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Sirte/08/INF/6

Décembre 2008 F

CONFÉRENCE DE NIVEAU MINISTÉRIEL SUR L’EAU POUR

L’AGRICULTURE ET L’ÉNERGIE EN AFRIQUE: LES DÉFIS DU

CHANGEMENT CLIMATIQUE

Syrte, 15-17 décembre 2008

VUES RÉGIONALES EN MATIÈRE D’INVESTISSEMENT DANS LE

SECTEUR DE L’EAU POUR L’AGRICULTURE ET L’ÉNERGIE EN

AFRIQUE

Le tirage du présent document est limité pour réduire au maximum l'impact des méthodes de

travail de la FAO sur l'environnement et contribuer à la neutralité climatique. Les

délégués et observateurs sont priés d'apporter leur exemplaire personnel en séance et de

ne pas demander de copies supplémentaires.

La plupart des documents de réunion de la FAO sont disponibles sur l'Internet, à l'adresse

www.sirtewaterandenergy.org/

W/K3938/f
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I. INTRODUCTION

1. La Conférence de niveau ministériel sur l’eau pour

l’agriculture et l’énergie en Afrique: les défis du changement

climatique offre l’occasion d’examiner les projets de mise en

valeur de l’eau dans le cadre du Programme détaillé pour le

développement de l’agriculture africaine (PDDAA). La Conférence

se penchera spécifiquement sur des programmes concrets, dont elle

analysera les coûts aussi bien pour les études de faisabilité que

pour la mise en œuvre des programmes proprement dits. Lors des

préparatifs de la Conférence, des fiches nationales

d’investissement ont été établies pour tous les pays africains,

estimant les besoins d’investissement pour l’agriculture et la

production d’énergie. Les travaux préparatoires de la Conférence

ont permis d’établir de nouvelles estimations concernant les

besoins d’investissement aux niveaux national, régional et

continental. Des projets et programmes concrets sur l’utilisation

de l’eau pour l’agriculture et l’énergie, à différents stades de

mise en œuvre (réalisés récemment, en cours ou dans la filière)

ont été compilés pour chaque État africain et des totaux ont été

calculés pour l’ensemble du continent. Tous les projets ainsi

compilés ont été examinés et validés par les représentants des

gouvernements à l’occasion des cinq ateliers régionaux tenus

avant la Conférence, auxquels ont participé des représentants

nationaux et régionaux du secteur de l’eau, de l’agriculture et

de l’énergie.
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2. Ces ateliers étaient principalement destinés à compiler et

valider les dossiers de projets, à les examiner et à estimer les

enveloppes d’investissement nécessaires pour l’utilisation de

l’eau à des fins de production agricole et énergétique, aux

niveaux national et régional. Plus spécifiquement, les ateliers

visaient à:

− définir les besoins d’investissement au niveau national pour

l’utilisation de l’eau à des fins de production agricole et

énergétique;

− définir les priorités concernant les investissements

consacrés à la maîtrise de l’eau;

− mettre en commun les connaissances concernant les stratégies

nationales sur l’eau, l’énergie et l’agriculture et sur les

plans d’investissement;

− encourager l’intégration régionale, notamment pour les

grands projets de production hydroélectrique et la gestion

intégrée des ressources hydriques des bassins versants

transfrontières, et promouvoir l’harmonisation des mesures

prises à l’échelle régionale.

A. DÉFIS

3. On trouvera ci-après un aperçu des défis auxquels est

confronté l’ensemble du continent africain, qui devraient servir

de cadre de référence pour l’action:

− Une population en expansion, qui devrait atteindre, selon

les projections, 2 milliards de personnes d’ici 2050.


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− La pauvreté extrême, ancrée particulièrement dans les

campagnes, même si elle commence à se déplacer vers les

villes où, du fait de l’exode rural, il est de plus en

plus nécessaire de fournir des approvisionnements

alimentaires à des prix abordables aux pauvres qui ne

produisent plus eux-mêmes leurs aliments. Vingt-quatre

pour cent de la population souffre chroniquement de la

faim.

− La sous-alimentation, qui est largement répandue sur le

continent, et frappe particulièrement les nourrissons et

les enfants.

− L’économie de la grande majorité des pays du continent

repose sur l’agriculture avec, en moyenne, plus de 50 pour

cent de valeur ajoutée au PIB (AQUASTAT, 2008). Or, même

si les économies sont largement tributaires de

l’agriculture, la balance commerciale agricole reste

souvent négative.

− Le changement climatique constitue une mesure importante

pour le continent, car elle augmente la fréquence des

sécheresses et des inondations et modifie les écosystèmes;

il est désormais impératif de renforcer les capacités en

matière de prévision du changement climatique et de

promotion des technologies d’atténuation et d’adaptation

afin de favoriser le développement agricole.

− Carences au niveau de la gouvernance et de la gestion des

ressources hydriques et foncières disponibles, qui

empêchent d’atteindre pleinement la productivité

potentielle. Le potentiel d’irrigation est largement sous-


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exploité. L’agriculture pluviale, qui reste le modèle

prédominant, est maintenant touchée à différents degrés

par le changement climatique.

− Le continent n’a qu’un accès limité à l’électricité: en

Afrique subsaharienne, 77 pour cent des ménages n’ont pas

l’électricité et la plupart des ménages ruraux continuent

à utiliser les combustibles traditionnels – bois,

excréments d’animaux et résidus de récolte – qui sont

fortement affectés par la variabilité du climat.

− Malgré l’énorme potentiel hydroélectrique, estimé à

environ 1 750 TWh et la possibilité d’assurer la sécurité

énergétique grâce à la production hydroénergétique, 5 pour

cent seulement du potentiel est actuellement exploité.

