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LOZIAK Baptiste 2020-21

Méthodologie des sciences sociales

Commencer le cours à 9h et regarder le podcast qui dure +/- 1h30 (dans les podcasts
myULg)

Le prof arrive vers 10h s’il on a une question

Les faits ne parlent pas par eux-mêmes, ceux qui parlent par eux-mêmes sont des fake
news. Les faits n’ont rien à dire, c’est au chercheur de trouver des méthodes pour les
faires parler par le langage ou les statistiques par exemple.

Il faut considérer les faits sociaux comme des choses (E. Durkheim). Je suis chercheur
en sociologie, je dois les analyser comme des objets, comme des choses.

La recherche c’est un niveau technique, un niveau méthodologique, un niveau théorique


mais aussi une orientation philosophique (dia 7 et 8).

Le démarrage d’une recherche : il faut être modeste et réaliste, lors d’une recherche,
cela démarre dans le chaos, c’est un flou.

Le but est d’essayer de progressivement arriver à faire de ce grand flou, un


questionnement. Le flou est problématique tandis que le questionnement c’est formuler
une question, or, sans question, pas de recherche. La question de départ est donc la
première étape du raisonnement. Traduire ce nuage de flou en une question de base.

3 pièges en sciences sociales :

- La gloutonnerie livresque ou statistique : il n’y a pas de recherche sans


confrontation à la lecture de documents idoines. C’est fondamental que la
recherche c’est les livres, les interviews,… La gloutonnerie c’est tomber dans tout
ce qui touche à ce qui nous intéresse et se bourrer le crane de trop de données. En
tant qu’étudiant, on a un accès impressionnant à tout un tas d’informations grâce
évidemment à Internet, dès lors, il faut éviter de prendre trop d’information mais
de faire un bonne sélection. Il ne faut pas tomber dans le panneau de la
surabondance. Il faut donc avoir une technique de lecture et des capacités à
synthétiser. Un point important de tout cela est : la table des matières. Quand un
prof interroge, on ne demande pas de réciter mais de faire des liens et de
développer de manière différente. Les lectures sont intéressantes mais il faut
savoir vers quoi l’on va.

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- L’impasse aux hypothèses : volonté d’aller directement vers les résultats de la


recherche sans avoir formulé d’hypothèses.
- L’emphase obscurcissante : faire parler les faits sociaux, c’est aussi un travail sur
le langage. Le langage peut être compliqué, ici, l’emphase c’est en faire des tonnes
pour pas grand-chose. On a l’impression que, puisqu’on travaille sur le langage, on
doit en faire des tonnes et s’élever à un niveau assez élevé et pompeux. Quand on
parle compliqué, on a une ambition démesurée et confuse or, on a besoin de clarté
et de formulation complète. Importance des mots, de clarté et de la simplicité.

On acquiert, petit à petit une posture mentale.

On doit mettre en forme la démarche ; comme une pièce de théâtre, il y aurait 3 grands
actes fondamentaux se déclinant en 7 scènes. Ces étapes ont obliger tout chercheur à les
emprunter. Il y a une dynamique à travers laquelle on passe lors de recherches.

Les grands actes sont :

- La rupture avec le sens commun


- La construction par la théorie (pas de recherche sans science théorique)
- La constatation par les faits (on va sur le terrain pour constater)

Dia 20 : squelette de la recherche

Ce processus est dynamique, on revient par rétroaction à la question de départ mais on


continue sans cesse d’avancer et d’explorer. La recherche n’est pas linéaire, elle ne nie
pas cela. Toutes ces rétroactions sont fondamentales.

La rupture avec les sens commun :

On doit rompre avec le sens commun, quelque soit la discipline, on analyse une société, des
gens, des opinions,… On analyse des gens qui ont des avis, une société de communication,
d’informations rapides (trop ?). Cette société est imprégnée de sens commun ; ce sont des
préjugés, des avis préconçus. Nous sommes également travaillés par nos opinions, on a un
avis sur des questions sociétales et politiques. Cependant, lors de recherches sur le
terrain, on doit laisser nos opinions de coté et rester neutre.

Il y a aussi le bon sens commun, celui de dire qu’on sait déjà certaines choses qui nous
paraissent évidentes. On ne doit pas comprendre le sens commun mais explorer ce qui
existe ailleurs, on ne doit pas faire passer nos avis avant. Il s’agit de bon sens moral.

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Toutefois, il faut du temps à la science pour prouver l’objet, ce que l’on sait ou ce que l’on
ne sait pas.

Le problème du sens commun est qu’on catégorise les gens (blancs, noirs, gauche, droite,
mauvais, bons,…).

On est pour ou contre et pas autrement. Le sens commun ne permet pas de demi-mesure,
il s’agit d’un pré-formatage de nos esprits.

De nos jours, les informations se partagent de plus en plus vite et parfois en dépit de leur
véracité.

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Etape 1 – La question de départ

La question de départ, c’est l’intentionnalité de la recherche, la grande orientation de la


recherche qu’on résume en quelques lignes où l’on précise quel est le projet de recherche.
Quel est le sujet principal de la recherche, du TFE,…

La question de départ c’est le récit ou l’énigme de notre recherche. Il faut formuler le


plus clairement possible, de la façon la plus compréhensible le projet de recherche qui
anime notre mémoire.

Cela fait appel à des qualités de synthétisation, de concision et de précision. C’est un


exercice reposant sur un travail de formulation (2/3 lignes à propos de ce sur quoi on va
travailler).

Cette étape est nécessaire car un mémoire par exemple ne se fera jamais seul, il y a des
promoteurs, des lecteurs,… Il est donc fondamental de faire comprendre notre
recherche.

Il y a 3 critères de formulation d’une question de départ :

- La clarté : ce critère porte sur al formulation, il porte sur les mots que l’on va
utiliser, il répond aux questions : suis-je compréhensible ?, n’importe qui est-il en
mesure de comprendre ma question ?

Le piège est qu’on est confronté à la tentation des mots et de l’emphase


obscurcissante. L’ problème est un travail à faire avec les mots.
On demande :
o La précision des mots : ne pas être trop vague ou trop embrouillé, utiliser
des mots ayant du sens et donc avoir une précision accrue
o La question doit être univoque : 1 et 1 seule question
o Précise et concise : la formulation des mots est extrêmement importante
o Pas de phrases trop longues ou trop pompeuses
o Tout auditeur éventuel doit la comprendre : même quelqu’un qui n’a pas fait
d’étude en Sciences sociales doit comprendre le sujet
o La question nous aide à percevoir notre objectif de recherche mais aussi à
le communiquer à un tiers
o Il sert à baliser, simplifier la recherche
o Il ne faut pas vouloir refaire le monde

- La faisabilité : il porte sur les moyens : est-ce faisable, est-ce envisageable. Ai-je
les moyens financiers ? humains ? en temps ? Le but est de réaliser un travail dans
le cadre de quelques mois avec un budget plus restreint.

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o Projet réaliste ?
o Question de réalisation : est-ce qu’il est réaliste objectivement ?
o Pas trop de temps, d’argent, de moyens
o Quelles sont les contraintes ?
o De quels ouvrages dois-je disposer ?
o …

- La pertinence : il s’agit peut-être du critère le plus compliqué. On se demande si


c’est une « bonne question ». Est-on dans le bon registre ? Dans la bonne
discipline ?

Qu’est ce que le registre ?

C’est ce qui porte sur la nature de notre recherche, il permet de se centrer sur ce qui
existe vraiment.

Il faut éviter certains pièges :

- Il faut rompre avec le sens commun, les préjugés etc…


- Nous ne sommes pas de futurs philosophes ; il est souvent tentant de porter un
projet basé sur ce qui est juste, bon, et beaucoup de considérations philosophiques.
Attention, il peut y avoir certaines notions philosophiques dans la recherche mais
pas dans la question de départ
- Il faut se centrer sur l’étude du fonctionnement, des pratiques sociales, humaines
ou politiques et ne pas entrer dans le jugement

 Analyser, comprendre, expliquer

Un projet doit comporter un registre (être explicatif, compréhensif, (non-)normatif et


(non-)prédictif,…) (voir plus loin dans le cours, à l’étape 3).

Il est souvent tentant de prouver que l’on est généreux, que l’on a du cœur ou bien que
l’on a de la rage, de la haine envers le système mais bien sûr cela ne doit pas apparaître
dans la question de départ. Il faut laisser le subjectif de côté.

Ce qu’on demande, c’est de connaître les faits, de rendre compte de ceux-ci mais pas de
vouloir démontrer que le bien c’est X et le mal Y.

La question de départ n’est pas un réquisitoire contre les institutions, l’Etat, le système
social,…

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Le but est de produire des connaissances sur ce qui est.

Il ne faut pas produire de militantisme, ne pas vouloir démontrer qu’une idée est meilleure
qu’une autre, il faut avoir un réflexe d’objectivité.

Un registre pertinent n’est pas uniquement descriptif, il ne faut pas seulement donner
des chiffres. Ce registre ne doit pas non plus être prédictif, ne pas essayer de voir l’avenir
à travers une boule de cristal.

Il est difficile en science sociale d’émettre des prévisions sûres, de prévoir des
conclusions, de tirer des lois sur du long terme.

Questions de départ et problème :

- Problème de clarté, mots imprécis. Si on a un problème de clarté, c’est STOP, il y


aura un problème de faisabilité et de pertinence. Mais ici, la clarté n’est pas au
RDV, les mots sont mal choisis ou imprécis (changements, impact, aménagement,…)
- Critère de pertinence : les mots sont clairs mais ils induisent une vision
présupposée. La question s’oriente vers un réquisitoire gauchiste.
- Registre purement descriptif, on va se contenter de donner des chiffres. On va
faire 5 lignes de statistiques mais pas un mémoire en sciences sociales.
- Problème de faisabilité : compliqué de se procurer les données japonaises, de poser
des questions à des travailleurs de Tokyo
- Problème de registre : on touche à des statistiques, un registre descriptif. Il y a
aussi, au niveau pertinence, un autre problème ; on voit bien que pour répondre à
cette question, il faut avoir des connaissances sanitaires, médicales.
- Problème de pertinence : on est incapable de prédire l’avenir. Problème de registre
prédictif
- Problème de critère de pertinence : il y a peut-être un critère moral, toucher à
l’avortement pourrait induire un jugement personnel. Sur des sujets comme
l’euthanasie, l’avortement, la frontière entre l’objectivité et la subjectivité est
assez floue
- Critère de pertinence : on a l’impression que la réponse est dans la question, il y a
un sens induit dans la formulation de la question. L’auteur a en tête que la montée
de l’islam a et aura un impact sur le sentiment d’insécurité.
- Problème de registre : en se posant cette question, on s’embrouille, on n’est pas
dans les rails d’une approche politico-sociale.
- Problème de registre : question journalistique, elle fait sensation, elle cherche à
choquer, interpeller, on ne cherche pas d’analyse concrète.
- Problème de registre : on présuppose un impact sur les chiffres électoraux de la
NVA.
- Problème de pertinence : la thématique est réalisable mais la question oriente le
sens : elle donne une solution. Elle inculpe le PS d’office.

