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DOSSIER

Lumières
La vision est un
processus très
complexe nécessitant
et enfance
la participation, outre
des yeux, celle aussi
du cerveau…
sans oublier le
communicant nerf
optique, le tout
représentant le
système visuel.
Considérée comme
le plus important
des cinq sens,
on estime que
les quatre cinquièmes
de ce que nous
apprenons sont
transmis au cerveau
par l’intermédiaire
des yeux.

La Commission européenne vient de lancer, auprès de milliers d’écoles


primaires et secondaires, un concours visant à encourager des pratiques moins
voraces en énergie. Dans ce contexte, importe la bonne maîtrise de la lumière,
essentielle pour la vision de l’enfant en pleine croissance, les problèmes de vue
pouvant générer d’importantes conséquences médicales et sociales : retard
dans l’apprentissage de la lecture ; isolement… Quand on sait qu’un petit
Français de moins de 5 ans sur six (soit 620 000 enfants) présente des
problèmes de vision, on mesure encore plus l’importance d’un « bon » éclairage
dans son environnement quotidien, tant à son domicile qu’à la crèche et à
l’école. De bonnes conditions d’éclairage naturel et artificiel sont indispensables
pour assurer un bon confort visuel et l’accomplissement des différentes
activités de l’enfant sans endommager son système visuel.
L’objectif de ce dossier vise à en rappeler les bonnes pratiques associant
lumières naturelle et artificielle.
© CÉCILE SEPTET

DOSSIER RÉALISÉ PAR JACQUES DARMON


© LEGRAND

20 LUX N° 259 S E P T E M B R E / O C TO B R E 2 0 1 0
DOSSSIER
CLAUDE GRONFIER (INSERM)
« Les effets chronobiologiques
chez l’enfant restent à étudier »
Chaque année, l’AFE et son comité scientifique, le CIE France, décernent le prix Alfred Monnier.
Cette année, il est revenu à Claude Gronfier (voir p.7), chercheur au sein du département
de chronobiologie de l’unité Inserm 846 à Bron. Parmi ses travaux, il s’emploie à étudier
le développement de nouvelles stratégies d’utilisation de la lumière pour le traitement
des troubles chronobiologiques. Qu’en est-il chez l’enfant ?

© AFE
LUX • COMMENT ÉVOLUENT LES CHRONO- sommeil exclusivement nocturne, vers 5 ans, Claude Gronfier nous rappelle ce qu’est un rythme
RYTHMES DE L’ENFANT DANS LE VENTRE puis le développement d’un sommeil mature biologique : « Il s’agit d’une suite de modifications
DE LA MÈRE ET COMMENT EST ASSOCIÉ vers 10-12 ans. physiologiques de différentes variables telles que la
SON RYTHME CIRCADIEN AVEC ELLE ? Les durées de sommeil évoluent en moyenne concentration de certaines hormones dans le sang
CLAUDE GRONFIER • In utero, le fœtus est calé entre 20h chez le nouveau-né, 12-13h chez (cortisol ou mélatonine, par exemple). Les rythmes
sur le rythme biologique de sa mère, par des l’enfant de 5 ans, et 10h chez l’adolescent. sont appelés circadiens (du latin circa diem ; environ
mécanismes mal connus qui pourraient impli- Chez l’adulte, il s’élève en moyenne à 8h. Ces un jour) si leur période s’étend sur une durée
quer la mélatonine, hormone secrétée la nuit, chiffres sont des moyennes, il existe à tous les d’environ 24 heures. »
qui jouerait un rôle de signal jour-nuit. âges des petits et grands dormeurs.
Avec le vieillissement, le sommeil se modifie.
LUX • COMMENT LE RYTHME CIRCADIEN SE Il se fragmente progressivement (plus d’éveils giques chez l’individu âgé. Une quantité de
MET-IL EN PLACE CHEZ L’ENFANT ET COMMENT durant la nuit), sa position dans les 24 heures lumière moindre et un spectre modifié pour-
ÉVOLUE-T-IL TOUT AU LONG DE LA VIE ? peut être avancée (sommeil plus précoce dans raient être responsables d’une moins bonne
C. G. • À la naissance, le nouveau-né perd le la journée) et les siestes peuvent apparaître. synchronisation de l’horloge biologique et un
signal et la rythmicité circadienne maternels, Le sommeil est aussi souvent ressenti comme sommeil de moins bonne qualité chez le sujet
son sommeil devenant ultradien (plusieurs moins récupérateur. âgé. L’enquête de l’Institut national du
cycles par 24h). Il faut entre 2 et 5 mois pour sommeil et de la vigilance (INSV), réalisée par
que le système circadien du bébé soit opéra- LUX • QUELLE EST L’INCIDENCE DE LA BVA Healthcare en 2010, indique que le
tionnel et puisse être synchronisé aux 24h par LUMIÈRE DANS CETTE ÉVOLUTION ? temps passé à l’extérieur, à la lumière,
la lumière, en permettant ainsi au nouveau-né C. G. • L’incidence du niveau d’exposition à la diminue avec l’âge et que 23,5% des
(et à ses parents) de faire ses nuits ! lumière sur l’évolution de la structure du personnes de plus de 50 ans atteintes d’in-
Après la mise en place des nuits, vers 5-6 mois, sommeil avec l’âge n’est pas connue. Nous somnie passent moins d’une heure à la
le sommeil se modifie progressivement avec la étudions dans notre laboratoire le rôle de la lumière du jour.
disparition des siestes et l’arrivée d’un lumière dans la régulation des rythmes biolo-
LUX • CONCERNANT LA RÉGULATION DU
RYTHME CIRCADIEN CHEZ L’ENFANT, JUSQU’À
10 ANS, QUELLES RECOMMANDATIONS PRES-
Le rôle de la lumière sur les rythmes « veille-sommeil » CRIVEZ-VOUS VIS-À-VIS DE L’ÉCLAIRAGE AU
DOMICILE, À LA CRÈCHE, À L’ÉCOLE ?
De nombreux travaux ont montré comment la lumière du jour C. G. • Il convient de minimiser les niveaux
© C. GRANDJOUAN

intervenait dans la resynchronisation de l’horloge biologique et d’éclairement en soirée (avant le coucher) afin
l’amélioration de la qualité du sommeil, la sensibilité de cette de permettre l’installation du sommeil, d’éviter
« horloge » à la lumière dépendant de l’intensité, de la durée, la présence dans la chambre d’objets de type
de l’heure, du mode d’exposition lumineuse et de la longueur téléphone, console de jeu et télévision et de
d’onde de la lumière. créer une obscurité complète pendant la nuit.
Par ailleurs, le rythme circadien de la mélatonine Il n’existe pas encore de recommandations
(ou « hormone de la nuit ») est directement contrôlé par consensuelles émises par la communauté
l’horloge biologique. Sa sécrétion est inhibée par la scientifique internationale portant sur les
stimulation lumineuse et sa libération s’effectue en l’absence niveaux d’éclairage à apporter dans les
de cette stimulation. La mélatonine est ainsi impliquée, crèches et à l’école concernant les effets
en tant que signal, dans la régulation des fonctions chronobiologiques (sommeil, rythmes,
physiologiques et notamment dans la stabilisation des rythmes cognition). Des études scientifiques appro-
biologiques. priées doivent être menées afin de répondre
à la question. n

