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Licence II
I. LA NOTIFICATION DU LICENCIEMENT
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DOC. 13 : Cons. prud’h Louviers, 10 avril 2019, n°17/00373
DOC. 14 : Cass. Plén., 17 juillet 2019, avis n°15012 (demande d’avis n° R 19-70.010)
III. EXERCICE
CAS PRATIQUE
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I. LA NOTIFICATION DU LICENCIEMENT
Vu l'article L. 122-14-2 du Code du travail ; Attendu que pour décider que l'employeur avait
Attendu, selon ce texte, que l'employeur est tenu satisfait à l'exigence légale de motivation, la
d'énoncer le ou les motifs de licenciement dans cour d'appel énonce que la lettre de
la lettre de licenciement mentionnée à l'article licenciement renvoyait clairement aux raisons
L. 122-14-1 ; qu'à défaut le licenciement est exposées dans le courrier de convocation à
sans cause réelle et sérieuse ; l'entretien préalable, qu'au surplus elle contenait
Attendu, selon l'arrêt attaqué statuant sur renvoi une brève motivation faisant manifestement
après cassation, que M. X..., engagé le 24 référence aux faits qui, étant matériellement
novembre 1988 en qualité de technicien vérifiables, constituaient un motif de
d'atelier par la société Afimec a été licencié licenciement suffisamment précis ;
pour faute grave par lettre du 14 octobre 1991, Qu'en statuant ainsi, alors que la référence dans
ainsi rédigée : " ... le litige qui vous oppose à la la lettre de licenciement aux motifs contenus
société Bois et Emballages, fournisseur habituel dans le courrier de convocation à l'entretien
d'Afimec nous concerne puisqu'il est préalable ne constitue pas l'énoncé des motifs
susceptible d'entacher les bonnes relations exigé par la loi, et qu'à elle seule, la mention du
commerciales que nous entretenons avec cette litige opposant le salarié à une entreprise
entreprise. Quoi qu'il en soit, pour les motifs qui fournisseur était insuffisante pour satisfaire aux
vous ont été exprimés dans notre lettre de exigences légales, la cour d'appel a violé le texte
convocation du 8 octobre, et sur lesquels vous susvisé ;
n'avez pas jugé bon de vous expliquer, nous PAR CES MOTIFS :
vous notifions par la présente votre CASSE ET ANNULE, dans toutes ses
licenciement... " ; dispositions, l'arrêt rendu le 2 décembre 1996,
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entre les parties, par la cour d'appel de Lyon ; et, pour être fait droit, les renvoie devant la cour
remet, en conséquence, la cause et les parties d'appel de Dijon
dans l'état où elles se trouvaient avant ledit arrêt
Vu l'article L. 122-14-2 du Code du travail ; ce chef, la cour d'appel a retenu que cet énoncé
Attendu que M. X... a été embauché, à compter était insuffisamment précis ;
du 25 septembre 1989, par la société Fichet Qu'en statuant ainsi, alors que les griefs
Bauche et a été licencié le 12 janvier 1991 ; susvisés, matériellement vérifiables,
Attendu que, dans la lettre de licenciement, constituaient les motifs exigés par la loi, la cour
l'employeur faisait grief au salarié de son d'appel a violé le texte visé ci-dessus ;
manque de compétence se manifestant par un PAR CES MOTIFS, et sans qu'il y ait lieu de
manque de projet concret sur l'organisation de statuer sur le moyen unique du pourvoi
son service, un échec dans ses relations avec ses principal interjeté par le salarié :
collaborateurs, une mise en place de documents CASSE ET ANNULE, dans toutes ses
non fiables et un mécontentement de la clientèle dispositions, l'arrêt rendu le 29 mars 1994, entre
; les parties, par la cour d'appel de Versailles ;
Attendu que, pour décider que ce licenciement remet, en conséquence, la cause et les parties
ne reposait pas sur une cause réelle et sérieuse dans l'état où elles se trouvaient avant ledit arrêt
et pour condamner, en conséquence, et, pour être fait droit, les renvoie devant la cour
l'employeur à verser au salarié une indemnité de d'appel de Versailles autrement composée.
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mois au 8 mars 2010 suivant le licenciement clientèle, sans constater le caractère
de la salariée ; Qu'en se déterminant ainsi, essentiel de ce service dans l'entreprise, la
en relevant une perturbation du seul service cour d'appel a privé sa décision de base
de prospection et de fidélisation de la légale ; Par ces motifs : casse et annule.
