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Communication 2022-2023

Semestre 2

Réussir sa prestation orale

Science, pseudo-sciences, complotisme

Mesures Physiques, IUT de Bordeaux


Date de création Dernière révision Auteur
2010 Janvier 2023 Pascal Plouchard

Table des matières


Réussir sa prise de parole en public : Préambule.............................................................................................2
1. De quoi parle-t-on : une mise au point....................................................................................................2
2. Science et société...................................................................................................................................4
3. Rechercher l’information, problématiser le thème..................................................................................7
3.1. Déterminer ses objectifs de prise de parole........................................................................................7
3.2. Interroger le thème..........................................................................................................................8
3.3. Retenir quelques questions.................................................................................................................8
3.4. Traiter l’information..............................................................................................................................8
3.5. Contextualiser le sujet.........................................................................................................................9
4. Structurer son exposé...........................................................................................................................10
5. Rédiger des fiches opérationnelles ; synthétiser son exposé en quelques fiches................................13
6. Parler à deux : se passer la parole.......................................................................................................16

Réussir sa prise de parole en public : Préambule


Discussion avec un collègue, explication de nouvelles consignes à des subordonnés, démarchage auprès d’un client,
présentation d’un projet devant une équipe de travail, participation à des réunions de travail, conférence… dans le
cadre professionnel, les situations d’oral sont nombreuses et diverses. L’expression orale est une véritable compétence
qui vous permettra de faire connaitre et valoriser vos réalisations, votre expertise, vos projets, et constituera un tremplin
pour l'évolution de votre carrière.
Dans le cadre de la 1ère année, les objectifs en termes de communication orale sont les suivants :
 mettre en œuvre les fondamentaux techniques qu’on attend de toute prise de parole (cf. grille d’évaluation) ;
 enrichir sa culture générale. L’exposé à préparer traitera du thème suivant : critique d’un exemple de théorie du
complot ou étude critique d’une pseudo-science (cf. liste exposés)
 préparer les oraux de 2ème année : projet tutoré, soutenance de stage. Rappelez-vous que le dernier examen
passé en DUT est un oral : vous venez présenter l'ensemble de votre travail en entreprise devant un jury
d'enseignants et d'industriels, pendant 15mn. On attend de vous une prestation professionnelle.

1. De quoi parle-t-on : une mise au point


Exercice 1 : après avoir lu ces définitions, trouvez les termes et expressions qui leur correspondent
Termes Définitions
Science « Ensemble des connaissances générales (Le Robert). Ensemble de théories qui
s’appuient sur l’observation, la formulation de règles et de lois, l’étude de faits et la
vérification de relations vérifiables. Les sciences progressent par l’organisation
collective des controverses scientifiques. La science est autocorrective.
Méthode de sélection des idées, idées qui prétendent être descriptives, explicatives et
éventuellement prédictives du réel. (…)
Parascience « A côté de » la science. Regroupe toutes les sciences occultes plus ou moins
anciennes. Proche de pseudo-science. Mais cet ensemble de « discipline » met plutôt
l’accent sur le paranormal.
pseudo-science « Discipline qui est présentée sous des apparences scientifiques ou « faussement
attribué[e] à la science », mais qui n'en a pas la démarche, ni la reconnaissance. Elle se
situe en opposition à la science ». (Wikipédia). « Quelque chose qui est ascientifique
mais qui se présente comme scientifique. ». Disciplines qui essaient de singer les
méthodes scientifiques, ou qui essaient de singer le prestige de la science. ».
« Quelque chose qui est ascientifique mais qui se présente comme scientifique »
(Bronner, 2017).
2
Rumeur Une nouvelle qui se propage, à la véracité douteuse, en apparence crédible, mais
difficile à vérifier, qui produit un certain scepticisme et/ou de l’anxiété. « une information
qui émerge et se propage, et dont la valeur de vérité est non vérifiée ou délibérément
fausse » (Azri, 2019).
Fausse information (ou Ensemble hétérogène de messages inexacts et/ou trompeurs circulant au sein de
mésinformation) l’espace public : éléments fallacieux, faits alternatifs, données manipulées, rumeurs,
voire messages déplaisants (Publictionaire). « contenu d’information faux ou inexact,
ayant ou non été délibérément créé et diffusé pour induire les gens en erreur » (Les
lumières à l’ère du numérique).
Désinformation Contenu d’information ou ensemble de contenus d’information faux ou inexact(s),
créé(s) avec l’intention d’induire les gens en erreur (Les lumières à l’ère du numérique)
Crédulité « Grande facilité à croire » (Le Robert). Cette disposition mentale divulgue et/ou
renforce la crédibilité de productions variées : superstitions, rumeurs, légendes
urbaines, récits complotistes, etc.
Marché dérégulé de Expression qui signifie que le marché de l’information ne suit plus de règles, car le web
l’information donne l’information directement, sans filtres. L’information est une marchandise qui était
traitée auparavant uniquement par des « gatekeepers » (journalistes, scientifiques,
enseignants…). Internet et les réseaux sociaux sont des acteurs majeurs dans la
dérégulation du marché de l’information. (cf. Trump qui a traité le New York Times de
« véritable ennemi du peuple »). Tous les points de vue peuvent s’exprimer sur le net.
Les couts d’entrée sont quasiment nuls. Les réseaux sociaux contribuent à effacer les
frontières entre le champ des connaissances (faits, théories scientifiques) et celui des
opinions et des croyances (rumeurs, fables, légendes, mythes, récits conspirationnistes,
etc.).
G. Bronner parle de marché cognitif : « espace fictif dans lequel se diffusent les produits qui
informent notre vision du monde : hypothèses, croyances, informations. » (Bronner, 2013) le
marché cognitif est différent du marché de l’information : une adresse de restaurant est une
information. « Un produit cognitif implique une organisation d’informations en un discours explicite
ou implicite sur le vrai et/ou le bien. » La bible, par exemple, est un produit cognitif qui entre en
contradiction avec la théorie de l’évolution.
Infodémie Néologisme (mot-valise) formé à partir des mots « information » et « épidémie », et
avancé le 2 février 2020 par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), pour désigner
la désinformation abondante qui circule autour du Covid-19.
Complot Ensemble d’actions initiées par un petit groupe de personnes qui travaillent ensemble
dans le plus grand secret afin de réaliser quelque chose d’illégal ou de néfaste
Théories du complot Elles considèrent que dans l’histoire, les faits ne se déroulent pas au hasard : tout est
voulu et orchestré par un groupe d’hommes en secret. « On peut plutôt identifier la
posture conspirationniste, quand son discours postule que le cours de l’histoire et les
événements marquants qui la jalonnent sont provoqués uniformément par l’action
secrète d’un petit groupe d’hommes désireux de voir la réalisation d’un projet de
contrôle et de domination des populations » (Taïeb, 2011). Autre définition : « la
formulation d’une explication de l’origine ultime d’un évènement important (politique,
social, écologique, économique, etc.), posée comme une alternative à l’explication
reconnue ou évidente, privilégiant la piste d’une machination organisée par des
individus ou un petit groupe d’individus animés d’intentions fondamentalement
malveillantes, agissant dans l’ombre et dissimulant leur implication » (Lantian, 2018). A.
Taguieff (2021) soutient que le terme « théorie » est mal choisi. Il préfère parler de
vision ou de mentalité conspirationniste, qui s’appuie sur un ensemble de croyances ou
de récits conspirationnistes. Il s’agit d’une simple suspicion de l’existence d’un complot,
basée sur des données erratiques et non des preuves directes. Ces récits complotistes
agrégeant des croyances et des raisonnements relevant plutôt de la paranoïa et surtout
de la propagande politique sont des armes de désinformation couramment utilisées par
les pouvoirs dictatoriaux ou les extrémistes politiques (cf. Colon, 2019, chap.19-30-21)
Liberté d’expression Droit fondamental défini dans l’article 11 de la déclaration des droits de l’homme et du
(France) citoyen (1798). Elle énonce que « La libre communication des pensées et des opinions
est un des droits les plus précieux de l’homme, tout citoyen peut donc parler, écrire,
imprimer librement, sauf à répondre de l’abus de cette liberté dans les cas déterminés
par la loi.
La liberté d’expression est limitée (diffamation, incitation à la haine, racisme, etc.)
Post-vérité Régime de vérité qui remet en cause ce que ses partisans appellent les « vérités
officielles » des gouvernements et des médias. Au nom de l’esprit critique et de la
liberté d’expression, ils n’hésitent pas à remettre en cause des faits avérés et proposer
3
une vision « alternative » de la réalité. Cet état d’esprit alimente une nouvelle ère de
l’information caractérisée par un relativisme généralisé. « Depuis 2016, le mot s’est
rapidement imposé dans le monde occidental pour désigner une ère de l’information
dans laquelle les apparences priment les faits, et le mensonge l’emporte bien souvent
sur la vérité ». (Publictionnaire, article post-vérité, David Colon, mis en ligne le 1er juin
2021)

