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Epistémologie des géosciences Semestre 1

Introduction
Epistémologie = essayer de savoir comment on est arrivé à nos connaissances scientifiques
- Episteme (grec) = savoir, connaissance, science
- Logos (grec) = science
➔ = Science de la science : pourquoi elle change, comment elle change, etc… Réflexion
sur la réflexion même
Certaines connaissances ont été validées tandis que d’autres ont été rejetées → Il n’y a pas
qu’une seule connaissance, ni une seule vérité ! Comment savons-nous ce que nous savons ?
On fait également de l’épistémologie des géosciences pour éviter de répéter les erreurs du
passé.
L’épistémologie donne des informations sur la fiabilité, la justification et la reconnaissance
sur des affirmations ; elle nous aide à répondre à ces questions mais le rapport entre réalité
et connaissance (savoir) n’est pas simple, il faut prendre du recul pour s’en apercevoir.
- Comment la vérité est constatée et est définie ? Comment distinguer ce qui est vrai ?
- Qu’est-ce que la science ? Comment distinguer la connaissance du quotidien (par
exemple un savoir d’un paysan) de la connaissance scientifique ?
- Quelle est la logique derrière ces réflexions ? (Différences entre pays, culture,
époques, etc…)

Sens commun vs connaissances scientifiques :


On prend tout ce que l’on vit au quotidien comme « allant de soi ». L’avantage et le
désavantage de la connaissance scientifique est le doute : le scientifique va toujours se poser
des questions comme est-ce qu’il y a qqch que j’ai loupé ? Qqch que je peux changer,
améliorer ? Où est la possibilité d’améliorer son travail, sa connaissance ? On n’arrive jamais
à un point où on dit « c’est bon ».
Au quotidien, on n’a pas appris à réfléchir pourquoi on privilégie telle ou telle connaissance
et pourquoi on aime telle ou telle chose ; il y a une acceptation de l’état de fait ! En
revanche, en sciences, on réfléchit à comment on est arrivé là : on met à plat, on met en
transparence les influences qui ont influencé le travail scientifique. On change donc de
perspective (on sort de soi-même pour regarder comment on a travaillé et comment on a
pensé).
La notion de choix est elle aussi importante, comment on fait des choix ? Ils sont faits à
partir de l’hypothèse de recherche et par conséquent tout travail scientifique est un
enchaînement de choix, chacun devant être justifié (à l’inverse du quotidien !).
➔ La science est science justement parce qu’elle n’est pas le sens commun !
La science est un système autoréférentiel :

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- Il faut être reconnu comme scientifique


- Il faut parler d’un sujet scientifique
- Il faut utiliser des méthodes scientifiques
Les scientifiques seuls reconnaissent donc ce qui est scientifique de ce qui ne l’est pas.

Science :
La science est un langage qui essaie de décrire et d’expliquer la réalité à l‘aide de termes,
de notions, de concepts, de théories et de thèses pour comprendre et décrire la réalité. Et
si on met bout à bout des thèses, on peut formuler des théories !
Toutefois, le langage n’est pas forcément un langage au sens commun (langue) mais toute
forme d’expression qui est en rapport à la réalité est un langage (art, mathématiques, …).
Mais le langage n’est pas la réalité ; notre langage qui essaie de cerner la réalité n’est pas la
réalité même ! Par ex : les cartes en géographie, les algorithmes qui essaient de représenter
la réalité.
« Nous vivons dans un monde de faits et pas de choses »

➔ Nous vivons dans le monde de faits qu’on a établis. On peut cependant être entouré
de choses qu’on n’a pas encore établies, ni découvertes.
➔ Quelque chose qu’on n’a pas encore nommée, n’existe pas. (par ex. les continents
américains qui existaient déjà mais pour la réalité du Moyen-Âge, ils n’existaient pas)
Le concept, le mot est le seul moyen de saisir la réalité ; par conséquent, langage est la seule
manière de saisir cette réalité (il faut donc bien choisir le langage pour faire saisir la réalité).

Langage :
Le terme qui fait référence à un objet, ne fera pas référence de la même manière.
(Comment par ex. savoir qu’on parle du même arbre, de la même image qu’on se fait d’un
arbre ?)
Ce problème de définition est important en sciences. Dans le langage de tous les jours, on
part toujours du principe que la personne en face de nous parle de la même chose mais des
fois c’est d’un point de vue subjectif (la personne en face de nous ne pense pas à la même
chose). Parfois on parle de la même chose mais d’un point de vue subjectif et donc on ne
se comprend pas.
Raum = espace ?
Dans leur conception, ils sont différents :
➔ raum -> räumen = faire de la place, contrainte de faire de la place pour pouvoir
s’établir et faire des zones de peuplement (déforester, etc.), donc c’était bien délimité

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(grâce à la forêt) ! C’est donc quelque chose de matériel, on peut donc le mesurer et
le voir.
➔ Espace = étendue, quelque chose qui n’a pas forcément de frontière, qui n’est pas
délimité → Immatériel, non définissable et pas forcément cartographiable ni visible !
Le même mot, traduit correctement, fait référence et est conçu de manières
complétement différentes. Il faut donc comprendre que le mot qu’on utilise ne sera pas
forcément compris de la même manière par un collègue. L’école essaie donc d’établir des
conventions, mises en place pour une entente commune. (2, 0, mot espace, …).

Thèse/hypothèse :
Thèse = un lien logique entre des termes et des phrases qui expriment des faits
empiriquement compréhensibles.
Hypothèse = supposition qu’on essaiera de confirmer ou infirmer par un travail, une étude.

Théorie :
Du grec : regarder -> Une manière de voir et de comprendre le monde.
Le travail théorique = la production de connaissances par la pensée
vs
le travail empirique = la production de connaissances par l’expérience, les exercices et la
pratique
La théorie est un langage scientifique comparable à un édifice avec des couloirs, des salles, …
Plus l’édifice est stable, plus la théorie sera pertinente !
Chaque recherche empirique (du terrain donc), doit avoir une recherche théorique au
préalable.
« Toute recherche empirique présuppose une recherche théorique, puisque la recherche théorique
n'indique que l'information qui doit être obtenue et à quelles fins dans la recherche empirique. »

➔ Le travail théorique nous montre ce que l’on cherche mais il faut une idée pour
pouvoir nous focaliser sur des éléments qu’on essaie de mettre en rapport
Ex. : La pomme qui tombe de l’arbre : il fallait se poser les questions « pourquoi est-ce qu’elle
tombe de l’arbre ? » « Est-ce qu’il y a un rapport entre la masse de la pomme et la masse de
la Terre ? »
➔ Une théorie est une explication par la mise en rapport (d’abord théorique) de deux
phénomènes. Elle commence par des hypothèses, des thèses qui expliquent les
rapports de cause à effet.
➔ La théorie établi un rapport. Il est théorique mais pas empirique !

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En conséquence, le travail scientifique est la confrontation des différentes perspectives ! Ce


n’est pas un travail où on recherche le consensus.
Une théorie est donc :
- Un donneur de définition et d'hypothèse
- Des énoncés descriptifs et explicatifs
- Une paire de lunettes avec laquelle les phénomènes sont vus, reconnus et compris
d'une certaine manière
« La théorie n’est rien d’autre qu’une sorte de filet qu’on lance pour essayer de ramener certains
concepts et ce dans le but de comprendre la réalité qui nous entoure ». Karl Popper

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Réalité et vérité
Réalité :
Si on parle de réalité, c’est de notre réalité (pas celle d’un ours ou je ne sais quoi).
Sommes-nous sûrs qu’elle soit réelle ou est-ce que notre perception de la réalité correspond
effectivement à la réalité ?
Chacun se méfie de notre perception parce que nous savons que parfois notre perception
ne correspond pas à la réalité. p.ex : les illusions d’optiques
Notre manière de penser la réalité a été fondamentalement révolutionné par deux
Américains : « la construction sociale de la réalité ». Ils disent que notre connaissance
(quotidienne) est complétement dépendante des interactions sociales. Suivant les
interactions, nous avons d’autres réalités.
D’un point de vue objectif, on verra tous une
ligne rouge et un point, cependant, suivant telle
ou telle personne, on verra un canard ou un lapin
(= interprétation)
On a déjà une idée en tête lorsqu’on regarde
cela. Les martiens verraient simplement une
ligne rouge et un point car ils n’ont jamais vu un
canard ou un lapin (ou même un habitant de la
Terre !).
➔ Il faut qu’on ait une connaissance sociale pour voir un canard ou un lapin.
Le rapport social est donc important dans la perception de la réalité ! Tout cela va
dépendre de comment on a appris les choses et par qui. Le même objet, la même
connaissance peut varier entre les sociétés ! Par ex. : une radiographie, on ne verra rien du
tout ! Tandis qu’un médecin pourra interpréter l’image.
Cette démarche marche autant pour qqch de matériel que pour qqch d’immatériel (par ex.
qqch de divin). De plus, les études sont une manière de communiquer afin de nous faire voir
une réalité. Elles nous donnent les instruments afin de préciser notre perception.
Réalité 0 – Réalité 1 → Nous ne savons pas si notre réalité sociale est la réalité matérielle.
Choses – Faits → Pareil.

Il y a des outils (des théories) qui nous aide à définir ce qui est vrai (la vérité) :
L’empirisme dit qu’on fait une expérience (on peut toucher, mesurer, voir une réalité avec
nos sens) et de cette expérience résulte notre connaissance !
vs
Le rationalisme dit que la connaissance résulte d’un raisonnement.

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➔ C’est un débat entre disciplines (sciences naturelles vs sciences des lettres,


géographie humaine vs géographie physique).

Méthodes :
Suivant l’approche que l’on prend, on va adopter des méthodes différentes :
1. Induction : On prend une partie et à l’aide de celle-ci, on veut conclure, généraliser sur un
aspect. On part donc d’une observation, d’une mesure, d’un toucher et à partir de celle-ci,
on arrive à établir une certaine régularité et donc on établit une hypothèse.
o A force de généraliser, on peut arriver à établir une théorie.
o Observation -> généralisation -> hypothèses -> théorie
Problème : d’un point de vue purement scientifique, c’est la méthode la moins sûre. Elle
garde toujours un certain nombre d’incertitudes !
➔ Une conclusion tirée d’une démarche inductive n’est donc jamais assurée. Par ex.
observer des cygnes blancs ! (cygne n.1, cygne n.2, cygne n.n, sont blancs -> tous les
cygnes sont blancs ?) Les solutions sont les suivantes :
o On peut dire qu’on parlait simplement du lac de Neuchâtel
o Ou on peut dire qu’il existe un cygne noir (et c’est absolument certain).

2. Déduction : On a d’abord une théorie à notre disposition, qqch qui a donc été prouvé. De
cette théorie, on déduit une hypothèse, puis on expérimente et on conclut. La conclusion
n’aura plus aucun doute de cette manière !

• Théorie -> hypothèses -> observations -> conclusion


Les empiristes préfèrent une approche inductive tandis que les rationalistes préfèrent une
approche déductive (hypothético-déductive).

La philosophie de la vérité :
Théories objectiviste : la vérité existe de manière totalement indépendante de
l’observateur.
VS
Théories subjectivistes : cette vérité existe uniquement de par l’observateur, c’est cette
personne qui peut reconnaître la vérité
VS
Théorie de la correspondance : dans notre quotidien, nous reconnaissons comme vrai ce qui
correspond à notre réalité. D’un point de vue philosophique, c’est la plus problématique
mais c’est la théorie la plus utilisée. On simplifie pour pouvoir avancer notre travail (autant
scientifique que commun).

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Paradigme : Thomas Kuhn


C’est une communauté de scientifique dans un domaine établi et qui partagent le même avis
sur des problèmes, les méthodes qui sont reconnues
comme les plus adaptées pour obtenir des résultats. Il y a
autant de paradigmes qu’il y a de communautés. Il existe
différentes communautés, même dans les mêmes
domaines (physique, géographie, …).
Thomas Kuhn dit que c’est une révolution scientifique, et
non une accumulation. → On va rejeter les connaissances
établies (enseignées à l’université) pour en établir des
nouvelles plus justes.
On n’arrive des fois pas à résoudre des problèmes en
suivant les approches classiques, les connaissances
classiques et on va donc voir les problèmes d’une autre manière. → Il va y avoir un
changement paradigmatique. De plus en plus de scientifiques vont adhérer au modèle
révolutionnaire (qui a pu être établi par qqn de random ! = idée farfelue) et ils vont donc
tourner le dos à leur ancien système. Les jeunes vont directement apprendre le nouveau
système tandis que les vieux vont changer de système. Ce nouveau paradigme va donc
devenir la science normale, qui va être enseigné à l’université, jusqu’à ce que le cycle
recommence. Par ex. la Terre tourne autour du soleil (Galilée) : c’était la réalité 1 que le soleil
tournait autour de la Terre pour la communauté, c’était donc la vérité de l’époque.
Il faut donc d’abord faire passer des choses à des faits et ensuite comprendre comment ces
faits peuvent être compris d’une autre manière. Il faut être aussi précis que possible sur
les faits que nous connaissons.

Système scientifique :
- Système de savoir, de connaissances : suit des règles qu’on doit apprendre à
l’université. Ces règles ne sont pas établies par une instance au-dessus des lois, c’est
issu de conventions, de consensus qui reconnaissent telle ou telle méthode comme
juste.
- Système social : il y a des règles pour gérer les interactions entre acteurs de ce
système. Il y a une hiérarchie interne qui est bien respectée en général. Il y a des
groupes, des interactions entre ceux-ci et des hiérarchies.

En sciences, nous travaillons avec des concepts, des thèses, des hypothèses et des théories
et sans celles-ci nous ne pourrions pas travailler. C’est grâce aux débats, aux confrontations,
que les connaissances avancent et que notre communauté s’améliore. Par ailleurs, ces
débats, qui mènent à des consensus, nous amène à établir une réalité.

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La géographie moderne à la géographie régionale


(1870 - 1960)
Géographie moderne :
Même pendant la période préhistorique, les hommes avaient une géographie en tête
lorsqu’ils réfléchissaient, ce n’est donc pas propre à nos sociétés actuelles, même si l’on n’a
pas de choses le prouvant ! Dès le milieu du 18e siècle, la géographie commence à être
enseignée. Kant commence à réfléchir aux rôles aux différentes disciplines enseignées à
l’université.
- Sciences rationnelles (philosophie, mathématiques)
- Sciences empiriques (sciences naturelles)
- Sciences synthétiques (géographie et histoire)
o Empirique -> voyages, explorations, études sur le terrain
o Rationnelle -> explications de phénomènes
Dès le 19e siècle, balkanisation des sciences. Il y a donc une division accrue du travail, une
multiplication de différentes disciplines. La géographie a cependant de la peine à se situer
car elle n’est pas 100% empirique ni 100% rationnelle.
Dans le monde francophone, elle va être localisée dans le domaine des sciences sociales et
humaines (on cherche la proximité avec les langues, l’histoire), tandis qu’en Allemagne, la
géographie est localisée dans les facultés des sciences naturelles (vers la biologie, la chimie,
etc…). On a donc un positionnement difficile et compliqué et largement dépendant du
contexte historique.
Elle a eu de la peine à s’établir comme une science équivalente aux autres sciences
naturelles dans les universités. Cependant, à la fin du 19e siècle, il y a eu plusieurs chaires de
géographie établies en Allemagne, France et Suisse.
Jean Bruhnes : A Fribourg, avec un photographe, il a établi une immense bibliothèque de
différentes photos de toutes les régions du monde -> 1er essai de faire un inventaire de toutes
les régions du monde.

