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Le tourisme et

en faveur de la durabilité
la diversité biologique
Réaliser les objectifs communs
Copyright © 2013, Organisation mondiale du tourisme (UNWTO)

Le tourisme et la diversité biologique – Réaliser les objectifs communs en faveur de la durabilité


ISBN (version imprimée) : 978-92-844-1422-2
ISBN (version électronique) : 978-92-844-1423-9
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Publié et imprimé par l’Organisation mondiale du tourisme, Madrid, Espagne.


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Organisation mondiale du tourisme (2013), Le tourisme et la diversité biologique – Réaliser les objectifs
communs en faveur de la durabilité, OMT, Madrid.

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Table des matières

Avant-propos et remerciements ..................................................................................... v


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1 Introduction........................................................................................................................ 1
1.1 Tourisme et diversité biologique ................................................................................... 1
1.2 Les réponses des Nations unies aux défis posés en matière de diversité biologique .... 3
1.3 Initiatives mondiales en matière de tourisme et de diversité biologique ........................ 5

2 La valeur de la diversité biologique pour le tourisme .................................................... 7


2.1 Comprendre la valeur économique de la diversité biologique pour le tourisme ............. 9

3 Impacts du tourisme sur la diversité biologique ............................................................ 11


3.1 Impacts négatifs .......................................................................................................... 11
3.2 Impacts positifs ........................................................................................................... 14

4 Biodiversité et tourisme durable...................................................................................... 17


4.1 Directives de la CDB sur la biodiversité et le développement touristique ...................... 20

5 Rôle du tourisme dans la protection de la biodiversité ................................................. 23


5.1 Les objectifs de la biodiversité pour 2010 et après ...................................................... 24
5.2 L’étude sur « L’économie des écosystèmes et de la biodiversité » (TEEB) .................... 28
5.3 Application des solutions proposées par la TEEB ....................................................... 34

6 Les liens entre le tourisme, la réduction et la pauvreté et la diversité biologique...... 39

7 Recommandations à l’intention des gouvernements, des organisations


internationales, du secteur touristique privé et des ONG concernant des
mesures à prendre en matière de diversité biologique et de tourisme ....................... 47

8 Conclusion ......................................................................................................................... 53

Annexes
Annexe 1 Typologie des services écosystémiques............................................................. 55
Annexe 2 Impacts du tourisme sur l’environnement et la diversité biologique .................... 57
Annexe 3 Les 12 objectifs en faveur du tourisme durable .................................................. 59
Annexe 4 Projets ST-EP liés à un tourisme axé sur la diversité biologique .......................... 61
Annexe 5 Mécanismes et principes ST-EP pour avancer dans la réduction
de la pauvreté par le tourisme............................................................................ 65

Liste des tableaux, encadrés et figures .......................................................................... 67

Bibliographie ...................................................................................................................... 69
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Avant-propos et remerciements
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La présente publication aide à comprendre les liens qui existent entre le tourisme et la diversité biologique,
et précise en quoi le tourisme peut contribuer à protéger la diversité biologique et à développer son
rôle en tant que ressource essentielle pour les destinations touristiques. Elle a été élaborée dans le
cadre de l’Année internationale de la biodiversité et, en particulier, à l’occasion de la préparation des
la Journée mondiale du tourisme 2010 et la dixième Conférence des parties à la Convention sur la
diversité biologique (CDB).

Cette publication viendra également à l’appui des activités menées par l’OMT en matière de tourisme
et de biodiversité par rapport au processus Rio+20, processus centré sur une économie verte et qui
s’inscrit dans une volonté de développement durable et d’élimination de la pauvreté, entre autres
initiatives connexes concernant le changement climatique et le tourisme, l’économie verte, le tourisme
et les zones protégées.

Le travail de recherche et de rédaction a été réalisé pour l’OMT par Richard Tapper, du « Environment
Business & Development Group ». Nous tenons à remercier le personnel de l’OMT, notamment Sofía
Gutiérrez, coordinnatrice du programme, pour la conception, la supervision et la mise en forme finale
du document, et Luigi Cabrini, directeur pour le travail de coordination et de révision générale, tous deux
du Programme de développement durable du tourisme ; Marcel Leijzer, coordinateur du programme de
Coopération technique et services ; et l’Unité de conseil de l’OMT sur le tourisme et la biodiversité pour
ses commentaires opportuns. Un merci spécial à Oliver Hillel, du Secrétariat de la Convention sur la
diversité biologique, pour son avis et ses commentaires utiles.

Toutes les photographies présentées dans cette publication sont celles de participants au concours
photographique organisé par l’OMT en 2010 sous le titre « Tourisme et biodiversité » dans le cadre des
célébrations de la Journée mondiale du tourisme. La photographie de couverture a été prise par Tripti
Pandey.
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Chapitre 1

Introduction
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1.1 Tourisme et diversité biologique


La biodiversité est essentielle au tourisme. Côtes, montagnes, cours d’eau et forêts attirent les touristes
partout dans le monde. Le tourisme aux Caraïbes, en Méditerranée et dans une grande partie de l’Asie
du Sud-Est dépend fortement de l’agrément offert par les régions côtières de ces destinations. En Afrique
australe et orientale, les safaris sont un des principaux atouts touristiques et une des principales sources
de revenus pour le secteur. A la montagne, la faune et les paysages constituent d’importants facteurs
d’attraction touristique.

La biodiversité joue un rôle différent selon le type de tourisme. Le tourisme sous toutes ses formes
est tributaire de sources naturelles d’approvisionnement en nourriture, en eau potable et en autres
« services écosystémiques » qui dépendent en définitive de la biodiversité. Pour la plupart des autres
formes de tourisme, la biodiversité contribue sensiblement à l’attrait et à la qualité des destinations
et, par conséquent, à leur compétitivité : la qualité des eaux sur les côtes et la végétation naturelle,
par exemple, sont deux services écosystémiques qui contribuent à l’attractivité des destinations. Et la
biodiversité représente un élément d’attraction direct au centre de produits du tourisme de nature tels
que l’observation des animaux sauvages, la plongée autonome ou le tourisme en zone protégée.

Cependant, la biodiversité subit des pressions à travers le monde et accuse de fortes pertes du fait que
de plus en plus de terres naturelles sont transformées pour les besoins des activités humaines, et que
ces activités gagnent en intensité. En 2005, l’évaluation des écosystèmes par les Nations unies pour le
Millénaire a abouti à la conclusion que les activités humaines menaçaient la capacité de la Terre de
faire vivre les générations futures.

Le défrichement de terres pour des aménagements touristiques contribue à ces pertes, en particulier
dans les régions côtières et montagneuses. Les aménagements mal placés affaiblissent les défenses
naturelles sur les côtes, qui s’en trouvent plus vulnérables face aux tempêtes, ou endommagent la
végétation et les sols des montagnes, en les rendant plus sensibles à l’érosion et en augmentant les
risques d’inondation. Des problèmes sont également créés par les nombreux touristes qui s’intéressent
à des lieux riches en biodiversité mais fragiles, et qui s’y souhaitent s’y rendre. Les récifs coralliens, par
exemple, se dégradent facilement sur les sites de plongée autonome très fréquentés, et les piétinements
des visiteurs peuvent avoir pour effet de transformer, voire de détruire, la végétation dans les montagnes.
2 Le tourisme et la diversité biologique – Réaliser les objectifs communs en faveur de la durabilité

Selon des estimations actuelles, 60 % de la surface terrestre servent à une utilisation humaine
quelconque1. La perte de biodiversité qui accompagne cette intensification de l’exploitation de
l’environnement par l’homme se mesure par la disparition d’écosystèmes clés comme les forêts, les
zones humides ou les récifs coralliens, et par le nombre croissant d’espèces menacées d’extinction
ou déjà éteintes. Le rythme d’extinction des espèces serait aujourd’hui 1 000 fois supérieur au rythme
naturel et les écosystèmes se portent moins bien.2

La perte de biodiversité est un problème important aujourd’hui reconnu au niveau international. Les
écosystèmes en bonne santé remplissent des fonctions capitales – appelées « services écosystémiques »
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– qui maintiennent la vie sur Terre (encadré 1). La perte de ces écosystèmes et des espèces qu’ils abritent
entraîne la disparition de leurs fonctions de soutien. Les forêts et la végétation naturelles, par exemple,
font office d’agents de stockage naturels de l’eau dans les bassins versants. La destruction de ces forêts
accroît le risque d’inondation, d’érosion et de sécheresse parce que la fonction naturelle de stockage
de l’eau qu’elles remplissent disparaît avec elles. Ou bien, dans les océans, la pêche intensive pratiquée
en de nombreux endroits a provoqué une forte contraction des stocks de poissons et réduit les réserves
de nourriture dont ils ont besoin.

Encadré 1 Services écosystémiques


Qui dit écosystèmes sains dit services écosystémiques. Dans l’étude sur L’économie des
écosystèmes et de la biodiversité (The Economics of Ecosystems and Biodiversity, ou TEEB),
les services écosystémiques sont définis comme les « contributions directes et indirectes des
écosystèmes au bien-être de l’homme » et sont divisés en quatre grandes catégories :

• Services d’approvisionnement – en nourriture, eau douce et matières premières telles que


fibres, bois d’oeuvre et bois de feu, entre autres.

• Services de régulation – maintien de la fertilité des sols, pollinisation des cultures par les
insectes, régulation des cours d’eau, prévention de l’érosion et gestion du climat.

• Services relatifs aux habitats – maintien de la diversité génétique chez les espèces et entretient
du cycle de vie des espèces.

• Services culturels – avantages non matériels, qui comprennent les loisirs et le tourisme,
l’éducation et les expériences spirituelles.

De plus, ces services dépendent tous de services annexes, comme les cycles de l’eau et des
matières nutritives dans le monde, qui sont essentiels au fonctionnement des écosystèmes et à la
vie sur Terre. Ce sont des services vitaux pour le tourisme mais, en même temps, le développement
et les activités touristiques peuvent influencer négativement sur les écosystèmes et sur leur capacité
de fournir ces services.

La typologie des services écosystémiques retenue dans l’étude TEEB et les services annexes pris en
compte dans l’évaluation des écosystèmes pour le Millénaire sont présentés à l’annexe 1.

Dans ces exemples, parmi beaucoup d’autres, la perte de biodiversité entraîne de graves conséquences
économiques dues au coût des dommages qui en résultent (baisse des rendements dans la pêche,
déclin du tourisme dans des destinations qui perdent de leur attrait pour les visiteurs, etc.). Les moyens
techniques qui peuvent exister pour réparer les dommages se révèlent généralement bien plus coûteux
et moins efficaces qu’une protection de la biodiversité dès le départ ; et, dans de nombreux cas, les
solutions techniques sont soit absentes, soit irréalisables face à l’ampleur des remèdes nécessaires.

Parce que les services écosystémiques et la biodiversité sont vitaux pour le tourisme, il convient que
les destinations et le secteur touristique protègent ces actifs précieux qui contribuent au tourisme sur le

1 Programme des Nations unies pour l’environnement (2010), Êtes-vous un leader vert ? Les entreprises et la biodiversité: des
arguments en faveur d’une solution durable, PNUE, Paris.
2 Ibid.
Introduction 3

long terme ; d’autre part, le tourisme s’avère un vrai stimulant pour les actions de conservation quand
la biodiversité constitue un atout important de la destination. Si c’est un fait reconnu par beaucoup
d’acteurs du secteur touristique et des organismes publics chargés du tourisme, il n’en reste pas moins
que la protection de la biodiversité et des services écosystémiques relève d’une responsabilité partagée
qui requiert une coordination à l’intérieur du secteur touristique ainsi qu’entre ce dernier et d’autres
secteurs, dont l’État, la société civile et les ONG. Elle doit notamment s’appuyer sur des cadres d’action
clairement définis, par exemple des plans nationaux pour un tourisme durable ou des stratégies
nationales en faveur de la diversité biologique.
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1.2 Les réponses des Nations unies aux défis posés en matière de
diversité biologique
La nécessité d’agir pour contrer le recul de la biodiversité est reconnue dans plusieurs initiatives et
accords mondiaux. Citons par exemple la Convention sur la diversité biologique (CDB) et d’autres
accords multilatéraux sur l’environnement, l’Objectif biodiversité de 2010, l’évaluation des écosystèmes
pour le Millénaire, les objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), l’étude réalisée à
l’initiative du PNUE sur L’économie des écosystèmes et de la biodiversité (TEEB), et la Plateforme
intergouvernementale politique et scientifique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES),
de création récente. Ces accords et initiatives contribuent au travail de sensibilisation, outre qu’ils
fournissent des orientations et des pistes de travail concrètes pour protéger et restaurer les services
écosystémiques et la diversité biologique. Ils mettent notamment en évidence la nécessité de mesurer la
valeur économique de la biodiversité et de l’intégrer aux politiques, aux plans d’action et aux décisions,
et de gérer durablement les ressources de la biodiversité, de manière à préserver et améliorer les services
écosystémiques. Ces orientations et pistes de travail sont aussi pertinentes pour le tourisme que pour
d’autres secteurs. La CBD a également produit des Directives sur la biodiversité et le développement
touristique.

Pour contrer le recul de la biodiversité, les défis à relever par le secteur touristique et les fonctionnaires
chargés du tourisme sont les suivants :

• appliquer au tourisme les orientations, pistes de travail et meilleures pratiques suivies en matière
de biodiversité et de services écosystémiques ;

• comprendre quelles sont les incidences négatives du tourisme sur la biodiversité, et quels sont les
moyens d’éviter ou de limiter ces incidences ;
4 Le tourisme et la diversité biologique – Réaliser les objectifs communs en faveur de la durabilité

• comprendre la valeur que la biodiversité représente pour le tourisme, et le potentiel qu’offre le


tourisme pour contribuer à la conservation de la biodiversité ;

• intégrer la question de la biodiversité aux plans et décisions concernant le tourisme.

Il y a longtemps que l’OMT a pris conscience de l’importance que revêt la diversité biologique. L’OMT
et le Secrétariat de la Convention sur la diversité biologique collaborent depuis l’Année internationale
de l’écotourisme, en 2002. En 2006, l’OMT a créé l’Unité de conseil sur le tourisme et la biodiversité
(encadré 2). L’OMT participera à Nagoya (Japon) en octobre 2010 à la dixième réunion de la Conférence
des parties (COP 10) à la CDB afin de mieux faire connaître l’importance de la biodiversité pour le
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développement durable du tourisme. Pour mettre ces liens en lumière, et à l’occasion de l’Année
internationale de la biodiversité déclarée par l’ONU, le thème « Tourisme et biodiversité » a été retenu
pour la Journée mondiale du tourisme en 2010.

Encadré 2 Unité de conseil de l’OMT sur le tourisme et la biodiversité


En 2006, avec le soutien du gouvernement fédéral d’Allemagne, l’OMT a créé l’Unité de conseil
sur le tourisme et la biodiversité pour les pays victimes du tsunami, dont le siège se trouve dans
les locaux des Nations unies à Bonn (Allemagne). Cette unité avait initialement pour mission de
mettre ses compétences et ses conseils au service des gouvernements nationaux et locaux des pays
frappés par le tsunami de 2004 (afin de les aider à remettre sur pied leur infrastructure touristique).
En janvier 2010, le gouvernement allemand a accepté de poursuivre cette coopération avec la
création de l’Unité de conseil de l’OMT sur le tourisme et la biodiversité dans le cadre d’un
accord de financement extraordinaire jusqu’à la fin de 2011. Le mandat de l’Unité a été élargi
pour qu’elle puisse fournir des conseils aux Membres de l’OMT, à leur demande, sur tout ce qui
concerne le tourisme et la biodiversité, sous l’égide et la supervision du Secrétariat de l’OMT.

Les principales tâches de l’Unité de conseil de l’OMT sont les suivantes :

• fournir le soutien nécessaire aux États membres de l’OMT en matière de tourisme durable
centré sur la biodiversité, de planification touristique participative et de relation du tourisme
axé sur la biodiversité avec le développement économique général ;

• soutenir le développement, par les acteurs locaux, de produits du tourisme durable


respectueux de la biodiversité ;

• aider les États membres de l’OMT à trouver de nouvelles sources de financement pour des
projets de développement du tourisme centré sur la biodiversité ;

• mettre en valeur les liens entre biodiversité et tourisme ;

• mieux sensibiliser les intéressés au rôle que joue la biodiversité dans l’adaptation du tourisme
au changement climatique ;

• appliquer les Directives de la CDB sur la biodiversité et le développement touristique de


la Convention sur la diversité biologique (CDB) aux processus de planification dans les
destinations touristiques, et montrer comment les destinations peuvent s’en inspirer pour
gérer le tourisme et la biodiversité ;

• mettre au point des outils de gestion, de communication et de participation, et renforcer la


formation et les capacités pour permettre aux habitants d’être des acteurs et de tirer profit des
projets touristiques liés à la biodiversité ;

• contribuer à la formulation et la mise en œuvre des activités de l’OMT pour la réalisation des
objectifs de la Convention sur la diversité biologique au-delà de 2010.
Introduction 5

L’OMT apporte en outre sa contribution au rapport du Groupe interinstitutions de la gestion de


l’environnement sur la défense de la cause de la biodiversité au sein du système onusien, qui fait
également le lien avec la préparation du Plan stratégique de la CBD pour 2011-2020. Le rapport du
Groupe aide à formuler les buts et objectifs relatifs à la biodiversité pour après 2010 ; il vise à fournir des
informations sur les interactions d’autres secteurs stratégiques du système onusien avec la biodiversité,
à mieux sensibiliser le système onusien à la démarche de la CDB, et à expliquer comment renforcer la
coopération à l’intérieur du système onusien pour faire avancer la cause de la biodiversité. Le rapport
du Groupe sera présenté à la dixième session extraordinaire de l’Assemblée générale des Nations unies
en septembre 2010, et au cours de la dixième réunion de la Conférence des parties à la CDB.
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De plus, dans le cadre de l’Initiative des Nations unies pour une économie verte, l’OMT, de concert
avec le Programme des Nations unies pour l’environnement, est en train de préparer un chapitre et
plusieurs documents de travail démontrant que les investissements dans le tourisme durable contribuent
au développement durable et à une économie verte. La « feuille de route de la reprise » de l’OMT,
conçue pour guider les gouvernements et le secteur touristique face à la crise économique, met aussi
en lumière le rôle de l’économie verte et la nécessité de trouver de bonnes réponses au changement
climatique pour l’avenir des voyages et du tourisme.

1.3 Initiatives mondiales en matière de tourisme et de diversité


biologique
Le secteur touristique agit déjà pour réduire les incidences du tourisme sur la biodiversité et pour
œuvrer à la conservation de cette dernière. Des entreprises touristiques, par exemple, mobilisent des
fonds pour soutenir des projets de conservation et d’autres encouragent les touristes à faire des dons à
des organismes qui s’occupent de conservation dans les régions qu’ils visitent. L’adoption de pratiques
propices à un tourisme durable aide à diminuer les pressions sur la biodiversité, notamment en réduisant
la production de déchets et en améliorer leur manutention et leur gestion, en favorisant un usage plus
raisonné des ressources naturelles, par exemple pour l’approvisionnement en denrées alimentaires, et
en encadrant les activités touristiques de manière qu’elles perturbent le moins possible les végétaux, les
animaux et leurs habitats. Les entreprises touristiques peuvent prendre beaucoup de mesures simples
pour protéger la diversité biologique. L’Initiative des voyagistes pour un développement durable
du tourisme (TOI) – dont l’OMT abrite le secrétariat à Madrid (Espagne) – a produit un document
d’orientation, en association avec le PNUE, l’UNESCO et plusieurs ONG, sur la gestion du tourisme
dans les zones sensibles, dont les déserts, les montagnes et le milieu marin ; de même, l’UICN et Accor
ont collaboré pour produire un guide sur les mesures de défense de la biodiversité à l’intention du
secteur de l’hébergement, intitulé « Biodiversity: My hotel in action ».

Certaines entreprises touristiques font des efforts importants en se lançant dans des activités commerciales
directement liées à la conservation, comme en témoigne le grand nombre de réserves d’espèces sauvages
et de zones protégées qui ont été créées pour le tourisme en Afrique australe. D’autres ont développé
des produits touristiques spécialement à des fins de conservation, en consacrant, par exemple, une
partie de leurs revenus à des projets de conservation spécifiques, et en garantissant un flux de touristes
et, donc des revenus, à des zones où l’argent tiré du tourisme joue un rôle capital dans la conservation.
6 Le tourisme et la diversité biologique – Réaliser les objectifs communs en faveur de la durabilité
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ONG et organisations internationales apportent également leur soutien à des actions en faveur du
tourisme et de la biodiversité. La Fondation des Nations unies, la Rainforest Alliance, le PNUE et l’OMT
ont pris la tête d’une coalition de plus de 40 organisations pour mettre au point les Critères mondiaux du
tourisme durable, dont la biodiversité fait partie. Le Conseil mondial du tourisme durable a été constitué
pour soutenir la mise en application des critères. L’UICN a produit plusieurs documents d’orientation
sur le tourisme et la biodiversité, notamment des directives pour le tourisme dans les parcs et les zones
protégées (Guidelines for Tourism in Parks and Protected Areas), publiées en 2001 en association avec
le PNUE et l’OMT. Cette dernière et le Centre pour le patrimoine mondial de l’UNESCO conjuguent
leurs efforts pour améliorer la gestion du tourisme durable sur les sites du patrimoine mondial. Des
ONG, dont Conservation International, The Nature Conservancy et le WWF, ainsi que des organismes
de développement – SNV, GTZ, USAID et Banque mondiale – sont impliqués dans des projets relatifs
à la biodiversité et au tourisme.
Chapitre 2

La valeur de la diversité biologique


pour le tourisme

La valeur de la diversité biologique pour le tourisme et les services connexes fournis par des écosystèmes
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sains est extrêmement importante. Les économies touristiques de l’Afrique orientale et australe sont
fondées sur la faune et les loisirs en plein air. Environ 20 % des terres de l’Afrique du Sud servent à
l’exploitation du gibier et à la préservation des animaux sauvages, activités qui produisent une forte
proportion des recettes touristiques du pays.1 En Australie, 75 % des touristes internationaux et 55 %
des touristes australiens s’adonnent à des activités de nature ou de plein air2, outre qu’ils séjournent
globalement plus longtemps et dépensent davantage que les autres touristes. Il est ressorti d’enquêtes
que 42 % des voyageurs européens avaient inclus en 2000 la visite de parcs naturels au programme
de leurs vacances.3 En Angleterre, on estime à cinq milliards de livres par an la valeur du tourisme axé
sur la découverte de belles régions naturelles.4 Dans les Caraïbes, les récifs coralliens ont produit en
2000 des recettes touristiques brutes estimées à 4,7 milliards de dollars É.-U. et des recettes nettes de
2,1 milliards de dollars.5 Au Mexique, les zones protégées par l’État fédéral reçoivent actuellement
quelque 14 millions de touristes nationaux et internationaux, qui dépensent au total 660 millions
de dollars É.-U. par an.6 Et aux États-Unis d’Amérique, 87,5 millions de résidents se sont livrés en
2006 à des activités d’observation de la faune, de chasse ou de pêche, pour lesquelles ils ont dépensé
122,3 milliards de dollars, dont 37,5 milliards pour la nourriture, l’hébergement et le transport.7 Aux
États-Unis d’Amérique, 85 % des touristes se concentrent dans les régions côtières – plages, estuaires
et zones humides –, proportion nettement supérieure à celle du tourisme dans les parcs à thème et
les monuments nationaux.8 Ces chiffres illustrent l’ampleur des contributions de la biodiversité à
l’économie touristique.