Exercice 2 : Voici une liste de complots ou de « théories du complot : classez-les selon les critères du tableau
suivant
1. L’assassinat de Jules César par Brutus et ses comparses
2. Le complot de la peste noire
3. L’assassinat d’Henri IV
4. L’affaire Dreyfus
5. Les procès de Moscou (1936-38)
6. L’attentat de 1944 contre Hitler
7. L’assassinat de JF Kennedy
8. L’homme a marché sur la Lune
9. L’affaire Watergate
10. la mort de Lady Diana
11. Le stock d’armes de destruction massive en Irak (2003)
12. La mort de Yasser Arafat
13. L’attaque de Pearl Harbor
14. L’attaque du World Trade Center le 11.09.2001
15. La Disparition de faux morts du covid par le gouvernement Macron
16. Le réchauffement climatique
17. L’incendie de Notre-Dame de Paris
18. Le complot des patrons fabricants de cigarette

Complot avéré « Théorie » du complot, Autre (accident, crime, homicide, fait de guerre, fait
récit complotiste historique, etc.)
1-3- 4- 5- 6- 9 – 14-18 1- 7- 8_-10-11-12- 13- 7- 8- 9- 10- 11- 12- 13-14- 17
14 -15- 16-17

2. Science et société
Activité 3 : lisez cette introduction générale. Choisissez ensuite avec vote binôme un sujet de travail pour
l’exposé long (cf. liste jointe)

Les Lumières et la science


La culture scientifique et technique, au même titre que la culture générale, est une nécessité pour chaque citoyen que
nous sommes : cette culture nous permet de comprendre le monde qui nous entoure, de saisir les grands enjeux
sociétaux et de participer aux grandes évolutions du monde, tout en gardant un regard critique et analytique sur les
évolutions et les ruptures technologiques. Se forger une culture générale, scientifique et technique est donc à la fois un
enjeu éducatif, démocratique et social, qui favorise la compréhension et l’action éclairée. Difficile par ailleurs de ne pas
reconnaitre que la science apporte chaque jour des solutions aux problèmes de notre quotidien. Nous sommes
régulièrement les témoins des avancées scientifiques et techniques.
C’est vers la fin du XVIIIe siècle en France, suite à la révolution française, que s’impose l’idée selon laquelle la
connaissance et la science sont indispensables pour former des citoyens libres, égaux et aptes à exercer leurs droits
civiques. Le conservatoire des Arts et Métiers est ainsi créé le 10 octobre 1794. Il a pour mission « d’éclairer
l’ignorance, d’augmenter le nombre de connaissances et le nombre de connaisseurs ». La vision des Lumières est à la
fois porteuse d’égalité et de sélection. L’instruction permet au citoyen de s’informer et d’avoir accès aux connaissances,
mais pas au même niveau pour tous : une partie des citoyens plus savants que les autres aura pour rôle d’éclairer le
plus grand nombre.

Limites de la diffusion et du partage de la connaissance

Ce modèle ou les savants explorent la connaissance et la diffusent au sein de la population a traversé les XIX e et XXe
siècle. C’est ainsi par exemple qu’en 1992 Hubert Curien, cristallographe et ancien ministre de la recherche et de la
technologie, crée la Fête de la Science.
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Mais, aujourd’hui, ce modèle est en crise. Croire qu’il suffit de diffuser la connaissance scientifique pour augmenter la
connaissance générale de chacun et le convaincre du bien-fondé des innovations et du progrès ne marche plus
vraiment. Car ces connaissances rentrent en résonance et parfois en contradiction avec l’histoire personnelle, les
croyances, les valeurs de chaque individu. Malgré toutes les avancées, l’irrationalité pèse encore lourd.
Louise Jussian, pour La Fondation Jean Jaurès, examine l’engouement contemporain pour les pseudo et les
parasciences :

« Contrairement à certaines idées reçues qui tendent à les réduire à des croyances obscures et marginales,
l’engouement pour les parasciences est un phénomène à la fois majoritaire et de plus en plus répandu. En effet, une
majorité de Français (58 %) déclarent croire à au moins une des disciplines de parascience, à savoir l’astrologie
(41 %), les lignes de la main (29 %), la sorcellerie (28 %), la voyance (26 %), la numérologie (26 %) ou la cartomancie
(23 %). »

A côté de ce paradoxe d’une société hyper scientifico-technologique qui côtoie des formes de pensées primitives, nous
vivons dans une époque où la science n’est plus nécessairement synonyme de progrès. Pire, l’approche scientifique
est critiquée voire rejetée, par des idéologues populistes, parfois des chefs d’Etat, qui, au nom d’une critique des
« élites » scientifiques et intellectuelles, flattent la soi-disante sagesse populaire, et la relativité de toute information,
voire de la vérité. La force de l’infox a été révélée lors des élections américaines de 2016. Le candidat Trump a été élu,
malgré une campagne largement fondée sur le mensonge et le dénigrement. Au sein même des démocraties, Divina
Frau-Meigs prend acte d’« une nouvelle ère, celle de la post-vérité, où la distorsion des faits, les manipulations et les
approximations à des fins malveillantes apparaissent monnaie courante (Gardère, Viallon, 2020).Pourtant, cette
« sagesse » ne peut pas s’acquérir en tournant le dos à la science. Nos sens immédiats nous renvoient par exemple
l’impression d’une terre plate : c’est bien la science, et depuis longtemps, qui a démontré que notre planète est une
sphère1.