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- Registre moral : d’emblée, la question oriente le sens, elle relève d’un registre
purement moral.
- Problème de pertinence : registre juridique et en même temps, on est à deux doigts
d’être face à un critère moral. On voit que la question n’est pas destinée à des
étudiants en sciences politique et sociales.
- Problème de pertinence : l’étude est plutôt médicale, c’est une question mal
formulée parce que portant sur la pertinence médicale.

Etape 2 – L’exploration

On va voir deux méthodes : les lectures et les entretiens. On est toujours dans la rupture
avec le sens commun.

L’introduction :

Lors de la première étape, nous avons défini une question de départ, elle permet de
structurer l’objet de la recherche.

L’exploration permet d’acquérir un certaine qualité d’information et de clarifier la


problématique. Quand on parle de problématique, on parle de cadre d’analyse.

Il y a 3 moyens pour réaliser l’exploration :

- Les lectures : elles permettent de se renseigner sur notre objet de recherche, le


clarifier dans la littérature. Améliorer la qualité du questionnement
- Les entretiens exploratoires : être en contact avec la réalité
- Les méthodes d’exploration complémentaires : cf : entretiens

La lecture :

Il existe différentes formes de lectures :

- La littérature grise : documentaire, rapport d’activité, articles de presse, sites


web
- La littérature scientifique : articles, revues, ouvrages

La littérature scientifique comporte un comité de rédaction et elle est évalué par des
pairs (des professionnels). C’est ce qui permet de distinguer ce qui est scientifique ou non.

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Pour pouvoir considérer un ouvrage comme scientifique, il doit aussi être publié. Attention,
dans une recherche, on peut utiliser des ouvrages non-scientifiques mais ils ne peuvent
pas constituer une justification.

Le but de la lecture :

- Dépasser les interprétations établies pour faire émerger de nouvelles


significations des phénomènes étudiés
- Acquérir l’habitude de réfléchir avant de se précipiter dans la collecte de données

Il ne faut pas utiliser trop de références non plus, au risque de tomber dans la
gloutonnerie livresque.

Le choix des lectures :

- Il faut partir de la question de départ et choisir des références liées.


- Eviter une surcharge de lectures, faire un compte-rendu lecture par lecture
- Choisir des textes analytiques ou interprétatifs, ne pas partir d’articles purement
descriptifs
- Recueillir des approches diversifiées (littératures grise et scientifique)
o Si je m’intéresse au décret paysage, c’est important de lire des articles
scientifiques mais aussi important de lire des PV du conseil de rédaction de
l’ULg, cela permet de comprendre comment le phénomène est mis en place
- Prévoir des temps de réflexion et d’échanges, il faut fonctionner par « salves de
lecture »

En résumé,

- Il faut partir de la question de départ


- Se donner une dimension raisonnable au niveau du programme de lecture
- Eléments d’analyse et d’interprétation
- Diversifier les approches
- Lire par salves successives

Où trouver les textes ?

- Bibliothèque physique ou numérique

Objectif des lectures : retirer des idées pour son propre travail, positionner son objet
dans la littérature. Il faut faire en sorte que la recherche soit innovante, intéressante.

Lire -> comprendre le contenu -> retenir l’essentiel -> transmettre et rendre compte

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Il y a deux types de méthodes de lecture :

- La grille de lecture (pg 72-76) pour lire en profondeur


o On fonctionne en deux temps (deux colonnes) une concernant l’idée et le
contenu et une pour les repères dans l’ouvrage. Cela permet de transmettre
et rester fidèle
- Un résumé (pg 77-81) pour mettre en évidence les éléments principaux
o Réaliser une fiche de lecture est une bonne manière de fonctionner pour
synthétiser des textes.

Quelques mots sur le plagiat :

Reprendre les idées de quelqu’un d’autre sans citer ce quelqu’un. S’approprier le travail de
quelqu’un et faire comme si c’était le notre.

Il faut à chaque fois référencer ses sources, pour un site web, on met l’url et on donne la
date de consultation.

Il faut expliciter, pour chaque concept, d’où viennent les idées.

Pour une image, il faut tout le temps mettre la source sauf si elles sont libres de
recherche.

Définition : « plagier est une faute déontologique grave qui consiste à présenter comme
s’il s’agissait d’une production personnelle quelque chose qui a, en réalité, été écrit ou
produit par quelqu’un d’autre »

On doit mentionner nos sources.

Pour une citation directe, mettre les guillemets.

Si on paraphrase, on met le nom et la date.

Citation directe : guillemets et référencement précis

Citation indirecte : on indique « cité(s) par »

Lorsque l’on paraphrase ou qu’on fait référence au travail d’un auteur, on met entre () le
nom de l’auteur et la date.

La bibliographie de fin :

- Par ordre alphabétique à partir du nom de l’auteur


- Pour les lois, décrets,… on remet en entier le nom de la loi et la date de parution
au MB

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Les entretiens exploratoires :

Les objectifs sont

- S’informer avant de s’engager plus en avant, avoir un premier contact avec la


réalité de terrain
- Actualiser les informations récoltées en amont et élargir le champ des possibles.
Aller à la rencontre des personnes
- Prendre en compte les aspects du problème étudier et éventuellement reformuler
la question de départ, il ne faut pas hésiter à l’actualiser

En ce qui concerne les entretiens, les bases ici sont :

- L’ouvrage de référence
- Le texte de Matalon et Ghiglione dans le portefeuille de lecture (pages 10 à 24)
qui est matière d’examen

Il y a différents types d’entretien mais ils s’inscrivent tous dans un même cadre de
directivité, c’est-à-dire où l’interlocuteur est plus ou moins libre de s’exprimer.

- Les entretiens non-directifs/non-structurés : l’interlocuteur parle librement sans


être cadré par le chercheur. Ils ont lieu en début de recherche.
o La personne s’exprime librement à partir d’un thème relativement large, les
questions peuvent être ambiguës. On essaye de ne pas trop guider la
personne mais de se faire une interprétation propre. Il s’agit de prendre la
température et d’explorer le thème dans sa globalité.
- Les entretiens semi-directifs : ce sont les plus fréquents en sciences sociales et
ont lieu en milieu de recherche.
o On part de thèmes ou de sous-thèmes, il s’agit d’un guide qui ne comprend
pas de questions préformulées à l’avance. Le but est de rebondir sur ce que
la personne dit à partir du guide d’entretien. On a déjà une connaissance
plus précise du contexte mais on interroge les perceptions de la personne à
l’égard de l’objet de recherche, on fait parler la personne un maximum et
elle mène l’entretien.
- Les entretiens directifs, aussi appelés questionnaires : la personne n’a pas vraiment
la possibilité de s’exprimer librement, les possibilités de réponse sont restreintes.
Ils ont lieu en fin de recherche.
o On considère qu’il y a une directivité à donner à l’entretien. Il y a une grille
de questions précises et univoques. Les questions ne doivent être comprises
que dans un seul sens, être claires. Il y a une connaissance préalable du
cadre et on se met au niveau de l’interlocuteur, on veut contrôler, vérifier
les informations récoltées au préalable.

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Avec qui avoir des entretiens ?

Les principes de Rogers permettent de cadrer les entretiens. Il est rare d’avoir des
entretiens purement directifs, on est plutôt dans le semi-directif. Il y a différents types
de public qu’il est intéressant de rencontrer en entretien.

Il y a 3 catégories d’acteurs :

- Les experts ou les chercheurs spécialisés : ils ont une connaissance objective sur
le sujet, ils permettent de clarifier l’objet de la recherche
- Les témoins privilégiés : personnes qui ne vivent pas directement l’objet mais ont
un contact avec cet objet
- Le public visé par l’étude : les acteurs de l’objet

Pour les entretiens exploratoires, on se dirige vers les experts ou les sociologues car ils
ont un avis beaucoup plus neutre tandis que les deux autres acteurs seront surement moins
objectifs.

Lorsque l’on réalise des entretiens exploratoires, il faut en faire un nombre limité (2 ou
3) et il est intéressant de varier les profils.

Il y a une méthode spécifique pour mener un entretien. Cette méthode rigoureuse vient
de Carl Rodgers, au départ de son livre La relation d’aide et la psychothérapie.

Ces principes permettent d’arriver au stade où le patient mènera lui-même sa propre


analyse, c’est lui qui dirigera l’entretien dans le but de trouver des solutions, on est dans
un objectif d’aide où le patient arrive, par la mise en phrase, de se soigner.

Evidemment, en sciences sociales, le but n’est pas de soigner le patient mais de récolter
des infos, cependant la méthode est transposable.

Cinq principes :

- Approche centrée sur la personne


o Il faut faire en sorte que la personne parle elle-même de ses troubles, de
ses douleurs et de son mal-être à travers des thèmes, relances,…

- C’est l’individu qui a les ressources


o On part du postulat que l’expert n’est pas le spécialiste, il n’a pas la
compétence, c’est l’individu qui a les compétences nécessaires à notre
recherche. Le thérapeute est là pour l’aider à exprimer son mal-être ou
mettre en avant son potentiel. C’est lui qui évoque les thèmes généraux

- Non-directivité et congruence
o Le thérapeute ne décide pas, il ne joue aucun rôle et n’oriente pas les
questions, on s’aligne sur ce que la personne pense, dit.

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- Respect et absence de jugement


o Même si le thérapeute peut être surpris par ce que la patient dit, il ne doit
pas juger, respecter la parole d’autrui. Il doit rester neutre et s’abstenir
de s’impliquer lui-même, on peut ne pas être d’accord mais on ne le dit pas

- Compréhension empathique
o Il faut faire preuve d’intérêt, se montrer intéressé par ce que le patient
nous dit. Il ne faut tout de même pas quitter sa place de neutralité

On parle d’entretien semi-structuré ou semi-directif.

On part du thème alors que chez Rogers, on part directement du patient.

Ces principes sont bien transposables en sciences humaines et sociales :

- Entretien semi directif/semi-structuré


- Poser le moins de questions possibles
- Poser ses questions de la manière la plus ouverte possible
- Ne pas s’impliquer soi-même dans le contenu de l’entretien
- Considérer tout mode de vie comme « normal »

On voit bien comment transposer les principes propres à la psychothérapie aux entretiens
en sciences humaines et sociales.

Il faut donc adopter une attitude de neutralité bienveillante, être le moins directif
possible et reconnaitre à l’interviewé qu’il a une compétence réelle et accepter
inconditionnellement ses propos.