B. RESSOURCES HYDRIQUES UTILISÉES POUR L’AGRICULTURE ET LA

PRODUCTION D’ÉNERGIE DANS LE CONTEXTE DU CHANGEMENT

CLIMATIQUE

4. Les pays africains ont été subdivisés en plusieurs régions

pour l’organisation des ateliers régionaux et pour la Conférence

elle-même, comme suit (Tableau et Annexe 1).


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Tableau 1: Répartition régionale

AFRIQUE AFRIQUE DE AFRIQUE AFRIQUE DU AFRIQUE


CENTRALE L’OUEST DE L’EST NORD AUSTRALE
Cameroun Bénin Burundi Algérie Afrique du
Congo Burkina Djibouti Jamahiriya Sud
Gabon Faso Égypte arabe Angola
Guinée Cap-Vert Érythrée libyenne Botswana
équatoriale Côte Éthiopie Maroc Comores
République d’Ivoire Tunisie Lesotho
Kenya
cenrafricaine Gambie Madagascar
Ouganda
République Ghana
Rwanda Malawi
démocratique Guinée
du Congo Somalie Maurice
Guinée- Mozambique
Sao Tomé-et- Soudan
Bissau
Principe Namibie
Libéria
Tchad République-
Mali unie de
Mauritanie Tanzanie
Niger Seychelles
Nigéria Swaziland
Sénégal Zambie
Sierra Zimbabwe
Leone
Togo

La pauvreté est répandue et atteint parfois des niveaux extrêmes

en Afrique (voir résumé des résultats au Tableau 2). Trente-

quatre des 49 pays les moins avancés sont situés en Afrique et

315 millions de personnes, soit 36 pour cent de la population

totale, survit avec moins d’un USD par jour. La somme des PIB

nationaux de tous les pays africains s’élevait au total à

1,2 billions d’USD en 2007, soit de 10 pour cent seulement du PIB

des États-Unis d’Amérique pour la même année. Ce chiffre

correspond en moyenne à un PIB de 4 800 USD par habitant en

Afrique du Nord, 4 000 USD par habitant en Afrique centrale,

2 600 USD par habitant en Afrique australe, 700 USD par habitant

en Afrique de l’Ouest et 600 USD par habitant en Afrique de


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l’Est. Les différences sont très marquées entre les pays, le PIB

variant de 190 USD par habitant au Libéria à 8 564 USD par

habitant aux Seychelles. L’indicateur de développement humain

(fourchette de = 0 à 1) varie de 0,336 en Sierra Leone à 0,843

aux Seychelles (classées au cinquantième rang mondial sur un

total de 177 pays), alors que 22 pays ayant l’indicateur de

développement humain le plus faible sont situés en Afrique (PNUD,

2007).

5. En 2007, la valeur ajoutée du secteur primaire (agriculture)

contribuait en moyenne à 24 pour cent du PIB en Afrique, dans une

fourchette allant de 18 pour cent en Afrique australe à 30 pour

cent en Afrique de l’Est. Certains pays sont toutefois fortement

tributaires de l’agriculture, qui assure plus de 65 pour cent du

PIB, comme en Somalie et au Libéria. Plus de la moitié de la

population active travaille dans le secteur agricole, sauf en

Afrique du Nord (21 pour cent). Au niveau national, où 90 pour

cent de la main-d’oeuvre totale est employée dans le secteur

primaire, le Burundi et le Rwanda sont les deux pays ayant le

moins de terres cultivables par habitant sur tout le continent

(moins de 0,2 ha/personne). En revanche, la Namibie et le Gabon,

qui disposent des superficies cultivables les plus importantes

par personne (12,4 et 11,2 ha/personne respectivement), ont moins

de 40 pour cent de leur population active travaillant dans le

secteur primaire. Avec 5 pour cent de la population active

travaillant dans l’agriculture et une moyenne de 23 hectares par

travailleur agricole actif, la Jamahiriya arabe libyenne est le

pays qui a le pourcentage le plus bas de la population active

travaillant dans ce secteur.


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Tableau 2: Indicateurs régionaux


Afrique du Afrique Afrique Afrique de Afrique de
Variable Unité
Nord centrale australe l’Ouest l’Est
Superficie totale 1 000 hectares 475 144 536 598 751 945 614 321 626 560
Population actuelle 1 000 habitants 80 287 93 702 186 409 263 631 280 777
Population prévue en 2050 1 000 000 habitants 160 689 1 000 228 374
population rurale en % de la population totale % 32,51 52,13 63,62 58,90 67,30
Produit intérieur brut (PIB) * millions d’USD 301 913 66 764 416 323 249 417 243 087
Valeur ajoutée dans le secteur agricole % du PIB 18,21 21,34 17,92 32,88 29,44
Nombre de personnes sous-alimentées ** millions d’habitants 3,20 49,20 53,40 37,20 69,30
Population pauvre (en pourcentage de la
population totale) – campagnes ** % 19,23 58,45 64,05 55,52 50,17
Population pauvre (en pourcentage de la
population totale) – villes ** % 7,60 42,55 43,73 32,71 29,67
Ressources hydriques: total ressources
renouvelables (données effectives) (10^9 m3/an) 46 2 858 1 032 1 315 385
Capacité totale des barrages (10^9 m3) 25 16 316 256 185
Potentiel d’Irrigation 1 000 hectares 2 774 10 346 13 172 9 159 11 343
Superficies équipées pour l’irrigation: total 1 000 hectares 2 918 83 3 436 1 069 5 940
Superficies soumises à gestion de l’eau pour
l’agriculture: total 1 000 hectares 2 918 211 3 944 2 148 6 173
Superficie soumise à gestion de l’eau pour
l’agriculture: en % des terres cultivées % 13,18 3,83 8,57 6,68 25,64