Attendu, selon l'arrêt attaqué, que Mme X... titre de travail régulier bénéficie donc de
épouse Y... a été engagée le 25 octobre 2010 cette protection, nonobstant le refus de lui
par M. et Mme Z... en qualité d'auxiliaire accorder un nouveau titre de travail ; qu'en
parentale ; que, lors de son embauche, elle a statuant autrement la cour d'appel a violé les
remis à ses employeurs une carte de séjour textes susvisés ; 2°/ qu'il ne peut être mis fin
temporaire de vie privée et familiale avec au contrat de travail d'une salariée en état de
autorisation de travail, expirant le 31 grossesse que s'il est justifié d'une
octobre 2010 ; que par lettre reçue le 26 impossibilité de maintenir le contrat pour un
avril 2011, la préfecture a notifié aux époux motif non lié à la grossesse ; qu'une telle
Z... que l'autorisation de travail demandée le impossibilité ne peut résulter d'une
14 mars 2011 pour la profession de garde circonstance connue de l'employeur et en
d'enfant était refusée et qu'il était interdit à dépit de laquelle il a poursuivi l'exécution
Mme X... d'exercer une activité salariée en du contrat en continuant de fournir du
France ; que la salariée, convoquée le 2 mai travail à la salariée ; que Mme Y... exposait,
2011 à un entretien préalable à un sans être contredite, que le contrat de travail
licenciement, a adressé aux époux Z... le 9 avait reçu normalement exécution après la
mai 2011 une lettre les informant de son état réception par l'employeur de l'interdiction
de grossesse ; qu'elle a été licenciée le 20 préfectorale et qu'il résulte des énonciations
juin 2011 au motif de l'interdiction de de l'arrêt attaqué que la procédure de
travail salarié notifiée par la préfecture le 26 licenciement n'a été engagée que le 2 mai
avril 2011 ; 2011 ce dont il se déduisait que l'employeur
Attendu que la salariée fait grief à l'arrêt de ne justifiait d'aucune impossibilité de
la débouter de ses demandes tendant à voir maintenir le contrat de travail ; qu'en
dire son licenciement nul, subsidiairement refusant pourtant de prononcer la nullité du
abusif, et de la débouter en conséquence de licenciement de la salariée, en état de
ses demandes indemnitaires et en rappel de grossesse, la cour d'appel a de plus fort violé
salaires, alors, selon le moyen : 1°/ que si l'article L. 1225-4 du code du travail ; Mais
l'article L. 8251-1 du code du travail interdit attendu que les dispositions d'ordre public
d'employer une salariée sans autorisation, de l'article L. 8251-1 du code du travail
cette interdiction, qui constitue une mesure s'imposant à l'employeur qui ne peut,
de police, ne peut priver cette salariée de la directement ou indirectement, conserver à
protection dont elle dispose, dans l'intérêt son service ou employer pour quelque durée
de sa santé et de celle de son enfant à naître, que ce soit un étranger non muni du titre
en vertu du principe général, concrétisé par l'autorisant à exercer une activité salariée en
l'article 10 de la directive 92/85/CEE du France, une salariée dans une telle situation
Conseil du 19 octobre 1992, concernant la ne saurait bénéficier des dispositions
mise en oeuvre de mesures visant à légales protectrices de la femme enceinte
promouvoir l'amélioration de la sécurité et interdisant ou limitant les cas de
de la santé des travailleuses enceintes, licenciement ; Et attendu qu'ayant
accouchées ou allaitantes au travail, ainsi souverainement retenu que l'autorité
que par l'article 1225-4 du code du travail ; administrative avait, le 26 avril 2011,
que la salariée en état de grossesse notifié à l'employeur son refus d'autoriser
régulièrement embauchée sous couvert d'un Mme Y... à exercer une activité salariée en
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France, la cour d'appel, sans être tenue de
procéder à des recherches que cette
constatation rendait inopérantes, a tiré les
conséquences légales de ses constatations ;
Par ces motifs : rejette le pourvoi.
Attendu, selon l'arrêt attaqué (Grenoble, 23 les faits reprochés au salarié étaient
juin 2010), que M. X..., engagé le 1er rattachables à sa vie professionnelle quand
janvier 1992 en qualité de coordinateur des ils appartenaient uniquement à sa vie
activités par l'Association de gestion privée, et en considérant que son
d'équipements sportifs et transféré en 2002 licenciement était fondé sur une faute grave,
à la Ligue de l'enseignement de l'Isère où il la cour d'appel a violé les dispositions de
était en dernier lieu chargé de mission au l'article 9 du code civil ensemble celles des
centre de jeunesse départemental de l'Isère, articles L. 1121-1, L. 1232-1, L. 1234-5 et
a été licencié pour faute grave le 13 octobre L. 1234-9 du code du travail ; 2°/ que même
2008 après avoir été mis en garde à vue pour si les photos litigieuses ont été découvertes
détention dans son logement de fonction de inopinément dans une armoire du logement
photos de mineurs à caractère de fonctions du salarié mis à sa disposition
pornographique ; Attendu que le salarié fait par son employeur, ces lieux n'en
grief à l'arrêt de dire que le licenciement constituent pas moins le domicile personnel
repose sur une faute grave et de le débouter du salarié et, partant, un lieu relevant de sa
de sa demande d'indemnités à ce titre, alors, vie privée ; qu'en ne retenant pas cette
selon le moyen : 1°/ qu'un fait de la vie circonstance et en se fondant sur le seul fait
personnelle du salarié ne peut constituer un que ce logement appartenait à son
motif de licenciement pour faute grave, dès employeur pour considérer que les faits
lors qu'il ne caractérise pas une violation ayant motivé son licenciement ne relevaient
des obligations résultant de son contrat de plus exclusivement de sa vie personnelle, la
travail ou des relations de travail qui soit cour d'appel a privé sa décision de base
d'une telle importance qu'elle rende légale au regard des dispositions de l'article
impossible la poursuite de celles-ci ; que la 9 du code civil ensemble celles de l'article 8
seule détention de photos à caractère de la Convention européenne des droits de
pornographique dans les affaires l'homme et des articles L. 1232-1, L. 1234-
personnelles par le salarié au sein du 5 et L. 1234-9 du code du travail ; Mais
domicile que lui a attribué son employeur, attendu qu'un motif tiré de la vie
révélée par hasard, pour répréhensible personnelle du salarié ne peut, en principe,
qu'elle soit au plan pénal, ne peut être justifier un licenciement disciplinaire, sauf
rattachée à son activité professionnelle mais s'il constitue un manquement de l'intéressé
également à son comportement général au à une obligation découlant de son contrat de
sein de l'entreprise, tel que décrit par les travail ; que la cour d'appel, qui a relevé par
auteurs des attestations versées aux débats, des constatations souveraines que le salarié,
dès lors qu'il n'a jamais été constaté de sa dont les fonctions le mettaient en contact
part la moindre anomalie ni de langage ni permanent avec des mineurs, avait imprimé
d'attitude déplacée à l'égard de quiconque, avec le matériel mis à sa disposition par
alors qu'était concomitamment souligné son l'employeur 929 photographies à caractère
grand professionnalisme ; qu'en statuant à pédopornographique qui avaient été
partir de cette seule détention et de la découvertes dans le logement de fonction
possible impression de ces photos à partir qu'il occupait dans l'enceinte du centre, a
de son matériel de bureau afin de dire que ainsi caractérisé une faute professionnelle
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dont la gravité justifiait la rupture par ces seuls motifs, légalement justifié sa
immédiate du contrat de travail ; qu'elle a, décision ; Par ces motifs : rejette le pourvoi.
