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LA CONTRACTION DE TEXTE (LE RESUME) 

: Méthode par l’exemple.

Thème de l’objet d’étude Littérature d’idées / Argumentation : LA BONNE


EDUCATION.
Texte à résumer :
Après avoir distingué éducation et enseignement 1, l’académicienne2
Jacqueline de Romilly évoque la crise que subit selon elle l’éducation à l’heure
actuelle.

Les causes de cette crise sont, je crois, évidentes ; elle n’est imputable3 à
aucun gouvernement, à aucune administration, mais à un ensemble de
tendances qui se sont peu à peu développées dans l’opinion en général. Il y a
d’abord l’attrait légitime4 des découvertes scientifiques et techniques de notre
temps, qui fait oublier ce qui devrait les compléter ; il y a surtout l’urgence
créée par les difficultés sociales et économiques, qui exigent de trouver un
gagne-pain rapide ; il y a d’autre part le respect passionné de la liberté de
l’enfant, respect qui va souvent à l’encontre de ses intérêts ; c’est là alors que
s’affaiblit l’action éducative de la religion et de la famille. Ainsi, tout l’aspect
de l’éducation qui est formation de l’esprit et du caractère tend à passer au
second plan. M’étant occupée de ces aspects pendant tant et tant d’années
d’enseignement, j’aimerais signaler une ou deux des disciplines ou des
méthodes qui se trouvent souffrir de ce divorce, alors même qu’elles
apportent une aide considérable dans la vie pratique, et qu’elles présentent
une valeur exceptionnelle pour ce développement d’ordre moral.
Et pour commencer, parlant au nom de l’Académie française, je voudrais
placer en tête la maîtrise de notre langue. C’est un fait que les exigences en ce
domaine ont été depuis bien des années amoindries 5, et le souci d’une langue
correcte paraît un luxe vain6. Pourtant, toute la vie et même les réussites
matérielles les plus simples dépendent de la facilité que l’on a à exprimer
clairement et correctement sa pensée, à comprendre celle des autres et à
éviter ainsi le malentendu. Cela commence avec le premier entretien pour
1
L’éducation : L’éducation vient du latin ‘’ducere’’ qui veut dire conduire ; c’est l’action sur le long terme qui vise à la
formation d’un être humain, sur tous les plans, physique, intellectuel, moral, civique et éventuellement religieux ; éduquer
signifie élever (dans tous les sens du terme, former) ; l’enseignement comprend la transmission de connaissances et de
savoir-faire. L’éducation comprend aussi un ‘’savoir-être’’ (avec les autres). L’éducation incombe certes au personnel
éducatif, mais d’abord à la famille.
2
L’Académie française est une institution qui date du XVIIème siècle (1635) ; elle se compose de 40 membres chargés de
rédiger et de mettre à jour un Dictionnaire de la langue française …
3
Imputer qque chose à : mettre sur le compte de quelqu’un ; accuser, rejeter la faute sur ; attribuer la faute ou la
responsabilité à …
4
légitime : à juste titre.
5
amoindries : diminuées
6
vain : inutile
obtenir un emploi, cela continue avec la défense de n’importe quel projet
parmi ses égaux, soit dans le cadre de son activité professionnelle, soit dans le
domaine de la politique. Et cela trouve un achèvement dans le maniement
même d’une pensée personnelle, utile à tous. Mais il y a plus : l’incapacité à
s’exprimer ou à comprendre l’autre de façon correcte et complète a des
conséquences bien connues : c’est le recours à la violence ! Parce que l’on ne
trouve pas ses mots, on en vient aux coups ! Et parce que l’on ne comprend
pas la thèse des adversaires, on s’entête en vaines querelles. Un vrai
maniement de la langue française n’est donc pas un luxe plus ou moins
périmé7, mais le meilleur et le plus nécessaire moyen qui existe pour aboutir à
un vrai progrès dans le domaine moral de l’individu et dans la vie collective à
laquelle il participe.
Mais attention ! Comprendre la pensée des autres avec exactitude
suppose que l’on comprenne aussi la pensée de ceux qui nous ont précédés,
et ici se révèle une autre ignorance qui me paraît dangereuse. Pour trop de
jeunes, à l’heure actuelle, bien qu’ils aient étudié l’histoire, la réalité ne
commence vraiment qu’avec leur propre naissance. Tout ce qui précède
appartient à un domaine confus, à un magma 8 indifférencié que l’on pourrait
appeler une sorte de temps virtuel. En fait, les moyens modernes
d’information rendent tous les événements comme contemporains les uns
des autres et, trop souvent, déforment les œuvres pour les adapter au goût
du jour. J’ai eu bien des exemples de cette étrange tendance : elle a été
décrite dans certains livres sur les sociétés à venir ; or elle se perçoit déjà
nettement dans l’enseignement. (…) Même les erreurs du passé, quand elles
ont été comprises et bien perçues, sont une aide pour mieux construire
l’avenir. Autrement, on est voué au sort de ces jeunes enfants livrés à eux-
mêmes sur une île déserte et qui cherchent en vain à fonder une société sans
avoir, pour les aider, la connaissance d’un passé. Je pense au livre de William
Golding, Sa Majesté des Mouches. Il est malgré tout étrange qu’à une époque
où se marque une si vive et si louable curiosité à l’égard des peuples
différents, qui sont nos contemporains à travers la planète, il existe ce refus
d’intérêt pour ce qu’a représenté notre passé, encore présent dans notre vie.
Il serait urgent de rappeler aux nouvelles générations que tout avenir se
construit en fonction d’un passé qui vous aide et vous porte plus loin. (710
mots)