Qu’est-ce qui a mené l’institutionnalisation de la géographie à l’université ?


Les naturalistes (J.J. Rousseau) avaient bien compris que la géographie, par une observation
du paysage, était un moyen didactique pour les enfants d’apprendre ce qui les entoure (par
rapport à d’autres disciplines). La géographie réussissait à combiner différentes
compétences pour apprendre aux enfants.
Au milieu du 19e siècle, on a trouvé que la géo avait un autre avantage : la construction
nationale. Avec la création des Etats-Nations, la géographie arrivait à faire valoir un
sentiment d’appartenance national, une création d’une identité nationale dans les pays.

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Fin du 18e siècle, la géo était une science synthétique (synthèse des observations d’un lieu),
en essayant de comprendre principalement au rapport homme-nature (devenu société-
nature).

Trois fondateurs de la géographie moderne :


Herder (1744-1803) :
- Différences entre populations, régions -> contre la généralisation
- Innovateur
- N’a jamais voyagé -> travail essentiellement par raisonnement
Voit un lien très étroit entre géo et histoire. Essaie de comprendre comment le peuplement
d’une région s’est développée via son histoire. La géo n’est plus dépendante de facteurs
morphologiques ! Elle essaie d’analyser, de comprendre et plus seulement de décrire. Il
s’exprime explicitement contre un déterminisme environnemental (cf cours anthropologie) !

Alexander von Humboldt : (presque l’inverse de Herder)


- Géo est une science empirique !
- Essaie de définir, de délimiter les différentes régions naturelles du monde
o Ne divergent pas uniquement horizontalement mais aussi verticalement
(couches végétatives, …)
- Analyses, critiques d’autres scientifiques, de récits, afin d’être le plus objectif possible
dans ses synthèses
- Pense en termes d’échelles
- Réfléchit aux instruments technologiques utilisés
- Essaie des voir quelles sont les unités qu’on peut synthétiser dans les différentes
régions

Carl Ritter (1779-1859) :


- Beaucoup lu, beaucoup synthétisé les travaux des autres
o Comparaison : super importante !
- Très intéressé à l’histoire
- Essaie de régionaliser le globe en regardant les critères, les facteurs qu’on peut
utiliser afin de différencier les parties de ce monde
- Premier géographe humain

Ces trois ont bossé pendant une période où on est passé d’un paradigme à un autre. Cette
période est une véritable révolution : on passe du principe de téléologique à sciences
naturelles.

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Téléologie = perspective, manière de réfléchir à l’histoire qui est dirigée. De toute façon, le
point final est déjà donné. On va essayer de comprendre comment on y est arrivé mais la fin
est déjà fixe. → Médiéval, rustique
Téléologie (divine) Scientifique – mécaniste
Principe d’ordre Ordre cosmique, universel Cause – conséquences – relation
Origine Dieu Lois naturelles comme cause de l’observable

Cette rupture est fondamentale car à partir du moment où la fin est ouverte, il est d’autant
plus important de comprendre les processus qui dirigent la Terre. Si le monde ne suit pas
un ordre et une fin donnés, mais qu’il suit plutôt des principes de sélection, on n’a pas de fin
définie (l’évolution continuera de façon perpétuelle) et si cette évolution ne suit pas certains
principes érigés par un ordre divin ou autre chose, c’est bien plus intéressant d’un point de
vue scientifique de comprendre ces évolutions.
Il y a donc cette période d’établissement de la géo dans les universités et dès le début du
20e, la géo va changer d’objet d’étude (homme-nature (-> naturaliste) vers les paysages !).
On s’engage dès lors dans une période colonialiste.
➔ Extension du commerce mondial, production en masse de produits industriels,
exportations dans les colonies
La géographie a aidé les colonisateurs avec la cartographie et en essayant de fournir des
connaissances qui étaient importantes à toutes les stratégies militaires (que cela soit en
Europe ou dans les autres régions du monde).

Friedrich Ratzel :
- Fondateur de la géopolitique
- S’est fondé sur les théories de Darwin et a conceptualisé les rapports entre
différentes sociétés selon la théorie évolutionniste (loi du plus fort principalement)
o A marqué de nombreux géographes (Karl Haushofer surtout, un géographe
nazi qui a utilisé ceci pour justifier l’expansion des ariens)
- Rapport vertical nature-société -> géodéterministe (le paysage a une influence
importante sur les sociétés)
o « A chaque paysage correspond une culture »
▪ Problème de l’Owambo : 7 royaumes différents (-> 7 cultures, 7
langues, …) réunis sous le terme « Owambo » par les colons allemands
« Il existe deux grands groupes d’hommes : les sauvages et les civilisés, les sauvages étant „demeurés,
esclaves de la nature“ et les civilisés „loin d’être opprimés par les forces naturelles, sachant les
utiliser. Les sauvages „peu développés intellectuellement“ sont aujourd’hui localisés soit dans les
régions où la végétation est beaucoup trop exubérante pour que l’homme puisse défricher et cultiver
le sol, soit dans celles où le climat est trop sec ou trop froid pour que l’homme puisse en tirer par la
culture autre chose que de maigres produits. On ne les trouve que dans les forêts tropicales, dans les
déserts, dans les régions arctiques. Les civilisés „sachant utiliser les moindres avantages de la nature“
se trouvent aujourd’hui partout où le climat n’est ni assez chaud ni assez froid pour déprimer

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l’intelligence, où la végétation n’est ni assez abondante ni assez pauvre pour interdire à l’homme
toute tentative de transformation intelligente. Aussi leur siège essentiel s’étend-il dans toute la zone
tempérée. » = extrait d’un manuel scolaire.

➔ Montre la force que le géodéterminisme peut apporter. Le déterminisme comme


justification de sa propre supériorité, l'assujettissement et l'exploitation de
"l'autre", comme base idéologique du racisme et du nationalisme.
➔ Amène donc à la distinction fondamentale entre les peuples culturels et les peuples
naturels

Paul Vidal de la Blache (1845-1918) :


- Père de la géographie moderne en France
- Possibilisme : pas de détermination
- Genres de vie : dans le même milieu naturel, il y a différent genre de vie → le milieu
ne détermine pas la manière
- « La nature propose, l’homme dispose »

La géographie francophone ne s’est pas débarrassée d’une ambition encyclopédiste : on


commence par la description de la climatologie, les sols, la végétation et ensuite on
s’intéresse aux sociétés, aux cultures de la région (-> géographie physique, puis géographie
humaine). Elle était essentiellement ruraliste. On isole ces régions pour les rendre
accessibles à cette monographie ; on délimite ces régions comme des régions insulaires, sans
interactions avec d’autres sociétés. Elle ne porte donc pas beaucoup d’attention au
phénomène urbain.
En Allemagne, l’étude des paysages a pris une autre direction : on a essayé de généraliser,
de systématiser (→ hypothético-déductive). On arrive donc à des définitions générales du
paysage en restant dans l’idée où un paysage est spécifique et il faut essayer de comprendre
les facteurs qui l’ont produit. (Sorte de poupées russes : un pays est composé de différents
paysages qui forment l’ensemble du pays)

Comment la géo est-elle structurée ?


Etude des régions > étude des paysages >
géographie élémentaire
Tout est subordonné à la géographie
régionale.
➔ Tout cela n’est pas actuel ! C’était la
pensée de l’époque…

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Hans Bobek (1903-1990) :


- A essayé de pousser la conceptualisation de la géographie régionale au maximum
- Un paysage correspond à un groupe social
- Approche dialectique
- Vision très évolutionniste de la société : à chaque différente phase/stade, il y a
différents paysages
Ses hypothèses initiales :
- Lien étroit entre la réalité sociale et les conditions du paysage
- La diversité des cultures et des sociétés se reflète dans la diversité des paysages et
des régions
- La société en tant que facteur de formation du paysage et en tant que phénomène
régional
A l’époque, l’étude des paysages était l’essence même du travail du géographe ! Il fallait
expliquer les formes paysagères extérieures.

Problèmes :
Frontières, délimitations (Alpes helvétiques – Alpes autrichiennes ?)
- Pas de critères objectifs paysagés qui nous indiquent ce changement, c’est toujours
un choix d’une population de dire que leur endroit se termine à tel ou tel endroit
- Les paysages sont des évolutions progressives, il n’y a pas un point où l‘on peut dire
« là maintenant on change de paysage »
- Les régions sont des constructions sociales qui se sont appropriées une région → plus
intéressant de comprendre comment un groupe social s’est délimité face à un autre !
Géographie régionale est toujours actuelle. Son avantage didactique : on essaie de penser
qqch de plusieurs façons différentes.

En résumé :
- Début de séparation de la géographie humaine avec les sciences naturelles.
- Première phase : naturalise – déterminisme
- Deuxième phase : possibilisme – idiographique
➔ Au début, on avait une ambition analytique (explication rapports sociétés-nature)
et on a fait une régression idiographique où on a fait des descriptions relatives des
régions sans chercher à savoir pourquoi c’était comme ça.

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Les géographies post-modernes et les concepts de l'espace


En Allemagne on parle de « Raumwissenschat » tandis qu’on parle de « Spatial science and
modeling » aux USA et « d’analyse spatiale » en France.
Contexte :
USA : la géographie dans la crise des années 1930 et 1940
- Critiqué pour son dilettantisme, non scientifique, dépassé par d'autres disciplines
- Fermeture de la géographie à Harvard et dans d'autres universités d'élite
La géographie a été rudement critiquée car elle n’était pas scientifique (trop descriptive mais
pas analytique). Les instituts de géographie ont donc été fermé dans les universités.
➔ Crise de légitimité scientifique, il fallait justifier la géographie !

Allemagne : Critique de la Journée des Géographes de Kiel 1969


- Géographie régionale insuffisante et non scientifique
- Les méthodes analytiques et scientifiques s'appliquent
- La demande d'une géographie sociale et économique fondée sur la théorie et
pertinente pour la pratique
En 1969, congrès de révolte où on a ouvertement critiqué les vieux profs en disant que les
études de paysages n’ont aucune valeur scientifique et qu’il fallait instaurer des valeurs
analytiques à leurs recherches. Ils ne résolvaient aucun problème et il fallait des
contributions concrètes aux sociétés.
En France, par le détour des universités canadiennes, des jeunes avaient fait des échanges et
au Canada ils ont été exposés au problème de la côte est des USA et donc ils ont dit qu’ils
pouvaient faire des recherches analytiques. En revenant en France ils ont introduit leur
façon de penser et leurs suggestions.

Exigence sociale et politique après la DgM :


- Reprise économique ;
- L'urbanisation croissante ;
- Développement du trafic automobile ;
- Croyance dans le progrès et la rationalité ;
- Le rôle croissant de l'urbanisme (État providence)
- Le progrès technologique :
- Ordinateur
- Méthodes statistiques : Analyse factorielle, etc.

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Après la DgM, avec la croissance économique énorme, il y a une urbanisation accrue et donc
c’est devenu un objet géographique dominant dans le paysage et dans les vies des citoyens
→ cela va devenir important en géographie.
Avec la croissance économique, industrielle et technologique (automate, voitures, conquête
spatiale, ...), on ne voit pas les limites des progrès (« sky is the limit »). On pense que les
sociétés vont se développer dans un bien-être général grâce à tous ces développements.
Ordinateurs : développement d’une puissance de calculs inconnue jusque-là. On pensait que
maintenant, on allait pouvoir découvrir des lois des sociétés (développement des villes,
etc…) grâce aux ordinateurs et leurs bandes de données.

Contenu de la « nouvelle géographie » :


Plus le paysage, plus qqch qu’on peut décrire sur le terrain. C’est la distance. On essaie de
comprendre comment est organisé l’espace via la distance. Pourquoi a-t-on dans certaines
villes une spécialisation dans tel ou tel domaine ?
Cette « nouvelle géographie », en contraste à la géographie régionale, a un nouveau langage
(plus matheux). On essaie de développer, afin de légitimer la géographie, des modèles
mathématiques qui expliquent l’organisation spatiale et les distances entre tels ou tels
objets.

Méthodes de cette « nouvelle géographie » :


Nouveau langage : point, ligne, réseau, courants,
Superficie, distribution, diffusion, etc.
- Analyses statistiques multivariées
- Acquisition et développement de modèles
(On essaie notamment d’intégrer des notions d’économie.)

Les produits qui dépérissent rapidement avec la distance et du coup


le gain qu’on peut établir avec la rente foncière, le gain va être très
proche du marché (du lieu de production).
Par cette rente foncière, Thünen a réussi à expliquer les lieux de
productions de certaines ressources.

Certaine régularité de distance entre des centres-urbains de tailles


équivalentes. A partir de ce moment, il a commencé à réfléchir à l’organisation spatiale.
Cette méthode a été plus ou moins formaliser par l’approche hypothético-déductive.

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Étapes du travail scientifique spatial dans une méthode classique déductive :


La déduction est la conclusion de la déduction générale à la déduction particulière.
1. Définition du sujet de recherche et du problème
2. Formuler des hypothèses de travail et construire une explication théorique des faits
de l'affaire
3. Confrontation des hypothèses avec la réalité observée
4. Conclusion : confirmation ou rejet des hypothèses ou reformulation des hypothèses
et de la théorie ou de l'explication théorique qui les sous-tend

En termes géographiques :
1. Cartographier : définir l’objet, le fixer et grâce à celle-ci, on va pouvoir identifier des
régularités et suite à cela,
2. Enregistrement des coïncidences et des régularités, définition des zones et
formulation d’hypothèses,
3. Chorologique : expliquer les hypothèses par une logique, une analyse plus poussée
➔ Ensuite on développe un modèle chorologique

Critique :
On essaie d’expliquer la répartition spatiale par qqch qui est propre à cette répartition. Ce
qui explique doit être séparé de ce qui doit être expliqué.
➔ Fétichisme spatial
La distance n’explique pas, c’est la société humaine qui explique les corrélations (USA vs
Europe). C’est le rapport des usagers, des habitants qui explique les relations avec les
distances.

« Géographie critique » :
Critique et contre-esquisse de la géographie comme science spatiale au début des années
1970 :
- L'objectivité supposée (subjectivité de l'observateur et de l'observé)
- Le rôle du chercheur/géographe au sein de la société, vis-à-vis du gouvernement, etc.

