La réparation de l’incapacité temporaire de travail
En cas d’incapacité temporaire, la réparation s’effectue par le versement d’indemnités
journalières par la Caisse. En effet, en vertu des articles 71 et 72 combinés du Code de sécurité sociale, est due à la victime dès le lendemain de l’accident du travail ou de la première constatation médicale de la maladie professionnelle, une indemnité journalière égale à la moitié du salaire journalier jusqu’au 28ème jour. A partir du 29ème, le taux est porté aux deux tiers du salaire journalier. Cette indemnité due pendant toute la durée de l’incapacité, sans distinction de jours ouvrables ou non ouvrables, ne cesse qu’au jour de la guérison ou de la consolidation de la blessure. - La réparation de l’incapacité permanente de travail La consolidation marque le point de départ de la rente qui prend le relai des indemnités journalières. Le montant qui est dû à la victime est fixé à la suite de l’évaluation de l’incapacité représentée par le taux du déficit fonctionnel séquellaire. Celui-ci est corrigé par réduction de moitié pour la partie qui ne dépasse pas 50% et augmenté de moitié pour la partie dépassant 50%. Ensuite, le montant de la rente annuelle s’obtient par la multiplication de ce taux corrigé par le salaire annuel. Si l'incapacité totale oblige la victime, pour effectuer les actes ordinaires de la vie, à recourir à l'assistance d'une tierce personne, le montant de la rente est majoré de 40%. Chapitre 3 : La couverture du risque maladie La notion de maladie désigne la maladie de droit commun, c’est-à-dire la maladie dont on est affecté indépendamment du travail. Ce type de risque social est différemment pris en charge selon que la personne est agent fonctionnaire de l’Etat ou non. Section 1 : La couverture maladie des agents fonctionnaires de l’Etat La couverture du risque maladie au profit des fonctionnaires et de leurs familles est organisée par la Loi 61-33 du 15-06-1961 portant Statut général de la Fonction publique, du Décret n° 72-215 du 7 mars 1972 relatif à la Sécurité sociale des fonctionnaires modifié par le Décret n° 2006-1309 du 23 novembre 2006 et enfin, du Décret n° 2005-565 du 22 juin 2005 relatif aux évacuations sanitaires hors du territoire national. Font partie de la famille du fonctionnaire, le ou les conjoint (s), les enfants issus d’un mariage légalement constaté, les enfants dont la filiation naturelle est établie par reconnaissance volontaire ou par jugement et les enfants ayant fait l’objet d’une adoption conformément à la loi. § 1. La couverture des frais médicaux et d’hospitalisation Le fonctionnaire et tout membre de sa famille bénéficient d’une gratuité pour ce qui concerne les consultations et les soins médicaux administrés dans les centres médico- sociaux mais aussi dans les formations sanitaires. Cependant, s’il s’agit des hôpitaux, la prise en charge accordée par l’Etat n’est plus totale mais partielle. Celle-ci se fait, en effet, à hauteur de 80%, les 20% restants incombant au fonctionnaire. Cette règle est étendue aux agents non fonctionnaires de l’Etat et à leurs familles par le Décret n° 1331 du 23 novembre 2006 modifiant celui du 12 avril 1974 portant régime spécial applicable aux agents non fonctionnaires de l’Etat. Cette prise en charge partielle, avec les mêmes taux, est de rigueur en cas d’hospitalisation du fonctionnaire ou d’un membre de sa famille, peu importe que la formation sanitaire soit un hôpital ou non. Toutefois, sauf urgence, un billet d’hôpital doit être établi en faveur de l’intéressé préalablement à son admission. Même si le traitement doit se faire à l’étranger, sous réserve d’une autorisation prononcée par décision du Ministre chargé de la Fonction publique, les taux de prise en charge restent inchangés. Et ce, en application du Décret de 2005 qui est relatif aux évacuations sanitaires hors du territoire national. Il est important de souligner que l’Etat ne prend pas en charge les frais médicaux, ceux-ci sont intégralement supportés par le fonctionnaire. D’ailleurs c’est cet état de fait qui a justifié la création de la Mutuelle de santé des agents de l’Etat, fonctionnaires ou non, en Mai 2003. Mutuelle complémentaire à adhésion volontaire, elle assure le remboursement total des 20% des frais médicaux, représentant la partie non couverte par l’Etat et le remboursement partiel des frais pharmaceutiques. Toutefois le législateur a aménagé un régime spécial pour les gendarmes et les militaires des forces armées de terre, mer et