Source: AQUASTAT, 2008


* Banque mondiale, 2007
**FAOSTAT, Statistique de la sécurité alimentaire, 2006

6. En Afrique, les précipitations annuelles atteignent, selon

les estimations, environ 20 360 km3, ce qui représente une moyenne

pour le continent de 678 mm. Il existe toutefois de très grandes

disparités entre les pays et les régions. Le pays le plus aride

est l’Égypte avec 51 mm de précipitations par an en moyenne,

suivie de près par la Jamahiriya arabe libyenne (56 mm/an) et

l’Algérie (89 mm/an), alors que le Maroc (346 mm/an) et la

Tunisie (207 mm/an) sont les pays les plus avantagés de l’Afrique

du Nord qui est toutefois la région la plus aride du continent

avec des précipitations moyennes de 96 mm/an.


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7. Les ressources renouvelables en eau de l’ensemble du

continent se chiffrent environ à 3 930 km3, soit moins de 9 pour

cent du total mondial. L’Afrique centrale est la mieux dotée

puisqu’elle détient 48 pour cent des ressources renouvelables en

eau de l’Afrique et ne couvre que 18 pour cent de sa superficie.

L’Afrique du Nord-Est, en revanche, la région la plus

défavorisée, car elle ne possède qu’un pour cent des ressources

renouvelables en eau. Si la République démocratique du Congo

dispose de 900 km3 de ressources renouvelables en eau, soit 23

pour cent du total du continent, la Jamahiriya arabe libyenne ne

détient, de son côté, que 0,01 pour cent de ces ressources.

8. Le potentiel d’irrigation du continent est estimé à plus de

42,5 millions d’hectares, compte tenu du potentiel d’irrigation

par bassin et de la disponibilité de ressources renouvelables. Un

tiers de ce potentiel est concentré dans deux pays à climat très

humide, à savoir l’Angola et la République démocratique du Congo,

qui ont un potentiel de 3,7 et 7 millions d’hectares

respectivement. La plupart des régions d’Afrique sont fortement

tributaires des précipitations, comme indiqué ci-dessous.

− L’Afrique centrale est la région qui dépend le plus de

l’agriculture pluviale et, à l’exception de São-Tomé, du

Tchad et, dans une moindre mesure, du Cameroun, le

potentiel régional d’irrigation est en grande partie sous-

exploité. La gestion de l’eau ne s’étend que sur 212 000

hectares, soit un peu plus de 2 pour cent des terres

potentiellement irrigables, estimées à 10 millions

d’hectares.
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− Environ 50 pour cent des 11,3 millions d’hectares de terres

irrigables en Afrique de l’Est sont équipés pour

l’irrigation; ce pourcentage varie, toutefois, dans une

large fourchette, allant de 77 pour cent pour l’Égypte à

seulement 2 pour cent pour le Rwanda et l’Érythrée. On peut

noter que deux pays seulement, à savoir l’Égypte et

Djibouti, dépendent complètement de l’agriculture irriguée,

alors que dans d’autres pays comme l’Ouganda, l’Éthiopie et

le Kenya, la maîtrise de l’eau n’est pas encore largement

répandue.

− L’Afrique du Nord semble en revanche être l’exception à la

tendance susmentionnée, dans la mesure où elle dispose de

très vastes superficies irriguées représentant un peu plus

de 75 pour cent du potentiel total en Tunisie et près de

90 pour cent au Maroc. Dans le cas de la Jamahiriya arabe

libyenne, compte tenu de l’exploitation des dépôts de

combustibles fossiles, les zones soumises à maîtrise de

l’eau sont de loin supérieures au potentiel d’irrigation

calculé sur la base des ressources renouvelables en eau

douce et le taux d’exploitation du potentiel se situe

autour de 1 175 pour cent.

− L’Afrique de l’Ouest souffre d’une pénurie chronique en eau

compte tenu de la répartition irrégulière des

précipitations, du faible niveau de captage des eaux (moins

de 2 pour cent) et de la mauvaise maîtrise de l’eau. Seuls

10 pour cent des terres potentiellement irrigables sont

équipées pour l’irrigation et la part des terres agricoles

soumises à une maîtrise de l’eau oscille de 28,8 pour cent


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des terres cultivées en Sierra Leone à moins de 1 pour cent

au Bénin, au Ghana et au Togo.

− L’Afrique australe dispose de vastes terres potentiellement

irrigables, mais seulement 7,5 pour cent de celles-ci ont

été jusqu’à présent équipées pour l’irrigation. Seuls

quelques pays (Madagascar, Maurice et Swaziland) irriguent

plus de 20 pour cent des terres cultivées, alors que des

pays dotés d’un grand potentiel comme la Zambie ou le

Mozambique n’ont encore équipé pour l’irrigation que 5 pour

cent de leurs terres cultivées.

9. L’énergie hydroélectrique qui pourrait être produite par

l’Afrique est estimée à environ 1 750 TWh, soit environ 12 pour

cent de la capacité mondiale, mais 5 pour cent seulement de ce

potentiel est effectivement exploité. La demande d’électricité en

Afrique progresse à un taux moyen de 3,1 pour cent par an, mais

l’exploitation rapide de ce potentiel énorme est compromise par

la dispersion de la population et la demande sans cesse

croissante d’électricité.

