l’ouvrage : les auteurs expliquent leur fascination pour la route qui les
a conduits à quitter leur quotidien tout tracé d’architectes pour s’adonner aux vibrations
de la route, entre envie de nature et quête d’authenticité.

Appelé également “tableau de confrontation” ou “tableau synoptique” parce qu’il donne une vue
d’ensemble des différentes idées pour chacun des documents, le tableau comparatif comporte autant de
colonnes que de documents. Ce tableau doit mettre en relief les arguments principaux et/ou les exemples à
valeur illustrative.
Isabelle Eberhardt Jack Kerouac J.-J. Goldman E. Bournot, J. B.
Essai Roman/autofiction Chanson Récit de voyage
1902 1957 1997 2022

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⇒ Paria moderne, le ⇒ Le mythe de la route, ⇒ L’exil ou la quête ⇒ Ce qui motive le


vagabond est celui qui comme désir idéale du bonheur, loin de mode de vie nomade est
peut goûter vraiment la d’affranchissement et la fausse conscience le désir de liberté et de
beauté du monde. source de béatitude. aliénante. connaissance.
12. Le départ s’accompagne
d’un sentiment de libération
6. Le voyage procure un
“loin des villes soumises”.
indéfinissable sentiment de
1. Le vagabondage procure un 13. Affranchissement des
mystère et de liberté (plaisir de
sentiment de totale liberté et contraintes et des codes imposés
la vitesse et de tout quitter).
d’affranchissement. par la société.
7. Le vagabondage sur les 19. La vanlife est une
2. Le vagabondage est par 14. Le voyage équivaut à une
routes permet de s’affranchir véritable passion.
essence solitaire : il permet de prise de conscience existentielle
de la triste absurdité de la vie. 20. Ce mode d’existence
goûter un “égoïste bonheur” face au simulacre du monde
8. La traversée des Etats-Unis nomade permet de quitter un
fait de pauvreté matérielle (“Tous ces gens qu’on voit
en direction du sud est vécue “schéma de vie” conformiste
(“être pauvre de besoin”) et de vivre comme s’ils ignorent…”).
comme un renouveau spirituel socialement
richesse spirituelle. 15. Peu importe la destination :
libéré de toutes les et professionnellement.
3. La marginalité permet la seule compte l’errance à la
conventions sociales. 21. La vanlife prône un mode
quête de la vraie vie et des recherche de l’idéal.
9. Être ensemble permet de de vie plus authentique, fait
vraies valeurs. 16. Le voyage est envisagé
ressentir des émotions fortes de découvertes, de
4. Le vagabondage permet de comme quête fondamentale de
(osmose et harmonie). rencontres et de surprises.
s’affranchir des normes la vérité.
10. L’errance procure au 22. La “nécessité d’être
sociales et institutionnelles (la 17. Cette quête ininterrompue
narrateur un sentiment de toujours en mouvement” et
“machine sociale”) qui sont un (“Quand on se pose on est
plénitude existentielle et de de vouloir aller toujours plus
véritable esclavage humain. mort”… “On s’arrêtera
ressourcement (“pureté de la loin est inhérente au road
5. Le monde ordinaire et jamais…”) est vécue comme un
route”… “Tout seul dans la trip.
sédentaire est fait d’ennui, de moyen d’échapper à l’aliénation
nuit”… “route sacrée”). 23. La vanlife apprend à
conformisme et de servitude. sociale et à la fausse conscience
11. L’arrivée dans le sud est s’ouvrir à la diversité du
À l’inverse, le vagabondage (“On prendra les froids, les
vécue comme une renaissance monde et à se découvrir soi-
permet de se donner brûlures en face…”).
spirituelle. Le “pèlerinage” même.
entièrement à la magie du 18. Idée d’harmonie universelle
s’achève près de la mer : le
voyage (“la route toute (“On sera des milliers dans ce
fait d’enlever les vêtements a
blanche”). cas”) grâce à la route (“Y’a que
une signification symbolique
les routes qui sont belles” =
forte.
recherche de l’idéal et de la
pureté).
Conseil : même si le tableau comparatif est évidemment important pour réaliser votre plan,
n’hésitez pas, dès les premiers repérages, à identifier spontanément des informations essentielles
(quoi ? comment ? pourquoi ?) et à exploiter un plan-type au moment de formuler vos axes : cela
vous aidera à percevoir de façon plus globale et spontanée la structure du corpus ainsi que le
mode de relation entre les documents.

