Vous êtes sur la page 1sur 4

EIFFER Rosie L2 Lettres Modernes Groupe 1

DM LANGUE MÉDIÉVALE
A rendre pour le 20/02/2024

1. TRADUCTION
Le jeune homme entendit la nouvelle

Et le conseil de la jeune fille ;

La remercia

Demanda congé à sa promise.

Il partit dans sa contrée.

Il prépara avec hâte

De riches draps, de l’argent,

Et des chevaux.

Et pour ses hommes les plus proches,

Il amena des danseuses.

Il partit alors séjourner à Salerne

Et se rendit chez la tante de son amie.

Il lui donna une lettre de la part de cette dernière ;

Une fois lue de bout en bout,

Ils la relurent ensemble

Jusqu’à la connaitre par cœur.

Puis la femme le força à prendre des remèdes.

Un breuvage qui le fortifie

Au point de ne plus faire d’efforts

Ni de se surmonter, ni de se s’entretenir,

Ni de se rafraichir tout le corps,

Ni ses veines, ni ses os.


EIFFER Rosie L2 Lettres Modernes Groupe 1

Et il disposera de ces qualités

S’il boit tout le breuvage.

Le breuvage est mis dans une fiole,

Afin de le ramener dans son pays.

2. PHONÉTIQUE
A. Brĕvĕm > brief > bref
[brĕwĕm] > [briẹf] > [bręf]
Du IIème au IVème siècle, il y a un bouleversement vocalique du latin classique au latin vulgaire. Le [ĕ]
devient [ę].

B. [brĕwĕm] est un paroxyton, càd que c’est un mot à deux syllabes (bisyllabique). L’accent se
fait donc sur la pénultième, càd sur l’avant dernière syllabe, donc la première. Il devient
donc [bréwĕm], tout en gardant le [ĕ].

C. [brĕwĕm]
• Au IIIème siècle, le premier [ĕ] subit un allongement et une segmentation, il devient
[ęę]. Ensuite il devient [íę], il subit donc une différenciation d’aperture.

• Au VIIème siècle, [íę] subit un rapprochement d’aperture et devient [íẹ].

• Au XIIIème siècle, [íẹ] subit une bascule de l’accent et devient [ié]. Puis [ié] subit
une consonnification de [i] en [y] et devient [yẹ] accentué.

• Pour finir, l’évolution du [e] bref accentué libre est classique jusqu’aux XIVème-
XVème siècles, où le [y] s’amuït.

D.

E.

3. MORPHOLOGIE
I. Les substantifs masculins
a. Les substantifs masculins à 1 base
• Diniers è Cas régime pluriel, COD de « s’est aturnez »
• Palefreiz è Cas régime pluriel, terminaison affriquée (la terminaison [ts] devint [z]), COD de
« s’est aturnez »
• Sumiers è Cas régime pluriel, COD de « s’est aturnez »
• Danzeus è Cas régime pluriel, COD de « od menez »
• Estre è Cas régime singulier, complément circonstanciel de manière du verbe « seü »

b. Les substantifs masculins à 2 bases


• Hummes è Cas régime pluriel, COI de « od menez ».

c. Les substantifs masculins indéclinables


EIFFER Rosie L2 Lettres Modernes Groupe 1

• Dra è Cas régime singulier, COI de « s’est aturnez », disparition de la consonne finale pour les
lettres [c], [f] et [p]
• Brief è Cas régime singulier, COD de « dunat »

II. Les substantifs féminins


a. Les substantifs féminins à 1 base
• Cuntree è Cas régime singulier, complément circonstanciel de lieu du verbe « est alez »
• Amie è Cas régime singulier, complément du nom du mot « aunte » qui est le COD de
« parler »
• Mescines è Cas régime pluriel, COD du verbe « l’ad esforcié »

b. Les substantifs féminins à 2 bases


• Aunte è Cas régime singulier, COD du verbe « parler »
• Salerne è Cas régime singulier, complément circonstanciel de lieu du verbe « vait surjurner »

c. Les substantifs féminins indéclinables


Ø

4. SYNTAXE
1. Complément + verbe + sujet
• Vers 13 è Groupe prépositionnel « de sa part », verbe « li donat ». La zone préverbale est
saturée. Le sujet est rejeté en zone postverbale, il perd sa prédicativité. Cependant, ici il est
omis car en ancien français (AF) lorsque les pronoms sont sujets, ils ne sont pas obligatoires.
• Vers 15 è Complément « Ensemble od », verbe « li ». La zone préverbale est saturée. Le sujet
est donc rejeté en zone postverbale et perd sa prédicativité. Il est omis car c’est un pronom-
sujet, il n’est donc pas obligatoire.
• Vers 17 è Complément « par mescines », verbe « ad esforcié ». La zone préverbale est saturée.
Le sujet est donc rejeté en zone postverbale et perd sa prédicativité. Il est omis car c’est un
pronom-sujet, il n’est donc pas obligatoire.
• Vers 26 è Complément « puis », verbe « le remeine ». La zone préverbale est saturée. Le sujet
est donc rejeté en zone postverbale et perd sa prédicativité. Il est omis car c’est un pronom-
sujet, il n’est donc pas obligatoire.

2. Sujet + verbe + complément è c’est un ordre canonique, le sujet est prédicatif


càd qu’il est situé dans la zone préverbale.
• Vers 18, 19, 20, 21, 22 è Sujet « un tel beivre », verbe « ad chargié », compléments : jusqu’au
vers 22.

3. Complément + sujet + verbe è proposition dépendante


• Vers 14 è Complément « quant », sujet « ele », verbe « l’ot lit » : introduit par une
subordonnée relative par un adverbe de temps « quant ».
• Vers 16 è Complément « tant que tut », sujet « sun estre », verbe « ad seü » : introduit par
une subordonnée relative avec un adverbe de quantité.
• Vers 23 è Complément « e qu’», sujet « il » , verbe « ait » : introduit par une subordonnée
relative avec une conjonction de coordination.
• Vers 24 è Complément « si tost cum », sujet « il », verbe « l’avra beü » : introduit par une
subordonnée relative avec une conjonction de subordination
EIFFER Rosie L2 Lettres Modernes Groupe 1

4. Sujet + complément + verbe


• Vers 25 è Sujet « Le beivre », complément « ad en un vessel », verbe « mis »

5. LEXICOLOGIE
1. Étymologie
Vertu vient du latin virtus signifiant la force, le courage, et l’énergie morale.

2. Sens en AF
Le substantif vertu reste proche de ses sens latins. Au Xème siècle, il prend d’abord le sens physique de
« vigueur, énergie » à propos des entités animées humaines. Mais ce substantif a aussi, au sens
psychologique, moral ou religieux, une signification de « force morale, disposition à faire le bien ».
Généralement, et également « une qualité morale, disposition à accomplir telle ou telle catégorie
d’actes moraux » en particulier. Vertu, comme en latin, garde la signification de « vertu, qualités
distinctive de qqn ou qqc » comme les vertus d’une plante par exemple, ce sens implique celui
d’« efficacité, pouvoir »

3. Évolution jusqu’au FM
Vertu conserve ses valeurs physiques jusqu’au XVIIème siècle, et seulement ses significations morales
se développent encore après le Moyen Âge. Le sens de « qualité, pouvoir » reste dans un emploi
littéraire, ou comme dans la locution prépositive en vertu de.

4. Sens en contexte
Dans le texte, le mot vertu prend le sens du mot « qualités, pouvoir », càd que toutes les qualités citées
avant sont le « pouvoir » du breuvage s’il est ingéré.

Vous aimerez peut-être aussi