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En direct de
DOSSIER
L’AFE
CROISSANCE ET VISION
CLAUDE SPEEG-SCHATZ, CHRU STRASBOURG
Dès 4 ans,
la vue est mature Les recommandations d’une
La lumière, vecteur de l’information et
régulatrice des fonctions vitales au quotidien, ophtalmologue-pédiatre
joue un rôle essentiel pour réaliser notre
adaptation à l’environnement, les fonctions Intervenue lors des JNL 2008, organisées à Toulouse(1),
hormonales de la mélanopsine et de la
Claude Speeg-Schatz, professeur d’ophtalmologie
mélatonine rythmant nos activités diurnes et
nocturnes. Dans ce contexte, et au regard de pédiatrique au CHRU de Strasbourg, ne cache pas sa
la complexité de notre système neuro-visuel, préférence pour la lumière naturelle. Mais la lumière
de bonnes pratiques de l’éclairage doivent
être appliquées pour rétablir les artificielle s’imposant au cours de la journée, il convient
performances de la lumière naturelle en cas de bien l’utiliser car son impact est influent
d’insuffisance ou d’absence de cette
sur l’œil dès l’enfance. Elle s’en explique, en
dernière… tout en relevant les défis du
développement durable. regrettant que sa formation initiale, spécialisée
La structure de l’œil commence à se mettre en place dans la prise en charge des maladies du
bien avant la naissance. C’est en effet dans le ventre
de la mère que, déjà, s’établissent les connexions système visuel, ne lui ait pas donné
nerveuses entre la rétine et le cerveau, le circuit

© DR
nerveux optique de l’enfant se construisant jusqu’à suffisamment de connaissances en éclairage !
l’âge de 18 mois.
« Claude Speeg-Shatz ne cache pas sa préférence

L
La progression de la vue de l’enfant passe par es trois premiers mois de l’embryo-
génèse sont essentiels pour la pour la lumière naturelle à condition de se protéger
plusieurs paliers principaux : de son éblouissement.
• 1 semaine. Le nourrisson voit le monde en noir formation de l’œil », commente le
et blanc, et son acuité visuelle(1) est assez faible. professeur Claude Speeg-Schatz, en scolarité et lors de différentes occupations
Bébé voit flou et a du mal à évaluer rappelant que, déjà dans le ventre de sa effectuées sur écran, devenues courantes dès
les distances. mère, l’enfant est sensible à la lumière. le plus jeune âge ». Et de rappeler que cette
• 2 mois. L’acuité visuelle s’élève à 1/20e et Déjà, à ce stade de la vie, le sens relationnel mauvaise utilisation de la lumière artificielle,
le champ visuel est de 60°. L’enfant distingue le vert induit par la lumière témoigne d’un de ses tout comme la mauvaise maîtrise de la lumière
et le rouge. Il peut faire des spasmes de convergence aspects positifs sans, a contrario, en perce- naturelle, entraîne fatigue visuelle et risque de
intermittents en raison d’une accommodation encore voir les possibles méfaits pouvant s’avérer décompensation de troubles oculomoteurs
immature. À noter qu’un strabisme constant est « agressifs » tout au long de la formation du latents (tendance à loucher compensée par de
toujours anormal. système visuel, l’œil en étant le capteur. bonnes conditions d’éclairage). Autant de
• 4 mois. L’acuité visuelle atteint maintenant 2,5/10e méfaits qui, à plus long terme, peuvent avoir
et le champ visuel est de 110°. L’enfant perçoit les Influence comportementale des répercussions sur le comportement
petits objets situés à distance raisonnable de lui. « L’idéal, c’est la lumière naturelle ! », consi- psychique de l’individu et sur son attention. n
• de 6 mois à 1 an, son acuité passe à 4/10e et son dère-t-elle, en ajoutant que « l’indispensable (1) Voir dans Lux n°251, de janvier-février 2009, le
champ visuel est de 180°. Bébé voit désormais toutes lumière artificielle, si elle est mal utilisée, pourra cahier technique « Environnement lumineux et santé
les couleurs. L’élargissement progressif de son rendre difficile la vie quotidienne lors de la visuelle de l’enfant ».
champ de vision et l’apprentissage de la marche
lui permettent de mieux apprécier les espaces. Témoignage d’une institutrice
• de 1 à 4 ans, l’acuité continue de s’affiner. « La lumière influence le comportement des enfants »
Dès 4 ans, la plupart des enfants ont une vue
pleinement mature (10/10e) et ils disposent « Durant l’ensemble de ma carrière le comportement des enfants. Par - l’éclairage au-dessus des tableaux
d’une vision quasi identique à celle de l’adulte. d’institutrice en école maternelle, exemple : sollicite l’attention, y compris des
• à 15 ans, l’acuité atteint son maximum avec j’ai toujours essayé d’embellir mes - Les baies vitrées offrent une enfants situés au fond de la classe ;
14/10e. L’adolescent est au summum de ses classes. Malheureusement, au lumière naturelle indispensable, - l’éclairage fluorescent est trop
capacités visuelles et possède sa vue d’adulte. niveau de l’éclairage, je ne pouvais mais les stores de couleurs trop uniforme. Il conviendrait d’adapter
On comprend que, durant ces différentes étapes pas faire grand-chose ». C.G. a vives créent une lumière la lumière au type d’activité et à
de croissance, importe une lumière de qualité, enseigné 35 ans dans la région “agressive” mal acceptée ; l’âge de l’enfant.
tant naturelle qu’artificielle. n nantaise, en privilégiant le bien- - Pour favoriser l’endormissement Un voyage à Delft, avec l’Ecole
être des enfants, essentiel pour des enfants au moment de la sieste, nationale supérieure d’architecture
(1) Rappelons que ce terme désigne l’aptitude à voir bien apprendre. il convient de pouvoir moduler la de Nantes (ENSAN), lui a d’ailleurs
des détails très fins. L’institutrice a plusieurs fois lumière jusqu’au noir complet selon permis de valider ses perceptions
mesuré l’influence de la lumière sur les activités (sieste, relaxation) ; auprès des références néerlandaises.