Contexte de l’entretien :

- Cadre spatio-temporel : il peut influencer considérablement l’entretien, en tant


que chercheur, il faut prendre un contexte qui favorise la prise de parole
o Choisir un lieu isolé, calme, discret et où la personne se sent à l’aise. Il est
préférable d’éviter le lieu de travail
o Opter pour le moment adéquat : moment intéressant où la personne est
ouverte. Il est utile de donner à peu près la durée de cet entretien à la
personne (+/- 1h)
o Le formulaire RGPD : évoque tout ce qui touche à l’appropriation des
données
- Tenir compte du rapport social entre l’interviewer et son vis-à-vis : se mettre au
niveau de l’interlocuteur, rester neutre et recadrer ou se recadrer soi-même

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- Mode de communication : tout comme le rapport, social, il faut pouvoir s’adapter à


son interlocuteur. On ne parle pas de la même façon à un jeune de 15 ans qu’au
directeur d’une organisation
- Prise de contact : prendre contact suffisamment tôt et donner le maximum de
précisions à son interlocuteur avant l’entretien
- Guide de l’entretien comme aide-mémoire : aborder les thèmes au fur et à mesure
- Clôture : remercier et éventuellement fixer un second rendez-vous

Tout ce qui a été présenté en matière d’entretien s’inscrit dans le texte de Ghiglione et
Matalon. Il faut aussi lire les pages 88 à 99 mais ne seront pas forcément matière
d’examen.

Les méthodes d’exploration complémentaire :

- Recherche, analyse par documents


- Test de questionnaires
- Observation
- Observation participante

 Principe méthodologique : laisser courir son regard sans s’obstiner sur une piste
unique, écouter, discerner les dimensions essentielles,…

L’analyse documentaire :

- S’immerger dans votre objet


- Comprendre le cadre formel de ce qu’on étudie
- Saisir ce que les acteurs ont écrit à ce sujet
- Avoir accès à une série de choses passées

Quelques conseils :

- Réaliser des fiches de lecture


- Recenser nos impressions et constats dans un carnet de terrain
- Organiser et classer nos documents en dossiers thématiques

On peut inscrire sa démarche dans un cadre déductif ou inductif

- Démarche déductive : on part de la théorie vers le particulier. Cadre d’analyse que


l’on teste sur le terrain.
- Démarche inductive : on part des indicateurs vers le général. Aller sur le terrain
et constater ce qui y fait écho dans la théorie

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L’exploration est vraiment une étape importante, elle est consistante et indispensable. On
doit lire pour comprendre ce qu’il se passe et aller sur le terrain.

Pour conclure :

- Les entretiens sont un excellent moyen de rupture avec le sens commun, avec le
préjugé
- Il faut enrichir les entretiens par des lectures ou des méthodes complémentaires
et réciproquement
- Après un tel parcours, une étape primordiale est de reformuler et éventuellement
actualiser la question de départ

Nous allons mettre à plat la recherche, la recherche que nous utiliserons tout au long du
cours.

Explorer c’est deux choses : lire et se confronter à des entretiens. On va se concentrer


sur l’exploration-lecture et son exploitation.

Lire c’est se confronter à des recherches menées auparavant mais aussi à de grands
auteurs qui vont nous apprendre à penser et à chercher. Parmi ces auteurs, nous en
retenons un en particulier, le père de tous les sociologues : Emile Durkheim (1858-1917).

En 1870, se produit en France la guerre entre la France et la Prusse à Sedan. Les Français
sont totalement défaits contre la Prusse et Napoléon III écrit à son épouse qu’il aurait
voulu mourir sur le champ de bataille. La défaite de 1870 est une claque sans précédent,
elle laisse des traces très fortes. C’est dans ce contexte que Durkheim écrit Le suicide.
Il est important de savoir dans quel contexte socio-historique une étude est menée. Il n’y
a pas d’étude qui ne soit influencée par son contexte.

Cette défait va avoir beaucoup de conséquences : l’Empire s’effondre, la France redevient


républicaine et, d’une certaine manière, l’idéal républicain est attaqué en son centre. A sa
droit, elle est menée par le conservatisme, l’idéal républicain, c’est celui de l’approche
scientifique des faits, celui du rationalisme. Le conservatisme ne fonctionne pas autour
de ce rationalisme mais prône un retour de la religion au centre des débats.

Ce sont les valeurs de la liberté individuelle face à une hiérarchie sociale. Les classes
sociales priment sur les libertés individuelles, on est amené à vivre selon une certaine
manière car on appartient à une catégorie sociale.

C’est aussi la démocratie face à l’Etat autoritaire. L’enseignement public est, lui, opposé à
l’enseignement clérical. On en revient donc à une opposition entre le modèle républicain et
un rôle central de l’Eglise.

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A la gauche, se déroule, en 1871, la commune de Paris. Elle émerge d’après une révolution
qui inspirera notamment Marx.

Contexte : un idéal républicain menacé à droite par un conservatisme religieux et à gauche


par une révolution qui menace la stabilité de l’Etat.

On va rester dans l’esprit de Durkheim, proche de Jean Jaurès et donc sensible à


l’idéologie ouvrière mais se situant dans l’idéal républicain, qui vit ces évènements comme
une interrogation : comment inventer une doctrine politique qui reprend une rationalité
scientifique objective de ce qui se passe dans la société.

Durkheim produit sa célèbre analyse du suicide dans ce contexte.

Durkheim est donc celui qui développe la sociologie et sa grande étude sera l’analyse du
suicide. Mais pourquoi prendre le suicide comme cas d’école ? Ce qu’on pourrait dire c’est
que, par définition, le suicide est un acte individuel lié au choix d’un humain seulement il
ne s’agit que d’une apparence. « même dans ce geste le plus individuel qu’il soit, chaque
société est prédisposée à fournir un contingent déterminé de morts volontaires ». Il faut
voir dans quel type de société l’on est pour comprendre le suicide. On ne s’attend pas à
l’analyse du suicide pour déterminer dans quelle société on est.

Durkheim ajoute « Cette prédisposition peut donc être l’objet d’une étude spéciale et qui
ressortit à la sociologie. C’est cette étude que nous allons entreprendre ».

Il dit très clairement que le suicide, acte individuel, montre que la société permet
d’explique le suicide. Si j’y arrive, je vais instituer une nouvelle discipline qui s’implantera
dans les universités.

Si, l’on insiste autant sur cette étude là, c’est parce que c’est une étude classique.

Il va vouloir donc créer une nouvelle discipline : la sociologie.

On va donc travailler sur cette analyse du suicide.

Commençons cette analyse par une phrase de Durkheim : « Les pays purement catholiques
comme l’Espagne, l’Italie ou le Portugal, le suicide est très peu développé tandis qu’il est
à son maximum dans les pays protestants : en Suisse, en Prusse ou au Danemark ».

Il dit donc que, si on veut comprendre le suicide, on doit se baser sur les religions. On a
l’impression que, dans les pays catholiques, il y a beaucoup moins de suicide que dans les
pays protestants. Cela dit, Durkheim rajoute : « Cette première comparaison est encore
trop sommaire, la civilisation de l’Espagne et celle du Portugal sont bien au-dessous de
celle de l’Allemagne ». Il essaye de dire que le niveau socio-économique est plus bas. On
ne peut donc pas comparer l’incomparable.

Ce qu’il faudrait, c’est comparer des pays où il y a les deux religions. Il prend comme
exemple l’Allemagne. Il s’intéresse donc aux statistiques allemandes :

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L’Allemagne n’est pas encore réunifiée à cet époque, c’est un ensemble d’Etat ? Durkheim
disposant de statistiques et prend une série d’états allemands.

- Les états de moins de 50% catholiques : 192 pour 1 million d’hab.


- Les états à majorité catholiques : 135 pour 1 million d’hab.
- Les états à plus de 90% catholiques : 75 pour 1 million d’hab.

On peut donc en déduire que, là où les populations sont à majorité catholique, les suicides
sont relativement faibles. Dans le cas de l’Allemagne, on peut dire que, là où l’on a une
forte implantation de catholiques, on a peu de protestants et vice versa. Plus il y a de
catholiques, moins il y a de suicide, plus il y a de protestants, plus il y a de suicides.

« Les suicides y sont en raison directe du nombre de protestants, en raison inverse du


nombre de catholiques ».

Avançons dans l’analyse :

« Ainsi, partout, sans aucune exception, les protestants fournissent beaucoup plus de
suicides que les fidèles des autres cultes ». Cette analyse de Durkheim reste quand même
assez floue, un peu trop « en gros ».

Il essaye de relativiser sa propre analyse :

« Contre une pareil, quand on voit l’effet massif de ces statistiques, il est vain d’invoquer
le cas unique de la Norvège et de la Suède, qui, quoique protestantes, ont un chiffre moyen
de suicide ».

Les pays du Nord de l’Europe (ici la Suède et la Norvège), à majorité protestante, se


suicident moins. Durkheim réfute et développe le raisonnement suivant : il va, une fois de
plus, comparer le niveau de développement de ces deux pays. Leur développement n’est
pas du tout comparable, ils demeurent dans une école agraire.

Durkheim écrit : « Il y a de grandes différences entre le populations de la presque-île


scandinave et celle de l’Europe centrale. Le taux de suicide n’est pas très conséquent dans
ces pays là mais, y apparait, relativement élevé, s’il on tient compte du rang modeste qu’ils
occupent parmi les peuples civilisés d’Europe ».

En gros, ces pays sont très peu-développés socio-économiquement selon lui.

Il ajoute « Il n’y a pas de raison de croire qu’ils soient parvenus à un niveau intellectuel
supérieur à celui de l’Italie, ils sont faux et pourtant, on s’y tue de deux à trois fois plus ».

Il est donc en train de dire que, si l’Europe est un tout, les protestants qui se suicident
peu, ne se situent pas en Europe. Les protestants scandinaves ne sont pas les mêmes, selon
lui, que les protestants allemands.

On peut dire que les pays développés sont en Europe centrale et il ne compare donc pas
ces pays à ceux de l’Europe du Sud et du Nord.

16
LOZIAK Baptiste 2020-21

S’il on compare ces pays entre eux, les pays protestants connaissent un taux de suicide
plus élevé que dans les pays du Sud où l’on est catholique.

Il y a, également en Europe, le judaïsme. Durkheim, à son époque doit tenir compte de


cette troisième religion. Elle est minoritaire dans les pays européens et la majorité juive
se situe à l’Est.

Durkheim dit ceci à propos du judaïsme : « Pour ce qui est des juifs, leur aptitude au
suicide est toujours moindre que celle des protestants. Elle est aussi inférieure quoique
dans une moindre proportion à celle des catholiques. C’est, de toutes les religions, celle où
l’on se tue le moins ».