10. Les différentes dotations en ressources hydriques des cinq

régions africaines entraînent des différences en termes de

développement de la production hydroélectrique. La capacité de

production hydroélectrique actuelle est de 20,3 GW et elle se

répartit comme suit: environ 23 pour cent en Afrique du Nord,

25 pour cent en Afrique de l’Ouest et les 52 pour cent restants

dans les autres régions. Toutefois, les différences régionales

les plus marquées apparaissent lorsque l’on prend en

considération le potentiel de production hydroélectrique comme


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présenté synthétiquement au tableau 3. On trouve le plus haut

potentiel de production hydroélectrique en Afrique centrale,

notamment en ce qui concerne le développement de grandes

installations de production hydroélectrique concentrées autour du

bassin du Congo. L’Afrique de l’Ouest, de son côté, a le plus

haut potentiel pour le développement de petites installations de

production hydroélectrique et le plus faible pourcentage

d’exploitation du potentiel (2 pour cent seulement). En revanche,

l’Afrique australe dispose de la capacité installée la plus

élevée: 21 pour cent de son vaste potentiel a déjà été exploité.

En général, l'Afrique du Nord ne mise pas sur la production

hydroélectrique, sauf dans le cas du Maroc et de l’Égypte, et son

potentiel hydroélectrique est presque exploité entièrement.

Tableau 3: Potentiel hydroélectrique et capacité installée


Grandes installations Petites installations

hydroélectriques (MW) hydroélectriques (MW

Installées Potentielles Installées Potentielles

Afrique du Nord 1 541,67 - 26,45 52,65

Afrique de

l’Ouest 638,82 3 740 11,64 1 178,08

Afrique centrale 4 819,95 218 605 18,59 241,17

Afrique de l’Est 418,24 4 380 7,92 418,24

Afrique australe 1 062,13 5 056 25,51 -

11. On s’accorde désormais à reconnaître que le changement

climatique est un facteur important, qui a une incidence sur les

secteurs agricole et énergétique de l’Afrique. L’augmentation de


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la variabilité du climat affecte déjà les ressources en eaux et

en terres, les forêts et la biodiversité du continent et ses

retombées devraient s’intensifier au fil des ans. Selon le Groupe

d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC),

les dépenses à consentir par l’Afrique pour s’adapter au

changement climatique pourraient atteindre de 5 à 10 pour cent du

PIB du continent. Dans de nombreux pays africains, le changement

et la variabilité climatiques auront probablement des effets très

négatifs sur la production agricole et la sécurité alimentaire

et, selon les projections, les rendements pourraient, dès 2020,

baisser jusqu’à 50 pour cent, affectant principalement les petits

agriculteurs.

12. La fréquence et l’ampleur des sécheresses et des inondations

ont déjà augmenté dans certains pays. En outre, les zones

côtières et les pays insulaires seront de plus en plus touchés

par la hausse du niveau de la mer et, dans un grand nombre de

pays, les ressources naturelles seront soumises à une érosion

accrue en raison du changement climatique, ce qui pèsera

lourdement sur les moyens d’existence traditionnels axés sur

l’agriculture et l’élevage nomade. De plus, dans toute la zone

saharienne, le changement climatique pourrait se traduire par une

nouvelle baisse de la production vivrière, en raison de la

diminution des précipitations et de la variabilité accrue du

climat, et la baisse des rendements des cultures pourrait

atteindre 70 pour cent dans les zones les plus vulnérables. Le

changement climatique a aussi une influence sur la production

d’énergie hydroélectrique: en effet, l’érosion des sols a eu des


14 Sirte/08/INF/6

effets directs sur le volume total de stockage de nombreux

réservoirs d'Afrique, comme dans le cas du barrage de Koka en

Éthiopie, entraînant une réduction de la capacité de production

énergétique et une réduction des avantages découlant de

l’agriculture irriguée.

C. CADRE PROGRAMMATIQUE ET ENVELOPPE ALLOUEE

À L’INVESTISSEMENT

13. Les participants aux ateliers régionaux ont souligné la

nécessité de passer d’une approche axée sur les projets à une

perspective programmatique et intégrée pour les secteurs de l’eau

et de l’énergie. La contribution importante que l’irrigation peut

apporter à la sécurité alimentaire doit être reconnue, étant

donné que l’agriculture pluviale, qui assure à l'heure actuelle

l’essentiel de la production agricole, est extrêmement vulnérable

au changement climatique. Si des rendements plus faibles et une

production non irriguée extensive peuvent satisfaire de manière

équilibrée la demande de denrées alimentaires de base, alors la

stabilisation de la production non irriguée, en particulier de la

production à petite échelle, devrait être le moyen le plus

économique de parvenir à la sécurité alimentaire. Mais, si

l’instabilité de la production non irriguée devient intolérable,

l’irrigation aux fins de la production de denrées de base,

qu’elle soit favorisée par des mesures économiques incitatives ou

par une planification structurelle, voire par une combinaison de

ces deux formules, s’impose. C’est pourquoi il est nécessaire et

urgent d’encourager une agriculture irriguée complémentaire

(produits hors saison, etc.) par une irrigation tant à petite


Sirte/08/INF/6 15

échelle qu’à grande échelle, qui, aujourd'hui plus que jamais,

est étroitement déterminée par la demande et les conditions

locales et régionales.

14. Compte tenu de ce qui précède, le cadre programmatique pour

les investissements peut être synthétisé comme suit:

− Les mesures entreprises peuvent se fonder sur les fiches

nationales d’investissement, mais elles doivent être

conçues dans le contexte d’une vision régionale commune et,

en fin de compte, d’une vision d’ensemble africaine.

