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L’option Régionale

Cadre de développement économique durable d’Haïti

Planification stratégique

1
« Terre fertile traversée par des sources, rivières

et habitée par une population accueillante, Haïti


est un Pays-Soleil, Pays-Phare des Nations au
paysage magnifique. »

2
Sommaire

Sigles et abréviations…………………………………. 4
Avant-propos et remerciements……………………....5
Introduction………………………………………..…..9

1. La Région Métropolitaine……………………16
A- Constitution et
Potentialités économiques…………...17

B- Planification stratégique.…………….23
2. La Région Septentrionale……………………43
A- Constitution et
Potentialités économiques……..…….44

B- Planification stratégique……………..50
3. La Région Centrale………………..…………79
A- Constitution et
Potentialités économiques………..….80

B- Planification stratégique…………..…85
4. La Région Septentrionale……….…………...99
A- Constitution et
Potentialités économiques………….100

B- Planification stratégique…………...107

Conclusion…………………………………………..130

3
Sigles et abréviations

AyiPwo : Ayiti Pwosperite


ASC : Association Sportive Capoise
BM : Banque Mondiale
BRANA : Brasserie Nationale
CINA : Cimenterie Nationale
FICA : Football Inter Club Association
HASCO : Haitian American Sugar Company
HunASA : Hungarian Association of the Sacramento Area
IHSI : Institut Haïtien de Statistiques et d’Informatique
ISPAN : Institut de Sauvegarde et du Patrimoine National
JAC-21 : Jeunesse en Action / 21e Siècles
MCI : Ministère du Commerce et de l’Industrie
MUPANAH : Musée du Panthéon National d’Haïti
MW : Mega Watt
SHODECOSA : Superior Housing Developpement
Corporation S.A.
SONAPI : Société Nationale des Parcs Industriels
UNESCO : Organisation des Nations Unies pour
l’Éducation, la Science et la Culture

4
Avant-Propos et Remerciements

1 Terre fertile traversée par des sources, rivières et


habitée par une population accueillante, Haïti est un Pays-
Soleil au paysage magnifique.

2 Aussi paradoxal que cela puisse paraitre, près de


3millions d’Haïtiens sont dans une situation de pauvreté
extrême vivant avec moins de 100 gourdes par jour. Les
gens en situation de pauvreté vivant avec moins de 200
gourdes par jour représentent 59% de la population, soit
environ 6.3 millions de personnes. Environ 1 million
d’habitants se trouvent au seuil de la pauvreté dans une
situation de vulnérabilité, menacés constamment de
tomber en pauvreté (sources combinées : MCI, Banque
mondiale).

3 Cette réalité traduit l’une des plus scandaleuses


inégalités sociales et de répartition de richesse nationale :
1% de la population dispose de plus de 40% de la richesse
nationale pendant que près de 60% de la population vivent
dans la pauvreté (sources combinées : IHSI, MCI, BM).

5
4 En dépit de ses potentialités, Haïti est devenu un
grand consommateur, un pays pauvre, le seul pays moins
avancé du continent américain.

5 On assiste à une exploitation abusive des


ressources du pays, une circulation invisible de ses
richesses et une population haïtienne pataugeant dans une
misère infernale.

6 Les potentialités d’Haïti sont destinées à tous les


haïtiens, voire tous les humains. À chacun son dû. Chaque
haïtien est appelé à se développer et est responsable de son
processus de croissance.

7 Il importe de promouvoir la création de richesse,


la participation citoyenne active et la cohésion sociale à
l’enseigne de la justice socio-spatiale, sociale, de la
fraternité universelle et du respect à l’environnement en
vue de l’amélioration du cadre de vie de la population, du
bonheur de tous.

8 Dans le présent ouvrage, la région est considérée


comme cadre approprié de développement économique
durable. L’adoption d’une telle politique de gestion de

6
proximité s’inscrit dans la logique de stratégie
différentielle ( à espace différencié, stratégie différente).

9 L’option régionale devrait conduire à


l’établissement de plans de développement et
d’aménagement régionaux consacrant des zones
homogènes du point de vue économique et démo-
écologiques.

10 Nous présentons un bouquet de


remerciements à toutes celles et à tous ceux qui ont
contribué de près ou de loin à l’élaboration de ce
livre, intitulé : « L’option régionale : Cadre de
développement économique durable d’Haïti ».

11 Très spécialement, on voudrait remercier :

o Le Grand Dieu de l’Univers de nous avoir


inspirés ;

o À M. Jacques Carmel Morisseau et Famille,


M. Kenel Regis, Feu Marius Nivose pour leurs
précieux conseils ;

7
o Aux membres de : JAC-21, Ansavo cheri et
AyiPwo, particulièrement :

Jackson Morisseau, Daphnée L. Morisseau,


Frantz Saintimé, Jean Marie Dély, Auguste
Louis, James P. Vincent, Stavena Henry et
Frantzy Orélien pour leur engagement sans
faille.

12 Enfin, nous espérons que cet ouvrage,


malgré ses limites et faiblesses, pourra contribuer au
développement économique durable d’Haïti,
producteur de richesses, générateur d’emplois et de
nouveaux riches parmi les éléments progressistes
des classes moyennes et populaires notamment les
jeunes.

8
INTRODUCTION

13 L’économie durable se veut un nouveau


modèle économique axé sur la Croissance dans
l’engagement à la Justice sociale et respectueux de
l’environnement.

14 Ce modèle économique, dans la logique de la


transformation du pouvoir d’État en « Pouvoir Service »,
requiert une stratégie différentielle reposant sur les
diversités naturelles et culturelles des régions dans l’Haïti
une et plurielle.

15 L’option régionale comme solution


décentralisatrice pourra être facilitée d’une double façon :

Premièrement, une stratégie différentielle


permettra plus facilement de prendre en compte et de
respecter les potentialités régionales. À l’échelle de la
région, il sera plus facile de mobiliser les énergies locales
pour améliorer les techniques et les rendements, et
produire le développement intégré des communautés
locales. La régionalisation correspond à une politique

9
prospective visant à transformer les régions en « zones
stratégiques de développement » ;

Deuxièmement, l’aménagement du territoire, en


organisant les espaces, les réseaux et les flux en fonction
des vocations régionales, transformera celles-ci en des
pôles de croissance compétitifs par rapport au reste du
pays et du monde. Aussi, la région servira-t-elle de
support macro-économique à la décentralisation entendue
comme la démocratisation de l’espace national.

16 Elle est considérée comme cadre très approprié


pour un développement économique planifié et
rationalisé. Cela va de soi, elle est appelée à jouir de
l’autonomie administrative et financière et être coiffée
d’une autorité de développement : « la Municipalité
régionale ». Sa principale fonction est de planifier le
développement économique et social de la « région » et
d’en faire un « pôle de développement » compétitif.

17 La gestion territoriale pourrait être pensée en


termes globaux, structurels et envisagée dans le cadre

10
d’un partage de responsabilité entre l’État, la région et la
commune.

18 L’État coiffera nécessairement ce système à


paliers multiples avec à la carte deux fonctions
principales :

1. Créer et maintenir un climat, un


environnement propice au développement des
affaires et à l’augmentation continue de la
production nationale par la dotation de
facteurs

2. Établir et faire fonctionner un mécanisme de


solidarité inter et intra régionale capable de
pallier aux insuffisances financières et
humaines de certaines communautés par la
mise en œuvre d’un système de péréquation.

19 La « Municipalité régionale », comme


« autorité de développement » sera dirigée par un « Maire
de région » responsable de la planification et de la
conduite du développement économique et social de la

11
région et de l’aménagement de son territoire.
L’établissement du « zonage » agricole, industriel et
touristique serait l’occasion d’une politique de
redéploiement de l’implantation des activités
économiques à travers l’espace territorial national. Cette
approche régionale vise à préciser les contours de
spécialisation et d’excellence des régions et à planifier
leur aménagement en fonction de choix de développement
économique et social qui tiennent compte des potentialités
économiques et sociodémographiques.

20 Les mesures suivantes pourraient être prises :

• L’utilisation optimale et rationnelle des


ressources régionales en envisageant et en
organisant leur gestion en fonction des
objectifs de croissance de justice sociale et de
respect à l’environnement

• La transformation de chacune des régions en


un pôle de croissance à partir duquel le
développement pourra se répandre avec des

12
effets terminaux sur l’ensemble de
l’économie.

21 Un aspect important de la régionalisation est le


rééquilibrage entre Port-au-Prince et les villes de province
qui seront promues « métropoles régionales », mais aussi
l’interrelation villes-campagnes et leur complémentarité
indispensables à la rationalisation et à la cohérence du
développement des régions.

22 Les principes directeurs d’une planification


stratégique de développement régional peuvent s’énoncer
comme suit :

• L’espace régional est divisé en des « unités


stratégiques homogènes » de
développement, et l’évolution des espaces
tant urbains que ruraux est en relation avec
celle du territoire des régions

• L’efficacité des actions immédiates autant


que celles structurantes à long terme, se
mesure à leur capacité de freiner d’abord

13
le processus de déstructuration des espaces
(délabrement des villes, désertification des
campagnes), d’inverser les tendances pour
enfin assurer leur développement sur une
base harmonieuse et durable

• La détermination de phases et de paliers


successifs dans les activités de
développement des régions est un des
éléments fondamentaux d’une
gouvernance crédible à exercer à la
lumière d’un réalisme justifié par des
contraintes prévisibles

• Les projets s’appuient sur une base de


données démographique et statistique
fiables ou fiabilisées et continuellement
mises à jour.

23 Le pays pourra être divisé en quatre régions,


chacune avec des contours de spécialisation et

14
d’excellence spécifiques, mais aussi avec des
ressemblances. Il est essentiel de rappeler que
les « régions » sont des « Collectivités Territoriales »
dotées d’autonomie administrative et financière et de
compétences de développement. Elles sont des
regroupements de départements géographiques sur la base
de leur proximité, de leur complémentarité et ce qu’ils ont
en commun en termes de potentialités économiques.

24 Comment va-t-on les constituer ? Quelles sont


leurs potentialités ? Comment procèdera-t-on pour
transformer leurs ressources en richesses ?

25 Nous présentons dans le cadre de travail des


éléments stratégiques pour le développement de chacune
des régions, à savoir : les régions métropolitaine et
centrale, septentrionale et méridionale.

15
1. LA RÉGION MÉTROPOLITAINE

16
A. CONSTITUTION ET POTENTIALITÉS
ÉCONOMIQUES

26 La « Région Métropolitaine » pourrait


regrouper les deux départements de l’Ouest et du Sud-est
avec 4 385 000 habitants repartis sur 6 855 kilomètres
carrés.

27 La commune de Petit Goâve serait transférée au


département des Nippes pour reconstituer l’homogénéité
du grand ensemble formé par la plaine de Petit Goâve,
l’Étang de Miragoâne et la sous-région des Palmes,
ensemble qui formerait une « unité de développement » à
très forte potentialité agricole et touristique.

28 La vocation première de cette région est


industrielle, touristique, et le secteur croissant des
services rattachés.

29 En fait, plus de 90% des investissements


industriels réalisés en Haïti au moins depuis l’occupation
américaine le sont dans cette région, notamment dans la
zone métropolitaine de Port-au-Prince. Ils vont de « parcs
industriels » publics ou privés de création plus ancienne

17
(SONAPI, SHODECOSA, etc.) aux « zones franches
industrielles », de formation plus récente (LAFITEAU
GLOBAL, par exemple), en passant par des « entreprises
publiques » qui ont été privatisées ou fermées (CINA,
Minoterie, HASCO, Usine Sucrière de Darbone, etc.) et
les entreprises industrielles privées dont les plus
significatives sont les brasseries (BRANA, LARCO,
COURONNE), les distilleries et les guildives (Rhum
Barbancourt, Clairin Lakay, Clairin Nazon, etc.), les
entreprises de construction (Aciérie d’Haïti, Mosaïque
Gardère, etc.), les entreprises de transformation de
denrées (HUNASA, FAMOSA, REBO, etc.), les
entreprises de la mode (Murielle Création, Guy Tissus,
etc.) et bien d’autres encore.

30 Toutes ces industries ont développé ou


développent encore (celles qui se sont pérennisés à travers
le temps) dans leurs usines des matières premières pour la
plupart locales et, tout en assurant les besoins locaux de
consommation, ont pu étendre leurs marchés à l’étranger
par l’exportation des produits finis. Elles ont créé des
emplois durables : un impératif de la conjoncture à

18
développer et à amplifier dans l’engagement à la justice
sociale et pour assurer notre entrée en modernité.

31 Dans le tourisme et les services, la « Région


Métropolitaine » ne serait pas moins bien lotie. Les
meilleures franchises hôtelières internationales cinq
hibiscus présentes en Haïti (Oasis, Best Western,
Marriott, Decameroun, Club Med, etc.) sont basées dans
l’actuel département de l’Ouest à côté des meilleurs hôtels
(Caribe Convention Center, El Rancho, etc.) et de
restaurants haut de gamme de la place.

32 La « Côte des Arcadins » regorge des meilleurs


hôtels-plages du pays (Kaliko Beach, Wawoo Bay,
Wanga Bay, etc.). La « côte du Zaragua », de Port-au-
Prince à Petit-Goâve, ne demande qu’à être transformée
et développée pour devenir une attraction touristique
fantastique. Le « Bicentenaire » a longtemps fait rêver
presque tous les voisins de la Caraïbe et a même servi de
modèle pour le « Maricon » de la République
Dominicaine.

19
33 Par ailleurs, Pétion-Ville, ville dortoir par
rapport à Port-au-Prince, la Capitale, construite pour être
une ville moderne, présente une forte potentialité
touristique par son tracé et son climat, l’architecture des
maisons, ses hôtels et restaurants haut de gamme.

34 Léogane et la Gonâve abritent des grottes


envoutantes. Le réseau de fortification de l’ouest, les
anciennes habitations coloniales (pour la plupart en
ruine), Arcahaie, la cité du drapeau, sont autant de
facteurs qui renforcent les potentialités touristiques de
l’actuel département de l’Ouest.

35 Jacmel reconnue comme la Capitale culturelle


d’Haïti et classée « patrimoine culturel mondial » est
célèbre pour l’architecture de ses maisons, la qualité
« supérieure » culturelle et artistique de son carnaval et de
son artisanat et la beauté de ses plages.