Qu’est-ce qui pourrait expliquer la différence : le système religieux favoriserait-il le


suicide ? Une grande religion monothéiste favoriserait-elle le suicide ? Et bien, toutes les
3 grandes religions inhibent le suicide. Aucune des 3 n’est favorable au suicide. Toutes les
trois se situent dans la tradition de +/- du même dieu.

Dès lors, ce n’est pas le fait qu’une religion produit le suicide plus qu’une autre.

L’analyse de Durkheim n’est plus de l’ordre purement du religieux : « S’il on songe, que
partout, les juifs sont en nombre infime et que dans la plupart des sociétés ont été faites
les observations précédentes, on conçoit en effet que les confessions les moins
nombreuses, ayant à lutter contre l’hostilité des populations ambiantes, soient obligées,
pour essayer de se maintenir d’exercer un contrôle sévère, de s’astreindre à une discipline
particulièrement rigoureuse. On est tenu à plus de moralité ».

On est vu, stigmatisé, donc on se contrôle les uns les autres, pas de suicide.

Durkheim réfute : « Il semblerait donc, que, quand le protestantisme devient minoritaire,


sa tendance au suicide devrait diminuer ; cette explication en saurait suffire ».

Il y a deux états où le catholicisme a plus de 90% de majorité catholique : l’Autriche et


l’Etat de Bavière. L’influence préservatrice exercée est considérable. Même là où les
protestants sont très minoritaires, ils se suicident plus que les catholiques. On n’a dès
lors pas beaucoup avancé.

Il faut donc trouver l’explication peut-être dans la nature du système religieux mais non,
les deux interdisent le suicide. Durkheim dit : Les deux les prohibent, ces prohibitions
ont un caractère divin, elles ne sont pas présentés comme la conclusion logique d’un
raisonnement bienfait. Si donc, le protestantisme favorise le développement du suicide,
ce n’est pas qu’il le traite autrement que le catholicisme ».

Il y a quand même des courants qui peuvent favoriser le suicide : des mouvements
sectaires. Dans certaines sectes, le suicide est un aboutissement logique. Mais cela
n’explique pas le suicide chez les catholiques et les protestants.

Durkheim fournit une piste : « la seule différence qu’il y ait entre le catholicisme et le
protestantisme, c’est que le second admet le libre examen ».

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LOZIAK Baptiste 2020-21

Le libre examen : l’homme est l’auteur de sa croyance (définition courte mais importante).

Qu’est-ce que ça veut dire ?

Pour le catholique, le catholicisme demande une aveugle soumission au message biblique, il


reçoit sa foi toute fait sans examen. La preuve c’est que, la bible était en latin, on ne
l’examine pas, c’est la parole divine, cette religion n’est pas individualisée.

Durkheim précise : « Tout ce qui est variation est en horreur à la pensée catholique, le
protestant est davantage l’auteur de sa croyance ».

Le protestantisme ne se voit pas imposer une interprétation de la bible, il la lit dans sa


langue et il l’interprète comme il le souhaite. Souvent, les pays qui ont ce type de pratique,
on peut trouver dans une chambre d’hôtel, une bible (USA, Suisse,…). Et c’est laissé à sa
propre interprétation.

On pourrait dire, que pour le Vatican, la foi n’est pas une question personnelle tandis que
chez les protestants, on interprète soi-même sa foi (calvinisme, luthériens,…).

Ce que Durkheim dit c’est que, attention, ce n’est pas le système religion, ce sont les
pratiques, le libre examen est dans une position individuel tandis que les autres sont moins
construits, ils sont dans un tout. On peut avoir une pratique différente sur base d’un même
texte.

Exemple des témoins de Jéhovah : articles avec des thèmes de société, ils y expliquent
leur vision des choses et donnent un avis sur les thèmes. Les mots utilisés (« penchants »
pour homosexualité), l’homosexualité est condamnée et proposent la solution : les textes
bibliques, on y trouvera une prohibition d’une activité homosexuelle (pas vraiment vrai
n’est-ce pas Jamy ?!).

La morale religieuse est là pour donner une ligne de conduite à suivre. Il n’y a pas
d’interprétation individualiste.

Trois idées sont importantes chez Durkheim : « Les protestants ont besoin de cette
liberté, or, ce besoin ne peut avoir qu’une seule cause ; parce qu’en fait, on assiste à
l’ébranlement des croyances traditionnelles. Par conséquent, si le protestantisme, fait à
la pensée un individuelle une plus grande part que le catholicisme, c’est qu’il compte moins
de croyances et de pratiques communes. Nous arrivons donc à cette conclusion que la
supériorité du protestantisme du point de vue du suicide, vient de ce qu’il est une église
moins fortement intégré que l’église catholique ».

Une des particularités du catholicisme, c’est qu’il est un peu plus chargé tandis que les
cultes protestants sont un peu plus sobres et discrets.

Les grandes variables sont donc l’intégration VS la cohésion sociale.

Le catholicisme a plus de pratiques en commun et est plus intégrative.

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LOZIAK Baptiste 2020-21

Le suicide, comportement social, s’explique par la chute de la cohésion sociale, moins il y


a de cohésion, plus les sociétés ont une propension forte au suicide.

L’intérêt par rapport à la méthode est el suivant : tout l’exposé se trouve aux pages 73 à
75 du manuel dans l’étape de l’exploration, nous prenons une étude (celle de Durkheim)
comme cas d’école. On nous montre comment travailler à partir d’une lecture d’un grand
auteur. A un moment donné, on devra passer par des grilles d’interprétation (Page 76).

Pour l’examen : retenir les 9 points.

L’affaiblissement des croyances traditionnelles conduit à deux choses : le développement


du libre examen et l’affaiblissement de la cohésion sociale. On observe donc une
augmentation de la propension au suicide.

Attention : pages 73 à 76. Schémas PG 76 et 78 !!

Etape 3 – La problématique

Dans le sens commun, on a l’impression que la problématique, c’est quelque chose de grave,
qui représente un problème (problématique du chômage, de la montée du populisme,…).
Mais ceci représente plutôt des thématiques.

Ici, le sens que l’on donne à « problématique » est plein, il a un contenu plus chargé.

La problématique c’est l’approche ou perspective théorique qu’on décide d’adopter pour


traiter le problème posé par la question de départ. C’est notre « grille analytique de
lecture ». C’est l’angle théorique sous lequel les phénomènes vont être étudiés, la manière
dont on va les interroger.

De façon métaphorique, la problématique, c’est la paire de lunettes que l’on met pour
regarder le problème de départ de manière plus efficace.

Un exemple : la problématique du suicide chez Durkheim.

La problématique de Durkheim, même le suicide qui est l’acte le plus individuel, il y a un


fait social, il y a de la société qui conduit au suicide.

Problématique de Durkheim = Le suicide est un fait social qui n’est pas égal à la somme
des suicides singuliers. Au contraire, il s’explique par un phénomène social bien plus
profond : l’état de cohésion de la société (cohésion sociale). Et cette cohésion est elle-
même liée à la religion qui, à suivre Durkheim, est centrale pour comprendre une société!

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LOZIAK Baptiste 2020-21

Remarque : il y a d’autres auteurs comme Marx et Max Weber, qui, eux, s’ils avaient pu
analyser le suicide, Marx n’aurait pas amené la même problématique, il aurait essayé de
montrer que le suicide est lié à la misère, à l’exploitation des ouvriers. Weber aurait, lui,
analysé le suicide comme étant le fait de perdre du sens, du fait de la bureaucratisation
progressive de la société, perte de lien, de sens, de but.

La grille de lecture change en fonction de l’auteur. Le même phénomène aurait donc été
analysé avec 3 paires de lunettes différentes.

Les faits sociaux ne parlent pas par eux-mêmes, nous appliquons des problématiques
différentes.

Il y a deux temps dans la problématique :

- On fait le point, sur ce qui existe déjà comme analyse théorique, on essaye de se
procurer les problématiques déjà existantes
- Le temps des choix : voilà ce qui existe, je choisis une problématique.

Exploiter les lectures et entretiens :

- Faire le point sur la question de départ, c’est-à-dire, sur l’objet de la recherche


- Mettre en évidence les cadres théoriques auxquels se réfèrent les différents
auteurs c’est-à-dire, comment ils envisagent le traitement théorique de la question
de départ. Qu’est-ce qui existe déjà. Comment les auteurs me précédant ont déjà
traité l’info.
o Il peut y avoir des approches stratégiques, méthodologiques, politiques,
wébériennes,…

Mais qu’a fait Durkheim dans son analyse du suicide ?

Durkheim, pendant 149 pages, passe en revue ce qui existe déjà à l’époque de manière
assez magistrale ; il s’est procuré tous les travaux qui étaient relatifs au suicide et les
passe au peigne fin. Il les consulte, en écarte certains, les analyse. Il aborde les effets
psychopathiques (est-ce que la psychologie peut expliquer les choses ?). Il prend des
statistiques, des chiffres à l’appui et dit « ainsi, je ne trouve aucun état psychopathique
qui soutienne, avec le suicide une relation régulière et incontestable », il n’y a donc pas de
lien entre le suicide et la psychopathie. Il rajoute « ce n’est pas parce qu’une société
contient plus ou moins de névropathes ou d’alcooliques qu’elle a plus ou moins de suicidés,
quoique la dégénérescence, sous ses différentes formes, constitue un terrain
psychologique éminemment propre à l’action des causes qui peuvent déterminer l’homme à
se suicide, elle n’est pas elle-même une de ses causes ».

Il vient de régler l’approche psychopathologique

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LOZIAK Baptiste 2020-21

Les effets psychologiques normaux : la race ou l’hérédité.

Nous avons des chiffres mais l’analyse de Durkheim montre que « enfin la manière dont le
suicide varie selon les âges prouve que de toute manière, un état organico-psychique n’en
saurait être la cause déterminante. Nous voici donc ramenés à la conclusion du chapitre
précédent, sans doute le suicide n’est possible que si la constitution des individus ne s’y
refuse pas, mais l’état individuel qui lui est le plus favorable consiste non en une tendance
définie et automatique mais dans une aptitude générale et vague mais ne l’implique pas
nécessairement et par conséquent, n’en donne pas l’explication ».

Ces facteurs là n’explique pas le suicide mais Durkheim veut expliquer le suicide.

Peut-être le suicide est-il plus élevé là où le climat est moins bon et où il y a moins de
lumière. Il a, encore une fois, toutes les statistiques nécessaires et conclut : « si les morts
volontaires deviennent plus nombreuses de janvier à juillet, ce n’est pas parce que la
chaleur exerce une influence perturbatrice sur les organismes, c’est parce que la vie
sociale est plus intense, ce n’est pas le milieu physique qui la stimule directement mais le
suicide est lié aux conditions sociales et non aux phénomènes naturels ».