Naturellement, les touristes amateurs de nature et de plein air font également d’autres choses pendant
leur séjour et ajoutent par exemple à leur programme des circuits, des concerts, la visite de musées
ou des manifestations sportives. La plupart des touristes et des autres voyageurs se livrent à toute sorte
d’activités différentes : les voyageurs d’affaires pourront s’offrir une excursion, par exemple dans un
parc national proche, et des activités comme la plongée autonome ou l’observation des baleines sont
couramment proposées, tout comme des excursions dans des complexes touristiques au bord de la mer.
La majorité des touristes incluent à leur programme de vacances diverses activités et, au moment de
choisir une destination de vacances, ils optent souvent pour des activités de nature ou de plein air qui
exigent un environnement de qualité.

1 Van der Merwe, P. et Saayman, M. (2003), « Determining the Economic Value of Game Farm Tourism », Koedoe 46 (2), p.
103-112.
2 Tourism Australia (2009), Activities Factsheet – Year Ending June 2009 (en ligne), consultable à l’adresse : : http://www.ret.
gov.au/tourism/tra/ snapshots/sheets/Pages/default.aspx (07-09-2010).
3 Secrétariat de la Convention sur la diversité biologique (2008), The Value of Nature: Ecological, Economic, Cultural and Social
Benefits of Protected Areas, Secrétariat de la CDB, Montréal.
4 GHK Consulting Ltd. et GFA-Race Partners Ltd. (2004), Revealing the Value of the Natural Environment in England, a report
to the Department for Environment, Food and Rural Affairs, Londres.
5 World Resources Institute (2004), Reefs at Risk in the Caribbean, WRI, Washington.
6 Secrétariat de la Convention sur la diversité biologique (2008), The Value of Nature: Ecological, Economic, Cultural and Social
Benefits of Protected Areas, Secrétariat de la CDB, Montréal.
7 US Fish and Wildlife Service (2007), National Survey of Fishing, Hunting and Wildlife-Associated Recreation 2006, Washington.
8 Houston, J. R., ‘International Tourism and US Beaches’, Shore and Beach (1996), cité dans 1998 Year of the Ocean – Coastal
Tourism and Recreation (en ligne), consultable à l’adresse : http://www.yoto98.noaa.gov/yoto/meeting/tour_rec_316.html
8 Le tourisme et la diversité biologique – Réaliser les objectifs communs en faveur de la durabilité
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La diversité biologique constitue le principal atout touristique de plusieurs pays en développement


réputés pour leur biodiversité : Madagascar, Ouganda, Tanzanie, Afrique du Sud, Costa Rica, Équateur
et Belize. La richesse de leur biodiversité prend une grande place dans le choix de ces destinations par
les visiteurs même s’il est possible que seulement une partie d’entre eux viennent d’abord pour aller
à la rencontre de bêtes sauvages. Une fois sur place, les visiteurs peuvent aussi décider de prolonger
leur séjour pour découvrir d’autres points d’intérêt, comme des sites culturels ou du patrimoine ou
des centres récréatifs. L’image créée par la biodiversité de ces destinations est donc importante pour
la commercialisation de toutes les formes de tourisme qu’elles offrent, qu’elles soient ou non centrées
principalement sur la diversité biologique.

On observe un net recoupement géographique entre le développement (et la croissance) du tourisme et


les hauts lieux de la diversité biologique, ainsi que les régions à faible développement humain, comme
en témoigne une étude du PNUE et de Conservation International (CI).9 L ’Afrique du Sud, l’Argentine,
le Brésil, Chypre, l’Inde, l’Indonésie, Macao, la Malaisie, le Maroc, le Mexique, la République
dominicaine, la Thaïlande et le Vietnam, par exemple, accueillent chacun plus de deux millions de
visiteurs étrangers par an et abritent une grande diversité biologique. Dans le Nord, beaucoup de
grandes destinations touristiques telles que la Méditerranée, la côte californienne et les Keys en Floride

9 Programme des Nations unies pour l’environnement et Conservation International (2003), Tourism and Biodiversity – Mapping
Tourism’s Global Footprint, CI, Washington.
La valeur de la diversité biologique pour le tourisme 9

sont également très recherchées pour leur biodiversité. Même si dans toutes ces destinations le tourisme
n’est pas entièrement et directement lié à la diversité biologique, celle-ci contribue d’une manière
importante au tourisme dans ces régions.

La même étude PNUE-CI fait ressortir en outre les pressions qui peuvent résulter d’un surdéveloppement
du tourisme. Ainsi, à certains endroits, les visiteurs étrangers sont plus nombreux que les habitants, tandis
qu’ailleurs les réserves d’eau douce sont déjà très limitées par rapport au nombre de touristes reçus.
Même si dans les destinations riches en diversité biologique le tourisme n’est pas toujours directement
lié à la biodiversité, un bon travail de planification et de gestion s’impose si l’on veut empêcher qu’une
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croissance continue du tourisme ait des incidences négatives sur la société et l’environnement, y
compris sur la biodiversité.

2.1 Comprendre la valeur économique de la diversité biologique pour le


tourisme
Du point de vue économique, plusieurs éléments font la valeur de la diversité biologique pour le
tourisme : le prix que les touristes paient pour jouir de la biodiversité et des services écosystémiques ; ce
qu’ils paient directement ou indirectement à d’autres entreprises connexes en contrepartie de biens et
de services complémentaires (nourriture, transport, etc.), et à l’État, sous la forme de taxes, pour utiliser
l’infrastructure ; et l’argent que les travailleurs de ces entreprises touristiques parmi autres dépensent
et qui alimente l’économie, puisque leur emploi et, donc, leurs dépenses sont conditionnées par un
tourisme lié à la biodiversité. Il s’y ajoute la valeur que les services écosystémiques donnent au tourisme
en général comme les sources d’eau douce et d’autres provisions, ainsi que les fonctions de régulation
des écosystèmes qui aident à prémunir le actifs touristiques contre les dommages engendrés par des
phénomènes extrêmes tels que les inondations ou les tornades.

En outre, les sommes effectivement versées par les touristes sont souvent inférieures à ce qu’ils seraient
prêts à payer10, et c’est un point dont il faut tenir compte au moment d’estimer la valeur de la biodiversité
pour le tourisme.

La valeur de la biodiversité pour le tourisme est une notion simple à comprendre, mais elle est plus
compliquée à mesurer. Dans certains cas, comme pour le tourisme autour de récifs coralliens, cette
valeur a été quantifiée. Mais dans beaucoup de cas, sa quantification n’est pas aisée à cause d’un
manque de données utiles, de connaissances insuffisantes sur le rapport précis entre certaines formes
de biodiversité et le tourisme, et des multiples usages liés à la diversité biologique qui font qu’il est
souvent difficile de séparer la valeur de la diversité biologique entre le tourisme et les autres usages
(encadré 3).

On possède des données sur les arrivées de touristes internationaux pour la plupart des pays, mais
elles ne disent pas précisément si chaque touriste voyage à des fins d’agrément ou pour un autre motif
principal comme les affaires ou une visite à des amis ou parents. Ainsi qu’on l’a vu, à un moment donné
de leur séjour, les visiteurs peuvent se livrer à des activités touristiques en rapport avec la biodiversité
même si cette dernière n’est pas le but premier de leur voyage. Les enquêtes apportent des indications
sur le volume du tourisme interne, les motivations de touristes nationaux et internationaux, les endroits
qu’ils visitent et leurs dépenses mais, dans la plupart des cas, il n’existe pas d’enquêtes exhaustives ou
bien elles sont réalisées à des fins de marketing ou commerciales et ne sont pas publiées. D’autre part,
il est souvent difficile de combiner des informations provenant de sources différentes pour en tirer un
tableau complet de la valeur de la diversité biologique pour le tourisme à cause des écarts entre les
méthodes d’enquête employées et entre les questions posées.

10 En science économique, c’est ce qu’on appelle le « surplus du consommateur »; cela représente l’avantage que les
consommateurs obtiennent en étant en mesure d’acheter des biens et des services à des prix plus bas que ceux qu’ils
seraient disposés à payer.
10 Le tourisme et la diversité biologique – Réaliser les objectifs communs en faveur de la durabilité
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Pour ces raisons, il peut s’avérer difficile d’estimer la valeur des contributions de la biodiversité au
tourisme ; ce n’est pas étonnant du fait des limites dont souffrent les techniques utilisées pour évaluer les
services écosystémiques, et du manque de connaissances sur les liens entre les dynamiques économique
et écosystémique, que l’étude TEEB met en évidence11 et qui font que les services écosystémiques sont
sous-évalués, voire absents des décisions prises à tous les niveaux dans les secteurs public et privé.12

Encadré 3 Les multiples usages de la biodiversité


Au moment d’estimer la valeur de diversité biologique pour le tourisme, il importe de reconnaître
que les services écosystémiques rendent possibles de multiples activités économiques et de
subsistance, et que la valeur pour le tourisme n’est donc qu’une partie de la valeur économique
totale de la biodiversité. Les récifs coralliens, par exemple, font vivre les pêcheurs et le tourisme,
en plus de protéger les côtes contre les intempéries. La valeur des récifs coralliens pour le
tourisme ne représente qu’une partie de leur valeur économique totale. Tout comme le tourisme
peut influer sur la valeur économique des récifs coralliens pour d’autres activités économiques
et de subsistance, ces activités peuvent peser sur le tourisme. Toute la difficulté est de trouver un
équilibre entre les différentes utilisations des récifs et d’autres sources de services écosystémiques,
pour que l’ensemble des usages qui sont faits de ces services soit viable. Témoin la création de
refuges de poissons utilisables pour des activités touristiques telles que la plongée autonome et
la plongée libre, mais interdits à la pêche. Ces refuges – comme la réserve marine de Soufrière à
Sainte-Lucie12 – produisent des recettes touristiques, outre qu’ils protègent les stocks de poissons
et accroissent la valeur de la pêche dans les zones adjacentes. Autre exemple, les conservatoires
communautaires créés à plusieurs endroits de l’Afrique, dans lesquels les populations travaillent
avec les entreprises touristiques pour décider des modes d’intégration du tourisme sur les terres
qu’elles possèdent, parallèlement à l’agriculture, à la chasse et à d’autres activités importantes
pour leur subsistance.

11 L’Étude sur l’économie des écosystèmes et de la biodiversité (The Economics of Ecosystems and Biodiversity, ou TEEB) est
une grande opération internationale menée sous l’égide du PNUE destinée à attirer l’attention sur les avantages économiques
offerts par la diversité biologique dans le monde et sur le coût croissant qu’entraînent l’appauvrissement de la diversité
biologique et la dégradation des écosystèmes, ainsi qu’à mobiliser dans un même élan les compétences des scientifiques,
des économistes et des politiques pour que les choses progressent sur le terrain. Pour plus détails sur l’étude TEEB, voir à
l’adresse : http://teebweb.org/
12 (En ligne), consultable à l’adresse : http://www.smma.org.lc/
Chapitre 3

Impacts du tourisme sur la diversité biologique

Le tourisme a des effets positifs et négatifs sur la diversité biologique. Il peut constituer un moyen
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de protéger des zones contre des formes de développement plus préjudiciables et apporter la base
économique nécessaire aux actions de conservation et de restauration des écosystèmes, outre qu’il peut
être à l’origine de la création d’emplois dans les régions où il existe peu d’autres débouchés : la valeur
que revêtent les parcs nationaux pour le tourisme et l’essor des réserves d’espèces sauvages privées
en Afrique du Sud en sont des exemples. Mais le tourisme s’accompagne également d’effets négatifs
importants sur l’environnement, qui s’expliquent par la conversion de terres à des fins touristiques, des
lieux mal choisis pour le tourisme, la pollution et le rejet de déchets, la surexploitation des ressources
naturelles, et les perturbations créées dans la vie des espèces sauvages. Le tourisme peut aussi engendrer
des incidences sociales négatives liées à des conflits entourant l’utilisation des ressources, et à une
incompatibilité entre les activités touristiques et la culture et les valeurs locales, ou en rapport avec
les conditions de travail et les possibilités offertes aux habitants dans les entreprises touristiques. On
trouvera ci-dessous un résumé de ces impacts, dont la liste complète est présentée à l’annexe 2.

3.1 Impacts négatifs


Les principaux impacts négatifs du tourisme sur la diversité biologique sont les suivants.

Conversion de terres à des fins touristiques


Plus le tourisme se développe et plus on observe une augmentation de la surface des terres converties
à des fins touristiques – pour créer, par exemple, des structures d’hébergement ou des installations
touristiques (terrains de golf, etc.) – et une intensification de l’exploitation des zones touristiques
existantes. Le tourisme international croît en moyenne de 3 ou 4 % par an, mais à un rythme au
moins deux fois plus élevé dans de nombreux pays en développement. Le tourisme interne progresse
probablement à un rythme similaire, voire supérieur.

La conversion de terres au tourisme entraîne un appauvrissement d’une diversité biologique qu’il


préserve par ailleurs, et peut également nuire à la biodiversité dans les zones environnantes ; des
constructions peuvent, par exemple, entraver la liberté de mouvement d’animaux et entraîner du même
coup une atomisation de leurs populations. Sur près de 48 000 espèces végétales et animales figurant
sur la Liste rouge d’espèces menacées de l’UICN, 1 761 sont dites menacées par des aménagements
touristiques1. D’autre part, le tourisme mondial se concentre essentiellement dans des zones qui
abritent une proportion importante d’écosystèmes sensibles, notamment dans des régions côtières ou
montagneuses. Le tourisme y est déjà fortement implanté en Europe et en Amérique du Nord, et les
infrastructures touristiques gagnent rapidement du terrain dans beaucoup d’autres régions telles que la
Riviera Maya au Mexique, Punta Cana en République dominicaine, les côtes turques et de nombreuses
parties de l’Asie du Sud-Est et de la Chine.

1 Union internationale pour la conservation de la nature (2010), The IUCN Red List of Threatened Species, version 2010.1 (en
ligne), consultable à l’adresse : http://www.iucnredlist.org (21-06-2010).
12 Le tourisme et la diversité biologique – Réaliser les objectifs communs en faveur de la durabilité

Changement climatique
Le tourisme contribue aux changements climatiques induits par l’homme et aux répercussions qu’ont
ces changements sur la répartition de la diversité biologique du fait des évolutions constatées dans
les régimes des pluies, dans les réserves d’eau, dans les températures relevées et sous d’autres aspects
connexes. Le secteur touristique représente environ 5 % des rejets mondiaux de dioxyde de carbone
dans l’atmosphère.2 Ces rejets proviennent principalement des transports aériens et terrestres, qui sont à
l’origine d’un peu plus de 70 % des émissions du tourisme mondial, devant le secteur de l’hébergement
touristique, avec une part de 21 %.
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Il existe aussi le risque que l’adaptation du secteur touristique aux effets du changement climatique
renforce les pressions qui s’exercent sur la biodiversité à cause de la transformation des modes
touristiques et, notamment, de l’extension du tourisme à des régions nouvelles. En même temps, une
gestion de la diversité biologique axée, par exemple, sur la protection ou la restauration de récifs
coralliens, d’écosystèmes côtiers, de zones humides ou de forêts alpestres peut également favoriser
l’adaptation et la résistance du tourisme au changement climatique.

La réduction des émissions de carbone demeure une priorité du secteur touristique, qu’il s’agisse
d’utiliser l’énergie plus efficacement ou de développer l’utilisation de sources d’énergie renouvelables,
à l’instar du projet Hotel Energy Solutions3. On pourra aussi recourir à des mécanismes volontaires de
réduction des émissions de carbone en faveur de la biodiversité, assortis de procédures approuvées
pour vérifier les diminutions de rejets obtenues avec ces mécanismes.

Surexploitation des ressources pour répondre aux besoins en nourriture, en


matériaux, en eau douce et en équipements de loisir
Lorsque les ressources sont utilisées à un degré qui dépasse leur taux naturel de reproduction ou de
renouvellement, il y a surexploitation. Que l’on pense, par exemple, à la situation des stocks mondiaux
de poissons, dans laquelle la plupart des grandes zones de pêche de la planète pâtissent d’une
exploitation excessive. Le secteur touristique est très demandeur de ressources naturelles, notamment
de denrées alimentaires (et en particulier de produits de la mer) et de matériaux qui sont perçus comme
des biens de luxe ou de prestige, outre qu’il consomme énormément d’eau pour les hôtels, les terrains
de sport et les aménagements paysagers, sans oublier les voies d’accès à des zones naturelles dont il
pour l’agrément des visiteurs.

Un bon travail de planification et de maîtrise des aménagements est capital pour éviter une surexploitation
des ressources naturelles. En outre, il existe des mesures pratiques simples pour aider les entreprises
touristiques en place à limiter les pressions qu’elles exercent sur les ressources naturelles.

Introduction d’espèces étrangères envahissantes


Lorsqu’elles sont introduites dans un milieu qui n’est pas naturellement le leur, les espèces
envahissantes se comportent en mauvaises herbes ou en parasites très vivaces. Leur présence peut
avoir pour conséquence d’obstruer des cours d’eau, de détruire des écosystèmes locaux et de dégrader
des ressources économiques importantes. Ainsi, la prédation des coraux par l’étoile de mer épineuse
(Acanthaster planci) peut gravement endommager les récifs, réduire l’attrait qu’ils présentent pour les
touristes, diminuer la productivité des espèces de poissons qui s’en nourrissent, et nuire aux autres
services environnementaux qu’ils fournissent.4 Il arrive que le tourisme lui-même introduise des espèces

2 Organisation mondiale du tourisme et Programme des Nations unies pour l’environnement (2008), Climate Change and
Tourism – Responding to Global Challenges, OMT, Madrid.
3 www.hotelenergysolutions.net – Hotel Energy Solutions est une initiative cofinancée par la Commission européenne. L’OMT
en assure la coordination, avec le Programme des Nations unies pour l’environnement, l’Association internationale de
l’hôtellerie et de la restauration, le Conseil européen pour les énergies renouvelables et l’Agence française de l’environnement
et de la maîtrise de l’énergie.
4 Groupe des spécialistes de espèces envahissantes de l’UICN (en ligne), consultable à l’adresse : http://www.issg.org/.
Impacts du tourisme sur la diversité biologique 13

indésirables, par exemple à cause de l’utilisation d’espèces esthétiques mais envahissantes telles que
la jacinthe d’eau dans les jardins et parcs paysagers. La Conférence des parties à la CDB a soulevé
le problème des espèces étrangères envahissantes introduites et propagées par le tourisme, et elle a
demandé à l’OMT et à d’autres organismes de faire un travail de sensibilisation, d’élaborer des codes
de pratique et de prendre d’autres mesures pour remédier à ce problème en rapport avec les activités
touristiques.5

Pollution
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La pollution peut avoir des effets dommageables sur la biodiversité, qu’elle provienne des eaux usées,
notamment des effluents des égouts, ou des déchets solides produits par le tourisme, ou encore des
engrais et pesticides utilisés sur des lieux touristiques comme les terrains de sport et les espaces
paysagers. Dans de nombreuses régions du monde, le traitement des eaux usées est limité, et leur
élimination engendre un processus d’eutrophisation par lequel l’apport de matières nutritives active
la croissance de certains organismes et déséquilibre le fonctionnement des écosystèmes. Les milieux
aquatiques sont très sensibles à l’eutrophisation et, en particulier, les coraux supportent mal la moindre
augmentation de la concentration d’azote et de phosphore dans l’eau qui les entoure.

De même, la gestion des déchets solides laisse à désirer dans beaucoup de destinations touristiques,
où les déchets se répandent dans l’environnement et portent préjudice à la faune. Les engrais utilisés
sur les terrains de sport et dans les domaines paysagers peuvent également dégrader la qualité de l’eau
dans les bassins versants et, ajoutés aux pesticides, créer des dégâts dans la végétation naturelle ainsi
que dans la faune.

Perturbation des espèces sauvages


Beaucoup d’espèces animales et végétales sont sensibles aux perturbations provoquées par les activités
humaines. La végétation que l’on trouve dans les montagnes ou les dunes côtières, par exemple, souffre
d’être régulièrement piétinée et peut même disparaître entièrement aux endroits très fréquentés, ce
qui les expose à l’érosion. Les animaux peuvent être gênés par le tourisme à de nombreux égards.
Les guépards, par exemple, chassent moins bien lorsqu’un grand nombre de touristes et de véhicules
se trouvent à proximité ; les tortues sont gênées par l’éclairage des hôtels le long des plages où elles
pondent, éclairage qui peut désorienter les nouveau-nés et les empêcher de trouver le chemin de la
mer ; et il arrive que des plongeurs endommagent les coraux par accident. En outre, ces perturbations
pèsent sur le taux de reproduction de la plupart des espèces même si certaines espèces, notamment
celles qui vivent dans les villes, sont moins sensibles que d’autres.

Il est possible de limiter les impacts négatifs du tourisme au moyen de mesures simples, en organisant
par exemple des contrôles pour protéger des hauts lieux de la biodiversité et des zones sensibles contre
le développement du tourisme, en appliquant des techniques de gestion de l’environnement pour
réduire le volume de déchets et pour les traiter et les éliminer proprement, en mettant en place des
mécanismes pour que le tourisme s’approvisionne uniquement à des sources durables, et en maîtrisant
la taille des groupes de touristes pour perturber le moins possible la vie sauvage.

5 COP 8 Decision VIII/27 – Alien species that threaten ecosystems, habitats or species (Article 8 (h)) ; et COP 9 Decision IX/4
– In-depth review of ongoing work on alien species that threaten ecosystems, habitats or species.
14 Le tourisme et la diversité biologique – Réaliser les objectifs communs en faveur de la durabilité

3.2 Impacts positifs


Voici quels sont les principaux impacts positifs du tourisme.