Attendu, selon l'arrêt attaqué (Lyon, 26 pour une cause tirée de la vie privée du
novembre 2010), que M. X... a été engagé salarié que si le comportement de celuici a
par la société Framatome devenue Areva le créé un trouble objectif caractérisé au sein
18 juin 1981 en qualité de technicien de l'entreprise ; qu'il appartient dès lors aux
supérieur ; qu'il a été condamné le 17 mai juges du fond de rechercher si les faits
2006 par la cour d'assises du Rhône à 8 ans reprochés ont, compte tenu des fonctions
d'emprisonnement ; qu'il a été licencié par exercées et de la nature des infractions dont
lettre recommandée du 12 juillet 2006 ; il a été déclaré coupable, gravement
qu'estimant le licenciement non justifié perturbé l'entreprise et rendu son maintien
comme fondé sur un fait relevant de sa vie dans celle-ci impossible ; qu'en s'abstenant
privée, il a saisi la juridiction prud'homale de rechercher si, comme le soutenait le
aux fins de le voir déclarer sans cause réelle salarié, l'employeur n'aurait pas pu procéder
et sérieuse et se voir allouer des dommages- à sa mutation en lieu et place d'un
intérêts ; licenciement, la cour d'appel n'a pas
légalement justifié sa décision au regard des
Attendu que M. X... fait grief à l'arrêt de le articles L. 1121-1 et L. 1232-1 du code du
débouter de ses demandes, alors, selon le travail, 8 de la Convention européenne des
moyen : 1°/ que chacun a droit au respect droits de l'Homme, 9 et 1134 du code civil ;
de sa vie privée et qu'il ne peut être procédé Mais attendu, qu'appréciant
à un licenciement pour une cause tirée de la souverainement les éléments de fait et de
vie privée du salarié que si le comportement preuve produits devant elle, la cour d'appel
de celuici a créé un trouble objectif qui ne s'est pas bornée à dire que la publicité
caractérisé au sein de l'entreprise ; qu'il donnée à la condamnation du salarié avait
appartient dès lors aux juges du fond de désorganisé le service financier dans lequel
rechercher si les faits reprochés ont, compte il travaillait, mais a relevé également, par
tenu des fonctions exercées par celui-ci et motifs propres et adoptés, que l'employeur
de la nature des infractions dont il a été avait été contraint d'intervenir à de
déclaré coupable, gravement perturbé multiples reprises auprès des salariés pour
l'entreprise et rendu son maintien dans prévenir la propagation de rumeurs sur le
celle-ci impossible ; qu'en retenant, pour sujet, que certains salariés du service,
dire justifié le licenciement de M. Jean- amenés à côtoyer la mère de la victime, elle-
Claude X..., que la publicité donnée à sa même salariée de l'entreprise et travaillant
condamnation avait désorganisé le service sur le site, avaient exprimé une forte
financier dans lequel il travaillait quand la émotion et qu'une cellule psychologique
condamnation pénale était parfaitement avait été mise en place pour assurer un
étrangère aux fonctions exercées, la cour soutien des salariés du service, a pu en
d'appel a violé l'article L. 1121-1 du code du déduire que la condamnation pénale
travail, ensemble l'article 8 de la frappant M. X... avait créé un trouble
Convention européenne des droits de caractérisé et certain dans l'entreprise de
l'homme et l'article 9 du code civil ; 2°/ que sorte que le licenciement était fondé sur une
chacun a droit au respect de sa vie privée et cause réelle sérieuse ; Par ces motifs :
qu'il ne peut être procédé à un licenciement rejette le pourvoi.
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DOC. 9 : Cass. soc., 6 avril 2016, n° 14-23.198
Attendu, selon l'arrêt attaqué, que M. X..., période couverte par la nullité de la rupture
engagé par la Société d'exploitation de et d'indemnité pour licenciement nul d'au
l'hôtel du parc de Bougival (SEHPB) le 3 moins douze mois de salaire, alors, selon le
novembre 2003 en qualité de maître d'hôtel, moyen, qu'aux termes de l'article 7 de la
puis promu responsable de restauration, a convention OIT n° 158, un licenciement ne
fait l'objet le 22 octobre 2007 d'un peut intervenir avant que le salarié ait eu la
avertissement et d'une mise à pied possibilité de se défendre contre les
disciplinaire de trois jours ; que par lettre du allégations formulées par son employeur ;
11 février 2008, l'union locale CGT Chatou que la lettre de convocation à l'entretien
a demandé la tenue d'élections de délégués préalable à un éventuel licenciement, lequel
du personnel et de membres du comité a pour objet d'examiner contradictoirement
d'entreprise, annoncé la candidature de M. les griefs reprochés par l'employeur, doit
X... à ces futures élections et l'a désigné en indiquer avec une précision suffisante ces
qualité de délégué syndical dans l'entreprise griefs afin de permettre au salarié de
; qu'il a été convoqué par lettre du 14 préparer utilement sa défense ; qu'en
octobre 2009 à un entretien préalable à un jugeant que l'énonciation de l'objet de
licenciement, avec mise à pied l'entretien dans la lettre de convocation et la
conservatoire, puis licencié pour faute grave tenue de l'entretien au cours duquel le
le 17 novembre suivant ; qu'il a saisi la salarié, qui a la faculté d'être assisté, peut se
juridiction prud'homale le 5 avril 2011, défendre satisfont aux droits du salarié, la
sollicitant, à titre principal, la nullité de son cour d'appel a violé l'article 7 de la
licenciement prononcé en violation du convention OIT n° 158 et les articles L.