Dernier facteur : les travaux de Gabriel Tarbes sur l’imitation (on se suicide parce qu’il y
a de plus en plus de suicides ».

Durkheim est très prudent et est n’arrive pas à réfuter de façon équivoque les
présupposés mais écrit : « en résumé, s’il est certain que le suicide est contagieux, jamais
on ne voit l’imitation se propager de manière à affecter le taux de suicide ».

En 149 pages, Durkheim passe en revue l’ensemble de la littérature avant d’expliquer sa


thèse.

Second temps : se donner une problématique

- Choisir la problématique la plus pertinente ou élaborer une nouvelle qui transcende


les autres.
- Se doter d’une problématique et en suivre une, ou, en concevoir une nouvelle. Se
doter d’une problématique est plus intelligent, reconstruire une nouvelle
problématique est difficile et peut-être un peu prétentieux.
- Faire des choix : mais attention, bien souvent on veut synthétiser des approches
théoriques incompatibles (faire un peu de tout).
o Tentation d’éclectisme, effets de mode
- Parfois, des théories très « tendances » se trouvent aux antipodes des questions
de départ voire des théories de départ. Ce qui vient de Paris, en sociologie, est
toujours très tendance. Ne pas prendre en compte les effets de mode.

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LOZIAK Baptiste 2020-21

Que fait Durkheim dans un second temps ?

Lui-même crée une problématique. « Chaque société est prédisposée à fournir un


contingent déterminé de morts volontaires. Cette prédisposition au suicide peut donc être
l’objet d’une étude sociale et qui ressortit à la sociologie. C’est cette étude que nous allons
entreprendre ».

Durkheim identifie cette nouvelle problématique autour de la cohésion sociale et du


suicide.

Question d’examen : quelle différence entre exploration et premier temps de la


problématique ?

 Exploration et second temps de la problématique sont très proches car toutes les
deux insistent sur l’importance des lectures. MAIS là où l’exploration nous
demande de prendre connaissance des lectures, la problématique nous demande de
les exploiter, de mettre en évidence les cadres théoriques des différents auteurs ;
la manière dont ils envisagent le traitement théorique de la question de départ.

Qu’est-ce que je peux donner comme lecture du problème étudié ?

TUYAU : distinction classique entre expliquer et comprendre.

Ce ne sont pas les mêmes registres, c’est une question théorique et de causalité des faits.

- L’explication : recherche des causes, c’est-à-dire des faits matériels


objectivement repérables de l’extérieur et qui entrainent le phénomène
- La compréhension : comprendre un phénomène en recherchant la signification que
les acteurs donnent à leurs actes. La compréhension est intérieure aux personnes,
il faut la rechercher dans la conscience des personnes

Dans l’explication, on va prendre des variables extérieures à la conscience humaine (l’âge


d’une personne, le sexe d’une personne, ce sont des facteurs extérieurs). Alors que, s’il
on essaye de comprendre, on peut s’interroger sur les raisons d’une tendance suicidaire,
sur le moral d’une personne. Attitude compréhensive : comprendre le phénomène via le
sens que les acteurs donnent à leurs actes, à une situation particulière.

- Explication : considérer les faits sociaux comme les choses (Durkheim). Le sujet
est un objet, on recherche les choses extérieurs à la conscience des personnes, il
faut objectiver les choses, les suicides, les sentiments. Essayer d’identifier les
déterminants extérieurs qui nous prédisposent à certains phénomènes.

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LOZIAK Baptiste 2020-21

- Compréhension : le sujet ne doit pas être considéré comme un objet, il faut


connaître son avis, son opinion, connaître le sens qu’il donne lui-même aux faits
sociaux. Ici, les faits sociaux ne sont pas des choses. Il faut qu’il y ait une
compréhension interne aux sujets ou acteurs. En ce sens, elle est subjective.

Evidemment, les deux grands exemples sont

- L’étude du suicide chez Durkheim, pour lui, les causes du suicide sont extérieurs
aux consciences individuelles. Il faut rechercher dans l’état de cohésion de la
société. On dit que la cohésion sociale explique le suicide. La variable « cohésion
sociale » détermine le suicide. -> Explication
- L’étude protestante et l’esprit du capitalisme chez Weber. Pour Weber, il faut
comprendre le développement du capitalisme en le rapportant à l’éthique calviniste
du protestant qui recherche par là les signes de son élection (et de sa réussite)
dans l’activité économique. -> Compréhension
o Texte annexe : la compréhension : l’éthique protestante et l’esprit du
capitalisme – Page 25

TUYAU : A explique B

A->B, A entraine B, si je connais A, je vais en déduire des effets sur B.

Texte annexe : Compréhension, explication et intelligibilité.

A->B, cela peut avoir trois sens :

- Au niveau de l’expérience, je constate qu’à chaque fois qu’il y a du B, cela s’explique


par la présence de A (on est au niveau du simple constat empirique lié à
l’expérience). Dans cet acte, attention au sens commun !
- Au niveau théorique, A explique théoriquement l’apparition de B (on est au niveau
de l’explication théorique).
- Au niveau de l’axiomatique, dans toute société de type donné, on doit s’attende à
ce que A produise B (on est au niveau des lois et des propositions générales).
o L’axiomatique est le niveau des lois et des propositions théoriques
générales.

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LOZIAK Baptiste 2020-21

Exemple : le cas du suicide

A : cohésion sociale

B : le suicide

Le niveau de l’expérience : le suicide (B) est lié à la cohésion sociale (A) c’est-à-dire que
la cohésion sociale agit sur le suicide.

Le niveau de la théorie : l’affaiblissement de la cohésion sociale (A) explique


l’augmentation du suicide (B)

Le niveau de l’axiomatique : dans toute société à faible cohésion sociale (A), nous pouvons
retenir que le taux de suicide (B) connaît une propension à l’augmentation.

Le niveau axiomatique, c’est la prétention de tirer une règle générale. Durkheim est au
niveau de la théorie, l’affaiblissement de la cohésion sociale produit du suicide. Il est aussi
au niveau de l’axiomatique ; Durkheim a la prétention d’expliquer le suicide dans l’Europe
de son époque.

Sur cette base, Durkheim développe la sociologie.

En synthèse, on passe de l’acte I à l’acte II, on passe de la rupture à la construction. La


problématique est la passerelle entre les deux. Attention à toujours se méfier du sens
commun, on entre dans le dialogue avec les concepts et les modèles théoriques, c’est le
saut de l’acte I à l’acte II. Si je n’ai pas établi ma rupture à ce niveau, c’est qu’il reste
encore du sens commun, je dois donc avoir fait la rupture.

On choisit une problématique pour traiter le problème posé par la question de départ.

On choisit une orientation théorique, une problématique en faisant quelque chose qui nous
plaît, on choisit aussi parmi les lectures exploratoires, on opte pour un angle théorique,
une problématique. Enfin, on choisit une orientation dans la continuité de l’exploration.

Pour rappel, l’importance de

- Se donner le temps de lire


- Consulter des personnes qualifiées
- Ouvrir les yeux pendant l’étape de l’exploration
- Être curieux et désireux de découvrir de nouvelles pistes
- Être lucide et critique

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LOZIAK Baptiste 2020-21

Le suicide

- Question de départ: « Quelles sont les causes sociales du suicide? »  « Dans quelle
mesure et comment le niveau de cohésion sociale (en particulier religieuse) d’une
société influence-t-il le taux de suicide? »
- Taux de suicide
o ≠ somme des suicides individuels qui répondent à des mobiles propres
o = reflet de l’état de la société dont la cohésion est influencée par le
système religieux
- Résultats:
o Protestantisme est la religion où l’on se suicide le plus
o Explication liée à la nature du système religieux et non au fait d’être
minoritaire
o Libre examen conduit à une faible intégration (chez Durkheim, intégration
sociale = cohésion sociale).

Les deux temps d’une problématique :

Reformulation de la question de départ

- Reformuler la question de départ en fonction de l’approche retenue


o Oblige le chercheur à recentrer son projet
o Oblige le chercheur à préciser son projet en termes théoriques

- La question de départ devient la question de recherche

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LOZIAK Baptiste 2020-21

Etape 4 – La construction du modèle d’analyse

Nous sommes dans l’acte 2, celui de la construction par la raison, par la théorie.

Les faits sociaux ne parlent pas par eux-mêmes, maxime importante du cours, que l’on va
développer aujourd’hui. C’est à nous de faire parler ces faits, c’est le langage qui fournit,
dans chaque discipline, les outils pour faire parler les faits. Il faut maitriser les outils
théoriques afin d’être compétent. Au sein de chaque discipline, il y a une multiplicité
d’approches théoriques, c’est à nous de dialoguer avec la réalité et la faire parler, c’est
aussi la mesurer, mesurer les faits sociaux et voir ce qu’ils ont à nous dire.

Quelques définitions :

- La conceptualisation : Ce n’est pas une simple définition mais c’est une opération
d’abstraction et, dans ce cadre, le concept est une construction abstraite qui vise
à rendre compte du réel.
- La dimension : Ce sont des illustrations du concept qui précisent davantage les
abstractions tout en essayant de rendre compte du réel.
- Les indicateurs : ils servent à mesurer les dimensions et permettent de mesurer
les faits, de les faire parler de manière concrète.

Exemple : Un rectangle. Quelqu’un qui a une autre culture ne dira pas forcément la même
chose, donc, pour faire parler l’objet, il faut préciser les choses, entrer dans des
dimensions qui permettent de faire parler. Le rectangle qui a deux dimensions que l’on
appelle Longueur (L) et largeur (l) et qui se mesurent – par convention – en centimètres, à
partir desquels on peut « mesurer » les longueurs, largeurs, périmètre et puis la surface.
Cette abstraction-là (concept) est un « rectangle », vous le savez tous et elle vous «
parle » grâce à ses dimensions et à ses indicateurs, sans cela, elle n’a guère rien à vous
dire…

Ce concept a donc deux dimensions : la longueur et la largeur. Il se mesure par convention,


en mètres. Le concept nous parle grâce à ses dimensions, grâce à ses indicateurs, c’est
nous qui sommes capables d’identifier les dimensions.

Autre exemple : la vieillesse est un concept ayant une dimension chronologique et un seul
indicateur : l’âge.

Mais attention, avec quelques lettres en plus, les choses se compliquent, le vieillissement
en tant que phénomène pluriel, il comporte plusieurs dimensions (chronologique, culturelle,
psychologique, relationnelle, économique, démographique,…). Et un tas d’indicateurs
(coûts, revenus, espérance de vie, dénatalité, taux de morbidité, taux de fréquentation
des établissements de soin,…).