Contexte aux États-Unis :


- Guerre du Vietnam
- La montée des problèmes sociaux dans les ghettos noirs
- L'aggravation des problèmes écologiques

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Epistémologie des géosciences Semestre 1

- David Harvey :
o Père de la géographie marxiste
o Origine britannique (mais USA maintenant)
o Enclenché un débat avec son livre
Différentes générations, mais une approche toujours présente dans certaines universités
dominantes et qui s’est développés dans un contexte politique spécial. Les marxistes
s’opposent à la géo quantitativiste. Une objectivité n’est pas possible. → Tout dépend du
sujet qui observe le phénomène.
Les scientifiques (géo) ont une responsabilité envers la société ; ils veulent se mêler des
affaires de la population et veulent contribuer à la résolution des problèmes économiques et
sociaux. Ex : Problèmes des ghettos aux USA
Sujets de cette géographie :
- Pauvreté, faim
o USA surtout
- Criminalité
- Inégalités
o Raciales, économiques, genres
- Tiers-monde
- Centre-périphérie (à toutes les échelles)
o On essaie de regarder et comprendre le monde de la façon « centre-
périphérie »
Problème de ces géographes : au début, ils ne réussissent pas à publier leurs travaux. En
effet, les vieux croûtons n’acceptaient pas les analyses de ces marxistes, ils n’en voulaient
pas dans leurs revues. Du coup, ces nouveaux géographes ont créé leur propre revue
(« Erodote » et EspaceTemps » en France, « Antipode » en anglais ou « Geographische
Revue » en allemand).

Que fait un marxiste en géographie ?


- Structures, idéologies, rapports sociaux qui expliquent les pratiques (habitudes,
loisirs, mobilités, …).
- Conflits : d’intérêts entre différentes personnes, comment sont-ils résolus et donc la
ville est un reflet de comment ces conflits ont été réglés.
- Contradictions : inégalités sociales créées, agrandies et approfondies mettent en
danger le système. Elles créent un déséquilibre ! Quelles sont donc leurs
répercussions sur l’espace environnant et l’organisation spatiale ?

Fondement théorique, approche et objectifs :


- Matérialisme et dialectique historiques (Marx & Engels)
- Inspiré d'œuvres de Trotsky, Lénine, …

16
Epistémologie des géosciences Semestre 1

- Les catégories, les classifications, les concepts, les termes d'ordre, de pensée, etc.
utilisés ne sont pas fixes, mais sont historiquement et socialement intégrés ou
construits.
- L'objectif de la recherche est de changer les conditions sociales (recherche-action).

Marx et Engels :
- Production de bien → approche centrée sur les conditions réelles et matérielles de
la population des classes
o « Les conditions dans lesquelles vous vivez, influencent votre manière de
réfléchir » → approche déterministe
➔ Les marxistes s’appuient sur les travaux de nouveaux marxistes qui ont suivi au 20e
siècle.
Les concepts que nous utilisons pour comprendre, saisir une réalité, ne sont pas fixes. Ils
évoluent selon l’évolution de l’économie et de la société.
Approche marxiste :
◼ Volonté de changer le monde
◼ Rapport de production : économie travaille d’une certaine manière et ces modes de
fonctionnements ont évolué. L’espace urbain est organisé pour correspondre, suivre
le système de production.

➔ Il est nécessaire de comprendre comment l’économie marche pour comprendre


l’organisation de l’espace, ils vont de pair !

Hypothèses de base de la géographie critique :


- Le sujet est caractérisé par son origine sociale (socialisation), qui est le résultat de
relations de production.
- Matérialisme historique : développement téléologique de l'économie et la société
- Les relations sociales et spatiales sont façonnées par les exigences du capitalisme et
de ses modes de production.
- L'Etat a ici un rôle majeur à jouer : il règle les contradictions et les crises inhérentes
au capitalisme.
- Le développement urbain, par exemple, est le reflet de cette régulation des
contradictions et des crises, ou il correspond à des cycles d'accumulation du capital
(Harvey).

Structures de production Structures spatiales


Rapport dialectique entre ces deux !
- Il faut clarifier l’approche, les catégories avec lesquelles nous travaillons !

17
Epistémologie des géosciences Semestre 1

- Définition des enjeux : pourquoi il y a une lutte, pas de lutte sans enjeux !

Comment faire ?
Etape 1 : Présentation des concepts, catégories et termes utilisés
Etape 2 : Identification des enjeux de certaines situations conflictuelles (enjeux) et
analyse des relations de pouvoir social
Exemple : l'appropriation de la valeur ajoutée par la maîtrise des moyens de production et
des idéologies de consommation
Etape 3 : Il faut regarder empiriquement, donc collecter, réunir les informations et
en faire une analyse dialectique (= essayer de catégoriser une réalité empirique en
couples opposés).
Cette catégorisation découle de la perspective théorique.
Etape 4 : Interprétation des relations établies par rapport au système social
capitaliste → Interpréter ces rapports qu’on a observés. Lien qu’on fait avec
l’évolution de l’économie.
Exemple : USA 1970 : production de masse afin de réduire le coût de production. Taux de
profit très élevé mais surproduction→ marché saturé et stocks ont vieilli. -> crise
économique, chômage et donc, le capital ne voit plus l’industrie (automobile principalement)
comme destination de l’investissement. → Découverte du secteur immobilier ! On investit
donc dans la construction de tour de bureaux, de pavillons, … → espérer que le rendement
soit meilleur. → Développement de quartiers périurbains (étalement des villes). Cette
suburbanisation est le résultat d’une crise du capitalisme, de la surproduction.

En résumé :
Première révolution avec cette analyse spatiale → abstraction de l’espace (plus concret,
l’espace disparait, plus d’étude de région → l’espace devient un concept théorique)
Ambition théorique → explication des productions agricoles selon un certain modèle
mathématique par ex.
A partir de 1980, cohabitation des géographies.
La géographie humaine a des ambitions théoriques, on ne contente plus de seulement
décrire. Chaque théorie est le résultat de son temps. La géographie, comme toute théorie
n’est pas en dehors de son temps, donc les influences sociétales influencent les manières de
pensées de la géographie.

18
Epistémologie des géosciences Semestre 1

Géographie post-structuraliste
- Toujours d’actualité aujourd’hui.
Post-structuraliste = « veut aller au-delà de l’approche marxiste »
1. La déconstruction des mythes sociaux, en nommant le caractère radicalement
construit de la réalité
2. Accélérer la diversification de la culture moderne et la multiplication des structures
sociales → Ils constatent qu’il y a une multiplication de certains goûts et structures
culturelles.
3. Une différenciation croissante des orientations idéologiques, des attitudes, des
modes de vie, etc.
4. Les limites du développement sur le plan économique, social et surtout écologique
deviennent visibles.
Le progrès et le développement humain ont des limites (autant en termes de ressources que
de technologies). La planète est finie, et non infinie. Avec le développement des problèmes
environnementaux, le développement humain va aussi arriver à des limites par ses
retombées nocives de ce développement.
5. La propagation de dangers imprévisibles dans les sociétés à risque (= « Global
Change)
Rapport au risque ! (Ulrich Beck – Risikogesellschaft). A partir d’un certain moment, nous
sommes davantage près à prendre des risques ; « nous ne voulons pas abandonner une
avancée technologique en raison du risque » (développement du nucléaire). → Change la
perception et la façon de vivre des gens dans la société car le risque peut se changer en
risque effectif et donc créer des problèmes
6. La mondialisation et la localisation et l'éclatement connexe des cadres territoriaux
d'États-nations de la modernité
Avec la chute du mur, le deuxième monde disparait → Plus qu’un seul monde, changement
d’échelle avec les différentes régions du monde. On se met à réfléchir à qqch de plus global
et il devient de plus en plus difficile de penser régional.

Au contraire de l’analyse faite jusqu’en 80 par la production en masse (= homogénéisation


des sociétés), dans les années 90, il y a une spécificité et des préférences régionales,
culturelles, nationales.
➔ Une autre manière de réfléchir à l’économie et au développement social se met
gentiment en place
➔ Architecture post-moderne : rupture dans les structures, dans les angles, dans les
niveaux. Il y a une volonté de rompre avec l’époque moderniste.

19
Epistémologie des géosciences Semestre 1

Contexte intellectuel :
Fin des Grands récits :
- Siècle des Lumières
- Idéalisme
- Historicisme
Mais trois approches théoriques :
- Analyse du discours
- Déconstructivisme
- Poststructuralisme

➔ Rupture avec l’idéalisme (socialisme et capitalisme ont échoué).


Fin de « l’histoire » : l’histoire telle qu’on l’a connue va s’arrêter car ce qui va suivre ne va
pas forcément aller vers le mieux et le bien-être.

Les concepts centraux :


Critique et contre-projet de la science spatiale et de la géographie marxiste.
- Sujet
- Contingence : nous ne savons pas vers quoi la société va se développer
- Pluralisme
- Relativisme : il existe différentes réalités
- Complexité
- Réseau
Tournant culturel et linguistique : on se détache des réalités matérielles et on s’intéresse
plus à la langue, etc…

Pères fondateurs :
- Foucault
- Derrida : comment déconstruire un objet, un concept
En géographie :
- D’abord sur la côte ouest des USA → Les géographes ont en effet vu que l’approche
marxiste ne réussissait pas à décrire des phénomènes qu’ils pouvaient voir tous les
jours dans les villes comme Los Angeles.

20
Epistémologie des géosciences Semestre 1

Questions :
- Question du sens : moins réalité matérielle mais plus langage et discours →
préoccupent au sens du discours politique (Clash of Civilization) → post moderniste
cherche le sens de ce discours dans la politique étrangère
- Comment la langue construit-elle la réalité, les différences, l'espace, les régions, les
frontières, etc… ?
- Comment les sociétés installent des symboles : tout ce qui est mis en place et utilisé
à des fins symboliques (œuvres d’arts, monuments, bâtiments, …) → par ex. les
grattes-ciel dans les grandes les villes, ou la pyramide du Louvre → quelles sont les
symboliques derrière ces ouvrages ?

Moderne Post-moderne
Homogène Hétérogène
Toutes ces questions sont encore bien
Hiérarchique Instable
présentes dans les universités
Ordonnée Chaotique
actuellement !
Polarisée En réseau et diversifiée

Critiques du post-moderne :
- On est passé d’une société industrielle à un capitalisme post industriel qui a aussi
ses conséquences sur les sociétés et les structures sociales
- Centrée sur l’Europe, par ex. l’abandon du matériel ; marche parce qu’ils n’ont pas de
problèmes sur le matériel
- Une vision blanche, masculine, "bourgeoise" du monde, réservée à une élite.

En résumé :
- Difficulté à s’orienter
- Géographie humaine : ne peut faire l’abstraction de l’approche théorique
- Chaque théorie est ancrée dans son temps, est le résultat de son temps et n’est pas
extérieure au contexte économique et social

21
Epistémologie des géosciences Semestre 1

Espace
La conception du mot « espace » peut varier selon les langues (= différence linguistique)
mais aussi au fil du temps !
La peinture reflète comment nous pensons cet objet et est de toute façon une
représentation spatiale. On voit spatialement avec la peinture. Le rapport avec la personne
qui a peint l’objet permet aussi de faire un lien avec elle, on se met de plus en rapport avec
la société de l’époque (= rapport social).
Image paléolithique :
- Pas de profondeur car pas de paysage en arrière-plan. Celui-ci serait utile car il
permettrait de situer la peinture → On n’a pas de point de référence (ni le haut-bas,
ni avant-arrière).
➔ Espace est absent car à l’époque il n’y a pas de capacités cognitives pour représenter
l’espace
➔ L’homme n’avait peut-être pas de représentation mentale de l’espace

Antiquité :
- Progression légère : haut et bas (avec le sol) et devant-derrière
- Pas de contexte, pas de paysage ni d’environnement
- Platitude : toujours de profil et le corps est plat car absence de profondeur
➔ Progrès → début de spatialisation (2D)

Moyen-Âge :
Profondeur car :
- Début de la 3D avec l’apparition des ombres, du relief et des perspectives
- Lumière donc perspective nette
- Personnages positionnés sur différents plans (et plus les uns à côté des autres
comme avant)
- Cercle dessiné par terre donne la dimension du plan sur lesquels les objets et les
personnages sont situés
➔ Passage à la 3D

Renaissance :
La 3D est acquise et la profondeur est accentuée grâce au point de fuite. Cette découverte
permet la représentation de paysages, de monuments de l’espace de manière fidèle et
proportionnelle à la réalité. Cette proportionnalité est complétement novatrice.

22
Epistémologie des géosciences Semestre 1

➔ Développement de la perspective et de la représentation de l’espace qui s’est


développé et qui est représentatif de la manière dont l’homme est capable de se
représenter l’espace mentalement.

Notion d’espace dans les temps modernes :


- L’espace devient un moyen de réflexion.
- Cette conception euclidienne de l’espace va être remis en question par
Schopenhauer et Einstein sur notre manière de conceptualiser et représenter
l’espace.
- On passe d’un espace container à un espace relatif.

Idée de base :
Idée de base de l'espace absolutiste :
"L'espace absolu, qui par sa nature existe sans rapport avec quoi que ce soit d'autre qu'avec lui, reste
toujours le même et inamovible". Newton

➔ Cette pensée va être relativisée par Newton. L’espace est immuable, fini (il ne variait
pas).
Cet espace euclidien : espace nette entre contenu et contenant et tout e qui se passe dans
cet espace se passe indépendamment du container. Il n’est qu’une condition de toute
pratique. Le corps et les objets se trouvent dans un espace et cet espace est stable (il n’y a
pas de différences).
- Dualisme entre l'espace et le corps (action)
- L'espace et l'action sont indépendants
o L'espace comme condition limite du contenu
o Les corps sont dans l'espace
o L'espace comme base d'action
o L'espace est uniforme, continu et existe par
lui-même
En géographie :
L’espace est un contenant : il est là, immuable, stable et
constant. Il influence la manière de s’orienter et la manière
de penser selon le lieu.
Figure 1: Approche quantitativiste dans
➔ Approche absolutiste, Newtonienne cette figure : on essaie de quantifier, de
mesurer et de représenter les pratiques
géographiques

Einstein :
La lumière peut infléchir lorsqu’elle passe à côté d’une masse imposante.

23
Epistémologie des géosciences Semestre 1

Picasso :
Pas de point de fuite. Les corps par rapport aux uns les autres produisent l’espace.
➔ Localisation et rapport de certains corps les uns par rapport aux autres qui
produisent l’espace
La séparation euclidienne n’est plus possible car le contenu et le contenant sont identiques !
➔ L’agencement de l’espace est complètement dépendant de l’observateur de la
perspective.
« Puisque la géométrie non-euclidienne a montré que différentes structures de l'espace sont
possibles, il est raisonnable de supposer avec la théorie générale de la relativité que l'espace n'est pas
une " caserne de la tenance " terminée dans laquelle la matière se déplace, mais qui détermine sa
propre structure spatiale. Et de même qu'une seule et même ville, vue de différents côtés, semble être
multipliée à plusieurs reprises différemment et, pour ainsi dire, en perspective, il arrive aussi qu'à
cause de la quantité infinie de substances simples, il y ait, pour ainsi dire, autant de mondes
différents, qui ne sont pourtant rien d'autre que les perspectives de l'univers unique, selon les
différents points de vue de la Monade. »

- L’espace n’est pas constant ! Cela dépend du moment, du lieu et de la perspective.