7
périmé : ancien, passé de mode, dépassé
8
un magma : une bouillie épaisse.
Jacqueline de Romilly, membre de l’Académie française,
« Enseignement et éducation », discours prononcé lors de la
rentrée solennelle des cinq académies, 2008.
Consigne : Vous résumerez ce texte au quart de sa longueur, avec une marge de + ou –
10 %, soit 177 mots, avec une marge comprise entre (177 – 17 =) 160 et (177 + 17 =) 194.

1ère étape : Comprendre le texte / Retrouver l’enchaînement logique du texte (le plan) /
Rechercher des synonymes pour REFORMULER.

1er paragraphe :
1/ Le thème du texte (de quoi parle-t-il) ? Surlignez le ou les mots-clés.

2/ Futures contraintes d’écriture (Respecter l’énonciation = Qui parle ? A qui ?) : A qui


renvoie le pronom « je » dans le texte ? Quel est le temps verbal majoritairement
employé ?

3/ Quelle est la thèse (le point de vue) affirmée par Jacqueline de Romilly ? Surlignez les
phrases et/ou mots-clés.

4/ Entourez les connecteurs ds le 1er §.

5/ 1er § : J. de Romilly constate un phénomène, en explique les causes : Quelles sont-elles
(selon elle) ? Repérez-les. Reformulez-les.

6/ Comprendre l’implicite : Comprenez-vous pourquoi le « respect passionné de la liberté


de l’enfant » (l.7) « va souvent à l’encontre de ses intérêts » (l.8) : Quels apprentissages
ne fait-il pas ?

7/ Comprendre l’implicite, reformuler : Ligne 10, la « formation de l’esprit », la formation


« du caractère », que mettez-vous derrière ces expressions ?

7/ Comprendre : De quel « divorce » l’oratrice parle-t-elle, l.13 ?

8/ Comprendre la construction du texte, le raisonnement : Comment fait-elle le lien entre


le problème constaté et les deux disciplines évoquées dans les § suivants, le Français et
l’Histoire ?

2ème et 3ème § :


9/ Repérez les connecteurs logiques.