Il y a des tas d’autres concepts (liberté, démocratie, humanité, amour, égalité, pouvoir,
communication, famille,…), qui sont ces termes, qui peuvent apparaître comme de
l’emphase obscurcissante. On peut éviter cela s’il on peut construire un concept et avoir
conscience que celles-ci peuvent être illustrées et concrétisées.

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LOZIAK Baptiste 2020-21

Page 167 du manuel : schéma qui montre un concept avec ses différentes dimensions, ses
éventuelles composantes (autre niveau de découpage que l’on ne déf inira pas) et les
indicateurs qui précisent les dimensions.

On identifie deux modes de construction des concepts. On peut identifier des concepts
de deux natures : systémiques et opératoires isolés.

- Un concept systémique est un concept qui est déduit d’un raisonnement abstrait.
On part du niveau le plus abstrait au niveau le plus concret. Il s’appuie sur un
raisonnement déductif (qui part du dessus vers les faits). La méthode déductive
part de la théorie vers les faits.
- Un concept opératoire isolé est induit par l’empirie, par le terrain. C’est une
abstraction que l’on construit à partir de l’observation des faits. La méthode
inductive part des faits vers les concepts.
o Le problème est que, en fait, lorsqu’on construit un concept induit, on doit
faire attention au sens commun, aux stéréotypes.

Que fait Durkheim pour sa part ?

Il a un raisonnement qui procède par opposition.

On se souvient que Durkheim est dans une approche explicative, l’explication sociale du
suicide. Il dit que toute société prédispose les membres au suicide, elles fournissent des
contingents de morts volontaires. Toute société génère du suicide. Pour Durkheim, qui a
une lecture déterministe, il y a une prédisposition liée au phénomène religieux.

Il faut préciser, opérationnaliser le suicide.

Le travail de Durkheim est aussi de dire qu’on ne peut pas se contenter d’abstraction or,
on n’a besoin de faire parler les faits sociaux. Il opérationnalise le suicide en s’appuyant
sur le taux de suicide. Au préalable, il va définir le suicide, de quoi parle-t-on ?

« On appelle suicide tout cas de mort qui résulte directement ou indirectement d’un acte
positif ou négatif accompli par la victime elle-même et qu’elle savait devoir produire ce
résultat ». Définition de Durkheim.

Cela évite tout risque de confusion et permet la comparaison. On sait qu’il va aller
rechercher les statistiques de suicide.

Le taux de suicide est le nombre de cas de suicide correspondant à sa définition qui


apparaissent au cours d’une année dans une société donnée, pour un million ou cent mille
habitants.

Exemple : : En 1841, en France, 2 814 personnes se sont suicidées; Taux de suicide: en


1841, sur 100 000 habitants, 8,2 se sont suicidés. La France, en 1841, compta it 34 230
000 habitants

(2 814 x 100 000) / 34 230 000 = 8,2

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LOZIAK Baptiste 2020-21

Il reste un problème : comment opérationnaliser le cohésion sociale ? Aller du concept à


l’indicateur qui la mesure.

Quand on opérationnalise la cohésion, on va du plus abstrait, vers les indicateurs. La


cohésion sociale explique le suicide. Dès lors, A explique B ; la cohésion sociale explique le
suicide.

Importance des hypothèses : réponses provisoires et sommaires qui vont permettre de


guider le travail de recueil et d’analyse de données. A -> B, la flèche est une hypothèse,
elle anticipe quelque chose, « il me semble que… »

L’hypothèse reste provisoire, assez sommaire, qui donne l’orientation au travail.

Si la cohésion sociale explique le suicide, on doit quand même aller chercher des données
sur la cohésion sociale. Pour rappel, l’hypothèse de Durkheim est bien : le taux de suicide
d’une société est lié au degré de cohésion sociale de celle-ci. A savoir, moins la cohésion
sociale est forte, plus le taux de suicide est élevé. Hypothèse de Durkheim : une
proposition de réponse à la question des causes sociales du suicide.

Comment Durkheim apprécie-t-il la cohésion sociale ?

Il n’y a pas qu’une dimension sociale, il y en a 2 :

- La religion : une dimension de la cohésion sociale


- La famille : une dimension de la cohésion sociale également

Il y a donc dimensions au suicide mais il en développera essentiellement une : la cohésion


religieuse.

On va laisser tomber la cohésion familiale et on identifie les indicateurs pour rendre


compte de la cohésion religieuse, rendre compte de la solidarité entre fidèles, y a-t-il une
forte intégration entre les fidèles ?

Les indicateurs défini pour rendre compte de la solidarité entre fidèles :

- Place du libre examen dans la religion considérée


- L’importance numérique du clergé
- Caractère légal ou non des prescriptions religieuses
- Emprise de la religion sur la vie quotidienne
- Pratique de nombreux rites en commun
 Observer et entamer son travail de terrain

Pages 157 : Schématisation

28
LOZIAK Baptiste 2020-21

Eléments à retenir pour construire un modèle d’analyse Une hypothèse, deux concepts, 2
dimensions de la cohésion sociale, 5 indicateurs de la cohésion et 1 taux de suicide
L’hypothèse qui établit une relation entre deux concepts :

- Le taux de suicide
- La cohésion sociale

Observation possible grâce aux indicateurs (traits observables)

- Taux de suicide : statistiques


- Cohésion sociale : 5 indicateurs mis en exergue

Le taux de suicide et les indicateurs de cohésion sociale sont des variables car le taux de
suicide et ces indicateurs de cohésion sociale varient numériquement.

Variable explicative (ou variable indépendante) : cohésion (explique et fait varier le taux
de suicide)

Variable dépendante : taux de suicide (dépend de la cohésion sociale)

A -> B : A explique B et cette flèche a une protée « théorique », voire chez Durkheim une
portée « axiomatique » cf « dans toute société à faible cohésion sociale,… ».

• Il peut mener des analyses statistiques dites analyses multivariées (car il y a plusieurs
variables ou indicateurs) et par exemple montrer comment les taux de suicide varient en
fonction des variables de cohésion sociale

• Ex. : Plus l’importance numérique du clergé catholique augmente (indicateur de la


cohésion sociale)  plus le taux de suicide diminue

Le taux de suicide irait sur l’axe des ordonnées et un indicateur de la cohésion sociale
irait sur les abscisses.

C’est Durkheim qui est un des premiers à utiliser les analyses multivariées. Il y a plusieurs
variables de cohésion sociale qui peuvent expliquer le suicide.

Durkheim a donc fait parler les variables, il les a utilisé pour démontrer son hypothèse.

Cela dit, Durkheim fait preuve de plus de subtilité, c’est plus compliqué que ce que l’on ne
le croit.

S’il on reprend sa définition du suicide : « On appelle suicide tout cas de mort qui résulte
directement ou indirectement d’un acte positif ou négatif, accompli par la victime elle-
même et qu’elle savait devoir produire ce résultat »

29
LOZIAK Baptiste 2020-21

Cela veut donc dire deux choses :

- Le suicide peut être commis indirectement (on peut faire en sorte que ce soit
quelqu’un d’autre qui nous tue, de façon volontaire).
- Il lie l’acte positif au négatif (on peut peut-être se suicider pour le bien d’autrui).

Durkheim va en fait identifier plusieurs formes de suicide. En réalité, Durkheim va


identifier trois formes de suicide :

- Le suicide égoïste : il se produit lorsque la cohésion sociale est faible, il y a une


importance du libre examen et le comportement y est bien plus individualiste, les
gens sont plus livrés à eux-mêmes.
- Le suicide altruiste : là où la cohésion sociale est forte, on observe le suicide de
type altruiste, orienté plutôt vers autrui
- Le suicide anomique : là où il y a un affaiblissement des règles morales, des règles
de la société, il y a absence de repères sociaux. Lors de grandes crises où tous nos
repères s’effondrent.

Chaque forme de suicide est une hypothèse car A -> B (cf schéma DIA 34).

Quelques exemples :

- Suicide altruiste
o Suicide des personnes âgées : arrivées à un certain âge, les personnes âgées
se rendaient compte qu’ils n’étaient plus utiles à la société et se donnaient
donc la mort.
o Les veuves : elle perd son guide et se donne la mort
o Les serviteurs d’un prince ou d’un Roi qui meurt : au moment où le chef
mourait, ses officiers devaient se donner la mort pour que le nouveau chef
puisse mener sa politique
o Suicide pour l’honneur : dans certaines tribus, si leur honneur est bafoué,
les hommes ont tendance à se suicider
o Kamikazes lors de la WWII dans la guerre du pacifique, la société japonaise
était une société traditionnelle et à forte cohésion sociale. Il fallait mourir
pour l’empereur.
- Suicide anomique
o Suicide qui est observé lors de grandes crises morales comme lors de la
crise de 29. On se donne la mort pour ne pas voir cette société partir à
vaux l’eau.

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LOZIAK Baptiste 2020-21

Une hypothèse est une proposition qui anticipe une relation entre deux termes qui, selon
le cas, peuvent être des concepts ou des phénomènes.

Elle peut prendre deux formes différentes :

- Anticiper une relation entre un phénomène et un concept capable d’en rendre


compte
o Présence de microbes pour répondre au phénomène de contagion. Koch et
Pasteur, à leur époque, connaissaient le phénomène de contagion, seulement
ils n’arrivaient pas à l’exprimer de façon rationnelle. Ils travaillent donc sur
l’idée que ces microbes sont à l’origine des contagions, le concept de
microbes permet de comprendre et expliquer le phénomène de la contagion
o La théorie du Big Bang pour répondre au phénomène connu de l’expansion de
l’univers. On identifie le concept de Big Bang pour expliquer le phénomène
de la création et d’expansion de l’univers.
- Anticiper une relation entre deux concepts ou entre deux types de phénomènes
o Deux concepts
 Durkheim et le lien entre suicide et cohésion sociale
 Weber explique le lien entre éthique protestante et Esprit du
capitalisme
o Deux phénomènes (moins fréquents en sciences sociales)

On est toujours, puisqu’on anticipe les choses, dans du provisoire, ce qui est fragile. C’es
tune présomption qui doit absolument se vérifier et donc, cela appelle à une vérification
empirique. Elle appelle un dialogue, un comportement scientifique visant à faire parler les
faits. Le but d’une hypothèse est d’être remise en cause. Dès lors, une des grandes
caractéristiques de la démarche scientifique est la modestie.

On insiste sur ce côté provisoire de l’hypothèse puisque, ce modèle, est un ensemble


d’hypothèses le plus souvent articulées les unes aux autres. Une hypothèse vient rarement
seule. On essaye d’articuler ces hypothèses qui forment un modèle théorique. Un modèle
est un ensemble d’hypothèses logiquement articulées les unes aux autres. Le modèle
théorique est lui-même provisoire et il doit, à un moment donné, être dépassé car il ne
fait plus parler les faits. Donc, le modèle présente les mêmes propriétés que les
hypothèses, c’est une anticipation de relations entre phénomènes observés ou entre
concepts.