36 Belle-Anse belle comme elle seule et au


paysage féérique qui nous laisse dans la contemplation
longtemps après qu’on l’ait visitée ; Bassin Bleu avec sa
cascade et ses bassins, Grand-Gosier avec ses trois

20
grottes, le Parc La Visite avec sa faune et sa flore d’une
diversité et d’une originalité insoupçonnables.

37 Côtes-de-Fer et ses plages magnifiques, tous


ces trésors et bien d’autres font du Sud-est une « perle
touristique » que l’on peut arborer avec beaucoup de fierté
pour stimuler la croissance économique, assurer le bien-
être des populations de la région et du pays, et enrichir le
reste de l’humanité.

38 La « zone métropolitaine » de Port-au-Prince


cumulant les attributs de capitale politique, de capitale
commerciale d’un pays qui chercherait à se moderniser, à
émerger, pourrait évoluer vers un essor touristique de
types particuliers : tourisme politique et tourisme
d’affaire au démarrage possible avec les attentes
d’investissement au rétablissement de la sécurité, de la
stabilité, de la confiance et la dotation en facteurs
appropriés et nécessaires.

39 À cet égard, il faudrait améliorer le cadre de vie


de la population. Le grand problème, c’est la
« conurbanisation » sauvage du grand Port-au-Prince

21
caractérisée par le paupérisme urbain, l’insalubrité, la
ruralisation de l’espace urbain avec la « taudisation » de
celui-ci comme conséquences de l’expansion urbaine et
de l’explosion démographique.

40 L’État lamentable de l’habitat et les carences en


services (eau, électricité, routes, assainissement) logés à
l’enseigne de l’indécence achèvent de créer les conditions
infrahumaines pour la population et qui risquent de rendre
difficile la réussite de tout projet de développement
économique et social de la région.

22
B. PLANIFICATION STRATÉGIQUE

41 C’est le caractère pragmatiquement « graduel »


que nous préconisons pour opérer les changements
structurels découlant du choix d’un projet de
développement basé sur la régionalisation, en vue de
résoudre, « par étapes planifiées », les problèmes
fondamentaux de la « Région Métropolitaine ».

42 Une telle politique pourrait être alignée sur trois


axes :

• L’aménagement physique des espaces


retenus comme « unités stratégiques de
développement » en attendant de pouvoir
atteindre l’ensemble du territoire de la
region

• L’amélioration de la qualité des services


de transport, d’électricité, d’eau potable,
d’assainissement et de communication

23
• Le développement d’une « mystique de
production » en exploitant à fond les
potentialités touristiques, industrielles et
agricoles de la région.

43 Le premier problème à résoudre est celui du


foncier. Il est important de reconstituer progressivement
le « Domaine privé de l’État » aux fins de donner à l’État
et aux Collectivités Territoriales les marges de manœuvre
et la capacité d’intervention pour l’établissement
d’équipements urbains (parcs d’attraction, cimetières,
gares routières, etc.) ou pour le développement de projets
d’affaires plus ou moins ambitieux (parcs industriels, cités
touristiques, centres commerciaux, fermes agricoles, etc.).
Cela pourrait passer par l’identification cadastrale des
terroirs de la région et la remise à jour permanente de cet
outil fondamental.

44 Un autre problème qui demande de solutions


urgentes est celui des multiples agressions que subit au
jour le jour l’environnement tant au niveau des centres
urbains et de leurs périphéries qu’au niveau des
campagnes à vocation agricole. On en connait la fiche

24
signalétique : habitats sauvages et insalubrité,
déboisement catastrophique, érosion galopante et
inondation tant de centres urbains que d’espaces cultivés,
menaces sur les nappes et les réserves d’eau, aggravation
de la sécheresse, tarissement des sources et des rivières,
avancée de la salinité des nappes et des sols, avancée
inquiétante de la désertification d’espaces cultivables
dans les différents départements.

45 Les solutions pour être efficaces devraient être


multiples et de différents ordres. Nous proposons de les
orienter sur quatre axes :

• La protection et la régénération de
l’environnement ;
• L’amélioration du cadre de vie physique
notamment dans le grand Port-au-Prince ;
• La modernisation des services de
transport, d’électricité, d’eau et de
communication ;
• Le redémarrage d’un vaste projet de
développement industriel et touristique
associé à un projet de développement

25
agricole touchant la plaine du Cul-de-sac,
la plaine de Léogane et les zones caféières
du Sud-est.

46 L’environnement c’est tout ce qui peut


contribuer à la satisfaction des besoins de l’homme :
cadre de vie, bien-être physique et mental, etc. Cette
définition met en évidence l’interdépendance qui doit
exister entre les systèmes économiques et sociaux et
l’écosystème en général. Malheureusement la pauvreté
induit et entretient dans le corps social une mentalité de
survie qui priorise les besoins économiques et sociaux sur
la qualité de l’environnement. Il importe d’opérer un
changement de paradigme et d’adopter une vision
biosphérique, laquelle vision s’ouvrira sur un cadre de
pensée et de comportement selon lequel l’activité
humaine s’organiserait de manière cohérente et
compatible avec l’environnement.

47 Il est évident que le développement durable de


la « région métropolitaine » ne saurait se concevoir sans
la protection et la régénération de son environnement.
L’accent sera mis sur l’éducation environnementale pour

26
promouvoir la conscience environnementale. Il est
nécessaire d’attirer l’attention sur les problèmes
environnementaux (particulièrement du Grand Port-au-
Prince et de la communauté de Léogane) et de développer
une éthique environnementale capable de favoriser
l’émergence d’attitudes et de comportement respectueux
de l’environnement.

48 En même temps, il faudrait reconstituer, sous


forme de « zones vertes inaliénables », des terrains à
risque après les avoir libérés par la démolition des habitats
sauvages et le déplacement des habitants. Dans la même
veine, nous devrions, dans les périphéries des grandes
villes et dans les zones tampons (poumons de la région),
créer ou reconstituer des « réserves de ceintures vertes ».
Cette mesure pourra toucher le Morne de l’Hôpital, la
Forêt des Pins, le Parc La Visite, le Morne Cabri, entre
autres. Les terroirs de Léogane feront l’objet de traitement
spécial. Les lits des rivières Momance, Rouillonne et
Citronnier seront assainis, drainés et leurs bassins versants
reboisés et protégés. Ces mesures toucheront également la
Rivière Grise et les trop nombreuses ravines (notamment

27
Bois de Chêne) qui traversent la « zone métropolitaine de
Port-au-Prince » et leurs bassins versants.

49 L’amélioration du cadre de vie des Haïtiens


métropolitains requiert la mise en œuvre d’une politique
d’aménagement territorial reposant sur l’application d’un
concept « d’habitat intégré » suivant une double approche
évolutive dans le traitement des bidonvilles et autres
zones d’habitats précaires, et duplicative des « quartiers
chics ». Un élément de politique en suivant l’approche
évolutive serait d’abord la démolition des constructions
édifiées sur des terrains à risque, vulnérables aux
inondations et aux éboulements, et dans des zones non
aedificandi pour raison de protection de l’environnement.

50 Deux autres mesures doivent suivre : la


relocalisation de personnes déplacées et la construction de
nouveaux logements pour, d’abord, combler le déficit
accumulé, et, ensuite, faire face à la demande. Des
mesures moins radicales pourront aussi être mises en
œuvre dans certains bidonvilles et consisteraient en la dé-
densification de certains quartiers et la dotation

28
d’infrastructures et d’équipements répondant aux normes
modernes.

51 Dans la même veine, il pourra être réformé et


modernisé l’ensemble régulatoire formé par les lois, les
règlements, les Codes régissant tous les aspects du
développement urbain en général et du développement du
Grand Port-au-Prince en particulier. Des mesures
incitatives seront prises pour stimuler et encourager
l’investissement privé dans le secteur logement y compris
le logement « décent » pour des personnes à bas revenu,
dans le respect du schéma et du plan de développement de
la « Région Métropolitaine » ainsi que le plan directeur
global du « Grand Port-au-Prince » et de la Capitale.

52 Le plan directeur de la Capitale englobera un


processus de transformation du Champ-de-Mars en un
« vrai » parc d’attraction intégré dans des quartiers
administratif, culturel et commercial réorganisés et
regroupant les palais des trois pouvoirs de l’État, les
Ministères, les sièges des pouvoirs « satellite » (Conseil
Électoral, Cour Supérieur des Comptes et du Contentieux
Administratif, Cour Constitutionnelle, le Protecteur du

29
Citoyen, etc.), le Palais Municipal de Port-au-Prince, le
Palais Municipal de la Région Métropolitaine ; le Palais
de la Culture et des Arts , Le Musée d’Art Haïtien, le
Théâtre National et la Bibliothèque Nationale.

53 La rénovation du Champ-de Mars permettra de


le transformer en une suite ordonnée de « places » (Place
du précurseur, Place des Héros, Place des Marrons
Inconnus, Place de la Liberté, Place de la Constitution,
Place de la Découverte, Place des Indiens, Place des
Nations Unies, et d’autres encore) et de Jardins (Jardins
du MUPANAH, Jardins de la Culture et des Arts, Jardins
du Bicentenaire, le Mausolée, etc.), le tout assorti de
monuments (Statues des Héros de l’Indépendance, le
Marron Inconnu, Statue de Christophe Colomb à
reconstituer au Bicentenaire, la Tour 2004 à terminer, un
Mémorial de l’Ethnocide perpétuée sur les « Indiens »,
une Statue de la Liberté comme Mémorial attestant avoir
montré le chemin de la Liberté au peuple du monde entier
et, du coup, marquer notre territoire comme « Pays Phare
des Nations », statues et monuments que nous devrions

30
rendre majestueux à la dimension de notre fière histoire
de peuple.

54 La dotation d’infrastructures et d’équipements


socioéconomiques achèvera de préparer la « Région
Métropolitaine » pour une mobilisation maximale autour
de trois grands projets économiques : touristique,
industriel et agricole. Il conviendrait de moderniser et
d’étendre les installations existantes, de créer de nouvelles
installations pour combler le déficit et de rationnaliser les
coûts à l’usager tout en garantissant l’accès aux couches
les plus démunies dans des conditions d’équité sociale.
Des actions immédiates seront d’abord nécessaires et
devraient être orientées en priorité vers les secteurs
transport, électricité, eau potable et communications.

55 Les objectifs minimum suivants pourront être


poursuivis :

a) LES TRANSPORTS :

• La réfection et le revêtement d’environ


800 kilomètres de voirie urbaine

31
touchant les communes du « Grand
Port-au-Prince », de Léogane et de
Jacmel ;

• La construction d’une route côtière à


vocation touristique reliant les terroirs
de Jacmel et des Cayes, de Port-salut à
Anse-à-Pitre ;

• La construction d’un réseau de gares


routières modernes notamment dans
les communes de Port-au-Prince, de
Léogane et de Jacmel ;

• L’amélioration et l’extension des


facilités et des équipements portuaires
à Port-au-Prince et à Jacmel pour
accroitre l’efficacité des opérations
notamment la mise en place de
« plateforme roro » pour faciliter
l’accostage de paquebot et l’accueil de
touristes de croisière ;

32
• La reconstruction des aéroports de
Port-au-Prince et de Jacmel pour
améliorer les trafics à l’Aéroport Maïs
Gâté et recevoir des avions des plus
grands tonnages, et à celui de Jacmel
de recevoir, selon des standards
internationaux, de gros transporteurs
long-courrier.
b) L’ÉLECTRICITÉ :

• Accroissement d’au moins 80 MW de


la production dans le Grand Port-au-
Prince par l’installation d’unités diesel
ou au mazout dans la baie de Port-au-
Prince, réhabilitation, réparation et
entretien de centrales existantes
tombées en panne ou fonctionnant au
ralenti ;

• Mise en place dans les centres urbains


retenus comme « pôles stratégiques de
développement » (Croix-des-
33
Bouquets, Léogane, Jacmel) de
groupes solaires de capacité moyenne
de 40 MW chacun ;

• Construction de lignes de haute tension


reliant Jacmel, Cayes et Gonaïves à
Port-au-Prince ; extension des réseaux
de transport et de distribution, et
protection contre des prises
clandestines.

c) L’EAU POTABLE :

• Travaux de captage, d’adduction, de


stockage et de distribution associés avec la
réfection de réseaux existants en mauvais
état, pour accroitre la couverture en eau
potable de 40% à 60% dans les zones
rurales, de 45% à 65% dans les villes
retenues comme « pôles de développement
stratégiques » (Croix-des-Bouquets,

34
Léogane, Jacmel) et de 35% à 70% dans le
Grand Port-au-Prince.

56 Il est temps de relancer, dynamiser, promouvoir


l’industrie touristique après l’avoir relevée de sa
dégradation actuelle caractérisée notamment par un
effectif de visiteurs insignifiant par année.

57 Le projet touristique susceptible de nous échoir


sera développé en prenant appui sur quatre pôles :

• Le Grand Port-au-Prince pour le tourisme


politique et le tourisme d’affaire
notamment ;

• La « Côte des Arcadins » que l’on pourrait


transformer en un véritable
« conglomération touristique », un « méga
cité de loisir » qui pourrait regrouper, entre
autres, des hôtels-plages existants, d’autres
hôtels 4 et 5 hibiscus, un hôtel-casino, des
terrains de jeux multisports incorporés dans

35
un grand parc d’attraction, des centres
d’affaires sur grand espace, etc. ;

• La « Côte du Zaragua », de Mariani à la


baie de Petit-Goave, à déclarer « Zone
touristique protégée » et l’Ile de la Gonâve,
qu’il conviendrait de développer en suivant
un « plan directeur » destiné à mettre en
valeur leurs diverses potentialités avec
comme foyer la ville de Léogane ;

• La « Côte des Antilles » avec une


excroissance vers le département du Sud, de
Port- Salut à Anse-à-Pitre, et comme foyer
Jacmel la capitale culturelle d’Haïti.