Emploi et développement économique


Selon l’OMT, le tourisme représente plus de 75 millions d’emplois directs dans le monde.6 Beaucoup
de ces emplois sont liés à l’attrait qu’un environnement de grande qualité exerce généralement sur les
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touristes, en plus de ceux associés aux destinations dont le tourisme de nature constitue le fond de
commerce. Les revenus et les emplois induits localement par le tourisme axé sur la biodiversité peuvent
fortement inciter les populations, les autorités et les gouvernements locaux à protéger la diversité
biologique et à y investir. Les réserves d’espèces sauvages créées en Namibie et en Afrique du Sud
apportent la preuve que le tourisme centré sur la conservation est économiquement rentable et qu’il
produit des emplois.

Recettes d’exportation
Le tourisme est une importante source de recettes d’exportation dans beaucoup de pays, comme
le Kenya, l’Afrique du Sud et de nombreux pays des Caraïbes, où les activités touristiques reposent
essentiellement sur la diversité biologique et des services écosystémiques de grande qualité.

Affectation des revenus à la gestion des zones protégées


Les recettes tirées des droits d’entrée et des droits d’utilisation dans les zones protégées et les parcs
peuvent servir à leur gestion. Au Kenya, par exemple, la gestion des parcs nationaux est financée
principalement par le tourisme, tandis que durant l’exercice 2000-2001, Parcs Canada a enregistré des
recettes brutes de 84,7 millions de dollars CAN, dont 30,1 millions de droits d’entrée, 14,3 millions
provenant des locations et concessions, et 10,9 millions des droits de camping.7 Selon une estimation,
le coût d’entretien d’un réseau mondial de zones protégées (qui se situe dans une fourchette de 1,1 à 2,5
milliards de dollars É.-U. par an) représente entre 7 et 15 % des bénéfices réalisés dans les destinations
dont le principal atout réside dans des zones protégées,8 et que « les flux financiers touristiques
peuvent donc contribuer beaucoup plus largement à la gestion du patrimoine mondial à conserver. Il
est aujourd’hui clair que les recettes touristiques ne doivent pas être l’unique ni la principale source
de financement des parcs (car on sait que le chiffre des recettes fluctue avec les marchés, et parce que,
souvent, le paiement des services touristiques et aux visiteurs n’a pas de rapport avec les stratégies en
faveur de la biodiversité), mais on observe une nette tendance à l’augmentation de la contribution du
tourisme au financement de zones protégées »

L’encadré 4 présente quelques exemples supplémentaires de recettes touristiques produites dans les
parcs, les zones protégées et les réserves.

6 Le World Travel and Tourism Council (WTTC) a calculé que le tourisme et les voyages induisent 235 millions d’emplois directs
et indirects.
7 Secrétariat de la Convention sur la diversité biologique (2008), Protected Areas in Today’s World: Their Values and Benefits
for the Welfare of the Planet, Technical Series No 36, Secrétariat de la CDB, Montréal.
8 Ibid. Cette estimation se présente dans les termes suivants : « Selon l’Organisation mondiale du tourisme (OMT), les recettes
du tourisme international dans le monde se sont élevées à 735 milliards de dollars É.-U. en 2006. Si l’on prend pour
hypothèse prudente que le volume du tourisme interne en nombre de visiteurs est jusqu’à sept fois supérieur, avec des
dépenses par individu inférieures de moitié, ce qui donne un multiplicateur de 3,55, les recettes touristiques dans le monde
peuvent être chiffrées à quelque 2 400 milliards de dollars É.-U. par an. Si l’on prend également pour hypothèse que
l’industrie touristique dégage une rentabilité d’environ 5 %, et que (hypothèse là encore prudente) seuls 15 % des touristes
dans le monde se rendent dans des zones protégées, le manque à gagner imputable aux zones protégées, de 1,7 milliard de
dollars É.-U., équivaudrait à moins de 10 % des bénéfices réalisés dans les destinations dont le principal atout réside dans
des zones protégées. »
Impacts du tourisme sur la diversité biologique 15
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Sensibilisation des touristes à la biodiversité et à la nécessité de la conserver


L’expérience vécue au contact de la biodiversité et d’environnements de grande qualité peut aider les
touristes à comprendre et approuver la nécessité de préserver la diversité biologique.

On ne peut espérer des impacts positifs qu’au prix d’un bon travail de planification, et d’un dialogue
régulier avec les acteurs locaux pendant les phases de planification et de mise en œuvre des
aménagements et des activités touristiques. En particulier, le tourisme incitera à protéger la biodiversité
uniquement si les revenus et les emplois qu’il génère sont équitablement répartis entre les habitants et
les communautés sur place. Si seules quelques personnes tirent profit du tourisme ou si la plupart des
travailleurs viennent d’ailleurs, il est probablement que le tourisme engendrera localement des tensions
et du ressentiment et qu’il rafraîchira les ardeurs des acteurs prêts à préserver la diversité biologique. Il
importe tout autant de s’assurer que le tourisme et les mesures de conservation ne créent pas de charges
supplémentaires pour les populations locales, et qu’ils n’entravent pas ou n’empêchent pas leur accès à
leurs moyens de subsistance. On reviendra sur ces facteurs dans la section sur le tourisme, la réduction
de la pauvreté et la diversité biologique. 91011

Encadré 4 Illustrations de la valeur des parcs, zones protégées et espèces sauvages pour
le tourisme
Parcs urbains, États-Unis d’Amérique
Bien que les villes occupent seulement 2 % de la surface terrestre, leurs habitants consomment
75 % des ressources naturelles de la planète.9 Les parcs urbains sont appréciés pour les possibilités
de détente qu’ils offrent et pour les espèces sauvages qu’ils abritent. Ils présentent aussi un intérêt
pour l’économie des villes en donnant de la valeur au parc immobilier, en augmentant les recettes
municipales et en incitant des personnes qualifiées à venir travailler et vivre dans ces villes.10
Il est ressorti d’une analyse effectuée aux États-Unis11 que les visiteurs venus à San Diego et
Philadelphie attirés par leurs parcs avaient dépensé environ 115 millions de dollars É.-U. dans
chacune d’elles.

9 Programme des Nations unies pour l’environnement et Programme des Nations unies pour les établissements humains
(2005), Ecosystems and Biodiversity: The Role of Cities, PNUE, ONU-HABITAT, Nairobi.
10 « How Cities Use Parks for Economic Development » (2002), City Parks Forum Briefing Papers 03, Chicago.
11 « How Much Value Does the City of Philadelphia Receive from its Park and Recreation System? A Report by The Trust for
Public Land’s Center for City Park Excellence for the Philadelphia Parks Alliance » (2008), Philadelphia et « Measuring the
Economic Value of a City Park System » (2009), The Trust for Public Land, San Francisco.
16 Le tourisme et la diversité biologique – Réaliser les objectifs communs en faveur de la durabilité

Zone de conservation de la Grande barrière de corail, Australie


La valeur totale (directe et indirecte) ajoutée par le tourisme à l’Australia’s Great Barrier Reef
Conservation Area (GBRCA) en 2006-2007 s’est élevée à 3 344 millions de dollars AUS, et il s’y
est ajouté 1 773 de dollars AUSdépensés par les touristes ailleurs en Australie à l’occasion de leur
visite de la GBRCA.12

Réserve de la forêt pluviale de Monteverde, Costa Rica


Lors d’une enquête auprès des visiteurs, 28 % des personnes interrogées ont indiqué qu’elles
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ne seraient pas venues dans la Réserve de la forêt pluviale de Monteverde si elle n’avait pas
abrité les deux espèces d’oiseaux emblématiques que sont le quetzal resplendissant et l’araponga
tricaronculé. Cela signifie que, sur un total de 62,6 millions de dollars É.-U., la protection des
habitats de ces oiseaux sur le versant pacifique rapportent 17,5 millions.

Routes ornithologiques, Afrique du Sud


La Route ornithologique du Zululand et celle du Grand Limpopo représentent une valeur
économique directe estimée à 50 millions de rands (6,8 millions de dollars É.-U.) par an pour
l’Afrique du Sud, somme dont la plus grande partie profite aux populations locales.13 Les touristes
le long des routes ornithologiques des idées d’itinéraires, des guides locaux compétents et des
structures d’hébergement dans des secteurs où les oiseaux abondent et sont protégés.

Réintroduction du loup dans la région de Yellowstone, États-Unis d’Amérique


Depuis la réintroduction du loup dans la région de Yellowstone au milieu des années 1990, des
admirateurs de cet animal venus du monde entier affluent dans le parc. Quelque 90 000 visiteurs
dépensent 35 millions de dollars É.-U. supplémentaires chaque année.14 Les sociétés locales
d’observation de la faune se sont adaptées pour répondre à la demande d’un nombre croissant
de touristes venus dans l’espoir de voir des loups en pleine nature. Le moment le plus propice est
l’hiver, saison qui, auparavant, était plutôt calme pour les entreprises touristiques, et cet intérêt
pour l’observation des loups permet auxdites entreprises de faire des affaires sur une plus longue
période.

Observation des baleines à Hawaii, États-Unis d’Amérique


L’arrivée des baleines à bosse à la mi-décembre sur les côtes hawaïennes, où elles viennent
s’alimenter durant l’hiver, coïncide exactement avec la haute saison touristique sur ces îles et
constitue une source de recettes supplémentaires pour les voyagistes locaux et autres entreprises
touristiques. En effet, 370 000 visiteurs achètent chaque année des billets d’une valeur totale
de plus de 11 millions de dollars É.-U. pour partir en excursion observer les baleines. En outre,
quelque 62 000 visiteurs font des sorties de plongée libre pour observer les baleines, ce qui
représente des recettes additionnelles de 4,5 millions de dollars É.-U. tous les ans. Tout le secteur
de l’observation des baleines, y compris des individus plus petits et des dauphins, représente, en
ventes de billets pour les excursions en bateau, une somme supérieure à 16 millions de dollars É.-U..
Enfin, on estime qu’environ 448 000 amoureux des baleines dépensent dans d’autres services
touristiques au total entre 19 et 27 millions de dollars É.-U. par an.15

1213 14 15

12 Access Economics Pty Ltd (2008), Economic Contribution of the GBRMP, 2006-07 Proposal for the Great Barrier Reef
Marine Park Authority, Canberra.
13 BirdLife International Press Release (2008), Avitourism Takes off’ in South Africa (Online), available: http://www.birdlife.org/
news/news/2008/04/SA_Birding_Routes.html (09-04-2008).
14 Defenders of Wildlife (2007), Conservation Pays How Protecting Endangered and Threatened Species Makes Good Business
Sense, Defenders of Wildlife, Washington.
15 Ibid.
Chapitre 4

Biodiversité et tourisme durable


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Le développement durable est un des axes moteurs des politiques nationales et internationales de
l’environnement et du développement. Il se définit le plus souvent comme un processus « qui répond
aux besoins du présent sans compromettre la possibilité, pour les générations à venir, de pouvoir
répondre à leurs propres besoins ».1 Ce principe, officiellement adopté par la Conférence des Nations
unies sur l’environnement et le développement tenue à Rio de Janeiro en 1992, est désormais au coeur
des accords internationaux sur l’environnement, et repris dans la législation de nombreux pays.

Le tourisme durable est un tourisme qui met en application les principes et pratiques du développement
durable. Il a pour objectif premier de rendre toutes les activités touristiques plus viables. Cette règle
vaut autant pour le tourisme de masse que pour toutes les formes de tourisme à plus petite échelle.2 Le
rapport entre tourisme durable et biodiversité est simple : le premier doit contribuer à la conservation
de la seconde.3

Depuis la conférence de Rio, plusieurs batteries de principes et de critères ont été élaborées pour
encadrer la mise en pratique du développement durable dans le secteur touristique. Ils se ressemblent
tous de près, et une panoplie de critères mondiaux du tourisme durable (GSTC) est entrée en vigueur
en 2008 dans le droit fil d’une initiative mondiale engagée par la Fondation des Nations unies, le
Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) et l’Organisation mondiale du tourisme
(OMT). Les GSTC ont été mis au point à l’issue d’un important travail d’analyse et de consultation,
en tenant compte des principes et critères existants. Les GSTC constituent un ensemble de normes
volontaires minimales que toute entreprise touristique ou tout organisme de certification doit s’efforcer
de respecter pour protéger et pérenniser les ressources naturelles et culturelles de la planète tout en
s’assurant que le tourisme remplit sa fonction dans la lutte contre la pauvreté.4

1 Commission mondiale sur l’environnement et le développement (1987), Notre avenir à tous, Oxford.
2 Programme des Nations unies pour l’environnement et Organisation mondiale du tourisme (2005), Vers un tourisme durable
– Guide à l’usage des décideurs, PNUE, Paris.
3 Secrétariat de la Convention sur la diversité biologique (2007), Managing Tourism and Biodiversity, User’s Manual on the CBD
Guidelines on Biodiversity and Tourism Development, Secrétariat de la CDB, Montréal, p. 12.
4 http://www.sustainabletourismcriteria.org/.
18 Le tourisme et la diversité biologique – Réaliser les objectifs communs en faveur de la durabilité

Les GSTC sont structurés autour de quatre grands chapitres :

1) planification et gestion efficaces de la durabilité ;

2) optimisation des avantages sociaux et économiques pour la communauté locale ;

3) mise en valeur du patrimoine culturel ;

4) optimisation des avantages et limitation des impacts négatifs pour l’environnement.


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Le dernier chapitre comprend une section sur la conservation de la biodiversité, des écosystèmes et
des paysages, avec des dispositions spécifiques ayant pour objet de protéger les espèces sauvages,
d’éviter l’introduction d’espèces envahissantes et de faire en sorte que l’activité touristique contribue
au maintien de la diversité biologique, notamment à préserver les zones naturelles protégées et les
zones riches en biodiversité. Il contient en outre une liste d’indicateurs utiles pour orienter les actions
de conservation.

Les GSTC fournissent aux entreprises touristiques de toute taille des lignes directrices générales qui
leur apprennent à travailler d’une manière plus raisonnée, et qui aident les destinations, les pouvoirs
publics et d’autres acteurs à élaborer des programmes en faveur d’un tourisme durable. Les GSTC sont
conformes à la définition du tourisme durable selon l’OMT, soit un tourisme qui doit :

1) faire un usage optimal des ressources environnementales qui sont un élément clé du développement
du tourisme, en préservant les processus écologiques essentiels et en contribuant à la conservation
des ressources naturelles et de la biodiversité ;

2) respecter l’authenticité socioculturelle des communautés d’accueil, conserver leur patrimoine


culturel bâti et vivant, ainsi que leurs valeurs traditionnelles, et contribuer à la tolérance et à la
compréhension interculturelles ;

3) garantir des activités économiques viables à long terme en apportant à tous les acteurs des
retombées socio-économiques équitablement réparties, notamment des possibilités d’emploi et
de revenus stables, des services sociaux aux communautés d’accueil, et en contribuant à la lutte
contre la pauvreté ;

4) le développement d’un tourisme durable exige la participation éclairée de toutes les parties
prenantes concernées, ainsi qu’une volonté politique forte pour garantir une large participation et
un large consensus. Assurer la viabilité du tourisme est un processus continu qui exige un contrôle
permanent des impacts, et l’introduction de mesures préventives et/ou correctives nécessaires en
tant que de besoin.

5) le tourisme durable doit également maintenir un haut niveau de satisfaction des touristes et
leur permettre de vivre des expériences intéressantes, en les sensibilisant aux problèmes de
développement durable et en leur faisant mieux connaître les pratiques de tourisme durable.

On trouvera à l’annexe 3 une liste complète des 12 objectifs du tourisme durable tels qu’ils ont été
énoncés dans la publication Vers un tourisme durable par l’OMT et le PNUE pour aider les gouvernements
et les responsables politiques à faire du tourisme durable une réalité.

Vers un tourisme durable recense les principaux domaines d’action qui sont directement liés à la
diversité biologique et aux services écosystémiques.
Biodiversité et tourisme durable 19

Intégrité du milieu naturel


• S’assurer que tout nouvel aménagement touristique convient à l’environnement local.

• Limiter les incidences de l’activité touristique sur le milieu.

• Préserver les ressources touristiques que sont des paysages ruraux et urbains de grande qualité.
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Diversité biologique
• Travailler avec les parcs nationaux et autres zones protégées.

• Faciliter le développement et la gestion de l’écotourisme.

• Utiliser le tourisme pour encourager les propriétaires à pratiquer une gestion raisonnée de leurs
terres.

• Travailler avec les parcs et réserves privés.

• Limiter les dommages provoqués par le tourisme au patrimoine naturel.

• Sensibiliser les visiteurs à la diversité biologique.

• Obtenir le soutien des visiteurs et des entreprises au service de la conservation.

Utilisation efficace des ressources


• Tenir compte des ressources disponibles au moment de planifier une opération touristique, et
inversement.

• Limiter la consommation d’eau par le secteur touristique.

• S’assurer que l’on fait bon usage des terres et des matières premières dans tout projet touristique.

• Encourager l’évolution des mentalités vers le respect des principes suivants : économiser, réutiliser,
recycler.

Pureté de l’environnement
• Favoriser l’utilisation de modes de transport plus durables.

• Réduire l’utilisation de produits chimiques nocifs pour l’environnement.

• Éviter le rejet des égouts dans les océans et les cours d’eau.

• Limiter les déchets et les éliminer avec précaution.

• Agir sur la création de nouvelles installations touristiques.

D’autre part, la réalisation de nombreux autres objectifs du tourisme durable dépend au moins en
partie de la protection apportée à la biodiversité. Cette dernière conditionne largement, par exemple,
la satisfaction retirée par les visiteurs et l’état bien-être de la communauté, et le tourisme dépend sous
tous ses aspects des services écosystémiques.
20 Le tourisme et la diversité biologique – Réaliser les objectifs communs en faveur de la durabilité

4.1 Directives de la CDB sur la biodiversité et le développement


touristique
Les objectifs et processus définis dans le document Vers un tourisme durable sont en phase avec
l’approche suivie dans les Directives de la CDB sur la biodiversité et le développement touristique
(encadré 5). Ces directives et le Guide qui les accompagne mettent l’accent sur la nécessité d’un
tourisme qui respecte les principes de conservation et d’utilisation raisonnée de la diversité biologique.
Ils couvrent toutes les formes de l’activité touristique et s’appliquent au tourisme qui a des incidences
sur la biodiversité dans quelque région ou destination que ce soit.
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Encadré 5 Élaboration des Directives de la CDB sur la biodiversité et le développement


touristique
Les Directives de la CDB sur la biodiversité et le développement touristique, à l’élaboration
desquelles l’OMT a participé, ont été adoptées en 2004 ; elles sont conformes (et elles contribuent
à leur mise en pratique) aux instruments internationaux conçus pour favoriser la durabilité dans les
diverses branches du tourisme, notamment la Déclaration de Québec de 2002 sur l’écotourisme,
les principes d’application du tourisme durable selon le PNUE (2002), le Code mondial d’éthique
du tourisme adopté en 1999 par l’Organisation mondiale du tourisme, la Déclaration de Manille de
1997 sur l’impact du tourisme sur la société, et la Déclaration de Berlin de 1997 sur la biodiversité
et le tourisme durable. Les Directives tiennent également compte des dispositions de la CDB
concernant, entre autres, l’approche écosystémique, et les Lignes directrices optionnelles d’Akwé:
Kon relatives aux aménagements qui portent atteinte aux communautés indigènes et locales.

Les Directives de la CDB sur la biodiversité et le développement touristique définissent un cadre à suivre
pour réussir un développement du tourisme plus durable en améliorant le rapport de réciprocité entre le
tourisme et la biodiversité, en engageant le secteur privé et les communautés locales et indigènes, et en
favorisant une planification de l’utilisation des infrastructures et des terres fondée sur les principes de la
conservation et de l’exploitation raisonnée de la diversité biologique.5 Pour la mise en application de ce
cadre, les Directives incluent des instructions sur l’élaboration des politiques, et sur la planification et la
gestion du développement, notamment aux chapitres suivants : recueil d’informations de base pour que
l’on puisse évaluer les impacts et prendre des décisions éclairées ; formulation d’une vision globale et
d’objectifs pour le développement du tourisme et la gestion de la diversité biologique en tenant compte
des facteurs locaux ; évaluation, gestion et atténuation des impacts ; surveillance et gestion adaptée.
Selon les Directives, la clé de ce processus réside dans la participation de tous les intéressés, y compris
des communautés indigènes et locales qui sont ou peuvent être affectées par le développement du
tourisme.

Le tableau illustre le rapport entre le processus de mise en oeuvre du tourisme durable établi dans la
publication conjointe du PNUE et l’OMT Vers un tourisme durable – Guide à l’usage des décideurs,
et celui défini dans les Directives de la CDB sur la biodiversité et le développement touristique. Les
deux indiquent que, pour guider les politiques et mesures adoptées, il est primordial d’arrêter des
stratégies claires pour un tourisme durable, et qu’à cette fin il importe de s’inscrire dans une démarche
participative qui fasse intervenir différents acteurs pour que le plus grand nombre adhère à la stratégie
choisie et s’engage à l’appliquer. Il ressort également des deux processus qu’il est important de suivre
une optique commerciale et d’impliquer le secteur privé si l’on vise à un tourisme durable qui contribue
à préserver la biodiversité. Pour réussir, les projets touristiques (qu’ils concernent les infrastructures ou
les investissements du secteur public, des ONG et des communautés) doivent respecter les conditions
fondamentales à remplir pour un développement commercialement viable du tourisme, y compris les
exigences des entreprises touristiques et des touristes en matière d’accès, de sécurité, de qualité et de
bonne gestion.6

5 Secrétariat de la Convention sur la diversité biologique (2004), Directives de la CDB sur la biodiversité et le développement
touristique, Secrétariat de la CDB, Montréal.
6 Programme des Nations unies pour l’environnement (2005), Forging Links between Protected Areas and the Tourism Sector.
How Tourism Can Benefit Conservation, PNUE, Paris.
Biodiversité et tourisme durable 21

Tableau 1 Rapport entre les processus de mise en oeuvre des Directives de la CDB et le tourisme
durable

Directives de la CDB sur la biodiversité Vers un tourisme durable : Guide à l’usage des décideurs
et le développement touristique

Renseignements de base Analyse des conditions, problèmes et possibilités.

Vision et buts Définition des objectifs et choix des solutions.

Objectifs Mise au point de mesures et de programmes d’action.


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Législation et mesures de contrôle Importance de l’aménagement du territoire et maîtrise du


développement.
Adaptation des stratégies touristiques aux plans d’utilisation de
l’espace et des sols.
Aménagement du territoire pour un tourisme plus durable.
Législation favorable à un tourisme durable.
Inscription de l’impératif de durabilité dans la loi nationale sur le
tourisme.
Harmonisation et synchronisation de la législation.
Instruments d’encadrement et de contrôle – permettre aux pouvoirs
publics d’exercer un contrôle strict sur certains aspects du
développement et des opérations, avec une législation qui les y
autorise.