air. En effet, à l’article 93 de la Loi n° 72-45 du 12 juin 1972 modifiant la Loi n° 67-42 du 30 juin 1967 portant Code des pensions militaires d’invalidité pose le principe de la gratuité des prestations médicales, chirurgicales et pharmaceutique nécessités par les infirmités dont ils sont atteints et donnant lieu à la pension d’invalidité qui leur est servie. Au même titre que ces divers soins, les frais de voyages éventuellement rendus nécessaires par leur état d’infirmité ainsi de rapatriement de corps en cas de décès sont entièrement pris en charge de l’Etat. § 2. Les congés pour cause de maladie assortis du maintien du traitement L’impossibilité d’exercer ses fonctions pour cause de maladie met d’office le fonctionnaire en congé. Lequel est dit congé de maladie ou congé de longue durée suivant les cas. Le congé de maladie qui est érigé en principe est accordé pour une durée qui ne peut dépasser trois mois. Sous réserve d’une demande, accompagnée d’un certificat médical établi par le médecin traitant, adressée à l’Administration par l’intermédiaire de sa hiérarchie, le congé peut faire l’objet d’une prorogation dans la limite maximale de trois mois. Durant les trois premiers mois, le fonctionnaire conserve l’intégralité de son traitement. Mais pour les trois mois qui suivent, il n’a plus droit qu’à son demi-traitement auquel s’ajoute tout de même l’intégralité de ses suppléments pour charge de famille. Dans le cas où il a totalisé six mois de congés de maladie sur une période de douze mois consécutifs, et sans être en état de reprendre son service, il est mis d’office en disponibilité pour une durée d’une année au maximum. Pendant six mois, il continue à percevoir la moitié de son traitement. A l’expiration de ce délai, il n’a plus droit qu’au suppléments pour charge de famille. Pour autant qu’il n’est pas rétabli, la disponibilité peut être renouvelée deux fois sans dépasser les limites de temps précitées. A leur expiration, soit il est réintégré soit admis d’office à la retraite. Le congé de longue durée pour ce qui le concerne, n’est pas seulement prévu pour le fonctionnaire victime d’un accident ou d’une maladie imputable au service ou à l’exercice des fonctions, il profite aussi, et d’office, au fonctionnaire atteint de l’une des maladies de droit commun expressément énumérées par le législateur. Sont visées, la tuberculose, la maladie mentale, le cancer, la poliomyélite, la lèpre, la trypanosomiase, la cardiopathie décomposée, la néphrite chronique hypertensive ou urénigène grave, les complications paralytiques graves et les affections nerveuses ou cérébro-méningées. Le congé de longue durée ne peut être accordé, pour rappel, pour une durée inférieure à trois mois ou supérieure à six mois. Sous réserve de ne pas dépasser une durée totale de cinq ans, la prorogation est possible autant de fois que de besoin, à condition d’en faire la demande à l’Administration un mois avant l’expiration du congé pris en considération. Pendant les trois premières années, le fonctionnaire malade conserve l’intégralité de son traitement. Cependant, le traitement est diminué de moitié pour les deux ans qui suivent. Après avoir bénéficié de la totalité des congés de longue durée et sans être apte à reprendre le service, le fonctionnaire est mis en disponibilité avec conservation de la moitié de son traitement pendant six mois. En cas d’inaptitude définitive, il est admis d’office à la retraite. Section 2 : La couverture maladie des travailleurs autres que les fonctionnaires La couverture du risque maladie au profit des travailleurs autres que les fonctionnaires, c’est- à-dire les travailleurs du secteur privé et les agents contractuels de l’Administration, est confiée aux Institutions de Prévoyance Maladies (I.P.M.). Celles-ci sont régies par la Loi n° 75-50 du 03 avril 1975 relative aux Institutions de prévoyances sociale, le Décret n° 2012-832 du 07 août 2012 portant organisation et fonctionnement des I.P.M. d’entreprises ou interentreprises, le Décret n° 2006-1310 du 23 novembre 2006 permettant à la femme salariée de prendre en charge son mari non salarié et l’Arrêté interministériel n° 002159du 18 février 2013 fixant les modèles types de statuts et de règlement intérieur des I.P.M. § 1. La création obligatoire des I.P.M. Aux termes de l’article 2 du Décret de 2012 portant organisation et fonctionnement des I.P.M. d’entreprises ou interentreprises, la création d’une I.P.M. propre est obligatoire dans toute entreprise comptant un effectif d’au