Informés mais … seulement potentiellement

Depuis l’explosion d’Internet, l’offre informationnelle est devenue pléthorique. G. Bronner (2021) le rappelle :

« Nous avons produit plus d’informations sur la Terre entière au début des années 2000, c’est-à-dire au début de la
dérégulation massive du marché de l’information, que depuis l’invention de l’imprimerie par Gutenberg. Et en ce début
de XXIe siècle, le phénomène s’est encore vertigineusement accéléré. Depuis 2013, la masse d’informations
disponibles double tous les deux ans. (…) Autre proportion frappante : 90% des informations disponibles dans le
monde ont été rédigées dans les deux dernières années. »

Dans cette surabondance d’informations qui pourrait faire de chacun d’entre nous des citoyens éclairés, nous nous
adonnons plutôt à regarder des vidéos de chatons ou des séries télévisées en boucle. Pourtant, comme le fait
remarquer G. Bronner (2021), notre temps de cerveau disponible (hors temps physiologique journalier -toilette, etc.-,
travail, transports) représente en moyenne cinq heures, et a donc été multiplié par 8 depuis 1800. Que faisons-nous de
ce temps disponible ? Qu’est-ce qui occupe notre cerveau et notre attention en particulier ? Les écrans et les réseaux
sociaux, qui ont compris comment capturer notre cerveau, en lui proposant des sucreries dont il raffole :
divertissements, informations égocentrées, course aux likes, conflictualité, contenus haineux et polémiques, vidéos
pornos, principalement.
Non seulement Internet et les médias sociaux accaparent pour le pire une partie de notre attention, mais ils alimentent
malheureusement ce déni de la science et cet obscurantisme, en contribuant à diffuser de manière virale des contre-
vérités, des « faits alternatifs ».
La révolution numérique a des bienfaits. Chacun peut avoir accès en quelques clics à tout le savoir archivé pendant
des siècles dans les bibliothèques, et peut mettre en ligne ses propres connaissances et les partager. Mais cette
libération a créé ce qu’on appelle une désintermédiation généralisée : on accède sans intermédiaire à des contenus
plus ou moins sérieux, plus ou moins vrais. Les frontières entre fait, opinion, croyance, vérité, information,
désinformation et mésinformation sont brouillées. Comme le résume tragiquement D. colon (2019), « Plus le marché
cognitif s’étend, plus notre champ cognitif se rétrécit ». En effet, Internet augmente considérablement notre espace
cognitif (la somme des informations accessibles), mais il n’a pas étendu pour autant la somme des connaissances
auxquelles nous nous référons. C’est même plutôt l’inverse. Gerald Bronner (2013) nomme « théorème de la
crédulité informationnelle » le fait que plus le nombre d’informations non filtrées par des journalistes est important, plus
la crédulité augmente. Prenons l’exemple des platistes. Avant Internet, il était très difficile de trouver des informations
relayant la théorie de la Terre plate. Aujourd’hui, celui qui veut conforter cette idée peut trouver des centaines de pages
sur Google à ce sujet. Il faut ainsi reconnaitre avec regret que la vérité ne se défend pas toute seule.

1
Cf. https://www.nationalgeographic.fr/sciences/2019/04/sait-que-la-terre-est-spherique-depuis-lantiquite

5
Science, pseudo-science et conspirationnisme, quelles relations ?
A priori, ces trois notions n’ont pas de rapport entre elles. Quoi de commun entre l’inefficacité de l’homéopathie et le fait
qu’un certain nombre de citoyens croit encore que la mission Apollo XI de 1969 est un mensonge collectif et que
l’homme n’a pas été sur la Lune ?
Comme le rappelle D. Colon (2019), « l’une des manifestations les plus spectaculaires de la post-vérité est la diffusion
à grande échelle sur Internet des rumeurs et des théories du complot » (p.305). Il est difficile de savoir si l’ensemble de
la population croit de plus en plus à ce genre de « théories » (Wagner-Egger, 2021). Mais il est certain qu’Internet
favorise la diffusion de cette mentalité conspirationniste, qui voit des complots partout. Un certain nombre de politiques
s’appuie d’ailleurs sur ces ressorts pour accéder au pouvoir ou le garder. Ils n’hésitent pas à pourfendre la presse
traditionnelle et à créer des médias de « réinformation » sur le web, pouvant toucher un vaste public à moindre cout,
entretenant délibérément la confusion entre militantisme politique et journalisme (cf. en France par exemple le site TV
Libertés (accessible sur YouTube. Ce site d’ « information », créé par des anciens du Front National en 2014 se
présente comme « la télévision de la défense de l’esprit français et de défense de notre civilisation ». A l’extrême-
gauche, citons également Le Média, créé en 2017, par des membres proches de la France insoumise, qui « de part*
son libre accès, s'efforce de remplir la mission de service public d'information aujourd'hui en voie de disparition dans le
paysage médiatique2.). A côté de certains politiques, des groupes (des communautés politico-religieuses par exemple)
défendent une vision du monde totalement erronée et en contradiction avec la science (les créationnistes par exemple).
Ces groupes n’hésitent pas à recourir aux techniques de la propagande (dont l’appel au complot) pour défendre leurs
intérêts. Enfin, dernier cas, des lobbys industriels n’hésitent pas à recourir à des « experts » scientifiques pour défendre
la production de produits nuisibles (Colon, 2019). Par exemple, entre 95 et 98% des scientifiques soutiennent
l’existence du réchauffement climatique ; mais sur You Tube, dans les années 2010,plus de la moitié des vidéos
défendaient la vision négationniste de la réalité du réchauffement climatique (Anderegg et al., 2010, cité par Wagner-
Egger, 2021).

Réchauffement climatique, covid19, fin des ressources, etc. : le temps des crises
Longtemps, la science a été synonyme de progrès. Mais les technologies qui en résultent font parfois peur ou
inquiètent, à juste titre. Notre société industrielle a ses revers, notamment sur le plan environnemental : pollutions,
changements climatiques, érosion de la biodiversité, etc. Les problèmes sont désormais mondiaux, deviennent
inextricables et paraissent insolubles. La crise sanitaire, loin de renforcer le pouvoir de la science l’a érodé davantage.
Le doute, le désaccord scientifique et la controverse, parties intégrantes de l’aventure scientifique, ont été perçus
comme de l’ignorance, voire de la manipulation d’acteurs au service d’un pouvoir politique désarçonné.
Epidémiologistes, médecins, industrie pharmaceutique, décideurs : la défiance s’est généralisée à l’ensemble de la
chaine qui doit gérer cette crise.
Pourtant, les arguments ne manquent pas pour éviter de « jeter le bébé avec l’eau du bain » et s’enfermer dans cette
défiance stérile :
 les scientifiques ne sont pas responsables des erreurs de communication institutionnelle et des décisions
erratiques des gouvernants. Ce sont les politiques qui gouvernent, les scientifiques sont là pour éclairer ;
 il ne faut pas confondre science et recherche (Klein, 2021). La science présente un corpus de connaissances
acquises et indiscutables (la Terre est ronde, l’atome existe, les espèces animales évoluent, etc.). La recherche
aborde des questions dont on ne connait pas encore la réponse : existe-t-il une vie extraterrestre ? une personne
malade de la covid qui a été soignée peut-elle attraper une seconde fois cette maladie … ?
 quand l’urgence est là, les citoyens sont impatients et veulent des réponses rapides. Mais la recherche est
besogneuse. Il faut du temps pour faire des expériences, des mesures, des calculs, et en vérifier la pertinence ;
 certains acteurs de la science en ont profité pour médiatiser des polémiques et hystériser le débat, renvoyant
l’image « que la science est une simple affaire d’opinions qui s’affrontent » (Klein).
 Le militantisme tient souvent désormais lieu de compétence, notamment sur les réseaux sociaux. On peut
désormais être pour ou contre les OGM, le nucléaire, la 5G, les vaccins, sans rien connaitre du tout à ces sujets, et
s’exprimer longuement sur le net, sans contradicteurs sérieux et informés.
 La crise de la covid nous rappelle notre socle biologique. Les technoprophètes qui annoncent la fin de la matérialité
du corps et de ses soucis, à coup de couteuses technologies transhumanistes se trompent. Nous ne sommes pas
« maitres et possesseurs de la nature » comme l’affirmait Descartes.
 la science n’avance pas de manière linéaire. Le progrès n’est pas à priori prévisible, l’utilisation des technologies
n’est pas toujours bénéfique, et l’histoire des sciences démontre que celui-ci ne tend pas forcément vers plus de
bien-être. Science et éthique sont inséparables.
 La science doit redevenir citoyenne, c’est-à-dire prendre sa part dans la construction d’un espace où s’articulent
l’information, le débat et la décision. Car les citoyens ont le droit de savoir et de débattre. Même s’il est vrai que la