Évaluation des impacts Évaluation des impacts sur l’environnement.

Gestion et atténuation des impacts Application de règlements spécifiques.


Prise de décision Règlements sur le développement et documents de planification.
Processus de maîtrise du développement.

Mise en œuvre Octroi de licences :


• Application plus rigoureuse des règles.
• Instruments économiques : influer sur les comportements et les
impacts en employant des moyens financiers et en envoyant des
signaux par l’intermédiaire du marché.
Instruments volontaires : prévoir des cadres d’action ou des processus
qui encouragent les acteurs à opter spontanément pour des
démarches et des pratiques durables.

Surveillance et information Utilisation d’indicateurs dans l’élaboration et la planification des


politiques.
Critères de sélection et de révision des indicateurs.
Gestion adaptée Surveillance de la durabilité.
Établissement de points de référence.
Instruments de mesure : déterminer le niveau de l’activité touristique
et de ses impacts, et se tenir au courant des changements en cours
ou potentiels.

Éducation, renforcement des Renforcement des capacités des communautés locales.


capacités et sensibilisation Renforcement des institutions.
Garantie d’une bonne information des acteurs locaux, avec les
explications utiles.
Influence sur le comportement des consommateurs et sensibilisation.
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Chapitre 5

Rôle du tourisme dans la protection


de la biodiversité
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Le travail de planification et la maîtrise du développement sont essentiels pour assurer la durabilité du


tourisme et la protection de la biodiversité dans le sens où non seulement ils influencent le développement
touristique à proprement parler mais ils régulent les autres formes de développement qui risquent de
nuire à la viabilité économique du tourisme à court ou long terme. La protection de la biodiversité dans
la perspective du tourisme exige que les activités touristiques soient planifiées et se développent en
tenant pleinement compte des questions relatives à la biodiversité et en maintenant les zones sensibles
à l’écart des aménagements, et que le déroulement et la gestion des activités touristiques ne portent
pas préjudice, ou qu’un préjudice limité, à la diversité biologique, tout en optimisant les retombées
du tourisme en faveur de la conservation de la biodiversité. Il faut pour cela s’assurer que, par leurs
effets cumulés et leur dimension, les activités touristiques n’aboutissent pas à une surexploitation des
ressources naturelles dans quelque localité que ce soit. Les mécanismes à employer dans ce but – dont
l’application du système de planification, des normes et de la réglementation – sont inscrits dans la
publication Vers un tourisme durable et les Directives de la CDB sur la biodiversité et le développement
touristique. Nous allons revenir sur les implications, pour le tourisme, de l’Objectif biodiversité de 2010
et des années suivantes, avec les solutions proposées dans l’étude TEEB.

Le secteur touristique offre les incitations et possède la capacité nécessaire pour jouer un rôle significatif
dans la protection de la biodiversité. Ainsi qu’on l’a dit, les exemples ne manquent pas d’actions
engagées par le secteur pour aider à protéger la diversité biologique et à retirer, grâce à un tourisme
durable, des avantages économiques de la protection de la biodiversité. Ces actions valent pour tous
les types d’activités touristiques, les grandes comme les petites. Même en milieu urbain, le secteur
touristique laisse une empreinte sur la diversité biologique à une grande échelle : des actions comme
le fait de s’assurer que la nourriture provient de sources durables ou que les hôtels font auprès de leurs
clients de la publicité pour des circuits qui contribuent à préserver la diversité biologique peuvent aider
à protéger la biodiversité et les services écosystémiques.
24 Le tourisme et la diversité biologique – Réaliser les objectifs communs en faveur de la durabilité

5.1 Les objectifs de la biodiversité pour 2010 et après


L’Objectif biodiversité de 2010, qui est d’aboutir d’ici 2010 à une forte réduction du rythme auquel
la diversité biologique s’appauvrit aux niveaux international, régional et national pour contribuer à la
lutte contre la pauvreté et la protection de toutes les formes de vie sur Terre a été adopté en 2002 par
les parties à la Convention sur la diversité biologique1.

Cet objectif a été approuvé lors du Sommet mondial des Nations unies sur le développement durable
en 2002, avant d’être complètement inclus en 2006 aux objectifs du Millénaire pour le développement.
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Le dernier bilan de l’état de la biodiversité et des progrès réalisés au titre de l’Objectif biodiversité de
2010, tel qu’il apparaît dans les Perspectives mondiales de la diversité biologique 3 (GBO3), indique
qu’aucun des objectifs n’a été atteint, mais que des avancées ont été accomplies pour certains d’entre
eux, notamment l’augmentation de la superficie des écosystèmes terrestres préservés.

Le message global qui ressort des GBO3 est le suivant : « il n’est plus possible de voir dans l’appauvrissement
continu de la biodiversité un problème sans rapport avec les grands défis qui se posent à la société :
lutter contre la pauvreté, améliorer la santé, la prospérité et la sécurité des générations présentes et
futures, et faire face au changement climatique. La réalisation de chacun des objectifs est minée par
l’évolution actuelle de l’état de nos écosystèmes, et sera sensiblement améliorée si nous accordons
enfin à la biodiversité l’importance qu’elle mérite. »

Selon le Secrétariat de la CDB, la plupart des causes de la perte de biodiversité n’ont pas été sérieusement
traitées, ou il n’y a pas eu d’actions menées pour assurer à long terme la viabilité des bénéfices retirés
des services écosystémiques. En outre, les actions menées sont rarement à la hauteur des problèmes
qu’elles sont censées régler.

Pour que l’objectif de 2010 puisse être atteint, les GBO3 soulignent la nécessité de mesures efficaces
qui permettent de remédier aux causes sous-jacentes ou aux facteurs indirects de l’appauvrissement de
la biodiversité, et en particulier :2

• pour que, face à une demande croissante, les terres, l’énergie, l’eau douce et les matières premières
soient mieux employées ;

1 Dans le Plan stratégique de la Convention sur la diversité biologique (CDB), Décision VI/26 de la Conférence des parties
(COP). Par la Décision VII/30, la COP a adopté un cadre de travail pour faciliter l’évaluation des progrès accomplis dans
la réalisation de l’Objectif biodiversité de 2010 et la communication des résultats de cette évaluation, et de nouvelles
améliorations ont été apportées avec la Décision VIII/15.
2 Secrétariat de la Convention sur la diversité biologique (2010), Perspectives mondiales de la diversité biologique 3, Secrétariat
de la CDB, Montréal, p. 11-12.
Rôle du tourisme dans la protection de la biodiversité 25

• pour stimuler le marché et éviter les subventions aux effets pervers afin de limiter les utilisations
incontrôlées des ressources et les gaspillages dus à la consommation ;

• pour se donner une stratégie bien planifiée concernant l’utilisation des terres, des eaux intérieures
et des ressources marines afin de concilier le développement avec la conservation de la biodiversité
et le maintien de multiples services écosystémiques. Certaines actions obligent à engager des
dépenses ou à faire des compromis qui ne sont que modestes mais peuvent se traduire pour la
diversité biologique par des gains relativement importants ;

• pour s’assurer que les bénéfices retirés de l’accès à des ressources génétiques et à des savoirs
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traditionnels connexes (avec la mise au point de médicaments et de produits cosmétiques, par


exemple) ainsi que de leur utilisation sont équitablement partagés avec leurs pays et cultures
d’origine ;

• pour communiquer, éduquer et sensibiliser afin de s’assurer que, autant que possible, chacun
comprend ce qui fait la valeur de la biodiversité et quelles mesures il peut prendre pour la protéger,
en changeant de mode de consommation et de comportement, par exemple.

On attend de la Conférence des parties à la Convention sur la diversité biologique qu’à sa dixième
réunion qui se tiendra à Nagoya (Japon) en octobre 2010 elle adopte pour la période postérieure
à 2010 un ensemble remanié et actualisé d’objectifs en faveur de la biodiversité, dans le cadre du
Plan stratégique 2011-2020 de la Convention. Dans un rapport destiné à l’Organe subsidiaire chargé
de fournir des avis scientifiques, techniques et technologiques. le Secrétariat de la Convention a
recommandé que ce plan stratégique ait pour objet de garantir une mise en œuvre cohérente de la
Convention sur la diversité biologique et la réalisation de ses trois objectifs en poussant à agir rapidement
pour stopper l’appauvrissement de la biodiversité et, d’ici 2020, de réduire les pressions pesant sur la
biodiversité, d’éviter la disparition d’espèces, de restaurer les écosystèmes et de renforcer les services
écosystémiques, tout en partageant équitablement les fruits recueillis, le tout dans l’idée de contribuer
au bien-être de l’humanité et à l’élimination de la pauvreté, et de donner à toutes les parties les moyens
pour ce faire. Le Secrétariat propose cinq objectifs, qui englobent ensemble 20 cibles :

• s’attaquer aux causes sous-jacentes de la perte de biodiversité en inscrivant la diversité biologique


dans les programmes des gouvernements et dans les mentalités des sociétés ;

• réduire les pressions directes sur la biodiversité et encourager une utilisation raisonnée des
ressources ;

• améliorer l’état de la biodiversité en préservant les écosystèmes, les espèces et la diversité


génétique ;
26 Le tourisme et la diversité biologique – Réaliser les objectifs communs en faveur de la durabilité

• accroître les bénéfices retirés par tous de la diversité biologique et des services écosystémiques;

• améliorer la mise en oeuvre de la Convention par une planification stratégique, une bonne gestion
des connaissances et un renforcement des capacités.

Dans le domaine du tourisme, les gouvernements peuvent largement contribuer à la réalisation des
objectifs de la biodiversité pour après 2010 en mettant en place (et en la faisant appliquer) une législation
qui permette et facilite un développement durable du tourisme, ce qui inclut la protection de la diversité
biologique.3 Ils peuvent en particulier encadrer la planification de l’utilisation des terres et les projets
d’aménagement pour peser sur l’emplacement et la nature des activités touristiques nouvelles ou
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existantes, et pour restreindre les aménagements qui risquent d’être dommageables. De telles mesures
sont essentielles à la durabilité du tourisme car non seulement elles influencent le développement du
tourisme mais elles régulent d’autres formes de développement qui pourraient nuire à la durabilité du
tourisme à court ou long terme. Les stratégies touristiques et les objectifs de protection de la diversité
biologique peuvent être intégrés à des plans d’utilisation de l’espace et des terres compte tenu d’une
pléiade de facteurs économiques, sociaux et environnementaux et sous réserve de la consultation et
de la participation des acteurs locaux. Les gouvernements peuvent faire en sorte que la planification
de l’utilisation de terres à de fins touristiques soit plus durable, en déterminant par exemple la nature
et l’emplacement des nouveaux aménagements qui contribueront à un tourisme durable, en désignant
les zones à réserver en priorité aux projets touristiques qui respectent les critères de durabilité, que
l’on conjuguera à l’application de règlements ou de directives administratives, et en tenant compte des
évolutions déjà prévisibles de la situation, comme les effets du changement climatique, avec l’adoption
de mesures d’adaptation et l’application du principe de précaution. Les évaluations environnementales
stratégiques (EES), la gestion intégrée de certaines zones, notamment des zones côtières, ou le zonage
au service du développement touristique et de la protection de la biodiversité constituent également de
bonnes solutions en matière d’aménagement du territoire pour assurer un tourisme durable et préserver
la diversité biologique.

Le rôle des pouvoirs publics aux niveaux national et local dans l’établissement de normes et de règlements
pour améliorer la durabilité est extrêmement important en ce qui a trait au tourisme et à la biodiversité.
Entre autres normes et règlements utiles, on pourra mentionner ceux qui concernent la densité des
bâtiments, leur emplacement (la distance à ménager entre eux et la berge, par exemple), leur hauteur,
la liaison avec des services et les réseaux d’égouts, les matériaux utilisés (pour les normes d’efficacité),
et l’aspect esthétique (au regard des traditions locales). Il ne faudra pas négliger non plus les questions

3 Ce paragraphe et le suivant reprennent les idées contenues dans la publication du Programme des Nations unies sur
l’environnement et de l’Organisation mondiale du tourisme (2005), Vers un tourisme durable – Guide à l’usage des décideurs,
PNUE, Paris.
Rôle du tourisme dans la protection de la biodiversité 27

relatives à la durabilité sociale, comme la protection de l’accès aux ressources qui sont importantes
pour la survie de la population. En outre, la planification et le contrôle des activités et aménagements
touristiques doivent tenir compte des effets cumulés du tourisme dans une zone donnée : utilisation des
ressources et pressions sur l’environnement, densité du tourisme et effets possibles d’une trop grande
affluence sur l’attrait d’une destination et, par voie de conséquence, sur sa compétitivité, etc.

Les entreprises touristiques pourront contribuer à la réalisation des objectifs de la biodiversité au-
delà de 2010 en oeuvrant avec les pouvoirs publics pour s’assurer que les activités et aménagements
touristiques respectent les plans d’encadrement et les normes de durabilité nationaux et locaux.
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Par ailleurs, les entreprises touristiques seraient avisées, pour la bonne marche de leurs opérations,
d’adopter les pratiques les plus propices à un développement durable. Pour s’orienter dans ce domaine,
elles pourront puiser dans diverses sources, dont le PNUE, la TOI et l’UICN. Voici quelques exemples
de mesures que les entreprises touristiques prennent déjà ou peuvent prendre pour promouvoir et
protéger la biodiversité :

• veiller à ce que les activités touristiques soient bien organisées et à ce qu’elles ne dégradent pas
ni perturbent les espèces sauvages et leurs habitants ;

• réduire la pollution produite par les activités touristiques, en s’assurant notamment que tous les
déchets liquides et solides sont correctement traités et éliminés sans porter atteinte à la diversité
biologique, et en limitant l’utilisation de pesticides, d’engrais et de substances chimiques toxiques ;

• se procurer auprès de sources gérées d’une manière raisonnée toutes les denrées alimentaires et
autres ressources biologiques servant aux activités touristiques ;

• travailler avec les fournisseurs et autres partenaires pour améliorer la durabilité des ressources
achetées auprès d’eux ;

• ménager des réserves d’espèces sauvages et des habitats naturels dans les aménagements
touristiques ;

• instaurer des zones protégées communautaires et des systèmes de cogestion permettant aux
communautés de donner leurs actifs naturels en location à des opérateurs touristiques et intégrant
le tourisme à un aménagement durable du territoire ;

• soutenir les actions de conservation de la biodiversité menées par des organismes publics et des
ONG dans des zones touristiques, en prenant des mesures pratiques (contributions financières
sous la forme de parrainages ou de dons, etc.) ;

• tenir les habitats menacés et les secteurs sensibles à l’écart des activités et installations touristiques ;

• s’assurer qu’aucune espèce étrangère envahissante n’est introduite par des activités touristiques ;

• s’assurer que les activités touristiques ne risquent de porter atteinte à aucune des espèces
menacées ou en voie de disparition et qu’aucune de ces espèces ne risque de pénétrer dans la
chaîne d’approvisionnement touristique (notamment sous la forme de denrées alimentaires ou de
souvenirs) ;

• employer les moyens de communication et les atouts commerciaux du secteur touristique pour
mieux sensibiliser les touristes et les autorités des destinations à la valeur de la diversité biologique
et aux mesures qu’ils peuvent prendre pour la protéger.
28 Le tourisme et la diversité biologique – Réaliser les objectifs communs en faveur de la durabilité

5.2 L’étude sur « L’économie des écosystèmes et de la biodiversité »


(TEEB)
L’étude sur « L’économie des écosystèmes et de la biodiversité » (TEEB), réalisée sous l’égide du PNUE,
est une grande opération internationale destinée à attirer l’attention sur les avantages économiques
offerts par la diversité biologique dans le monde et sur le coût croissant qu’entraînent l’appauvrissement
de la diversité biologique et la dégradation des écosystèmes, ainsi qu’à mobiliser dans un même élan les
compétences des scientifiques, des économistes et des politiques en faveur du développement durable
et d’une meilleure conservation des écosystèmes et de la biodiversité.4
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L’étude TEEB dresse le bilan des connaissances écologiques et économiques sur la valeur des services
écosystémiques. Elle a eu pour résultat l’élaboration d’orientations à l’usage des décideurs aux
niveaux international, régional et local afin d’encourager le développement durable et une meilleure
conservation des écosystèmes et de la biodiversité, des informations et des outils destinés à améliorer
les pratiques commerciales qui touchent à la biodiversité, concernant notamment la gestion des risques,
les débouchés commerciaux et l’évaluation des activités économiques sur les écosystèmes et la diversité
biologique. La TEEB se veut aussi un instrument pour mieux sensibiliser le public à la contribution des
services écosystémiques et de la diversité biologique au bien-être du genre humain, et aux domaines
dans lesquels l’action individuelle peut faire la différence.

Le message central de la TEEB est le suivant : si les écosystèmes et la biodiversité apportent des services
essentiels et précieux qui sous-tendent toute activité économique, on a pourtant oublié de tenir compte
de leur valeur dans les processus économiques et dans les décisions prises (encadré 6). Cette négligence
a eu pour conséquence une utilisation excessive et, par-là, une dégradation des services écosystémiques,
dont l’ampleur est soulignée dans l’évaluation des écosystèmes pour le Millénaire et les Perspectives
mondiales de la diversité biologique.

Encadré 6 Économie des écosystèmes et de la biodiversité – Principales conclusions


« Le capital naturel – nos écosystèmes, la diversité biologique et les ressources naturelles –
constituent le fondement des économies, des sociétés et du bien-être individuel. La valeur que
représente cet ensemble de biens est souvent passée sous silence ou mal comprise. Il est rare que
l’on en tienne pleinement compte dans les signaux économiques donnés par les marchés, ni dans

4 Pour les informations sur la TEEB et la description des cinq rapports qui en ont résulté, on a consulté le site web de la TEEB
à l’adresse suivante : http://teebweb.org/.
Rôle du tourisme dans la protection de la biodiversité 29

les décisions prises quotidiennement par les entreprises et les particuliers, et qu’ils figurent, qui
plus est, à la bonne place dans les comptes de la société.

La déperdition continue de forêts, de sols, de zones humides et de récifs coralliens est liée à ce
manque de visibilité dans l’économie. Il en va de même pour la disparition d’espèces et d’actifs
productifs comme les poissons, qui est due en partie au fait que l’on ne sait pas penser plus
loin que le court terme et au-delà de l’intérêt particulier. Nous sommes en train d’épuiser ce
qui nous reste de notre capital naturel sans saisir la valeur de ce que nous perdons. Le manque
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d’investissement dans ce capital naturel ajoute à une crise de la biodiversité de plus en plus
criante et pressante jour après jour. La dégradation des sols, de l’air, de l’eau et des ressources
biologiques pèse sur la santé publique, la sécurité alimentaire, le choix des consommateurs et
les débouchés économiques. Ce sont souvent les pauvres des campagnes, les plus tributaires des
ressources naturelles, qui souffrent le plus durement.

Dans de telles circonstances, il est impératif que les pouvoirs publics adoptent des mesures
énergiques. Les solutions qui existent nécessitent des ajustements pour être socialement équitables,
efficaces sur le plan écologique, et justifiées du point de vue économique. »
Source : The Economics of Ecosystems and Biodiversity (TEEB) (2009), The Economics of Ecosystems and Biodiversity for National
and International Policy Makers – Summary: Responding to the Value of Nature.

Pour palier l’absence d’évaluation des services écosystémiques, la TEEB établit un cadre d’action assorti
de méthodes permettant de calculer la valeur économique totale (VET) des services écosystémiques, au
moyen d’outils monétaires et non monétaires.5 Il est également expliqué dans la TEEB que les écosystèmes
fournissent une foule de services interdépendants et qui doivent tous être pris en considération.

Le calcul de la VET exige de comprendre les processus écosystémiques et ce qui les lie à la durabilité
des services écosystémiques. Une utilisation raisonnée signifie que les services écosystémiques peuvent
être assurés sans dépasser la capacité des écosystèmes d’alimenter ces services de manière à les
préserver pour l’avenir. Plus simplement, cela veut dire qu’il faut adapter les instruments économiques
et les processus de prise de décision aux contraintes de la dynamique naturelle des écosystèmes.

La TEEB définit la VET comme la conjugaison de tous les avantages immédiats apportés par les
services écosystémiques (eau douce, lieux d’agrément, etc.) et de la « valeur assurée » « définie par la
capacité de résistance de l’écosystème, ce qui assure la stabilité des avantages produits par les services
écosystémiques quand les conditions environnementales varient ». La valeur assurée est également
importante pour l’évaluation de l’aptitude des écosystèmes à protéger contre des phénomènes extrêmes,
comme l’aptitude des écosystèmes côtiers à fournir une protection contre les tempêtes.

De même, la TEEB souligne les limites des méthodes d’évaluation monétaire des services écosystémiques
car il est fréquent que les informations disponibles ne suffisent pas une évaluation complète et parce
que, lorsque les dommages subis dépassent un certain degré, les écosystèmes perdent de leur résistance
et peuvent connaître des changements irréversibles. D’autre part, la valeur attribuée aux services
écosystémiques peut varier entre les différents groupes d’acteurs ; telle ressource, par exemple, pourra
être indispensable à la survie de communautés locales mais revêtir une importance bien moindre pour
des acteurs nationaux ou des entreprises. De plus, la valeur des services écosystémiques à caractère
culturel pourra dépendre des traditions locales ainsi que de la subjectivité des évaluateurs.

Face à ces problèmes, il est recommandé dans la TEEB d’employer des mécanismes d’évaluation et de
délibération multicritères, comme des jurés populaires, ou des mécanismes similaires permettant aux
parties prenantes d’exprimer leurs préférences en toute indépendance et de manière éclairée. De même,
s’agissant des impacts sur les services écosystémiques, il est recommandé dans l’étude d’adopter des
politiques et de prendre des décisions en se fondant sur les principes de la « règle de sécurité minimale
» et de l’« approche préventive ».

5 TEEB (2010) – The Economics of Ecosystems and Biodiversity – The Ecological and Economic Foundations.
30 Le tourisme et la diversité biologique – Réaliser les objectifs communs en faveur de la durabilité

Les méthodes le plus couramment employées pour évaluer les services écosystémiques à caractère
culturel sont les suivantes : premièrement, la méthode du coût du voyage, qui consiste à calculer la valeur
d’une ressource (paysage, parc national ou espèce particulière de végétal ou d’animal) en mesurant la
somme totale dépensée par une personne pour découvrir cette ressource, somme qui comprend les frais
de voyage, de nourriture et d’hébergement ; deuxièmement, l’évaluation des contingences, qui utilise
des techniques d’enquête pour déterminer à quel point les touristes sont prêts à dépenser pour tel ou tel
niveau de services environnementaux ou de qualité.