− Le plan d’investissement doit avoir pour objectifs

l’atténuation de la pauvreté grâce à la sécurité

alimentaire et à l’amélioration des conditions sanitaires,

le développement agricole étayé par une infrastructure

hydraulique et énergétique, la promotion et la

généralisation des énergies renouvelables et alternatives

et la protection des écosystèmes et de l’environnement.

− Les priorités varient évidemment d’un pays à l’autre, mais

l’utilisation conjuguée des ressources hydriques doit être

une notion fondamentale dans toutes les activités

entreprises. De même, tous les projets relatifs aux

ressources en eau doivent envisager la question de la

viabilité des composantes de la production électrique et

s’inscrire dans une perspective qui prenne en compte les

bassins versants. Ainsi, une approche intégrée de la

gestion des ressources hydriques doit être un élément

figurant dans le plan d’investissement.


16 Sirte/08/INF/6

− Une composante relative au renforcement des capacités

devrait être inhérente à chaque élément du plan

d’investissement. En effet, les besoins sont larges:

i) améliorer les capacités institutionnelles et

administratives pour absorber les fonds investis tant au

niveau national que régional; ii) moderniser les capacités

de traiter les problèmes de nature climatique, tels que la

variabilité du climat et l’impact du changement climatique,

l’atténuation et l’adaptation dans des conditions

d’agriculture pluviale ou irriguée, les prévisions et les

systèmes d’alerte rapide, etc. et iii) appuyer l’adoption

et l’application de plans d’action relatifs à l’adaptation

au changement climatique d’envergure nationale et

régionale; déjà en cours de préparation à divers degrés.

− Comme on l’a vu au cours du travail de préparation de la

Conférence, le montant cumulé des investissements dans les

projets en cours et en préparation dans le domaine de l’eau

pour l’agriculture et l’énergie sur le continent africain

s’élève à environ 64,6 milliards d’USD. Le cadre

d’investissement spécifie la taille de l’infrastructure

d’irrigation (irrigation à petite échelle, remise en état

des périmètres d’irrigation, grands projets hydrauliques)

et il distingue entre les projets et programmes à court,

moyen et long termes (c’est-à-dire respectivement d’une

durée inférieure à 4 ans, de 4 à 8 ans et supérieure à 8

ans). La majeure partie de ces investissements est

visiblement allouée à des projets de grande envergure,

notamment à la mise en place de grands périmètres


Sirte/08/INF/6 17

d’irrigation et à des projets de centrales

hydroélectriques. De même, on prévoit que 56 pour cent de

l’enveloppe totale allouée à l’investissement sera épuisée

à moyen terme, ce qui montre clairement qu’il faut

améliorer la planification des investissements à long terme

pour garantir une croissance soutenue et permanente dans

les secteurs de l’agriculture et de l’énergie afin

d’atteindre les objectifs de sécurité alimentaire et

énergétique fixés.

ENVELOPPE ALLOUÉE À L’INVESTISSEMENT (en millions d’USD)


Taille du Maîtrise de Réfection des Grands
projet
Durée
l’eau à petite ouvrages projets Total
du projet échelle d’irrigation hydrauliques
Court terme 2 385 778 7 818 10 981
Moyen terme 7 041 3 509 28 207 38 758
Long terme 1 491 1 329 12 042 14 862
Total 10 917 5 616 48 067 64 600

− Comme le révèlent les résultats du travail préparatoire pour

la Conférence, l’Afrique de l’Ouest, forte de son grand

potentiel hydroélectrique, absorbe 32 pour cent des

investissements réalisés dans le continent. La part de

l’Afrique australe, de l’Afrique de l’Est et de l’Afrique

du Nord est de 26, 24 et 15 pour cent respectivement, les 3

pour cent restants allant à l’Afrique centrale, ce qui

indique que davantage d’efforts sont nécessaires dans la

région pour entreprendre la formulation de projets et des

études de faisabilité dans le secteur de l’eau, en

particulier compte tenu de l’énorme potentiel

hydroélectrique encore inexploité.


18 Sirte/08/INF/6

RÉPARTITION RÉGIONALE DE L’ENVELOPPE ALLOUÉE À


L’INVESTISSEMENT (en pourcentage)
Taille du
projet Afrique du Afrique Afrique de Afrique Afrique
Durée Nord de l’Est l’Ouest centrale australe
du projet
Court terme 16% 10% 35% 11% 28%
Moyen terme 12% 29% 29% 2% 28%
Long terme 23% 19% 37% 1% 20%
Total 15% 24% 32% 3% 26%

D. CONTEXTE INSTITUTIONNEL

15. Il est nécessaire d’harmoniser les politiques sectorielles

(eau, agriculture, énergie et développement économique, entre

autres). Une telle approche implique une coopération sous-

régionale très étroite et les pays devront donc uniformiser et

intégrer en conséquence leurs politiques agricoles et

énergétiques. Ainsi, il convient que les pays s’engagent dans une

coopération régionale institutionnalisée de haut niveau.

16. La coopération et l’intégration régionales joueront un rôle

crucial dans la gestion commune des ressources en eau et le

développement des marchés de produits agricoles et de l’énergie.

Elles permettront de créer des zones de libre-échange et

d’introduire le mécanisme nécessaire pour encourager le commerce

et l’échange d’expérience. Pour des raisons pratiques, les

ressources humaines et financières supplémentaires doivent être

plus que jamais rassemblées et des mécanismes de prévention et

gestion des conflits doivent être mis en place. Dans le même


Sirte/08/INF/6 19

ordre d’idées, des normes régionales relatives à l’irrigation

doivent également être élaborées et valorisées.