- L’espace n’est rien d’autre qu’un concept ; c’est notre manière de saisir notre réalité.
- Cette perspective a révolutionné la géographie car comme c’est une histoire de
perspective, c’est elle qui est la plus importante à cerner.

L'espace résulte de la structure des positions relatives des corps, de l'agencement des
choses :
- L'espace naît du contenu : les corps forment l'espace
- L'espace et le corps (action) sont entrelacés
- L'organisation des corps dépend du système de référence des observateurs.
- Le temps et l'espace forment un " continuum " : il est en mouvement constant.
- Dans la constitution de l'espace, l'état et le temps sont immanents aux actions.

Conclusions de la compréhension relativiste de l'espace :


- L'espace comme cadre/orientation et résultat de l'action individuelle ou sociale ("la
géographie au quotidien")
- L'espace est une conceptualisation de la réalité physique-matérielle
- L'espace n'est pas un objet, mais un concept

24
Epistémologie des géosciences Semestre 1

Les marxistes :
Le concept marxiste de l'espace dans le système capitaliste est :
- L'organisation rationnelle des choses selon une logique d'économie de marché
- La territorialisation des flux de capitaux, d'argent, de marchandises et d'information
- L'espace absolu a été établi par le capitalisme comme prémisse des relations
sociales hégémoniques
- Division des terres en parcelles : propriété privée
- Division de l'espace mondial en territoires nationaux
- Expansion de l'espace absolu par l'impérialisme et le colonialisme
Afin que l’espace devienne une marchandise, il fallait le diviser afin d’en faire un objet.
→ Comme cela que l’espace est devenu une propriété. Cette conception a été étendue lors
de la colonisation et pour les marxistes, la conception de l’espace euclidien sert l’expansion
du marché.

Notion post-moderne de l’espace :


L'espace comme construction discursive :
- Analyse des discours performatifs et de formation d'objets
o Les constellations de pouvoir et de connaissance sont produites par des
systèmes spatiaux d'inclusions et d'exclusions.
o Produire des limites et des délimitations

- Exemple de discours performatifs :


o "Orient" ou "Afrique
o « Nature »

Résumé :
◼ Il existe une distinction fondamentale entre la conception absolutiste et relativiste
de l'espace
◼ Une autre distinction peut être faite entre l'espace relativiste : par exemple entre les
concepts marxiste et poststructuraliste de l'espace
◼ Différents concepts de l'espace impliquent différents
o Selon la conception de l’espace qu’on utilise, les méthodes qu’on utilisera
seront complétement différentes.

25
Epistémologie des géosciences Semestre 1

La matière :
Matière = ce qui compose un corps tangible - possède une masse - occupe de l’espace
Dans le passé, cela n’allait pas de soi que l’on pouvait transformer qqch en gaz ou tout
simplement changer la matière. Par ex : combustion : matière solide devient du gaz mais il a
fallu du temps pour admettre cela !

Théorie atomique moderne : John Dalton (1766-1844)


Suite à ses travaux sur l’air atmosphérique (N2 / O2 / CO2 / H2O), il peut déterminer qu’il
existe des atomes différents, possédant des masses différentes et qui forment des
combinaisons en proportions simples.

➔ Ses idées lui viennent principalement de l’étude des gaz. Il constate que l’air a
certaines propriétés et qu’on peut séparer les différentes substances qui constituent
l’air atmosphérique. Ses différentes substances ont des relations de masses qui sont
des relations simples ! → Il pense qu’il existe différentes substances de par leur
différence de masse

Chimie élémentaire moderne : Antoine-Laurent Lavoisier (1743-1794) :

- Loi de la conservation de la matière : “Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se


transforme”
- Fait des travaux sur la combustion/oxydation.
- Méthode de nomenclature chimique
- Traité de chimie élémentaire
Il constate que lorsqu’on brûle du carbone, la masse disparait. Par contre, avec la
combustion du phosphore, il y a un gain de masse ; il faut donc gagner qqch (l’oxygène) qui
se combine avec la matière pour former un état solide plus massif. Cependant, il remarque
que certaine partie de l’air réagit (oxygène), tandis que certaines ne réagissent pas (azote) !
A partir de ces découvertes sur les gaz, petit à petit, on va commencer à identifier les
différents éléments chimiques. Même si certains éléments étaient déjà connus avant
(principalement des métaux comme Cu, Pb, Ag, …).
Sorte de chasse aux éléments commence, jusqu’à ce que Mendeleïev arrive (TPE). Il
comprend qu’on ne peut pas fabriquer n’importe quelle sorte d’éléments. On voit qu’il y a
des relations entre eux et qu’il en manque un certain nombre. On les classe de la façon dont
ils réagissent avec l’oxygène.

26
Epistémologie des géosciences Semestre 1

Modèle atomique de Dalton :


- Chaque substance est composée de particules indivisibles, les atomes
- Toute substance peut être divisée en substances primaires = éléments
o Se combinent entre elles pour former la matière commune
- Tous les atomes d’un même élément ont la même masse et le même volume. Ils ont
aussi un comportement chimique caractéristique.
- Les atomes sont indestructibles. Ils ne peuvent pas disparaître ni apparaître par une
réaction chimique.
o Pas tout à fait vrai
- Pendant une réaction chimique les éléments sont seulement réarrangés selon des
rapports simples
A cette période, personne n’a vu un atome et il Dalton ne comprend pas comment ils sont
structurés. Il faut donc investiguer d’une approche physique.

Découverte des électrons : Joseph John Thompson (1856 – 1940)


Si on applique un champ électrique dans un tube et qu’on fait passer un faisceau de
particules d’électrons), la direction du faisceau va être modifiée par la présence du champ
électrique. Cela lui donne l’intuition que les particules qui constituent ce rayonnement sont
chargées électriquement. Cela va lui permettre de dire qu’il existe dans la nature des
particules chargées (négativement = électrons) et il calculera leur masse.
➔ Il existe des particules qui ne sont pas des atomes mais qui sont constitutifs de ces
atomes !

Découverte des noyaux : 1909


Expérience de la feuille d’or :

- Un faisceau de rayons alpha irradie une feuille d’or


extrêmement fine.
- Une partie du rayonnement est réfléchi dans des
directions aléatoires.
Au lieu de traverser la feuille, il y a un certain nombre de
faisceaux qui vont partir dans toutes les directions. Il y a
donc un certain nombre de rayons individuels qui ont été
réfléchi parce qu’ils se sont cognés à des particules (les
noyaux).

27
Epistémologie des géosciences Semestre 1

➔ Il y a donc des particules qui réfléchissent les rayons alpha : les noyaux
➔ Il existe des noyaux dans des atomes !

Avec ces différentes expériences, on arrive au modèle de l’atome en 1913,


par Niels Bohr et Henry Moosley, amélioré ensuite par Erwin Schrödinger en
1926.

Découverte des neutrons : James Chadwick (1932)


Il existe des atomes appartenant au même élément mais qui sont différents
par leur masse car ils contiennent une quantité de neutrons différente.
Dans les années 1950, grâce au développement des accélérateurs de particules, on découvre
des quarks et autres particules élémentaires.

Recherche sur la nucléosynthèse stellaire : 1957


Comment la matière s’est formée et pourquoi celle-là ?
Des chercheurs ont réfléchi et produit des modèles pour comprendre la formation des
atomes à l’intérieur des étoiles (nucléosynthèse = commence par la fusion de l’hydrogène
→ hélium, fusion hélium → C N O, fusion de carbone → Mg, fusion oxygène → Si).
- Réactions exothermiques (positives) : produisent de l’énergie
- Réactions endothermiques (négatives) : lorsqu’on fait de la fusion du Si, on crée un
atome de fer et donc la réaction va consommer de l’énergie
Une étoile commence donc par créer de la masse et de l’énergie pour ensuite consommer
son énergie, et l’étoile va donc finir en supernova.

En résumé :

- 1950 – 1960 : Nucléosynthèse


- 1910 – 1930 : Electrons, noyaux, neutrons → Modèle de l’atome + Bohr +
Schrödinger
- 1800 – 1900 : Découverte des éléments → Classification des éléments (Mendeleïev)
- 1808 : Atomes (Dalton)
- 1789 : Eléments chimiques (Lavoisier)

28
Epistémologie des géosciences Semestre 1

Les anciennes théories :


La Grèce : Empédocle : 490-430 av. J.-C. et Aristote : 384-322 av. J.-C. (élève de Platon,
précepteur d’Alexandre le Grand)
Pour Aristote, la matière est composée de quelques
éléments (terre, eau, air et feu) et donc toutes chose
est constituée d’une certaine part de ces 4 éléments.
Il impose ses pensées à son époque et cela va avoir
des répercussions et des influences pendant 1500 ans.
Les continuateurs d’Aristote ont introduit l’éther (ce
qui compose les corps célestes et donc les Dieux).
En même temps, d’autres savants (Leucippe et
Démocrite) avaient déjà réfléchi :
« la matière est composée d’atomes et de vides. Les atomes sont très petits (invisibles) et invariants ».

Leur idée est basée sur la logique mais sans fondements :


« Si tout corps est divisible à l’infini, ou il ne restera rien ou il restera quelque chose. Dans le premier
cas, la matière n’aurait qu’une existence virtuelle. Dans le second cas, que reste-t-il ? La réponse
logique est : des éléments réels indivisibles = les atomes. »

Aristote et Empédocle Leucippe et Démocrite


Les idées émises par Démocrite vont rester sous-jacente et réémerger régulièrement (par
Epicure ou Lucrèce).
Aristote crée son école et des personnes se mettent à suivre ses idées (Théophraste,
Avicenne (Arabe), Avérroès (Espagne))
En Orient, une réflexion qui a pour but la connaissance. Dans l’Orient, les gens se mettent à
vouloir comprendre le monde et ensuite ils transmettent leurs idées à l’Occident.

Théorie du phlogistique : 18e sc


Jusqu’au 18e siècle, la chaleur émise par la combustion de matériaux a longtemps été
considérée comme une substance qui est soustraite au matériau. La théorie affirme que tous
les matériaux inflammables contiennent du phlogistique, une substance incolore, inodore,
impondérable qui serait dégagée en brûlant. La perte de masse de beaucoup de matériaux
était en faveur de cette théorie.

29
Epistémologie des géosciences Semestre 1

Ce sont les expériences de Lavoisier avec le soufre et le phosphore qui démontrent le rôle de
l’oxygène dans la combustion et démontrent que la théorie du phlogistique est fausse.

Une autre approche : l’alchimie :


Il y a une unicité de la matière donc possibilité de transformation/dégradation ou
amélioration. Si la matière est unique, les corps se distinguent par leur qualité et donc si les
choses se dégradent (fer qui rouille), on doit pouvoir essayer d’inverser le processus.
Dans l’alchimie, on va donc retrouver des aspects matériels (transmutation de métaux :
plomb → or) et prolongement de la vie humaine : élixir de jouvence (avec la pierre
philosophale).
Cette pensée emprunte à Aristote et retrouve aussi des fondements dans les travaux plus
anciens.
- Alchimistes grecs
- Alchimistes arabes : apportent beaucoup à la connaissance humaine car ils
développent un appareillage instrumental pour faire des expériences
o Distillation/cristallisation
o Acide chloridrique/acide nitrique
o Recherches sur le soufre et le mercure

Minéraux :
Depuis l’origine, l’Homme utilise les matières minérales. Depuis l’origine, l’Homme utilise les
matières minérales et depuis le Néolithique, l’Homme transforme les matières minérales :
céramiques, métaux, verres, etc…

➔ La connaissance du matériau intervient bien avant la compréhension de la matière.


On commence donc par décrire les choses (Aristote commence. Pline l’Ancien rédige un
volume sur l’histoire naturelle et est donc le premier à faire une compilation de tout ce qui
existe).
- Liste de plusieurs dizaines de substances
- Observations sur l’habitus et les propriétés
- Localisation des gisements
- Description des usages
Cependant, à la Renaissance, on va mettre en place une pensée explicative et non plus
strictement descriptive [Agricola 1494 – 1555, Metallica (1556)].
Pour ce qui est plus rationnel, il faut attendre fin du 17 e siècle et l’étude des cristaux par
Nicolaus Steno. Il y fera une observation importante : les faces du quartz font toujours les
mêmes angles entre elles.
30
Epistémologie des géosciences Semestre 1

Une fois découverte, on va commencer à mesurer ces angles et ensuite, une théorie se
développe : les cristaux sont constitués par l’accumulation de très petits volumes qui ont
toujours la même forme et qui se superposent les uns par rapport aux autres.

1780 – 1848 : Berzelius et ses étudiants :

- Analyse chimique systématique des minéraux -> base de la classification chimique


➔ Des minéraux qui ont la même structure, contiennent les mêmes éléments chimiques
→ structure atomique lié à classification chimique

1828 : William Nicol :

- Développement du microscope polarisant -> observation des propriétés optiques des


minéraux
➔ Toute une série d’aspects liés à la structure (autre que l’aspect extérieur !)

1910-12 : Max von Laue :


- Diffraction des rayons X par les cristaux
➔ Les rayonnements dessinent toujours la même chose pour tous les mêmes minéraux.
➔ Il y a un lien direct entre la structure atomique (distance entre les plans d’atomes) et
les angles de diffraction.
➔ Grâce aux rayons X, on ne voit pas les atomes mais on peut décrire comment ils sont
disposés les uns par rapports aux autres.
Il y a donc un véritable outil qui permet de faire une caractérisation de l’espèce minérale.
- Classification systématique des minéraux en fonction des anions/groupes anioniques
(« A system of Mineralogy » - James Dwight Dana (1837))

31
Epistémologie des géosciences Semestre 1

Le temps :
- La nature du temps : Il n’y a pas encore de définition pleinement satisfaisante du la
nature du temps La mesure du temps écoulé se fait maintenant avec une très grande
précision.
- La mesure du temps : La mesure du temps écoulé a beaucoup évolué. Elle a une
influence significative sur la vie quotidienne sur la pensée scientifique, philosophique
et religieuse.
Semblant de définition : le temps est un concept développé par l’Homme pour appréhender
le changement ; il y a un passé, un présent et un futur.
Ce changement est assez naturel pour l’homme car à l’échelle humaine :
- Alternance jour/nuit
- Saisons
- Naissance/mort des êtres vivants (ne recommence pas en permanence comme les
deux autres)
Il y a aussi des changements à l’échelle géologique :
- Mouvement des continents
- Formation des chaînes de montagne
- Variation du niveau marin
- Éruptions volcaniques

On peut passer d’une analogie du temps vers une analogie du mouvement ; on ne peut pas
être à deux endroits en même temps ni à deux temps en même temps.
➔ Le temps est corollaire du mouvement

- Le temps peut être « objectif » : tel qu’il


est mesuré, par une horloge ou n’importe
quel autre moyen
- Le temps peut être « subjectif » : tel qu’il
est ressenti par l’Homme

Le temps « instantané » de la mécanique


classique : le temps est mesuré
Figure 2: Cependant, pour d’autres cultures, le temps ne s’écoule pas
Le temps est un repère absolu dont le flux du de la même manière ; le temps est cyclique.
temps est invariable. Il est indépendant du
référentiel de mesure.
➔ Cette conception du temps invariable permet l’élaboration des lois de la mécanique
classique.