58 La relance et l’expansion nouvelle de


l’industrie touristique dans la « Région Métropolitaine »
se feront en tenant compte de ses avantages compétitifs
par rapport à nos voisins de la Caraïbe mais aussi dans une
parfaite connexion avec le reste du pays. Les carnavals de

36
Port-au-Prince et de Jacmel, et le « rara » de Léogane
seront rénovés, internationalisés et promus à l’étranger.

59 La « Région Métropolitaine » sera promue pour


être l’hôte d’événements internationaux politiques,
économiques et socioculturels : Sommets de chefs d’États
et de gouvernements, Fora économiques (CARIFORUM),
Foires internationales, Événements culturels et sportifs
(CARIFIESTA, Coupe Davis, Coupe Caribéenne, Coupe
d’Or, Jeux de l’Amitié, etc.).

60 Il importe pour la « Région Métropolitaine » et


pour le pays tout entier d’exercer, de développer un
certain leadership, de la créativité pour susciter le respect,
la confiance et la sympathie des autres nations. C’est à ce
prix que nous pourrions attirer des dizaines de millions
des sept milliards de voisins qui nous entourent et qui
pourraient un jour ou l’autre nous visiter et payer pour
jouir du bon temps dans un pays et une région qui se
relèvent et se modernisent.

61 Il conviendrait aussi de lancer et développer


une deuxième génération d’industrie particulièrement

37
dans le « Grand Port-au-Prince ». Cela devrait passer par
la création de nouveaux parcs industriels et de « zones
franches » notamment dans les communes de Carrefour,
de Cité Soleil et de la Croix-des-Bouquets. Les branches
de production à prioriser sont :

• L’agro-alimentaire qui pourrait utiliser la


production agricole de la plaine du Cul-de-sac et
de la plaine de Léogane et la transformer tout en
absorbant dans une grande mesure, le surplus de
main-d’œuvre locale inactive ;

• L’industrie traditionnelle de la sous-traitance


qu’il conviendrait de densifier pour pouvoir puiser
d’avantage dans la marge d’accès préférentiel sur
le marché américain encore disponible dans le
contexte de la mise en œuvre des lois HOPE et
HELP, absorber une part plus importante de notre
abondante main-d’œuvre, et bénéficier des
transferts de technologie ;

38
• Le textile qu’il s’agira de restructurer et de
moderniser en tenant compte des possibilités de
production de matières premières et d’ouverture
de marchés.

62 L’implantation de ces branches industrielles est


déjà chose acquise dans la région, mais elles le sont à
l’état primaire. Il conviendrait de passer à une deuxième
génération de production industrielle susceptible de
rapporter de plus grands bénéfices aux ouvriers, à la
communauté locale et au pays tout entier.

63 En effet, même avec le succès que l’on connait


dans l’industrie des boissons (Rhum Barbancourt, Bière
Prestige, Malta H, etc.), ce secteur n’arrive pas encore à
produire du Whisky, du Champagne, du Vin, de Jus de
fruit naturel par exemple, pendant que les distilleries de
Léogane sont restées confinées dans la production
de « clairin » (rhum rustique) et utilisent les bagasses pour
chauffer les « guildives » alors qu’il s’agit là de matières
premières pouvant entrer dans la fabrication d’engrais
biologiques ou de plafonniers.

39
64 De même, en dépit de la proximité d’Haïti avec
les États-Unis d’Amérique et de l’accès préférentiel aux
marchés américains, l’industrie vestimentaire s’est
jusqu’ici concentrée dans la production de masse de
vêtements à faible marge, pendant que les producteurs se
déplacent continuellement de pays en pays à la recherche
de site de production meilleur marché. Ceci explique les
limites et la fragilité de ce secteur.

65 Il conviendrait de changer le paradigme de


production industrielle en faveur de produits de qualité
supérieure qui rapporteraient de plus grands bénéfices aux
patrons, aux ouvriers, à la Région Métropolitaine et au
pays.

66 Cela demanderait des industriels beaucoup plus


informés et plus conquérants, de sources de matières
premières pouvant répondre rapidement aux besoins
changeants des marchés, des travailleurs locaux qualifiés
et entrainés à produire des biens haut de gamme utilisant
des technologies de production modernes et respectant les
standards supérieurs sociaux et environnementaux.

40
67 Une telle politique permettrait non seulement
de générer des emplois directs pour des travailleurs
haïtiens qualifiés mais aussi d’améliorer continuellement
le niveau de compétence des travailleurs et des
gestionnaires industriels.

68 Le développement agricole dans la « Région


Métropolitaine » pourra se réaliser en application du
« principe d’orientation stratégique préférentielle » qui
veut « à espace différencié, stratégie différente ». La
stratégie agricole concernant la « Région
Métropolitaine » identifie quatre pôles de développement
consacrant le plateau de Kenscoff, la plaine du Cul-de-sac
et la plaine de Léogane à des cultures maraichères,
vivrières et agro-industrielles, et les communes du
département du Sud-est à la culture de pomme de terre, de
légumes, d’haricots et de denrées d’exportation (café,
cacao) mais que l’on pourrait désormais transformer sur
place pour la consommation interne et pour l’exportation
à coté d’autres denrées. La pêche, la pisciculture et
l’aquaculture pourront être considérées comme un plus.

41
69 Autant qu’il conviendrait de joindre à la
production industrielle un développement agricole
important pour rendre disponible les matières premières,
autant aussi qu’il faudrait un grand équilibre agriculture-
industrie pour pouvoir conserver fruits et légumes mais
aussi poissons et autres fruits de mer, traiter et emballer
certaines denrées telles haricots, café etc.

42
2. LA RÉGION SEPTENTRIONALE

43
A. CONSTITUTION ET POTENTIALITÉS
ÉCONOMIQUES

70 La « Région Septentrionale » pourrait être


constituée par les départements du Nord, du Nord-est et
du Nord-ouest. Elle comprendrait 2 034 000 habitants
repartis sur une superficie de 6 084 kilomètres carrés. Sa
vocation première est touristique.

71 En réalité, la « Région Septentrionale »


possède le réseau de fortification le plus dense du pays et
aussi de sites historiques retraçant de manière indéniable
la « route de la liberté », d’abord le marronnage comme
expression du refus de l’inacceptable, puis les révoltes et
la guerre de libération à la base de l’abolition de
l’esclavage et de la fondation de la première république
noire indépendante du monde, devenue par la force des
choses le guide des peuples comme incarnation de la
liberté.

72 Le Cap-Haïtien, la plus ancienne ville du pays,


avec son tracé colonial lui donnant une bien fière allure,
l’architecture des maisons mélangeant antiquité et

44
modernité, ses belles plages de sables fins dont celles de
Labadie et de Cormiers, sa place d’arme où furent fusillés
les Commissaires Ogé et Chavannes, puis Boukman et où
fut proclamée la liberté générale des esclaves en 1793 ; la
Citadelle Henry, patrimoine culturel mondial de
l’UNESCO, qui la surplombe du haut du sommet du
Bonnet à l’Évêque, le Palais des Ramiers, le Palais Sans-
souci, l’église au style gothique de Milot ; la zone franche
touristique de Labadie équipé d’un port d’escale pour
paquebot de croisière, et bien d’autres sites naturels et
historiques, notamment Bois Caïman dans la commune de
Plaine du Nord, haut lieu de pèlerinage vodou où fut
prononcé le « serment des esclaves » de vivre libre,
l’Habitation Breda où naquit Toussaint Louverture, le
précurseur de l’indépendance et Vertières où eut lieu la
dernière bataille de la guerre de libération conduisant à la
fondation de la première République noire indépendante
du monde; hôte des deux plus anciens groupes musicaux
du pays : l’Orchestre Tropicana et l’Orchestre
Septentrional, et de deux des plus prestigieux club de
football d’Haïti : le Football Inter Club Association
(FICA) et l’Association Sportive Capoise (ASC), est

45
considéré à raison comme la Capitale touristique d’Haïti
et a le potentiel pour devenir le « Barcelone » de la
Caraïbe.

73 Le Môle Saint Nicolas, cette anse arrondie avec


les pieds nus dans la rosée et la tête comme une épaule
contre le ciel, émerge du soleil. Son brisement et sa
lumière font un doux rire de coteaux. Derrière les touffes
de maisons espacées, la musique douce des arbres
soupirant sous les caresses à la fois rudes et sensuelles des
rafales de vent font du Môle un livre ouvert à la page du
bonheur et du rêve. Ses côtes fascinantes léchant les
écumes couleur blanchâtre soulevées par le vent dans
l’eau bleuâtre de l’Océan Atlantique et son fond marin
d’une diversité de couleurs et de formes incroyables, ont
une lumière de source. Tout pour devenir le « Cancun »
d’Haïti.

74 Baie de Herne tapisse le chemin des orchidées


le long des côtes du « Canal du vent » et remonte
jusqu’aux sources tapie au creux d’aisselle des mornes,
dans la lourde senteur de poissons frais macérés dans le
suintement magique de l’eau fantasmagorique du

46
« Bassin Bleu », ce diamant bleu tombé du ciel et bon
pour orner l’autel du Dieu de la beauté.

75 L’Ile de la Tortue est un « diamant rose »


vivant au large de la ville historique de Port-de-Paix, en
paix dans la couleur du jour et l’amitié du soleil. Perdue
dans un grand rêve tranquille, une plage « classe » classée
la deuxième plus belle des Caraïbes, avec des récifs
coralliens exceptionnels, elle semble avoir une âme qui
connait la danse des nuages et la chanson des oiseaux.
Tout pour être « l’Hawaï » de la République d’Haïti.

76 Les potentialités agricoles de la « Région


Septentrionale » sont autant énormes. La Plaine du Nord
s’impose avec majesté jusque dans le Maribaroux. Les
terres, sur de grands espaces, appartiennent pour la plupart
à l’État. Ceci constitue un atout majeur par rapport à
d’autres endroits du pays où l’insécurité de la tenure de la
terre et l’effritement critique des lopins de terre du fait du
régime successoral (prédominance de la micropropriété)
causent la stagnation sinon le déclin de la production
agricole.

47
77 La Vallée des Trois Rivières débouchant sur la
verdoyante plaine des Moustiques, représente un grand
« couloir agricole » dont l’exploitation rationnelle
pourrait concourir, de manière importante, à
l’alimentation régulière de la population et même à un
surplus pour l’exportation.

78 La production agricole dans la « Région


Septentrionale » devra être envisagée dans le cadre d’un
dépassement du traditionnel. Il conviendrait de rechercher
un équilibre entre la grande exploitation et la petite
exploitation, entre la monoculture et la pluri-culture, entre
une production plus ou moins mécanisée et une
production artisanale à faire passer de l’âge de la houe à
l’âge de la charrue, autant de particularités qui pourraient
se chevaucher, chacune avec ses caractéristiques, ses
risques, ses avantages et ses désavantages.

79 Par ailleurs, le Parc Industriel de Caracol et la


« Zone Franche Industrielle de Ouanaminthe », mais aussi
les deux anciennes usines, sucrière et de transformation
de fruits en jus concentré (fermées), la distillerie La Rue
à Quartier-Morin, sont la preuve que la « Région

48
Septentrionale » pourra connaitre un essor industriel
prodigieux en poursuivant une politique qui aurait cet
objectif. Ce constat amène une double observation
luminaire.

80 D’une part, le succès du projet de Caracol, fruit


d’un partenariat public-privé, sans passer sous silence
l’impérative nécessité de l’amélioration des conditions de
travail dans le parc, fait penser à la duplication de
l’expérience dans d’autres zones du pays notamment dans
le Nord-ouest où il existe un bassin de main-d’œuvre
abondante avec des foyers de pauvreté extrême.

81 D’autre part, pour rester fidèle à la logique d’un


équilibre agriculture-industrie, l’agroalimentaire doit être
le fer de lance de l’expansion industrielle de la « Région
Septentrionale ». Dans l’ordre concret, la première voie
de développement à structurer et à fortifier est celle,
répétons-le, des industries tributaires de la croissance
agricole à développer dans l’intégration de la production
et des unités de transformation.

49
B. PLANNIFICATION STRATÉGIQUE

82 Au premier chef, nous placerons la


planification économique et sociale comme instrument
indispensable à la rationalisation et à la cohérence du
développement de la région.

83 Nous suggérons les instruments de


planification suivants :

1. Un plan directeur tourisme et un plan directeur


agricole et industriel identifiant les pôles de
croissance ainsi que les interventions et les
moyens nécessaires à l’expansion de ces
secteurs ;

2. Un plan de développement et des plans


directeurs des grands pôles urbains retenus
comme « foyers » à partir desquels le
développement s’irradie vers de grandes zones
spécifiques avec des effets terminaux à
intensités variables.

50
84 Ce processus technique sera l’œuvre de la
« Municipalité Régionale » appelée à conduire tout le
cheminement, de la conceptualisation à l’implémentation.
Outre les instruments conceptuels que nous venons
d’énumérer, le développement de la « Région du Nord »
passera par la dotation d’infrastructures et d’équipements
sociaux et économiques comme vecteurs de la
modernisation.

85 Appelés à assurer des fonctions d’intérêt


collectif pour la plupart, les infrastructures et les
équipements seront nécessaires pour donner forme aux
territoires et conséquemment influencer la localisation des
activités, puisque les tendances spatiales de
l’investissement et de sa rentabilisation sont tributaires, en
grande partie, de la disponibilité de certains facteurs.
Quand ils sont disponibles et accessibles dans des
conditions optimales, ils font baisser les coûts et facilitent
le développement des activités.

86 Les interventions dans ce domaine vont être


alignées sur trois axes :

51
1. La dotation d’infrastructures d’utilité
générale : transport, énergies, eau potable ;
2. L’aménagement touristique ;
3. La dotation d’infrastructures et d’équipements
agricoles et industriels.

1.1. TRANSPORT

• Praticabilité du réseau routier interurbain à


l’échelle de la région et par étapes, toutes
catégories de routes confondues (primaires,
secondaires et pistes agricoles) dont au moins
les deux-tiers vont être revêtues ;

• Réfection, construction et entretien de routes


interdépartementales : Cap-Haïtien –
Ouanaminthe, Cap-Haïtien – Gonaïves et Cap-
Haïtien – Port-de-Paix (route côtière) ;

• Construction de tronçons de routes à vocation


touristique notamment la route de Labadie, et

52
les tronçons de la route côtière reliant Cap-
Haïtien à Port-de-Paix puis de Port-de-Paix à
Môle Saint Nicolas et de Môle Saint Nicolas
aux Gonaïves.