S’agissant du tourisme, le cadre d’évaluation recommandé dans le TEEB pour calculer la VET a les
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implications suivantes :

• La valeur du tourisme ne représente qu’une partie de la VTE d’une région.

• S’intéresser uniquement à la valeur du tourisme, c’est sous-évaluer d’autres services écosystémiques


importants, ce qui conduit à leur utilisation excessive ou à leur épuisement, voire, en conséquence
à la détérioration de la qualité d’une zone à vocation touristique.

• Un tourisme bien organisé et bien encadré peut donner de la valeur à d’autres services
écosystémiques, et peut inciter à protéger certaines zones contre d’autres formes de développement
ayant des effets plus dommageables sur l’environnement.

• Le secteur touristique doit payer les services écosystémiques qu’il utilise.

• La planification et le développement du tourisme doivent tenir compte de la “valeur assurée” ainsi


que des bienfaits immédiats des services écosystémiques, et garantir que les éléments clés des
écosystèmes sont protégés des dommages dus au développement.

• Les acteurs locaux et internationaux doivent participer à l’évaluation des services écosystémiques
et aux décisions concernant la planification et le développement du tourisme.

Par ailleurs, la TEEB met en évidence des solutions anciennes et nouvelles qui se prêtent à une
généralisation6 : s’assurer qu’il y a une contrepartie financière à l’utilisation des services écosystémiques,
améliorer la durabilité, recourir à des règlements et des normes pour encadrer et limiter l’utilisation
des services écosystémiques, et investir dans les zones protégées et l’infrastructure écologique pour
accroître le volume de services écosystémiques et renforcer la résistance des écosystèmes. Le tableau 2
présente les solutions proposées dans la TEEB.
Tableau 2 Solutions existantes et préconisées dans la TEEB pour une meilleure administration du
capital naturel

Payer les services reçus, sous forme Payer les services écosystémiques (pour l’approvisionnement en eau, la
d’argent et par le jeu des marchés réduction des émissions engendrées par le déboisement et la
dégradation du milieu, ainsi que le boisement, le reboisement et des
moyens de conservation efficaces, c’est-à-dire convenablement conçus
et mis en œuvre). Certification des produits, marchés publics respectueux
de l’environnement, étiquetage et actions spontanées, autant de
mesures complémentaires qui permettent d’assainir la chaîne
d’approvisionnement et de réduire les impacts sur le capital naturel.

Revoir les subventions Les subventions mondiales se chiffrent à presque un milliard de milliards
qui nuisent à l’environnement de dollars É.-U. par an dans l’agriculture, la pêche, l’énergie, les transports
et d’autres secteurs réunis. Un tiers de ces subventions est consacré à la
production et la consommation de combustibles fossiles. Il est d’autant
plus justifié de revoir les subventions inefficaces, dépassées ou nuisibles
en période de crise économique et écologique.

6 TEEB (2009) – The Economics of Ecosystems and Biodiversity for National and International Policy Makers – Summary:
Responding to the Value of Nature.
Rôle du tourisme dans la protection de la biodiversité 31

Remédier aux pertes par la Il est possible de remédier à beaucoup de menaces qui pèsent sur la
réglementation et la politique biodiversité et les services écosystémiques en adoptant des cadres
des prix réglementaires rigoureux qui fixent des normes environnementales et
des mécanismes de responsabilisation. Certains dispositifs, qui sont déjà
appliqués à titre expérimental et qui font leurs preuves, se révèlent
encore plus utiles quand on les associe à des systèmes de fixation des
prix et de réparation fondés sur les principes du « pollueur payeur » et de
« récupération complète des coûts ». Le but est de rompre avec un état
de fait par lequel la société paie souvent les pots cassés.
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Ajouter de la valeur grâce Le réseau mondial de zones protégées couvre environ 13,9 % des terres
aux zones protégées de la planète, 5,9 % des eaux territoriales et seulement 0,5 % des eaux de
haute mer : près du sixième de la population mondiale dépend de zones
protégées pour une bonne partie de ses moyens de subsistance. Une
augmentation du taux de couverture et des crédits, notamment par des
mécanismes de paiement des services écosystémiques, améliorerait leur
capacité de maintenir la diversité biologique et d’accroître le volume de
services écosystémiques dans l’intérêt de tous, au niveau tant local que
national et mondial.

Investir dans l’infrastructure Cela ouvre des possibilités financièrement intéressantes d’atteindre les
écologique objectifs fixés : renforcement de la résistance au changement climatique,
réduction des risques dus à des phénomènes naturels, amélioration de la
sécurité alimentaire et de la qualité de l’eau pour mieux lutter contre la
pauvreté. Il est presque toujours moins coûteux d’investir dès le début
dans le maintien et la préservation des écosystèmes que de les restaurer
à la suite de dommages. Néanmoins, leur restauration se traduit sur le
plan social par des avantages plusieurs fois supérieurs aux coûts engagés.
Source : TEEB (2009) – The Economics of Ecosystems and Biodiversity for National and International Policy Makers – Summary: Responding
to the Value of Nature.

Les solutions préconisées dans la TEEB sont toutes valables pour le tourisme, et nous allons voir dans les
paragraphes qui suivent comment elles peuvent s’applique au secteur touristique.

Payer les services reçus, sous forme d’argent et par le jeu des marchés
Le secteur touristique a besoin de passer à un système où la contribution des services écosystémiques
est reconnue et donne lieu à une contrepartie financière, par exemple sous la forme d’un paiement des
services écosystémiques (PSE), et il devra poursuivre ses efforts pour améliorer la durabilité des chaînes
d’approvisionnement et réduire sa consommation de services écosystémiques.

Des régimes de PSE fonctionnent déjà dans le secteur touristique, comme les droits d’entrée ou
d’utilisation (acquittés par les plongeurs, etc.) demandés dans certaines zones protégées, ou les frais de
compensation en fixation de carbone que des entreprises touristiques ont pris l’initiative de mettre en
place. Au niveau national, peut-on lire dans la TEEB, les États peuvent aussi imposer un PES par le biais
fiscal à condition qu’il y ait un lien clair entre l’impôt et les services écosystémiques. Dans ce cas, il
est primordial de déterminer la façon la plus efficiente et efficace de percevoir ces impôts et de les lier
à la protection des écosystèmes qui procurent les services pour lesquels une contribution est perçue.
L’encadré 7 illustre le rapport entre les flux économiques engendrés par les services écosystémiques, en
l’occurrence lorsque des zones protégées servent au tourisme.
32 Le tourisme et la diversité biologique – Réaliser les objectifs communs en faveur de la durabilité

Encadré 7 Le tourisme et les services écosystémiques – Flux économiques enregistrés


lorsque des zones protégées servent d’exemple de service écosystémique

Modèle simplifié des flux monétaires associés au tourisme et à des zones protégées

Financement de l’État
Revenus excédant le
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budget

Taxes de transport
aérien et hôtelières Touristes Droits d’entrée
Zones protégées
Gouvernement central
Paiement de biens
et services Coût des infrastructures
Gouvernement local
et frais de gestion

Licences et droits Impôts sur les entreprises


d’utilisation Entreprises
et les ventes

Emploi et salaires

Emploi et impôt Emploi et salaires


Communautés locales
sur le revenu

© Richard Tapper 2004

Ce graphique illustre les principaux flux économiques associés à la pratique du tourisme dans
des zones protégées. Une connaissance de ces flux aide à voir en quoi un tourisme axé sur
la biodiversité des zones protégées contribue à l’économie au niveau national, régional et de
chaque destination. Ces flux valent également pour le tourisme lié à la biodiversité d’une manière
générale, même si aucuns droits d’entrée ou d’utilisation ne s’appliquent lorsque l’accès du public
est gratuit.

Les touristes paient pour utiliser des zones protégées et y accéder, mais aussi pour l’hébergement,
le transport et d’autres biens et services qui leur permettent de gagner et visiter lesdites zones : les
sommes qu’ils acquittent ainsi se traduisent par des recettes fiscales et de nouvelles dépenses dans
l’économie. Pour accroître les retombées économiques du tourisme dans les zones protégées, il est
nécessaire de renforcer tous les flux monétaires, notamment en investissant dans la conservation,
en mettant au point davantage de produits centrés sur la biodiversité, et en développant l’emploi
et les retombées économiques dans les communautés locales. La contribution du tourisme à la
conservation des zones protégées peut provenir directement des droits d’entrée et d’utilisation
(à condition que ces derniers soient réservés aux actions de conservation) ou par le biais de la
fiscalité grâce aux recettes fiscales produites par le tourisme spécialisé dans la biodiversité.
Source : UNEP/CMS Secretariat (2004), Wildlife Watching and Tourism: A study on the benefits and risks of a fast growing tourism
activity and its impacts on species, Bonn.

Le secteur touristique a déjà conçu des mécanismes pour une gestion durable des chaînes
d’approvisionnement ; ainsi, l’Initiative « Voyagistes » (TOI) a produit un guide sur ce sujet à l’intention
des voyagistes ; les organismes touristiques européens sont de plus en plus nombreux à opter pour
le système de gestion et les outils Travelife, dont un outil destiné aux fournisseurs, pour intégrer les
principes du développement durable au tourisme.7 Le secteur applique déjà une batterie de règles de

7 Tour Operators’ Initiative (2004), Supply Chain Engagement for Tour Operators: Three Steps Toward Sustainability, TOI. Voir
aussi Travelife Sustainability System (en ligne), consultable à l’adresse: http://www.travelife.eu/.
Rôle du tourisme dans la protection de la biodiversité 33

certification et d’étiquetage en rapport avec la durabilité, et le Conseil mondial du tourisme durable,


de création récente, travaille avec le secteur pour mettre en œuvre les Critères mondiaux du tourisme
durable8 élaborés dans le cadre d’une initiative mondiale menée par la Fondation des Nations unies, la

Rainforest Alliance, le Programme des Nations unies pour le développement (UNEP) et l’Organisation
mondiale du tourisme (OMT). Le Conseil mondial du tourisme durable est en train de préparer du
matériel éducatif et des outils techniques qui guideront les hôteliers et voyagistes dans l’application de
ces critères.
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Revoir les subventions qui nuisent à l’environnement


Entre autres subventions dommageables à l’environnement, mentionnons celles qui maintiennent le
prix des énergies fossiles à des niveaux artificiellement bas, ce qui ajoute aux problèmes découlant
de la production et de la consommation de combustibles fossiles. S’agissant du tourisme, le risque
existe que des subventions directes ou indirectes – aides financières, allègements fiscaux, financement
à des conditions de faveur – conduisent à une surexploitation ou à une utilisation non viable des
services écosystémiques locaux. En même temps, les subventions peuvent servir à promouvoir les
investissements des entreprises touristiques pour améliorer leur durabilité et réduire les pressions
pesant sur les services écosystémiques. La nécessité s’impose de recenser et revoir les subventions
dommageables pour l’environnement auxquelles on peut recourir dans le secteur touristique.

Remédier aux pertes par la réglementation et la politique des prix


L’utilisation de règlements au niveau tant national que local est un bon moyen d’assurer la protection
de services écosystémiques essentiels. Entre autres exemples de règlements qui protègent les services
écosystémiques et qui touchent au secteur touristique, on peut citer le contrôle des aménagements dans
les zones sensibles (distance à respecter avec la berge, etc.) et de la totalité des aménagements dans une
destination (cadres de planification, zonage, etc.), les règlements sur les rejets d’eaux usées, l’utilisation
de l’eau, etc. La question de la biodiversité et des services écosystémiques doit être pleinement prise en
considération dans les cadres de planification et de réglementation du tourisme et, en cas de besoin, il
faudra fixer des limites aux effets cumulés et aux formes du développement touristique pour maintenir
un équilibre entre le tourisme et la protection de la biodiversité et des services écosystémiques mais
aussi pour préserver l’attractivité des produits et destinations touristiques à long terme. Il pourra être
également nécessaire d’améliorer la planification et la gestion des activités touristiques, en particulier
dans les destinations, afin que les administrations publiques disposent des informations et des outils
voulus (planification intégrée de l’utilisation du territoire et du paysage; évaluation environnementale
stratégique (EES), Directives de la CDB sur la biodiversité et le développement touristique, méthodes
participatives pour la consultation des intéressés) pour mettre au point les structures encadrant le
développement et l’administration du tourisme de manière que les services écosystémiques soient
intégrés à l’étape de planification, et pour renforcer le suivi et la mise en application des décisions
prises à cette étape ainsi que des règlements.

Ajouter de la valeur grâce aux zones protégées


Le tourisme peut être une importante source de valeur ajoutée pour les zones protégées. Mais toutes ces
zones ne se prêtent pas à des activités touristiques, soit parce qu’elles sont trop sensibles aux impacts
du tourisme, soit parce qu’elles sont difficiles d’accès, mal équipées pour accueillir des touristes, ou en
proie à des problèmes de sécurité.9

8 www.sustainabiletourismcriteria.org.
9 Programme des Nations unies pour le développement (2005), Forging Links between Protected Areas and the Tourism
Sector. How Tourism Can Benefit Conservation, PNUE, Paris.
34 Le tourisme et la diversité biologique – Réaliser les objectifs communs en faveur de la durabilité

Quand des activités touristiques se déroulent dans une zone protégée, elles doivent être compatibles
avec les objectifs de conservation dans cette zone, et dégager des recettes suffisantes pour couvrir le
coût de sa protection et de sa conservation, ainsi que les frais d’administration du tourisme (installations
touristiques de qualité et à bonne échelle, services de rangers et de guides, entretien). Dans beaucoup de
zones protégées, des droits d’entrée et d’utilisation sont appliqués pour produire des recettes touristiques,
outre que des recettes sont également parfois tirées de concessions et d’activités commerciales. Par
ailleurs, certaines entreprises touristiques font des dons ou encouragent leurs clients à en faire au profit
des zones protégées qu’ils visitent. Si le secteur touristique doit dégager des recettes suffisantes pour
payer les services écosystémiques fournis par les zones protégées, celles-ci doivent aussi se donner et
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mettre en œuvre des plans de gestion touristique bien pensés qui intègrent le tourisme à leurs priorité
en matière de conservation, limitent la taille des projets touristiques et précisent les formes de tourisme
autorisées, selon la ligne tracée dans les Directives de la CDB sur la biodiversité et le développement
touristique, par exemple.

Il est à noter que les zones protégées manquent souvent d’argent pour appliquer une politique de
conservation efficace et que, dans les zones qui s’ouvrent au tourisme, ce dernier leur offre la possibilité
d’accroître leurs ressources financières directement (avec le versement de droits et de contributions
volontaires) ou par le biais de la fiscalité (grâce à la contribution du tourisme à l’économie nationale,
et aux recettes fiscales produites par le tourisme).

Investir dans l’infrastructure écologique


S’agissant du tourisme, l’investissement dans l’infrastructure écologique signifie préserver les sites
et les zones qui procurent des services écologiques essentiels aux touristes, en s’assurant que cette
infrastructure est à l’abri des dommages engendrés par les aménagements touristiques (lesquels, par
exemple, doivent se trouver suffisamment en retrait de la rive, ce à quoi on peut ajouter la protection
des paysages côtiers, des forêts, des zones humides, etc.), et investir dans des infrastructures écologiques
anciennes ou nouvelles (récifs artificiels, réserves de poisson interdites à la pêche, restauration de la
mangrove ou des habitats) afin de créer des débouchés pour le tourisme.

5.3 Application des solutions proposées par la TEEB


La mise en œuvre des solutions répertoriées dans la TEEB aura pour effet une amélioration de
l’administration des services écosystémiques et du capital naturel. Les solutions préconisées obligeront
des organismes du secteur public et du privé à modifier les pratiques et processus décisionnels suivis
pour déterminer la valeur de la diversité biologique, et la TEEB met en évidence l’importance d’une
collaboration et de partenariats pour que ces changements se fassent à tous les niveaux. La TEEB
souligne notamment la nécessité d’une collaboration entre les instances internationales et les institutions
nationales afin d’engager les changements de politique qui s’imposent et de définir le cadre d’intégration
de la valeur de la biodiversité et des services écosystémiques aux étapes de la planification et de la prise
de décision, et l’importance d’une gestion locale à l’intérieur de ce cadre pour une utilisation durable
de la biodiversité et des services écosystémiques. Il est également dit dans l’étude que les citoyens et
les ONG devront prendre une part active à ces changements parce que la biodiversité et les services
écosystémiques sont le plus souvent des biens publics. L’OMT a son rôle à jouer en oeuvrant avec
d’autres agences des Nations unies, les ministères du Tourisme, les offices nationaux du tourisme et les
destinations, et avec les entreprises touristiques privées pour établir des moyens pratiques d’appliquer
les conclusions de la TEEB afin d’assurer une gestion et un développement durables du tourisme.

On va voir dans l’encadre 8 qu’une planification intégrée bénéficiant du soutien de l’Unité de conseil
de l’OMT sur le tourisme et la biodiversité a permis, grâce à la participation de toutes les parties
intéressées, de faire des progrès en matière de tourisme durable et de conservation de la biodiversité
à Pangandaran, localité de l’Indonésie où le tourisme, interne et international, est en plein essor. Et
l’encadré 9 décrit les avantages que l’on a retirés d’une planification et d’une mise en œuvre concertées
de différents éléments du tourisme durable au Mexique, en Namibie et à Malte.
Rôle du tourisme dans la protection de la biodiversité 35

Encadré 8 Tourisme durable et conservation de la biodiversité à Pangandaran (Indonésie)


Pangandaran est une localité de la côte sud de Java où touristes nationaux et internationaux
viennent de plus en plus nombreux. Elle possède comme atouts des plages qui rivalisent avec
celles de Bali, et la réserve naturelle de Pananjung, caractérisée par la richesse de sa faune (buffles
sauvages, singes et oiseaux). Ce centre touristique a été gravement endommagé par le tsunami de
2006.

L’environnement de Pangandaran pâtissait d’une gestion déficiente du tourisme. Le rejet d’ordures


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et d’eaux usées par le secteur touristique avait pour conséquence d’altérer la qualité de l’eau de
mer et de dégrader sérieusement le récif corallien et la biodiversité marine.

Il a été décidé de réaliser un projet pilote à Pangandaran, avec la collaboration du gouvernement


indonésien et le soutien du gouvernement fédéral de l’Allemagne, dans le cadre du programme
de développement touristique de l’OMT (Unité de conseil sur le tourisme et la biodiversité)
pour la conservation de la biodiversité. Ce projet a principalement pour objectif de renforcer le
développement durable du tourisme dans le respect de la diversité biologique à Pangandaran. Il se
traduit par les actions suivantes : élaboration d’un schéma directeur détaillé pour la planification
et la gestion du tourisme, développement de produits touristiques et mise en place d’une
infrastructure appropriée pour le tourisme, et application de diverses mesures pour faciliter la
participation des intéressés, la communication et la coopération aux niveaux local, régional et
national.

Le plan de gestion du tourisme a été préparé à l’issue d’un important travail de concertation
avec les principales parties prenantes, et en étroite collaboration avec INDECON (Indonesia
Ecotourism Network) et des experts locaux. Ce plan, qui reprend des méthodes décrites dans le
Guide accompagnant les Directives de la CDB sur la biodiversité et le développement touristique,
établit des zones définies pour les différentes formes de tourisme et utilisations des terres : il
assure une protection aux principaux services environnementaux fournis par la réserve naturelle
et les écosystèmes côtiers de Pananjung, et crée de nouveaux débouchés touristiques comme la
randonnée et l’observation des oiseaux.

Les mesures prises dans le cadre du projet ont amélioré la gestion du tourisme et la mise en
application des règlements à Pangandaran et dans la réserve naturelle de Pananjung, en plus
de sensibiliser les entreprises touristiques, les habitants et les touristes à l’importance d’une
protection des ressources naturelles. Le zonage du secteur, y compris des parties où le tourisme et
les constructions sont interdits, a stoppé la disparition et la dégradation des habitats, entre autres
au cœur de la réserve, où les dommages observés présentaient une menace pour les populations
de buffles sauvages et d’autres mammifères.

L’opération a commencé par la construction d’un récif corallien artificiel, qui servira d’abri aux
poissons locaux et de site de plongée. Un programme d’activités touristiques intitulé « Adoptez
un corail » a été lancé pour faire entrer des fonds ainsi que pour sensibiliser les touristes et les
impliquer dans la construction du récif. D’autres initiatives sont à signaler, dont le traçage d’un
sentier d’interprétation et la rédaction d’un guide pour les visiteurs de la réserve naturelle de
Pananjung, ainsi que des circuits de promenade à pied, en bateau et à bicyclette autour des
villages.

Le projet met en évidence l’importance d’une approche intégrée qui réunit toutes les parties
prenantes pour réfléchir aux problèmes posés par l’aménagement du territoire et concernant
notamment l’utilisation de terres à des fins touristiques et de conservation. Il a conduit à un
resserrement de la coopération entre les communautés et les entreprises locales, et à la mise au
point de nouveaux produits touristiques qui rapportent de l’argent à la population et ajoutent à
l’attrait de Pangandaran pour les touristes, parallèlement à une protection et une gestion durables
des ressources naturelles.
Source : Unité de conseil de l’OMT sur le tourisme et la biodiversité.
36 Le tourisme et la diversité biologique – Réaliser les objectifs communs en faveur de la durabilité

1011

Encadré 9 Politiques suivies au Mexique, en Namibie et à Malte en faveur d’un tourisme


durable
Évaluation environnementale stratégique du tourisme au Mexique10

Contexte : le tourisme représente environ 9 % du PIB du Mexique. Il constitue la troisième source


de devises du pays (10,8 milliards de dollars É.-U. par an), avec plus de 52 millions de touristes
nationaux et 20 millions de visiteurs étrangers en 2004. Cependant, si elle n’est pas associée à des
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efforts de planification et d’investissement durables, la croissance du tourisme peut mettre en péril


les ressources mêmes sur lesquelles elle est fondée. Lors d’une enquête réalisée en 2002 auprès des
touristes, la qualité de l’environnement – un des facteurs déterminants du choix d’une destination
– est l’élément qui a obtenu la note la plus basse. Dans son Plan national de développement
2001-2006, le Mexique a insisté sur la nécessité d’un développement économique qui respecte la
qualité de vie et l’environnement.

Démarche : un processus d’évaluation environnementale stratégique a été amorcé pour le secteur


touristique afin que le pays se dote d’une politique touristique durable et la mette en application.
Pour assurer la participation et la mobilisation de toutes les branches concernées, un groupe
de travail technique intersectoriel a été créé où l’on trouve des représentants des ministères de
l’Intérieur et des Finances, ainsi que des branches suivantes : tourisme, environnement, forêts,
eau et urbanisme. Le groupe a arrêté des priorités par secteur, un plan de mise en œuvre et des
indicateurs pour le suivi à moyen terme. Entre-temps, il a pris le titre officiel de Commission
intersectorielle du tourisme.