32
Epistémologie des géosciences Semestre 1

Le temps relatif :
Dans la théorie de la Relativité, le temps est appréhendé comme une propriété de notre
Univers. C’est le concept de l’Espace-Temps avec 4 dimensions :
- Un événement se positionne dans l’Espace-temps à l’aide de 4 coordonnées : x, y et z
pour l’espace et t pour le temps.
- La constante universelle de la vitesse de la lumière c permet de décrire une distance
en termes de temps Soit d = ct t est le temps nécessaire à la lumière pour parcourir la
distance d « seconde-lumière »
➔ Temps, espace et matière ne peuvent exister l’un sans l’autre.

La « flèche du temps » :
En physique, de nombreuses équations sont réversibles par rapport au temps ; c’est en
particulier vrai pour les interactions à l’échelle microscopique (à l’échelle macroscopique, de
nombreux phénomènes ne sont pas réversibles : ex œuf). En biologie, la flèche du temps est
orientée.
➔ Les lois de la thermodynamique ne sont pas réversibles : l’entropie d’un système
isolé ne peut qu’augmenter.
La flèche du temps dépend du domaine d’étude, mais le cours du temps est irréversible.
Dans notre univers, à notre échelle, on sait que le temps a un début (théorie du Big Bang).
Avant le Big Bang, l’espace et le temps n’existe pas !

La mesure du temps :
La mesure du temps écoulé se fait maintenant avec une très grande précision mais elle a
beaucoup évolué. Elle a une influence significative sur la vie quotidienne sur la pensée
scientifique, philosophique et religieuse.
La mesure du temps est fondée sur les phénomènes astronomiques cycliques perceptibles
pour l’homme :

- Alternance jour / nuit : rotation de la Terre sur elle-même


- Saisons : rotation de la Terre autours du Soleil
- Cycle lunaire : rotation de la Lune autours de la Terre
Depuis toujours, l’homme observe le temps et construit des appareils, des monuments pour
se repérer dans ce temps (cadran solaire, sablier, horloge mécanique, …).
Au début, le temps était régulé à partir de phénomènes astronomiques : le temps universel
correspondait au jour solaire terrestre moyen. Cependant, vu que les années n’ont pas
toutes la même durées. On est donc passé sur le temps des éphémérides (par rapport à une
année moyenne). Mais aussi problème car au fil du temps, la masse du soleil varie…
33
Epistémologie des géosciences Semestre 1

On est donc passé sur des phénomènes atomiques avec le temps atomique international
(1967).

➔ Les jours calendaires ont en fait une durée variable en secondes SI


➔ La seconde est assez proche du rythme du battement cardiaque de l’homme (environ
70 battements par minute)

Chronologie :
Il faut définir une succession d’évènements qui servent de points de repère (par ex. le 1er
janvier). En connaissant les durées qui séparent les évènements, on peut établir une
chronologie et donc placer des événements les uns par rapport aux autres.

La découverte des temps géologiques :


Il y a très longtemps, il y avait déjà l’idée qu’un passé existe et qu’il est long (ne proposent
pas de chiffres).
- Ussher : chronologie biblique : il fallait 6'000 ans pour ce qui était écrit dans la Bible
puisse avoir lieu
- Cuvier : « il existe des fossiles qui sont des fragments d’organismes vivants anciens
mais qui n’existent plus de nos jours. »
o Met ensuite des fossiles en comparaison avec ceux d’aujourd’hui et par la
suite, des fossiles d’espèces qui n’existent plus
o Notion de catastrophisme (en accord avec la Bible)

- Hutton : « avec un temps très long, on peut modifier la face du monde »


o Transport d’eau de la montagne : il existe des montagnes érodées et des
bassins remplis (donc le premier à dire que le temps doit être très long !)

- Darwin : théorie de l’évolution


o Ancienneté des faunes
fossiles
o « Pour que l’évolution des
espèces que l’on observe ait
lieu, il faut beaucoup de
temps ! »
On peut ordonner une série d’événements
géologiques sur la base de la stratification.
Cependant, la durée des évènements n’est
pas connue ni égale ! De plus, ces
évènements ne sont pas universels, il y a Figure 3: Lithostratigraphie : couches du haut sont plus récentes
que celles du bas.
donc une chronologie locale ou régionale !

34
Epistémologie des géosciences Semestre 1

Il faut établir des corrélations à longues distances (par exemple avec les éruptions
volcaniques, les chutes de météorites).
➔ Si on a des éléments typiques qu’on ne peut retrouver qu’une seule fois, on peut
les mettre en face les uns des autres.
La succession des faunes fossiles détermine une séquence unique : possibilité de corrélation
à l’échelle planétaire pour les faunes océaniques.

➔ Définition des ères, époques, étages, sous-étages, zones, etc, grâce à ces successions
de faunes
La lithostratigraphie et la biostratigraphie permettent d’établir une succession unique
d’évènements mais pas de mesurer les durées !

Mesurer la durée des évènements géologiques :


L’observation des phénomènes tels que l’érosion et la sédimentation démontre que les
durées sont « longues », mais inégales.
- Durée longue : transport fluviatile
- Durée courte : glissement de terrain

Cependant, il existe quelques cas d’évènements cycliques répétitifs et de durée connue :


Alternance été/hiver en milieu périglaciaire :
- Hiver :
o Gel
o Pas de transport des sédiments
o Pas d’activités biologiques dans l’eau
- Été :
o Dégel
o Transport des sédiments
o Activités biologiques dans l’eau

➔ Les varves = sédiments lacustres périglaciaires annuels constitués de deux lamines


successives (été/hiver) ; il suffit de les compter !

35
Epistémologie des géosciences Semestre 1

Cycles astronomiques de Milankovich :


Irrégularités de la rotation de la Terre autour du soleil en raison de la présence des autres
planètes (Jupiter) : variation climatique (glaciations) → variation sédimentaire
➔ La planète a des périodes où elle est plus proche du soleil ou plus éloignée de lui.

Chronométrie : possible grâce à la :


Radioactivité = désintégration radioactive des atomes instables (Uranium, Thorium, etc)

- Phénomène naturel
- Indépendant de l’environnement physique P / T
- Indépendant de l’environnement chimique
- Lié au temps
- Mesurable avec précision
➔ Il existe des atomes (des noyaux) instables et qui se désintègrent pour arriver dans
un état stable.
Il y aura donc une émission d’un rayonnement électromagnétique α, β, γ (alpha, beta,
gamma).
Les nuclides : la quasi-totalité sont très instables et se désintègrent très rapidement
(minutes-jours-années), ils ne sont donc pas ou plus présents sur la Terre même si on peut
quand même trouve des radionuclides artificiels (essais nucléaires) et des radionuclides
cosmogéniques (rayonnements cosmiques).

Demi-vie = Période = T
- La fréquence de cette désintégration est caractéristique de l’isotope.
- On ne peut pas prédire quand un noyau particulier va se désintégrer, mais pour un
grand nombre de noyaux identiques, on peut prédire combien vont se désintégrer au
cours d’un laps de temps défini.
➔ Pour un certain isotope (noyau), il faut une certaine durée pour diviser par 2 la
quantité présente au départ.

Datation des zircons par U/Th -> Pb :


Mesure quasiment directe : on mesure le pb, l’uranium, puis, on a un rapport et on le
reporte sur un diagramme.

36
Epistémologie des géosciences Semestre 1

Les cosmonuclides :
Dans la haute atmosphère : interaction rayons cosmiques (jusqu’à 10 GeV !) et les atomes de
l’air : production de neutrons énergétiques. Formation de nouveaux noyaux, en particulier
C14 Qui sont mélangé au gaz atmosphérique et Incorporé dans la matière organique et dans
l’eau
Beaucoup d’azote dans l’atmosphère mais dans la
haute, peu de matière mais beaucoup de
rayonnements cosmiques. Ceux-ci sont variables
(plupart viennent du soleil) et sont extrêmement
énergétiques ; ils entrent en interactions avec les
atomes en haute atmosphère. Ces noyaux vont être
transformés en C14. Ces atomes de C14 sont donc
radioactifs et veulent donc redevenir du C12 plus tard.
Ils vont avoir tendance à descendre dans l’atmosphère
sous forme de CO2 et vont être dissout dans les
précipitations. On va donc incorporer ce C14 qui
provient de l’atmosphère. Ce sera stocker dans la
matière organique (puis peut-être dans des
sédiments !) et ce sédiment va être enterré
progressivement. Par la suite, le C14 disparaitra au fur à
mesure que le temps passe.
Il faudra attendre Libby (1952), pour avoir l’idée de dater des éléments à partir de C14. Il
saura que le C14 se forme de manière permanente !
➔ En mesurant la radioactivité résiduelle dans un carbone fossile, on peut découvrir
le temps passé.

Problèmes :
- L’activité solaire varie
- Le champ magnétique terrestre varie
- La teneur en CO2 dans l’atmosphère varie

Il faut faire une calibration empirique pour connaitre


l’évolution de la production du C14 (avec la
dendrochronologie, les varves et les coraux).
Dendrochronologie = dans les régions tempérées, la
croissance des arbres se fait de manière annuelle.
L’épaisseur du cerne est variable en fonction des conditions
de croissance de l’arbre (climat, etc..). Cependant, on ne
peut pas remonter plus loin que la dernière ère glaciaire car
pendant celle-ci, il n’y avait plus d’arbres !

37
Epistémologie des géosciences Semestre 1

Utilisation des « proxis » = des luminescences :


Certains phénomènes varient au cours du temps. Si on établit une courbe de référence de
cette variation, il devient possible de l’utiliser pour la datation.
Stades isotopiques : la variation des rapports isotopiques de l’oxygène et du carbone dans
l’eau reflète la température moyenne.
Les courbes de variation ont été établies pour les forages dans la glace des pôles et dans les
sédiments océaniques profonds. Elles sont aussi utilisées comme proxy.

En résumé :
- La nature du temps reste très difficile à définir
- La perception du temps est très intuitive
- La mesure du temps est très précise
- Les temps géologiques s’inscrivent dans des durées qui excèdent notre perception
normale
o Age de l’Univers : 13’819’000’000 années
o Age de la Terre : 4’540’000’000 années

38
Epistémologie des géosciences Semestre 1

Evolution :
Evolution = L'évolution dans le temps du génotype (ADN) et du phénotype (aspect
physique) d'une espèce et l'émergence de nouvelles espèces qui en résulte.
Le génotype est propre à chacun et peut être quantifié.
Evolution :

1. Observations et questions de l’article


a. Tous les organismes forment des espèces
Que sont les espèces et d’où viennent-elles ?
b. Tous les organismes d'une espèce sont semblables, mais pas identiques !
On est tous des hommes mais personnes n’est exactement identique !
D’où viennent ces similarités ? Pourquoi y a-t-il des variations ?
c. Il y a un ordre naturel dans la nature
Poisson – grenouille – kangourou – Homme
Tous les organismes sont différents, mais pourtant possèdent des propriétés
identiques !
→ D’où proviennent ces différences ?

2. Modèles de Platon : Essentialisme = idéologie


- Les objets ne sont pas "réels" mais des "idées" abstraites
- Les idées ont été créées par les dieux
- Les objets que nous percevons, les illusions/projections de ces idées.
- Les variations sont des imperfections ! (Notre monde n’est pas parfait et est très
varié…)
➔ Le monde est comme une matrice !! C’est comme si tout était programmé à l’avance

39
Epistémologie des géosciences Semestre 1

Avantage :
a. Le modèle explique d'où proviennent les espèces + les variations
Problèmes :
a. Le modèle est métaphysique !
b. Le modèle n’explique pas l’ordre (naturel) !

Aristote : Scala Naturae


Son idée est le monde est comme un escalier, avec les organismes (vivants ou non) les moins
évolués en bas. Chaque organisme essaie de s’améliorer et va donc dans la direction des
dieux, tout en haut !
➔ Tous les objets aspirent au sommet, et donc à la perfection !
Pierre -> ver de terre -> poisson -> grenouille -> reptile -> oiseau -> mammifères -> primates
-> Homme -> anges -> dieux
Avantage :
a. Le modèle explique l’ordre naturel
Problèmes :
a. Le modèle est métaphysique
b. N'explique pas les espèces
c. La nature ne montre pas de hiérarchie linéaire ! On ne peut pas dire que telle
espèce est « meilleure » que telle espèce !

3. Nouvelles observations et questions du siècle des Lumières


a. La variation naturelle ainsi que l’ordre naturel ont une explication géographique
Pourquoi y a-t-il des kangourous qu’en Australie par exemple ?
b. Les organismes sont adaptés à leur environnement
c. Les fossiles sont des vestiges des organismes éteints
Pas toujours été vraiment clair car on a retrouvé des fossiles d’espèces non-
éteintes ! De quand datent ces fossiles ? Y a-t-il une extinction ?

4. Modèle du siècle des lumières : Linnaeus – Systema Naturae (1758)


« Nous, hommes, sommes une espèce et je nous appelle Homo Sapiens »

40
Epistémologie des géosciences Semestre 1

- Création d'une classification hiérarchique de tous les minéraux, plantes et animaux


- Il y avait un binôme pour chaque espèce (par exemple Homo Sapiens)
- Suit la doctrine des idées de Platon mais se réfère au Dieu chrétien
- L’ordre de la nature est une partie du plan de Dieu
- Dieu, dans sa bonté, a donné des adaptations à chaque organisme

➔ A travers l'étude de la nature, vous pouvez vous approcher de Dieu. Peut-être


même comprendre son plan !
Avantages :
a. Le modèle explique la variation des espèces mais pas l’ordre naturel
Problèmes :
a. Le modèle est métaphysique (pas prouvable scientifiquement !)
b. Les fossiles !
Autres observations :
1. Les sédiments peuvent être subdivisés en paquets de couches, chacun avec des fossiles
différents !
2. Beaucoup de fossiles complétement éteints !

George Cuvier (1769-1832) : théorie du cataclysme

En rouge, ce sont des catastrophes.

▪ Créations multiples d'espèces par Dieu


▪ Espèces sont statiques
▪ Extinction(s) !

Avantages :
a. Certaines parties du modèle peuvent être testées
b. Explications des fossiles
Inconvénients :
a. Une grosse partie reste métaphysique

41
Epistémologie des géosciences Semestre 1

Jean-Baptiste Lamarck (1744-1829) :


Perfection

• Utilisation initiale = utilisation spontanée


• Evolution pendant la vie jusqu’à la
perfection
• Pas d’extinction
• Héritage des caractéristiques

Avantages :
a. Première explication vérifiable des adaptations !
Problèmes :
a. Pas d’explication de l’ordre naturel
Autres observations :
➔ L’abiogenèse n’existe pas !