• Agrandissement de l’aéroport du Cap-Haïtien


pour qu’il puisse recevoir de gros
transporteurs long-courrier dans des
conditions répondant aux standards
internationaux : extension des aires de
manœuvre (taxi ways) et de stationnement
d’aéronefs, construction de locaux divers et
dotation d’équipements pour accroitre
l’efficacité des opérations et améliorer
l’accueil des passagers.

• Aménagement de pistes et de locaux


administratifs à l’aéroport de Port-de-Paix ;

• Amélioration et extension des facilités et des


équipements portuaires (construction de
plateforme roro) dans les ports du Cap-Haïtien
53
et de Port-de-Paix pour faciliter les opérations
et l’accueil des passagers, particulièrement de
touristes de croisière.

1.2. ÉNERGIES

• Accroissement de 80 MW de la production
dans la métropole du Nord par l’installation
dans la baie du Cap-Haïtien d’une unité
thermique mixte comprenant un groupe diesel
associé à un groupe solaire ;

• Installation d’une unité thermique mixte


(diesel et solaire) d’une capacité d’au moins
40 MW dans la baie de Port-de-Paix et d’une
centrale éolienne au Môle Saint Nicolas d’une
capacité de 10 à 20 MW ;

• Réparation et maintenance des groupes


thermiques existants ;

54
• Construction de lignes de haute tension reliant
Fort-Liberté, Gonaïves, Port-de-Paix et
Péligre au Cap-Haïtien et interconnexion des
différents groupes (publics et privés) à
l’intérieur de la « Région Septentrionale » et
avec le reste du pays ;

• Extension des réseaux de transport


progressivement dans toutes les communes
des trois départements et protection contre les
prises clandestines ;

• Rationalisation des coûts à l’usager tout en


garantissant l’accès aux couches les plus
démunies dans des conditions qui prendraient
en compte les considérations d’équité et de
solidarité.

1.3. EAU POTABLE


• Augmentation de la couverture en eau potable
en la faisant passer de 40% à 60% dans les

55
zones rurales, de 45% à 70% dans les villes
retenues comme « pôles stratégiques » de
développement (Fort-Liberté, Ouanaminthe,
Port-de-Paix et Môle Saint Nicolas), de 40% à
70% au Cap-Haïtien en menant des travaux de
captage, d’adduction, de stockage et de
distribution associé à des travaux de
réhabilitation et d’entretien de réseaux
existants en mauvais état.

2. AMÉNAGEMENT TOURISTIQUE

• L’aménagement touristique de la « Région


Septentrionale » pourrait tourner autour de deux
projets :

1. Le projet « Citadelle » ;

2. Le projet « Communauté touristique


intégrée » de la Tortue ;

56
2.1. Le projet Citadelle

87 Le projet « Citadelle » consisterait en la


constitution d’une « zone touristique homogène » autour
de la ville du Cap-Haïtien avec des connexions des grands
centres touristiques de l’Atlantique : Santo-Domingo,
Santiago de Cuba, Kingston Jamaïque, Cancun du
Mexique et même Rio du Brésil. Ce projet se développera
à travers un grand « couloir touristique » allant de
Labadie, à laquelle on devrait annexer une « Communauté
touristique intégrée », à la « Citadelle Henry » en passant
par la ville du Cap-Haïtien à laquelle il conviendrait
d’ajouter une dimension culturelle.

88 L’aménagement de cette zone appelée à


devenir un « pôle touristique » compétitif par rapport à
nos voisins de la République Dominicaine, de la
Jamaïque, des Bahamas, du Mexique, de Cuba et du
Brésil, entrainerait à titre indicatif, des travaux dans trois
sites, trois « foyers » : le projet Labadie, le centre-ville du
Cap-Haïtien et le site de la Citadelle, de Millot jusqu’au
sommet du Bonnet à l’Évêque, chaque foyer avec ses

57
originalités, ses potentialités et ses richesses naturelles,
historiques et culturelles.

89 Autour du « projet Labadie » on développera


une véritable « communauté touristique intégrée » en
créant des conditions favorables à l’amélioration
constante de la qualité de vie de toute la population locale
en les amenant à vivre le « projet » dans un cadre de
justice, de convivialité et de solidarité. Cela devrait passer
par l’amélioration du cadre de vie physique et la
transformation de la zone avancée en un « village
touristique » intégrant : « quartier des artistes et des
artisans », marché touristique, Parc d’attraction, etc., la
mise en œuvre d’un « concept intégré de l’habitat » et le
développement d’un réseau de « résidences touristiques »
destinées à accueillir des visiteurs arrivant par voie
terrestre.

90 Il est essentiel aussi de constituer des deux


côtés de la « Route de Labadie » une réserve de « ceinture
verte », un parc d’arbres fruitiers, de bois précieux,
d’arbres à fleurs et de plantes décoratives ornant les
bordures de la route sur toute sa longueur. La route sera

58
reconstruite de manière à la transformer en un
« boulevard » avec un poste de péage à chaque extrémité,
et rebaptisée « Boulevard Bellevue-la-Forêt ».

91 La ville du Cap sera réorganisée et recadrée


comme « pôle touristique » compétitif. Il incomberait de
fixer de nouveaux équipements d’infrastructures,
l’organisation générale des transports, la localisation des
activités essentielles, les zones préférentielles d’extension
et le zonage des grandes fonctions urbaines et
métropolitaines.

92 D’abord, on améliorera le cadre physique de la


ville (ancienne) tout en préservant sa fière allure de ville
coloniale. Tout un ensemble de mesures seront
nécessaires, nous proposons celles-ci à titre indicatif :

• Valorisation du stock d’habitats précaires,


d’une part, par la démolition de constructions
édifiées dans des zones à risques et la
construction de nouveaux logements
conformes aux standards pour combler le
déficit provoqué et faire face à la demande

59
global, et, d’autre part, par la dé-densification
de zones d’habitats à trop forte densité en y
introduisant de nouvelles infrastructures et de
nouveaux services ;

• Protection de la ville contre les multiples


agressions (inondations et pollutions diverses)
par la mise en œuvre d’un système de drainage
et d’assainissement efficace.

93 Ensuite, on érigera, conformément à un « plan


directeur », une « ville neuve » en faisant pousser des
excroissances vers Vertières et vers l’Aéroport. La « ville
neuve », tout en conservant le parallélisme des voies et en
transformant certaines rues en « Boulevards » et
« Avenues », devrait présenter, entre autres :

• Un « centre administratif » intégré dans une


« zone verte » et réunissant, à titre indicatif et
dans la logique du « graduel planifié » : le
Palais Régional, le Palais Communal, le Palais
de Justice, un Palais de l’Art et de la Culture
avec Musée, Théâtre, Bibliothèque, Salles

60
d’exposition, Bureau d’Ethnologies, Bureau
de l’ISPAN, etc., un Complexe Administratif
consolidé réunissant les services offerts par
l’État central ; tous ces équipements et
infrastructures urbains et métropolitains
entrelacés dans une suite de « places » et de
« jardins » ornés de monuments historiques et
culturels témoins de la spécificité et de
l’originalité, de l’unité et de la solidarité de la
population de la « Région Septentrionale », le
tout construit autour d’un phare géant : le
« Phare Toussaint Louverture » en réplique au
« Phare Colon » de la République
Dominicaine ;

• Un « centre commercial » avec Supermarchés


sur grands espaces, Marchés populaires,
« Marchés Touristes », magasins, boutiques,
institutions commerciales et financières
diverses.

61
• Un « Quartier chic » réunissant hôtels trois,
quatre et cinq hibiscus, restaurants haut de
gamme, villas, résidences luxueuses et
appartements, institutions financières et de
services diverses, le tout intégrant des espaces
verts assortis de monuments, et de terrains de
jeux publics multisports.

95 L’aménagement du site de la « Citadelle »


achèvera la mise en place (du point de vue physique) du
« couloir touristique » du « projet Citadelle ». On
reconstituera plus ou moins fidèlement le centre de
gestion central du Royaume du Nord en s’appuyant sur
des faits et des données d’histoire, sur des témoignages
transmis oralement de génération à génération, sur des
données archéologiques, sur la créativité de spécialistes
de réhabilitation et de sauvegarde de patrimoines, et les
facilités offertes par la technologie. Cet aménagement
concernerait la reconstruction du quartier de la
« Résidence de la Rêne » et celui du « Palais du Roi » et
leur transformation en « musées ». Il conviendra
également d’assurer la dotation en équipements et

62
infrastructures de développement : hôtels, restaurants,
institutions de services divers, etc., et la construction
d’une route moderne conduisant à la Citadelle.

2.2. Projet « Communauté Touristique Intégré »


de La Tortue

96 Le projet « Communauté Touristique Intégré »


de La Tortue consisterait à exploiter les « charmes » de
l’ensemble formé par les côtes du « Phare Ouest » du
Môle Saint Nicolas à Baie de Herne, la Baie de Port-de-
Paix et l’Ile « Rose » de La Tortue. D’une part, il faudrait
doter les villes de Port-de-Paix, du Môle Saint Nicolas, de
Baie de Herne et du Bassin Bleu, d’équipements et
d’infrastructures (réfection et revêtement de voiries
urbaines, gares routières, parcs et espaces verts,
assainissement, électricité, eau potable, port d’escale pour
bateaux de croisière, aménagement de pistes et de locaux
à l’aéroport de Port-de-Paix, hôtels, restaurants et plages,
centres d’achats et marchés touristiques, institutions
financières et de services divers) susceptibles de les

63
transformer en des « cités-relais » du circuit touristique
conduisant à l’île de La Tortue.

97 D’autre part, on cherche à créer sur l’Ile à


l’intérieur d’une « zone franche » à l’aide
d’investissements de groupes multinationaux, un « Club
de riches » qu’on pourrait baptiser « Le Refuge au Paradis
de l’Ile Rose », un complexe touristique (réunissant
hôtels, casinos, plages et restaurants haut de gamme, piste
d’atterrissage et port d’escale pour bateaux de croisière,
musée, salles d’exposition et de convention, etc.)
incorporé dans une « zone verte » incluant parcs
d’attraction, terrains de golf, de foot, de basket, de tennis,
etc. Greffé sur ce « Paradis de l’Ile Rose », il devrait être
mis en place sur l’ile entière une économie touristique
basée sur la production d’évènements socioculturels et de
biens de consommation touristique. L’objectif est de
provoquer une demande de produits locaux et de réaliser
de l’intérieur des exportations importantes hors des
contraintes douanières. L’augmentation de la
consommation pourrait stimuler la production et entraîner
l’effet de boule de neige qui pourrait augmenter la

64
production, la consommation et la capacité à produire. Il
devra être aussi pris en compte le droit au loisir et au bien-
être du peuple à un tourisme local à retenir en corollaire
du tourisme de riches.

98 Le touriste est grand consommateur


d’événements et de sites capables de provoquer la
curiosité, l’émotion. Aussi, en plus de l’effort
d’aménagement des sites, conviendrait-il de créer des
événements socioculturels et festifs pour attirer des
visiteurs tant nationaux qu’internationaux dans la
« Région Septentrionale ». Il faudrait aussi tenir compte
de la priorité majeure d’améliorer la qualité des services,
notamment par un effort vigoureux et constant de
formation du personnel qui serait appelé à intervenir à des
niveaux divers dans la dynamique d’offre de service
touristique. Il est important aussi de donner aux
« champêtres » une dimension de « festival » à
destination plurielle. À titre d’exemple, les fêtes
patronales des communes de la « Région Septentrionale »
(Cap-Haïtien, Sainte Susanne, Ouanaminthe, Fort-
Liberté, Limbé, Saint Louis du Nord, Port-de-Paix, et la

65
liste n’est pas exhaustive) pourraient être fusionnées en un
« méga festival » qu’on pourrait baptiser « FESTIVAL
DU NORD » pour rester coller à la tradition, et qui
s’étalerait sur une période d’au moins un mois.

99 Au cours de cette période, on pourrait organiser


une succession d’événements : foires technologiques,
agricoles, industrielles, culturelles et littéraires, forum
économique, expositions d’œuvres d’arts et picturales,
soirées de galla, théâtres populaires, théâtres de rues,
concours « Miss Septentrion », tours organisés conduisant
à des sites spécifiques et ordonnés pour retracer non
seulement « la route de l’esclavage » mais aussi le
« chemin de la liberté », pour clore tout, un méga concert
avec la participation des Orchestres Septentrionale et
Tropicana, de groupes et d’artistes invités locaux,
nationaux et du monde entier.

100 Ces événements et d’autres pourraient être


organisés avec la participation d’invités de marque venant
du monde entier, et faire l’objet de programmation sur
catalogue et de promotion dans le monde entier sous le
leadership de nos représentations diplomatiques. Le but

66
est de faire revenir la « Région Septentrionale » et Haïti
sur la carte touristique et des croisières avec de nouveaux
produits améliorés et de se greffer sur les circuits
régionaux et transatlantiques existants. Et pour pouvoir
profiter de tous les retombés, la dynamique touristique
devrait être associée à un important développement
agricole et industriel.

3. AMÉNAGEMENT AGRICOLE ET
INDUSTRIEL

101 La mise en place d’infrastructures et


d’équipements agricoles et industriels dans la « Région
Septentrionale » s’effectuera dans le cadre d’un plan
directeur d’aménagement territorial dont le volet physique
conduira à la localisation des activités essentielles et à
l’équilibre agriculture-industrie à rechercher dans le
contexte de la « stratégie différentielle ».

102 En outre, les conditions de la production


agricole devront être « modernisées » sans verser dans la
monoculture, la spécialisation à outrance et la

67
mécanisation poussée. Il importe de moderniser
l’outillage rudimentaire datant de l’époque médiévale
(houe, serpette, machette) pour faire passer l’agriculteur
de l’âge de la houe à l’âge de la charrue et du tracteur. Cet
effort de modernisation devra inclure l’accès à des intrants
(engrais, semences améliorées) et à un système de
subvention et de crédit, l’adoption de méthodes culturales
modernes et l’encadrement d’agronomes et de techniciens
agricoles qui devront réapprendre à vivre avec et sous les
plantations. Ces mesures seront accompagnées d’une
organisation plus moderne et plus efficace du traitement,
de l’emballage et du stockage des denrées agricoles.