10/ Les § 2 et 3 procèdent de la même façon : L’auteur constate le problème (la


déficience, la lacune) ; elle souligne pourtant pourquoi il est indispensable de maîtriser
tel ou tel domaine de connaissances ; elle aboutit à une conclusion.
Retrouvez ces 3 étapes successives dans chaque §.
11/ Notez le plan du texte (en reformulant).
12/ Quels sont les exemples que vous n’allez pas retenir ?
2ème étape : REDIGER LE RESUME.

Vous devez : VOUS NE DEVEZ PAS :

- Suivre l’ordre du texte d’origine. - Commencer par la fin ou le milieu


du texte.
- Respecter l’énonciation = Partez du - Utiliser des FORMULES telles que
principe que vous êtes l’auteur de « L’oratrice nous apprend que »,
l’article. C’est vous. On vous « L’auteur de l’article dit que ».
demande de faire plus court. Vous ne commentez pas, vous êtes
l’auteur de l’article et vous
 Employez les mêmes temps que
condensez le texte.
ds le texte d’origine.
 Les mêmes pronoms. Si l’auteur
de l’article dit « je », vous aussi.
S’il dit « nous », vous aussi. - Piller le texte sans guillemets : vous
ne devez JAMAIS recopier le texte.
RESUMER, ce n’est pas copier. On
- REFORMULER le plus possible. ne recopie pas quelques phrases
après avoir éliminé les autres
autour.
- CONDENSER : Qu’est-ce qui est
essentiel ? Quels exemples - Citer : vous ne devez pas citer, vous
éliminer ? ne commentez pas, vous résumez.

- MONTRER LA LOGIQUE DU TEXTE :


- Sauter toute une partie du texte
Grâce à des connecteurs. Ne les
pour aller plus vite !
économisez pas.

Pour exprimer la conséquence : Voilà - Faire l’impasse sur les connecteurs


comment on aboutit à / Il en résulte / …. a (mots de liaison).
engendré (entraîné) / si bien que / de
telle sorte que / Ainsi / c’est ainsi que /
Donc / D’où
- Aboutir à un résumé trop long ou
Pour amener une explication : En effet
trop court.
- Compter les mots : de 10 en 10 ;
- Compter sur le correcteur pour
notez-le ds la marge.
compter les mots.
Un blanc  un mot, sauf les dates
(1789 = 1 mot), les pourcentages
(50% = 2 mots).
1ère étape : Comprendre le texte / Retrouver le plan du texte / REFORMULER : Réponses.

1er paragraphe :
1/ Le thème :
L’éducation, plus précisément la « crise » de l’éducation, l.1.
= le « divorce » (l.13) entre la transmission de connaissances (« l’enseignement intellectuel ») et la
transmission de valeurs morales et de postures (« formation morale », « formation de l’esprit et du
caractère », l.10 et « développement d’ordre moral », l.15).
Pour comprendre clairement de quel divorce il s’agit, il faut lire le 1 er paragraphe du discours intégral
(extrait mal coupé ds le cahier d’exercices – Le 1 er § du discours est primordial = il contient la thèse) : le
divorce entre « enseignement intellectuel et formation morale ».

2/ L’énonciation  Contraintes d’écriture pour le résumé :


- « je », la 1ère personne : l.1 « je crois » et l.11 « M’étant occupée » ou l.12 « j’aimerais
signaler ».

3/ Phrases et mots-clés :
« crise »,
« divorce »,
l.5 « qui fait oublier ce qui devrait les compléter »,
l.9-11 « tout l’aspect de l’éducation qui est formation de l’esprit et du caractère tend à passer au second
plan. »,
l.15, au sujet des 2 disciplines malmenées, « elles apportent une aide considérable dans la vie pratique,
et (…) présentent une valeur exceptionnelle pour ce développement d’ordre moral. »

La thèse (l’opinion, la pensée de J. de Romilly) : l.9-10.