Le plan de la synthèse
I) Se perdre…
a) La route comme rupture : s’affranchir du connu et des conventions sociales [1, 7, 13, 20]
b) La recherche de l’inattendu, de l’inconnu, de sensations nouvelles grâce à l’errance [1, 6, 12,
21]
c) La communion avec la nature, la fusion avec le monde [2, 8-9-10, 16, 23]

II) … Pour mieux se retrouver.


a) La quête d’une vie authentique, la quête de sens [3, 8-9, 14, 19-20]
b) la route comme nécessité intérieure : pas de retour en arrière [5, 10, 17, 22]
c) le vagabondage, métaphore de la quête de la pureté [4, 11, 15-16-18, 23]

La synthèse rédigée
[ Introduction]

____On a souvent tendance à caractériser l’errance sur les routes comme une sorte d’égarement,
d’absence de but qui ne mènerait nulle part. Le corpus soumis à notre examen infléchit pourtant
cette vision négative du voyage. Il comporte quatre documents publiés entre le début du XXe
siècle et notre époque.

____Le premier document signé Isabelle Eberhardt est extrait d’un essai fondateur intitulé
Vagabondages (1902). L’autrice y fait l’éloge du vagabond, paria moderne qui peut goûter
vraiment la beauté du monde en s’affranchissant des normes sociales. Ce point de vue se
retrouve dans l’autofiction de Jack Kerouac, Sur la route (1957). Chef de file de la Beat
Generation, l’auteur y raconte son périple sur les routes américaines, à la fois errance
antisystème et voyage intérieur. Le troisième document est une célèbre chanson composée en
1997 par Jean-Jacques Goldman : “On ira”. Loin de la fausse conscience aliénante, la route y
fonctionne comme territoire identitaire, à la fois éloge de l’exil et quête idéale du bonheur.
Publié très récemment (2022), le dernier document est extrait d’un récit de voyage, Road trips
en van : Itinéraires sauvages et bucoliques sur les plus belles routes de nos régions. Eric
Bournot et Joana Boukhabza expliquent leur fascination pour la vanlife, entre envie de nature
et désir de connaissance.

____Nous allons voir en quoi le corpus présente la route comme une composante essentielle du
voyage : à la fois rupture avec l’enracinement sédentaire et les normes sociales, et quête d’une
vie authentique qui est aussi une quête de sens.
[ I. Se perdre…]

____Parce qu’elle s’inscrit dans l’imaginaire des grands espaces, la route permet d’ouvrir son
regard sur le monde : telle est la première impression qui ressort à la lecture du corpus De fait,
le mythe fondateur de la route, c’est l’exploration de l’inconnu, le désir d’aventure, qui permet
une autre relation au monde et à la réalité des choses.

[a. La route comme rupture : s’affranchir du connu et des conventions sociales]

____En premier lieu, partir sur les routes c’est souvent renoncer au confort de la vie sociale.
L’errance s’accompagne en effet d’une volonté de rupture avec le bien-être de la vie sédentaire.
Eric Bournot et Joana Boukhabza justifient leur choix de la vanlife comme l’occasion de quitter
un schéma de vie stéréotypé et conformiste. Les trois autres documents accentuent ce constat
au point de présenter le vagabondage comme une véritable philosophie de vie. Isabelle
Eberhardt en fait même le ferment de son itinéraire existentiel : selon elle, s’en aller constitue
un affranchissement, véritable liberté qui permet de rompre les entraves de la vie sociale. On
retrouve cette impression dans la chanson de Jean-Jacques Goldman pour qui la route est
l’occasion de laisser derrière soi les codes imposés par la société. Ce constat est également
partagé par Jack Kerouac : selon lui, le vagabondage est un affranchissement de la triste
absurdité de la vie. À l’opposé, le voyage procure un indéfinissable sentiment de mystère et de
liberté.

[b. La recherche de l’inattendu, de l’inconnu, de sensations nouvelles grâce à l’errance]

____Le vagabondage sur les routes est par ailleurs présenté dans tous les documents comme
une recherche de l’inconnu et de l’inattendu. Dans sa chanson, Jean-Jacques Goldman montre
très bien comment l’errance s’accompagne d’abord d’incertitude et de mystère : « on partira de
nuit loin des villes soumises ». Cet affranchissement que nous relevions précédemment est en
effet la condition d’une véritable quête de la vraie vie et des valeurs authentiques. Isabelle
Eberhardt montre à ce titre que renoncer à l’ennui, à l’immobilité du conformisme social, c’est
appréhender le monde dans sa nouveauté, son dénuement et son mystère. On retrouve très bien
cette impression dans le roman de Jack Kerouac : le long périple entrepris s’accompagne de
plusieurs notations qui constituent un atlas surprenant et fascinant des lieux traversés. De ce
point de vue, l’errance est à l’opposé des certitudes du monde. Eric Bournot et Joana Boukhabza
évoquent ainsi le plaisir d’une vie « faite d’ailleurs, d’inattendu et de rencontres ».