103 La modernisation de l’agriculture sera


conditionnée à la réduction de la dépendance par rapport
aux conditions climatiques et celle-ci devrait être assurée
par l’irrigation. Aussi, l’État et la Municipalité
Septentrionale se projeteront-ils comme des
« Gouverneurs de la rosée » pour faire arriver l’eau
d’irrigation pour la culture. Cet effort d’irrigation devrait
toucher la plaine du Nord, la plaine de Maribaroux, la
vallée des Trois Rivières et la plaine des Moustiques.

68
105 Deux trains de mesures seront nécessaires :

• Réhabilitation, modernisation, extension et


entretien des installations existantes ;
• Mise en place de nouvelles installations pour
combler le déficit et irriguer de nouveaux de
champs de culture.

106 Toujours dans la logique de la stratégie


différentielle, il conviendrait d’appliquer le principe
« qu’à espace différencié, stratégie différente », nous
préconisons une fois de plus de consacrer les zones de
plaines et de faibles pentes aux cultures vivrières et agro-
industrielles.

107 Dans cet ordre d’idée, la plaine du Nord


pourrait être consacrée aux cultures de la canne à sucre et
des bananes dans un dosage au gré des réalités de petites
et moyennes exploitations, mais aussi de grandes
plantations qui pourraient s’étaler sur des milliers de
carreaux, des fermes à mettre en place dans la partie
orientale de la plaine du Nord à l’initiatives des

69
« Municipalités communales locales » et de la
« Municipalité septentrionale ».

108 La plaine de Maribaroux (Ferrier,


Ouanaminthe, Capotille) et les zones basses de l’Acul du
Nord pourraient être dédiées à la culture du riz. On y
produit seulement 10% de la quantité de riz consommée
dans les départements du Nord et du Nord-est.
L’introduction de variétés de riz à haut rendement dans
l’objet de faire passer le rendement à l’hectare de 2 tonnes
actuellement à plus de 6 tonnes, et l’ouverture de
nouveaux champs de culture pourront provoquer une
augmentation considérable de la production jusqu’à
l’autosuffisance des départements du Nord et du Nord-est.

109 La vallée des Trois Rivières et la plaine des


Moustiques devriont être dotées d’infrastructures
d’irrigation pour stimuler la production agricole. Une
bonne exploitation des Trois Rivières pourra permettre
d’irriguer non seulement la Vallée des Trois Rivières mais
aussi les ensembles semi-arides et désertiques du Nord-
ouest. La rivière des Moustiques et la rivière de Jean-
Rabel pourront être utilisées pour arroser la verdoyante

70
plaine des Moustiques. Cet ensemble bien irrigué pourrait
être dédié aux cultures des bananes, d’haricots et de
céréales.

110 Les zones montagneuses pourraient être


dédiées aux denrées d’exportation (café, cacao)
notamment dans les hauteurs de Dondon, Saint-Raphaël,
Ranquite, Pignon, la Victoire, et dans la bande Borgne –
Anse-à-Foleur – Saint-Louis-du-Nord – Port-de-Paix.

111 Sur l’ensemble de la « Région


Septentrionale », il conviendrait de pratiquer une
fruiticulture intéressant citrus, mangues, pommes cajous
et d’autres fruits. Nous recommandons également la
constitution de deux réserves de « ceinture verte » sur la
Chaine du Haut Piton et la Chaine Saint Nicolas et la
pratique d’une arboriculture destinée à améliorer le
régime pluviométrique et à produire du bois-service et du
bois-énergie pour la consommation locale et
l’alimentation du Grand Port-au-Prince.

112 Toute la côte de la « Région Septentrionale »


est poissonneuse particulièrement la Baie de l’Acul et le

71
Canal de la Tortue. Il est temps de moderniser la pêche à
des fins de consommation locale et pour l’exportation.

113 Pour finir, il est de toute importance de


constituer dans la plaine du nord un « jardin botanique et
zoologique » réunissant et classifiant des plantes et des
animaux en espèces locales, nationales et caribéennes. Il
pourrait être un véritable « musée de la science et de la
découverte » où des jeunes et la population en général
pourraient venir s’y distraire, observer la nature et
participer à des expériences.

114 L’objectif serait de conscientiser les jeunes et


la population sur les richesses de la faune et de la flore,
sur les dangers qui les menacent et sur la nécessité de
protéger les espèces et les espaces.

115 Associée à un développement agricole,


l’industrialisation suivra, toujours dans la logique de la
recherche d’un équilibre agriculture-industrie et de
l’impérative nécessité de création d’emplois.

116 L’effort d’industrialisation devrait suivre un


double mouvement :

72
• D’une part, le développement d’industries
tributaires de la croissance agricole
(décorticage et emballage de riz, huilerie,
transformation de fruits et de légumes,
brasseries et distilleries, conserverie de
fruits et légumes, confiseries et conserves
de poissons, etc.) et qui permettraient
l’intégration de la production agricole et
des centres de transformation qu’il
conviendrait de placer dans les sites de
production ;

• D’autre part, l’implantation de deux autres


parcs industriels, l’un dans la périphérie de
la ville du Cap-Haïtien et l’autre à Port-de-
Paix, et le développement des industries de
la sous-traitance électronique et textile, et
de vêtements haut de gamme pour le
marché intérieur et pour l’exportation.

73
3. LA RÉGION CENTRALE

74
A. CONSTITUTION ET POTENTIALITÉS
ÉCONOMIQUES

117 La « Région Centrale » regrouperait les


départements de l’Artibonite et du Centre avec 2 290 000
habitants repartis sur une superficie de 8 656 kilomètres
carrés.

118 La vocation première de la « Région


Centrale » est agricole ; toutefois ses nombreux sites
culturels, historiques et naturels lui confèrent des
originalités touristiques assez intéressantes.

119 Gonaïves, la cité de l’Indépendance, croise les


pieds à la croisée des chemins de l’esclavage et de la
liberté. Autrefois « marché d’esclaves » où des « princes
et princesses » enlevés de forces des royaumes guinéen et
dahoméen se vendaient comme du bétail dans le contexte
de la traite de noirs et d’un commerce triangulaire
honteux, c’est pourtant dans ce même endroit que, le 1er
janvier 1804, fut lu l’Acte de l’Indépendance consacrant
la fondation de la première république noire indépendante
du monde.

75
120 Le vent suit le chemin de la liberté et remonte
jusqu’au « Fort de la Crête-à-Pierrot » dans la commune
de Petite Rivière de l’Artibonite majestueuse et fière telle
une reine, avec son magnifique « Palais des 365 portes »
qui s’ouvrent sur la vision d’un Roi bâtisseur rêvant d’un
pays fier, prospère et moderne.

121 Montrouis recèle de ruines coloniales, de


magnifiques plages de sable, de récifs coralliens
exceptionnels avec un fond marin d’une biodiversité
impressionnante. « Moulin sur Mer » est un hôtel-plage
et musée classé parmi les plus beaux et des plus
attrayants du pays.

122 Hinche, l’une des villes coloniales des plus


anciennes du pays avec sa magnifique Cathédrale
coloniale de style gothique digne d’un Œuvre d’Art, est
reconnue pour être le foyer de la résistance de
Charlemagne Péralte et des Cacos contre l’occupation
américaine de 1915. La grotte de Colladère abritant des
outils précolombiens, celle de Layaille d’où coulent des
eaux tantôt chaudes tantôt froides, les roches tempées
indiennes à Thomassique et à Thomonde, le Bassin Zim à

76
Cerca Cavajal, la grotte de Saut-d’eau haut lieu de
pèlerinage religieux achèvent de camper le Plateau
Central comme un « musée » dépositaire de la mémoire
d’une communauté pétrifiée par des événements et des
turbulences qui s’appelleraient ethnocide, esclavage,
révoltes et révolutions.

123 La beauté du paysage fait de contrastes, et la


splendide chute de Saut-d’eau s’y associent pour marquer
du sceau de la qualité les richesses naturelles et culturelles
de la « Région Centrale » dans le contexte d’un paysage
naturel régional tropical, les champs de culture, les
grandes étendues herbeuses où paissent des troupeaux de
bœufs et de cabris, les lacs collinaires, les colonies de
rivières qui serpentent étourdies en direction du fleuve
Artibonite inclus. Autant de ressources naturelles et
culturelles qui seront transformées en richesses
touristiques.

124 L’agriculture et le secteur primaire jouent un


rôle des plus importants dans la « Région Centrale » à
cause de l’abondance des ressources en eau et de la
fertilité des terres. L’Artibonite est en effet le plus grand

77
producteur national de riz. La Vallée de l’Artibonite
pourvoit à elle seule 80% de la production nationale de
riz. Le département de l’Artibonite est également le plus
grand producteur national d’aubergines, d’oignons,
d’échalotes, de tomates, d’ails et aussi de mangues
« Francis » pour l’exportation. On y produit également du
café, des citrons, des oranges, des melons et des légumes
variés. Les baies de Saint-Marc et des Gonaïves sont des
zones très poissonneuses.

125 Le Plateau Central est le plus grand foyer


d’élevage du pays. 60% des terres du plateau sont utilisés
pour l’élevage notamment de bœufs, de cabris et de
volailles. On y produit également du maïs, des haricots,
du manioc, du café, de la canne à sucre, des mangues, des
bananes et des légumes.

126 N’ayant pas de côtes, dans le Plateau, on


pratique l’aquaculture pour assurer la consommation
locale de poissons. À Pandiassou, les Petits Frères de
l’Incarnation ont construit une vingtaine de lacs artificiels
utilisés pour la production de poisson d’eau douce, mais

78
aussi de légumes et pour l’arrosage d’aires de production
d’arbres fruitiers divers.

79
B. PLANIFICATION STRATÉGIQUE

127 Comme pour les autres régions, nous


accorderons la priorité à la planification économique et
sociale afin d’assurer la cohérence des politiques et la
rationalité du développement de la région.

128 Deux instruments seraient indispensables :

• Un plan d’aménagement et de développement


agricole et forcément agro-industriel dans une
perspective d’amélioration des rendements et
de la valorisation de la production ;

• Un plan d’aménagement et de développement


touristique en vue de l’exploitation des
richesses culturelles, historiques et naturelles
de la région en conformité à un projet
touristique national

80
DOTATION D’INFRASTRUCTURES ET
AMÉNAGEMENT TOURISTIQUE

129 Les travaux d’infrastructures pour l’expansion


touristique devront être concentrés, toujours dans la
logique du « graduel planifié », dans des équipements
d’utilité générale et dans l’aménagement de sites
touristiques spécifiques.

130 Les objectifs suivants pourront être


poursuivis :

a) LES TRANSPORTS :
• Densification du réseau routier régional ;
réfection, revêtement, entretien des routes
interrégionales, départementales et
communales ; revêtement de toutes les voies
urbaines et praticabilité des pistes agricoles ;

• Construction de deux lignes de voie ferroviaire


reliant Gonaïves à Port-au-Prince et au Cap-
Haïtien ;

81
• Amélioration, réhabilitation et extension des
facilités et des équipements portuaires à Saint-
Marc et aux Gonaïves ;

• Aménagement et revêtement de pistes, et


construction de locaux divers à l’aéroport de
Hinche.

b) L’ÉLECTRICITÉ :

• Régénération, reboisement et protection des


bassins versants du lac de Péligre ;

• Dé-ensablement, assainissement et entretien


de la Centrale de Péligre ;

• Construction d’un second barrage sur le fleuve


Artibonite en aval de Péligre et l’installation
d’une centrale de capacité installée d’au moins
60 MW ;

82
• Installation d’une unité thermique mixte diesel
et solaire d’au moins 40 MW dans la Baie des
Gonaïves ;

• Construction d’un barrage collinaire au


confluent de la Rivière d’Ennery et de la
Rivière des Bayonnais dont la production
pourrait être de l’ordre de 20 à 30 MW, avec
en aval un système d’irrigation de la plaine des
Gonaïves et une déviation pour protéger la
ville des risques d’inondation ;

• Interconnexion des centrales et extension des


réseaux de transport et protection contre les
prises clandestines.

AMÉNAGEMENT DE SITES SPÉCIFIQUES

131 Les travaux d’aménagement touristique


pourront être centrés particulièrement sur cinq sites
spécifiques.

83
1. LA VILLE DES GONAÏVES

131 La ville des Gonaïves doit être réorganisée et


recadrée sur l’objectif de sa transformation en un « pôle
touristique » compétitif. Il incomberait d’introduire de
nouveaux équipements d’infrastructures urbaines, et de
fixer les zones préférentielles d’extension et le zonage des
grandes fonctions urbaines et métropolitaines.

132 D’abord, il est important d’améliorer le cadre


physique de la ville en créant les conditions d’une
amélioration constante de la qualité de vie de toutes les
couches de la population appelées à bénéficier
collectivement des retombées du développement
touristique de la « Région Centrale ».

133 Tout un ensemble de mesures seraient


nécessaires, nous proposons celles-ci à titre indicatif :

• Valorisation du stock d’habitats précaires en y


introduisant de nouvelles infrastructures et de
nouveaux services ;

84
• Protection de la ville contre les multiples
agressions (inondations et pollutions diverses)
par la mise en œuvre d’un système de drainage
et d’assainissement efficace, et la constitution
de zones de « ceintures vertes ».

• Création d’un grand Centre Commercial avec


Supers Marchés sur grands espaces, magasins
divers, Marchés populaires, Marchés
touristiques, institutions financières et de
services divers, etc. ;

• Constitution de quartiers chic réunissant


résidences privées, résidences touristiques,
appartements, terrains de jeux, parcs
d’attraction, hôtels et restaurants ; le tout
intégrant des espaces verts assortis de
monuments capables d’attirer l’attention et de
susciter l’émotion.

134 Le plan directeur des Gonaïves devra englober


un processus de transformation de la Place d’Arme en un

85
« vrai » parc administratif intégrant : le Palais Municipal
Régional, l’Hôtel de ville, un Palais de la Culture et des
Arts regroupant : Musée, Théâtre, Bibliothèque, Salles
d’exposition, Bureau d’Ethnologies, Bureau de l’ISPAN,
etc., et un Complexe Administratif consolidé réunissant
les services offerts par l’État central ; tous ces
équipements et infrastructures urbains et métropolitains
entrelacés dans une suite de « places » et de « jardins »
ornés de monuments historiques et culturels mettant en
lumière les spécificités et les originalités de la « Région
Centrale.