statut protecteur attaché à son mandat de 1232-1, L. 1232-2 et L. 1232-3 du code du
délégué syndical, l'annulation des sanctions travail ; Mais attendu que l'énonciation de
disciplinaires dont il a fait l'objet le 22 l'objet de l'entretien dans la lettre de
octobre 2007 ainsi que diverses sommes à convocation adressée au salarié par un
titre de rappels de salaire et d'indemnités ; employeur qui veut procéder à son
que l'union locale CGT Chatou est licenciement et la tenue d'un entretien
intervenue à l'instance ; Attendu qu'il est fait préalable au cours duquel le salarié, qui a la
grief à l'arrêt de débouter le salarié de sa faculté d'être assisté, peut se défendre
demande de nullité du licenciement pour contre les griefs formulés par son
non-respect du statut de délégué syndical et employeur, satisfont à l'exigence de loyauté
de ses demandes subséquentes de remise en et du respect des droits du salarié ; que la
l'état du contrat de travail, de paiement des cour d'appel qui a constaté que l'entretien
salaires depuis le 14 octobre 2009, de préalable avait été tenu régulièrement a,
délivrance des bulletins de paie depuis son sans violer les droits de la défense,
licenciement, de condamnation au paiement légalement justifié sa décision ; Par ces
du salaire net résultant des fiches de paie motifs : rejette le pourvoi.
évoquées, de condamnation de son
employeur à lui verser une provision pour la
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29 mars 2018 ; - le code de justice personnel et au licenciement pour motif
administrative ; (…) Considérant ce qui économique. Rédigés dans les mêmes
suit : 1. Dans sa rédaction résultant de termes, ces articles disposent : " Dans les
l'ordonnance du 22 septembre 2017 relative quinze jours suivant la notification du
à la prévisibilité et la sécurisation des licenciement, le salarié peut, par lettre
relations de travail, l'article L. 1235-2 du recommandée avec avis de réception ou
code du travail dispose : " Les motifs remise contre récépissé, demander à
énoncés dans la lettre de licenciement l'employeur des précisions sur les motifs
prévue aux articles L. 1232-6, L. 1233-16 et énoncés dans la lettre de licenciement. /
L. 1233-42 peuvent, après la notification de L'employeur dispose d'un délai de quinze
celle-ci, être précisés par l'employeur, soit à jours après la réception de la demande du
son initiative soit à la demande du salarié, salarié pour apporter des précisions s'il le
dans des délais et conditions fixés par décret souhaite. Il communique ces précisions au
en Conseil d'Etat. / La lettre de salarié par lettre recommandée avec avis de
licenciement, précisée le cas échéant par réception ou remise contre récépissé. / Dans
l'employeur, fixe les limites du litige en ce un délai de quinze jours suivant la
qui concerne les motifs de licenciement. / A notification du licenciement et selon les
défaut pour le salarié d'avoir formé auprès mêmes formes, l'employeur peut, à son
de l'employeur une demande en application initiative, préciser les motifs du
de l'alinéa premier, l'irrégularité que licenciement ". La Confédération générale
constitue une insuffisance de motivation de du travail - Force ouvrière (CGT-FO) et
la lettre de licenciement ne prive pas, à elle l'Union syndicale solidaire demandent
seule, le licenciement de cause réelle et l'annulation pour excès de pouvoir de ce
sérieuse et ouvre droit à une indemnité qui décret. Il y a lieu de joindre leurs requêtes
ne peut excéder un mois de salaire. / En pour statuer par une seule décision. 2. En
l'absence de cause réelle et sérieuse du premier lieu, il résulte des termes mêmes du
licenciement, le préjudice résultant du vice premier alinéa de l'article L. 1235-2 du code
de motivation de la lettre de rupture est du travail cité ci-dessus qu'il appartient à un
réparé par l'indemnité allouée décret en Conseil d'Etat de fixer les " délais
conformément aux dispositions de l'article et conditions " dans lesquels l'employeur
L. 1235-3. / Lorsqu'une irrégularité a été peut, après la notification de la lettre de
commise au cours de la procédure, licenciement, en préciser les motifs.