2
C’est nous qui mettons en italiques. Rappelons que la presse d’opinion en France existe bel et bien et qu’elle propose à ses
lecteurs un ensemble de titres (De Libération au Figaro en passant par l’Humanité, FrancTireur, L’opinion ou Marianne, etc.) qui
défendent des lignes éditoriales différentes. Le pluralisme médiatique n’a pas disparu en France, loin s’en faut !
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complexification croissante des savoirs ne simplifie pas l’accès aux connaissances, la médiatisation scientifique
doit être organisée de concert avec le savant et le politique.

Conclusion
Comme le rappelle Etienne Klein, « les chercheurs doivent en somme assurer ce que le juriste Alain Supiot appelle un
« service de phares et de balises » : leur rôle consiste à alerter et éclairer les politiques, à les mettre en garde sur la
présence de récifs ou d’écueils, mais sans prendre leur place, car les politiques doivent par ailleurs jongler avec
d’autres facteurs (économiques, psychologiques, sociaux ou sociétaux). »
Face aux nouvelles technologies et à la diffusion massive et rapide des savoirs, on ne peut plus imaginer une
transmission verticale des savoirs. Le partage de la science est nécessaire, entre ceux qui ont les connaissances
scientifiques et ceux qui ont la connaissance des besoins et des aspirations de la société. Il faut donc continuer à
promouvoir, comme à l’époque des Lumières, les valeurs humanistes d’échange, de confrontation d’idées, de
tolérance, et un dialogue permanent entre science et société. Ce cours de culture générale vous y invite.
Au cours de de ce semestre, nous allons nous intéresser à un phénomène inquiétant : le complotisme ou le
conspirationnisme. Nous allons le lier avec un autre phénomène plus ancien, l’apparition ou la résurgence de « théories
scientifiques » fausses, souvent farfelues, mais qui essaient de légitimer leur aspect scientifique, regroupées sous les
catégories de parascience ou de pseudo-science.
Finalement, ce cours ambitionne deux objectifs :
 renforcer l’esprit critique des étudiantes et étudiants. L’esprit critique ne consiste pas à tout rejeter, à douter de
tout sans aucune nuance. C’est être curieux et ouvert au monde, s’intéresser aux grands problèmes de société
et en mesurer les enjeux, soumettre l’information des médias à la critique, notamment les médias sociaux,
remettre en cause ses opinions grâce à l’apport de nouvelles connaissances, donner de l’importance à
l’argumentation et au débat constructif, faire preuve de contradiction rationnelle, savoir qualifier le niveau
d’information d’un contenu (informations hyperpartisanes, fausse information, désinformation, etc.), douter avec
méthode et pertinence, s’émanciper des croyances (De Vecchi, 2016).
 Analyser en détails le phénomène déjà ancien mais renouvelé des théories du complot, qui mettent à mal la
démocratie : le rapport Les lumières à l’ère du numérique (2022) pointe ce danger :« il a été montré que
l’exposition à des thèses conspirationnistes décourage la participation à la vie démocratique par le vote,
alimente les préjugés, voire la violence envers certaines catégories de la population et peut conduire au rejet
du consensus scientifique sur divers questions, telles que le réchauffement climatique ou l’efficacité des
vaccins (p.19)».

Exercice 4 : Regardez maintenant deux épisodes de cette série diffusée sur Canal + entre 2013 et
2015. : quel est leur objectif ? quels procédés des complotistes reprennent-elles ?

FN, le complot : https://www.youtube.com/watch?v=KcVmuRGMTJE


Jésus, le complot : https://www.youtube.com/watch?v=jaMBkufdSgY

Montrez en quoi ces vidéos parodiques utilisent l’un de ces trois biais cognitifs très fréquents chez les adeptes des
théories du complot :
- le biais d’intentionnalité : la tendance à supposer que les choses se produisent parce qu’elles sont le produit d’une
intention plutôt que de simples accidents
- le biais de confirmation : la tendance à ne rechercher que les preuves qui soutiennent ce que l’on croit déjà tout en
ignorant les preuves contraires
- le biais de proportionnalité : la tendance à supposer que l’ampleur de la cause d’un évènement doit correspondre à
l’ampleur de l’évènement lui-même.

3. Rechercher l’information, problématiser le thème

3.1. Déterminer ses objectifs de prise de parole


Parler pour parler ne peut pas être l’objectif de votre exposé ! Les principales motivations de la prise de parole peuvent
être les suivantes :
 Informer, apporter des données. Ex : le 21 janvier 2014, l’Université de Bordeaux et le Conseil Général de la
Gironde ont organisé une conférence ouverte au public, intitulée « viticulture et climat : quel vin pour
demain ? ». L’idée générale de la conférence était de présenter les différentes évolutions possibles du
changement climatique sur la vigne.
 Expliquer, rendre clair, faire le point sur. Ex : Le sociologue Gerald Bronner tient une conférence à l’université
de Sherbrooke, « Pourquoi les théories du complot rencontrent-elles un tel succès ? » - Conférence du CEFIR -
3 mai 2017. La revue Sciences Humaines publie chaque mois une rubrique « Point sur », ou des synthèses

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sur son site Web, qui, en quelques pages, synthétisent les grandes idées d’un thème de société actuel. On
peut trouver dans la presse des dossiers d’information sur tous types de sujets. Ex : « Bert Claudie, Théories
du complot : notre société est-elle devenue parano ? ». https://www.scienceshumaines.com/theories-du-
complot-notre-societe-est-elle-devenue-parano_fr_33953.html, consulté le 20 janvier 2019).
 Sensibiliser. Ex : l’ADEME sensibilise le grand public aux enjeux du développement durable en organisant des
expositions dans les établissements scolaires, en publiant des dossiers d'information sur son site Internet…
 Faire agir. Ex : un ingénieur présente un projet de renouvellement d’un parc machine pour améliorer la
productivité d’un atelier.

Bien sûr, les frontières entre ces visées sont minces, et l’on pourra passer de l’une à l’autre au cours de l’exposé (une
1ère partie peut être informative, une seconde partie peut davantage chercher à faire agir…). Dans le cadre d’un exposé
de culture générale, la visée informative est la plus importante : l’objectif est que votre public renforce sa culture
générale et retienne les quelques informations essentielles du thème présenté (3 ou 4 au maximum).

Mais cette première étape dépend aussi des recherches que vous aurez effectuées et des éléments dont vous
disposerez. En effet, une recherche d’information s’impose. Comment faire ?