[c. La communion avec la nature, la fusion avec le monde]

____Enfin, l’un des points essentiels du vagabondage sur les routes est qu’il permet une totale
communion avec le monde. Ainsi, vivre en harmonie avec la nature est l’un des principes de la
vanlife qui prône un mode de vie plus authentique. De même, on perçoit bien chez Jack Kerouac
la façon dont le voyage devient un véritable mode de connaissance et de déchiffrement :
véritable voyage de formation, le périple à travers les États-Unis est l’occasion de percevoir le
mystère du monde et de ressentir des émotions fortes entre réalité intérieure et extérieure. La
chanson de Goldman met également en évidence cet aspect : être en quête “d’étoiles” et de
“chercheurs d’or”, n’est-ce pas vouloir bâtir un monde plus idéal ? Comme le rappelle Isabelle
Eberhardt, face à l’existence ordinaire et sédentaire faite d’ennui, de conformisme et de
servitude, le vagabondage permet au contraire de se donner entièrement à la magie du voyage,
qu’elle interprète comme un état de fusion sans limites avec le monde, dans sa vérité la plus
profonde.
[ II. … Pour mieux se retrouver.]

____Si le corpus fait du voyage par la route un besoin physique de fuite en avant et de
découvertes, c’est surtout pour l’interpréter comme un état d’esprit permettant de réfléchir sur
le sens de la vie. Voyager permet donc de se perdre, mais pour mieux se retrouver.

[a. La quête d’une vie authentique, la quête de sens]

____La quête d’une vie authentique est en effet la raison première qui pousse à partir sur les
routes. Pour Eric Bournot et Joana Boukhabza, c’est l’occasion de se découvrir soi-même en
s’ouvrant à l’altérité du monde. Plus fondamentalement Jean-Jacques Goldman fait du
cheminement sur les routes la condition essentielle d’un accès aux dimensions fortes de
l’existence : « on interdira les tiédeurs », manière de revendiquer une recherche des vraies
valeurs à l’opposé des simulacres du monde. On comprend pourquoi cette quête est présentée
comme ressourcement de tout l’être. « Tout seul dans la nuit », le narrateur du roman de
Kerouac en fait même une recherche fondamentale du sens de la vie. L’errance lui procure un
tel sentiment de plénitude existentielle et de ressourcement que l’auteur n’hésite pas à évoquer
la “pureté de la route… sacrée”. Isabelle Eberhard va encore plus loin en n’hésitant pas à
interpréter le vagabondage comme une véritable quête philosophique et spirituelle basée sur le
renoncement aux illusions du matérialisme.

[b. la route comme nécessité intérieure : pas de retour en arrière]

____En outre, le voyage sur les routes est présenté dans tous les documents comme une
véritable nécessité intérieure : le retour en arrière n’est en effet pas possible. Chez Jack Kerouac
ou dans la chanson de Jean-Jacques Goldman, l’errance est vécue comme nécessité de porter le
voyage plus loin : « on s’arrêtera pas dans les ports » chante Goldman pour signifier cette quête
de l’absolu à travers le voyage de la vie qui marque tout l’univers de la chanson. De même,
dans le roman de Kerouac, la traversée vers le sud apparaît comme la condition d’une sorte de
quête ininterrompue : le retour serait vécu comme l’échec du voyage. Eric Bournot et Joana
Boukhabza confessent à ce titre leur nécessité d’être toujours en mouvement. Cette impression
prend tout son sens sous la plume d’Isabelle Eberhardt qui fait du vagabondage la condition
fondamentale d’un affranchissement de ce qu’elle nomme la “machine sociale”. Elle est sans
doute la seule à mettre à ce point l’accent sur la marginalité, comme condition fondamentale de
l’accès à l’être.

[c. le vagabondage, métaphore de la quête de la pureté]

____Enfin il faut comprendre d’après les documents analysés combien la route apparaît comme
l’allégorie d’une quête de la pureté. Pour Isabelle Eberhardt, partir sur les routes c’est se défaire
du nihilisme du monde et de ses fausses valeurs : ainsi fait-elle de sa vie nomade une véritable
quête d’absolu, à l’opposé des artifices et de la fausse conscience qui résulte du système. De
même Jean-Jacques Goldman, dans sa quête d’une impossible Terre promise rejoint par
plusieurs aspects les propos de Jack Kerouac qui n’hésite pas à qualifier son périple sur les
routes de « pèlerinage ». D’ailleurs à la fin de l’extrait on peut interpréter le fait de se défaire
des vieux vêtements comme une mise à nu de soi-même, loin des conventions sociales : en ce
sens le voyage permet, en allant au bout du monde, d’aller au bout de soi-même. Eric Bournot
et Joana Boukhabza rappellent à ce titre combien leurs road trips sont une quête quasi
existentielle : à travers la vanlife, il s’agit de chercher à se découvrir afin de se construire pour
atteindre la vérité.