moins 300 travailleurs. En plus des travailleurs permanents titulaires de C.D.D. ou de C.D.I., l’effectif de l’entreprise prend en compte les apprentis, les travailleurs engagés à l’essai, mais également ceux qui sont engagés ou rémunérés à l’heure ou à la journée sous réserve de totaliser un temps de travail équivalent à trois mois au cours de l’année, et enfin les travailleurs saisonniers revenant régulièrement dans l’entreprise et ayant, eux-aussi, à leur actif un temps global de trois mois consacré au service de l’entreprise dans l’année. Les entreprises dont l’effectif est inférieur à 300 travailleurs sont tenues de regrouper leurs effectifs pour atteindre le minimum légal requis au sein d’une I.P.M. interentreprises. A défaut, elles doivent adhérer à une I.P.M. déjà existante. Qu’il s’agisse d’une I.P.M. propre à une entreprise ou d’une I.P.M. interentreprises, les statuts et le règlement intérieur sont, avant le début des activités, soumis à l’approbation du Ministre chargé de la sécurité sociale. Les organes qui assurent le fonctionnement des I.P.M. sont d’abord le Collège des représentants. Investi des pouvoirs de l’Assemblée générale devant se réunir au moins deux fois dans l’année, il est composé d’une part, par les représentants des membres participants élus au scrutin secret par tous leurs pairs et d’autre part, par les représentants des membres adhérents désignés par les représentants des participants. Le mandat des membres du Collège, dont la mission est de se prononcer, en plus des matières portées à l’ordre du jour, sur le rapport annuel et le compte rendu de la gestion financière, est de six ans renouvelables. Ensuite, il y a le Conseil d’administration, chargé de l’exécution des décisions du Collège, et dont les membres sont désignés par celui-ci en son sein pour un mandat de trois ans renouvelables. Devant se réunir au moins une fois par trimestre et à chaque fois que de besoin, il délibère régulièrement à la majorité simple si les deux tiers de ses membres sont présents. A défaut d’atteindre ce quorum à la première convocation, la réunion est reportée au mois suivant avec un quorum qui est alors d’un-quart. Le troisième et dernier organe demeure le Bureau exécutif formé par des membres élus par le Conseil d’administration en son sein pour un mandat de deux ans renouvelables. Chargé de la gestion courante de l’I.PM., il est composé d’un gérant, d’un secrétaire général et d’un trésorier. Le gérant pouvant être choisi en dehors des membres participants et engagé en contrat de travail. § 2/ Les mission des I.P.M. Les I.P.M. ont pour mission de prendre partiellement en charge les frais médicaux, pharmaceutiques et d’hospitalisation engagés sur le territoire national. Les bénéficiaires de la prise en charge sont les travailleurs ou travailleuses, leurs conjointes ou conjoints non-salariés et leurs enfants, sous réserve de ne pas bénéficier d’avantages de quelque nature que ce soit provenant d’un autre régime ayant le même objet. Le taux de cette prise en charge partielle est défini par le règlement intérieur dans la limite d’une fourchette de 50% à 80% du coût des prestations qui ont été fournies. Les prestations partiellement prises en charge par chaque I.P.M. sont : - Les soins de médecine générale dispensés en dehors du médecin de l’institution ; - Les soins médicaux (honoraires) dispensés chez les médecins de l’institution ; - Les soins des médecins spécialistes sur prescription d’un médecin agréé par l’institution ; - Les analyses radios et médicaments prescrits par ordonnances médicales ; - Les hospitalisations chirurgicales ; - Les soins dentaires à l’exclusion des prothèses ; - L’optique médicale ; - Le transport aller d’un bénéficiaire pour l’hospitalisation demandée par le médecin traitant sur l’établissement hospitalier le plus proche du domicile du malade ; - L’accouchement de la bénéficiaire ; La prise en charge est en revanche facultative pour les soins suivants : - Les soins dentaires prothétiques ; - Les appareils orthopédiques ; - Les soins de massage ou kinésithérapie prescrits par un médecin ; - Les actes de radiologie coûteux telle que l’imagerie par résonance magnétique. A côté de cette série de soins, il faut noter les soins qui ne donnent pas lieu à une prise en charge par les I.P.M. Sont concernés : - Les médicaments, dits de confort, qui n’ont pas un caractère thérapeutique avéré ; - Les objets à usage médical comme les thermomètres et seringues ; - Les massages, les séances de rééducation, la