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Quelques petits trucs pour la philo…

1. On commence en philo comme en français : en analysant les mots


Faites bien attention aux mots choisis dans le sujet : le diable est dans les détails.

Vous aurez des sujets où la nuance est facile à voir :

 Ai-je un corps ou suis-je un corps ?  Aucun piège, on voit bien qu’il faut travailler
sur la distinction être/avoir. (c’est dans la plan qu’on va galérer…)
 Les mots nous éloignent-ils des choses ?  Pas de difficulté particulière (si ce n’est
qu’il faut voir le titre d’un livre de Foucault : Les Mots et les choses).

DONC : des sujets où rien n’est trop piégeux.

Vous aurez des sujets où le sens de la question est dans les petits mots :

 Mon sujet de bac : vivons-nous pour être heureux ?  Tout le sujet est dans « pour » :
le bonheur est-il un but ? C’est donc (aussi) un sujet sur la manière d’atteindre ses
objectifs et si le bonheur est un objectif comme les autres.
 Le mensonge est-il toujours condamnable ?  Le sujet est dans « toujours » : on ne
dit pas que le mensonge n’est pas condamnable… On essaye de voir des nuances.

DONC : des sujets où le piège est dans les adverbes et les prépositions.

Vous aurez des sujets où le piège est très très subtil :

 Le sujet de l’année dernière : Sommes-nous responsable de l’avenir ?  Une partie


du sujet est dans le « nous » : une responsabilité collective n’est pas la même chose
qu’une responsabilité individuelle : suis-je responsable ? est un sujet sur la morale
individuelle ; sommes-nous ? est un sujet politique.

DONC : des sujets où il faut faire très attention aux petits détails qui nous semblent évidents.
2. Le « présupposé »
En philo, vous devez (le plus souvent) faire un plan dialectique (I. Oui II. Non III.
Mais comment c’est possible de dire oui et non en même temps ?).

Pour trouver votre I, vous devez trouver ce qu’on appelle le « présupposé » du sujet.

Exemple : « Le mensonge est-il toujours condamnable ? »  La formulation de la


question semble dire : oui, le mensonge est condamnable ; mais toujours ? Il faudra donc
obligatoirement faire le I. sur « oui, le mensonge est condamnable. »

Dans cet exemple, c’est facile. Dans « sommes-nous responsables de l’avenir ? » c’est quand
même plus délicat. Il faudra justifier votre I. dans l’intro en expliquant bien comment vous
avez compris le sujet.

 Vous devez bien passer 20 minutes à analyser le sujet + trouver le présupposé.

3. De la bonne utilisation du cours


Ce que je trouve le plus difficile en philo : on nous demande d’ingurgiter des dizaines
d’auteurs MAIS il faut que ces auteurs servent NOTRE réflexion. En d’autres termes : vous
devez réfléchir AVEC les auteurs, vous ne devez pas juste faire un catalogue de leurs idées.

Ceci implique que vous apprenez bien votre cours mais que vous essayez toujours de
voir en quoi vous êtes d’accord / pas d’accord avec une pensée.

Surtout, bien apprendre votre cours vous permet de découvrir comment différents
auteurs traitent un même sujet : « sommes-nous responsables de l’avenir ? »  Si vous
pensez à Freud, vous serez du côté de l’inconscient et de la question de la responsabilité
individuelle (est-ce que je suis vraiment responsable de mes actes, est-ce que j’ai conscience
de tout ce que je fais ) ; si vous pensez à Marx, vous serez du côté de la conscience de classe
(nous = classe prolétarienne VS nous = classe dirigeante : si j’appartiens à la classe
prolétarienne est-ce que je peux vraiment faire qqch ?). Vous voyez qu’en me servant de 2
auteurs, j’ai deux éclairages différents sur un même sujet.

La petite astuce : on range la philo par catégories :

 L’art et la technique
 La morale
 La politique
 La science
 Les sciences humaines et le langage

Essayez de voir dans quel domaine se range votre sujet.