On oublie dans l’éducation la part de la dimension morale, éthique, pour ne se souvenir que de la
dimension intellectuelle.

4/ Voir texte.

5/ Les causes de cet oubli :


- L’attrait pour les innovations scientifiques et technologiques (l. 4)
- Le contexte socio-économique fait privilégier les formations ‘’utiles’’, professionnalisantes (l.6-7)
- Une éducation libérale qui proscrit la contrainte et l’autorité (l.8-9).

6/ Comprendre l’implicite : le « respect passionné de la liberté de l’enfant » « va souvent à l’encontre


de ses intérêts ». Pourquoi ?
Parce qu’il ne fait pas les apprentissages suivants, pourtant nécessaires dans sa vie d’adulte, en société :
- La contrainte
- L’effort, le courage, l’endurance, la persévérance
- Les limites (la réponse « non »), le respect d’autrui
- L’acceptation de l’erreur, de la défaite et du fair-play
- L’engagement de sa parole (exemple : prendre une option et vouloir ensuite l’abandonner).

7/ Comprendre l’implicite et reformuler (l.10) :


La « formation de l’esprit » = acquérir un esprit critique, une conscience critique capable de discerner le
vrai du préjugé ; cultiver la curiosité, le désir de comprendre, d’analyser causes et conséquences ;
exercer au débat pour apprendre à défendre un point de vue et s’ouvrir au point de vue d’autrui, du
moins l’entendre ; apprendre à réfléchir ; rechercher des valeurs morales, des exemples qui servent de
repère pour soi-même.
La « formation du caractère » : Apprendre la ténacité, l’empathie, la justesse, la rigueur, la volonté, la
remise en question …
8/ Le lien entre le 1er § et les 2 suivants réside dans les lignes 11-15 (la dernière phrase du 1er §) :

Deux disciplines pâtissent (souffrent) de ce divorce entre formation intellectuelle (transmission


de connaissances) et morale (transmission de valeurs et de postures) : la maîtrise de la langue (§2) et la
connaissance du passé (§3). Elles sont reléguées au 2 nd plan, alors qu’elles sont cruciales pour le
« développement d’ordre moral » (l.15).

2ème et 3ème paragraphes :

9/ Les connecteurs logiques : voir le texte.


10/ Le raisonnement logique :
§2 :
Le problème constaté : Premièrement, la maîtrise de notre langue n’apparaît plus comme
fondamentale, les exigences diminuent, le niveau aussi.

OR, maîtriser la langue, c’est essentiel pour s’exprimer comme pour comprendre la pensée d’autrui
(qu’il s’agisse de postuler pour un emploi, de défendre un projet, de penser par soi-même). De surcroît,
sans les mots, ne reste que la violence.

La conclusion : DONC, savoir s’exprimer n’est ni superflu, ni dépassé ; c’est vital pour l’élévation morale
de l’individu comme pour la communauté.

§3 :
Le 2ème pb constaté : Mais comprendre la pensée des autres implique de connaître l’histoire des idées. La
2ème discipline qui souffre de ce divorce, c’est l’Histoire. Trop de jeunes méconnaissent le passé, même
proche, nébuleux, confus, presque fictif. Les media contemporains abolissent la temporalité (la notion
de temps), la chronologie, lacune déjà avérée dans l’enseignement.

POURTANT, les erreurs du passé, bien comprises, sont éclairantes ; sans cela, comment prétendre
fonder ou renouveler une société ?

La conclusion : Quelle contradiction, cette curiosité pour l’ethnologie et cette indifférence au passé qui
cependant perdure dans nos vies. Pas d’avenir qui ne se fonde sur le passé.

11/ Le plan du texte :

1er § : La thèse = Crise de l’éducation.


La formation morale passe au second plan au profit de la seule formation intellectuelle.
Deux disciplines en pâtissent de façon exemplaire, alors qu’elles participent de manière essentielle à la
formation morale (et philosophique) de l’individu.