notamment si le licenciement d'un salarié Aucune disposition ni aucun principe
intervient sans que la procédure requise aux n'imposaient au pouvoir réglementaire
articles L. 12322, L. 1232-3, L. 1232-4, L. d'épuiser par le décret attaqué la
1233-11, L. 1233-12, L. 1233-13 ait été compétence qu'il tenait de ces dispositions
observée ou sans que la procédure législatives. Ainsi le moyen tiré de ce que le
conventionnelle ou statutaire de décret attaqué serait entaché d' "
consultation préalable au licenciement ait incompétence négative " pour n'avoir pas
été respectée, mais pour une cause réelle et prévu que l'employeur doit informer le
sérieuse, le juge accorde au salarié, à la salarié de son droit de demander que les
charge de l'employeur, une indemnité qui ne motifs de la lettre de licenciement soient
peut être supérieure à un mois de salaire ". précisés ne peut qu'être écarté. Par ailleurs,
Le décret du 15 décembre 2017 relatif à la le moyen tiré de ce que le décret n'a pas
procédure de précision des motifs énoncés défini les conséquences qui résultent, pour
dans la lettre de licenciement a été pris pour le salarié, de l'exercice de son droit de
l'application de ces dispositions. Il introduit demander à l'employeur de préciser les
dans le code du travail les articles R. 1232- motifs du licenciement ou, à l'inverse, de
13 et R. 1233-2-2, qui sont applicables l'absence de mise en oeuvre de ce droit doit,
respectivement au licenciement pour motif en tout état de cause, être écarté, dès lors
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que ces conséquences sont fixées par les licenciement ". 4. En troisième lieu, en
dispositions, citées au point précédent, de fixant à quinze jours, à compter de la
l'article L. 1235-2 du code du travail. 3. En notification de la lettre de licenciement, le
deuxième lieu, la possibilité offerte à délai dans lequel le salarié licencié peut
l'employeur de préciser, après la demander à l'employeur de préciser les
notification de la lettre de licenciement, les motifs mentionnés dans cette lettre, les
motifs du licenciement énoncés dans cette articles R. 1232-13 et R. 1233-2-2 ne
lettre résulte des termes mêmes de l'article portent pas atteinte au droit des salariés
L. 1235-2 du code du travail. Les licenciés de contester, devant la juridiction
dispositions du décret attaqué se bornent compétente, le licenciement ou, le cas
ainsi, comme il a été dit au point précédent, échéant, l'autorisation administrative de
à fixer les conditions et délais dans lesquels licenciement. Dès lors, même si les
une telle précision peut être demandée par requérants allèguent que cette demande du
le salarié et apportée par l'employeur. Par salarié n'a pas d'effet interruptif sur son
suite, les moyens tirés de ce qu'en prévoyant délai d'action en justice, les dispositions
une telle possibilité de préciser les motifs de attaquées ne sont pas incompatibles avec les
la lettre de licenciement, le décret attaqué exigences qui résultent de l'article 6,
porterait atteinte au principe du paragraphe 1 de la convention européenne
contradictoire et aux droits de la défense et de sauvegarde des droits de l'homme et des
serait incompatible avec les engagements libertés fondamentales. Par ailleurs, il ne
internationaux de la France ne peuvent ressort pas des pièces du dossier que ce
qu'être écartés. Au demeurant, la possibilité délai serait entaché d'erreur manifeste
donnée à l'employeur de préciser les motifs d'appréciation alors même qu'en raison de
du licenciement n'est incompatible ni avec son point de départ et de sa durée, il peut
les exigences qui résultent de l'article 4 de arriver à échéance avant que le salarié n'ait
la convention internationale du travail n° effectivement quitté son emploi et
158 concernant la cessation de la relation de contraindre, par suite, ce dernier, à formuler
travail à l'initiative de l'employeur, qui sa demande alors qu'il encore lié à son
impose que tout licenciement repose sur un employeur par un contrat de travail. 5. Il
motif valable, ni avec celles de son article 7, résulte de tout ce qui précède que les
qui stipule qu' " un travailleur ne devra pas requêtes de la CGT-FO et de l'Union
être licencié pour des motifs liés à sa syndicale solidaire doivent être rejetées, y
conduite ou à son travail avant qu'on ne lui compris les conclusions qu'elles présentent
ait offert la possibilité de se défendre contre au titre de l'article L. 761-1 du code de
les allégations formulées (...) " et qui a justice administrative. D E C I D E : ------
d'ailleurs été interprété par la Conférence -------- Article 1er : Les requêtes de la
générale de l'Organisation internationale du Confédération générale du travail - Force
travail, dans sa recommandation n° 166 sur ouvrière et de l'Union syndicale solidaire
le licenciement adoptée le 22 juin 1982, sont rejetées. Article 2 : La présente
comme permettant seulement au salarié décision sera notifiée à la Confédération
auquel le licenciement a été notifié de se générale du travail - Force ouvrière, à
faire délivrer par l'employeur " une l'Union syndicale solidaire, à la ministre du
déclaration écrite du motif ou des motifs du travail et au Premier ministre.