Principales retombées : l’évaluation a eu plusieurs retombées positives :

• Elle a permis de dresser un bilan environnemental qui permette de prendre des décisions
éclairées. Elle a fait ressortir, par rapport à l’environnement, les possibilités et contraintes
liées à différentes hypothèses de croissance, ainsi que des priorités compatibles avec une
optimisation des bienfaits du tourisme sans surexploitation du milieu.

• La démarche suivie a débouché sur la participation de tous les secteurs et de tous les
intéressés. Le groupe de travail a permis à des parties possédant différentes compétences en
matière de ressources naturelles et à d’autres titres de prendre des engagements durables et
de conclure des accords dans une perspective de long terme.

• Les résultats du travail d’analyse servent de base à une politique de développement durable
du tourisme.

Financement des zones protégées de la Namibie11

Contexte : plusieurs études indiquent que le tourisme – notamment le tourisme centré sur les
espèces sauvages du pays – fait partie des principales industries de la Namibie. En effet, la valeur
des services achetés par des touristes étrangers a été estimée à quelque 3 100 dollars N (dollars
namibiens) en 2003, soit environ 24 % des exportations totales de biens et de services. Bien que le
réseau de zones protégées possède une valeur économique importante de par les revenus directs
et indirects qu’il rapporte grâce au tourisme et à la nature sauvage, sa gestion souffrait d’un budget
limité et très insuffisant. A cause de ce manque d’argent, les zones protégées avaient beaucoup de
mal à respecter la politique de conservation, et peu d’investisseurs s’y intéressaient.

10 Extrait de Banque mondiale, 2005, repris de OCDE 2006b, citée dans Initiative PNUD-PNUE Pauvreté-Environnement
(2009), L’intégration des liens entre pauvreté et environnement dans la planification du développement : Manuel de bonnes
pratiques.
11 Extrait de Turpie et al. (2004), cités dans Initiative PNUD-PNUE Pauvreté-Environnement (2009), L’intégration des liens entre
pauvreté et environnement dans la planification du développement : Manuel de bonnes pratiques.
Rôle du tourisme dans la protection de la biodiversité 37

Démarche : pour qu’une part plus décente des revenus soit affectée à l’amélioration de la gestion
des zones protégées, le ministère de l’Environnement et du Tourisme, avec le concours du FEM et
du PNUE, a fait une estimation de la valeur économique du réseau de zones protégées en vue de
planifier les investissements à effectuer dans le réseau au cours des prochaines décennies.

Résultats : il a résulté de l’étude que les zones protégées contribuent à l’économie nationale à
hauteur d’un ou deux milliards de dollars N. Ce constat a eu pour effet une augmentation du
budget de base, qui a grimpé de 50 à 110 millions de dollars N. Cette hausse devrait se traduire
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par un taux de rendement de 23 %.

L’étude souligne la nécessité de bien comprendre les coûts liés aux parcs, leur contribution à
l’économie et les recettes qu’ils peuvent dégager. Elle montre en outre que la survie et le succès du
réseau de zones protégées sont tributaires d’une augmentation du financement. Celui-ci comprend
les subventions internationales et la participation de l’État, et l’utilisation d’une plus grande part
de la valeur d’usage directe existante ou potentielle. En conclusion de l’étude, les auteurs jugent
capital de développer les moyens d’incitation, c’est-à-dire de faire en sorte que l’administration
des parcs conserve pour elle les recettes produites.

Évaluation de la capacité d’accueil (ECA) sur le territoire de Malte, et application des résultats à
la politique touristique12

Malte est une île densément peuplée (1 200 habitants/km_) et pauvre en ressources naturelles.
L’ECA est un outil qui permet de déterminer le niveau de développement optimal de l’île dans
l’avenir. Différents scénarios ont été imaginés à ce titre : développement sans contrainte, croissance
limitée, orientation vers le haut de gamme. Tous les aspects ont été analysés, de la consommation
des ressources à l’acceptabilité du tourisme par la société, en passant par les transports. Après
avoir examiné le degré de dépendance de l’économie à l’égard du tourisme, la répartition actuelle
des ressources, les implications sociales et la nécessité de maintenir un haut niveau de satisfaction
chez les visiteurs, le comité d’évaluation s’est prononcé pour le scénario d’une croissance limitée.
Un des principaux arguments qu’il a avancés pour justifier une croissance maîtrisée du stock de
lits est la nécessité d’atteindre un taux d’occupation de 65 % dans les hôtels. L’ECA a débouché
sur la formulation de recommandations détaillées dans les domaines des transports publics, de
l’aménagement du territoire, de la consommation d’eau, de la production d’énergie, de la gestion
des déchets et de la gestion des plages. L’évaluation s’achève par l’observation suivante : un
nombre de 160 000 touristes par mois est le maximum socialement acceptable à Malte. L’ECA se
révèle pour Malte un puissant outil de planification pour un tourisme durable.

12

12 Source : Francis Albani, directeur du tourisme et des services aux entreprises au ministère maltais du Tourisme et de la
Culture. Communication figurant dans l’Organisation mondiale du tourisme (2007), Policies, Strategies and Tools for the
Sustainable Development of Tourism, OMT, Madrid.
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Chapitre 6

Les liens entre le tourisme, la réduction et la


pauvreté et la diversité biologique
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Une partie des pressions qui s’exercent sur la biodiversité vient d’une utilisation non raisonnée de
ressources naturelles par des populations pauvres qui en dépendent pour leur survie. Par conséquent, la
réduction de la pauvreté devrait aussi entraîner une réduction de ces pressions, et devrait aider à ramener
à un niveau raisonnable l’usage qui est fait des ressources naturelles. A cet égard, le développement et la
promotion du tourisme peuvent constituer une piste solide pour mettre à profit les atouts du patrimoine
naturel d’une destination en créant des emplois et des sources de revenus pour les groupes les plus
pauvres et défavorisés de la société. La valeur ajoutée localement par le tourisme axé sur la biodiversité
devrait être un élément de plus pour inciter les communautés à s’assurer que leurs ressources naturelles
font l’objet d’un usage raisonné.

Les liens entre la réduction de la pauvreté et la biodiversité sont largement reconnus, par exemple dans
les objectifs du Millénaire pour le développement et dans l’Objectif biodiversité de 2010, et il en est
également question dans l’étude TEEB. Cependant, si des avancées sont effectivement observées dans la
poursuite de ces objectifs, elles apparaissent bien lentes par rapport aux besoins ou aux prévisions. Cela
s’explique par la complexité de la lutte contre la pauvreté et du ralentissement de l’appauvrissement
de la biodiversité, par l’ampleur de la tâche à accomplir, et par la difficulté de conserver la volonté
politique nécessaire et de la concrétiser sur le terrain. En particulier, si l’on veut que les choses avances
durablement, il est nécessaire de revoir les politiques et les institutions afin de renforcer et de coordonner
leurs structures pour mieux lutter contre la pauvreté et protéger l’environnement, processus dénommé «
intégration des liens entre pauvreté et environnement ».1

Le PNUD et le PNUE entendent par là l’intégration des questions de la pauvreté et de l’environnement


aux étapes de l’élaboration des politiques, de la budgétisation et de la mise en œuvre aux niveaux
national, sectoriel et infranational. Il s’agit d’un processus répétitif, pluriannuel et multilatéral qui
suppose une coordination entre les ministères ainsi qu’avec la société civile, le monde académique, les
entreprises et l’industrie, le grand public et les populations, les médias et les acteurs du développement.

La figure 1 illustre le rapport entre la réduction de la pauvreté et la préservation de l’environnement.


Les personnes et communautés pauvres comptent plus que d’autres groupes sur les ressources de la
nature pour leurs moyens de subsistance. Il est donc indispensable de protéger ces ressources pour faire
reculer la pauvreté, et une réduction durable de la pauvreté exige à la fois de lutter contre la pauvreté
et de protéger l’environnement.

Le programme défini pour un tourisme durable dans la publication Vers un tourisme durable et le
Code mondial d’éthique du tourisme (encadré 10) tient compte de ces aspects et accorde une place
importante à la participation des communautés locales aux projets touristiques qui les touchent, dès le
début du travail de planification.

1 PNUD-PNUE, Initiative Pauvreté-Environnement (2009), L’intégration des liens entre pauvreté et environnement dans la
planification du développement : Manuel de bonnes pratiques.
40 Le tourisme et la diversité biologique – Réaliser les objectifs communs en faveur de la durabilité

Encadré 10 Extraits du Code mondial d’éthique du tourisme concernant le développement


durable, la protection de l’environnement et les retombées pour les pays et
communautés d’accueil
Article 3 – Le tourisme, facteur de développement durable

[…]

4. Les infrastructures doivent être conçues et les activités touristiques programmées de sorte
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que soit protégé le patrimoine naturel constitué par les écosystèmes et la biodiversité, et que
soient préservées les espèces menacées de la faune et de la flore sauvages ; les acteurs du
développement touristique, et notamment les professionnels, doivent consentir à ce que des
limitations ou contraintes soient imposées à leurs activités lorsque celles-ci s’exercent dans
des espaces particulièrement sensibles : régions désertiques, polaires ou de haute montagne,
zones côtières, forêts tropicales ou zones humides, propices à la création de parcs naturels
ou de réserves protégées.

[…]

Article 5 – Le tourisme, activité bénéfique pour les pays et communautés d’accueil

1 Les populations locales sont associées aux activités touristiques et participent équitablement
aux bénéfices économiques, sociaux et culturels qu’elles génèrent, et spécialement aux
créations d’emplois directes et indirectes qui en résultent.

2 Les politiques touristiques doivent être conduites de telle sorte qu’elles contribuent à
l’amélioration des niveaux de vie des populations des régions visitées et répondent à leurs
besoins ; la conception urbanistique et architecturale et le mode d’exploitation des stations
et hébergements doivent viser à leur meilleure intégration possible dans le tissu économique
et social local ; à compétence égale, l’emploi de la main d’œuvre locale doit être recherché
en priorité.

[…]

Les liens entre tourisme, réduction de la pauvreté et biodiversité apparaissent clairement dans le
programme ST-EP, lancé par l’OMT en 2002, avec le soutien du gouvernement de la République de
Corée, de l’organisme de développement néerlandais SNV, du gouvernement italien, du gouvernement
français et de nombreuses autres agences de développement et d’organisations du secteur privé.
Grâce à ce soutien, 90 projets ST-EP sont actuellement en cours de réalisation, au profit de 31 pays
de l’Afrique, de l’Asie, de l’Amérique latine et des Balkans, plus trois projets régionaux en Afrique
occidentale et australe. Les projets ST-EP visent un large éventail d’activités : formation de guides locaux
et de personnel hôtelier, aide à la participation des habitants au développement du tourisme près
des sites du patrimoine naturel et culturel, établissement de liens commerciaux entre les producteurs
pauvres et les entreprises touristiques, fourniture de services commerciaux et financiers aux entreprises
touristiques petites, moyennes et communautaires, lancement et promotion d’initiatives pour un
tourisme communautaire. L’encadré 11 décrit un projet touristique axé sur la biodiversité réalisé dans
le cadre du programme ST-EP au Cambodge, et on trouvera à l’annexe 4 une liste complète des projets
du même type. Pour plus de détails sur les mécanismes et principes de la lutte contre la pauvreté par le
tourisme au titre du programme ST-EP, voir l’annexe 5.

Dans plusieurs projets ST-EP, le volet touristique fait la part belle à la biodiversité. De même, les projets
de l’Unité de la biodiversité de l’OMT en Indonésie et en Thaïlande comportent des éléments des
mécanismes et principes ST-EP qui régissent la lutte contre la pauvreté par le tourisme.

La part prise par la biodiversité dans les projets qui utilisent le tourisme comme instrument de réduction
de la pauvreté signifie que la biodiversité est probablement un des rares atouts dont disposent les
populations pauvres. Elle souligne également la nécessité de protéger l’environnement sur le long terme
Les liens entre le tourisme, la réduction et la pauvreté et la diversité biologique 41

pour garantir le succès du tourisme durable à long terme. Toutefois, la présence d’une biodiversité ne
constitue pas en soi une garantie d’un développement réussi du tourisme, ni d’un tourisme efficace
dans la lutte contre la pauvreté.
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Le succès du développement touristique dans une localité dépend de la facilité d’accès aux principales
sources de touristes (elle-même déterminée par l’infrastructure des transports, leur fiabilité et les temps de
parcours), des établissements d’hébergement disponibles, des conditions sanitaires et de sécurité, et de
l’existence ou non d’entreprises locales fiables qui s’intéressent au tourisme.2 En outre, l’établissement
de liens entre des marchés touristiques éloignés d’une localité et les débouchés touristiques que cette
localité offre est une tâche complexe et nécessite généralement l’intervention de tiers, comme les
agences de voyages ou les voyagistes. La présence de ces intermédiaires est vitale dans le sens où ils
permettent aux localités touristiques d’accéder aux marchés qui les fournissent en touristes ; cependant,
au moment du choix des lieux touristiques à promouvoir, ils prêtent attention à d’autres localités
concurrentes, aux qualités marchandes et à la demande touristique potentielle. En conséquence, il
peut arriver que des localités bénéficiant apparemment d’un bon potentiel touristique ne parviennent
pas à percer sur des marchés parce que d’autres lieux ont la préférence des intermédiaires du tourisme.
En théorie, les localités ont toujours la possibilité de chercher un accès direct aux marchés, mais cette
possibilité se révèle très rarement réalisable sur le plan financier.

Deuxièmement, un développement réussi du tourisme ne garantit pas qu’il sera efficace contre
la pauvreté. La lutte contre la pauvreté est en soi un processus complexe qui combine mesures
d’intervention et programmes au macro-niveau avec des actions au micro-niveau. La pauvreté est l’état
dans lequel se trouvent les gens qui n’ont pas de ressources ou de revenus suffisants pour subvenir à
leurs besoins élémentaires. Elle dépasse largement le manque de revenus : elle se caractérise par la
faim et la malnutrition, une mauvaise santé, le manque d’accès à l’eau et aux moyens d’hygiène, le
manque d’accès à l’éducation, le manque de compétences demandées sur le marché, l’insécurité et la
vulnérabilité.3 Tout l’enjeu de la réduction de la pauvreté et du développement est d’améliorer la qualité
de vie, et de donner plus de choix aux gens ; et la réussite ou l’échec des programmes de réduction de
la pauvreté se mesure à la proportion de personnes dont les besoins élémentaires sont satisfaits d’une
manière sûre et constante compte tenu de leur vulnérabilité face à des chocs et des tendances comme
la maladie, la volatilité des marchés ou le changement climatique.

Le tourisme contribue à faire reculer la pauvreté quand il permet à un plus grand nombre de gens
de subvenir à leurs besoins élémentaires. Cela se traduit généralement par un développement de
l’emploi local ou des possibilités offertes aux petites entreprises par le tourisme soit directement,

2 Programme des Nations unies pour le développement (2005), Forging Links between Protected Areas and the Tourism
Sector. How Tourism Can Benefit Conservation, PNUE, Paris.
3 Organisation mondiale du tourisme (2004), Le tourisme et la réduction de la pauvreté – Recommandations pour l’action,
OMT, Madrid.
42 Le tourisme et la diversité biologique – Réaliser les objectifs communs en faveur de la durabilité

soit à travers l’offre de biens et de services destinés au secteur touristique. Néanmoins, la création
d’emplois et la production de revenus par le tourisme ne signifie pas que ces emplois et ces revenus
profiteront obligatoirement aux populations et communautés locales : les habitants pourront manquer,
par exemple, des qualifications nécessaires pour trouver un emploi dans le secteur touristique, ou de
moyens suffisants pour créer des entreprises capables d’exploiter les débouchés générés par le tourisme.

Figure 1 Exemples d’interactions entre pauvreté en environnement


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Préservation de l’environnement

Gagnantes-perdantes Gagnantes-gagnantes

Gestion de l’environnement Moyens de subsistance durables


excluant les communautés locales (par exemple, agriculture,
(par exemple, absence d’un partage sylviculture, pêche durables, gestion
des avantages, dislocation des des écosystèmes, adaptation aux
communautés) changements climatiques)

Perdantes-perdantes Perdantes-gagnantes

Absence d’une gestion appropriée Moyens de subsistance à court


de l’environnement, avec une terme
incidence négative sur les pauvres (par exemple, surpâturage, sur
(par exemple, absence d’adaptation pêche, déboisement)
aux changements climatiques,
auvaise hygiène environnementale)
Réduction de la
pauvreté

Source : Initiative PNUD-PNUE Pauvreté-Environnement (2009), L’intégration des liens entre pauvreté et environnement dans la
planification du développement : Manuel de bonnes pratiques.

En revanche, les cas ne manquent pas où le tourisme fait naître des tensions et des conflits entre les
entreprises touristiques et les communautés locales, ce qui réduit d’autant sa capacité de contribuer
au recul de la pauvreté. Ces conflits peuvent porter sur l’utilisation des ressources, en particulier la
terre, l’eau douce ou les ressources marines qui représentent un moyen de subsistance important pour
les populations locales ; sur les conséquences sociales que le tourisme entraîne localement lorsque,
par exemple, la tenue vestimentaire ou le comportement des touristes bafoue les valeurs de la culture
locale ; ou sur la proportion de locaux qui travaillent dans des entreprises touristiques, leur rémunération
Les liens entre le tourisme, la réduction et la pauvreté et la diversité biologique 43

et leurs conditions de travail. Les aménagements ou activités touristiques qui donnent lieu à des conflits
de ce genre avec les communautés locales ne facilitent pas la lutte contre la pauvreté.

Encadré 11 Projet ST-EP – Cambodge : sentier de découverte du Mékong et Plan directeur


de développement du tourisme à Kratie
Au Cambodge, le Programme ST-EP contribue actuellement au développement du tourisme dans
les provinces et Stung Treng et Kratie, au nord-est du pays, avec Kratie comme porte d’entrée
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et le fleuve Mékong pour alimenter des activités de tourisme écologique et communautaire. Le


projet est exécuté en trois phases dans lesquelles le ministère cambodgien du Tourisme, SNV, la
Fondation ST-EP et l’OMT collaborent pour que le développement de l’économie locale atteigne
une des régions les moins avancées du Cambodge.

Pendant la première phase, qui s’est achevée en septembre 2007, un plan directeur de
développement du tourisme a été préparé pour la ville de Katie, assorti de recommandations sur
les mesures à prendre par divers acteurs du tourisme pour que Kratie devienne une destination
attrayante, de manière à encourager les visiteurs à prolonger leur séjour et à augmenter le nombre
de visiteurs dans la région.

Certaines de ces recommandations ont été mises en application durant la deuxième phase, comme
celles concernant la multiplication et la diversification des produits et activités touristiques, avec
l’aménagement du sentier de découverte du Mékong pour établir un lien entre les principaux sites
touristiques de Kratie et des lieux d’activités écotouristiques situés à proximité sur les îles et les
berges du fleuve.

L’étude et l’aménagement du sentier se font en étroite collaboration avec les autorités provinciales
et les communautés locales. Dans le cadre du projet, une analyse a été effectuée des débouchés
touristiques possibles le long de la voie que l’on se propose d’ouvrir sur 190 kilomètres dans les
provinces de Kratie et Stung Treng, analyse qui a consisté notamment à recenser et évaluer les
ressources touristiques sur le tracé du sentier, et à examiner quels atouts elles pourraient présenter
et à quelles activités elles pourraient se prêter sur le plan touristique.

L’analyse a également servi à dépister le long du Mékong les villages offrant un potentiel pour
développer le tourisme écologique et communautaire, et à élaborer avec les communautés des
plans préparatoires pour l’aménagement de ces villages. Dans ces plans, une attention particulière
est accordée à l’étude et à l’élaboration de lignes directrices pour chaque village ou communauté ;
à la création des produits touristiques, objets d’artisanat et produits de base complémentaires ; aux
activités économiques en aval et en amont et à leur déroulement dans chaque communauté, et au
développement de moyens de subsistance de remplacement ; à la mise au point des mécanismes
nécessaires pour un partage équitable des retombées entre les parties prenantes ; et à l’évaluation
des besoins énergétiques et des mécanismes de réduction de la pollution. Dans la troisième
phase du projet, certains de ces plans préparatoires collectifs sont mis en œuvre, notamment pour
mieux sensibiliser les villageois et guider leur formation dans les secteurs de l’écotourisme, du
patrimoine, du tourisme culturel et dans les domaines de compétence connexes.

Concernant le développement global du produit et la commercialisation du sentier de découverte


du Mékong, une première analyse prévisionnelle de la demande et de l’offre a été réalisée pour
cerner en gros les segments de marché visés et guider la mise au point des itinéraires pour les
divers circuits et produits possibles. S’agissant du travail de sensibilisation et de promotion, des
voyages d’information ont été organisés pour les médias et entreprises touristiques locaux, et l’on
a créé un site web pour le sentier de découverte du Mékong (www. mekongdiscoverytrail.com).
Source : programme de l’OMT Coopération technique et services.
44 Le tourisme et la diversité biologique – Réaliser les objectifs communs en faveur de la durabilité

Des obstacles structurels peuvent aussi empêcher les personnes et communautés pauvres de tirer
pleinement profit du tourisme, comme ceux qui suivent :

• qualifications ou études insuffisantes pour trouver un emploi dans le tourisme ;

• manque de relations avec les intermédiaires de la chaîne de valeur touristique (qui limite la
capacité de commercialiser avec succès des biens et des services dans le secteur touristique) ;

• manque de moyens suffisants pour pouvoir exploiter les débouchés générés par le dv du tourisme ;
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• droits de propriété mal garantis ou absence de titres fonciers pour les zones qui fournissent des
services écosystémiques et les ressources naturelles dont leur survie dépend ;

• politiques nationales qui désavantagent souvent sans le vouloir les personnes et communautés
pauvres en ne protégeant pas leurs droits ni leurs moyens de subsistance.

Il est possible de surmonter ces obstacles en assurant une formation, en soutenant le développement
des marchés et des produits, en octroyant des subventions ou des prêts au moyen de mécanismes
accessibles aux pauvres et à des taux qu’ils puissent s’offrir, en garantissant les droits de propriété des
personnes et communautés pauvres, et en réformant les politiques nationales. Il est possible de dispenser
une formation et de soutenir le développement des marchés et des produits avec le concours du secteur
touristique, mais l’élimination d’autres obstacles exige des mesures du gouvernement. Surmonter ces
obstacles est important pour la réduction de la pauvreté et contribue à protéger la diversité biologique
en diminuant les pressions qui poussent les pauvres à surexploiter les services écosystémiques et les
actifs naturels pour survivre.