17. Chaque pays possède ses domaines d’expertise, qui sont

différents et complémentaires et leur mise en commun serait

source de bénéfices mutuels. L’établissement de centres régionaux

spécialisés dans la recherche et la formation et la mobilisation

collective de fonds permettront de combler les lacunes dans les

connaissances pour un coût minimal. La coopération scientifique

et technique et l’harmonisation des règles et procédures seront

également favorisées pour encourager le commerce.

Malheureusement, les institutions nationales sont souvent pauvres

en moyens et incapables de produire des projets solides, axés sur

le terrain. Par conséquent, un cadre propice à l’investissement

doit être créé en vue de la construction d’une infrastructure

économiquement rentable et socialement et écologiquement

justifiable et la qualité des études de faisabilité relatives aux

investissements doit être améliorée.

18. Les participants aux ateliers régionaux ont pris acte qu’il

fallait mettre en œuvre une approche axée sur la gestion intégrée

des ressources en eau à la fois pour la gestion intersectorielle

que pour la gestion des grands bassins transfrontières. À cet

effet, les pays africains ont proposé d’établir une structure

sous-régionale pour coordonner les divers plans de gestion

intégrée des ressources en eau. La promotion d’ouvrages

polyvalents et un cadre pour l’action concertée et la

coordination des utilisateurs des ressources hydriques devraient


20 Sirte/08/INF/6

aussi permettre d’atténuer la concurrence entre besoins

énergétiques et besoins d’irrigation.

19. En résumé, pour qu’un environnement institutionnel pour

l’application du plan d’investissement fonctionne

harmonieusement, il faudra le promouvoir mais aussi faire en

sorte qu’un certain nombre de conditions soient réunies:

i) veiller à ce qu’il y ait un cadre institutionnel favorable

mettant nettement l’accent sur la gouvernance; ii) chercher à

faire participer de manière effective et certaine des organes

régionaux pour contrebalancer les problèmes de souveraineté et

garantir un accès équitable aux ressources (eau et énergie);

iii) garantir un large accès aux marchés des secteurs de

l’agriculture et de l’énergie; iv) intégrer une stratégie pour

une meilleure protection des terres (préservation des sols et de

l’eau, gestion des bassins versants, y compris en prenant en

compte des questions agro-pastorales et forestières) et

v) renforcer les capacités d’intervention, les technologies

hydrologiques – nouvelles ou ayant fait leurs preuves – jouant un

rôle de premier plan.

20. Enfin, les pays reconnaissent que, en général, il existe un

manque d’information, qui les empêche de prendre des décisions en

connaissance de cause. C’est pourquoi ils insistent sur l’idée

que la collecte de données aux fins de constituer des bases de

données fiables au niveau national et de mettre en œuvre un

mécanisme de suivi et évaluation devrait être prescrite par voie

légale.
Sirte/08/INF/6 21

E. STRATÉGIES DE MISE EN ŒUVRE ET MÉCANISMES DE FINANCEMENT

21. Les programmes d’investissement doivent être conçus en

tenant compte de la sécurité alimentaire et énergétique et les

ajustements relatifs au changement climatique, mais ils doivent

aussi intégrer le développement économique, la santé, l’éducation

et des objectifs environnementaux en général. Des facteurs tels

que la densité démographique, la vulnérabilité de la population

aux variations climatiques, les types de producteurs agricoles et

les solutions possibles qui s’offrent pour des interventions

publiques et privées dans le domaine de l’énergie et de

l’agriculture doivent être pris en considération.

22. Toutes les tentatives d’accélérer les investissements en

faveur de la sécurité alimentaire et énergétique doivent rester

cohérentes avec les principes de la Déclaration de Paris sur

l’efficacité de l’aide au développement et du Programme d’action

d’Accra et donc exploiter les mécanismes de financement

disponibles. Il existe des exemples de fonds verticaux utilisés

pour traiter des questions spécifiques au plan régional. Il est

utile de se demander si des fonds verticaux de ce type devraient

être favorisés ou si des mécanismes de financement existants

devraient être développés à plus grande échelle pour prendre en

charge les financements complémentaires envisagés.

23. L’une des priorités pour tous les pays d’Afrique est

d’allouer efficacement leurs propres ressources aux enveloppes

destinées à l’investissement afin de signifier le sérieux de leur

engagement aux donateurs et partenaires; une telle action devrait

être un élément fondamental dans toute stratégie de mise en œuvre


22 Sirte/08/INF/6

des investissements. En outre, il est nécessaire de mettre au

point des fonds communs sous-régionaux pour soutenir les

composantes relatives à l’agriculture et à l’énergie et de les

incorporer dans un mécanisme général de financement du plan

d’investissement. Des approches plus novatrices, consistant par

exemple à tirer parti du commerce relatif aux émissions de

carbone atmosphérique et des possibilités de financement ou de

crédits incitatifs spécifiques relatifs aux énergies

renouvelables, doivent être exploitées pour soutenir l’énergie

hydraulique en Afrique.

24. Les participants aux cinq ateliers régionaux ont également

souligné ce qui suit:

− Envisager la mise en œuvre du Plan d’investissement

africain global en se fondant sur les différents plans

régionaux, grâce à la définition d’une vision commune où

les organes régionaux, aussi bien que les organes

continentaux, interviennent et supervisent et coordonnent

des fonctions qui soient source de synergie et de

confiance et qui crédibilisent des interventions

équitables et équilibrées.

− Il faut veiller à ce que le Plan de mise en œuvre des

investissements couvre les domaines de la sécurité

alimentaire et de la réduction de la pauvreté, sans

oublier la nécessité de protéger l’environnement. Le Plan

doit être axé sur l’usage optimisé des ressources

hydriques pour lesquelles il est essentiel de renforcer

les capacités humaines et institutionnelles.