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DOSSIER

ÉCLAIRAGE ET VISION
Éviter la fatigue visuelle
Par confort visuel, on entend les conditions d’éclairage nécessaires pour accomplir
une tâche déterminée (la performance visuelle) sans entraîner de gêne pour l’œil.
Chez les enfants, si l’éclairage ne suffit pas, à lui seul, à gommer les difficultés
scolaires, sa qualité induit des performances améliorées. Pour ce faire il faut
se conformer aux exigences de la norme NF EN 12464-1 afin d’éviter la fatigue

© FOTOLIA - RÉMI LEBLOND


visuelle rendant difficile la lecture et l’écriture et pouvant influencer négativement
la réussite scolaire, voire à terme le comportement des enfants.

TOURS

T
rois critères principaux guident l’activité (température de couleur À SUIVRE…
le confort visuel, en sachant et indice de rendu des couleurs) ; Un usage modéré des écrans informatiques, qui sollicitent
que, pour être optimal, l’œil - la gêne d’éblouissement. la vision de près et l’accommodation, est recommandé, les
doit accommoder… d’au- Le confort visuel nécessite une écrans LCD apportant un meilleur confort visuel. La fatigue
tant mieux qu’il est jeune : bonne qualité de la lumière émise visuelle par le travail sur écran est classique, souvent
- le niveau d’éclairement sur la par la source, une uniformité de majorée par un défaut visuel mal corrigé et par
27-28/09/10
tâche visuelle ; l’éclairement et un équilibre des l’éblouissement, la durée d’exposition nécessitant une
- la qualité de la lumière adaptée luminances pour éviter les autodiscipline des pauses et le recours à des larmes
au niveau d’éclairement et à éblouissements. « Cet éclairage artificielles.

Nombreuses contraintes Antenne mal perçue par les riverains si trop


Fiabilité inférieure (réseau, apparente
connectique, harmonique) Coûts élevés
Maillage complexe

S E P T E M B R E / O C TO B R E 2 0 1 0 LUX N° 259 23
DOSSIER
ÉCLAIRAGE ET VISION
Éviter la fatigue visuelle (suite)

devra donc être conçu dès le plus jeune


âge », conseille Bernard Duval, délégué TYPE DE TÂCHE ÉCLAIREMENT UNIFORMITÉ LIMITATION INDICE DE RENDU
général de l’AFE. OU D’ACTIVITÉ MOYEN À U0 ÉBLOUISSEMENT DES COULEURS
Par un choix judicieux de l’éclairage (direct MAINTENIR, EN LUX UGR Ra
ou direct-indirect), on évitera la fatigue Salle de jeux 300 0,6 19 80
visuelle et les affections de la vue par la Crèche 300 0,6 19 80
priorité donnée à la lumière naturelle, le Salle de travaux manuels 300 0,6 19 80
contrôle de l’éblouissement et un bon équi- Salle de classe primaire
libre des luminances dans la salle de classe 300 0,6 19 80
et secondaire
(avec un rapport entre deux luminances Salle de classe – 500 0,6 19 80
voisines inférieur à 50). cours du soir et d’adultes
L’éblouissement peut être direct (luminance Salle de conférences 500 0,6 19 80
trop élevée ou un fond trop sombre) et indi- Tableau noir 500 0,7 19 80
rect. La réflexion de sources lumineuses sur Salle de dessin industriel 750 0,7 16 80
les surfaces brillantes du pupitre ou du Salle de travaux manuels 500 0,6 19 80
tableau peut amoindrir la perception Salle informatique 300 0,6 19 80
visuelle, entraîner une fatigue et une sensa- Laboratoire de langues 300 0,6 19 80
tion d’inconfort. « Il faut utiliser les surfaces Hall d’entrée 200 0,4 22 80
mates à l’endroit de la tâche, des plafonds
Circulation, couloir 100 0,4 25 80
à luminance élevée et faire un choix judi-
Escaliers 150 0,4 25 80
cieux de la couleur », poursuit Bernard
Salle des professeurs 300 0,6 19 80
Duval.
Ainsi, pour améliorer la lecture, les matières Bibliothèque, 500 0,6 19 80
salle de lecture
doivent être non ou peu réfléchissantes
Hall de sport, gymnase, 300 0,6 22 80
pour les livres (idéalement en papier blanc) piscine – NF EN 12193
tandis que les tableaux doivent être clairs et Cantine scolaire 200 0,4 22 80
non brillants pour éviter un contraste de Cuisine 500 0,6 22 80
luminance excessif.
En outre, il faudra :
- éliminer les ombres portées ; Critères d’exigences pour l’éclairage des locaux scolaires fixés par la norme NF EN 12464-1. À noter que
- assurer la position correcte du corps, en le niveau d’éclairement moyen à maintenir doit obligatoirement pouvoir être atteint quel que soit l’âge
évitant des mouvements pour mieux voir ; de l’installation (ce qui implique de surdimensionner les installations afin de tenir compte de la chute du
- améliorer l’ergonomie de la tâche visuelle flux lumineux et de l’empoussièrement. Quant à l’évaluation de l’éblouissement d’inconfort, elle doit être
(latéralisation de la main, position du doigt déterminée en utilisant la méthode tabulaire d’évaluation du taux d’éblouissement unifié (UGR) de la
sur le crayon, etc.). n Commission internationale de l’éclairage.

INITIATIVE BAVAROISE
« Voll in form » (en pleine forme). Tel est le nom donné à une initiative bavaroise visant à témoigner, entre autres, de l’efficacité de l’exploitation de la

« En pleine lumière du jour. Elle a notamment confirmé que beaucoup d’exercice et un grand apport de lumière du jour améliore nettement la santé, la sportivité,
la capacité de concentration ainsi que le climat scolaire et d’étude.
L’exemple de la rénovation du lycée de Southofen, en Bavière, prouve ainsi qu’en utilisant intelligemment la lumière du jour, il est possible de réduire
forme » la consommation énergétique de l’éclairage à 6,53 kWh/m2/an (contre 13,7 kWh/m2/an avant la rénovation).
Le « film » ci-contre, « produit » par Zumtobel, est explicite.

AVANT APRÈS
© ZUMTOBEL

24 LUX N° 259 S E P T E M B R E / O C TO B R E 2 0 1 0
DOSSIER

OPÉRATION « QELE » EN RHÔNE-ALPES


Tester et observer en situation réelle
Seize millions de jeunes passent en moyenne cinq jours par semaine et huit mois par an dans les locaux scolaires.
La moitié d’entre eux souffre de lombalgie et 60 % des informations recueillies lors des cours passent par l’œil.
Pour améliorer les conditions de travail des élèves et celles du personnel enseignant dans les locaux scolaires, le conseil régional
Rhône-Alpes a conduit, il y a déjà 5 ans, un programme de recherche unique en Europe. Portant le nom de QELE (Qualité environnementale
dans les locaux d’enseignement), ce programme fait aujourd’hui référence, notamment auprès de Véronique Richalet, responsable
de l’unité technique et patrimoine à la région Rhône-Alpes.