2ème § : La 1ère de ces disciplines = la maîtrise de la langue, négligée, méprisée, déconsidérée, non jugée
indispensable.
Or, elle est nécessaire pour s’exprimer comme pour comprendre autrui, indispensable dans les
domaines professionnel, politique et personnel, pour convaincre ou penser par soi-même. De plus, les
mots sont l’alternative à la violence. Elle est donc essentielle au développement individuel et utile à la
collectivité.
3ème § : L’Histoire, soit la connaissance du passé, de l’histoire des idées, sans déformation, et la notion de
temporalité sont nécessaires pour comprendre les différentes idéologies, éviter les erreurs du passé,
fonder l’avenir.

2ème étape : Rédiger le résumé.

La crise de l’éducation, qui fait passer la formation (10) morale de l’individu au second plan,
privilégiant la formation (20) intellectuelle, est un phénomène de société qui s’explique par (30) l’attrait
pour les innovations scientifiques et technologiques, le contexte (40) socio-économique défavorable, et
enfin une éducation libérale qui proscrit (50) la contrainte, même si elle se retourne contre l’enfant. (60)
Voilà comment on oublie la dimension morale de l’éducation (70) qui doit former l’esprit et le caractère.
Je voudrais (80) justement évoquer deux disciplines qui pâtissent de ce divorce entre (90) formation
intellectuelle et morale.
Premièrement, la maîtrise de notre langue (100), négligée, n’apparaît plus comme fondamentale.
Or, elle est essentielle (110) pour s’exprimer, comprendre, indispensable dans les domaines
professionnel, politique (120) et personnel, pour convaincre ou pour penser par soi-même (130). De
surcroît, sans la parole, reste la violence. Savoir s’(140) exprimer n’est donc ni superflu, ni dépassé, c’est
(150) vital pour l’élévation de l’individu comme pour la (160) collectivité.
De plus, la seconde discipline maltraitée, c’est l’(170) Histoire. Or, comprendre la pensée des
autres implique de connaître (180) l’Histoire des idées, sans déformation, dans la bonne temporalité
(190). Trop de jeunes méconnaissent le passé, même proche, nébuleux, presque (200) fictif. Les media
abolissent la temporalité, lacune déjà constatée dans (210) l’enseignement. Pourtant, les erreurs du
passé, bien comprises, sont (220) éclairantes. Quelle contradiction entre cette curiosité constatée pour
l’ethnologie (230) et cette indifférence au passé. Cependant, il n’est pas (240) d’avenir qui ne se fonde
sur la connaissance du (250) passé.

Exercice : Réduire le résumé.

La crise globale de l’éducation, [qui fait passer la formation (10) morale de l’individu au second
plan, privilégiant la formation (20) intellectuelle,] qui privilégie la formation intellectuelle à la formation
morale, [est un phénomène de société qui] s’explique par (30) l’attrait pour les innovations scientifiques
et technologiques, le contexte (40) [socio-]économique défavorable, et [enfin] une éducation libérale
qui proscrit (50) la contrainte, [même si elle se retourne contre l’enfant], quitte à nuire à l’enfant. (60)
[Voilà comment] on oublie la dimension morale de l’éducation (70) qui doit former l’esprit et le
caractère. Je voudrais (80) [justement] évoquer deux disciplines qui pâtissent de ce divorce [entre (90)
formation intellectuelle et morale].
Premièrement, la maîtrise de notre langue (100), [négligée], n’apparaît plus [comme]
fondamentale. Or, elle est essentielle (110) pour s’exprimer, comprendre, [indispensable dans les
domaines professionnel, politique (120) et personnel,] pour convaincre ou [pour] penser par soi-même
(130). De surcroît, [sans la parole, reste la violence] elle évite la violence. Savoir s’(140) exprimer n’est
donc ni superflu, ni dépassé, [c’est] mais (150) vital pour l’élévation de l’individu comme pour la (160)
collectivité.
[De plus, la seconde discipline maltraitée, c’est l’(170) Histoire.] Or, comprendre la pensée des
autres implique de connaître (180) l’Histoire des idées, [sans déformation], correctement [dans la bonne
temporalité] (190). Trop de jeunes méconnaissent le passé, [même proche, nébuleux, presque (200)
fictif]. Les media abolissent la temporalité, lacune déjà constatée dans (210) l’enseignement. Pourtant,
les erreurs du passé, bien comprises, sont (220) éclairantes. Quelle contradiction entre cette curiosité
constatée pour l’ethnologie (230) et cette indifférence au passé. Cependant, il n’est pas (240) d’avenir
qui ne se fonde sur la connaissance du (250) passé.
16  9 = -7
-1
8 6 = -2
-1
-1
6 4 = -2
2 1 = -1
-10
2 1 = -1
-9