L’approche programmatique qui guide l’Initiative Pauvreté-Environnement du PNUD/PNUE4 fournit un


cadre pour intégrer les liens entre pauvreté et environnement aux plans de développement nationaux
(figure 2), et peut également s’appliquer à la planification du tourisme durable et à sa coordination
avec la lutte contre la pauvreté et la conservation de la biodiversité si sont impliqués les ministères du
tourisme avec les ministères chargés de l’environnement, des zones protégées, des finances et de la
planification. Elle témoigne de la nécessité, pour les différents acteurs concernés, et notamment des
différents ministères, de participer à la formulation des plans et programmes pour l’intégration des liens
entre pauvreté et environnement, pour la mise en œuvre de mesures de soutien et pour le renforcement
des institutions et de la capacité d’appliquer les programmes convenus.

4 Les paragraphes qui suivent s’inspirent de la publication de l’Initiative PNUD-PNUE Pauvreté-Environnement (2009),
L’intégration des liens entre pauvreté et environnement dans la planification du développement : Manuel de bonnes pratiques.
Les liens entre le tourisme, la réduction et la pauvreté et la diversité biologique 45

L’activité touristique et les actions de réduction de la pauvreté nous enseignent que le tourisme est
mieux placé que beaucoup d’autres secteurs pour faire le lien avec les besoins des pauvres5 mais qu’il
faut aussi prendre en considération les facteurs commerciaux et les éléments du marché qui influent
sur le potentiel touristique où que ce soit, et qu’il importe de remédier aux contraintes plus larges qui
maintiennent des gens dans pauvreté, de manière que les pauvres puissent alors profiter des possibilités
offertes par le tourisme. Cette approche demande un travail de planification et de préparation sérieux si
l’on veut avoir la certitude qu’elle sera axée sur les lieux où les conditions existent d’une optimisation
des chances de succès.
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Figure 2 Cadre d’intégration des liens entre pauvreté et environnement aux plans de développement
nationaux

Intégrer les liens entre


Identifier les points
pauvreté et environnement Relever les défis de la
d’entrée et développer
dans les processus mise en oeuvre
l’argumentaire
d’élaboration des politiques

Collecte de données Intégration des questions de


spécifiques au pays pauvreté et d’environnement
Évaluations préliminaires dans le système de suivi
Évaluation intégrée des
Comprendre les interactions écosystèmes Collecte de données et
entre la pauvreté et indicateurs
Analyse économique
l’environnement
Comprendre les contextes
gouvernementaux Influence sur l’élaboration
Budgétisation et financement
institutionnels et politiques des politiques
Appui financier aux mesures
Aux niveaux national,
opérationnelles
sectoriel et infranational

Mise au point des mesures


Sensibilisation et constitution Soutien aux mesures
opérationnelles et estimation
de partenariats opérationnelles
de leurs coûts
Consensus et Aux niveaux national, sectoriel
Aux niveaux national, sectoriel
engagement national et infranational
et infranational

Renforcement des institutions Renforcement des institutions


et des capacités Renforcement des institutions
et des capacités
et des capacités
Évaluation des besoins Généralisation comme pratique
Apprentissage par la pratique
Mécanismes opérationnels courante

Implication des parties prenantes et coordination avec la


communauté du développement
Acteurs gouvernementaux, non gouvernementaux et du
développement

Source : Initiative PNUD-PNUE Pauvreté-Environnement (2009), L’intégration des liens entre pauvreté et environnement dans la
planification du développement : Manuel de bonnes pratiques.

5 Organisation mondiale du tourisme (2004), Le tourisme et la réduction de la pauvreté – Recommandations pour l’action,
OMT, Madrid.
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Chapitre 7

Recommandations à l’intention des


gouvernements, des organisations internationales,
du secteur touristique privé et des ONG
concernant des mesures à prendre en matière de
diversité biologique et de tourisme
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Ainsi qu’on peut le constater dans cette publication, la diversité biologique constitue un des atouts clés
du tourisme, qu’il est important de valoriser et de protéger pour un tourisme durable à long terme. La
protection de la biodiversité et des services écosystémiques fournis par la diversité biologique et les
écosystèmes en bonne santé fait partie du programme que l’OMT et le PNUE se sont fixé pour assurer
un tourisme durable.

Pour s’attaquer aux questions du tourisme et de la biodiversité, il faut avoir à la fois une bonne
compréhension du tourisme et de la diversité biologique, de la façon dont ils sont gérés au travers de
diverses institutions nationales, locales et internationales, et de leurs interactions. En outre, le tourisme
centré sur la biodiversité figure dans certains programmes de réduction de la pauvreté : il convient
donc de prendre aussi en considération les dispositifs de lutte contre la pauvreté quand on se penche
sur les aspects du tourisme et de la biodiversité qui nous intéressent. Le tourisme, la protection de
la biodiversité et la réduction de la pauvreté s’inscrivent en général dans des structures différentes :
tout l’enjeu consiste à établir des passerelles entre ces structures ainsi qu’entre les institutions et les
personnels qui en ont la charge de manière à définir une approche commune qui permette de tirer le
meilleur profit possible aux trois niveaux.

L’étude TEEB établit clairement la nécessité d’inclure la valeur de la diversité biologique et des
écosystémiques dans tous les domaines de l’action et des décisions politiques. La négligence dont
on a fait preuve dans le passé à l’égard de la valeur de la diversité biologique et des écosystèmes
a conduit à une surexploitation et une dégradation de services écosystémiques qui ont de graves
conséquences économiques et auxquelles il est coûteux, difficile, voire impossible de remédier avec
les technologies dont on dispose. Pour compliquer le tout, il s’y ajoute une tendance de différentes
administrations publiques à élaborer des politiques sectorielles sans se concerter. Selon la TEEB, il est
important de comprendre la valeur économique totale (VET) que représentent la biodiversité et les
services écosystémiques, en tenant compte des multiples usages qui sont faits de ces ressources, ce qui
nécessite une approche intégrée quant aux politiques et décisions à adopter, et une approche qui amène
tous les acteurs publics à collaborer pour la formulation et la mise en œuvre de politiques communes.

Consciente de l’importance que revêt la biodiversité pour le tourisme, l’OMT s’active à mettre en
application les Directives de la CDB sur la biodiversité et le développement touristique, qui ont été
adoptées en 2004, et elle a aidé en 2009 la CDB à produire la publication Le tourisme pour la nature et
le développement : un guide des bonnes pratiques. L’OMT travaille également avec divers organismes
gouvernementaux et de développement à des projets associant tourisme et réduction de la pauvreté
dans le cadre du Programme ST-EP (tourisme durable – réduction de la pauvreté). L’enseignement tiré
par l’OMT de ces activités est que les Directives de la CDB constituent un bon outil pour intégrer le
tourisme à la protection de la diversité biologique et pour traiter les éléments du tourisme durable que
sont la diversité biologique et les services écosystémiques.

Par ailleurs, le chapitre du rapport « Vers une économie verte » sur le tourisme, rédigé par l’OMT et le
PNUE parallèlement au présent document, évoque des modèles de « tourisme vert » capables de limiter
les incidences négatives sur l’environnement tout en contribuant au développement économique.
Le chapitre abordera également la question critique qui est de s’assurer que le tourisme est une
bonne réponse aux défis environnementaux, notamment la perte de biodiversité, la dégradation des
écosystèmes et le changement climatique, par une approche dans laquelle tout le monde est gagnant et
48 Le tourisme et la diversité biologique – Réaliser les objectifs communs en faveur de la durabilité

qui établit un équilibre entre les buts économiques de l’industrie touristique et les critères et objectifs
de la durabilité. Élaborées sur la base du travail accompli par l’OMT dans ces domaines, et du cadre
d’action établi par l’étude TEEB et l’Initiative pur une économie verte, les recommandations présentées
dans cette partie visent à garantir que le tourisme est géré et se développe d’une manière telle qu’il
ne provoque pas de dommages, ou que des dommages limités, dans la diversité biologique, que des
démarches intégrées sont plus fréquemment suivies pour rapprocher la planification touristique de la
gestion et de la planification d’autres utilisations des ressources naturelles, et que l’importance de la
biodiversité pour le tourisme est appréciée à sa juste valeur et pleinement prise en compte.
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Les recommandations qui suivent s’appliquent à l’OMT, aux pouvoirs publics (au niveau national et à
celui des destinations), au secteur touristique, aux organisations intergouvernementales et aux ONG, et
leur mise en œuvre variera selon le rôle et les attributions de chacune de ces entités :

1 Promouvoir et suivre les meilleures pratiques pour prévenir ou minimiser les


incidences négatives du tourisme sur la biodiversité
La manière dont le tourisme fonctionne, sa localisation et son mode de développement ont des effets
significatifs sur la biodiversité. Les incidences dues au mode opératoire s’expliquent par l’utilisation de
ressources naturelles, dont l’énergie, l’eau, des denrées alimentaires et d’autres biens, par la propagation
d’espèces étrangères envahissantes et les effets des perturbations et dommages physiques provoqués
par les touristes sur les lieux qu’ils visitent ; et il importe que les centres touristiques soient installés à
des endroits bien choisis et qu’ils soient aménagés avec soin parce que l’ampleur des incidences liées
ensuite à l’exploitation en découle, et parce que même les hôtels exploités de la façon la plus raisonnée
qui soit produiront des impacts majeurs s’il sont érigés dans une zone dont la diversité biologique est
sensible.

Les exemples abondent de bonnes pratiques en usage dans le secteur touristique, qu’il s’agisse de
technologies spécifiques ou de méthodes et de normes d’exploitation qui favorisent une diminution
des pressions sur la diversité biologique. L’Initiative des voyagistes pour un développement durable du
tourisme, par exemple a produit un document d’orientation, en association divers organismes, sur les
loisirs en mer et le tourisme dans les montagnes et les zones désertiques.1 L’UICN et le groupe hôtelier
Accor ont édité des lignes directrices pour les hôtels sur l’utilisation durable des ressources biologiques,2
entre autres sur la lutte contre la propagation d’espèces étrangères envahissantes. L’International
Tourism Partnership3 a produit un guide de bonnes pratiques pour la localisation et la conception des
installations touristiques. Par ailleurs, des organismes touristiques, des ONG, des universités et d’autres
institutions ont rédigé un guide de bonnes pratiques à suivre au niveau national ou régional.

Il importe que les guides des bonnes pratiques permettant d’éliminer ou de limiter les incidences
des activités touristiques sur la biodiversité fassent l’objet d’une large promotion auprès du secteur
touristique et que ce dernier les mette en application.

Il est recommandé en outre à l’OMT de faire un recensement des guides de bonnes pratiques permettant
d’éliminer ou de limiter les incidences des activités et du développement touristiques sur la biodiversité.

2 Intégrer les questions de biodiversité aux plans nationaux et locaux pour un


tourisme durable, et aux décisions concernant la planification du développement
touristique
La diversité biologique est un atout majeur du tourisme. Il est important qu’elle soit protégée en tant
que ressource touristique, et contre les effets négatifs d’un tourisme inapproprié ou excessif. Pour qu’il
y ait une meilleure coordination entre la gestion de la biodiversité et le tourisme, tous les aspects

1 http://www.toinitiative.org/.
2 http://www.iucn.org/about/work/programmes/business/bbp_our_work/tourism/.
3 http://www.tourismpartnership.org/.
Recommandations à l’intention 49

entourant la diversité biologique, tels qu’ils sont définis dans les stratégies et les plans nationaux relatifs
à la biodiversité, doivent être pris en compte dans les plans nationaux et locaux pour un tourisme
durable, qu’il faille réviser les plans touristiques existants ou intégrer les questions de biodiversité à la
préparation des stratégies et plans touristiques futurs, et à la planification des décisions portant sur les
projets de développement touristique.

D’autre part, il est nécessaire d’évaluer les effets cumulés du tourisme sur la diversité biologique et, le
cas échéant, il faudra fixer des limites au développement touristique, ainsi qu’au niveau et à la fréquence
des visites dans certaines zones, afin d’équilibrer le tourisme et d’autres utilisations de la biodiversité
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pour éviter qu’un usage ou un développement excessif porte atteinte à la diversité biologique.

On dispose de divers outils et méthodes pratiques qui peuvent servir à améliorer la coordination entre
la gestion de la biodiversité et le tourisme aux niveau national et local. Que l’on pense, par exemple,
au travail concerté entre les administrations chargées du tourisme et de la gestion de la biodiversité, à
l’évaluation environnementale stratégique (EES) et aux politiques intégrées de développement durable.
On pourra également opter pour diverses méthodes et formules afin de faciliter la gestion intégrée du
tourisme et de la biodiversité, notamment la « gamme de possibilités récréatives » et les « limites de
changement acceptable ».4

3 Utiliser les Directives de la CDB sur la biodiversité et le développement touristique


pour aider à la réalisation des éléments du tourisme durable que sont la diversité
biologique et les services écosystémiques
La protection de la biodiversité fait partie des éléments d’un tourisme durable, par exemple, tels qu’ils
sont définis par les Critères mondiaux du tourisme durable, ainsi que dans l’approche et le programme
d’action établis dans la publication PNUE/OMT Vers un tourisme durable. Les Critères s’inspirent à
la fois des Directives de la CDB et du Code mondial d’éthique du tourisme de l’OMT, et l’ensemble
constitue une base solide pour la réalisation d’un tourisme durable, y compris de ses éléments que sont
la biodiversité et les services écosystémiques.

L’OMT s’emploie activement à mettre en oeuvre les Directives de la CDB sur la biodiversité et le
développement touristique au travers de son Unité de conseil sur le tourisme et la biodiversité.
L’expérience montre que les Directives sont un bon instrument pour aider la mise en oeuvre des
politiques et des plans pour un tourisme durable sous les aspects de la diversité biologique et des
services écosystémiques, aux niveaux national et local et sur les lieux touristiques, et pour renforcer la
collaboration entre les acteurs chargés de la gestion de la biodiversité et du secteur touristique.

4 Appliquer les conclusions de la TEEB à la gestion et au développement durables


du tourisme
Il ressort de l’étude TEEB que la conservation de la biodiversité se justifie sur le plan économique. Une
mauvaise protection de la biodiversité entraîne la perte de services écosystémiques précieux, et la TEEB
préconise des approches et des modes de gestion indispensables pour remédier à cette lacune. Ils sont
fondés sur un calcul de la valeur économique totale, et complétés par des mesures destinées à intégrer
ce facteur aux politiques et décisions adoptées pour corriger les distorsions dues à l’ignorance de la
valeur que représente la biodiversité.

Voici quelles sont les mesures préconisées dans la TEEB : établissement d’un juste prix pour les services
écosystémiques ; paiement des services écosystémiques ; réforme des subventions pour supprimer
celles qui portent atteinte à la diversité biologique et pour créer des incitations à la conservation de la
biodiversité et au développement durable ; et recours à la réglementation et à la loi des prix pour établir

4 Secrétariat de la Convention sur la diversité biologique (2007), Managing Tourism and Biodiversity, Users’ Manual on the
CBD Guidelines on Biodiversity and Tourism Development, Secrétariat de la CDB, Montréal.
50 Le tourisme et la diversité biologique – Réaliser les objectifs communs en faveur de la durabilité

des normes environnementales et prévenir de nouvelles pertes. La TEEB souligne également la nécessité
d’une collaboration et de partenariats pour réaliser ces changements à tous les niveaux.

Il est aussi recommandé que l’OMT joue un rôle important dans la mise en oeuvre des préconisations
de la TEEB en travaillant avec d’autres agences des Nations unes, les ministères du Tourisme, les offices
du tourisme nationaux et les destinations, et les entreprises touristiques privées pour trouver des moyens
pratiques d’appliquer les conclusions de la TEEB à la gestion et au développement durables du tourisme.
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5 Promouvoir l’investissement dans l’infrastructure écologique qui protège et


favorise le tourisme
L’étude TEEB montre clairement qu’il est rentable d’investir dans l’infrastructure écologique et notamment
de gérer intelligemment et d’élargir les zones protégées, et de restaurer les services écosystémiques, en
réhabilitant par exemple des récifs ou des zones boisées. Dans de nombreux cas, les investissements
dans l’infrastructure écologique créent de nouveaux débouchés touristiques, et les recettes touristiques
peuvent contribuer au succès de ces investissements à long terme. Il est nécessaire de promouvoir à
grande échelle la capacité que possèdent les gouvernements et le secteur touristique d’investir dans
l’infrastructure écologique qui protège et favorise le tourisme, et il est important que cette capacité soit
exploitée par les gouvernements et le secteur touristique, et qu’elle soit intégrée aux plans et stratégies
nationaux pour un tourisme durable.

6 Limiter les incidences de l’adaptation du tourisme au changement climatique sur


la biodiversité
Le changement climatique influe sur la biodiversité et sur les activités économiques, dont le tourisme.
Le tourisme doit s’adapter au changement climatique mais il faut éviter qu’il s’étende de ce fait à des
zones peut-être plus sensibles et qu’il ajoute du même coup de nouvelles pressions sur la biodiversité.
Parallèlement, une gestion ciblée de la diversité biologique, comme la protection ou la restauration de
récifs coralliens, d’écosystèmes côtiers, de zones humides ou de forêts alpestres, peut aider le tourisme
à s’adapter et à résister au changement climatique.

La réduction des émissions de carbone demeure une priorité du secteur touristique, qu’il s’agisse
d’utiliser l’énergie plus efficacement ou de développer l’utilisation de sources d’énergie renouvelables,
à l’instar du projet Hotel Energy Solutions5. On pourra aussi recourir à des mécanismes volontaires de
réduction des émissions de carbone en faveur de la biodiversité, assortis de procédures approuvées
pour vérifier les diminutions de rejets obtenues avec ces mécanismes.

7 S’assurer que dans les cas où le tourisme sert de support à la conservation de la


biodiversité ou à la réduction de la pauvreté, il existe une justification économique
claire aux activités touristiques
Le succès des activités et projets touristiques dépend de la demande sur le marché et des liens avec
d’autres secteurs de la chaîne de valeur touristique. Quand on considère que le tourisme est un acteur
de la conservation ou du développement, il importe de voir quel est objectivement le niveau de la
demande sur le marché, s’il existerait des liens suffisants avec la chaîne de valeur touristique, et si
l’on peut s’attendre à ce que l’élément touristique soit commercialement viable et, donc, en mesure
d’apporter une contribution effective et continue à la conservation de la biodiversité et à la réduction
de la pauvreté. Certes le tourisme peut apporter une telle contribution, et il le prouve, mais uniquement
dans les situations où la demande et les liens avec la chaîne de valeur touristique sont suffisants pour
garantir sa viabilité commerciale, et pas dans les situations où cela ne se vérifie pas.

5 www.hotelenergysolutions.net.
Recommandations à l’intention 51

Par ailleurs, la nécessité s’impose d’amplifier le travail de suivi et d’évaluation des résultats des projets
comprenant des éléments touristiques de manière à mieux saisir le degré d’efficacité de ces éléments
par rapport aux objectifs du tourisme et des projets en général, les facteurs qui contribuent à leur
succès, et les problèmes éventuellement rencontrés, avec les solutions qu’on leur a apportées. Les
conclusions de ces évaluations, qui s’appuient sur la publication de l’OMT et de SNV intitulée Manuel
sur le tourisme et la réduction de la pauvreté6 ainsi que sur l’expérience acquise dans le cadre de
projets ST-EP de l’OMT, pourraient constituer une base utile pour l’élaboration d’un guide sur les cas
dans lesquels le tourisme peut le mieux faire ses preuves en tant qu’élément de projets de conservation
ou de lutte contre la pauvreté, et sur la conception et la planification d’activités touristiques pouvant
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s’inscrire dans des projets de ce type.

8 Mieux connaître et mieux comprendre les liens entre biodiversité, services


écosystémiques et tourisme
Selon une des conclusions de l’étude TEEB, il est nécessaire de mieux connaître et mieux comprendre les
liens entre la biodiversité, les services écosystémiques et l’économie. Cela vaut autant pour le tourisme
que pour d’autres secteurs. S’agissant du tourisme, il faudrait mieux comprendre la contribution de la
diversité biologique et des services écosystémiques à la qualité du tourisme et des destinations ; les
indicateurs et méthodes à employer pour l’évaluer, en se servant par exemple de la publication de
l’OMT Indicators of Sustainable Development for Tourism Destinations: A Guidebook7, et pour intégrer
la valeur de la biodiversité au travail de planification et aux décisions du secteur touristique, ainsi
qu’aux comptes satellites du tourisme ; les pressions et impacts du tourisme sur la diversité biologique,
et les relations entre le tourisme et d’autres utilisations de la biodiversité ; les techniques, technologies
et mesures que les entreprises touristiques peuvent appliquer pour protéger durablement la biodiversité
; et les moyens de mieux sensibiliser les entreprises touristiques et les touristes à l’importance de la
biodiversité et de sa conservation.

9 Promouvoir les produits et activités touristiques durables liés à la protection de


la biodiversité
Des produits et activités touristiques liés à la conservation de la biodiversité et à la protection des actifs
naturels aident à démontrer la valeur que représente la diversité biologique pour le tourisme et à produire
des recettes qui seront investies dans la biodiversité et le maintien des services écosystémiques. On ne
manque pas d’exemples à cet égard, et l’OMT a rédigé un guide sur le développement des produits et
activités touristiques liés à la biodiversité ;8 il importe de promouvoir ces produits et activités auprès du
secteur touristique, et d’en étendre l’utilisation.

Il existe en outre pour l’OMT des possibilités de collaborer avec le Secrétariat de la CDB pour
encourager les concessions touristiques dans zones protégées et renforcer leurs capacités, pour aider
les administrations des zones protégées, en particulier dans les pays en développement, à conclure des
alliances avec des acteurs du tourisme afin de promouvoir des investissements adéquats et à même de
produire des ressources pour les zones protégées, pour assurer aux communautés indigènes et locales
des moyens de subsistance et des débouchés, et pour encourager le tourisme indigène respectueux de
la biodiversité.