diathermie ou l’hydrothérapie ; - La chirurgie esthétique ou de rajeunissement ; - Les opérations ayant pour but de remédier à une infirmité ou à une malformation congénitale sauf pour les enfants jusqu’à l’âge de 15 ans ; - Les soins de pédicure et de manucure, - La gymnastique corrective. § 3. La perte de la qualité de bénéficiaire et les ressources des I.P.M. La qualité de bénéficiaire se perd dans les cas de décès, démission, mise à la retraite du salarié ou de tout autre évènement ayant pour conséquence directe la cessation de ses services au profit de l’employeur adhérent. Le défaut de paiement de la cotisation pendant deux mois et imputable au salarié ainsi que sa radiation par l’I.P.M. sont également des causes de perte de la qualité de bénéficiaire. Les ressources des I.P.M permettent à celles-ci de fonctionner et d’assurer les prestations qui sont à leur charge en vertu des lois et règlements. Elles sont formées par les cotisations des salariés appelés membres participants, de celles des employeurs dits membres adhérents et des contributions des membres d’honneur, lesquels sont des personnes physiques ou morales qui apportent aux I.P.M. une contribution matérielle et un concours moral pour la réalisation de leurs buts. A ces cotisations et contributions, s’ajoutent les majorations de retard de cotisations, les produits des fonds placés, les dons et les legs. Le taux de cotisation qui doit être réparti égalitairement entre le membre participant et le membre adhérent est fixé par le règlement intérieur de l’I.P.M. dans la limite du taux maximal défini par l’arrêté conjoint du Ministre des finances et du Ministre chargé de la sécurité sociale. Celui-ci le fixe à 15% appliqué au salaire plafonné à 250.000 franc CFA. § 4. L’indemnité de maladie En cas de maladie, comme le dispose l’article L 70 du Code du travail, le contrat de travail est légalement suspendu pour une durée de six mois au maximum, c’est le cas lorsque la maladie rend l’employé inapte à fournir sa prestation de travail. Toutefois, la Convention Collective Nationale Interprofessionnelle (CCNI) du Sénégal prévoit en son article 86, qu’en cas de nécessité d’un traitement de longue durée, et compte tenu de l’ancienneté du travailleur, ce délai est prorogé. En effet, il est porté à huit mois pour l’ancienneté de sept à quinze ans, mais de dix mois, au-delà de quinze ans. La suspension du contrat de travail ne dispense pas l’employeur de payer le salaire. L’article L. 70 du Code du travail lui impose en effet de le payer à intervalles réguliers sous forme d’indemnité dont le montant va varier suivant la durée de cette suspension. Les modalités du versement de l’indemnité sont précisées par l’article 87 de la C.C.N.I., et ce dans les conditions suivantes : - Le travailleur dont l’ancienneté dans l’entreprise est inférieure à un an a droit à son plein salaire pendant le premier mois de son absence, et à la moitié pendant trois mois à partir du deuxième. - Le travailleur dont l’ancienneté est égale à une période comprise entre un et cinq ans a droit à son plein salaire pendant le premier mois de son absence, et à la moitié pendant quatre mois à compter du deuxième. - Le travailleur dont l’ancienneté est supérieure à cinq ans a droit à son plein salaire pendant les deux premiers mois de son absence, et à la moitié pendant cinq mois à partir du troisième. Enfin, précisons, en vertu de l’article 83 de la nouvelle Convention collective nationale interprofessionnelle, qu’en cas de décès du travailleur pendant que le contrat de travail est en cours, consécutivement ou non à une maladie, le salaire de présence, l’allocation de congé et les indemnités de toute nature déjà acquis reviennent de droit à ses héritiers. A ces sommes, s’ajoute, sous réserve d’une ancienneté d’au moins une année du travailleur avant son décès, l’employeur est débiteur vis-vis de ses héritiers d’une indemnité de licenciement qui lui serait revenue de droit en de rupture du contrat de travail. Chapitre 4 : La couverture du risque vieillesse Section 1 : La couverture du risque vieillesse Le risque vieillesse renvoie à la perte de la capacité de travail du fait du poids de l’âge qui est si avancé que la personne doit être mise à la retraite. Au Sénégal, comme dans la plupart des législations nationales, il existe une dualité de régime de retraite. L’un est institué pour les travailleurs du secteur privé (§ 1) et l’autre, pour les agents de la Fonction publique (§ 2). § 1. Le régime de retraite des