-5
-2
-8
6 1 = -5
-1
-2

= -58

= 192.

Résultat :

La crise de l’éducation, qui privilégie la formation intellectuelle à la formation morale, s’explique


par l’attrait pour les innovations scientifiques et technologiques, le contexte économique défavorable,
et une éducation libérale qui proscrit la contrainte, quitte à nuire à l’enfant. On oublie la dimension
morale de l’éducation qui doit former l’esprit et le caractère. Je voudrais évoquer deux disciplines qui
pâtissent de ce divorce. (70)
Premièrement, la maîtrise de notre langue n’apparaît plus fondamentale. Or, elle est essentielle
pour s’exprimer, comprendre, pour convaincre ou penser par soi-même. De surcroît, elle endigue la
violence. Savoir s’exprimer n’est donc ni superflu, ni dépassé, mais vital pour l’élévation de l’individu
comme pour la collectivité. (123)
En outre, comprendre la pensée des autres implique de connaître l’Histoire des idées. Trop de
jeunes méconnaissent le passé. Les media abolissent la temporalité, lacune déjà constatée dans
l’enseignement. Cependant, les erreurs du passé, bien comprises, sont éclairantes. Quelle contradiction
d’ailleurs entre la curiosité constatée pour l’ethnologie et cette indifférence au passé. Pourtant, on ne
construit pas l’avenir en ignorant le passé.

 189 mots.
L’ESSAI (L’ARGUMENTATION) : Méthode par l’exemple.
Sur le thème de « La bonne éducation ».

Sujet (inspiré de l’extrait du discours de Jacqueline Romilly) :


« Toute la vie et même les réussites matérielles les plus simples
dépendent de la facilité que l’on a à exprimer clairement et
correctement sa pensée, à comprendre celle des autres et à éviter
ainsi le malentendu. » a écrit Jacqueline de Romilly.
Dans quelle mesure une bonne maîtrise de la langue semble-t-elle
indissociable d’une bonne éducation ?
Vous répondrez à cette question dans un développement organisé,
argumenté et illustré d’exemples. Vous appuierez votre réflexion sur
l’extrait de Jacqueline de Romilly, votre lecture de Gargantua
(chapitres 11 à 24), les textes lus sur le thème de l’éducation, voire
sur votre expérience personnelle et votre culture en général (films
…).

ACTIVITE

Vous complèterez le tableau suivant qui vous donne tantôt


l’argument, tantôt l’exemple.
ARGUMENTER = Ne pas se contenter d’affirmer = Expliquer
POURQUOI.
L’ARGUMENT est général, il vaut pour tous, de façon globale ;
l’exemple est le cas précis, concret.
Vous devrez impérativement puiser certains exemples dans
Gargantua. (D’où la nécessité de se constituer un petit recueil de
citations à apprendre par cœur).
I. POURQUOI est-il fondamental de maîtriser l’expression (écrite, orale) ? Pourquoi
l’apprentissage de la langue fait-il nécessairement partie d’une éducation réussie ?