6 Organisation mondiale du tourisme et Netherlands Development Organization (2010), Manuel sur le tourisme et la réduction
de la pauvreté – De mesures pratiques pour les destinations, OMT et SNV, Madrid.
7 Organisation mondiale du tourisme (2004), Indicators of Sustainable Development for Tourism Destinations: A Guidebook,
OMT, Madrid.
8 Organisation mondiale du tourisme (2010), Practical Guide for the Development of Biodiversity-based Tourism Products,
OMT, Madrid.
52 Le tourisme et la diversité biologique – Réaliser les objectifs communs en faveur de la durabilité

10 Impliquer toutes les parties prenantes dans le travail d’évaluation et dans la


recherche d’un équilibre entre l’utilisation des services écosystémiques pour la
gestion et le développement du tourisme durable, et d’autres utilisations viables
Il est dit dans l’étude TEEB que, partout, de multiples activités reposent sur une exploitation de la
diversité biologique et des services écosystémiques et que, pour parvenir à une durabilité maximale, il
convient de se concentrer sur la valeur économique totale en tenant compte de toutes les utilisations
du milieu naturel. En cherchant à tirer le maximum d’une seule forme d’utilisation, que ce soit à
des fins touristiques ou autres, on risque fort de nuire à d’autres utilisations et de ne pas atteindre
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l’objectif d’une durabilité maximale. La TEEB souligne la nécessité de faire participer tous les acteurs
intéressés au recensement des différentes utilisations qui sont faites de la biodiversité et des services
écosystémiques dans telle ou telle zone, au calcul de la valeur de ces services, et à la recherche de
l’équilibre voulu entre les différentes utilisations de ladite zone. Cet impératif va dans le sens des buts
du tourisme durable, et en particulier des buts relatifs à l’équité sociale, à la prise en mains locale,
au bien-être des communautés et à la diversité biologique, et dans le sens des articles 3 et 5 du Code
mondial d’éthique du tourisme.
Chapitre 8

Conclusion
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La protection de la biodiversité est un problème de la plus grande importance à l’échelle nationale


et internationale. L’étude TEEB met en lumière la valeur économique de la biodiversité et de services
écosystémiques qu’elle fournit, dont il faut tenir pleinement compte dans les plans et les décisions
arrêtés par les pouvoirs publics à tous les niveaux, par le secteur privé et par les autres parties prenantes.
En complément, les objectifs de la biodiversité pour 2010 et après, tels qu’ils sont fixés dans la CDB,
définissent la stratégie à suivre pour stopper l’appauvrissement de la biodiversité et inverser la tendance.

Le bilan dressé dans le présent rapport met en évidence la valeur importante que la diversité biologique
représente pour le tourisme. La diversité biologique, élément capital de la qualité de l’environnement
et de l’attrait d’une destination pour les touristes, doit être protégée pour assurer le succès du tourisme
à long terme. A cette fin, et pour bien protéger la biodiversité et les services écosystémiques, dans
l’esprit des objectifs de la biodiversité pour 2010 et après, et des recommandations de la TEEB, il est
particulièrement important de bien encadrer l’aménagement du territoire et le développement dans
les destinations pour exercer une influence sur les activités touristiques existantes ou nouvelles et pour
parer aux projets qui pourraient s’avérer dommageables.

Beaucoup de pays et de destinations ont déjà mis en place des stratégies et des politiques concernant
le tourisme et la biodiversité. Cependant, il apparaît souvent nécessaire de renforcer l’intégration
entre elles, ce qui pourra être fait à l’occasion de leur vérification et de leur refonte, sur la base des
recommandations contenues dans le présent rapport. Si ces stratégies et politiques sont nouvelles, leur
intégration pourra s’effectuer dès le départ. De même, le secteur privé et les autres parties prenantes
seront bien avisés de prendre des dispositions pour limiter, voire prévenir dans la mesure du possible,
les incidences négatives du tourisme sur la biodiversité.

La nécessité étant reconnue partout dans le monde de stopper l’appauvrissement de la biodiversité et


d’inverser la tendance, le moment est venu pour tous les acteurs du tourisme – gouvernements, aux
niveaux national et local, et dans les destinations, secteur privé et autres parties prenantes – de mettre
en œuvre et de renforcer les moyens pris pour atteindre cet objectif.
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Annexe 1

Typologie des services écosystémiques

La typologie des services écosystémiques qui suit est utilisée dans l’étude TEEB, en complément des
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services connexes répertoriés dans MA.

Principaux-types de services

Services d’approvisionemen

• Nourriture (poisson, gibier, fruits, etc.)


• Eau (pour la consommation, l’irrigation, le refroidissement, etc.)
• Matières premières (fibres, bois d’œuvre, bois de feu, fourrage, engrais, etc.)
• Ressources génétiques (pour l’amélioration des cultures, des fins médicinales, etc.)
• Ressources médicinales (produits biochimiques, modèles, organismes pour les essais, etc.)
• Ressources ornementales (artisanat, plantes décoratives, animaux de compagnie, articles de mode)

Services de régulation

• Contrôle de la qualité de l’air (prélèvement de (fines) particules, matières chimiques, etc.)


• Régulation du climat (piégeage du carbone, influence de la végétation sur la pluviométrie, etc.)
• Modération des phénomènes extrêmes (protection contre les tempêtes, prévention des inondations, etc.)
• Régulation du débit d’eau (drainage naturel, irrigation, prévention de la sécheresse, etc.)
• Traitement des déchets (en particulier, purification de l’eau)
• Prévention de l’érosion
• Maintien (de la fertilité des sols (formation des sols y compris)
• Pollinisation
• Contrôle biologique (dispersion des semences, lutte contre parasites et maladies, etc.)

Services relatifs aux habitats

• Maintien du cycle de vie des espèces migratrices (pouponnières, etc.)


• Maintien de la diversité génétique (protection du patrimoine génétique, notamment)

Services culturels

• Informations d’ordre esthétique


• Offres de loisirs et d’activités touristiques
• Inspiration pour la culture, les arts et le design
• Expérience spirituelle
• Informations pour le développement cognitif
56 Le tourisme et la diversité biologique – Réaliser les objectifs communs en faveur de la durabilité

Services complémentaires, selon l’Évaluation des écosystèmes pour le millénaire (Millennium Ecosystem
Assessment, 2005)

• Cycle des matières nutritives (rôle joué par les écosystèmes dans la circulation et le recyclage des matières
nutritives (azote, soufre, phosphore, carbone, etc.) au cours de processus tels que la décomposition ou
l’absorption)
• Production primaire (formation de matière biologique par les végétaux par photosynthèse et assimilation des
substances nutritives)
• Cycle de l’eau (circulation de l’eau dans les écosystèmes)
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• Régulation du débit d’eau (drainage naturel, irrigation, prévention de la sécheresse, etc.)

Sources : The Economics of Ecosystems and Biodiversity: The Ecological and Economic Foundations (TEEB D0), chapitre 1 et annexe 2
[inspirés ou adaptés principalement de Costanza et al. (1997), De Groot et al. (2002), MA (2005a), Daily et al. (2008) ; voir TEEB,
annexe 2 pour plus de détails], et Millennium Ecosystem Assessment, 2005 (Supporting Services).
Annexe 2

Impacts du tourisme sur l’environnement


et la diversité biologique
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Voici quels peuvent être les impacts du tourisme sur l’environnement et la diversité
biologique :
a) utilisation de terres et de ressources pour la fourniture de moyens d’hébergement, d’équipements
touristiques et d’autres infrastructures, dont les réseaux routiers, les aéroports et les ports maritimes ;

b) extraction et utilisation de matériaux de constructions (sable des plages, calcaire des coraux, bois,
etc.) ;

c) détérioration ou destruction d’écosystèmes et d’habitats, par le déboisement, l’assèchement de


zones humides, un usage intensif ou irraisonné de terres ;

d) augmentation du risque d’érosion ;

e) perturbation d’espèces sauvages, qui nuit à leur comportement habituel et peut influer sur le taux
de mortalité et de reproduction ;

f) altération d’habitats et d’écosystèmes ;

g) augmentation du risque d’incendie ;

h) prélèvements irraisonnés sur la flore et la faune par les touristes (lorsqu’ils cueillent des fleurs,
ou achètent des souvenirs fabriqués à base d’espèces sauvages et notamment d’espèces en voie
de disparition comme les coraux et les carapaces de tortue, ou lorsqu’ils chassent, abattent des
animaux ou pêchent illégalement) ;

i) augmentation du risque d’introduction d’espèces étrangères ;

j) consommation d’eau intensive par le tourisme ;

k) extraction d’eau souterraine ;

l) dégradation de la qualité de l’eau (eau douce, eau des zones côtières) et pollution par les eaux
d’égout ;

m) eutrophisation des habitats aquatiques ;

n) introduction de pathogènes ;

o) production, traitement et élimination des eaux d’égout et eaux usées ;

p) déchets chimiques, substances toxiques et polluants ;

q) déchets solide (ordures) ;

r) contamination des ressources produites par les terres, l’eau douce et l’eau de mer ;

s) pollution et production de gaz à effet de serre, par les transports aérien, routier, ferroviaire et
maritimes, à l’échelle locale, nationale et mondiale ;

t) bruit.
58 Le tourisme et la diversité biologique – Réaliser les objectifs communs en faveur de la durabilité

Voici quels peuvent être les impacts socioéconomiques et culturels du tourisme :


a) afflux de personnes et déchéance sociale (prostitution, toxicomanie dans la population locale,
etc.) ;

b) incidences sur les enfants et les jeunes ;

c) fragilité face aux fluctuations du volume de touristes, avec le risque d’une baisse soudaine des
revenus ou du nombre d’emplois quand l’affluence diminue ;
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d) incidences sur les communautés indigènes et locales et sur leurs valeurs culturelles ;

e) incidences sur la santé et l’intégrité des cultures locales ;

f) conflits intergénérationnels et transformation du rapport entre hommes et femmes ;

g) érosion des pratiques et modes de vie traditionnels ;

h) perte de l’accès des communautés indigènes et locales à leur terre et à leurs ressources ainsi
qu’à leurs lieux sacrés, qui sont essentiels à la préservation de leur savoir et de leurs mode de vie
traditionnels.

Voici quelles peuvent être les retombées positives du tourisme :


a) production de recettes pour le maintien de ressources naturelles dans la zone ;

b) contribution au développement économique et social, par exemple :

i) le financement du développement de l’infrastructure et des services ;

ii) la création d’emplois ;

iii) l’affectation de crédits au développement ou au maintien de pratiques viables ;

iv) la fourniture aux communautés de moyens nouveaux et supplémentaires de tirer un revenu


de la diversité biologique ;

v) la fourniture d’un gagne-pain ;

vi) l’éducation et l’apprentissage de l’autonomie ;

vii) des produits d’appel qui peuvent contribuer directement à la mise au point d’autres produits
assimilés dans la destination ou la région ;

viii) la satisfaction des touristes et l’expérience qu’ils vivent dans la destination.


Source : articles 41, 42 et 43, Secrétariat de la Convention sur la diversité biologique (2004), Guidelines on Biodiversity and Tourism
Development – International guidelines for activities related to sustainable tourism development in vulnerable terrestrial,
marine and coastal ecosystems and habitats of major importance for biological diversity and protected areas, including
fragile riparian and mountain ecosystems, Secrétariat de la CDB, Montréal.
Annexe 3

Les 12 objectifs en faveur du tourisme durable

Les douze objectifs d’un programme en faveur du tourisme durable sont :


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1) La viabilité économique
Assurer la viabilité et la compétitivité des destinations et entreprises touristiques fin qu’elles puissent continuer
à prospérer et générer des bénéfices à long terme.
2) La prospérité au niveau local
Maximiser la contribution du tourisme à la prospérité économique de la destination hôte, notamment la
proportion de dépenses touristiques réalisées dont bénéficie la communauté locale.
3) La qualité de l’emploi
Renforcer le nombre et la qualité d’emplois locaux créés et supportés par le tourisme, notamment les niveaux
de salaire, les conditions de travail et l’égalité des chances devant l’emploi, sans discrimination de sexe, de race,
de handicap ou autre.
4) L’équité sociale
Rechercher une répartition large et juste des bénéfices économiques et sociaux du tourisme dans l’ensemble
de la communauté bénéficiaire, notamment en améliorant les opportunités d’emploi, les revenus et les services
proposés aux plus pauvres.
5) La satisfaction des visiteurs
Offrir à tous les visiteurs des activités sûres, enrichissantes et appréciées, sans discrimination fondée sur le sexe,
la race, le handicap ou autre.
6) Le contrôle local
Faire participer les communautés locales, en leur en donnant les moyens, à la planification et au processus
décisionnel concernant la gestion et l’évolution future du tourisme dans leur région, en consultation avec les
autres acteurs.
7) Le bien-être des communautés
Maintenir et améliorer la qualité de vie des communautés locales, notamment les structures sociales et l’accès
aux ressources, aux services collectifs et aux systèmes d’assistance à la vie, en évitant toute forme de
dégradation ou d’exploitation sociale.
8) Richesse culturelle
Respecter et renforcer le patrimoine historique, la culture authentique, les traditions et les particularités des
communautés d’accueil.
9) Intégrité physique
Maintenir et améliorer la qualité des paysages, urbains et ruraux, et éviter toute dégradation physique et
visuelle de l’environnement.
10) Diversité biologique
Soutenir la conservation des aires naturelles, des habitats, de la faune et de la flore sauvages, et limiter le plus
possible les dommages qu’ils peuvent subir.
11) Utilisation rationnelle des ressources
Limiter au maximum l’utilisation des ressources rares et non renouvelables dans le développement et
l’exploitation des infrastructures et services touristiques.
12) Pureté de l’environnement
Limiter au maximum la pollution de l’air, de l’eau et du sol et la production de déchets par les entreprises
touristiques et les visiteurs.

Source : PNUE et OMT (2005), Vers un tourisme durable – Guide à l’usage des décideurs.
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Annexe 4

Projets ST-EP liés à un tourisme axé


sur la diversité biologique
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Pays/région Objet Principale source


de financement

Afrique

Bénin Promotion et développement du tourisme durable dans la zone tampon du Gouvernement


parc W italien

Burkina Faso Développement du tourisme durable dans la zone tampon du parc W Gouvernement
italien

Cameroun Création d’un réseau de promotion et de renforcement des capacités pour SNV
des circuits d’observation des oiseaux coureurs

Éthiopie Développement de l’écotourisme dans le parc national du mont Balé SNV

Ghana Développement des destinations touristiques sur la côte occidentale Gouvernement


italien

Guinée Développement de l’écotourisme à Sangareah dans la région de Dubreka Fondation ST-EP

Kenya Création d’une passerelle à Kitengela Fondation ST-EP

Montage du dossier concernant la conservation des espèces sauvages dans Fondation ST-EP
la communauté de Kasigau UICN Pays-Bas
Développement de l’emploi local dans la destination touristique d’Amboseli
par la création d’une école moderne de formation au tourisme

Madagascar Développement de l’écotourisme communautaire dans la zone protégée Fondation ST-EP


d’Anjozorobe-Angavo

Mali Renforcement des capacités des acteurs du tourisme à Douentza et Fondation ST-EP
d’Hombori dans le cadre du projet de développement de l’écotourisme et
de défense des éléphants de Gourma

Extension des activités écotouristiques : approvisionnement des hôtels de Gouvernement


Sangha en denrées agricoles italien

Soutien aux femmes entrepreneurs par le développement de l’artisanat et AECID


de l’agro-industrie dans la région de Mopti

Extension des activités écotouristiques : promotion de l’écotourisme à Siby Gouvernement


italien
Extension des activités écotouristiques : formation de guides à Djenné,
Sangha et Siby

Extension des activités écotouristiques : formation de guides à Mopti

Mozambique Programme de formation pour des gîtes communautaires Fondation ST-EP


Gouvernement
flamand

Niger Valorisation du tourisme dans la zone tampon du parc W par la création de Gouvernement
micro-entreprises italien
62 Le tourisme et la diversité biologique – Réaliser les objectifs communs en faveur de la durabilité

Pays/région Objet Principale source


de financement

Afrique

Rwanda Sentiers entre le fleuve Congo et le Nil SNV


Fondation ST-EP
OMT

République Protection de la zone côtière entre Pangani et Saadani Fondation ST-EP


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unie de
Tanzanie Projet écotouristique dans les monts Uluguru Fondation ST-EP
UICN Pays-Bas

Amérique latine

Bolivie Amélioration du tourisme communautaire en milieu rural et de la gestion SNV


commerciale pour consolider le chemin des Incas (projet Qhapac-Ñan) Fondation ST-EP
OMT

Équateur Développement du tourisme durable dans les zones protégées SNV

Encouragement du tourisme communautaire en milieu rural et des SNV


entreprises intégrées pour une gestion efficace des destinations le long du Fondation ST-EP
chemin des Incas (projet Qhapac-Ñan Project)
OMT
Encouragement du tourisme durable par un développement des
entreprises intégrées dans les îles Galapagos

Pérou Tourisme durable et observation des oiseaux à Luichupucro Fondation ST-EP

Développement du tourisme communautaire en milieu rural à Aypate pour SNV


une gestion efficace des destinations le long du chemin des Incas (projet Fondation ST-EP
Qhapac-Ñan Project)
OMT
Développement du tourisme communautaire en milieu rural à Aypate pour
une gestion efficace des destinations le long du chemin des Incas (projet
Qhapac-Ñan Project)

Asie

Cambodge Sentier de découverte du Mékong et Plan directeur de développement du SNV


tourisme à Katie

Sentier de découverte du Mékong SNV


Fondation ST-EP
OMT
AECID

République Création d’un sentier suspendu dans la voûte forestière et d’une tyrolienne : Fondation ST-EP
démocratique nouvelle attraction touristique dans le parc national de Dong Hua UICN Pays-Bas
populaire Lao
Modernisation des installations pour soutenir le tourisme communautaire
centré sur les éléphants et la conservation de la nature dans le district de
Hongsa

Renforcement des capacités pour la planification et la gestion des activités SNV


de conservation dans le district de Viengxay

Népal Aménagement du grand circuit de l’Himalaya dans l’ouest du Népal : créer SNV
des liens entre les entreprises de l’économie formelle ou informelle et les Fondation ST-EP
marchés touristiques pour réduire la pauvreté
OMT

Vietnam Promotion du tourisme durable au service des populations pauvres pour Fondation ST-EP
l’amélioration des moyens de subsistance et la conservation de la UICN Pays-Bas
biodiversité à la lagune côtière de Tam Giang, province de Thua Thien Hue
Annexe 5

Mécanismes et principes ST-EP pour avancer


dans la réduction de la pauvreté par le tourisme
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Les sept mécanismes ST-EP


1. Emploi de pauvres dans les entreprises touristiques.

2. Fourniture de biens et de services aux entreprises touristiques par les pauvres ou par des entreprises
employant des pauvres.

3. Ventes directes de biens et de services par les pauvres (économie informelle).

4. Création et exploitation d’entreprises touristiques par les pauvres – micro, petites et moyennes
entreprises ou entreprises communautaires (économie formelle).

5. Perception d’un impôt ou d’une redevance sur les revenus ou les bénéfices touristiques au profit
des pauvres.

6. Aides et dons spontanés des entreprises touristiques et des touristes.

7. Investissement dans l’infrastructure sous l’impulsion du tourisme, qui profite également aux
pauvres de la localité, directement ou par le soutien apporté à d’autres secteurs.

Les dix principes régissant la réduction de la pauvreté par le tourisme


1. Le secteur touristique est en mesure et dans l’obligation de se préoccuper de lutte contre la
pauvreté, sous tous les aspects et toutes les formes de son activité.

2. Tous les gouvernements doivent faire de la réduction de la pauvreté un des objectifs clés du
développement touristique et considérer le tourisme comme un instrument utile pour faire reculer
la pauvreté.

3. La compétitivité et la réussite économique des entreprises touristiques et des destinations sont


déterminantes dans la lutte contre la pauvreté : sans elles, les pauvres ne peuvent tirer aucun
bénéfice du tourisme.

4. Toutes les entreprises touristiques doivent se soucier des incidences de leurs activités sur les
communautés locales, et d’agir pour le bien des pauvres.

5. Les destinations touristiques doivent avoir la réduction de la pauvreté comme axe central de leurs
stratégies et plans d’action.

6. Il est nécessaire de bien comprendre comment le tourisme fonctionne dans les destinations,
notamment comment les revenus du tourisme sont répartis et qui en profite.

7. La planification et le développement du tourisme dans les destinations doivent prendre en


considération toute sorte d’intérêts, et s’effectuer avec la participation et une représentation des
communautés pauvres.

8. Tous les impacts potentiels du tourisme sur la vie des communautés locales doivent être pris
en considération, y compris les incidences actuelles et futures sur les ressources naturelles et
culturelles, au niveau local et mondial.
64 Le tourisme et la diversité biologique – Réaliser les objectifs communs en faveur de la durabilité

9. Il importe de veiller à la viabilité de tous les projets impliquant les pauvres, en garantissant l’accès
aux marchés et en multipliant les possibilités de création de liens fructueux avec des entreprises
établies.

10. Il importe de surveiller de près les effets du tourisme sur la réduction de la pauvreté.
Source : OMT et SNV (2010), Manual on Tourism and Poverty Alleviation – Practical Steps for Destinations.
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Liste des tableaux, encadrés et figures
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Tableaux
Tableau 1 Rapport entre les processus de mise en oeuvre des Directives de la CDB
et le tourisme durable ........................................................................................................... 21

Tableau 2 Solutions existantes et préconisées dans la TEEB pour une meilleure administration
du capital naturel ................................................................................................................. 30

Encadrés
Encadré 1 Services écosystémiques ....................................................................................................... 2

Encadré 2 Unité de conseil de l’OMT sur le tourisme et la biodiversité ................................................. 4

Encadré 3 Les multiples usages de la biodiversité .................................................................................. 10

Encadré 4 Illustrations de la valeur des parcs, zones protégées et espèces sauvages pour le tourisme .... 15

Encadré 5 Élaboration des Directives de la CDB sur la biodiversité et le développement touristique...... 20

Encadré 6 Économie des écosystèmes et de la biodiversité – Principales conclusions ........................... 28

Encadré 7 Le tourisme et les services écosystémiques – Flux économiques enregistrés lorsque des
zones protégées servent d’exemple de service écosystémique ............................................. 32

Encadré 8 Tourisme durable et conservation de la biodiversité à Pangandaran (Indonésie) ................... 35

Encadré 9 Politiques suivies au Mexique, en Namibie et à Malte en faveur d’un tourisme durable ........ 36

Encadré 10 Extraits du Code mondial d’éthique du tourisme concernant le développement durable,


la protection de l’environnement et les retombées pour les pays et
communautés d’accueil........................................................................................................ 40

Encadré 11 Projet ST-EP – Cambodge : sentier de découverte du Mékong et


Plan directeur de développement du tourisme à Kratie ......................................................... 43

Figures
Figure 1 Exemples d’interactions entre pauvreté en environnement .................................................... 42

Figure 2 Cadre d’intégration des liens entre pauvreté et environnement


aux plans de développement nationaux................................................................................ 45
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Bibliographie
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68 Le tourisme et la diversité biologique – Réaliser les objectifs communs en faveur de la durabilité

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