2. LA COUR SOUVENANCE

135 Elle devra d’abord être déclarée « Patrimoine


Culturel National » et réhabilitée pour préserver la
tradition « LAKOU TRANKIL ». À ce niveau, un
renouveau parait nécessaire pour l’épanouissement de
l’haïtianité du Centre dans la manière dont nous nous
voyons nous-mêmes, la confiance que nous plaçons dans
notre avenir, la fierté que nous tirons de notre passé et de

86
nos traditions. La reconnaissance et la promotion d’une
identité culturelle comme fondement de la nation et de la
« Région Centrale » exigerait la valorisation de la culture
populaire.

En fait, le peuple haïtien et les Haïtiens du Centre ne


pourrions lutter et triompher des embuches du destin que
lorsqu’ils s’identifieraient, se reconnaitraient et
communieraient dans des créations qui leur seraient
propres et qui leur permettraient de retrouver leur dignité
et leur fierté, et de croire au génie haïtien.

136 La réhabilitation de « LA COUR


SOUVENANCE » devrait la transformer en un haut lieu
de culte de la religion du Vodou. Ceci devra passer par un
aménagement qui pourra modeler la grande richesse, la
grande beauté et les originalités des « LAKOU » et du
Vodou à travers un grand parc culturel et religieux
réunissant : salles des danses , plantes et herbes
thérapeutiques, un véritable « jardin botanique » mais
aussi un « laboratoire naturel » comme base de la
médecine traditionnelle qui intervient par le biais des
« thés », des bains de feuilles, des « onguents », etc. et

87
pratiquée par des « médecins-feuilles » dont la
connaissance de la vertu des plantes médicinales a
souvent sauvé des vies.

137 Comme élément nouveau, devrait être créé un


grand Musée-conservatoire vodou. Il pourrait être dédié à
la recherche de traces d’éléments et de faits culturels du
passé collés à la tradition des « LAKOU » et du Vodou
(pièces archéologiques, chants et partitions, manuscrits,
photographies, gravures, etc.), aux fins de les conserver et
de faire comprendre au public leurs intérêts culturels et
historiques.

3. LA VILLE DE HINCHE

138 Avec son tracé colonial, la ville de Hinche a


déjà une belle allure et est très bien tenue. Sa cathédrale
coloniale à elle seule fait entrer l’esthétique dans la vie
publique hinchoise. Toutefois, la ville a besoin d’être
aérée et embellie d’avantage en y introduisant des espaces
verts, mais aussi d’autres équipements pourraient être
nécessaires pour donner à la ville un ère de modernité et
mettre les Haïtiens du centre en contact avec les grands

88
courants touristiques internationaux en s’ouvrant sur
l’universel.

139 Là encore, il conviendrait de privilégier la


planification pour mettre en place un schéma directeur et
d’expansion de la ville qui doit déboucher sur la création
d’une « ville neuve » tout en préservant l’ancienne en
évitant d’altérer son charme actuel, mais aussi pour
faciliter l’introduction d’équipements et d’infrastructures
modernes nécessaires à une gouvernance économique
porteuse de mieux-être pour l’ensemble de la population.

140 La « ville neuve », en plus d’un « Centre


Commercial » avec supermarchés, magasins, marchés
populaires, marchés touristiques, institutions
commerciales et financières diverses ; et d’un « Quartier
Résidentiel » à vocation touristique réunissant : hôtels,
villas, résidences touristiques, appartements chics,
restaurants, assortis d’espaces verts et de terrains de jeux,
devra intégrer un « Centre Administratif » avec Palais
Municipal Communal, un Complexe Administratif
consolidé réunissant les services offerts par l’État central,
un Palais de l’Art et de la Culture avec un regroupement

89
fonctionnel touchant Musée, Théâtre, Salle d’exposition,
Bibliothèque, le tout intégré dans un grand parc moderne
constitué d’une suite de « places » et de « jardins »
assortis de monuments historiques et culturels avec au
centre la « Place de la Résistance » et un monument édifié
en mémoire de Charlemagne Péralte.

141 Il importe de donner à la ville de Hinche une


âme qui se souviendrait d’avoir une histoire.

4. AUTRES SITES NATURELLES ET


HISTORIQUES

142 Des mesures de protection et de sauvegarde


des sites naturelles, culturelles et historiques devront être
prises dans le cadre d’un effort d’aménagement interne de
l’espace de développement touristique. Il conviendrait de
les doter d’équipements et d’infrastructures minima
incluant assainissement, structures d’accueil, voies
d’accès, réhabilitation et embellissement physique. Ces
mesures devront toucher particulièrement les grottes, les
forts, la chute de Saut-d’eau, le Palais des 365 portes et
Marchand, la capitale de l’empire déssalinien.

90
143 Il s’avère important de constituer une
« galerie » de sites naturels, culturels et historiques
enveloppés dans un cadre féérique où caracoleraient
fierté, symbole et esthétique assis au carrefour de
l’histoire et de la culture, et où chaque site modèlerait une
« station » du long chemin de la liberté.

AGRICULTURE : AMÉNAGEMENT ET
ÉLÉMENTS DE POLITIQUE

144 Il conviendrait de créer les conditions pour


une intensification de la production agricole dans la
« Région Centrale » vers trois objectifs :

• L’autosuffisance nationale de certains


produits ;
• La fourniture de matière première à
l’agro-industrie ;
• L’exportation de denrées pour lesquelles
nous avons des avantages compétitifs.

145 Dans la poursuite de ces objectifs, des


mesures doivent être prises pour étendre les aires de

91
cultures et pour adresser ces problèmes à la base du
rendement médiocre de l’activité agricole dans la région.

146 En fait, quoique la « Région Centrale » porte


la palme dans la production de certaines denrées, même
« stratégiques », l’organisation de l’espace agricole reste
artisanale et la plupart des terres cultivables sont
inoccupées, sinon l’agriculture y est pratiquée à la merci
des conditions climatiques. Le barrage de Canot avait été
construit pour irriguer environ 50 milles carreaux de terre,
mais seulement quelques 20 milles carreaux sont jusqu’ici
arrosés dans la Vallée et dans la Plaine de l’Artibonite.

147 La partie nord de l’Artibonite est en outre très


sec de la Savane Désolée à Ennery en passant par
Gonaïves, Terre-Neuve et aussi la Plaine de l’Arbre à
Anse-Rouge. La dotation d’équipements et
d’infrastructures d’irrigation adéquates et bien adaptées
(barrages collinaires, irrigation par pompage et goutte à
goutte, extension et curage de canaux existants) devra
permettre d’ouvrir de nouveaux champs de culture et de
presque tripler l’aire de production dans les zones basses.

92
148 D’un autre côté, les producteurs font face à un
problème technique exprimé en termes d’inadéquation
des facilités de traitements, de stockage et de
commercialisation des denrées (responsable, dans certains
cas, de la perte d’environ 35% de la production totale), et
aussi en termes de faiblesse de l’encadrement des paysans
et d’accessibilité à des sources de financement crédibles
et de qualité.

149 À ce niveau, il conviendrait de développer


tout un ensemble de mesures d’intervention et/ou
d’incitation pour « moderniser » les conditions de la
production agricole dans la région. Cette modernisation
devra inclure la mise à la portée des producteurs agricoles
des intrants (engrais, semences sélectionnées, etc.) sur une
base subventionnée et conditionnée à un niveau de
rendement et de production, d’un système de crédit simple
et peu couteux, de méthodes culturales modernes, et d’un
encadrement technique organisé sur un réseau
d’agronomes, de techniciens agricoles et aussi de
spécialistes en irrigation, génie rurale, maladies des
plantes, qui se maintiendront dans les champs.

93
150 Ces mesures devront être complétées par :

• Une organisation moderne et plus efficace


du traitement, du stockage et l’emballage
des denrées agricoles ;

• L’instauration de systèmes de contrôle de


qualité et de certification notamment de
denrées d’exportation pour les valoriser et
garantir des prix intéressants tant à
l’intérieur que sur les marchés externes.

151 Enfin, last but not the least, il y a le problème


de la production elle-même exprimé par :

• Une baisse quantitative et qualitative de la


production due, en partie, à un processus
de dégénérescence génétique des souches
initiales, et entrainant une augmentation
dangereuse des importations de produits
alimentaires ;

94
• Une baisse du volume des denrées
d’exportation (café, cacao, mangues) et de
la production de fruits de mer.

152 Des mesures devront être prises pour faire


passer de 1 à 6 et même de 1 à 8 une production agricole
qui comprendrait des cultures vivrières traditionnelles
(maïs, haricots, riz) mais aussi des denrées d’exportation
(café, cacao, mangues). L’accent devra être mis sur des
produits traditionnels certes, mais de rendement plus
élevé tels : maïs hybrides, haricots ailés de Côte-d’Ivoire,
banane plantain du Costa-Rica, riz à haut rendement de
l’Institut International de Recherche sur le Riz des
Philippines, et aussi sur des produits de grande
consommation locale et en grande demande sur les
marchés internationaux.

153 À cela, s’ajouterait la « modernisation » de la


pêche, la pisciculture intéressant le fleuve Artibonite
particulièrement, l’aquaculture « moderne » intéressant
les lacs collinaires de Pandiassou dans le Plateau Central
et ceux qui pourraient être créés dans l’Artibonite, et,
enfin, l’élevage qu’il conviendrait de « moderniser », des

95
poulets, œufs, bœufs, cabris, et d’autres bétails qu’il
conviendrait d’intensifier la production.

154 La « Région Centrale » fait face aussi, par


endroit, à de graves problèmes de dégradation de
l’environnement qui menacent les aires de culture, les
infrastructures et le cadre de vie général. Ces dégradations
sont exprimées par :

• La diminution des ressources en sols :


l’érosion détruit l’équivalent de 2 carreaux
de terre dans la région chaque année ;

• La diminution des ressources en bois


comme conséquence de la coupe abusive
d’arbres réduisant dangereusement la
couverture forestière qui était de l’ordre de
10% dans les années 1970 mais qui n’est
plus d’à peine 1% aujourd’hui, alors que la
consommation annuelle de bois, matière
qui contribue pour 55% à la production
énergétique régionale, se situe autour de
un million de mètres cubes l’an ;

96
• La diminution des ressources en eau qui se
traduit par la réduction des débits des
sources et des rivières.

155 La « Municipalité régionale » devra s’engager


dans une politique de réhabilitation, de reconstitution et
de protection des sols par la mise en place de structures
antiérosives et la constitution de réserves de « ceintures
vertes » sur la Chaine des Matheux, les Montagnes
Noires, la Chaine des Cahos, la Chaine de Marmelade et
le Massif de Terre-Neuve. Cette politique se concrétiserait
par la protection et la régénération des bassins versants de
la région, par la mise en place de structures de captage et
de rétention des eaux de pluies, et le développement d’une
arboriculture intéressant la production d’arbres fruitiers
et forestiers et aussi le repeuplement des réserves
forestières en animaux de chasse.

156 Il importe de restaurer les ressources


régionales en Eaux-Sols-Forêts-Faune et d’emprunter les
« sentiers de l’espérance » qui pourraient déboucher sur le

97
bonheur du peuple haïtien en général et des Haïtiens du
Centre en particulier.

157 Enfin, sur le Plateau Central, il conviendrait


de constituer et développer un « Parc Éducatif », un
« Jardin Botanique et Zoologique » où l’on pourrait
produire des espèces végétales et animales et les protéger
contre la menace de disparition. Ce « Parc Éducatif »
pourra être un véritable « laboratoire de biologie » et un
« centre de recherche » qu’on pourrait faire fonctionner
comme un « Musée de la Science » où des chercheurs, des
étudiants, des élèves, le public en général pourraient venir
s’y distraire, observer la nature, faire des expériences et
s’instruire.

158 Il faudrait développer une culture


environnementale et de l’esthétique qui pourrait permettre
aux jeunes particulièrement d’accéder à la vision de ce qui
serait le monde sans l’arbitraire des hommes et les
multiples agressions sur l’environnement, et enfin les
sensibiliser sur la nécessité d’abandonner la logique
d’exploitations abusives de la nature pour embrasser celle
de l’harmonie avec elle.

98
4. LA RÉGION MÉRIDIONALE

99
A. CONSTITUTION ET POTENTIALITÉS
ÉCONOMIQUES

159 La « Région Méridionale » comprendrait les


départements du Sud, de la Grande-Anse et des Nippes
avec une population de 1 467 000 habitants repartis sur 6
101 kilomètres carrés. Sa vocation première est agricole
et touristique.

160 La « Région Méridionale » serait la région du


pays qui a le plus grand potentiel touristique en termes de
sites naturels, mais elle est la moins exploitée du point de
vue de développement touristique.

161 La « Cote des Indiens », de Petit-Goave aux


Abricots, est plantée d’une suite alternée de baies et de
caps dans lesquels s’entrelacent de longues bandes de
plages splendides et de récifs coralliens impressionnants.

162 Grand-Boucan s’élève au large des


Barradères, isolé comme une île sauvage avec un fond
marin peuplé de bénitiers avec des manteaux verts,
couleurs des algues microscopiques, des bancs de
poissons multicolores qui apparaissent puis disparaissent

100
entre les coraux. Les récifs coralliens sont à eux seuls des
merveilles ; ils forment un organisme vivant avec une
large palette de couleurs et une variété infinie de formes
et de dimensions.

163 Plus loin dans le bleu de la distance, la Grande


Cayemite, et la belle venue de ses plages de sable fin, étale
son charme couronné d’un sourire magnanime qui se perd
dans le bleu du ciel qui se mire dans les cimes écumeuses
de la baie de Pestel où toujours la mer fait la fête.

164 La Grande-Anse est très riche en souvenir


tainos. On y dénombre une trentaine de grottes
amérindiennes dont les plus importantes sont celles de
Marie-Govin à Chambellan et de Bellony à Pestel. Dans
la mythologie amérindienne, Abricot est le « Paradis des
Indiens ».