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l’indemnité à la charge de l’employeur, en réparation distincte sur le fondement du
cas de licenciement d’un salarié qui survient droit de la responsabilité civile, dès lors que
pour une cause qui n’est pas réelle et le salarié est en mesure de démontrer
sérieuse, dont le montant est compris entre l’existence d’un préjudice distinct. DIT
des montants minimaux et maximaux. DIT QU’il apparaît que les dispositions de
QUE selon l’article 10 de la convention OIT l’article L. 1235-3 du Code du travail
n° 158, « si [les juges] arrivent à la respectent les deux principes énoncés par
conclusion que le licenciement est l’article 10 de la convention OIT n° 158
injustifié, […] ils devront être habilités à selon lequel l’indemnité versée en cas de
ordonner le versement d’une indemnité licenciement injustifiée doit être
adéquate ou toute autre forme de réparation « adéquate » ou prendre « toute autre forme
considérée comme appropriée ». DIT QUE de réparation considérée comme
l’indemnité prévue par l’article L. 1235-3 appropriée ». DIT QUE selon l’article 24 de
du Code du travail a vocation à réparer le la Chartre sociale européenne, « en vue
préjudice résultant de la seule perte d’assurer l’exercice effectif du droit à la
injustifiée de l’emploi d’emploi, au regard protection en cas de licenciement, les
notamment de l’ancienneté du salarié ; QUE Parties s’engagent à reconnaître le droit des
si l’évaluation des dommages et intérêts est travailleurs licenciés sans motif valable à
encadrée entre un minimum et un une indemnité adéquate ou à une autre
maximum, il appartient toujours au juge, réparation appropriée ». DIT QUE les
dans les bornes du barème fixé, de prendre parties visées par cet article sont les
en compte tous les éléments déterminant le gouvernements signataires, membres du
préjudice subi par le salarié licencié, Conseil de l’Europe, invités à traduire leurs
lorsqu’il se prononce sur le montant de engagements sur un certain nombre de
l’indemnité à la charge de l’employeur principes au sein de leur législation interne ;
(notamment l’âge et les difficultés à QUE ces principes, comme celui relatif à la
retrouver un emploi, après des années reconnaissance par les états signataires du
passées au sein de la même entreprise). DIT « droit des travailleurs licenciés sans motif
QU’il convient de noter que le barème fixé valable à une indemnité adéquate ou à une
par l’article L. 1235-3 du Code du travail autre réparation appropriée » ne sont donc
n’est pas applicable aux situations où le pas directement applicables par la
licenciement intervient dans un contexte de juridiction prud’homale ; Qu’il convient de
manquement particulièrement grave de souligner que de toutes façons, ce principe
l’employeur à ses obligations ; QUE tel est est similaire aux dispositions édictées par
le cas lorsque le licenciement est entaché de l’article 10 de la convention OIT n° 158. EN
nullité résultant notamment de la violation CONSÉQUENCE, le Conseil déclare que
d’une liberté fondamentale, de faits de les dispositions de l’article L. 1235-3 du
harcèlement moral ou sexuel, d’une atteinte Code du travail ne sont pas contraires à
à l’égalité professionnelle entre les femmes celles de l’article 10 de la convention OIT
et les hommes ou de l’exercice d’un mandat n° 158 et que le Conseil les appliquera donc
par un salarié protégé. pour déterminer le montant de l’indemnité
DIT par ailleurs QUE les autres préjudices, en raison du caractère abusif de son
en lien avec le licenciement et notamment licenciement. (…) »
les circonstances dans lesquelles il a été 40
prononcé, sont susceptibles d’une
11
DOC. 12 : Cons. prud’h Troyes, 13 décembre 2018, n°18/00036
12
de réparer de manière juste le préjudice que les victimes et sont donc inéquitables.
qu’ils ont subi. De plus, ces barèmes ne En conséquence, le Conseil juge que ce
permettent pas d’être dissuasifs pour les barème viole la Charte Sociale Européenne
employeurs qui souhaiteraient licencier et la Convention n°159 de l’OIT. Les
sans cause réelle et sérieuse un salarié. Ces barèmes prévus à l’article L1235-3 du code
barèmes sécurisent d’avantage les fautifs du travail sont donc inconventionnels »
DOC. 14 : Cass. Plén., 17 juillet 2019, avis n°15012 (demande d’avis n°R 19-70.010)
13
Confédération générale du travail (CGT- l’homme et des libertés fondamentales, il
FO), intervenante, de la SCP Gatineau et ressort de la jurisprudence de la Cour
Fattaccini pour le Mouvement des européenne des droits de l’homme qu’il
entreprises de France (MEDEF), convient de distinguer entre ce qui est
intervenant, de la SCP Didier et Pinet pour d’ordre procédural et ce qui est d’ordre
la Confédération générale du travail (CGT) matériel, cette distinction déterminant
et l’Union syndicale solidaires, intervenants l’applicabilité et, le cas échéant, la portée
et de la SCP Lyon-Caen et Thiriez pour la des garanties de l’article 6 de la Convention,
Confédération française de l’encadrement lequel, en principe, ne peut s’appliquer aux
(CFE CGC), intervenante ; limitations matérielles d’un droit consacré
Le Syndicat des avocats de France et par la législation interne (CEDH, 29
l’association Avosial ne justifiant pas d’un novembre 2016, Paroisse gréco-catholique
intérêt, au sens de l’article 330 du code de Lupeni et autres c. Roumanie, n° 76943/11).
procédure civile, à intervenir dans la Dès lors, les dispositions de l’article L.
procédure d’avis qui n’est pas susceptible 1235-3 du code du travail, qui limitent le
d’entraîner des conséquences pour droit matériel des salariés quant au montant
l’ensemble de leurs adhérents, leurs de l’indemnité susceptible de leur être
interventions volontaires sont irrecevables. allouée en cas de licenciement sans cause
MOTIFS : réelle et sérieuse, ne constituent pas un
- I - Sur la recevabilité de la demande d’avis obstacle procédural entravant leur accès à la
: justice, de sorte qu’elles n’entrent pas dans
La compatibilité d’une disposition de droit le champ d’application de l’article 6, § 1,
interne avec les dispositions de normes précité.