ARGUMENTS EXEMPLES
Savoir s’exprimer permet de … (à vous de Jacqueline de Romilly donne des exemples concrets
continuer en fonction des exemples donnés). pris dans la vie courante : l’entretien d’embauche, le
fait de défendre un projet dans sa vie professionnelle,
dans l’engagement politique, la vie associative ...
On pourrait ajouter à cette liste le fait de se sentir
concerné par un débat, impliqué, apte à suivre le
débat, à y participer …

Savoir s’exprimer correctement et - Un (contre)- exemple pris dans Gargantua,


précisément évite des situations humiliantes chapitre 15, p.77-78 ?
ou évite même le recours à la violence : - Un exemple pris dans Le Premier homme (le
Mieux vaut s’expliquer, éviter le malentendu, souvenir de la grand-mère au cinéma).
exprimer ce que l’on ressent que de garder
en soi une rancœur, une honte, un complexe
d’infériorité ou une colère qui dégénèrent
parfois en agressivité ou en malentendus.

Maîtriser la langue permet d’échanger, d’être - Un exemple pris dans Gargantua ?


sur un pied d’égalité avec autrui, permet de
partager des expériences, des souvenirs de
voyages, des passions … Il en résulte un
certain plaisir de recevoir et de partager.
II. Néanmoins, la maîtrise parfaite ou correcte de la langue ne saurait suffire ; pour envisager
une éducation réussie, elle s’avère indispensable mais certainement pas suffisante.
POURQUOI ?

ARGUMENTS EXEMPLES
Ex : Lequel vaut mieux de Christian de Neuvillette, amant de
Gargantua, dans le 1er roman de Roxane qui a l’infortune de ne pas savoir s’exprimer (dans
Rabelais intitulé Pantagruel, écrit ceci à Cyrano de Bergerac d’Edmond Rostand) ou de Don Juan,
son fils Pantagruel parti étudier à Paris :personnage de Molière, beau parleur sans foi ni loi qui ne
« science sans conscience n’est que respecte jamais sa parole auprès des femmes qu’il séduit
ruine de l’âme », autrement dit … (à puis délaisse ?
vous de formuler et de développer
l’argument). Ex : les maîtres sophistes de la Sorbonne, présents dans le
roman de Gargantua, comme maître Janotus de Bragmardo
(p.85-87, chap.19) ou Thubal Holoferne, savent discourir, ce
sont des maîtres de la rhétorique, mais ou ils parlent à vide
(comme maître Janotus), pour ne rien dire, soit ils ont l’art
de justifier tout et n’importe quoi, avec mauvaise foi (p.92,
chap.21).

Ex : Dans Le Malade imaginaire, M. Diafoirus, (acte II, scène


5) ou Thomas Diafoirus (acte II, scène 6), savent s’exprimer,
ils sont même pédants, mais cela ne leur sert qu’à imposer
indûment leur autorité ou à avoir le dernier mot : « Vous
avez beau raisonner : Monsieur est frais émoulu du collège,
et il vous donnera toujours votre reste », ironise Toinette
(p.102). D’ailleurs, pour Molière, tout l’autorité usurpée des
médecins de son siècle réside dans un « galimatias savant ».

Ex : La grand-mère de Jacques Cormery (ou de Camus) ou sa


mère, dans Le Premier homme, n’ont pas cette maîtrise de
la langue qui permet de s’exprimer avec ampleur, mais elles
lui inculquent toutes deux ……

La maîtrise de la langue est l’une des Ex : Dans Gargantua, Ponocratès (à vous de continuer).
acquisitions parmi d’autres d’une
éducation qui se doit d’ouvrir l’esprit et
de le rendre curieux en variant le
champ des connaissances, comme elle
se doit d’exercer le corps autant que
l’esprit, le plus grand nombre de
facultés.

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