165 La magnifique plage de sable couleur d’ivoire


avec des paillettes dorées en soubassement et, de loin en
loin, des oasis verdoyants où un soupir de vent à peine
exhalé glisse sur les feuilles dans un long murmure froissé

101
comme une chevelure dénouée, font des Abricots un
« paradis », une merveille de la nature.

166 Le Pic Macaya est une des dernières et des


plus grandes réserves forestières du pays. Il représente un
véritable « laboratoire de biologie ». La Chaine du
Macaya, la Chaine de Plymouth et la Chaine des
Casetaches recèlent de plantes rares, notamment des
Orchidées sauvages, et aussi des animaux endogènes tel
le « Solénodon », un rongeur venimeux au nez long
assimilé à un rat. Cette région de la Grande-Anse présente
une des plus intéressantes diversités biologiques des
Antilles et, pour cause, constitue un véritable « musée »
capable de stimuler l’écotourisme.

167 Caps, baies, pointes et aussi de superbes


plages ornent la « Cote des Antilles » de Tiburon à Anse-
à-Pitre. Les plages de sables fin de Gelée et de Port-salut
sont les sites de la « Région Méridionale » qui reçoivent
le plus de visiteurs par année. Devant les regards des
visiteurs observant les cotes depuis la mer des Antilles, le
placement des plages et des récifs coralliens sur deux arcs
court jusqu’au couchant de Cote-de-Fer à Saint Jean du

102
Sud puis de Port-salut à Tiburon, en une seule vague d’un
bleu passé et tendre à l’œil.

168 Ile à Vache, sous la lointaine clarté des étoiles,


par la beauté et l’envoutement de son paysage, peut
chavirer n’importe quel observateur dans un vertige
entrainant à la rêverie. Elle a une nature « poétique » qui
fertilise l’esthétique et fait d’elle un « Paradis » pour
l’écotourisme. Des plages splendides, des arbres
centenaires, des montagnes de coquillages, une végétation
luxuriante, des fonds marins avec une diversité de formes
et de couleurs insoupçonnables, tout pour ramener le
« filet d’eau lustrale » qui relance le tourisme et
l’économie et consacre le profilage des sentiers de
l’espérance.

170 Value, en escalier avec le Morne Tapion,


parait se lever d’un rêve de beauté et d’éternité. Des bois
de toutes sortes emplissent ses flancs, avec une courrielle
de planètes rosée, des loques humides pires que la pluie,
pénétrantes jusqu’à la moelle des os et à la fibre de l’âme.
C’est une montagne à pic qui porte un plateau comme on
porte une couronne ; les arbres y sont verts et sévères ; le

103
vent se plaint jour et nuit dans leurs branches, parce que
c’est sensuels et chantant, les arbres à Value.

171 La Rivière Salée aux Barradères, les « eaux


thermales » aux Irons, la Rivière Froide à l’Anse-à-Veau,
Fort Marfranc et l’Habitation Latibolière à Jérémie, la
grotte Mapou et le Fort Béthel aux Barradères, la
Cathédrale coloniale Saint Jean-Baptiste et le Fort
Réfléchi à Miragoane, la Cathédrale Sainte Anne et le Fort
Jean Jacques Acaau à l’Anse-à-Veau, la Forteresse des
PLatons aux Cayes, la grotte Marie Jeanne à Port-à-
Piment, et aussi le Saut-Mathurine à Camp-Perrin, le
Sault-du-Baril à l’Anse-à-Veau et le Calvaire aux 500
marches de Notre Dame de la Médaille Miraculeuse, haut
lieu de pèlerinage catholique, achèvent le tableau des
potentialités énormes de la région qui contrastent avec le
désarroi et le désespoir qui la baignent et, qui retient la vie
captive et éloigne l’Haïtien méridional de son destin
naturel.

172 La « Région Méridionale » serait la plus


boisée d’Haïti. Le département du sud a un paysage de
plaines dominées par des montagnes du versant sud du

104
Massif de la Hotte. De nombreuses rivières arrosent
abondamment le grand ensemble formé par la grande
plaine des Cayes, celle de Torbeck et celle de Saint Louis
du Sud. La diversité des sols, les nombreux cours d’eau et
une importante pluviométrie facilitent la production de
nombreux fruits et de vives alimentaires. Dans les plaines,
les principales cultures sont le riz, le maïs, les haricots, les
bananes, les tubercules, le raisin, la pomme « cajou », la
grenade, le grenadia, l’ananas. Dans les zones
montagneuses on cultive le café et le vétiver.

173 Tout le long des côtes de la Grande-Anse


s’étalent des bananeraies, de la canne-à-sucre et des
champs d’arbres véritables dont le fruit sert à la
préparation du « Tonmtonm », une spécialité de la
Grande-Anse. Les principales cultures sont le café surtout
à Beaumont, et le cacao à Dame-Marie, aux Abricots, à
Chambellan, à Marfranc, à Anse-d’Hainault et aux Irois.

174 Le paysage des Nippes est celui d’une bande


côtière verdoyante, parfois rocheuse et qui s’élargit aux
environs de l’Anse-à-Veau pour former la plaine de
Baconnois. Une grande variété d’arbres fruitiers et

105
forestiers font le charme de plusieurs sites naturels
abondamment mouillés et peuplés d’espèces d’oiseaux
rares. Le plateau des Rochelois fait un escalier avec celui
des Fonds-des-Nègres qui s’étale au bas du Montagne de
Sangris.

175 Les terroirs des Barradères et de Plaisance du


sud bénéficient d’une bonne pluviométrie et se prêtent
valablement à l’agriculture et à l’élevage. On y cultive du
café en montagne et des vives alimentaires dans les zones
basses. Les principales cultures sont le maïs, les bananes,
la canne à sucre, les haricots, la carotte, des fruits surtout
des mangues dans la plaine de Baconnois, la plaine de
Petit-Goave et dans la région des Palmes.

106
B. PLANIFICATION STRATÉGIQUE

176 Il importe d’établir :

• Un plan de dotation d’équipements et


d’infrastructures d’utilité générale :
transport, énergie, eau potable ;

• Des plans directeurs et de développement


des centres urbains destinés à être les
moteurs du développement de la région ;

• Des plans de développement de zones


spécifiques incluant des schémas
d’aménagement touristique et des plans de
développement agricole et industriel.

DOTATION D’INFRASTRUCTURES ET
AMÉNAGEMENT TOURISTIQUE

177 Les travaux d’infrastructures pour l’expansion


touristique de la « Région Méridionale » devront être
concentrés, toujours dans la logique du « graduel

107
planifié », dans des équipements d’utilité générale et dans
l’aménagement de sites touristiques spécifiques.

178 À titre d’illustration d’actions à réaliser, nous


proposons la poursuite des objectifs minima suivants :

a) LES TRANSPORTS :

• Densification du réseau routier régional ;


réfection, revêtement, entretien des routes
interdépartementales, départementales et
communales ; revêtement de toutes les voies
urbaines et praticabilité des pistes agricoles ;

• Construction de la route de la Grande-Anse


par les côtes reliant Miragoane aux Abricots et
de la route côtière à vocation touristique du
Sud reliant les Cayes à Anse-à-Pitre ;

• Amélioration, réhabilitation et extension des


facilités et des équipements portuaires aux
Cayes, à Jérémie, à Miragoane et à Petit-
Goave pour accroitre l’efficacité des

108
opérations et améliorer l’accueil des passagers
notamment des touristes de croisière ;

• Installation de plateformes portuaires


destinées à recevoir des bateaux de croisière à
Grand-Boucan et aux Iles Cayemites, aux
Abricots et à Port-salut, à Gelée (Cayes) et à
l’Ile à Vache ;

• Construction de l’Aéroport des Cayes pour


qu’il puisse recevoir, dans des conditions
conformes aux standards internationaux, de
transporteurs long-courrier ;

• Aménagement et revêtement de pistes,


construction de locaux divers à l’aéroport de
Jérémie.

b) L’ÉLECTRICITÉ :

109
• Augmentation de la production d’électricité
d’au moins 60 MW par l’installation dans la
baie des Cayes d’une unité thermique mixte au
diesel et solaire ;

• Installation dans la baie d’Aquin d’une


centrale éolienne couplée à une unité solaire et
pouvant produire au moins 30 MW ;

• Accroissement d’au moins 30 à 40 MW de la


production à Jérémie par l’installation d’une
unité thermique mixte au diesel et solaire ;

• Installation d’une unité thermique mixte diesel


et solaire d’au moins 40 MW à Miragoane ;

• Construction d’un barrage collinaire sur la


Grande Rivière de Nippes au niveau de Baquet
dans la commune d’Arnaud dont la
production pourrait être de l’ordre de 20 à 40

110
MW, avec en aval un système d’irrigation
destiné à arroser la plaine de Baconnois ;

• Construction de lignes de haute tension reliant


Jérémie, Jacmel et Miragoane aux Cayes,
interconnexion des centrales, extension des
réseaux de transport et protection contre les
prises clandestines ;

• Rationalisation des coûts à l’usager tout en


garantissant l’accès aux couches les plus
démunies dans des conditions qui prendraient
en compte les considérations d’équité et de
solidarité.

c) EAU POTABLE :

• Augmentation de la couverture en eau potable


en la faisant passer de 40% à 60% dans les
zones rurales, de 45% à 70% dans les villes
retenues comme « pôles stratégiques » de
111
développement (Jérémie, Miragoane, Petit-
Goave, Aquin, Port-salut et Anse-à-Veau), de
40% à 70% aux Cayes en menant des travaux
de captage, d’adduction, de stockage et de
distribution couplé à des travaux de
réhabilitation et d’entretien de réseaux
existants en mauvais état.

179 La dotation de ces infrastructures devra être


suivie d’un effort d’aménagement touristique pour
permettre à la « Région Méridionale » de mettre en valeur
toutes ses potentialités. L’aménagement touristique de la
« Région Méridionale » doit tourner autour de trois
projets :

1. Le projet « La Vie Belle au Paradis de la Côte


des Indiens» ;
2. Le projet « Communauté touristique
intégrée » : « Le Millionarium de l’Ile
bleue » ;
3. Le projet « Palme touristique ».

112
180 Le projet « La Vie Belle au Paradis de la Côte
des Indiens »consisterait à développer les ressources
historiques, culturelles et naturelles de la Grande-Anse et
des Nippes en créant un « grand pôle touristique » autour
de trois sites : le littoral des Nippes, de la baie de
Miragoane aux Barradères, les côtes Jérémiennes, de la
baie de Pestel aux Abricots et la Grande Cayemite.

181 Il conviendrait d’équiper la Grande Cayemite


d’un port d’escale pour paquebot de croisière et d’y
construire un « Complexe touristique » regroupant
Hôtels-casino, terrains de golfe et de tennis, un Musée
Tainos, salles d’exposition, boutiques-cadeaux, services
financiers et administratifs. Grand-Boucan, connecté aux
Iles Cayemites par voie maritime, devra être doté d’une
« Station de séjour balnéaire » avec équipements pour
surfage et plongée sous-marine.

182 Le long du littoral des Nippes, il est primordial


de développer les splendides plages de sable qui s’étalent
de la Baie de Miragoane aux Barradères en les équipant
d’hôtels et de « micro-cités de loisir » connectés aux sites
historiques, naturels et culturels intérieurs aménagés pour

113
recevoir dans de bonnes conditions des visiteurs,
notamment le site de Sault-du-Baril, haut lieu de
pélérinages, et aussi les hauteurs de Paillant où les bois de
pin sucent les mamelles de la terre rougeâtre et transpirent
des loques humides avec de longues trainées de
brouillard, des forêts d’arbres noirs et sévères, parce que
c’est humide et chantant, les pins.

183 Le littoral de la Grande-Anse, de la Baie de


Pestel aux Abricots, devra être aménagé pour mettre en
relief les charmes de cette partie du pays qu’on semble
oublier et qui pourtant recèle de sites naturels et
historiques de qualité supérieure. Abricots
particulièrement devra être doté d’infrastructures
(plateforme portuaire, hôtellerie, restauration)
susceptibles de lui donner la capacité d’accueillir des
touristes de croisière et d’autres visiteurs.

184 La ville de Jérémie devra être réaménagée


avec comme objectif d’introduire des espaces verts et
d’autre équipements et infrastructures pour donner à la
ville une ère de modernité et la capacité de bien jouer son
rôle de « métropole » et d’animatrice d’une économie

114
tournée désormais vers le tourisme en s’ouvrant sur
l’universel.

185 Il conviendrait de prioriser la planification


pour créer un schéma directeur et d’expansion de la ville
identifiant les aires de spécialisation des grandes
fonctions urbaines et métropolitaines.

186 Il importe, entre autres, de développer :

• Un « Quartier administratif » intégré dans une


« zone verte » et incluant, à titre indicatif, un
Palais Municipal Communal, un Complexe
administratif regroupant tous les services
offerts par l’État central, un Palais de la
Culture et des Arts avec un regroupement
fonctionnel mettant ensemble : Musée,
Théâtre, Bibliothèque, Salles d’exposition, le
tout intégré dans un parc avec une suite de
places et de jardins assortis de monuments
historiques et culturels ;

115
• Un « Quartier des affaires » avec maisons de
commerce, marchés populaires, marchés
touristiques, institutions financières, etc. ;

• Un « Quartier touristique » réunissant Hôtels,


Villas, Résidences touristiques, Appartements
chics, Restaurants, avec espaces verts et
terrains de jeux.

187 Il faudrait donner à la ville une allure et une


posture qui rendrait sa fierté et qui ferait de la « Cité des
Poètes » la Capitale Littéraire d’Haïti.

188 Le projet « Palme touristique » consisterait à


développer davantage la communauté de Value déjà
assez-bien intégrée, en la plaçant sur la carte touristique
nationale pour un genre particulier : l’écotourisme de
montagne. Il conviendrait de donner à Value un statut de
« zone protégée » et de développer dans les zones
montagneuse de la région des Palmes une réserve de
« ceinture verte » pour protéger la ville de Petit-Goave
contre les risques d’inondation.

116
190 Autour de l’Étang de Miragoane, il
conviendrait d’implanter une « communauté touristique
intégrée » incluant hôtels, résidences touristiques,
restaurants, gare routière, et un Complexe culturel
regroupant salles de projection et de spectacle, salles
d’exposition, musée, bibliothèque, etc. L’ensemble devra
être intégré dans une zone de forêt, un vaste « jardin
botanique » qui devra être conçu pour être un lieu de visite
et de recherche où des chercheurs, des étudiants, des
touristes et le grand public pourraient venir s’y distraire,
faire des expériences et s’instruire dans un cadre
splendide et de rêve.