travailleurs du secteur privé Le régime de retraite des travailleurs du secteur privé est du seul ressort de l’Institution de Prévoyance Retraite du Sénégal (IPRES). I- Statut juridique et fonctionnement de l’IPRES L’affiliation du travailleur à un régime de retraite est prévu par le Décret n° 75-455 du 24 Avril 1975 rendant obligatoire pour tous les employeurs et pour tous les travailleurs l’affiliation à un régime de retraite. Ce régime confié à l’IPRES, est étendu aux agents contractuels de l’Administration par la Loi 62-45 du 13 juin 1962 instituant un régime de retraite au profit des personnels non fonctionnaires de l’Etat, des collectivités locales, des établissements publics, des sociétés d’Etat et des sociétés d’économie mixte ainsi que son décret d’application du 22 juin 1962. L’IPRES est instituée en 1975, en remplacement de l’Institution de Prévoyance et de Retraite de l’Afrique Occidentale (I.P.R.A.O.), créée en 1958 et dont les gestions techniques et financières avaient été confiées à L’Association pour la Gestion des régimes d’Outre-Mer (A.G.R.O.M). Régie par la Loi 75-50 du 3 avril 1975 relative aux institutions de prévoyance sociale, l’IPRES est un organisme public de droit privé placé sous la tutelle technique du Ministère du Travail, du Dialogue social, des Organisations professionnelles et des relations avec les Institutions d’une part, et sous la tutelle financière du Ministère de l’Economie et des Finances d’autre part. Ayant débuté ses activités le 1er janvier 1976, elle est dotée d’une autonomie de gestion et d’organisation, mais aussi d’une personnalité morale chargée d’une mission de service public. Elle gère l’assurance-vieillesse des salariés du secteur privé, des gens de maison, des agents contractuels ou décisionnaires de l’Etat, des collectivités locales, des établissements publics, des sociétés d’Etat et des sociétés d’économie mixte. Sa mission consistant dès lors à servir une allocation aux anciens salariés ayant cotisé au moins un an, aux veufs, veuves et orphelins d’un salarié ou d’un retraité décédé. Mais aussi, sous certaines conditions, une pension de solidarité aux anciens salariés nés avant 1910 ayant cotisé moins d’un an ou n’ayant jamais cotisé. Deux régimes de retraite sont pris en charge par l’IPRES : le régime général et le régime complémentaire cadre. Le premier, qui fait l’objet de son Règlement intérieur n°1, s’applique à l’ensemble des travailleurs se trouvant dans son champ d’application, dont les cadres, les employés de maison et travailleurs occasionnels. Le second pour sa part, est exclusivement réservé aux cadres et organisé par son Règlement intérieur n° 2. Le mode de gestion technique de l’IPRES est basé sur un système de répartition qui est un mode de gestion assis sur la solidarité entre les générations actives de salariés et celle des retraités. Les contributions des premiers, pour leur permettre de s’ouvrir des droits pour leur future retraite, étant immédiatement utilisées pour financer les pensions des retraités. Son fonctionnement est assuré par divers organes. Au premier plan, nous avons le Collège des représentants. Il comprend 32 membres répartis à égalité entre les membres adhérents et les membres participants, élus par les organisations syndicales les plus représentatives de travailleurs pour les membres participants et d’employeurs pour les membres adhérents. Etant précisé que 4 sont réservés aux représentants des membres participants agents non fonctionnaires de l’Etat, des collectivités publiques et des établissements publics, mais également 4 sont réservés aux représentants de l’Etat employeur, désignés par le Premier Ministre. La durée du mandat des membres du collège des représentants est de quatre ans, débutant obligatoirement le 1er Janvier d’une année et s’achevant obligatoirement le 31 décembre de la quatrième année suivante. Le mandat est renouvelable. Le Collège des représentants se réunit en Assemblée Générale ordinaire pour se prononcer sur le rapport d’activité et les résultats de la gestion financière établis par le Conseil d’Administration, lequel en vertu des dispositions de l’article 5 de la loi n° 75-50 du 3 avril 1975 et des articles 2 et 14 du décret n°75-455 du 24 avril 1975, est l’organe chargé d’administrer l’institution. Il est composé de 22 membres, à raison de 11 Administrateurs pour chaque délégation, élus au scrutin secret et à la majorité simple par la délégation correspondante pour un mandat de deux ans renouvelable. En son sein, il élit