’ - les contrastes sont trop importants entre les

L
objectif du programme QELE ? et soumettre ces différentes configurations à
Déterminer le plus précisément un panel d’utilisateurs. » Dès le printemps murs, le tableau, les tables et les éventuels
possible l’impact des différents para- 2005, près de 800 personnes (élèves, profes- écrans, pour suivre un cours et prendre des
mètres (lumière, peinture, mobilier, seurs, architectes, maîtres d’ouvrage…) ont notes ;
acoustique, ventilation…) sur la santé, le testé les ambiances expérimentales. En - un soleil arrivant sur l’œil, même de côté,
confort, la sécurité et la performance des octobre 2005, ont été présentés les travaux amène une lumière parasite sur la rétine.
élèves, les études ayant été menées en parte- réalisés à plus de 450 professionnels et Ces contraintes s’ajoutent au rayonnement
nariat avec Ingelux, société de valorisation du donneurs d’ordre. thermique direct sur les personnes ainsi qu’au
Laboratoire des sciences de l’habitat de Les résultats du projet se sont révélés satis- problème de surchauffe d’été et de mi-saison
l’ENTPE(1), la ville de Lyon, le conseil général faisants puisqu’il a été démontré que des dans les salles.
de Savoie, l’Inserm(2), l’Ademe et de plusieurs solutions innovantes d’éclairage, associées à Les protections doivent donc protéger du
partenaires industriels. des protections solaires, permettent d’amé- soleil direct tout en permettant de bénéficier
« Nous avons tout d’abord recensé les diffé- liorer le confort visuel des élèves et de faire de la lumière naturelle. Sinon, une fois les
rents usages des locaux scolaires, explique chuter la puissance consommée énergétique baies vitrées totalement occultées, l’éclai-
Laurent Escaffre, ingénieur et architecte de 15 W/m2 à 7 W/m2, soit une économie de rage artificiel s’allume en occasionnant des
d’Ingelux. Ensuite, deux classes, véritables labo- plus de 50 %. consommations supplémentaires non justi-
ratoires grandeur nature, ont été construites fiées et des apports thermiques internes
dans les locaux du MAT’électrique(3). Nous D’abord, se protéger du soleil équivalant à la présence de 7 personnes en
voulions disposer d’un espace proche de la Sans protection adaptée, l’exposition au soleil plus dans la classe.
réalité avec la possibilité de moduler indépen- de l’intérieur des salles et des occupants est En outre, les protections solaires doivent
damment l’éclairage, le chauffage, l’isolation intenable pour deux raisons principales : protéger tout en permettant de conserver la

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DOSSIER
OPÉRATION « QELE » EN RHÔNE-ALPES
Tester et observer en situation réelle Trois cas de figure se présentent :
- luminaires près des fenêtres : il existe un
gros potentiel d’économies d’énergie (jusqu’à
75 %), quel que soit le niveau de lumière
minimal fixé (300 à 500 lux). Sont conseillées
les technologies d’asservissement permettant
une gradation des sources jusqu’à 1 % de leur
flux, voire une coupure complète, plutôt
qu’une gradation limitée à 50 % du flux diffi-
cile à justifier en terme de retour sur investis-
sement ;
- partie de la classe désavantagée en lumière
naturelle : dans les classes éclairées unique-
ment par une façade, les niveaux en fond de
pièce sont faibles : de jour, les luminaires ne
peuvent donc être dans le même état que
ceux situés près des fenêtres. Dans cette
partie, en effet, le besoin d’allumage est
quasiment nécessaire de façon permanente.
En ce qui concerne une éventuelle gestion des
apports de lumière naturelle au point lumi-
neux, les gains dépendent pour beaucoup de
lumière minimale ciblée par exemple : jusqu’à
60 % de gains pour un niveau de
300 lux (d’où l’importance du réglage en fin
de chantier des valeurs des cellules) ;
© PHILIPS

- salles bénéficiant d’un éclairage naturel bila-


téral efficace : la zone précédente se trouve
alors dans la possibilité d’exploiter cette
Lors des tests, le panel d’observateurs a convergé vers 335 lux sur les tables et au moins 40 % en plus pour lumière naturelle (jusqu’à 68 % de gains). De
le tableau. Ce niveau d’éclairement est à rapprocher des 325 lux recommandés par l’AFE et des 300 lux de la même pour la zone située près des fenêtres,
Norme Européenne. sont conseillées les technologies de gestion de
la lumière permettant une gradation des
sources jusqu’à 1 % de flux, voire une coupure
vue sur l’extérieur. Sinon, les enfants expri- circuits d’éclairage artificiel en deux zones : complète. En revanche, l’éclairement ciblé
ment un sentiment d’enfermement. l’une, située le long des fenêtres ; l’autre, pour représente un paramètre important distinguant
le reste de la classe… À ce stade, il paraît ce cas vis-à-vis du précédent : 50 % de gains
Ensuite, éclairer « utile » aussi opportun de profiter des progrès tech- pour 500 lux, 68 % pour 300 lux.
« Élèves surexposés côté fenêtres ; élèves niques développés au niveau des « tubes de
sous-exposés en fond de classe. » Dans ce lumière » permettant de diffuser de la lumière Enfin, l’asservissement à la présence
contexte, il convient de séparer les deux naturelle « gratuite » en fond de classe. Le recours à la gestion (détecteur de présence)
est très utile également pour éviter d’allumer
sans présence de personne, en particulier le
soir après le travail et, après l’entretien des
Le référentiel de Rhône-Alpes bâtiments.
Mais attention ! En ce qui concerne l’éclai-
rage artificiel, il a été constaté, pendant les
La région Rhône-Alpes a adopté, Richalet, responsable de l’unité lors du choix de l’emplacement
périodes d’examen, des moments où peu
dès mai 2008, un plan Énergie technique et patrimoine à la des postes de travail ;
de mouvements étaient effectués et
concernant les 280 lycées région Rhône-Alpes. Il convient - de profiter des éclairages par détectés : même si des temps plus courts
publics répartis sur son territoire d’établir une comptabilité zones (ne pas allumer les seraient source de gains, des temps de
et visant un double objectif : énergétique permettant de lampes côté fenêtres) ; latence de l’ordre de 20 minutes écartent
réduire la consommation connaître la consommation en - de régulièrement dépoussiérer ces mésaventures.
d’énergie, en améliorant la énergie et les dépenses liées à luminaires et lampes ; Enfin, le système d’arrêt par une horloge est
performance des bâtiments, cette consommation en fonction - de proscrire les lampes fiable pour l’ensemble des équipements, si
et développer les énergies des différents types d’énergie, halogènes, très consommatrices évidemment l’occupant conserve la possibilité
renouvelables. d’identifier les postes les plus en énergie. de reprendre temporairement la main. n
Pour les bâtiments existants, coûteux et donc de repérer les Et de rappeler que pour
l’objectif est d’atteindre une potentiels d’économie les plus l’éclairage d’appoint les lampes
(1) ENTPE : École nationale des travaux publics
consommation en énergie importants. fluocompactes consomment de l’État.
primaire de 10 % à 40 % Pour les éclairages, Véronique 4 à 5 fois moins d’énergie, (2) Inserm : Institut national de la santé
en dessous de l’exigence Richalet recommande : durent 8 à 12 fois plus et de la recherche médicale.
réglementaire de la RT 2005. - d’utiliser au maximum longtemps, et présentent (3) Rappelons que le MAT’électrique a été créé,
Aussi, explique Véronique l’éclairage naturel, notamment un retour sur investissement. à Lyon, par Sonepar Sud-Est (SSE).