La construction du modèle repose sur un raisonnement inductif appuyé sur des Concepts
Opératoires Isolés soit sur un raisonnement déductif appuyé sur des concepts
systémiques.

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LOZIAK Baptiste 2020-21

A ce stade, quel serait le modèle Durkheimien du suicide (l’ensemble qui articule ses
hypothèses) ? Schéma Page 158

Concept Hypothèse Modèle


Systémique Déduite/Théorique Modèle théorique
(théorisation empruntée)
Opératoire isolé Induite/empirique Modèle mimétique
(théorisation bricolée)

Le concept systémique est le plus abstrait des deux. Les hypothèses qui articulent les
concepts systémiques sont dites déduites ou théorique (pour définir l’une ou l’autre, on
reprend la définition de l’hypothèse et on l’adapte au bon « type »). S’il on a plusieurs
hypothèses (déduites ou théoriques) qui s’articulent entre elles, on l’appelle le modèle
théorique.

Les concepts opératoires isolés sont bien plus concrets, ils partent du terrain. Ils
impliquent des hypothèses dites induites ou empiriques qui s’articulent en un modèle qu’on
appelle le modèle mimétique (expression de Pierre Bourdieu). Ces modèles mimétiques sont
beaucoup moins théorisés et moins valorisés par une approche scientifique. On préfère
toujours, dans une démarche scientifique, partir d’un concept général, abstrait et donc,
du concept systémique.

Méthode hypothético-inductive : la construction part de l’observation. L’indicateur est de


nature empirique. A partir de lui, on construit de nouveaux concepts, de nouvelles
hypothèses et, par là, le modèle que l’on soumettra à l’épreuve des faits.

Méthode hypothético-déductive : la construction part d’un postulat ou concept postulé


comme modèle d’interprétation du phénomène étudié. Ce modèle génère, par un travail
logique, des hypothèses, des concepts et des indicateurs auxquels il faudra rechercher
des correspondants dans les faits.

Il y a une logique d’emboitement comme dans l’espace : Etoiles, systèmes solaires,


galaxies, amas de galaxies,…

Le paradigme : niveau théorique le plus général, plus abstrait encore que le modèle. C’est
un « méga-modèle ». Il repose sur

- Un ensemble d’hypothèses (ou présupposés), de postulats et de concepts généraux


censés pouvoir étudier tout phénomène social au sein d’un ou de plusieurs modèles
logiquement articulés entre eux.
- Il offre une représentation du monde, une manière de voir les choses, un cadre
global de pensée reposant sur des théories, des concepts qui s’organisent entre
eux, (exemple de paradigmes en sciences sociales : le paradigme individualiste, le
paradigme holiste, …)

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LOZIAK Baptiste 2020-21

Schéma DIA 13 – PPT S7 (il manque un « s » à modèles)

NB : Durkheim, dans le cadre de la confrontation aux données concrètes (étape 6), il fait
une analyse statistique. Une fois qu’on a mené ses enquêtes, on ne se contente pas de
regarder ces données, on analyse les résultats, on procède à des analyses multivariées.

Que fait Durkheim, quel modèle utilise-t-il ? (quels concepts, quelles dimensions, quelles
hypothèses, quel paradigme ?)

Cela peut constituer un bon exercice pour se préparer.

Quel est l’intérêt technique de tous ces niveaux, de tout ce travail d’opérationnalisation ?

Nous donner des dimensions, des indicateurs, pour faire parler les faits sociaux, c’est-à-
dire notamment interroger les personnes par questionnaires ou par entretiens
(interviews). Savoir quelles « bonnes » questions poser pour faire parler les faits. On ne
peut pas entretenir les bonnes démarches s’il on n’a pas appris à faire de la
conceptualisation, maîtriser des techniques et arriver à monter en généralisation.

Dans les Dias 17 à 20, on peut faire connaissance avec des questionnaires que l’on pourrait
fournir pour connaître la cohésion religieuse d’une personne. On essaye d’avoir des
indicateurs pour mesurer les choses.

La science, c’est constamment des choses à vérifier et, à un moment donné, nos
hypothèses provisoires sont remises en cause et remplacées par des autres hypothèses.

« Il n’est d’observation ou d’expérimentation qui ne reposent sur des hypothèses ».

Si tout est hypothétique, où est la science ? Comment se construit-elle ?

Il faut faire tomber des préjugés, il faut faire preuve de modestie dans notre approche
scientifique. S’il on a une hypothèse, en principe, c’est acquis à la quatrième étape. On
vérifie cette hypothèse et nous avons vérifié dans l’analyse de Durkheim. Cela dit,
lorsqu’elle est vérifiée, est elle vraie ? Peut-on affirmer que, de tout temps, la cohésion
sociale explique le taux de suicide. Et bien, non évidemment, l’analyse de Durkheim est un
cas d’école.

Hypothèse : proposition provisoire, présomption devant être vérifiée. Elle est rédigée
sous une forme observable afin d‘aboutir à la vérification empirique MIAS on dira qu’une
hypothèse vérifiée qu’elle est en fait « non infirmée par les faits ».

C’est-à-dire qu’elle n’est pas invalidée mais non-infirmée, pas encore infirmée. Un jour ou
l’autre, viendront des hypothèses qui infirmeront cette approche.

Il faut donc oublier ce qui est définitif et absolue, la science absolue, mais dans ce cas,
où est la vérité ?

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LOZIAK Baptiste 2020-21

La falsifiabilité des hypothèses : Une théorie est scientifique à partir du moment où l’on
peut formuler une hypothèse contraire.

Exemple : nous assistions au réchauffement climatique ; hypothèse contraire : nous


n’assistons pas au réchauffement climatique.

Toute hypothèse scientifique doit être « falsifiable ».

On doit cette idée à Karl Popper (1902-1994).

Il faut deux conditions à la falsifiabilité :

- La généralité :
o L’hypothèse doit revêtir un caractère de généralité, elle ne peut pas
expliquer des phénomènes locaux ou mineurs.
- L’acceptation d’énoncés contraires :
o Une hypothèse ne peut être falsifiée que si elle accepte des énoncés
contraires qui sont théoriquement susceptibles d’être vérifiés.

Voyons comment cela se passe chez Durkheim ;

- Condition de généralité :
o Dans tout société à faible cohésion sociale, nous pouvons retenir que le taux
de suicide connaît une propension à l’augmentation.
o Il s’agit là d’une proposition à vocation générale que nous avons vue lors de
l’étape précédente (la problématique) et nous l’avons située au niveau de
l’axiomatique.
o Durkheim a une prétention à la généralité, il veut expliquer le
fonctionnement de toute société.
o De nos jours, on ne travaille plus vraiment avec des hypothèses aussi
générales.
- La possibilité d’énoncés contraires :
o On a vu que si la cohésion sociale est forte, on peut observer du suicide
altruiste, dès lors, cet énoncé s’oppose au suicide égoïste liée à une cohésion
sociale faible.

Les hypothèses formulées par Durkheim acceptent d’autres énoncés contraires. D’ailleurs
il formule lui-même de tels énoncés et les intègre dans son modèle théorique d’analyse.

Mais il y a un petit problème ; si le suicide altruiste est l’énoncé contraire du suicide


égoïste, le suicide anomique ne semble a priori pas avoir d’énoncé contraire.

Il n’en est rien, le suicide anomique a un pendant, un quatrième type de suicide : le suicide
fataliste. Durkheim a travaillé avec 4 hypothèses de suicide.

34
LOZIAK Baptiste 2020-21

Ce quatrième type a été très longtemps ignoré des analystes sociologues. C’est seulement
dans les année 60 que l’on a commencé à découvrir ce type de suicide qui est dans l’analyse
de Durkheim même si elle est bien cachée.

Texte annexe : Un 4ème type de suicide – Page 36 – Notes (1) Page 311

Dans le manuel de cours, on ne travaille que sur les trois grandes formes de suicide, or,
dans le modèle de Durkheim, il a pensé 3 modèles de suicide. Cela dit, et on le verra plus
tard, il ne voit pas clairement comment illustrer ce suicide fataliste.

On voit, dans cette note, que Durkheim a un quatrième type potentiel mais pas vraiment
développé, par manque de données.

Il y a des pays où l’on désire cacher les suicides, où la morale remplace parfois un suicide
par un accident. On peut donc s’orienter vers un critique des analyses de Durkheim.

Un exemple marquant du suicide fataliste se trouve dans le film Titanic, on se rend compte
que Rose (Kate Winslet) doit épouser un homme par dépit, car sa famille n’a plus d’argent,
elle veut, au début du film, se suicider en se jetant par-dessus le bateau. Si Rose s’était
vraiment suicidée, on aurait pas dit « elle s’est suicidée », on aurait dit « elle a glissé ».
Dans une société où les règles sont très fortes, ce type de suicide est masqué.

Au fond, on a donc bien quatre types de suicide : le suicide égoïste, le suicide altruiste, le
suicide anomique et donc le suicide fataliste.

On voit donc que ces 4 hypothèses fonctionnent deux par deux :

Forte Faible
Cohésion sociale Suicide altruiste Suicide égoïste
Régulation sociale Suicide fataliste Suicide anomique

- Dans toute société où la cohésion sociale est forte, on observera un suicide de type «
altruiste ».
- Dans toute société où la cohésion sociale est faible, on observera un suicide de type «
égoïste ».
- Dans toute société où la régulation sociale est forte, on observera un suicide de type «
fataliste».
- Dans toute société où la régulation sociale est faible, on observera un suicide de type «
anomique ».

Attention : Il n’y a donc pas deux concepts (cohésion sociale et suicide) mais trois
concepts : cohésion sociale, suicide et la régulation sociale. La présence de règles sociales,
morales, qui donnent des règles de conduite en société. Il y a donc 4 hypothèses et non
pas 3 !

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LOZIAK Baptiste 2020-21

Dias 24 à 36 – Exemple de suicide

- 1 : Altruiste
- 2 : Egoïste
- 3 : Altruiste
- 4 : Egoïste
- 5 : Fataliste
- 6 : Altruiste
- 7 : Fataliste
- 8 : Altruiste
- 9 : Egoïste
- 10 : Altruiste
- 11 : Anomique
- 12 : Altruiste
- 13 : Fataliste

Critique de l’analyse de Durkheim : s’il on revient aux deux conditions (généralité et


falsifiabilité), alors, qu’est-ce qu’un énoncé non falsifiable ?