Charles Darwin (1809-1882) : a. Variations


b. Trop de descendants par rapports aux
ressources → Il peut y avoir une sélection
c. Les caractéristiques sont des héritages ! → On
va vers une perfection.
→ Sélection naturelle des caractéristiques
héritées !
Avantages :
a. Explication de toutes les observations faites jusqu’à aujourd’hui !
Inconvénient :
a. Héritage et variations
Néo-Darwinisme (1920) :
- Relation du darwinisme avec la génétique
o La génétique explique presque tout (pourquoi telle ou telle caractéristique a
été gardée, pourquoi telle ou telle espèce a survécu, …)
42
Epistémologie des géosciences Semestre 1

Dérive des continents et tectoniques des plaques :


⚠ Tectonique des plaques =/ dérive des continents ! ⚠

Wegener (1880-1930) a développé la théorie de la dérive des continents. Il présente son


idée en 1912, puis il la développe progressivement jusqu'à sa mort, en 1930, au cours
d'éditions successives de son livre « La genèse des continents et des océans ».
Il n'est toutefois pas le premier à supposer une séparation des continents. Avant lui d’autres
avaient remarqués ces mêmes similitudes entre les lignes de côtes d’Afrique et d’Amérique
du Sud : surtout Taylor (1910). Mais le titre de « père de la dérive » lui revient
indiscutablement car il est le premier à étayer son hypothèse par un nombre considérable
de « preuves » émanant de sources très diverses pour en faire une théorie scientifique
cohérente.
➔ Ils n’avaient pas développé une théorie expliquant le monde entier, lui, développe
des preuves de sa théorie.
Wegener écrit : « Pour dévoiler les états antérieurs du globe, toutes les sciences s'occupant des
problèmes de la terre doivent être mises à contribution et ce n'est que par la réunion de tous les
indices fournis par elles que l'on peut obtenir la vérité ; mais cette idée (que les différentes sciences
doivent collaborer) ne paraît toujours pas être suffisamment répandue parmi les chercheurs. [… ]

➔ Wegener intègre plusieurs sciences dans sa théorie


Il fait un continent unique en rassemblant les continents et
remonte jusqu’au carbonifère (il appelle ce continent la
Pangée).

➔ Pangaea = “toute la terre“ est un terme proposé par


Alfred Wegener. Ce supercontinent existait pour
Wegener il y à ~ 200Ma et s’est par la suite disloqué
en plusieurs blocs qui ont dérivé.

Arguments de la théorie :

- Morphologie des lignes de côtes


- Glaciation - calottes glaciaires
On a retrouvé des sédiments de glaciation (trop chaud là où ils sont maintenant donc ils ont
dû se faire avant) ; en faisant la reconstitution, les calottes
glaciaires se retrouvent au bon endroit.

- Paléoclimatologie
Les récifs poussent essentiellement dans les zones chaudes (ainsi
que les évaporites) ; tous les sédiments se retrouvent au bon
endroit avec la reconstitution.

43
Epistémologie des géosciences Semestre 1

- Chaînes de Montagnes
Les chaînes de montagnes se correspondent si on met l’Afrique et l’Amérique ensemble. Les
Américains du Nord ont beaucoup réfuté la théorie de Wegener.

- Fossiles
On retrouve sur deux continents les mêmes fossiles (et ils ne peuvent pas traverser l’océan) ;
or, l’évolution ne fait pas deux fois la même chose.

- Isostasie - viscosité - topographie mondiale

Les mécanismes :
Les mécanismes qui permettent la dérive des continents restent incompris. Les quelques
idées proposées sont intenables et contra-productives au niveau implémentation de la
théorie (influence de la gravité, marées terrestre)
➔ Problème de la théorie : pas de mécanisme. Il sait que cela s’est passé, mais ne
comprend pas comment ni pourquoi. Il fait des suppositions mais elles ne sont pas
valables.
Concernant les mécanismes qui permettent la dérive des continents Wegener disait lui-
même : « The Newton of drift theory has not yet appeared… It is probable that a complete solution
of the problem of driving forces will still be a long time coming, for it means the unravelling of a
whole tangle of interdependant phenomena, where it is often hard to distinguish what is cause and
what is effect.»

De manière générale, la théorie a donc été rejetée (surtout en Amérique du nord et en


Angleterre) :
- Wegener utilise des arguments d’autres sciences (qui ne sont pas encore considérées
comme des véritables sciences).
- Il a été climatologue au début !
- Il était Allemand
➔ Pleins de ressentiments personnels qui font que sa théorie n’a pas été accepté

Deux principes sont fermement établis en sciences de la terre vers 1900 :


1) Le plissement de la croûte est la conséquence du refroidissement de la terre
Dû au refroidissement de la Terre. Kelvin dit que la Terre se refroidit, mais il a tort.
2) La formation des chaînes de montagnes se prépare dans les zones géosynclinales
Problématique : théorie fortement soutenue mais ce n’est pas la bonne

➔ Gens ont des fausses théories en tête

44
Epistémologie des géosciences Semestre 1

Les travaux d’Elie de Beaumont que l'on peut qualifier de première synthèse tectonique
globale reposaient essentiellement sur des conceptions géométriques. → Conceptions
géométriques mais sans modèle !

➔ Un peu plus tard, chevauchements, nappes et chaînes linéaires (les géosynclinaux)

Haug :
Il considère de son côté, en 1900, que les chaînes de montagnes se forment uniquement le
long de bandes étroites (les géosynclinaux) intercalées entre des unités continentales
stables.
Sa théorie sera complétée plus tard mais quand
même fausse, cependant elle mènera à l’idée qu’il
y avait des ponts de terre auparavant et que vu
que les continents montent et descendent, les
ponts suivent.

➔ Subdivise la Terre en plusieurs continents


avec des sillons entre chaque où se
déposent les sédiments et où se forment
les chaines de montagnes.
Par la suite, on remarque qu’il y a des zones où cela descend et des zones où cela monte et
que cela est dû à l’isostasie ; puisque la Terre se contracte, on peut faire des zones de
montagnes.
Eduard Suess :
- « Face de la Terre » (1883-1909)
o Développe une vision globale de la tectonique de surface
o Mouvements verticaux ET horizontaux
o Chaîne alpine poussée du Sud et est le résultat de mouvements tangentiels
- « Les dislocations visibles dans l'écorce terrestre sont le produit de mouvements qui résultent
de la diminution du volume de notre planète ».
- Sud, Afrique centrale, Madagascar et Inde = un ancien continent (un peu comme
Wegener)
- Continents actuels se sont ensuite individualisés au rythme de l’effondrement de
l’ancien continent → Naissance des océans
Malgré ceci, il pense que la Terre se rétrécit et que c’est cela qui permet des déplacements
fondamentaux. → FAUX

Emile Argand :
- Fait une carte tectonique

45
Epistémologie des géosciences Semestre 1

- Applique cela au monde entier


- Translations gigantesques et dessine en 2D (avait compris que la translation
horizontale devait passer au-dessous des autres)
- Soutenu par Staub sur orogenèse alpine (= déplacement vers Nord du socle africain)
o Cela ne peut pas être dû au rétrécissement de la planète !
o Même longueur d’onde que Wegener
➔ Semble évident que les continents
bougent !
Argand arrête cependant de façon
abrupte ; n’a pas créé d’école. Beaucoup
de gens ne comprenaient pas ce qu’il
faisait car c’était trop avancé.

Fixistes : (les méchants )


Jeffreys : contre la dérive des continents car mécaniquement, c’était impossible. Cachait son
ignorance.
Bailey : fervent défenseur des ponts continentaux
Chamberlin : doit avouer que tout ce qu’il a dit avant est faux
En gros, ce sont des vieux Américains et Anglais avec un égo surdimensionné qui ne
voulaient pas accepter les théories des Européens et les ont donc retardées.

Mobilistes : (les gentils )


Tous ces gens appuient la théorie.
En 1930, l'année de la mort de Wegener, en dépit de ses efforts et malgré le soutien de
quelques personnalités éminentes (Argand, Staub) qui l'appuient ou proposent des
conceptions voisines (Daly, Gutenberg), la théorie de la dérive est écartée par la majorité de
la communauté scientifique. Les géologues et les géophysiciens n'ont pas su, ou pas voulu,
comprendre la clairvoyance de Wegener. Pierre Termier écrit en 1924 : « C'est un beau rêve, le
rêve d'un grand poète. Mais essaye-t-on de l'étreindre, on s'aperçoit n'avoir dans les bras que de la
vapeur, de la fumée. Elle attire, elle intéresse, elle amuse l'esprit, mais la solidité lui manque »

Holmes :
- S’intéresse à la radioactivité des roches terrestres
- Dit que Kelvin a tort et qu’il peut le démontrer. Si on a de la radioactivité, Terre se
désintègre et relâche de la chaleur et ne peut pas se refroidir puisqu’il y a encore
production de chaleur ; la Terre est en train d’évacuer la chaleur et tout le
mécanisme est dedans
- Peut notamment dater la Terre

46
Epistémologie des géosciences Semestre 1

Ses recherches l'ont conduit sur deux voies principales :

- La datation des roches


- La convection : (1929)
o Roches radioactives se désintègrent → Chaleur → Terre ne se refroidit pas
→ Chaleur doit s’évacuer → Conduction ne suffit pas (pierres mauvaises
conductrices) → Lents courants de convection dans manteau terrestre de
roches solides mais visqueuses (+ expansion océanique et dérive continents)
Convection plus efficace pour évacuer la chaleur (comme cuillère à café dans thé). Kelvin
n’aime pas du tout cela mais n’a plus d’arguments.
Cependant, en 1931, Jeffreys émet aussi un avis négatif sur l'hypothèse des courants de
convection, considérablement développée par Arthur Holmes, dans un article de 1928. Il lui
reproche de ne pouvoir être ni appuyée ni contredite : « J'ai examiné assez longuement la
théorie du professeur Holmes sur les courants de convection, et je n'ai trouvé aucun test qui pourrait
l'appuyer ou la contredire. Autant que je peux voir, elle ne contient rien de fondamentalement
impossible, mais l'association de conditions devant être réunies pour qu'elle puisse fonctionner
appartient plutôt au domaine de l'extraordinaire ».

➔ On est dans une impasse ; les gens ne l’acceptent toujours pas et il faut attendre
1960.
➔ Jeffreys et autres sont trop puissants et gardent toutes leurs idées en bas.

Une nouvelle génération de géophysiciens redécouvre le mobilisme entre 1960 et 1970 :


une décennie fulgurante.

- Morphologie et bathymétrie des océans


o Les rides médio océaniques
o Les fosses
o La carte des fonds marins
- Plan de Bénioff et sismicité
- Paléomagnétisme – aimantation des roches
o Alternances magnétiques
o Pôles magnétiques apparents
- Failles transformantes, rotation autour de pôles Eulériens, hotspots
- Convection mantélique (= moteur)
= arguments pour soutenir la tectonique des plaques (question exa ??)

Problème de la dérive : imaginait que des continents se déplaçaient sur la sphère (pas de
mécanisme ! même si Holmes l’a fourni).

1935-49 :
Plan de Benioff : future zone de subduction, grâce aux tremblements de terre profonds
47
Epistémologie des géosciences Semestre 1

1950s :
Application de la méthode du paléomagnétisme. On montre une évolution graduelle des
pôles magnétiques pour des âges différents. Soit c’est le pôle magnétique qui bouge soit les
continents !

➔ Pôle magnétique ne peut pas bouger -> pôle a dû bouger et donc


les continents dessus eux aussi.
1952 :
Découverte des zones de fractures dans le Pacifique et association à du
déplacement latéral (failles transformantes)*. Ont par la suite permis de
déterminer les directions de mouvement des plaques tectoniques.
➔ *Elles ont permis de montrer comment fonctionne la tectonique
des plaques et dans quel sens bouge les plaques
1956 :
Rapport de des dépressions étroites ou « rift valleys » qui suivent la crête sur toute leur
longueur des montagnes sous-marines dans les océans Indiens, Antarctique et Atlantique.
➔ Associé aux militaires (il faut cacher les sous-marins)
➔ Profil de l’atlantique (on commence à savoir ce qu’il y a au fond des océans)

1962 :
Ouvrage qui suggère que les continents ne “traversent” pas la croûte océanique mais sont
charriés sur du manteau qui circule grâce à la convection thermique. Il découvre aussi les
volcans sous-marins.
La convection fait qu’il y a des morceaux entiers de lithosphère qui sont charriés. Il suggère
aussi qu’il y a une nouvelle croûte qui se forme.

1963 :
Explication des anomalies magnétiques linéaires parallèles aux rides actives
➔ Pôle nord a changé d’orientation ; montre donc que les océans s’écartent !

1964 :
Les îles océaniques telles que les îles d’Hawaï ont été formées par des mouvements de
plaques par-dessus un point chaud dans le manteau profond. + Nouvelles
failles (les transformantes)
1965 :
Axes de rotation pour décrire les déplacements sur une sphère.
➔ On voit les failles transformantes (elles ont un grand rôle). Tout cela
suit un concept très vieux ; la trigonométrie sphérique.

48
Epistémologie des géosciences Semestre 1

1967 :
Meeting American Geophysical Union's, où Morgan propose que la surface du globe consiste
en 12 plaques rigides qui bougent les unes par rapport aux autres. Acceptation des plaques
tectoniques par la communauté scientifique.
➔ A ce meeting, toutes les données ont été mises en communes ; ils ont mis en place la
théorie de la tectonique des plaques (elle a été acceptée à partir de ce moment-là)

Pendant tout ce temps-là, on n’avait pas de carte des fonds océaniques. Cela posait
problème ! 1977 : nouvelle carte, complète, homogène, des fonds océaniques.

Questions :
Science en crise entre 1915 et 1965 – Révolution ?
Nouvelle Théorie ?
Changement de Paradigme ?
Nouveau Paradigme !
Malentendus
Confort intellectuel, peur de l’inconnu
Mandarinat, clientélisme
Wegener était allemand
Raisons structurelles
Blocages « philosophiques » ou plutôt psychologiques

On commence à acquérir des données et les années 60-70 ont vu beaucoup de révolutions ;
les jeunes ne sont plus d’accord avec ce qu’il se faisait avant. Il y a donc un changement
sociétal important ! → Changement de paradigme

49
Epistémologie des géosciences Semestre 1

La découverte des océans :


L’étude des océans était fondamentale pour la compréhension de la géologie actuelle
(tectoniques des plaques, climatologie, sédimentologie). Beaucoup de sciences de la science
sont basées sur l’avancement qu’on a fait dans les années 60 sur la géologie marine. Le
développement technologique induit de nouvelles hypothèses scientifiques !
La géologie marine = Etudes géophysiques, géochimiques, sédimentologiques et
paléontologiques du fond de l'océan et les marges côtières.

1e technique : le sondage :
Le plus important dans les techniques de sondages est qu’on a besoin de se positionner.
Premiers sondages : (~ profondeur du fond de l’océan) : corde avec poids – fil d’acier avec
plomb
- Collaboration entre industrie et sciences de la mer (Thomson)
o Premier câble transatlantique en 1858
- Avec cela, de nouvelles hypothèses scientifiques commencent à se développer !
La théorie farfelue d’Edward Forbes, en 1843, disait qu’il n’y avait pas de vie en dessous de
550m ; complétement discrédité par la reprise du câble Cagliari-Bone (1860) qui a été
entièrement couvert par des organismes vivants (que les gens ne connaissaient que des
fossiles…).
- Cela amène notamment à une deuxième étape technologique.
- Thomson se met à étudier les « fossiles vivants ». Les sondages se faisaient avec un
plomb avec un noyau de cire, et apportaient une boue carbonatée à la surface.

