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Contracter un texte consiste à restituer le sens exact des idées qu’il contient, avec le souci d’utiliser
un vocabulaire différent de celui de l’auteur. Il s’agit de reproduire de la manière la plus fidèle possible
le raisonnement développé dans l’argumentation, tout en le réduisant au quart de sa longueur.
Rédiger la contraction
● Rechercher la clarté : le résumé doit être compréhensible pour quelqu’un qui n’a pas lu le texte de
référence. Un texte concis ne doit pas pour autant être incompréhensible.
● Vérifier la correction de la langue.
● Indiquer le nombre de mots à la fin de la contraction (et signaler les tranches de 50 mots dans la
marge). Il y a une tolérance de +/- 10 % par rapport à la consigne.
Observer :
Voici l’extrait d’un texte argumentatif contemporain suivi de sa contraction.
Avoir la vie devant soi est le privilège de la jeunesse. Cette perspective devrait conduire beaucoup de
jeunes à envisager l’avenir avec optimisme en pensant aux opportunités et aux chances de réussite ou de
progression qu’il promet. Bien sûr tous les jeunes n’ont pas les mêmes atouts, mais en dehors de ceux,
peu nombreux dans les pays développés, qui sont victimes de lourds handicaps sociaux et personnels, la
plupart des autres, quel que soit leur point de départ, devraient pouvoir espérer l’améliorer. Cet état d’esprit
est présent chez les jeunes de nombreux pays développés, dans les pays du nord de l’Europe et aux
Etats-Unis par exemple, mais il ne l’est pas en France. La jeunesse française se caractérise par un profond
pessimisme sur son avenir personnel et celui de la société en général. […] Sous bien des aspects, les
jeunes ne sont pas bien traités en France et le sentiment se répand parmi eux d’appartenir à une société
bloquée ou en déclin qui laisse peu de chances aux jeunes générations de prendre leur destin en mains et
de l’améliorer de manière significative. Ce sentiment n’est pas partagé que par les jeunes les plus
défavorisés, il se répand à degrés divers dans l’ensemble de la jeunesse et est révélateur d’un profond
malaise collectif.
L’ampleur de ce malaise jette un doute sur la capacité des causes habituellement avancées à l’expliquer
complètement. Ces explications reposent le plus souvent sur une analyse générationnelle, que les jeunes
soient pensés comme les victimes de discriminations socio-économique au profit des générations aînées,
ou que leur malaise soit analysé comme une crise de la transmission des valeurs et d’un recul de l’autorité.
Ces explications ont leur intérêt, mais elles sont loin de rendre compte de l’ensemble du problème. Si les
jeunes Français ne croient plus en leurs chances, ce n’est pas seulement parce qu’ils pensent que leurs
aînés leur volent les places (le pensent-ils vraiment ?). S’ils le croyaient, cela devrait au moins entretenir
leur révolte et être un formidable ferment de mobilisation collective pour faire bouger la société. Or c’est
l’impression inverse qui domine. A bien des égards, les jeunes Français semblent devenus une force
conformiste et conservatrice, ce qui n’exclut nullement, et favorise au contraire, le fait qu’ils puissent
souvent s’embraser, d’une façon qui apparaîtra peu rationnelle aux analystes. (417 mots.)
Olivier Galland, Les jeunes Français ont-ils raison d’avoir peur ? « avant-propos », 2009
Contraction :
La jeunesse devrait être optimiste pour son avenir. Même si les chances ne sont pas les mêmes pour
tous, les jeunes des pays développés ont des perspectives de réussite. Les Français sont toutefois les
seuls à nourrir un profond pessimisme. A leurs yeux, la société est bloquée et ne leur offre pas
l’opportunité d’améliorer leur sort.
Pour expliquer ce malaise, on se contente souvent d’affirmer que les jeunes sont victimes de leurs
aînés. Si cela était le cas, les jeunes se révolteraient pour faire évoluer la société. Or, ils ont des réactions
conformistes et conservatrices et leurs colères sont souvent peu rationnelles.
La vérité est que, au plus profond des motivations de l'attachement à la peine de mort, on trouve,
inavouée le plus souvent, la tentation de l'élimination. Ce qui paraît insupportable à beaucoup, c'est moins
la vie du criminel emprisonné que la peur qu'il récidive un jour. Et ils pensent que la seule garantie, à cet
égard, est que le criminel soit mis à mort par précaution.
Ainsi, dans cette conception, la justice tuerait moins par vengeance que par prudence. Au-delà de la
justice d'expiation, apparaît donc la justice d'élimination, derrière la balance, la guillotine. L'assassin doit
mourir toute simplement parce que, ainsi, il ne récidivera pas. Et tout paraît si simple, et tout paraît si juste!
Mais quand on accepte ou quand on prône la justice d'élimination, au nom de la justice, il faut bien
savoir dans quelle voie on s'engage. Pour être acceptable, même pour ses partisans, la justice qui tue le
criminel doit tuer en connaissance de cause. Notre justice, et c'est son honneur, ne tue pas les déments.
Mais elle ne sait pas les identifier à coup sûr, et c'est à l'expertise psychiatrique, la plus aléatoire, la plus
incertaine de toutes, que, dans la réalité judiciaire, on va s'en remettre. (217 mots)
Robert Badinter, « Discours à l’Assemblée nationale lors des débats
sur l’abolition de la peine de mort en France », 1981