26 LUX N° 259 S E P T E M B R E / O C TO B R E 2 0 1 0
DOSSIER

ÉTUDE
L’éclairage dynamique en milieu scolaire
facteur de « meilleur apprentissage »
Le département pédopsychiatrie du centre médico-universitaire d’Hambourg-Eppendorf, en Allemagne, a réalisé, en partenariat
avec Philips, une étude portant sur l’éclairage dynamique en milieu scolaire.


a lumière affectant le comportement de qu’une plus grande vitesse et une meilleure cacité réelle de l’éclairage dynamique en

L l’être humain, « l’éclairage dynamique


peut-il favoriser les mécanismes d’ap-
prentissage dans un cadre scolaire ? »
Pour répondre à cette question, a été étudié le
comportement de 166 élèves et 18 profes-
compréhension de la lecture ;
- au niveau de l’agressivité/hyperactivité, l’étude
révèle une légère baisse de l’agressivité ainsi
qu’une légère augmentation de la sociabilisation.
Dans l’ensemble, l’étude a confirmé une effi-
situation d’apprentissage avec, particulière-
ment, de bons résultats enregistrés au niveau
des phases de concentration et de repos, tout
en optimisant les prérequis à une bonne assi-
milation des connaissances. n
seurs répartis dans une école primaire
(60 élèves âgés de 8 ans), un collège Tableau I. Les 7 scénarios retenus par l’étude effectuée par le département de pédopsychiatrie du centre
(56 élèves âgés de 12 ans) et un lycée d’en- médico-universitaire d’Hambourg-Eppendorf
seignement professionnel (50 élèves âgés de
16 ans). Créées par Philips, 7 configurations N° CONFIGURATION APPLICATION LUX KELVIN LUX TABLEAU
différentes d’éclairage ont été mises en œuvre 1 Situation normale Activité normale Identique Identique
(tableau I), l’enseignant ayant choisi la confi- au GR au GR
guration lui semblant la mieux adaptée. 2 Concentration Explications importantes 350 3 200 1 000
vers le tableau données au tableau
Toutes les 15 min, 2 fois par semaine sur une
période de classe ininterrompue, ont été 3 Travail de concentration Exercices importants 1 700 6 200
au pupitre ou devoirs écrits
recueillies les informations portant sur la
4 Mise en route La première leçon du matin 1 000 12 000
répartition des configurations ainsi que sur les pendant environ 15 minutes
situations d’enseignement. Cette analyse a 5 Calme Quand la classe se repose, 500 3 200
permis de dégager deux premiers résultats : les pendant le travail en groupe,
enseignants utilisent les configurations selon après un devoir écrit,
les circonstances ; il n’existe pas de réelles pendant les interclasses
différences entre les modes d’utilisation des 6 Tableau seulement Variation du n°2 1 000
enseignants, trois dominant largement : 7 Grand calme Variation du n°5 en l’absence 300 3 200
d’activité d’écriture ou de lecture
- grand calme (configuration 7), 29,4 % ;
- travail de concentration (configuration 3),
25,9 % ; Tableau II. Bilan énergétique dont les valeurs ont été calculées pour une salle de classe de 62 m2
- calme (configuration 5), 23,4 %. mesurées dans des conditions habituelles
Malgré un échantillon relativement faible, n’au-
torisant pas d’exclure, totalement, un effet de PUISSANCE CONSOMMATION LENI EFFICACITÉ SOUTENIR
sélection, les résultats de cette étude sont signi- INSTALLÉE WH/m2 kW/m2/AN L’APPRENTISSAGE
ficatifs avec un éclairage adapté à la tâche : W/m2
- au niveau de l’attention/concentration, elle Éclairage dynamique 22,0 9,4 18,1 OUI OUI
confirme le moindre risque d’erreur ainsi
Éclairage efficace 7,8 3,6 11,5 OUI NON
Éclairage conventionnel 21,8 21,8 38,9 NON NON

Éclairage dynamique : expérience reconduite en France


Pour la rentrée 2010, en France, Plus subtilement encore, elle influe au niveau de son intensité mais,
Philips a équipé 3 salles de classe sur notre horloge biologique. » aussi, au niveau de la température
afin de mieux étudier encore Partant de cette réalité, le de couleur. « À niveau élevé,
l’impact de la solution « éclairage constructeur a mis au point une la lumière blanche augmente
dynamique » sur la qualité de solution qui, tout en étant économe l’attention et la concentration
l’apprentissage. en énergie, crée un environnement tandis qu’une lumière chaude
« La lumière naturelle influence propice à l’apprentissage. et de faible intensité favorise
© PHILIPS

le comportement des individus et Dite dynamique, cette lumière l’échange en tête à tête
rythme notre activité quotidienne. artificielle peut ainsi être modulée et la réflexion. »

28 LUX N° 259 S E P T E M B R E / O C TO B R E 2 0 1 0
DOSSIER

RÉNOVATION DE L’ÉCLAIRAGE DES ÉCOLES À PAU


Économies et confort visuel
premiers de la classe
Dans la dernière édition de Lux, à l’occasion de l’inauguration du nouveau parcours-spectacle
magnifiant le château de Pau (une réussite plébiscitée par le public)(1), Pascal Boniface, adjoint
à l’environnement et au développement durable auprès de Martine Lignière-Cassou, maire de
la ville, soulignait la volonté d’exemplarité exprimée par la municipalité dans le développement
durable. La part de l’éclairage représentant de 40 % à 50 % des consommations électriques
des collectivités territoriales, les élus palois ont décidé, entre autres, la rénovation progressive
du parc immobilier municipal, dont celle des 250 classes des écoles que compte la ville.
© PHILIPS