➔ Cette découverte va inciter le monde scientifique à organiser plusieurs expéditions


pour explorer le monde des profondeurs.
Est-ce que la récente mer profonde est un ‘Cretaceous Park’ ? = Un boost pour la recherche
marine !

2e technique : Le dragage :
= nouvelle technique d’échantillon de fonds marins (de la Deep Biosphere).
- Nouvelles missions purement scientifiques (HMS Challenger 1872) pour cartographie
HMS Challenger (1872-1876) :
- Naissance de l’océanographie
- Découverte de fonds froids
- Premiers sondages au milieu de l’atlantique

50
Epistémologie des géosciences Semestre 1

- Découverte de la dorsale médio-atlantique


- Sondages dans la fosse des Mariannes
- Permet la première carte des sédiments des fonds marins de par ses rapports
➔ Premier « European Network of Excellence »
Dragage = On peut prendre des échantillons
Sondage = On peut mesurer la profondeur des océans.

3e étape technologique : sous-marins :


Le développement des sous-marins permet de voir comment sont les fonds-marins et ainsi
vérifier les hypothèses en prenant des échantillons plus pointus.
Beebe : Première bathysphère (245 m – 923 m) = premier « sous-marin »
- Résistance du câble (lié au bateau) trop forte (bateau soumis à la houle mais pas en
bas)

Piccard : Bathyscaphe (autonome – sans câble) = « ballon des profondeurs » : la clé de


l’observation et la manipulation

- S’affranchit du câble
- Scientifique suisse
- Reçoit 25'000 euros en 1937 pour développer son 2e bathyscaphe
- A dû arrêté à cause de la dGM mais 2e plongée à 1380m (mais problèmes
techniques : mer houleuse) → Succès modéré (1e plongée à 25m)
- MAIS améliorations techniques : FNRS III et Trieste
- FNRS III : le bathyscaphe effectua des plongées a plus de 4000 mètres (1953) →
Archimède → Nautile
- MAIS améliorations techniques : FNRS III et Trieste
- Trieste : Une plongée record à 3150 mètres d’Auguste et Jacques Piccard (1953) –
pour une question de budget, le Trieste fut acquis par les américains → une nouvelle
sphère plus résistante et construite par Krupp → la plongée record (1960) : Jacques
Piccard et Don Walsh – 10916 m – le Pacifique, la fosse des Mariannes)
- Beaucoup de ses inventions sont encore utilisées aujourd’hui ! (Titane, forme et
matériel des fenêtres, …)
Cependant, aujourd’hui, il n’y a plus vraiment d’amélioration de sous-marins avec des pilotes
puisqu’on cherche à faire des sous-marins sans pilotes.

51
Epistémologie des géosciences Semestre 1

4e technologie : piston coring :


- Développement du ‘Piston Coring’ = la clé pour paléo-
océanographie et paléoclimatologie
- « Carottes marines » permettent de prendre de plus gros
échantillons des fonds marins.

5e technologie : exploration géophysique et télédétection :

6e technologie : forage :
- Compagnie a donné un bateau pour la
science ; ils avaient vu que cela pouvait être
intéressant de s’allier à des scientifiques.
- Mohole (1961) : le nom d'un forage dont le but était de traverser la croûte terrestre
pour atteindre le manteau.
o Essai pas fructueux… (problèmes de stabilisation)
- MAIS développement des techniques de stabilisation de navires ainsi que le système
de sonar qui les ont permises.
- Cependant, même aujourd’hui on n’a pas de carotte qui traverse le manteau ! Mais
aujourd’hui, les plateformes sont des représentations de cette technologie.

En résumé :

- Sondage et dragage : première carte des sédiments de la mer profonde (Renard


1891), dorsales médio-océaniques, nodule de Mn, faune profond e
- Sous-marins : roches dorsale médio-atlantique, hydrothermalisme océanique
- Piston cores : archive des paléoclimats, isotopes stables, proxy, changement global
- Magnétométrie : seafloor spreading, tectonique des plaques
- Sismique de réflexion : stratigraphie sismique, fluctuations relatives du niveau de la
mer, séquence stratigraphie, marges continentales
- Forage : Deep Biosphere (1977), Hydrates de Gaz, la mer profonde comme un acteur
dans la machine climatique
➔ Toutes des technologies qui ont permis de découvrir de nouvelles idées/hypothèses
scientifiques.

52
Epistémologie des géosciences Semestre 1

Géologies et technologies :
Progrès technologiques :
- Isotopes
o Radioactivité -- âge
o Cosmogéniques -- âge
o Stables – évolution du climat
▪ On peut prendre des dents du T-Rex pour voir s’il buvait plutôt de
l’eau froide ou chaude
- Rayons X
o CT scan
o Tomography
- Spectromètres de masse
- Microscope électronique
- Microprobe/ laser
- Technologie de l’exploration
- Satellites – GNSS
- Informatique/ordinateurs

Ordinateurs et applications en géosciences :

- Calculs en géophysique
- Sismique académique – exploration pétrolière
o Structure du globe
o Tomographie
o Sismique 3D/4D
- Modélisation
- Géodésie – GNSS (satellites)
- Modélisation en climatologie

Industrie pétrolière :
- Jusqu’en 1950 : charbon, depuis 1950, pétrole.
- Avec l’arrivée du moteur, il y avait vraiment une bonne raison d’utiliser le pétrole !
Jusqu’en 60, la Norvège était pauvre mais depuis la date de la découverte du pétrole dans la
Mer du Nord, elle est l’un des pays les plus riches du monde.
Sismique réflexion = envoie des ondes et on analyse la trajectoire de celles-ci. Ensuite, on les
met les uns à côté des autres. On fait cela avec des camions vibreurs (cela évite de faire des
trous et on contrôle mieux la fréquence). Cela peut aussi être fait sur la mer, avec des
bateaux. On tire des câbles derrière le bateau qui envoient des ondes. Ensuite, on les
analyse par ordinateurs ; cela permet de faire des cartes en 3D des fonds marins.

53
Epistémologie des géosciences Semestre 1

➔ C’est fait pour explorer les


endroits où il pourrait il y
avoir du pétrole !
On prend le pétrole et en plus, on
analyse le sol en permanence, ce qui
permet de savoir ce qu’il se passe en
tout temps. C’est une technologie
avancée car il fait 4°C et la pression
est énorme !
Séquestration du CO2 = on envoie du
CO2 pour voir où le gaz va
Figure 4: On couvre le sous-sol avec de la tuyauterie.

Modélisation : (analogue ou numérique)


- Cela nous permet d’améliorer nos connaissances sur le sous-sol
- Commencé en 1800 avec Hall et
Favre : cassures et plis permettent
de comprendre comment les
plaques réagissent.
Les modélisations analogiques ont
commencé très tôt pour comprendre la Figure 5: Modélisation formation de montagnes
formation des montagnes ! Possible aussi en 3D maintenant MAIS grand inconvénient de la
3D : on ne peut pas voir dedans… Solution : le mettre dans un scanner à l’hôpital mais il
faut qu’il soit petit.
Numérique : permet de voir la vitesse, l’érosion, la température, … MAIS problème : pâté
noir (maintenant résolu)
Il faut définir comment se fait l’érosion. L’avantage de ces modèles est qu’ils ne sont pas
que descriptifs ; ils nous permettent de comprendre la vitesse et nous ont forcé à
comprendre les processus et à quelles vitesses ils se font.

Géologie planétaire :
L’intérêt réside dans la découverte de nouveaux horizons et cela nous reflète sur nous-
mêmes, on se remet en question. Cf. James Lovelock (Wikipédia)
« Si on a un équilibre dans lequel on peut vivre, c’est parce qu’il y a la vie. »

⚠ Les modèles nous permettent de comprendre un tas de choses et de comprendre


comment cela marche ainsi que de faire des prévisions mais ces pronostics ne peuvent
jamais être 100% vrais. Les modèles sont des modèles ! Un modèle climatique ne pourra pas
résoudre les problèmes actuels car c’est un modèle ! De plus, il est fait à partir d’un modèle
actuel (mais tout change en permanence !). ⚠

54
Epistémologie des géosciences Semestre 1

De la Terre des anciens philosophes à la notion de Gaia


Mythes, légendes et géologie :
Devils Tower : roches sédimentaires entourent la tour ; roches magmatiques intrusives
forment la tour… (laccolith = colonne de basaltes)
→ A cause de la légende, du mythe, des gens se posent des questions sur l’origine réelle de
cette montagne.

Mythologie grecque et romaine :

La création du monde, la Genèse : à l’origine il n’y avait que le chaos. De ce chaos, émerge la
Terre (et la Terre-Mère : Gaia), et cette dernière a enfanté un fils, Ouranos, le Dieu du Ciel.

Gaia et Uranus engendre une seconde génération cosmique.

Le leg des anciens : les Grecs :


Ovide : Observations pour futures interprétations
- Ecrit les Métamorphoses, qui est une mythologie romancée.
- Ce qu’il observe peut être interprété (changement de niveau de la mer ?) !
- Observe l’érosion !
- Observations qui restent de la poésie mais qui peuvent être plus tard analysées

Hérodote : (484 - 425 av. JC) l’Egypte, ancien golfe marin

- Histoire II
- Considérations intéressantes sur les atterrissements fluviaux, notamment ceux du Nil
= sédimentologie pure :
« La plus grande partie du pays dont je viens de parler est un présent du Nil…Il me paraissait en effet
que toute cette étendue de pays que l'on voit entre ces montagnes, au-dessus de Memphis, était
autrefois un bras de mer… car, de tous les fleuves qui ont formé ces pays par leurs alluvions, il n'y en a

55
Epistémologie des géosciences Semestre 1

pas un qui, par l'abondance de ses eaux, mérite d'être comparé à une seule des cinq bouches du
Nil… »

- Egypte = ancien golf marin


- Essaie d’expliquer un peu la naissance de l’Egypte
- Si on regarde les roches en Egypte, leurs observations ne sont pas trop mal !
Le premier à faire un effort conscient pour expliquer les événements passés = Père de
l’histoire.
➔ Il ne se contente pas que de décrire mais essaie de les interpréter !

Aristote : (384 - 322 av. JC) : l’éternelle permutation lente

- Les Météorologiques
- Univers éternel et un monde terrestre stable (exempt de destruction et
constructions) = école péripatéticiens
- Vision cyclique : le cumul indéfini d’actions de type quotidien produit avec le temps
de grands effets = credo-uniformitariste (~ Hutton)
- Fonde à Athènes une remarquable institution, le Lycée, consacrée à l’enseignement
et à la recherche
o On essaie de comprendre, cela ne doit pas rester dans un livre mais cela doit
être enseigné !
« … Les mêmes lieux de la terre ne sont pas toujours humides ou secs, mais changent selon
l’apparition et la disparition des cours d’eau ; c’est pourquoi aussi il se produit des changements dans
la disposition des continents et de la mer, et soit la terre, soit la mer ne restent pas toujours telles tout
le temps, mais on trouve la mer là où se trouve maintenant la mer, il y a aura de nouveau une terre,
selon un certain ordre et une certaine périodicité… »

Eratosthène : (275 - 195 av. JC) : première mesure de la circonférence terrestre

- ~ 40.000 km (à l’équateur : 40.075 km)


- Mesure l’ombre de 2 objets situés en 2 lieux (Syène et Alexandrie)
Eratosthène savait que, au solstice d'été à midi, le soleil était à la verticale et sa
lumière éclairait le fond d’un puit parfaitement, sans aucune ombre. Il remarqua
cependant que le même jour, un obélisque, situé à Alexandrie en Egypte à environ 787
km au nord de Syène, avait une ombre décentrée. L’angle entre les rayons solaires et
la verticale : 7.2° ou 1/50 d’angle plein ! De plus, il arrive à calculer la distance entre
Alexandrie et Syène (environ 39'375 km à la place de 40'000 km).

- La mer Méditerranée s’est abaissée par ouverture des ‘colonnes d’Hercule’ (détroit
de Gibraltar) → Preuve : présence de fossiles, restés sur place à cause de l’ouverture
des détroits.
Strabon : (63 av. JC – 24 ap. JC) : submersion marines, soulèvements du sol

56
Epistémologie des géosciences Semestre 1

- La Géographie – Rerum geographicarum


- Décrit les variations du niveau marin
…les tremblements de terres, les éruptions, les soulèvements du sol sous-marin, d’une part, et d’autre
part les affaissements ou éboulements subits qui exhaussent, pour les premiers, et abaissent, pour les
seconds, les mers …

= promoteur de la permutation des terres et des mers par l’effet des mouvements
verticaux du sous-sol
➔ Un des premiers à parler de ces mouvements verticaux !

Théophraste : (336 – 264 av. J.-C.) : l’école stoïcienne


- Les stoïciens : …Le tout dont les parties sont soumises à la destruction doit être également
soumis à la destruction
➔ Notre monde est destiné à périr (puisque les rochers des montagnes s’écroulent
(partie de l’univers) → le monde entier (le tout) doit être également soumis à la
destruction.
MAIS cependant, le cosmos est susceptible de régénération, de récréation
…Après une conflagration universelle, qui réduit tous les éléments au feu primitif, le monde renaîtra. Il
y a par conséquent un éternel RETOUR des êtres et des événements …

Lucrèce : (98 – 55 av. JC) : L’école d’Epicure

- Epicure (341-270 av. JC) : l’existence de particules nommées ‘atomes’ (> Démocrite)
- Lucrèce : De Natura Rerum (‘de la nature des choses’)
- Le monde périt et se reforme périodiquement (~ stoïciens)
MAIS se distingue de celui des stoïciens par la place qu’y tient le hasard dans la
combinaison des éléments : celui-ci ne permet pas le retour des mêmes
événements, des mêmes êtres
…Le monde est sorti du chaos ou les atomes formaient une sorte d’assemblage tumultueux
d’éléments confondus, lorsque les semblables s’associèrent aux semblables…Alors de la terre se
distingua la voûte du ciel ; à part la mer s’étendit dans son lit… (Formation de la Terre)

La querelle des stoïciens et des péripatéticiens = débat entre catastrophistes et actualistes


(XIXème siècle).