européennes et internationales peut faire 2.- S’agissant de la compatibilité de l’article
l’objet d’une demande d’avis, dès lors que L. 1235-3 du code du travail avec l’article
son examen implique un contrôle abstrait ne 24 de la Charte sociale européenne révisée,
nécessitant pas l’analyse d’éléments de fait selon la partie II de ce dernier texte : « Les
relevant de l’office du juge du fond. Parties s’engagent à se considérer comme
- II - Sur le fond : liées, ainsi que prévu à la partie III, par les
Selon l’article L. 1235-3 du code du travail, obligations résultant des articles et des
dans sa rédaction issue de l’ordonnance n° paragraphes ci-après. [...] Article 24 – Droit
2017-1387 du 22 septembre 2017, dont les à la protection en cas de licenciement En
dispositions sont applicables aux vue d’assurer l’exercice effectif du droit à la
licenciements prononcés postérieurement à protection en cas de licenciement, les
la publication de ladite ordonnance, si le Parties s’engagent à reconnaître : a) le droit
licenciement d’un salarié survient pour une des travailleurs à ne pas être licenciés sans
cause qui n’est pas réelle et sérieuse, le juge motif valable lié à leur aptitude ou conduite,
octroie au salarié une indemnité à la charge ou fondé sur les nécessités de
de l’employeur, dont le montant est compris fonctionnement de l’entreprise, de
entre des montants minimaux et maximaux. l’établissement ou du service ; b) le droit
Il en résulte notamment que cette des travailleurs licenciés sans motif valable
indemnité, pour un salarié ayant une année à une indemnité adéquate ou à une autre
complète d’ancienneté dans une entreprise réparation appropriée. A cette fin les Parties
employant au moins onze salariés, est s’engagent à assurer qu’un travailleur qui
comprise entre un montant minimal d’un estime avoir fait l’objet d’une mesure de
mois de salaire brut et un montant maximal licenciement sans motif valable ait un droit
de deux mois de salaire brut. de recours contre cette mesure devant un
1.- S’agissant de la conventionnalité de ce organe impartial ».
texte au regard de l’article 6, § 1, de la Eu égard à l’importance de la marge
Convention de sauvegarde des droits de d’appréciation laissée aux parties
14
contractantes par les termes précités de la Il s’en déduit que les dispositions de
Charte sociale européenne révisée, l’article L. 1235-3 du code du travail, qui
rapprochés de ceux des parties I et III du prévoient notamment, pour un salarié ayant
même texte, les dispositions de l’article 24 une année complète d’ancienneté dans une
de ladite Charte ne sont pas d’effet direct en entreprise employant au moins onze
droit interne dans un litige entre salariés, une indemnité pour licenciement
particuliers. sans cause réelle et sérieuse comprise entre
3.- Selon l’article 10 de la Convention un montant minimal d’un mois de salaire
internationale du travail n° 158 sur le brut et un montant maximal de deux mois
licenciement de l’Organisation de salaire brut, sont compatibles avec les
internationale du travail (OIT), qui est stipulations de l’article 10 de la Convention
d’application directe en droit interne : « Si n° 158 de l’OIT.
les organismes mentionnés à l’article 8 de la En conséquence,
présente convention arrivent à la conclusion LA COUR EST D’AVIS QUE :
que le licenciement est injustifié, et si, Les dispositions de l’article L. 1235-3 du
compte tenu de la législation et de la code du travail, dans leur rédaction issue de
pratique nationales, ils n’ont pas le pouvoir l’ordonnance n° 2017-1387 du 22
ou n’estiment pas possible dans les septembre 2017, qui prévoient notamment,
circonstances d’annuler le licenciement pour un salarié ayant une année complète
et/ou d’ordonner ou de proposer la d’ancienneté dans une entreprise employant
réintégration du travailleur, ils devront être au moins onze salariés, une indemnité pour
habilités à ordonner le versement d’une licenciement sans cause réelle et sérieuse
indemnité adéquate ou toute autre forme de comprise entre un montant minimal d’un
réparation considérée comme appropriée. » mois de salaire brut et un montant maximal
Le terme “adéquat” doit être compris de deux mois de salaire brut, n’entrent pas
comme réservant aux Etats parties une dans le champ d’application de l’article 6, §
marge d’appréciation 1, de la Convention de sauvegarde des
En droit français, si le licenciement est droits de l’homme et des libertés
dénué de cause réelle et sérieuse, le juge fondamentales.
peut proposer la réintégration du salarié Les dispositions de l’article 24 de la Charte
dans l’entreprise. Lorsque la réintégration sociale européenne révisée ne sont pas
est refusée par l’une ou l’autre des parties, d’effet direct en droit interne dans un litige
le juge octroie au salarié une indemnité à la entre particuliers.
charge de l’employeur dans les limites de Les dispositions précitées de l’article L.
montants minimaux et maximaux. Le 1235-3 du code du travail sont compatibles
barème prévu par l’article L. 1235-3 du avec les stipulations de l’article 10 de la
code du travail est écarté en cas de nullité Convention n° 158 de l’Organisation
du licenciement, par application des internationale du travail.
dispositions de l’article L.1235-3-1 du
même code.
15
III.EXERCICE
Cas pratiques :
Madame Lupin, qui a une santé fragile, est régulièrement malade, ce qui
perturbe le service de suivi de projet dont elle assure la direction. Son dernier
arrêt maladie ayant duré deux mois, son employeur a songé recruter un
remplaçant en CDD mais, finalement, ses collègues de travail se sont
mobilisés pour pallier son absence. Après un nouvel arrêt maladie d’un
mois, le DRH de la société a décidé de la licencier mais, de peur qu’elle se
fasse à nouveau arrêter, il a indiqué dans la lettre de convocation à l’entretien
préalable que le licenciement était envisagé pour des raisons économiques.
Lors de l’entretien puis dans la lettre de licenciement, il a en revanche fait
état de ses absences pour raison de santé perturbant le fonctionnement du
service.
Madame Lupin a saisi le Conseil de prud’hommes pour demander la nullité
de son licenciement et sa réintégration.