tous les deux ans un Bureau à composition paritaire comprenant un président, trois vice-présidents, un secrétaire général, un secrétaire général adjoint et deux membres. Justement le Directeur de l’institution, dont la gestion courante lui incombe, est nommé ou révoqué par le Conseil sur proposition du Bureau. II- Conditions d’application à la personne du régime de retraite Il faut au préalable être membre adhérent, membre participant ou ayant droit. Est membre adhérent l’employeur et membre participant, le salarié. La qualité de membre adhérent se perd lorsque l’employeur a cessé définitivement d’employer du personnel salarié. La qualité de membre participant pour ce qui la concerne, se perd lorsque le travailleur a atteint l’âge d’admission à la retraite et a cessé d’exercer une activité salariée, ou en cas de décès. Ces précisions faites, pour relever du régime de retraite de l’IPRES, le travailleur doit se trouver dans l’une des situations suivantes : - Avoir 18 ans au moins et être resté en service au moins trente jours dans un établissement adhérent, de façon continue ou discontinue ; - Etre anciens travailleur d’un établissement adhérent admis au bénéfice de l’allocation pour avoir maintenu volontairement l’affiliation sous réserve d’être âgé de 40 ans au moins, d’avoir définitivement perdu son emploi salarié et d’avoir cotisé au régime général pendant 5 ans. III- Le financement et les prestations de l’IPRES 1- Le financement Le financement de l’IPRES est assuré par les cotisations salariales, les majorations de retard de cotisations, les produits de la gestion financière des réserves et éventuellement, les subventions, dons et legs. Elles lui permettent de servir les prestations dont elle a la charge et d’assurer son propre fonctionnement. Il convient de remarquer que les ressources de l’institution sont essentiellement alimentées par les cotisations des employeurs et employés. Lesquelles sont supportées à 60% par les premiers et 40% pour les seconds et sont assises sur les salaires bruts à l’exclusion des avantages ayant un caractère de remboursement de frais. Pour le régime général, le taux d’appel des cotisations est de 14% assis sur un plafond de salaire de 360.000 francs CFA et réparti entre l’employeur qui supporte les 8.4% et l’employé 5,6%. Pour le régime complémentaire cadre assis sur un salaire plafonné à 1.080.000 francs CFA, le taux est de 6% réparti entre l’employeur à qui revient les 3.6% et l’employé qui supporte les 2.4%. Les cotisations sont versées trimestriellement au plus tard le 10 du mois suivant la fin du trimestre écoulé pour les employeurs qui occupent moins de 20 salariés. En revanche, elles sont mensuellement payées au plus tard le 10 du mois suivant pour les employeurs utilisateurs de 20 salariés ou plus. Les cotisations qui ne sont pas versées dans les délais requis donnent lieu à une majoration de 5% par mois ou fraction de mois de retard jusqu’à concurrence d’un plafond annuel de 50% des sommes dues. Le travailleur indépendant pour sa part, qui s’affilie volontairement à l’IPRES, paye l’intégralité des cotisations, c’est-à-dire la part patronale et la part salariale et ce, à chaque trimestre. Cependant, rien ne s’oppose, s’il le désire, à ce qu’il les paye mensuellement. Le régime de retraite IPRES étant un régime en points, le montant de la pension à verser sera défini par le nombre de points de retraite accumulés par le salarié et qui sont calculés sur le taux de cotisation contractuel. La valeur d’achat du point étant fixée chaque année par le Conseil d’administration de l’institution. 2- Les prestations de l’IPRES Les unes sont en espèces et les autres, en nature. a) Les prestations en espèces Elles peuvent revêtir différentes formes. - La pension de retraite Pour obtenir une pension de retraite, il faut, en principe, être âgé d’au moins 60 ans, avoir cessé toute activité salariée et comptabiliser au moins le nombre de points qui y ouvrent droit. - L’allocation de réversion Elle peut être servie au veuf ou veuve et à l’enfant orphelin du retraité. Représentant 50% des droits du retraité, elle est servie à sa veuve à partir de 50 ans ou 45 ans avec un coefficient d’anticipation. En revanche, si au décès du mari elle a au moins deux enfants à charge de moins de 21 ans, elle est servie sans conditions d’âge. Le service de l’allocation est suspendu dès que l’enfant cesse d’être à charge ou atteint 21 ans et peut reprendre lorsque la veuve atteint l’âge de 50 ans. En cas de pluralité d’épouses