Sirte/08/INF/6 23

− Il est nécessaire de consentir des efforts très importants

de renforcement des capacités régionales, pour ensuite les

unir à l’échelle du continent, afin d’avoir ce qui doit

être compris comme une partie intégrante du Plan

d’investissement qui touche à toutes les disciplines et à

tous les projets.

− En général, chaque pays s’engagera fermement à élaborer et

à mettre en avant les solutions et les formules de

technologie hydraulique qui apportent en premier lieu une

valeur ajoutée incontestable à leurs propres conditions,

mais en adoptant toujours une approche synergique pour

mettre en œuvre les solutions optimales aux plans

national, régional et continental.

− Des possibilités concrètes doivent être fournies pour que

le secteur privé assume un rôle croissant, soit en tant

que tel, soit par le biais de partenariats privé-public

dans les domaines de l’eau pour l’agriculture et de l’eau

pour l’énergie.

− Un mécanisme clair et transparent de suivi et d’évaluation

au plan régional ainsi que des mécanismes de collecte de

données et des bases de données au niveau national sont

nécessaires pour afficher le souci d’impartialité quant à

l’établissement de priorités pour les activités et pour

dicter les orientations relatives à la date et au lieu où

de nouvelles interventions devront avoir lieu.

25. Concernant la sécurité énergétique, il faut entamer un

travail visant à élaborer les politiques et les stratégies


24 Sirte/08/INF/6

appropriées, en insistant sur: i) la diversification des sources

d’énergie; ii) la mise en valeur des énergies renouvelables, en

mettant l’accent en particulier sur les possibilités actuellement

inexploitées d’installations hydroélectriques de petite et grande

capacités; iii) l’interconnexion des réseaux, comme facteur

d’intégration régionale et iv) le rôle des micro-centrales

électriques pour faciliter l’électrification rurale et

désengorger les grands réseaux.

II. CONCLUSIONS

26. Les gouvernements africains, les institutions financières et

les partenaires du développement devraient prendre des

engagements fermes pour amorcer et garantir le financement de

projets qui sont de nature à améliorer la sécurité alimentaire et

la sécurité énergétique (mesures d’accompagnement).

D’importants progrès ont été accomplis récemment au regard

des engagements nationaux, régionaux et internationaux. En 2002,

le Programme détaillé pour le développement de l'agriculture

africaine (PDDAA) du Nouveau partenariat pour le développement de

l'Afrique (NEPAD) offrait un cadre pour l’investissement dans

l’agriculture en Afrique, en mettant particulièrement l’accent

sur la maîtrise de l’eau. À Maputo, en 2003, les chefs d’États et

de gouvernements des pays de l’Union africaine se sont engagés à

allouer au moins 10 pour cent de leurs ressources budgétaires

nationales à l’agriculture et au développement rural. En 2004, la

Déclaration de Syrte se penchait sur les moyens de mettre en

œuvre un développement de l’agriculture et des ressources


Sirte/08/INF/6 25

hydrologiques intégré et durable en Afrique. En 2005, le rapport

de la Commission pour l’Afrique, intitulé Notre intérêt commun,

soulignait la nécessité d’investir dans l’infrastructure

hydrologique et énergétique.

27. À ce jour, selon les informations disponibles, seuls cinq

pays ont atteint l’objectif budgétaire de Maputo. En outre, une

douzaine de pays, selon les estimations, ont engagé au moins la

moitié des allocations budgétaires visées. Les régions d’Afrique

ont l’expérience et les compétences nécessaires et il faut donner

des encouragements et des incitations pour que cette expérience

et ces compétences soient partagées (coopération Sud-Sud). Cela

s’applique aussi à la coopération entre les communautés

économiques régionales (CER) de l’Afrique. Il n’a pas encore été

donné suite aux recommandations formulées à l’occasion de

précédentes rencontres internationales. Il faut analyser

pourquoi, afin de veiller à ce que l’actuelle Conférence adopte

des plans d’action concrets et opérationnels.

28. Pour la bonne marche des plans d’investissement proposés

pour le secteur de l’eau en Afrique, il faut indubitablement un

nouvel ensemble d’engagements non seulement de la part des divers

partenaires de l’aide au développement, mais également du secteur

privé: investisseurs, opérateurs et usagers de l’infrastructure

hydraulique. En outre, le succès des plans d’investissement

nationaux et régionaux ne sera garanti que si on accorde une plus

grande importance au financement des investissements structurels

dans la gestion des ressources en eau dans les secteurs

extrêmement interdépendants de l’agriculture et de l’énergie,


26 Sirte/08/INF/6

sans omettre l’importance des mesures d’urgence, qui

interviennent forcément en synergie avec les investissements à

long terme. Les gouvernements se doivent de fixer clairement

leurs priorités et de les prendre dûment en compte à l’heure

d’élaborer leurs programmes d’investissement. Il faut que chaque

gouvernement encourage et élabore des documents appropriés sur

les politiques et les stratégies pour mettre en valeur les

ressources en eau dans les secteurs de l’agriculture et de

l’énergie à la mesure des enveloppes allouées aux investissements

dans ces secteurs respectifs. Les politiques définies pour mettre

en œuvre le programme d’investissement national devraient être

intégrées dans des initiatives régionales globales et plus

générales, en particulier dans le contexte des réseaux

électriques communs régionaux et des organisations chargées de

l’aménagement des bassins versants.