3.2. Interroger le thème


Pour réussir sa prise de parole, il faut maîtriser son sujet, bref préparer ses dossiers. On peut procéder en plusieurs
étapes :
Etape 1 : utiliser les cartes heuristiques et les questions classiques
Posez d’abord les questions classiques : 3 Q2COP : qui, quoi, quand, comment, combien, où, pourquoi ?
- de quoi s’agit-il ? De quoi est-il question ? Où cela a-t-il lieu ? Quand cela se passe-t-il ? Comment cela s’est-il
produit ?... Toute question que votre auditoire se posera. Puis affinez votre problématique en fonction de vos objectifs,
votre temps, etc.
Exercice 5 : par deux, choisissez un sujet parmi la liste proposée plus haut et dessinez une carte mentale en
posant le sujet au centre et en imaginant des questions autour de ce sujet.

Étape 2 : Lister des mots-clés


Ex : Les écrans rendent-ils violents ?
Mots clés possibles : jeu et agressivité – jeu et augmentation irritabilité- insensibilité à la souffrance –violence et image
–facteurs de risques jeu vidéo, cyber harcèlement, addiction aux écrans, etc.
Un conseil précieux : utiliser la carte mentale de l’Encyclopædia Universalis (http://www.universalis-edu.com.docelec.u-
bordeaux.fr/) pour trouver des mots-clés fructueux.
Etape 3 : Effectuer des recherches bibliographiques.
Une fois le thème interrogé à l'aide des questions vues précédemment, vous allez élargir vos connaissances en
effectuant des recherches bibliographiques. Cette étape est fondamentale pour capter une information fiable. Vous
trouverez à titre indicatif quelques éléments de bibliographie pour traiter vos sujets à la fin de ce cours :

Consultez la plateforme Babord+ du site internet de l’Université, qui propose des ouvrages papier et numérisés
(Scholarvox/ cyberlibris).

3.3. Retenir quelques questions


Pour traiter le thème choisi, il faut isoler une ou deux questions afin d’y répondre pendant l’exposé. En effet, vous ne
pouvez pas répondre à toutes les questions que le thème peut amener. Si vous avez l'ambition de traiter tous les
aspects du thème, vous risquez de survoler celui-ci et de ne dire que des généralités. Conclusion, votre auditoire
n'apprend pas grand-chose, et s’ennuie.
Ex : une année précédente, des étudiants avaient choisi de faire un exposé sur la Croatie. La question choisie était "
Histoire de la Croatie" : ingérable en 10' ! Exposé raté !

3.4. Traiter l’information


Une fois l’information réunie, il faut déterminer les moyens de la présenter, en l’organisant, et en tenant surtout compte
du format (temps limité, etc.).
Ces étapes ne se déroulent pas nécessairement dans l’ordre précité. On peut par exemple partir d’une question, d’un
mot clé, puis affiner au fur et à mesure ses recherches.
En résumé :
Je clarifie par une série de questions ce que je veux chercher ;
Je me documente : je recherche l’information et je la valide ;
Je révise et circonscris mon champ d’investigation ;
J’argumente et je construis : je traite l’information pour communiquer efficacement et dans le temps imparti
8
Rappel : parcours dans la documentation

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Construire perspective l’info
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er critique, évaluer
un document
Référencer Prendre des notes :
résumer
recopier
surligner

Exercice 6 : parcourez rapidement la bibliographie sur le thème traité. En quoi cette bibliographie est-elle
pertinente ? Si vous deviez lire un seul livre sur la question du complotisme, quel serait-il ?

3.5. Contextualiser le sujet


Il est nécessaire de s'informer sur le sujet pour :
 Dresser dans un premier temps l'état du savoir sur la question. Rassurez-vous : on ne vous demande pas en
1ère année de lire 75 ouvrages sur la question. Il faut cependant parcourir deux ou trois ouvrages et/ou articles
sur la question pour se faire une idée du sujet.
 Isoler ensuite une problématique, c'est-à-dire quelques questions auxquelles l'exposé apportera des éléments
de réponse.
Cette opération s'appelle la contextualisation : on fournit à l'auditoire des informations clés (les plus récentes si
possible), en référence à l'histoire, la culture, l'économie, etc. A partir de là, on en déduit quelques questions qui seront
traitées pendant l'exposé.

Exercice 7 : Ecoutez cet extrait d’un exposé intitulé « Le Géant énergétique russe ». La première phrase de
l’exposé est-elle accrocheuse ? Quelles sont les informations que vous apprenez dans le contexte ? Quelle est
la question choisie par les étudiants ? Pourquoi l’ont-ils choisie ?
Texte étudiant :
"Donc on va vous parler du géant énergétique russe. Alors faut savoir la Russie c'est une grande puissance
exportatrice de matières premières, notamment de gaz et de pétrole. Concernant les exportations de gaz, la Russie est
la 1ère puissance mondiale, et pour le pétrole, elle est également 1 ère mondiale, au coude à coude avec l'Arabie
Saoudite. On a une problématique : comment les hydrocarbures russes sont-ils gérés ? Donc dans un 1 er temps, on va
étudier l'utilisation des ressources, puis les réserves de production, et enfin les exportations d'hydrocarbures."

Lisez maintenant cette présentation d'une émission sur le même thème, comment la Russie est-elle devenue un géant
de l'énergie ? (France Culture, 2 mars 2012). Quelles sont les informations de contexte délivrées avant les questions ?

9
Aujourd’hui, la Russie dispute la première place mondiale de la production de pétrole à l’Arabie Saoudite et la première
place mondiale de la production de gaz aux Etats-Unis. C’est dire si ce pays est devenu un acteur incontournable dans
la bataille planétaire que se livrent les nations pour obtenir l’énergie dont elles ont un besoin vital pour alimenter leur
économie. Or, le pétrole et le gaz représente, ensemble, plus de 50% de la consommation mondiale d’énergie. La
Russie s’est donc taillé la part du lion grâce à l’exploitation de ses ressources fossiles en puisant dans des réserves
qui, pour le pétrole en tous cas, sont nettement inférieures à celles de l’Arabie Saoudite.

En 2011, la production de pétrole russe a atteint un niveau record de 511 millions de tonnes. Longtemps à la première
place mondiale en matière de production de gaz naturel, la Russie s’est fait doubler par les Etats-Unis en 2009 à cause
de l’exploitation massive de gaz de schiste outre-Atlantique. Pour autant, la manne énergétique continue à pleuvoir sur
les comptes russes. L’Agence Internationale de l’Energie, l’AIE, estime que l’exportation de ses ressources fossiles a
rapporté 255 milliards de dollars à la Russie en 2010 et que ce montant pourrait atteindre 420 milliards de dollars en
2035. L’AIE souligne toutefois que l’industrie russe pourrait économiser 30% de sa consommation actuelle en
augmentant son efficacité. Ces 30% représentent 200 millions de tonnes équivalent pétrole d’énergie primaire par an,
soit la consommation totale de la Grande Bretagne. Qu’à cela ne tienne, dans ce climat d’euphorie énergétique, on
comprend que la présidence d’un tel pays attise les convoitises. Même si ce phénomène s’observe également dans
des pays qui n’ont pas de pétrole…

Comment la Russie est-elle parvenue à s’installer en tête de la production de gaz et de pétrole au niveau mondial ?

Cette position dominante est-elle pérenne ou bien se maintient-elle au prix d’un épuisement rapide des ressources
énergétiques ?

Quelle sont les conséquences, pour l’Europe, d’une forte dépendance énergétique vis-à-vis de la Russie ?

Exercice 8 : voici un diaporama sur les platistes. En regardant les diapos 2 et 3, exprimez les informations qui
font le lien entre le contexte (diapo 2) et la problématique et le plan proposés (diapo 3) ?