Dans les salles de classe paloises, les

A
vant de se lancer dans la vaste opéra- 3 semaines. Et ce dernier de se féliciter de l’im-
tion de rénovation de l’éclairage des plication municipale ayant favorisé la bonne températures de couleur s’élèvent à 3 000 K en
250 classes des écoles primaires et conduite de cette affaire, de bout en bout. maternelle, et à 4 000 K, en primaire. Le choix de
maternelles paloises, les services deux teintes s’explique par le fait que les enfants
techniques de la ville ont d’abord analysé l’état 77 % d’économies d’énergie des petites classes passent la majeure partie de
des installations. « Outre que l’éclairage « Trois solutions ont été étudiées autour de leur temps à exercer des activités ludiques tandis
n’était plus conforme, les luminaires, lampes trois types différents types de luminaires fluo- que les élèves de primaire effectuent des tâches
et ballasts datant de plus de 20 ans, nous rescents encastrés », explique Bernard plus précises de lecture et d’écriture demandant
souhaitions la mise en œuvre d’une solution Escudié, chef de projet pour le compte de une performance visuelle plus soutenue, d’où une
globale associant économies d’énergie et Philips Lighting. À savoir : teinte de lumière plus froide et plus stimulante.
confort, tant visuel que pratique », explique - l’encastré « Senior », 4 x 18 W, équipé d’une
Guilhem Massip, technicien chargé d’exploita- grille GL ; du système de gestion « Actilume » (voir
tion au sein de la communauté d’aggloméra- - l’encastré « Capital », 4 x TL5-14 W HF, équipé encadré).
tion Pau-Pyrénées. Et d’ajouter qu’il était irrité d’une régulation Dali et d’une grille DPM ; C’est ce dernier luminaire qui a principale-
par le fait que, « tôt le matin, le personnel - l’encastré « Smart Form », 4 x TL5-14 W HF, ment été retenu, notamment grâce à son
chargé de l’entretien allumait toutes les équipé d’une régulation Dali, d’une grille C8- rendement élevé, tout en assurant un bon
classes qui n’étaient souvent éteintes qu’en VH (optique très haut rendement de 93 %), et confort visuel (14 < UGR < 17), caractéris-
fin de journée, quel que soit l’apport de
lumière naturelle ». Tableau I. Performances comparées de 3 types de luminaires installés dans une salle de classe type
présentant les caractéristiques suivantes : surface au sol, 54 m2 ; hauteur de la pièce, 2,50 m ; hauteur
En 2 phases du plan utile, 0,85 m ; facteur d’entretien, 0,9 ; zone périphérique, 0,6 m
En partenariat avec Philips, la rénovation de
l’éclairage a été réalisée en deux phases : TYPES DE ÉCLAIREMENT PUISSANCE RATIO FLUX PUISSANCE
- d’une part, a été installée une classe type LUMINAIRES MOYEN PLAN INSTALLÉE W/m2/ LUMINEUX TOTALE
présentant des caractéristiques réelles : UTILE (EN Lux) SPÉCIFIQUE 100 Lux TOTAL (EN lm) (EN W)
dimensions, 9 m x 6 m ; hauteur sous SENIOR
plafond, 2,50 m ; hauteur du plan utile, 4x18 WHC 566 (1) 12,44 W/m2 2,20 43 200(1) 672(1)
0,85 m ; facteurs de réflexion, 7.5.3. Ce test grille GL
« grandeur nature » a permis d’estimer les CAPITAL 4x14 W
économies réalisées et un retour d’investisse- HF, régulation 606 (1) 9,78 W/m2 1,61 38 400(1) 528(1)
DALI, grille DPM
ment inférieur à 3 ans ;
- d’autre part, suite à cette estimation, la muni- SMARTFORM,
cipalité a décidé d’investir 500 000 € dans la régulation DALI
grille C8-VH,
rénovation de l’éclairage de l’ensemble des système de
groupes scolaires durant l’été 2008. Elle en a gestion Actilume :
confié la mise en œuvre à Franck Gieure, - version 3xTL5 409 (2) 5,33 W/m2 1,30 21 600(2) 288(2)
chargé d’affaires au sein de l’entreprise SLTE 14 W HFP ;
(Société landaise de travaux électriques), qui a - version 4xTL5 570 (2) 1,23 28 800(2) 378(2)
14 W HFP. 7 W/m2
assuré l’ensemble des installations en
(1) Pour 8 luminaires par salle de classe.
(1) Lux 258, mai/juin 2010, p. 38 à 40. (2) Pour 6 luminaires par salle de classe.

S E P T E M B R E / O C TO B R E 2 0 1 0 LUX N° 259 29
DOSSIER
RÉNOVATION DE L’ÉCLAIRAGE DES ÉCOLES À PAU
Économies et confort visuel premiers de la classe (suite)

leurs besoins spécifiques (vidéoprojection,


Le système de gestion « Actilume » atelier de précision, etc.).
Le résultat représente des économies
« Actilume » est un système de réaliser de conséquentes Le système « Actilume » d’énergie de près de 77 % par rapport à
de gestion de l’éclairage prêt économies d’énergie tout en comprend une unité de l’ancienne installation, soit près de
à l’emploi intégré au luminaire assurant un confort maximal aux commande et des capteurs : 2 400 000 kWh cumac, les « kWh cumac »
équipé de ballasts numériques utilisateurs. L’éclairage s’autorégule - un récepteur infrarouge ; correspondant, rappelons-le, aux économies
de technologie Dali. Grâce selon l’environnement (présence et - une cellule photoélectrique de consommations obtenues exprimées en
à un système automatique apport de lumière extérieure). pour la régulation en fonction kWh cumulés actualisés, et rachetés par les
d’allumage/extinction et de Toutefois, il est aussi possible à de la lumière naturelle ; fournisseurs d’énergie dans le cadre « des
gradation de la lumière l’utilisateur d’adapter l’éclairage - un détecteur de mouvements certificats d’économies d’énergie ». « La
préprogrammés, ce procédé permet selon ses préférences. pour le contrôle de présence. somme reversée a immédiatement été réin-
vestie dans d’autres travaux de rénovation de
l’éclairage », conclut Guilhem Massip. n
tique ayant permis, selon les configurations zones d’éclairage sont ainsi gérées : côté
des classes, de remplacer un 4 x 14 W par un fenêtre et côté couloir qui varient indépen- Maître d’ouvrage : MAIRIE DE PAU
3 x 14 W (voir tableau). damment en fonction de l’apport de lumière Maître d’œuvre : MAIRIE DE PAU
L’éclairage de la salle de classe type est basé naturelle ; cela permettant d'obtenir une Fabricant : PHILIPS LIGHTING
sur un luminaire “maître” (équipé du capteur uniformité sur l'ensemble de la classe. Par
Installateur : SLTE (Société landaise
Actilume), associé à 3 à 7 luminaires ailleurs, une télécommande est à disposition
de Travaux Électriques)
esclaves suivant la taille des salles. Deux des enseignants pour adapter l’éclairage à