29. Les investissements extérieurs, tant publics que privés,

devraient être encouragés dans les pays qui disposent

d’abondantes ressources hydriques et foncières encore

inexploitées, en particulier dans les pays qui n’ont pas les

moyens de financer une infrastructure d’adduction d’eau. Une

mesure de ce type contribuerait à accroître la production

alimentaire et profiterait aux deux parties, à savoir les

investisseurs et les propriétaires. Les partenaires du

développement devraient soutenir les pays se relevant d’un

conflit pour contribuer à en financer les projets prioritaires.

30. Il est impératif de développer l’irrigation tout en

améliorant la maîtrise de l’eau dans l’agriculture non irriguée,


Sirte/08/INF/6 27

c'est-à-dire l’essentiel des activités agricoles dans le

continent; mais il faut prendre soin d’intégrer d’emblée des

mesures relatives à l’adaptation au changement climatique. Les

gouvernements devraient élaborer des plans d’action relatifs à

l’adaptation au changement climatique. De même, dans les zones où

on s’attend à ce que les coûts d’opportunité de l’eau augmentent,

il faut veiller attentivement à ce que les agriculteurs et les

services de vulgarisation puissent s’adapter à des systèmes

agricoles évalués avec précision. Il faut aussi noter que le

développement de l’irrigation nécessitera, dans la plupart des

cas, des capacités d’entreposage, d’où la possibilité d’envisager

des barrages polyvalents de capacités diverses, allant de

l’échelon de la communauté jusqu’à celui du bassin hydrologique.

Cela implique donc une planification et une coopération

intersectorielles éventuellement plus poussées qu’auparavant.

31. Il faut indéniablement augmenter les dépenses dans

l’agriculture et la sécurité alimentaire, qui sont nettement

inférieures aux projections initiales du NEPAD-PDDAA, et,

concomitamment, de l’augmentation massive des investissements

dans l’énergie hydroélectrique et de l’adoption d’une nouvelle

priorité relative à la gestion des ressources hydriques en

général, notamment quand il y a des enjeux transfrontières. Des

mécanismes (politiques, fiscaux et économiques) doivent être mis

en place pour créer un cadre propre à encourager les

investissements privés dans l’agriculture et l’hydroélectricité

et, instaurer des partenariats entre le secteur public et privé

dans ce domaine.
28 Sirte/08/INF/6

ANNEXE 1: RÉPARTITION RÉGIONALE

AFRIQUE DU NORD
AFRIQUE DE L’OUEST
AFRIQUE DE L’EST
AFRIQUE CENTRALE
AFRIQUE AUSTRALE

North Africa

West Africa

East Africa

Central Africa

Southern Africa
Sirte/08/INF/6 29

ANNEXE 2: AFRIQUE ET MONDE

Part relative de
Variable Unité Afrique Monde
l’Afrique (en %)
Superficie totale 1 000 ha 3 004 084 13 442 788 22
Superficie cultivée 1 000 ha 210 697 1 540 708 14
exprimée en pourcentage de la superficie totale % 7 11
par habitant ha 0,24 0,24
par personne économiquement active dans le secteur agricole ha 1,03 1,16
Population totale 2004 habitants 868 094 000 6 377 646 000 14
Croissance démographique 2003-2004 %/an 2,2 1,2
Densité de population habitants/km2 29 47
Part relative de la population rurale par rapport à la population
totale % 61 51
Population économiquement active dans le secteur de l’agriculture % 56 21
Précipitations mm/an 678 818 18
Ressources en eau renouvelables km3/ an 3 931 43 744 9
par habitant m3/ an 4 521 6 859
Superficie irriguée ha 13 444 875 277 285 000 5
exprimée en pourcentage de la superficie cultivée % 6 18

Source: Irrigation in Africa in figures – AQUASTAT Survey 2005


30 Sirte/08/INF/6

ANNEXE 3: ENVELOPPE ALLOUÉE À L’ INVESTISSEMENT

AFRIQUE DU NORD
Taille du Grands
projet
Maîtrise de l’eau Réfection des projets
Total
Durée
à petite échelle ouvrages d’irrigation hydrau-
du projet liques
Court terme 555 163 1 059 1 777
Moyen terme 1 803 820 2 216 4 839
Long terme 481 200 2 711 3 392
Total 2 839 1 183 5 985 10 007

AFRIQUE DE L’EST
Taille du Grands
projet
Maîtrise de l’eau Réfection des projets
Total
Durée
à petite échelle ouvrages d’irrigation hydrau-
du projet liques
Court terme 299 153 599 1 051
Moyen terme 1 117 596 9 605 11 318
Long terme 94 105 2 680 2 878
Total 1 510 854 12 883 15 247

AFRIQUE DE L’OUEST
Taille du Grands
projet
Maîtrise de l’eau Réfection des projets
Total
Durée
à petite échelle ouvrages d’irrigation hydrau-
du projet liques
Court terme 710 134 3 025 3 869
Moyen terme 1 794 684 8 648 11 126
Long terme 458 333 4 718 5 509
Total 2 962 1 150 16 391 20 504

AFRIQUE CENTRALE
Taille du Grands
projet
Maîtrise de l’eau Réfection des projets
Total
Durée
à petite échelle ouvrages d’irrigation hydrau-
du projet liques
Court terme 159 83 991 1 234
Moyen terme 167 63 526 756
Long terme 9 1 162 171
Total 335 148 1 679 2 161
Sirte/08/INF/6 31

AFRIQUE AUSTRALE
Taille du Grands
projet
Maîtrise de l’eau Réfection des projets
Total
Durée
à petite échelle ouvrages d’irrigation hydrau-
du projet liques
Court terme 662 244 2 144 3 051
Moyen terme 2 161 1 346 7 213 10 719
Long terme 449 691 1 771 2 912
Total 3 272 2 281 11 128 16 682

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