Exercice 9 : voici des questions dégagées à partir d'un thème choisi par les étudiants afin de problématiser le
sujet. Sont-elles pertinentes ? pourquoi ?
thème question commentaires
Les théories du complot En quoi l’épidémie du covid-19 ravive-t-elle un élan
autour du covid 19 de théories du complot ?
Le populisme Qu’est-ce que le populisme ? La démocratie
française est-elle condamnée au populisme ?
L'occupation du Japon Comment les Américains ont-ils occupé le Japon
par les USA de 45 à 52 après la seconde guerre mondiale ?
La liberté de la presse - Le kremlin : acteur ou spectateur ?
en Russie - l’assassinat : un bon moyen de faire taire
les journalistes ?

Exercice 10 : essayez de déterminer la problématique à partir des plans d'étudiants suivants, qu’en pensez-
vous ?
Exposé 1 : l'alcool au Japon Exposé 3 : la viticulture
- l'alcool dans les mœurs - Les conséquences du changement climatique sur le vin
- les traditions se perdent - Les adaptations des viticulteurs
- la production locale Problématique :
Problématique :
Exposé 2 : les mangas Exposé 3 : D. Trump et le complotisme
- histoire - Le mouvement complotiste QAnon
- spécificités - L’élection de Marjorie Taylor Green
- influence - Les émeutes du capitole
Problématique :

4. Structurer son exposé


Planifier son intervention est nécessaire :
10
Pour soi Pour le public
 Dire l’essentiel : ce que je veux que mon public  Saisir la démarche dans son ensemble
retienne  « suivre le guide », c’est-à-dire le cheminement
 Ne pas se répéter et la rigueur de la réflexion
 Conférer une image professionnelle à mon  Donc mieux écouter
intervention (le contraire de l’improvisation)
 Préparer un éventuel document écrit
Une fois l’information réunie, il faut la traiter, c’est-à-dire :
- choisir, supprimer et garder
- trouver un plan qui réponde à vos objectifs de parole : informer, faire le point sur, décrire, expliquer –
sensibiliser – convaincre - faire agir, et à votre questionnement de départ. On ne peut pas tout dire et tout
faire : tenir absolument compte de son temps de parole.
- établir les idées maitresses ; dégager les idées secondaires
Une démarche en trois temps
A l’oral, la trame d’une réflexion est souvent ternaire :
1. L’introduction présente le thème du travail en le situant dans un contexte (scientifique, technique,
économique, social…), formule une ou deux questions, esquisse enfin les grandes lignes de la démarche.
2. Le développement constitue la voie de résolution pour traiter la question abordée.
3. La conclusion regroupe les idées essentielles en un dernier bilan. L’orateur terminera si possible son exposé
en utilisant une chute.

Il existe trois grandes catégories de plans : les plans informatifs / descriptifs, les plans explicatif et résolution de
problème, et les plans argumentatifs :

Les plans thématiques / descriptifs :

Le plan chronologique Le plan par aspects Le plan accumulatif ou thématique Plan « 3QOCP »
- Passé – présent – futur 1. aspects 1. un 1er élément 1. qui ? 2. quoi ?
- Présent – passé – futur, géographiques 2. un 2ème élément 3. quand ? 4. où ?
etc. 2. aspects éthiques 3. Un 3ème élément 5. comment ? 6.
On peut insister sur une 3. aspects conséquences pourquoi ?
seule période économiques - Variante thématique en
Variante : plan historique 4. aspects entonnoir :
- 1ère période juridiques, etc. 1. niveau global
- 2ème période 2. niveau intermédiaire
- 3ème période 3. niveau du détail
(ou le contraire, du détail au global)

Les plans explicatif et résolution de problème :

Plan analytique / Le plan logique/méthodologique Modèle de la Modèle du


explicatif classique prise de diagnostic médical
décision
1. faits/ problèmes 1. les données 1. description, 1. qu’est-ce qui
2. causes, origines du 2. la méthode d’analyse formulation du ne va pas ?
problème, 2. l’analyse des données problème (les
explications 2. recherche symptômes)
3. conséquences Variantes : des solutions 2. pourquoi cela
1. les données 3. évaluation ne va pas ?
On n’est pas obligé 2. la règle applicable des solutions (les causes)
de traiter tous ces 3. l’application de la règle aux données (en fonction de 3. que pourrait-on
points dans un Variante : le plan scientifique : diverses faire pour que
exposé. En fonction 1. le contexte contraintes) cela aille
des contraintes 2. la définition des termes 4. choix des mieux ? (le
temporelles, on met 3. le cadre théorique ou la définition du solutions remède)
l’accent sur une problème 5. mise en
partie. 4. les données œuvre
5. la méthode d’analyse
6. l’analyse
7. l’interprétation ou la discussion
11
Ou :
1. analyse des faits
2. hypothèses
3. méthodologie
4. vérifications
5. préconisations
Variante anglosaxonne : le plan IMRAD :
Introduction / Methods/ Results and discussion

Les plans argumentatifs


Le plan de discussion Les modèles FOR ou SOP Le plan comparatif
1.plan dialogique : 1. Faits 1. une première position
- argument 1 / contre-argument 2. Opinions 2. une seconde position
- argument 2 / contre-argument 3. Recommandations 3. les points communs et les
- argument 3 / contre-argument différences,
Ou plan antithétique : 1. Situation Ou
- thèse / antithèse (thèse A, 2. Opinion (s) 1. les points communs entre deux
soutenue par X arguments, thèse B 3. Proposition (s) positions
soutenue par x arguments) 2. les différences entre les deux
- antithèse / thèse (celle qui n’a pas postions
notre préférence / celle qu’on 3. la refonte des deux positions en
défend) une troisième

Ces plans constituent des raisonnements qui aident à structurer l’exposé mais qu’il faudra transformer en titres
pleins, c’est-à-dire des titres qui fournissent une réelle information au public (« conséquences » donne très peu
d’informations).
Un bon conseil à l’oral : plus on avance dans son exposé, plus le public peut avoir tendance à se lasser. On peut
remédier à ce problème en appliquant le « principe de l’entonnoir » :

- une première partie d’une certaine longueur


- une deuxième partie plus courte 1
- une troisième partie encore plus courte

Dans l’idéal, l’argumentaire suit l’ordre inverse : utilisez 2


de plus en plus d’arguments forts, pour maintenir l’écoute

Exercice 11. Voici trois sommaires : repérez le type de plan employé. 3


Thème 1 : L’effet de serre
1.Que se passe-t-il ?
2. Que doit-on redouter ?
Que peut-on faire ?
Thème 2 : Le dopage
Qu’est-ce que se doper ?
Désigner le coupable
Soigner la victime
Thème 3 : la pollution maritime
Les différents types de pollution et leurs effets
Les mesures de sauvegarde
Thème 4 : les générations Y et Z au travail
Les jeunes générations dans la société
Les jeunes générations dans l’entreprise
La collaboration intergénérationnelle

Exercice 12. Voici plusieurs plans d’exposé réalisés par d’anciens étudiants : effectuez-en une analyse
critique.
1. Les Yakusa au Japon 2. Les Francs-maçons nous gouvernent
4 parties : Histoire – organisation- Culture - Actions Partie 1 : Comment fonctionne la franc-maçonnerie
et qui sont-ils ?
Partie 2 : influence sur le monde et théorie du
12
complot
3. Qui sont les antivax ? Réseau français et international 4. Etude d’une secte : la scientologie
Partie 1 : contexte historique - Qu’est-ce que la scientologie ? Secte ou religion ?
Partie 2 : scepticisme vaccinal - Que reproche-t-on à la scientologie ?
- Véritable machine commerciale
- Condamnations et affaires judiciaires