au jour du décès du participant, l’allocation leur est servie au prorata. Pour le veuf, l’allocation est versée à partir de 55 ans. Toutefois, si au moment du décès de la participante, le veuf était atteint d’une invalidité entraînant une inaptitude au travail et était à sa charge, l’allocation peut être servie à l’âge de 53 ans. Pour l’orphelin, la pension est de 20% des droits du retraité décédé jusqu’à cinq enfants. S’il y en a plus, les droits sont répartis au prorata. L’orphelin de père et de mère bénéficie de la pension la plus élevée. - L’allocation de solidarité Fixée forfaitairement par l’institution, elle est réservée d’une part, aux anciens salariés nés avant 1910 ayant justifié de dix ans d’activité au moins et ayant ou non cotisé pendant un mois au moins et d’autre part, à ceux qui sont nés avant 1922 ayant justifié d’une activité salariée d’au moins cinq ans et ayant ou non cotisé pendant un an au moins. - Le fonds social Un fonds social est créé à l’IPRES pour secourir de façon exceptionnelle la personne confrontée à des difficultés particulières. Peut en bénéficier, le participant encore actif ou le retraité ou bien le bénéficiaire d’une pension de réversion inférieure au planché fixé par le Conseil d’administration. b) Les prestations en nature L’IPRES a défini un programme d’action sanitaire et sociale en assurant aux titulaires de pensions et à leurs familles la prise en charge des soins de base dans les structures sanitaires. A cet effet, elle dispose d’un centre médico-social doté d’antennes régionales et servant les prestations suivantes : la médecine générale, l’ophtalmologie, la kinésithérapie, la pharmacie et la chirurgie dentaire. § 2. Le régime de retraite des agents fonctionnaires de l’Etat C’est la Loi n° 64-24 du 27 janvier 1964 qui a institué, au Sénégal, le premier régime général des pensions civiles et militaires. Entre les années 1966 et 1974, elle est successivement modifiée à travers six lois rectificatives et la dernière est intervenue le 18 juillet 1974. A un moment donné, le législateur sénégalais a senti le besoin de fusionner l’ensemble de ces textes de loi avec celui de 1964 pour en faire un texte unique aisé à consulter. C’est ainsi qu’a été adoptée à la date du 10 juillet 1981 la Loi n° 81-52 du 10 juillet 1981 portant Code des Pensions civiles et militaires de Retraite du Sénégal. Celle-ci, qui est actuellement en vigueur et applicable aux fonctionnaires et à leurs familles, a toutefois subi une modification en quelques une de ses dispositions par la Loi n° 2002-08 du 22 février 2002. I- Le champ d’application du Code des pensions civiles et militaires Pour être éligible au bénéfice des dispositions du Code des pensions civiles et militaires, il faut appartenir à l’une des catégories de personnes suivantes : - Les agents de la Fonction publique et les agents de la Régie des chemins de fer relevant de l’ancien statut de régies ferroviaire d’outre-mer ; - Les magistrats des Cours et Tribunaux ainsi qu’aux inspecteurs généraux d’Etat ; - Les personnels relevant du corps en voie d’extinction des sapeurs-pompiers ainsi qu’aux personnels des corps militarisés de la Douane, de la Police, de l’Administration pénitentiaire, du Service national de l’Hygiène et des Parcs nationaux ; - Le personnel titulaire de l’enseignement ; - Le personnel militaire des Forces armées et du corps national des sapeurs-pompiers possédant le statut de militaire de carrière ; - Les veuves et orphelins des catégories ci-dessus. II- Les conditions du bénéfice du régime de retraite des fonctionnaires D’abord, il faut préciser que l’admission à la retraite ne peut être prononcée que par l’autorité qui a qualité à nommer l’intéressé, et ce à la demande de ce dernier ou d’office. En outre, il faut relever que les conditions d’âge et d’années de service effectif doivent être remplies. En effet, l’article 4 de la Loi du 22 février 2002 modifiant celle de 1981 portant Code des pensions civiles et militaires dispose que le fonctionnaire doit être âgé de soixante ans et avoir totalisé trente années de service effectif. Cependant, pour les fonctionnaires dont les emplois présentent un risque particulier ou une fatigue exceptionnelle, le nombre d’années de service requis est de vingt-cinq. De même, par dérogation, la limite d’âge est ramenée à cinquante-deux ans pour certains corps militarisés comme ceux de l’Administration pénitentiaire, du Service national de l’Hygiène et des parcs nationaux, les années de service étant au nombre