[Conclusion]

____Comme nous l’avons vu à travers l’étude de ce corpus, l’errance sur les routes apparaît
comme une quête multiple : à la fois quête de l’affranchissement, quête incessante d’un ailleurs,
d’une identité, et surtout quête de sens. Loin des bonheurs superficiels, la route est ainsi le
miroir d’un ailleurs fantasmé, qui passe plus ou moins par le rejet de la terre-mère, le rêve de
liberté et la volonté d’échapper à l’ordre établi, aux préjugés et à l’hypocrisie d’un monde de
compromis.

Dans quelle mesure le dépaysement permet-il de réfléchir


différemment sur soi ?
Un plan thématique est souhaitable : ce type de plan n’amène pas à une discussion mais à
étayer la validité d’une thèse donnée : (le dépaysement permet de réfléchir différemment sur
soi). Les différents paragraphes de votre travail abordent chacun un aspect particulier du sujet.

Plan possible
Pistes de réflexion Exemples possibles
Idée 1 : Le dépaysement invite à un
changement de lieu, de pays et donc à
• Réinvestissement du corpus : surtout Isabelle
élargir notre horizon, à modifier notre Eberhardt (doc. 1) ou Eric Bournot et Joana
mode de vie et nos habitudes. La condition Boukhabza (doc. 4).
itinérante procure également un sentiment
de liberté et d’affranchissement des
normes qui invite à la formation de soi.
• La période de la Renaissance a été marquée par
de nombreux voyages et découvertes (par
Idée 2 : Le voyage comme “dé- exemple l’arrivée de Christophe Colomb en
Amérique en 1492) qui ont bouleversé l’idée que
paysement” : en tant que confrontation à
l’homme se faisait de lui-même. La rencontre
l’altérité, il nous oblige à mettre en avec les cultures amérindiennes oblige ainsi les
question nos préjugés. Ainsi, le Européens à se confronter au problème du
dépaysement est inséparable d’une rapport à une altérité radicalement différente.
réflexion humaniste marquée par l’appétit • Vous pouvez exploiter cette célèbre citation de
de savoir et le relativisme culturel. Cet état Montaigne : (“De la vanité”, Essais, Livre III,
d’esprit signifie d’abord une chapitre 9) : “On dit bien vrai qu’un honnête
homme, c’est un homme mêlé”. L’honnête
profonde remise en cause de
homme est celui qui se mêle aux autres :
l’individualisme et des repères culturels et l’ouverture de son esprit l’aide à aller vers
sociaux. Voyager oblige à s’émanciper de autrui, à le connaître et l’accepter. Autre citation
l’ethnocentrisme et s’affranchir des de Montaigne à exploiter : « J’observe en mes
préjugés. voyages cette pratique, pour apprendre, toujours
quelque chose par la communication d’autrui. »
(Livre I des Essais, ch. 17).
• Le thème du voyage est un motif central du
conte philosophique Candide (1759) de Voltaire
: chassé d’un endroit connu et rassurant,
Candide doit faire l’apprentissage de lui-même
en se confrontant au monde (réflexion sur le
voyage comme apprentissage de l’esprit
critique).

• Le dépaysement proposé par Isabelle Eberhardt


est par essence solitaire : il permet de goûter un
“égoïste bonheur” fait de pauvreté matérielle
(“être pauvre de besoin”) et de richesse
spirituelle.
• La marche à pied (trek, randonnée, pèlerinage ou
simple flânerie) permet de se soustraire aux
impératifs d’immédiateté imposés par le monde.
Cette déconnexion (plus d’ordinateur portable,
de smartphone, etc.) est également
Idée 3 : Le dépaysement est spirituelle. Vous pouvez exploiter cette citation
du sociologue David Le Breton : “ce qui se joue
indissociable d’un cheminement intérieur,
[dans la marche, c’est] l’intériorité, le plaisir de
d’un “voyage en soi” qui nous invite à flâner, […] c’est exister ; tout simplement, et le
ouvrir “le livre de nous-même” pour sentir” (Éloge de la marche, 2000) : ainsi le
apprendre à s’améliorer et à s’élever (le dépaysement permet de se libérer pour un temps
voyage transforme l’homme en “pèlerin” des contraintes, et d’apprendre à mieux se
(idée de la vie comme voyage). connaître : retrouver son propre corps, retrouver
les joies simples de la vie : manger, boire, se
reposer…
• Citation à exploiter (pour amener la conclusion
par exemple) : “Le seul véritable voyage, […] ce
ne serait pas d’aller vers de nouveaux paysages,
mais d’avoir d’autres yeux, de voir l’univers
avec les yeux d’un autre, de cent autres […]”
(Marcel Proust, À la recherche du temps perdu,
La Prisonnière (tome 2 (1923).

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