5. Rédiger des fiches opérationnelles ; synthétiser son exposé en quelques fiches

Préambule : l’exposé oral : entre texte lu et improvisation


 improviser au pied levé est très risqué ; parler les mains dans les poches, c’est faire preuve de dilettantisme et
ce peut être très gênant si le trou de mémoire arrive
 lire un texte entraîne des conséquences néfastes :
- débit trop rapide et monotone.
- fuite du regard ; l’orateur se coupe du groupe (communication amoindrie)
- style écrit moins facilement assimilable (phrases aux constructions plus complexes…)
 conclusion :
- écoute pénible ;
- d'où l'obligation de rédiger des fiches opérationnelles

Bien sûr, l’idéal est de parler sans notes, ce qui permet à l’orateur de regarder le public et d’avoir une bonne gestuelle.
Mais il est fastidieux d’apprendre son exposé par cœur. Il faut donc préparer des notes claires et opérationnelles, des
fiches aide-mémoire. Les journalistes qui utilisent couramment ces fiches aide-mémoire appellent cela un conducteur.
1er conseil : Rédigez partiellement vos notes pour éviter de lire votre papier ! Au moins, des notes non rédigées
n’autorisent pas la lecture ; en revanche, parler permet d’établir une communication avec son public (rôle du regard…)
2ème conseil : constituez une fiche (ou deux) par partie (bien noter en haut de la 2 ème fiche qu’elle est la suite de la partie
en question). Une intervention d’une petite dizaine de minutes doit comporter 5/6 fiches au maximum. Mise en forme
matérielle : fiches cartonnées (format A5 ou A6 par exemple, le format A4 étant trop voyant), recto, écriture lisible (vous
devez impérativement vous relire !). Utilisez vos abréviations habituelles.
3ème conseil : que noter ?
Notez l’idée clé et les idées secondaires (celles qui vous aident à justifier, développer, expliquer l’idée clé) ; notez +/-
d’indications en fonction de vos connaissances du sujet. Ecrivez les connecteurs et les transitions, rédigez entièrement
l’introduction (cela vous évitera de bafouiller dès le début) et la conclusion.
Notez le numéro des diapos à envoyer.
4ème conseil : notez les éléments non mémorisables : noms, dates, schémas, chiffres, citations, …
Soyez précis : source ? Titre de l’ouvrage et de l’auteur où a été empruntée la citation ? Date de l’enquête ?
Bilan : une fiche opérationnelle :
- permet de balayer le public du regard
- vous évite les trous de mémoire
- est complète mais apte à libérer la parole, la gestuelle et le regard
- est discrète, ne se remarque pas (A5 ou A6, pas de A4 !)

Exemple de fiche pour l’introduction et le développement :

SUJET de L'EXPOSÉ : ...................................................................................


Introduction Durée diapos
- formule de salutation

- accroche mn .............
- présentation thème et questions .............
- annonce plan

Développement
Idées principales Idées secondaires Durée diapos

13
1. 1.1. mn .............
1.2.
1.3.
transition mn .............
2. 2.1. .............
2.2. .............
2.3.
transition mn
3. 3.1. .............
3.2. .............
3.3.

Exercice 13 : voici un article de La Croix. En binômes, rédigez une fiche opérationnelle. Vous rédigerez
entièrement l’introduction, et vous rédigérez des notes pour le développement. Ne faites pas de conclusion.
Vous avez ensuite 2 mn pour venir nous parler de la consommation de viande en France. (temps de
préparation 25mn).
La Croix, no. 42528. Evènement, jeudi 26 janvier 2023 1158 mots, p. 2,3

Montrons-nous trop nos enfants sur Internet ?

Avec la banalisation des réseaux sociaux, de plus en plus de parents publient des
photos de leurs enfants sans leur autorisation. Des images pouvant nuire à la
construction des jeunes, faire le lit du harcèlement sexuel et être détournées à des
fins pédopornographiques.

Paula Pinto Gomes

Il y a les parents qui ne le font « jamais », comme Christelle, parce qu'ils veulent « protéger l'image » de leurs
enfants. Ceux qui publient des photos « de dos » ou qui cachent les visages, comme Nini. Ceux, encore, qui le font
« de temps en temps » à l'instar de Cécile. « Je dois publier des photos de mes enfants sur Facebook environ une
fois par an, raconte cette mère de trois adolescents. Je le fais surtout pour montrer comment ils grandissent aux
amis qui sont loin. Mais depuis que mon fils m'a fait remarquer que je ne lui avais pas demandé son autorisation,
j'en publie moins. »

Et puis, il y a ceux qui en publient énormément. Il suffit de taper le mot clé « famille » ou « family », sur Instagram
notamment, pour saisir l'ampleur du phénomène. Un compte pris au hasard sur ce réseau prisé des jeunes parents
affiche 2 126 photos. Des images et des vidéos de bébés ou d'enfants en bas âge, sous tous les angles, seuls ou avec
leurs parents.

Chez les influenceurs famille, qui utilisent l'image de leurs enfants pour vendre des produits, le compteur grimpe
encore : 3 720 photos pour une maman bretonne, 5 456 pour une autre d'Amiens, par exemple. Quant aux
auteurs de vlogs (blogs vidéo) familiaux, ils exposent la vie quotidienne de leurs enfants en permanence.

« On estime qu'un enfant apparaît, en moyenne, sur 1 300 photographies publiées en ligne avant l'âge de 13 ans,
sur ses comptes propres, ceux de ses parents ou de ses proches », indique le député Renaissance Bruno Studer,
auteur d'une proposition de loi visant à garantir le respect du droit à l'image des enfants (lire ci-contre). Les plus
jeunes sont les plus exposés : « 75 % des enfants pris en photo ont entre 0 et 5 ans » note, de son côté,
Thomas Rohmer, directeur de l'Observatoire de la parentalité et de l'éducation numérique (Open).

Depuis l'avènement du smartphone, prendre des photos de ses enfants est devenu banal et les publier sur les
réseaux sociaux aussi, désormais, pour beaucoup de parents. « C'est un phénomène massif, qui ne cesse de
croître avec, aujourd'hui, une augmentation des publications vidéo, notamment sur Facebook et TikTok , relève
Thomas Rohmer. D'après nos enquêtes, les parents qui le font le plus sont plutôt jeunes et souvent des mères. »

14
Ces pratiques seraient aussi plus fréquentes chez les familles « qui ont un déficit de capital culturel numérique »,
selon l'anthropologue Pascal Plantard. « Ces personnes utilisent surtout les technologies du point de vue de la
consommation et de ce qu'on appelle l'économie de l'attention, sur laquelle repose le fonctionnement des réseaux
sociaux, avec l'audience et le buzz, explique ce spécialiste des usages numériques. Pris au piège des géants
d'Internet, certains parents naïfs ne se rendent pas compte des enjeux. D'autres, immatures, vont chercher leur
propre notoriété à travers la mise en scène de leurs enfants. »

Beaucoup ignorent, en effet, les risques de cette exposition. « Je ne vois pas trop où est le problème, dit Samia.
Les gens s'en fichent du visage de vos enfants. » Cécile non plus ne se posait pas de questions avant la remarque
de son fills. « C'est en l'écoutant que j'ai pris conscience des problèmes de visibilité sur les réseaux, reconnaît-elle.
C'est quelque chose qu'il redoute. Il m'a même dit que, pour rien au monde, il ne voudrait être connu. »
Les parents qui s'inquiètent pensent surtout aux prédateurs en ligne. « On ne sait pas qui peut voir les photos »,
relève Céline. « On peut faire des choses terribles avec des images : du mème moqueur (1) au montage
répugnant sur des sites pornographiques », ajoute Anne. Le député Bruno Studer confirme ces craintes : « 50 %
des photographies qui s'échangent sur les forums pédopornographiques avaient été initialement publiées par les
parents sur leurs réseaux sociaux », écrit-il dans l'exposé des motifs de sa proposition de loi. Les photos de
bébés dénudés ou de jeunes filles en tenue de gymnastique intéressent particulièrement les cercles pédophiles,
selon le député, qui met en garde contre la diffusion d'informations sur le quotidien des enfants car elles peuvent
« permettre à des individus d'identifier leurs lieux de vie et leurs habitudes à des fins de prédation sexuelle ».