PROJET « CPE ÉCOLES » VILLE DE PARIS


Au cœur du capital « Plan Climat »
La rénovation totale du parc tertiaire public étant un des enjeux du Grenelle de l’environnement, le gouvernement s’est engagé à faire
preuve d’exemplarité en rénovant, d’ici 2020, les bâtiments de l’État (environ 60 millions de m2) et ses opérateurs (environ 70 millions
de m2). La loi Grenelle 1 précisant que tous les bâtiments publics seront soumis à un audit à horizon 2020, l’objectif est de réduire d’au
moins 40 % les consommations d’énergie et d’au moins 50 % les émissions de gaz à effet de serre de ces bâtiments dans un délai de huit
ans. Dans ce contexte, les établissements d’enseignement (écoles, collèges, lycées) extrêmement « énergivores » sont considérés comme
prioritaires en matière de rénovation énergétique. D’où le projet « CPE Écoles » lancé par la Ville de Paris.

e Grenelle incite à la rénovation des de réduction des émissions de gaz à effet de conduit, par ailleurs, les travaux de construc-

L écoles en favorisant la signature de


Contrats de performance énergétique
(CPE) pouvant :
- soit être engagé par une collectivité locale
seule, dans le cadre d’une maîtrise d’ouvrage
serre dans les 3 000 bâtiments administra-
tifs. Un des volets opérationnels de ces enga-
gements, le projet « CPE Écoles », concerne
la mise en œuvre d’un programme de réduc-
tion des consommations énergétiques et des
tion neuve et, à ce titre, assure le rôle de
maître d’ouvrage délégué.
« Le projet “CPE Écoles” n’en est encore qu’à
sa phase de consultation », commente
Arnaud Le Bel Hermil, chef de projets, en
public en référence au code des marchés émissions de gaz à effet de serre dans précisant « être ouvert à toute proposition
publics ; 600 écoles primaires et maternelles via des faite au cours de “dialogues compétitifs”
- soit, pour de plus lourds travaux imposant Contrats de performance énergétique qui établis avec les candidats sélectionnés ». Ces
un plus grand financement, en contrat de seront passés au cours des six prochaines dialogues prendront de longs mois.
Partenariat public privé par lequel une région années. Dans ce contexte, la Ville de Paris a choisi la
engage une entreprise qui sera chargée, à la Le projet est placé sous la responsabilité de société d’ingénierie Alterea au niveau des
fois, de financer et de réaliser les travaux ainsi la DPA (Direction du patrimoine et de l’archi- prestations d’assistance à personne publique.
que d’entretenir les nouvelles installations. tecture de la Ville de Paris), cette direction En tant que spécialiste de l’efficacité énergé-
Cette entreprise doit également garantir les étant la référence du patrimoine architectural tique dans les bâtiments, elle a été retenue
futures économies d’énergie. Celles-ci permet- des équipements publics de la ville dont elle avec les cabinets Landwell & Associés et
tront au conseil régional de rembourser l’in- assure la préservation, la mise en valeur et PricewaterCoopers qui prendront respective-
vestissement en versant un loyer annuel à l’entretien. « Elle met également en œuvre ment en charge les aspects juridique et finan-
l’entreprise durant quinze ans. les travaux de maintenance et de réhabilita- cier du projet. Gageons que l’éclairage saura
En octobre 2007, la Ville de Paris adoptait, tion pour le compte des autres directions de prendre sa part dans l’efficacité énergétique
quant à elle, son « Plan Climat » fixant des la ville », ajoute Jacques Monthoux, directeur de ce projet.
objectifs ambitieux d’efficacité énergétique et de la DPA, en précisant que cette direction À suivre donc… n

30 LUX N° 259 S E P T E M B R E / O C TO B R E 2 0 1 0
DOSSIER

CRÈCHES
Éclairages sur mesure
Notamment formés à « l’école » de François Deslaugiers*, issue
de l’environnement du théâtre, les architectes Christine Kalus
et Philippe Roussel se sont « spécialisés », depuis 2008,
dans l’aménagement intérieur de crèches parisiennes…
Éclairage compris, en partenariat avec l’électricien Samy Bensimon,
cogérant de l’entreprise parisienne Wetec.

«
L
ibérer non seulement l’espace intérieur de l’édifice mais l’édi-
fice lui-même. » Tel était le souci majeur de l’architecte
François Deslaugiers, concept représenté par son œuvre la
plus marquante, le centre régional des impôts de Nemours
(1981) conçu comme « un grand meccano de structures métalliques,
poutres et poteaux blancs, parois de verre et de plastique, dont
chaque élément peut être déplacé afin de s’adapter à de nouveaux
usages ». Les architectes Christine Kalus et Philippe Roussel ont
adhéré à ce concept. Comme ils ont adopté le « Drop Paper »(1), créé
en 1986 par Procédé Chénel International, qui offre de multiples possi-
bilités d’utilisation pour les créateurs d’espaces. Mais n’anticipons pas !

Des crèches aux haltes-garderies


C’est au cours de l’année 2008 que les deux architectes ont débuté
leurs interventions portant sur l’aménagement des crèches avec la
rénovation de la crèche, comptant 55 berceaux, implantée rue de la
Pépinière, Paris 8e (photo 1). Cette prestation s’est inscrite dans la
volonté de la DFPE (Direction des services familles et de la petite
enfance de la Ville de Paris), dirigée par Véronique Duroy, « d’améliorer
encore les conditions d’accueil des enfants et des familles, ainsi que
la qualité environnementale des sites et des conditions de travail du
personnel ».
* Architecte disparu le 18 décembre dernier.
© CÉCILE SEPTET

© CÉCILE SEPTET

Fig. 1 Fig. 2
La crèche de la rue de la Pépinière, Paris 8e (à g.) et La halte-garderie
de 20 places, rue Bisson.

S E P T E M B R E / O C TO B R E 2 0 1 0 LUX N° 259 31
DOSSIER
LUMIÈRE ET PETITE ENFANCE
Éclairages sur mesure (suite)
© CÉCILE SEPTET

© NICOLAS BOREL
Fig. 3 : Hall d’accueil de la crèche de 30 places implantée place Violet, Paris 15e. Fig. 4 : La crèche « Grand’ Ours », inaugurée le 3 mai dernier, impasse du Gué à Paris 18e.