de vingt-cinq. Par ailleurs, compte tenu de la situation particulière du fonctionnaire, l’âge limite exigé de ce dernier peut être réduit sans que cela lui soit imposé à moins d’être hors d’état de continuer à exercer ses fonctions. La femme fonctionnaire a droit à une réduction d’une année par enfant régulièrement déclaré à l’état civil, le fonctionnaire civil bénéficie également d’une année en moins pour chaque période de trois ans de service effectué hors du Sénégal et donnant lieu à une bonification. Quant à l’ancien combattant, il bénéficie d’une réduction d’un temps égal à la moitié des périodes ouvrant droit au bénéfice de campagne double au cours d’une guerre Enfin, plutôt que l’âge soit avancé, il peut exceptionnellement être reculé, si l’intéressé le désire, à raison d’un an par enfant à charge sans dépasser trois ans. Il en est de même pour le fonctionnaire qui, au moment de ses cinquante ans, est pères de trois enfant vivants. Toute mise à la retraite opérée dans ces conditions ouvre ainsi droit à une pension dite d’ancienneté. En revanche, si elle est opérée avant les âge et durée de service requis, la pension est appelée pension proportionnelle. Est concerné, le fonctionnaire ayant atteint l’âge de la retraite sans avoir satisfait à la durée de service, ou ayant accompli au moins quinze années de service ou encore mis à la retraite pour cause d’invalidité sans condition d’âge ni de durée de service, pour cause d’une maladie ou accident imputable au servie ou à l’exercice des fonctions par exemple. III– Les prestations servies En plus de bénéficier des mêmes avantages médico-sanitaires que les fonctionnaires en activité, le fonctionnaire admis à la retraite à droit à une pension de retraite. La pension servie au fonctionnaire mis à la retraite ou à ses ayants-droit est directement assurée par l’Etat à travers un compte spécial ouvert au Trésor Public et appelé Fonds National de Retraite (F.N.R.). Ce fonds est alimenté par les cotisation mensuelles des fonctionnaires et de l’Etat fixées respectivement à 10% et 20% de leur traitement indiciaire. - La pension d’ancienneté et la pension proportionnelle La pension d’ancienneté est la pension servie au fonctionnaire qui a rempli les conditions d’âge et durée de servie. Basée sur le dernier traitement, elle est calculée sur une durée équivalente à 37 années et 6 mois au maximum. Cependant, avec les reculs d’années éventuellement consentis au fonctionnaire, cette durée peut être portée à 40 années. Elle peut faire l’objet d’une majoration de 10% par enfant, de sa naissance à ses 10 ans. Au-delà de cet âge, la majoration est réduite à 5%. Mais en tout état de cause, le montant principal avec les majorations ne peut excéder les émoluments de base, c’est-à-dire le dernier traitement soumis à cotisation avant l’admission à la retraite. Quant à la pension proportionnelle, elle est calculée proportionnellement aux périodes de service accompli qui ne peut correspondre qu’à 25 annuités au maximum. Qu’elle soit d’ancienneté ou proportionnelle, la pension est payée mensuellement et à terme échu. - La pension de survivant La pension de survivant est égale à la moitié de la pension à laquelle le conjoint décédé avait droit ou aurait eu droit s’il avait été admis à la retraite. Du moment que la pension de survivant est soumise à des conditions de ressources assez restrictives, peu de veufs sont éligibles à une pension de réversion. Mais pour les veuves, aucune condition de ressources n’est exigée. Une veuve dont le mari bénéficiait ou aurait bénéficié d’une pension d’ancienneté a droit à la pension de réversion si le mariage a duré six ans au moins avant le décès, l’entrée en jouissance de la pension n’intervenant tout de même qu’à l’âge de 45 ans, mais plus 50 ans comme avant. Toutefois, l’entrée en jouissance est immédiate lorsqu’au moment du décès du mari, un ou plusieurs enfants étaient déjà issus du mariage mais à condition que celui-ci ait duré au moins trois ans. En cas de polygamie, la pension est partagée égalitairement au prorata du nombre des épouses. Le même droit est reconnu à la femme séparée de corps avant le décès du mari. - La pension d’orphelin L’enfant orphelin a droit à une pension à hauteur de 10% de la pension de retraite de son défunt parent jusqu’à l’âge de 21 ans, s’il est atteint d’une infirmité le rendant inapte à exercer une activité professionnelle. Est visé, l’enfant légitime issu du mariage contracté, reconnu à sa conception ou adopté conformément à la loi.