Monsieur Deluc ne s’est pas présenté au bureau pendant une semaine, sans
prévenir personne. A son retour, il n’a fourni aucune explication,
s’enfermant dans le mutisme. Devant cette attitude inadmissible, le DRH a
décidé de le licencier pour abandon de poste. N’ayant pas le temps de
s’occuper de rédiger la lettre de licenciement, il en a confié le soin à son
nouvel adjoint qui, n’étant pas au fait des choses, a indiqué dans la lettre
qu’il était reproché au salarié des retards récurrents au travail. Le salarié
entendant contester son licenciement, le DRH adjoint se rassure en se disant
que la preuve pourra être rapportée devant le Conseil de prud’hommes de
l’absence durant toute une semaine de Monsieur Deluc.
Les motifs énoncés dans la lettre de licenciement prévue aux articles L. 1232-6, L. 1233-16 et
L. 1233-42 peuvent, après la notification de celle-ci, être précisés par l'employeur, soit à son
initiative soit à la demande du salarié, dans des délais et conditions fixés par décret en Conseil
d'Etat.
La lettre de licenciement, précisée le cas échéant par l'employeur, fixe les limites du litige en
ce qui concerne les motifs de licenciement.
A défaut pour le salarié d'avoir formé auprès de l'employeur une demande en application de
l'alinéa premier, l'irrégularité que constitue une insuffisance de motivation de la lettre de
licenciement ne prive pas, à elle seule, le licenciement de cause réelle et sérieuse et ouvre droit
à une indemnité qui ne peut excéder un mois de salaire.
Attendu, selon l'arrêt attaqué (Papeete, 1er avril 2010), que M. X..., engagé le 30 avril 2003
par la société Air Tahiti Nui en qualité de personnel navigant commercial, a été licencié pour
faute grave, le 30 juillet 2007, une consommation de produits stupéfiants lui étant reprochée ;
17
Attendu qu'il n'y a pas lieu de statuer sur ce moyen qui n'est pas de nature à permettre
l'admission du pourvoi ;
Attendu que le salarié fait grief à l'arrêt de dire le licenciement fondé sur une faute grave,
alors, selon les moyens :
1°/ qu'un fait de la vie personnelle ne peut, à lui seul, constituer une faute du salarié dans la
relation de travail ; que le temps d'escale entre deux vols longs courriers constitue un temps
de repos relevant de la vie personnelle du salarié ; que dès lors, la consommation de
stupéfiants par un personnel navigant commercial pendant un temps d'escale entre deux vols
longs courriers ne constitue pas une faute professionnelle justifiant son licenciement
disciplinaire ; qu'en décidant le contraire, la cour d'appel a violé l'article 9 du code civil, et les
articles L. 1221-1, L. 1232-1 et L. 1331-1 du code du travail ;
2°/ que seul un manquement du salarié à ses obligations professionnelles, dont le juge doit
vérifier l'existence, peut justifier son licenciement disciplinaire ; qu'en se déterminant par des
motifs généraux et hypothétiques pris du temps parfois très court des escales et de la durée
d'élimination des stupéfiants dans le corps, sans rechercher concrètement quelle avait été la
durée des escales au cours desquelles le salarié avait consommé des stupéfiants et partant,
sans vérifier que le salarié avait effectivement manqué à ses obligations professionnelles
interdisant la prise de service sous l'emprise de stupéfiants, la cour d'appel, qui a constaté que
le salarié n'avait jamais été identifié par des tiers ou par ses supérieurs hiérarchiques comme
étant dans un état anormal, a privé sa décision de base légale au regard des mêmes textes ;
3°/ que la faute grave est celle qui rend impossible le maintien du salarié dans l'entreprise, fût-
ce pendant la durée limitée du préavis ; qu'en ne constatant pas que la faute commise par le
salarié à la supposer exister, et qui résultait d'un fait très ancien et non réitéré justifiait la
cessation immédiate du contrat de travail sans préavis, la cour d'appel a violé les articles L.
1234-1, L. 1234-5 et L. 1234-9 du code du travail ;
4°/ que ne constitue pas une faute grave une faute ancienne, non réitérée, et qui n'a pas nui à
la bonne exécution du travail ; qu'ayant constaté que les seuls faits reprochés au salarié
s'étaient déroulés au début de sa carrière et étaient restés sans aucune conséquence effective
sur la qualité de son travail, la cour d'appel, en décidant que ces faits constituaient une faute
grave, a violé les mêmes textes ;
5°/ que le trouble objectif dans l'entreprise provoqué par un comportement du salarié étranger
à l'exécution du contrat de travail ne constitue pas une faute pouvant justifier un licenciement
disciplinaire ; qu'en retenant que le licenciement pour faute grave de l'exposant était justifié
par le trouble causé à la société par le salarié résultant de la consommation de drogues dures
lors d'escales, la cour d'appel a violé les articles L. 1234-1, L. 1234-5 et L. 1234-9 du code du
travail, et excédé ses pouvoirs ;
Mais attendu qu'un motif tiré de la vie personnelle du salarié peut justifier un licenciement
disciplinaire s'il constitue un manquement de l'intéressé à une obligation découlant de son
contrat de travail ;
Et attendu qu'ayant relevé, par motifs propres et adoptés, que le salarié, qui appartenait au
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"personnel critique pour la sécurité", avait consommé des drogues dures pendant des escales
entre deux vols et retenu que se trouvant sous l'influence de produits stupéfiants pendant
l'exercice de ses fonctions, il n'avait pas respecté les obligations prévues par son contrat de
travail et avait ainsi fait courir un risque aux passagers, la cour d'appel a pu en déduire qu'il
avait commis une faute grave justifiant la rupture immédiate du contrat de travail ;
REJETTE le pourvoi ;
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