Au-delà du risque pédophile, les contenus mis en ligne peuvent générer des problèmes psychologiques chez les
jeunes. « Aujourd'hui, l'exploitation de l'i mage de soi, comme celle de nos proches, passe avant la relation réelle
et l'enfant peut penser que ses parents préfèrent l'image de lui à ce qu'il est vraiment », analyse le psychiatre
Serge Tisseron.

Ces photos qui circulent à vie sur Internet peuvent également « avoir un impact sur l'acceptation de soi et de son
image, rappelle Thomas Rohmer. Lorsqu'un adolescent voit resurgir certaines photos de lui, bébé ou enfant,
dans des situations plus ou moins avantageuses, il peut être gêné. C'est un âge où on a envie de s'éloigner de sa
famille pour voler de ses propres ailes, et ces traces peuvent être vécues comme une forme d'humiliation. Sans
compter qu'elles peuvent être utilisées dans des situations de harcèlement scolaire. » À l'âge adulte aussi, ces
images peuvent nuire, ajoute, de son côté, Serge Tisseron : « Si je suis cadre supérieur dans une entreprise et
qu'une photo de moi sur le pot circule sur les réseaux, des petits malins peuvent s'en servir. »

Éviter ces dérives, c'est l'objectif de la proposition de loi de Bruno Studer qui prévoit de modifier le code civil
pour introduire la notion de vie privée dans la définition de l'autorité parentale. Une loi de pédagogie plutôt
qu'un texte répressif, qui entend surtout sensibiliser les parents au droit à l'image. Publier une photo de son
enfant sans son autorisation, « c'est une violation de (son) droit à l'image, composante du droit au respect de (sa)
vie privée », rappelle Claire Hédon, la défenseure des droits, dans son dernier rapport.

« L'idée n'est pas de dire que les parents qui publient des photos de leurs enfants sont de mauvais parents,
précise Thomas Rohmer. Mais on assiste à une surenchère du côté des parents influenceurs qui peut conduire à
de la maltraitance. » Le fondateur de l'Open dénonce, notamment, la multiplication des canulars (par exemple, diffuser
un faux message de la « police des enfants » ...) pour « faire le buzz ». «Ce genre de vidéo devient vite virale et peut
inciter certains parents à passer à l'acte sans se rendre compte qu'il s'agit de maltraitance. »

Le spécialiste regrette d'ailleurs que la proposition de loi n'aille pas plus loin en modifiant aussi le code pénal.
Serge Tisseron, lui, rappelle « qu'il faudrait des voies de recours pour les enfants jusqu'à 12 ans. Car à partir de
13 ans, on ne le sait pas assez, un adolescent est légalement propriétaire de son corps et devrait donc pouvoir
demander à la Cnil l'effacement des photos sans attendre sa majorité. »

15
6. Parler à deux : se passer la parole
Souvent, les étudiants, lors d’un exposé à deux, se passent la parole de manière convenue, banale, ennuyeuse (« je
passe donc la parole à Emile », « c’est maintenant à Robert de nous parler de la deuxième partie… »). Ces transitions
sont inutiles si l’exposé est bien construit. A la rigueur, quelques connecteurs peuvent être utilisés pour les moments
forts (En conclusion…). Donnez du rythme à votre intervention ! Ne vous passez pas la parole, mais alternez vos
propos en les enchainant. Voici un exercice qui va vous faire réfléchir sur ce point.

Exercice 14 : voici un texte sur l’invention de la conserve. L’objectif de l’exercice est de le lire à haute voix en
public, mais à deux, en se séparant la lecture. Les deux orateurs doivent s’alterner le plus possible, avec
fluidité, sans coupure, et lire avec enthousiasme. Utilisez éventuellement deux stabylos de couleur pour
repérer chacune de vos interventions.

Histoires de savoir : Comment ont été inventées les conserves ? (D’après le Figaro)
Elle est aujourd'hui limite « has been ». Congelés, surgelés, extrudés... les aliments roulent des mécaniques
technologiques devant la boîte en fer blanc. Pourtant, au XVIII e siècle, la conserve a été une révolution
autrement plus importante que ces techniques modernes. À l'époque, et ce depuis des siècles, les seuls
moyens de conserver les aliments étaient le séchage, le salage, le fumage, le saumurage, la fermentation, le
« confit » dans la graisse ou le sucre, le caillage… Des techniques relativement simples, sûres, mais qui
modifient profondément l'aspect et le goût de l'aliment traité. Sans parler de ses qualités nutritionnelles.

Tout à coup, un moyen simple a été inventé pour conserver sans risque et longtemps nombre d'aliments de
base, fruits et légumes, viandes, poissons. Cerise sur le gâteau, l'inventeur de la conserve va refuser de…
conserver son secret ou même de le faire breveter, pour l'offrir à tous. Ce procédé, l'appertisation, porte
d'ailleurs toujours le nom de son inventeur, Nicolas Appert, qui soixante ans avant Louis Pasteur, découvrit
empiriquement, à force d'essais, la stérilisation des aliments par la chaleur.

Bien malin aurait été l'augure qui, penché sur le berceau de Nicolas Appert, le 17 novembre 1749, à
Châlons-sur-Marne, aurait prédit l'incroyable destin de celui qui devint un éminent représentant des hommes
éclairés du siècle des Lumières. Ce neuvième enfant d'une famille d'aubergistes – à l'enseigne du Cheval
blanc –, apprend les bases du métier dans les cuisines de l'auberge familiale puis s'oriente vers la
profession de cuisinier-confiseur. Déjà la conservation.

Après un séjour de dix ans en Allemagne, il revient en France à l'aube de la Révolution et ouvre sa première
boutique en 1784 à l'enseigne de La Renommée au 47, rue des Lombards, à Paris. Le confiseur, arrivé à la
quarantaine, ne reste pas en marge du bouillonnement social. Il s'enrôle dans la garde nationale, devient le
président de la section des Lombards, assiste à l'exécution de Louis XVI. Parallèlement, ses affaires
prospèrent. Tout lui sourit. Jusqu'à la Terreur. Le ci-devant citoyen Appert est jeté en prison. Il y croupira
trois mois. Ironie de l'histoire et conséquence inattendue de la Révolution, c'est pendant cette « pause »
que, semble-t-il, le puzzle de la conservation se met en place dans son esprit. À sa sortie de prison, il
abandonne toute activité révolutionnaire et se lance dans les expérimentations. La conserve va naître. Et
pas dans une boîte.
D'abord dans des bouteilles de champagne (…)

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