Si je prends « le mensonge est-il toujours condamnable », je peux le ranger dans : morale /


politique / science / langage… Donc plein d’approches possibles :

Morale : le mensonge est condamnable car il nous fait faire un acte immoral
d’obstruction à la vérité (le mensonge est condamné par l’Eglise, par exemple. Vous devez
confesser vos mensonges. Or la religion est une question morale.)

Science : le mensonge est condamnable car la science est une quête de vérité. Celui
qui ment éloigne de la vérité et éloigne donc du savoir.

Politique : dans la mesure où la politique est l’art de bien gouverner et de gérer la vie
des autres (Platon), le gouvernement qui ment est condamnable car il malmène d’autres vies
et abuse de la confiance des électeurs.

Et on renverse !

Morale : mais si en mentant je sauve des vies (pensons aux Justes qui sauvaient les
Juifs en mentant à la Gestapo), mon mensonge immoral ne devient-il pas un acte moral ?

Politique : mais si, homme politique, je dévoile des secrets d’Etat, mes électeurs seront
en danger. Ils m’ont élu et je suis leur porte-parole (principe de la démocratie) je dois donc
être transparent pour prouver que j’agis dans leur intérêt. Mais si je suis vraiment transparent,
j’agis contre leurs intérêts. Donc agissant pour leurs intérêts, j’agis contre leurs intérêts…
Mon mensonge est-il encore condamnable ?

Vous voyez, en pensant aux différents domaines de la philo, j’arrive à apporter différents
éclairages sur mon sujet et celui-ci gagne en richesse parce que je comprends qu’un sujet sur
la « responsabilité » est à la fois un sujet moral et un sujet politique, par exemple.

4. Du bon choix des exemples


Vous avez sûrement appris qu’un paragraphe de philo c’est : une thèse (idée) + un
auteur qui soutient cette thèse + un exemple qui montre que la philo s’applique dans la vie de
tous les jours.
Pour tirer votre épingle du jeu, montrez que vous avez de la culture !! Un sujet sur le
mensonge…. Vous pensez à la Princesse de Clèves ! Son aveu est moral : elle est mariée et
doit être transparente envers son époux. Mais son aveu le tue… Ne valait-il donc pas mieux
mentir ?

Un sujet sur le langage, vous pensez à Lagarce : est-ce qu’on peut vraiment
communiquer ? Est-ce que les mots peuvent être violents ?

La culture, c’est aussi s’intéresser à la politique (surtout en philo). Donc n’hésitez pas
à utiliser l’actualité INTELLIGEMMENT. Lorsque j’ai passé l’ENS, mon sujet était : « Que
peut-on interdire ? » J’ai passé le concours l’année où Dieudonné défrayait la chronique.
Beaucoup de copies se sont appuyés sur cette actualité pour interroger l’interdiction de la
liberté d’expression.

SURTOUT : vous ne donnez jamais un avis absolument tranché. Il n’y a que le


personnel politique pour être persuadé de détenir la vérité absolue d’une parole révélée. Vous,
comme vous êtes à l’école, vous réfléchissez encore. Et les gens qui réfléchissent sont des
gens qui doutent. Et le but de la philo, justement, c’est de montrer que quand on nous donne
un sujet brûlant, on arrive à avoir une opinion (personnellement, je pense que le mensonge
peut être utile) et à mettre à distance cette opinion personnelle (mais je comprends les gens
qui le condamnent absolument).

Et, SURTOUT², ne faites pas de la philo désincarnée. Essayez toujours de voir que ce
que l’on voit en philo, on s’en sert tous les jours… On arrive en période électorale, il y aura
25 sujets de philo par jour : à chaque fois qu’un candidat sortira une ânerie.

Les philosophes et profs de philo aiment BEAUCOUP la politique. Vous vous


souvenez que Mélenchon a dit « La République c’est moi ! »… Eh bien le sujet de l’ENS
l’année dernière était : « L’Etat c’est moi. »

Bon courage !

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