Suite à cette « 1ère » qui valut une recomman- fiques, du mobilier aux appareils d’éclai-

© NICOLAS BOREL
dation du couple d’architectes par la Ville de rage ». Ainsi, pour ce qui concerne ces
Paris auprès des associations privées d’ac- derniers, ont été conçus :
cueil de la petite enfance, leur ont été confiés - pour la crèche place Violet, un ensemble de
plusieurs autres projets, dont : caissons lumineux (Fig. 3) en saillie au fond
- pour Crescendo, la restructuration d’une desquels ont été installés des panneaux stra-
halte-garderie de 20 places, rue Bisson, Paris tifiés de couleur ;
20e (photo 2) ; - pour la halte-garderie de la rue Bisson
- pour ABC Puériculture, la restructuration de (Fig. 2) et pour la crèche de la rue de la
la crèche de 30 places implantée place Violet, Pépinière, (Fig. 1) ont été créés des caissons
Paris 15e (photo 3). lumineux intégrés dans les plafonds ;
- pour la crèche du Grand’ Ours (photo 4), il
De 3 mois à 3 ans a été fait appel aux créations de Procédé
C’est particulièrement avec cette association, Chénel International construites autour du
créée en 1987 par des infirmières puéricul- « Drop Paper », l’entreprise Wetek les ayant
trices, dirigée par Noëlle Buton et qui totalise équipés électriquement. n
aujourd’hui 578 berceaux, que collabore
actuellement le couple d’architectes, la
crèche « Grand’ Ours », inaugurée le 3 mai (1) Le « Drop Paper », non-tissé complexe présentant
l’aspect d’un papier solide et structuré, se compose
dernier, impasse du Gué à Paris 18e, repré-
de polyester, de fibres de verre et de cellulose. Il est
sentant l’une de leurs dernières prestations classé non-feu M1. La crèche « Grand’ Ours ».
dans ce domaine.
Recevant « 30 oursons », cette crèche est CRÈCHE PÉPINIÈRE - PARIS 8E CRÈCHE BISSON - PARIS 20E
basée sur « le plaisir de l’enfant par le jeu et
le respect de son rythme : pour les plus Maître d'ouvrage : MAIRIE DE PARIS – SLA 8/9 Maître d'ouvrage : ASSOCIATION CRESCENDO
petits, éveil sensoriel et psychomotricité sont 3, rue de Lisbonne - 75008 PARIS 102 rue Amelot – 75011 PARIS
privilégiés ; pour les plus grands, l’équipe Maître d'œuvre : Philippe ROUSSEL Maître d'œuvre : Philippe ROUSSEL
pédagogique valorise l’éveil, la sociabilisa- et Christine KALUS Architectes et Christine KALUS Architectes
tion, la motricité, le langage et la créativité », Installateur : SRC Installateur : G3E
explique Noëlle Buton. « Tout en respectant
deux fondamentaux imposés pour l’éclairage
des crèches : lumière indirecte, même dans CRÈCHE VIOLET - PARIS 15E CRÈCHE GRAND’ OURS - PARIS 18E
les circulations ; interdiction du verre au Maître d'ouvrage : ABC PUÉRICULTURE Maître d'ouvrage : ABC PUÉRICULTURE
niveau des appareils », ajoute Christine 21b/23 rue Joncquoy - 75014 PARIS 21b/23 rue Joncquoy - 75014 PARIS
Kalus. Maître d'œuvre : Philippe ROUSSEL Maître d'œuvre : Philippe ROUSSEL
Considérant difficile de trouver des équipe- et Christine KALUS Architectes et Christine KALUS Architectes
ments répondant aux contraintes imposées
Installateur : WETEC – Dany BENSIMON Installateur : WETEC – Dany BENSIMON
dans ce type d’établissement, « nous avons
créé nous-mêmes des équipements spéci-

32 LUX N° 259 S E P T E M B R E / O C TO B R E 2 0 1 0
DOSSIER

Et à la maison,
quel éclairage
pour les enfants ?
P
our l’apprentissage des couleurs lors de la petite enfance, que cela
soit à la crèche, à l’école maternelle ou à la maison, l’idéal est de
privilégier la lumière naturelle ou à défaut une lumière qui s’en
rapproche (i.e. température de couleur élevée, lumière froide).
Des couleurs « mal apprises » le seront à vie et la personne devenue
adulte aura du mal à discerner toutes les nuances de couleurs.
Par ailleurs, dans la chambre des enfants, il est souhaitable d’associer
en permanence un éclairage général et un éclairage d’appoint notam-
ment lors du travail sur bureau ou sur écran. Cela est important afin
d’éviter les problèmes d’accommodation et de fatigue visuelle, condui-
sant à révéler des pathologies (myopie…).
De plus, l’éclairage d’appoint doit toujours provenir du côté opposé à la
main afin d’éviter l’ombre portée du bras et de la main sur le papier.
Il convient aussi d’éviter l’éblouissement provenant directement des
lampes ou des surfaces réfléchissantes (table de travail avec une
surface brillante par exemple). n

Eclairage général : recommandations


- Plafonnier* ou applique – éviter compactes et/ou halogènes haute
les lampadaires sur pied, source de efficacité et lampes à LED en
plus d’accidents. complément.
- Niveau d’éclairement*: 300 lux au Température de couleur : environ
moyen de plusieurs points lumineux 3 000 K.
équipés d’un système de gradation Privilégier les lampes à faible
de la lumière émission de chaleur
- Choix des lampes* : lampes fluo- (fluocompactes, led).

Eclairage d’appoint : recommandations


BUREAU - Température de couleur :
- Par applique ou spot orientable 3 000 à 4 000 K en fonction
ou lampe d’architecte plutôt que du niveau de concentration requis
par lampe à poser, source lumineuse selon à l’âge.
à 60 cm au-dessus.
- Niveau d’éclairement : 500 lux CHEVET
sur la zone de travail (pouvant être - Idem que pour le bureau :
composé de 300 lux d’éclairage applique ou spot orientable.
général + 200 lux d’appoint par Choix des lampes : halogène TBT
exemple) et BT, LED
- Choix des lampes : fluocompactes, Température de couleurs :
halogènes TBT, Leds, 2 700 à 3 000 K

En règle générale, pour la sécurité :


- Pas de lampe ou lampadaire à poser.
- Pas de contact possible avec les fils électriques ou les ampoules surtout pour
les enfants en bas âge.
- Installer des prises de courant de sécurité si ce n’est pas déjà le cas.

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