- Monde Stoïcien : évolue cycliquement avec des phases alternées de destruction et


restauration
- Monde d’Aristote : cycles tellement imbriqués qu'ils se compensent et que la terre
se maintient en équilibre
- Conception catastrophiste = des phases orogéniques séparant des périodes calmes
- Thèse actualiste (ou uniformaticienne) = mouvements plus ou moins permanents

57
Epistémologie des géosciences Semestre 1

Pline l’Ancien : (23 – 79 ap. J.-C.) : écrivain et naturaliste romain

- L’Histoire naturelle
- Les Grecs étaient scientifiquement plus avancés que leurs imitateurs romains
- De tout temps, c’était d’abord à Pline que l’on s’adressait pour s’enquérir
notamment des noms et propriétés des roches et minéraux
- Essaie de faire des classifications très naturalistes
- La Géologie Moderne a hérité de cette source un certain nombre de termes usuels
→ seul le domaine des pierres (plus ou moins précieuses) disposait à l’époque un
vocabulaire étendu !
MAIS la pauvreté en vocables désignant spécifiquement les objets et processus
géologiques confirme qu’il n’existait pas à proprement parler de science de la Terre…
(pas de « subduction », « érosion », …)
➔ Le mot ‘Géologie’ est venu tard et sa généralisation coïncidera avec la rapide
‘cristallisation’ de la nouvelle science au début du XIXe siècle

Moyen-Âge :
- Extinction de la science antique
- Pères de l’Eglise : fossiles = témoins du Déluge
MAIS il y a quand même quelques scientifiques :
Les ‘lumières’ du Moyen Age :

- Les Frères de la Pureté : le cycle huttonien


o = groupe de savants et penseurs affiliés l’Ismaélisme
o L’Encyclopédie
o L’érosion détruit perpétuellement les montagnes :
…Le ruissellement des eaux pluviales entraîne rochers, pierres et sable vers le lit des torrents et des
fleuves ; ceux-ci à leur tour, en s’écoulant charrient ces matériaux jusqu’aux marais, aux lacs, aux
mers, où ils s’entassent sous forme de couches superposées…brassées ensemble, ces dépôts
s’accumulent l’un sur l'autre, et, au fond de la mer, des collines et des monts, des montagnes
surgissent comme dans les steppes et les déserts, au souffle du vent se dressent les dunes de sable…

➔ Le texte fondateur où tous les processus géodynamiques actifs à la surface de la


Terre sont logiquement reliés en une boucle sans fin : érosion séculaire –
sédimentation marine en couche stratifiées – surrection de celle-ci en nouvelles
montagnes tandis que la mer couvre les anciennes terres
(= la grande vision de HUTTON)

Avicenne : la genèse des pierres, fossiles et montagnes

o Très grand savant iranien


o Livre des remèdes (Kitâb al-Shifâ) traduit en Latin De mineralibus

58
Epistémologie des géosciences Semestre 1

o De la cause des montagnes :


…si un violent tremblement de terre soulève le sol, il engendre une montagne…

o Une conception très originale de la raison d’être de la stratification


…Il se peut aussi que chaque fois que la terre émergeait par le reflux de la mer, elle laissait derrière
elle une couche, car nous voyons que certaines montagnes paraissent avoir été empilées couche sur
couche…une couche s’est formée d’abord, puis, à une autre période, une couche suivante…

o Le principe de superposition des couches (6 siècles avant STENON) = schéma


organisateur majeur de toute la géologie : chaque couche se forme à son tour
par dépôt sur la couche inférieure

Albert le Grand : l’origine ambiguë des fossiles

- Naissance souabe – un théologien, un homme d’église (évèque)


- Un humaniste ‘avant la lettre’
- « …’L’expérience seule donne la certitude’… »
- Traité des météores – Livre sur les causes des propriétés des éléments – Traité des
minéraux
…des vapeurs, émises par l’intérieur du globe, soulèvent, dans l’effort qu’elles font pour s’échapper,
les masses montagneuses…

MAIS il mesure mal le témoignage des fossiles :


…En effet, après nous avoir appris que le limon gluant et visqueux qui cimente la terre en roche dure
est apporté par les eaux…on trouve la preuve dans les débris d’animaux aquatiques qu’on rencontre
dans les rochers des montagnes et dans les cavernes… …de ces pierres qui ont au-dedans et au dehors
la figures d’animaux…

➔ Albert le Grand hésitait entre l’origine marine naturelle des coquilles fossiles et leur
génération spontanée in situ
➔ Il n’ose pas s’exprimer car c’était un théologien, un homme d’église et ne pouvait
pas réellement s’exprimer très clairement dans ses textes.

Buridan : le sommet de l’audace rationnelle

- Le globe est formé de deux surfaces sphériques légèrement décalées. L’une


correspond à la surface de la terre et l’autre à celle de la mer → la terre domine la
mer sur un hémisphère (continental) et la mer s’élève au-dessus du sol dans l’autre
hémisphère (océanique).
➔ Buridan paraît vouloir se débarrasser du carcan astrologique qui pèse sur ses
contemporains
➔ Essaie d’expliquer comment lier les phénomènes que l’on voit à la surface et à
l’intérieur

59
Epistémologie des géosciences Semestre 1

La Renaissance :
Quelques données générales :

- La révolution de l’imprimerie (qui permettra de distribuer les connaissances !)


- Une époque de contradictions :
o Dès la fin du XIIIe siècle : la Peste Noire → Le règne de la Peur
o L’homme de la Renaissance est fier de ses pouvoirs individuels de créateur
o La remise à l’honneur de la culture antique
o Grands changements de représentation du monde et astronomie (Copernic,
Kepler, Galilée)
MAIS ‘Sciences de la Terre’ < climat religieux
▪ La science de la Terre n’existe pas encore réellement !

Léonard de Vinci : (1452-1519)

- Comprend l’intérêt des fossiles :


o Fossiles sont d’anciens êtres vivants et non des produits de l’influence astrale
o Ils ont été déposés au fond d’une mer, celle-ci ayant séjourné longuement
- Comment le lit de la mer a surgi à l’air ?
…Les sommets des montagnes se dressent si haut au-dessus de la sphère de l’eau…une immense
caverne a dû s’affaisser, percées par les cours des sources…
…La terre dont elle s’est séparée s’est élevée vers la hauteur du fait qu’elle est allégée de cette partie
et s’allégera encore du poids de l’eau reposant sur elle…
…Ainsi s’expliquent les coquilles marines et les huîtres que l’on voit sur les hautes montagnes…
→ ‘isostasie’ avant la lettre

Bernard Palissy : (1510-1590)

- Autodidacte rejetant l’autorité des doctrines et n’acceptant d’autre maître que la


leçon des faits
o Ce qu’il voit avec les yeux est vrai et accepté !
- Recepte véritable – Discours admirables
…Pratique…les vapeurs aqueuses des cavernes souterraines n’ont d’autre origine que l’eau issue des
pluies… > Il en a vu dans les Pyrénées sortir de la terre (la science empirique)

- L’interprétation des fossiles


o Origine organique des fossiles
o Aucune idée de la durée des temps géologiques – mais le monde minéral est
en incessant travail
o Il reconnait comme d’anciens organismes non seulement des formes ayant
des homologues actuels vivants mais aussi des fossiles singuliers
o Le fait des genres ou espèces perdues
60
Epistémologie des géosciences Semestre 1

➔ Avec la Renaissance, on voit une ouverture du grand débat sur les fossiles !
Débat car les interprétations sont encore très diverses :
- Diluvianisme radical
- Diluvianisme mou
- Déplacement lent des mers
- La genèse in situ des fossiles
➔ Premières découpes des roches et commence à comprendre la séquence ordonnée
des roches !

La grande révolution du 17e siècle : Comment s’est formée la terre ?


Descartes : la première ‘théorie de la terre’

- Les Principia Philosophiae


- La Terre est un ancien Soleil qui a subi une évolution particulière
o Au centre, on trouve un noyau de matière solaire
o Recouvert d’une couche compacte de la même matière que les taches
solaires
o Ensuite vient une couche de terre dense, une couche d'eau, une couche d'air
et une nouvelle couche de terre plus légère.
o La couche externe est toutefois en équilibre instable :
→ Séchée par le Soleil, elle se fendille, et finit par s'écrouler d'une manière
inégale dans les couches internes, expulsant l'eau qui forme les océans.
→ Il raconte comment les montagnes se sont formées, par effondrement, lors
d'une immense catastrophe planétaire originelle

L’œuvre de Dieu :

- James Ussher (1581-1665)


o L’homme fut créé le 23 octobre de l’an 4004 avant le Christ à 9 heures du soir
o La terre = 6000 ans
o Le monde n’a plus que 155 ans à vivre

Sténon : (1638-1686) Naissance de la géologie


- Début d’une dissertation sur un solide naturellement contenu dans un autre solide
- Les coquilles fossiles et autres débris = restes d’anciens organismes vivants
- Les terrains qui les contiennent se sont déposés au fond des eaux :
Premier principe : Toute couche géologique est plus récente que celle qu’elle surmonte
…Au temps où se formait une strate quelconque, ou bien elle était circonscrite sur ses côtés par un
autre corps solide, ou bien elle couvrait tout le globe de la Terre et au temps où se formait l’une des
strates les plus élevées, la strate inférieure avait déjà acquis une consistance solide…

61
Epistémologie des géosciences Semestre 1

- Fondateur de la stratigraphie : le principe de continuité des couches et de


superpositions
Un second principe : …les strates, tant perpendiculaires à l’horizon qu’inclinées sur lui, en un
autre temps ont été parallèles à l’horizon…

➔ Inclinaison des couches témoigne de leur déformation


➔ Principe fondateur de la tectonique
Un troisième principe : …Si une discontinuité traverse une strate, il doit avoir été formé
après cette strate…
Et quelques autres principes… (Principe de continuité, principe d’inclusion, …)
Avec la naissance de la géologie, il y a des grandes histoires du monde qui naissent !

Buffon : (1707-1788) L’histoire du monde


- Une rupture avec le diluvianisme de ses prédécesseurs
- Assigne aux montagnes une origine magmatique
- Le globe est passée par un état fondu, puis le lent refroidissement a solidifié la
matière en fusion qui a formé ces irrégularités que sont les grandes montagnes
- Epoques de la Nature – une histoire du monde en 7 époques :
o La Terre et les planètes prennent leur forme en état de fusion par arrachement d’un
jet de matière du soleil suite au passage d’une comète) ;
o La Terre se consolide en une grosse masse vitreuse, que l’on retrouve dans le noyau
des grandes montagnes ;
o Les eaux couvrent les continents : toute l’histoire sédimentaire est contractée en une
seule époque ; apparition des animaux a coquilles dont le squelette forme le calcaire
o Les eaux se retirent, provoquant le creusement des vallées ; début du volcanisme ;
o Les éléphants et autres animaux du Midi habitent dans les terres du Nord, encore
chaudes, qui ont été les premières fécondes ;
o Séparations des continents ; effondrement de l’Atlantide, apparition des hommes.
Poursuite du refroidissement, naissance des rennes ; les glaces alpines gagnent du
terrain
o Naissance et déchéance de grandes civilisations
- Dater ces époques (en calculant le refroidissement d’une sphère métal) : 75.000 ans
- L’irréversibilité des phénomènes dans l’histoire de la Terre :
o Les roches plutoniques ne se sont formées qu’une fois, tout comme les
calcaires, les roches volcaniques, …

Les Plutoniens : Hutton (1726-1797)


- Theory of the Earth
- L’action du feu ou de la chaleur souterraine auquel il attribue trois effets :
o L’induration des sédiments
o Le soulèvement des couches et la formation des montagnes

62
Epistémologie des géosciences Semestre 1

o L’injection de granite fondu dans les roches


Les discordances angulaires = résultant de l’érosion d’un terrain plissé et son recouvrement
par des strates plus jeunes

Les Neptuniens : Werner (1749-1817)


La géognosie = un souci de classer et de nommer les terrains d’après leur ordre de
superposition et une affirmation que cet ordre correspond à leur âge relatif
- Subdivise les montagnes en douze formations
- Une colonne lithologique universelle
MAIS un problème grave : une époque ne peut être caractérisée par un dépôt donné unique
Neptuniens : l’eau = l’agent de formation
Neptunisme = l’irréversibilité des phénomènes géologiques et l’ordre de précipitation des
matériaux primitif n’est pas quelconque
- Les premiers dépôts sont faits de cristaux transparents et de grande taille (ce sont les
granites) – puis, les cristaux deviennent plus petits et plus confus.
- Les neptuniens rejettent le principe des causes réelles
…Le résidu du liquide primordial qui est la mer ne produit plus de couches minérales…

L’actualisme : Lyell (1795-1875) : un des pères fondateurs de la sédimentologie


- Principe des cause actuelles (plutôt réelles) – Principles of Geology
« Les causes des changements géologiques n’ont jamais été autres que celles qui se manifestent de
nos jours et qu’elles ne se sont jamais manifestées avec une intensité plus grande »

- La grande étendue des temps géologiques


- Un renouvellement graduel des espèces (notion d’évolution)
«The present is the key to the past »

63
Epistémologie des géosciences Semestre 1

Conclusion :
Ces connaissances sont le résultat d’une histoire balbutiante, avec des paradigmes et des
révolutions de paradigmes. Là où nous sommes aujourd’hui, ce n’est pas la fin, on va
continuer à faire évoluer nos connaissances. Comment formuler une thèse, une
connaissance ? Sur quoi s’appuie-t-elle ?

⚠ Rapport réalité/vérité… ⚠

La science peut être partagée : approche empiriste et approche rationaliste. Mais en


géosciences, nous faisons un combiné des deux !
On va toujours voir un chapitre méthodologique parce qu’il n’y a pas qu’une approche et il
faut voir ces différents chemins qui permettent d’arriver à la connaissance scientifique. On a
d’abord trouvé un truc, et on essaie de trouver les arguments pour trouver ce qu’on pense
qui est vrai. → Dans l’approche rationnelle, il y a toujours une partie intuitive.
Modélisation = fondée sur des modèles théoriques ; les liens qu’on établit entre ces
différentes mesures et variables est donc d’abord théorique !
On n’essaie pas de découvrir la vérité, on essaie de comprendre au mieux la nature. De plus,
les modèles ne refléteront jamais à 100% la nature puisqu’ils se limiteront aux connaissances
des personnes qui les ont créés. Il n’y a pas de vérité universelle (donc indépendante de
l’espace et du temps) ; il faut être humble dans notre approche de la connaissance
scientifique. Il peut très bien y avoir un changement de paradigme qui changera le rapport
qu’on a avec celle-ci. Notamment, il ne faut pas juger hâtivement les scientifiques (par ex. le
nucléaire, il faut comprendre pourquoi et bien connaître comment le système fonctionne
avant de porter un jugement).
➔ Il faut aussi regarder les systèmes sociaux de l’époque ! Il faut toujours
contextualiser les choses et cela permet aussi de montrer comment et pourquoi la
société change d’avis sur certains sujets.

Exemples de questions d’examen : Environ 7-8 questions, 1 ou 2 qu’on peut ne pas faire
En quoi la géographie régionale a représenté une régression scientifique par rapport
aux recherches de Herder, von Humboldt et Ritter ?
Régionale = Vidal de la Blache = une régression : schématique et descriptif, peu de liens !
Tandis que Herder, …, ont une vision plus générale, établir des liens de causes à effets. On
régresse si on n’est que descriptif, il faut savoir raisonner et savoir interpréter les résultats !
Pourquoi les termes et les concepts peuvent-ils être définis différemment ?
Différentes étymologies et donc différents concepts qui peuvent être expliqués.
Expliquez brièvement la différence entre « espace » et « Raum » ?
Différentes approches théoriques ! Un absolutiste aura une autre approche qu’un marxiste !
Cela change aussi selon les disciplines (un architecte n’aura pas le même intérêt qu’un
économiste !).

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