Par exemple :

- L’existence de Dieu ; on ne peut pas montrer le contraire. Ce qui explique que de


grands scientifiques sont croyants et certains sont athées. L’existence de Dieu ne
se prouve pas, elle se vit selon nos convictions. Cette histoire là est une affaire de
conviction profonde, la science n’intervient pas dans ce processus.
- L’horoscope : ces énoncés ne sont pas falsifiables, tout semble fonctionner pour
tout, on est dans le domaine du mythe, des croyances, pas de la science. On ne peut
pas le soumettre à un expertise scientifique.

Insistons sur une idée concernant les énoncés falsifiables. Si le but des théories est
d’être critiquée, venons-en aux faits, et à la critique de la théorie de Durkheim bien que
dépassée aujourd’hui.

Son analyse fut critiquée, mais il s’y attendait en quelques sortes, puisque toute théorie,
un jour ou l’autre, est infirmée par les faits ou par d’autres théories, elle est déstabilisée.
Elle n’est valable que jusqu’à un certain moment.

On s’appuie sur les textes annexes : Page 34 – critique de la théorie de Durkheim,


commencer à lire à partir du deuxième §, où il est écrit Halbwachs

36
LOZIAK Baptiste 2020-21

Première critique : Maurice Halbwachs, continuateur de l’œuvre de Durkheim et


prolongateur de son analyse. Il la critique mais tout en restant fidèle à son maître.

Il formule quelques critiques lorsque Durkheim sera mort. Il remarque que les protestants
ne sont pas que protestants et que, derrière cette opposition, il y a des variables autres
que le religieux.

- Opposition urbains-ruraux (variable géographique), c’est-à-dire, les protestants


sont dans les villes. On a donc une opposition entre des urbains plutôt protestants
et des ruraux un peu plus catholiques.
- Variable de la catégorie socio-professionnelle, des professions sont généralement
exercées par les protestants. Les professions urbaines sont beaucoup plus
anxiogènes que celles qui se déroulent à la campagne. Dès lors, la propension au
suicide doit être plus importante.

Donc, l’analyse multivariée de Durkheim aurait du, selon Halbwachs, être plus poussée.
Halbwachs ne remet pas en cause de façon radicale le travail de Durkheim, il l’affine, le
discute. Durkheim aurait donc du prendre un nombre encore plus important de variable
comme les variables de contrôle.

Encore trois apports d’Halbwachs :

- Les statistiques disponibles au sujet du relevé des suicides varient dans le temps
et l’espace => difficulté d’interprétation
- Les « tentatives » de suicide ne sont pas reprises dans les bases de données ; elles
nous renseignent portant sur d’autres variables (ex: le sexe, l’âge). On masque le
suicide de certains catholiques pour avoir droit au sacrement.
- Halbwachs ne constate plus d’augmentation des taux de suicide et parle
d’uniformisation (pour le début du 20 ème) mais… la causalité du suicide est
complexe. (DIA 46 à ne pas connaître)

La critique radicale de Douglas & Baechler : remise en cause complète du modèle d’analyse
avec remise en cause de la crédibilité des statistiques. L’objectif que doit se donner le
sociologue qui s’intéresse au suicide ne peut être que de faire apparaître la signification
du suicide pour l’individu qui le commet.

Les deux auteurs ont plutôt fait une approche wébérienne du suicide, comprendre le sens
du suicide. Durkheim, lui, ne prend pas en compte le sens, il se soucie uniquement des
chiffres.

37
LOZIAK Baptiste 2020-21

Pour Douglas :

- Une analyse biographique et qualitative est prônée


- Il s’agit de faire apparaitre la signification du suicide pour l’individu qui le commet
- Il s’agit de considérer les motivations pour comprendre le phénomène
 Perspective d’analyse compréhensive

Pour Baechler :

- Tout en suivant le programme compréhensif de Douglas, Baechler montre que


o Il est possible d’interpréter le suicide comme une réponse à une situation :
tous les suicides résulteraient de ce que le suicidaire s’est laissé coincer
dans un piège
o Le suicide est alors une solution stratégique donnée par l’individu à des
problèmes existentiels.

Durkheim est donc dans une approche explicative, les deux autres sont dans une approche
compréhensive.

Matière à lire : 153 à 158 et 167 à 174

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LOZIAK Baptiste 2020-21

Etape 5 – L’observation

La vue d’emblée, c’est répondre à 3 questions :

- Observer quoi ?
- Observer comment ?
- Observer qui/sur qui ?

Observer quoi ? : A ce stade, il n’y a aucune recette miracle, aucune procédure ne peuvent
répondre à la question ni sur le fait de savoir quelles données pertinentes recueillir càd :
quelles questions poser, par exemple, dans un questionnaire ou dans un entretien ? La seule
réponse que l’on puisse donner est qu’il faut construire un modèle d’analyse aussi clair et
précis que possible pour identifier les indicateurs, les dimensions, les concepts (reliés par
des hypothèses qui elles-mêmes s’orientent en un modèle théorique). Ainsi les indicateurs
nous aideront-ils à mesurer, à savoir ce que l’on cherche et à poser les bonnes questions,
voire chercher les bonnes données (ex: les chiffres du suicide/taux, l’importance
numérique du clergé, la présence de rites en commun, etc.).

Observer sur qui ? : il s’agit d’un problème classique dans la parcours de l’étudiant-
chercheur. Quand on observe une population, on observe soit l’ensemble de cette
population et on s’appuie sur des données relatives à toute la population. Soit, on étudie
un échantillon de la population, c’est-à-dire une partie de celle-ci. On peut intuitivement
prendre une partie de la population et avoir quand même des données représentatives. Je
dois retrouver, dans l’échantillon que je choisis, les mêmes caractéristiques que l’ensemble
de la population dans laquelle je trouverai, pour sûr, l’exhaustivité. La dernière option est
d’étudier des composantes non-représentatives mais caractéristiques de la population
(ex : ne s’intéresser qu’aux travailleurs de quelques entreprises ou quelques associations
présentant de grandes caractéristiques de la population telle que la taille, l’affiliation à
un courant philosophique ou politique,…).

En termes de définition de la population, il y a donc trois voies.

Définitions importantes :

- Echantillon : partie de la population de l’enquête ou de la population étudiée


- Echantillon représentatif : si tous les membres de la population ont la même chance
ou la même probabilité de faire partie de l’échantillon

Lire texte annexe : pages 39 à 43 (points 2.2.1.1. à 2.2.1.3 non compris)

Il faut donc construire une base de sondages, une liste reprenant l’ensemble de la
population à étudier (l’exemple le plus parlant est celui du registre national, dans lequel

39
LOZIAK Baptiste 2020-21

tout le monde peut y figurer et je tire au sort un certain nombre de citoyens belges).
Mais ces listes sont difficiles à obtenir pour constituer un échantillon représentatif. La
plupart du temps, on recourt à des techniques de sondage pour constituer des échantillons
dits « aléatoires », c’est-à-dire, tirés au hasard afin que n’importe quel citoyen habitant
la ville, la région ou le pays dans lequel s’effectue l’enquête puisse avoir une chance d’être
tiré au sort, c’est-à-dire puisse avoir une chance de figurer dans l’échantillon. Rappel : la
condition de la représentativité est bien celle de la même chance.

Unités et grappes : parfois, il y a des bases de sondage où les unités y figurant ne sont
pas des personnes mais des groupes de personnes, par exemple, un ménage ou une
entreprise. On a donc parfois un décalage entre les unités de sondage (les ménages) avec
les unités d’analyse (les individus). Il faut donc établir une distinction entre unités de
sondage (unités que l’on trouve dans les bases de sondage) et unités d’analyse (unités sur
lesquelles portent les hypothèses). On peut ainsi disposer d’unités de sondage relatives à
des ménages, des entreprises, des unités d’analyse, alors que l’on cherche à travailler sur
des individus (unités d’analyse). Que faire s’il on n’a pas de base de sondage par individu ?

Lire : Pages 43 à 45 (Point 2.2.1.3.)

Le problème est que la chance de figurer dans l’échantillon est moindre plus la taille du
ménage ou de l’unité de sondage est importante (une personne vivant seule dans un ménage
n’aura pas la même chance d’être tiré que quelqu’un qui vit dans une famille de 4 enfants).

Il y a, ce que l’on pourrait appeler un effet de grappe.

Une grappe est un ensemble d’unités tirées simultanément, un ménage constitue une
grappe d’individus.

Un effet de grappe est un phénomène qui intervient lorsque l’échantillon tiré est
statistiquement satisfaisant et que les réponses risquent donc de ne pas être
indépendantes.

A force de se côtoyer, de vivre ensemble, on partage des opinions, des valeurs communes.
On risque de ne pas avoir une diversité d’opinion assez marquée. On peut néanmoins, pour
éviter cet effet de grappe, utiliser la méthode de Kish : un procédé aléatoire de
désignation de la personne à interroger de manière à éviter les biais d’effets de grappe.
Voir DIA 11

On donne au préalable un rang et un ordre de la famille et les lettres représentent le type


de questionnaire.. Par exemple, on prend par âge, le plus âgé sera 1 et ainsi de suite.

Exemple : je toque à une porte, j’ai le questionnaire A sous le bras, le ménage comporte 4
personnes, j’interroge alors la deuxième personne la plus âgée.

Grâce à cette méthode, on redistribue l’aléatoire.

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LOZIAK Baptiste 2020-21

Les échantillons par quota (Pages 38 à 41) : il s’agit de la technique la plus utilisée, on y
reproduit, au sein de l’échantillon, les distributions de certaines variables. Par exemple,
si on sait que la population comporte 40% de diplômés, on s’arrangera pour retrouver 40%
de diplômé de l’échantillon. On prend les variables les plus globales (sexe, niveau
d’études,…). On se force à retrouver ce nombre de personnes.

Il faut disposer de bons enquêteurs, c’est eux qui ont ces contraintes, ces listings-types.
C’est à eux de trouver ces populations là via un sondage aréolaire, un sondage reposant
sur des zones d’habitation tirées au sort et où se rendent les enquêteurs.

La taille de l’échantillon, combien de personne faut-il interroger ? Il est clair que la


validité de l’enquête dépend de la validité de la taille de l’échantillon. Pour répondre à
cette question, il faut partir de la formule de l’écart-type autour d’une proportion p
(ANNEXE 1) L’écart-type une variabilité autour d’une proportion.

Attention : il y a une erreur à la DIA 14, la racine porte sur l’entièreté de la fraction

Observer comment ? :

- Observation directe : le chercheur procède lui-même à la récole des données sans


s’adresser aux sujets, sans leur demander de produire les informations. Il
n’interroge pas les individus. Elle peut être participante ou non participante.
o Ne pas connaître les détails
- Observation indirecte : le chercheur s’adresse au(x) sujet(s) pour récolter des
données concrètes et obtenir l’information recherchée. Les données y sont moins
objectives puisqu’il s’agit plus d’opinion.

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