191 Les villes de Petit-Goave et de Miragoane


devront être dotées d’équipements adéquats pour pouvoir
bien jouer leur rôle d’animatrice d’une économie tournée
vers le tourisme et qui profilerait les sentiers de
l’espérance.

192 Le projet « Millionarium de l’Ile Bleue »


consisterait à transformer la « Cote des Antilles » et l’Ile-
à-Vache en une « communauté touristique » appelée à
mettre en valeur les nombreux sites naturels, culturels et

117
historiques du département du Sud. Il s’agirait d’assurer
la dotation d’équipements et d’infrastructures pour attirer
des visiteurs intéressés à jouir du bon temps sous le
charme d’une communauté qui porte la « source » à ses
pieds et où nos sept milliards de voisins pourraient venir
se baigner dans la vie.

193 Il conviendrait de déclarer Ile-à-Vache « zone


protégée » avec comme objectif la protection des espèces
végétales et animales mais aussi celle des ressources
minérales existant sur l’ile. On pourra développer un
« Village Touristique de Millionnaires » avec Hôtels,
Casino, Centre de convention, Musée, Salles
d’exposition, Terrains de Golfe et de Tennis, institutions
administratives et financières, équipements pour
« plongée » sous-marine, le tout intégré dans un grand
« jardin botanique », un grand « musée de la découverte »
où des chercheurs, des étudiants, des touristes et le grand
public pourraient venir faire des études d’espèces et
s’instruire dans un champ d’arbres et d’herbes à l’infini
avec des feuilles ruisselantes de rosée ricanant à l’effet du

118
picotement de la brise et chantant une chanson semblable
à la vie, c’est-à-dire comme elle devrait être partout.

194 La « Côte des Antilles », de Tiburon à la Baie


d’Aquin, devra être ornée d’Hôtels-plages, de Villas et de
« Cités de loisir », chaque site avec ses particularités et
ses originalités et le grand rassemblement des amateurs du
rêve et du plaisir pour l’enfantement de la vie nouvelle.
La ville des Cayes, déjà trois fois centenaire, devra être
réaménagée pour lui donner une posture de ville moderne.
D’abord, il doit être refait le drainage complet de la ville
afin de la protéger contre les risques d’inondation,
conformément à un plan directeur qui serait appelé à fixer
les nouveaux équipements, la localisation des activités
économiques essentielles, le zonage des grandes fonctions
urbaines et métropolitaines et les zones préférentielles
d’extension de la ville.

195 Il importe d’améliorer le cadre physique de la


ville tout en préservant son allure de ville coloniale. Tout
un ensemble de mesures seront nécessaires. Nous
proposons, toujours à titre indicatif, celles-ci :

119
• Installer un système de drainage et
d’assainissement capables de protéger la
ville contre les multiples agressions
(inondations, pollutions diverses) ;

• Embellir la ville « ancienne » en y


introduisant des espaces verts et au
possible un parc d’attraction assorti de
monuments taillés sur mesure et à la
dimension du progrès touristique
recherché ;

• Développer un « Quartier des affaires »


probablement autour du Boulevard des
Quatre Chemins, un « Quartier
touristique » avec hôtels, restaurants,
villas, appartements chics, résidences
touristiques, et un « Quartier
administratif » réunissant dans un
regroupement fonctionnel, un Palais
Municipal Régional, un Palais Municipal
Communal, un Palais de la Culture et des
120
Arts, et un Complexe administratif
abritant les services offerts par l’État
central.

196 On dotera la ville des Cayes d’un chant de


lumières et d’une musique régénératrice qui pourraient
apaiser la fureur rythmée des Haïtiens Méridionaux
souvent, semble-t-il, possédés par les démons de la
révolte, pour édifier enfin des rêves d’amour, de beauté et
de bien-être pour tous dans une communauté désormais
habitée par les anges de la récolte.

197 Des infrastructures appropriées mises en place


et les sites aménagés comme on prépare une fiancée pour
des noces de rêve, des événements socioculturels devront
être inventés, s’il le faut, ou repris dans certains cas,
traditionalisés à tous les coups pour mettre en valeur les
richesses naturelles, historiques et culturelles de la région
et bénéficier de l’effet de levier que seule la durée pourra
garantir.

198 À titre indicatif, nous proposons de créer les


événements suivants :

121
• Un « Festival des Quatre Chemins » dans
la Métropole du Sud qui mettrait en scène
Camp-Perrin et le Saut-Mathurine, la
« Côte des Antilles » et sa belle
« collection » de plages splendides,
Coteaux et son Calvaire aux 500 marches,
l’Ile Bleue et son impressionnante
« galerie » de plages, de récifs, de coraux
et d’arbres centenaires. Il pourrait s’agir
d’un savoureux cocktail de foires,
expositions, théâtres, soirée de galla,
concours « Miss Quatre Chemins », tours
organisés, autant d’événements et d’autres
pour transformer les Haïtiens
Méridionaux en témoins et acteurs de leur
propre destin ;

• Un « Festival de l’Été Indien » autour de


la « Cité des Poètes » et qui mettrait en
scène des sites naturelles et historiques
qui portent pour la plupart des identations
plurielles, déjà bien ancrées dans la
122
toponymie car les lieux parlent, non
seulement des lieux de mémoire insignes
qui sollicitent la mémoire collective :
« Abricots », le « Paradis des Indiens »,
« Pic Macaya », une des plus grandes
réserves forestières du pays ; mais aussi
des lieux de la vie quotidienne : « Anse-
du-clerc », « Ma folie », « Anse d’azur »,
défilement de rêve et d’esthétique
cristallisé dans les mœurs à travers la
poésie, les chants et les danses du
« folklore ». La Grande-Anse est un
« conservatoire, celui de la société
« tainos ». Au menu, « La fête de la mer »
à faire rayonner de Grand-Boucan et les
Iles Cayemites aux Abricots, tours
organisés, concerts et soirées de galla,
théâtres, expositions, foire gastronomique
où seraient présentées les spécialités de la
région : le « tonmtonm » et le
« comparaitre », concours « Miss
Tainos », et « une Fête de la Poésie » avec

123
atelier d’écriture et de lecture, foire du
livre, Grand Prix « Zemès » de la Poésie.

• Un « Festival de la Montagne » dans la


région des Palmes et mettant en scène
Petit-Goave et son impressionnante
« communauté touristique » de Value, et
Miragoane et le merveilleux site de
l’Étang de Miragoane. Au menu, « La
Foire traditionnelle de la Montagne »,
tours organisés, concerts, gala, théâtres,
expositions, fora, concours « Miss La
Montagne ». il est essentiel de restaurer la
mémoire du peuple haïtien pour qu’il se
souvienne que les deux tiers de notre
territoire sont faits de morne.

124
ÉLÉMENTS DE POLITIQUE AGRICOLE ET
INDUSTRIELLE

199 Comme nous l’avions souligné pour les autres


régions, l’aménagement agricole et industriel devra
s’appuyer sur un schéma directeur dont le volet physique
devra conduire à la localisation des activités et des types
de cultures et de production, encore dans le cadre d’une
stratégie différentielle.

200 Il conviendrait d’améliorer les conditions de


la production agricole en modernisant l’outillage par
étapes planifiées en remplaçant la houe et la serpette par
la charrue, puis le tracteur avant d’arriver à une
mécanisation automatique. Ce processus de
modernisation de l’outillage devra être accompagné de
facilités de crédit, d’accès à des intrants de qualité
(engrais, semences, etc.) et d’un système de subvention et
d’encadrement techniques qui maintiendrait les
agronomes et les techniciens agricoles aux champs.

201 Il importe également dans les zones de plaine


notamment de réduire la dépendance de la production par

125
rapport aux conditions climatiques. On amenera l’eau
d’irrigation pour la culture dans les plaines. Cet effort
d’irrigation devra toucher l’ensemble de la grande plaine
des Cayes, les plaines de Torbeck et de Saint-Louis du
Sud dans le département du Sud ; la plaine de Petit-Goave
dans la région des Palmes, les plaines de Baconnois et des
Barradères dans les Nippes, et la vallée de la Grand-Anse.

202 Les travaux d’infrastructures concerneraient


le curage et l’extension de canaux existants dans la plaine
des Cayes et celle de Torbeck, la construction de
nouveaux systèmes incluant des barrages collinaires et sur
des rivières, des systèmes par pompage pour l’irrigation
de la plaine de Saint Louis du Sud, la plaine de Petit-
Goave, la plaine de Baconnois, la plaine des Barradères et
une partie du plateau des Fonds-des-Nègres.

203 Ces mesures devront permettre d’ouvrir de


nouveaux champs de cultures, d’améliorer le rendement à
l’hectare et d’augmenter la production agricole dans les
plaines et les plateaux. Elles devront être complétées par
une organisation plus moderne et plus efficace du
traitement, du stockage et de la commercialisation des

126
denrées agricoles. À cela s’ajouterait la modernisation de
la pêche, la pisciculture intéressant les Étangs de
Miragoane, de l’Anse-à-Veau et de Duverger dans la baie
d’Aquin ; l’aquaculture moderne intéressant les lacs
collinaires qui pourraient être créés à travers la région.

204 Des mesures de réhabilitation, de


reconstitution et de protection des sols touchant le Massif
de la Hotte, la Chaine de Plaisance et la Chaine de Sangris,
seraient impératives. Elles consisteraient en la mise en
place de structures de rétention d’eau de pluie (murs sec,
cultures de vétiver, etc.) et le développement d’une
arboriculture intéressant la production d’arbres fruitiers et
forestiers. La culture du café devra être relancée aux
Barradères et à Plaisance du Sud. La production du café
et du cacao devra être réorganisée à des fins de
transformation pour le marché local pour l’exportation.
Une filière de « mangues francis » pour l’exportation
pourrait être développée dans la plaine de Petit-Goave et
dans celle de Baconnois.

205 L’objectif d’un développement économique


axé sur le tourisme et l’agriculture dans la « Région

127
Méridionale » est de bloquer la tendance à
l’appauvrissement généralisé et de casser la dynamique de
descente sous le seuil de la pauvreté des couches
défavorisées. L’enjeu est de créer de la richesse et des
emplois en quantité suffisante pour occuper la population
locale et permettre à chaque membre de la communauté
d’accéder à un minimum de bien-être. Toutefois, pour
éviter qu’il y ait des « laisser pour contre », le
développement de l’agriculture devra être associé à un
développement industriel pour absorber la main-d’œuvre
locale inactive.

206 L’effort d’industrialisation devra être rythmé


en suivant un double mouvement. D’une part, il
conviendrait d’implanter trois parcs industriels moyens,
un dans chacun des départements. Dans ces parcs on
pourrait développer l’industrie d’assemblage déjà assez-
bien implantée dans le pays. Cette filière demande une
production de masse. On pourrait également se lancer
dans la fabrication de produits haut de gamme qui
offriraient des marges de bénéfice plus large.

128
207 D’autre part, on pourrait lancer l’industrie
agro-alimentaire : rizerie, maïserie, huilerie,
transformation de fruits, distillerie, conserverie,
confiserie, et d’autres industries tributaires de la
croissance agricole : cotonnerie, usines de production
d’essences (vétiver, palma-christi, etc.). Ces industries
présentent l’avantage de permettre l’intégration de la
production et des centres de transformation et d’ajouter de
la valeur à des denrées locales et ainsi contribuer à élargir
la marge bénéficiaire au profit des producteurs.

208 L’un des enjeux de la recherche d’un équilibre


trilogique : tourisme, agriculture, industrie, est de donner
une saveur profondément nouvelle au développement
économique de la « Région Méridionale » susceptible
d’éveiller chez les Haïtiens du Grand Sud des échos bien
divers de progrès et de bien-être s’ouvrant sur des sentiers
d’espérance.

129
Conclusion

209 Tout compte fait, en dépit de ses potentialités,


Haïti est un pays pauvre, le seul pays moins avancé du
continent américain. On constate une exploitation abusive
de ses ressources, une circulation invisible de ses
richesses et une population haïtienne en situation de
survie.

210 L’option régionale est considérée comme


cadre approprié de développement économique durable.
Cela va de soi, la région est appelée à jouir de l’autonomie
administrative et financière et être coiffée d’une autorité
de développement : « La Municipalité Régionale ». Sa
principale fonction est d’assurer la planification du
développement économique et social de la « région » et
de la convertir en un « pôle de développement »
compétitif.

211 La gestion territoriale devrait être pensée en


termes globaux, structurels et envisagés dans le cadre
d’un partage de responsabilités entre l’État, la région et la
commune.

130
212 L’option régionale devrait conduire à
l’établissement de plans de développement et
d’aménagement régionaux consacrant des zones
homogènes du point de vue économique et démo-
écologiques. Il s’agit de préciser mais aussi de respecter
les contours de spécialisation et d’excellence des régions
et de planifier leur aménagement en fonction de choix de
développement économique qui tiendraient compte de
leurs potentialités.

213 La Constitution pourrait envisager de diviser


le pays quatre Régions :

1. La Région Métropolitaine qui comprendrait le


département de l’Ouest et le département du Sud-
Est ;
2. La Région Centrale regrouperait les départements
de l’Artibonite et du Centre ;
3. La Région Septentrionale qui engloberait les
départements du Nord, du Nord-Est

214 La meilleure option pour la relance et la


modernisation de l’économie reste agroindustrielle, et le

131
secteur touristique en pivot. Cette option charrie une
double proposition d’agenda : d’un côté, pour
l’agriculture une stratégie différentielle introduisant le
« zonage culturale » et combinant petite, moyenne et
grande exploitations ; et de l’autre, pour l’industrie des
axes variées de production formant la trame de l’industrie
touristique.

215 Le développement d’Haïti ne pourrait se faire


durablement que s’il se planifie et se réalise dans une
démarche de régionalisation. De bonnes relations intra et
inter régionales doivent s’établir pour harmoniser leurs
actions de développement, mettre en valeur leur
complémentarité et aboutir à un équilibre social,
économique et environnemental durable.

132

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