Vous êtes sur la page 1sur 48

Gazettedu Palais

TRI-HEBDOMADAIRE
DIMANCHE 12 AU MARDI 14 JUIN 2005 125 e année No 163 à 165

Doctrine
LUTTE CONTRE LES OPÉRATIONS D’INITIÉS ET LES MANIPULATIONS DE COURS :
VERS UN RENFORCEMENT DE L’INTÉGRITÉ DES MARCHÉS FINANCIERS ? 2
S O M M A I R E

par Silvestre Tandeau de Marsac

Jurisprudence
1) PROCÉDURE CIVILE 11
Production des pièces – Moment où les pièces peuvent être produites
2) AVOCATS
Conseil de l’Ordre – Élections – Modalités du scrutin − Vote électronique –
Recours en annulation – Procédure – Communication des pièces
Cass. 1re civ., 7 juin 2005

Sommaires
de jurisprudence des cours et tribunaux
ANNULATION POUR ERREUR SUR LA SUBSTANCE DE LA VENTE PRIVÉE
D’UNE ŒUVRE D’ART 13
Note Henri Vray sous C. Paris (1re ch., sect. A), 22 mars 2005

Panorama
des principales références communautaires 16
MAI 2005
par Jean Ricatte

Panorama
de la Cour
de cassation 17
RÉSUMÉS D’ARRÊTS − CHAMBRES CIVILES

Entretien 38
CLAUDE DUVERNOY, BÂTONNIER DE L’ORDRE DES AVOCATS DU BARREAU
DES HAUTS-DE-SEINE

Actualité 43
RAPPORT POUR L’ANNÉE 2004 DE L’AUTORITÉ DES MARCHÉS FINANCIERS

JOURNAL SPÉCIAL DES SOCIÉTÉS FRANÇAISES PAR ACTIONS


CETTE PUBLICATION COMPORTE 3 CAHIERS :
CAHIER 1 RÉDACTIONNEL P. 1 à 48 DIRECTION ET RÉDACTION : 12, PLACE DAUPHINE 75001 PARIS TÉL. 01 42 34 57 27 FAX : 01 46 33 21 17 E-mail : redaction@gazette-du-palais.com
CAHIER 2 ANNONCES LÉGALES DU JOURNAL SPÉCIAL DES SOCIÉTÉS (LE NOMBRE DE PAGES FIGURE DANS LE SOMMAIRE DU CAHIER 3) 8, RUE SAINT-AUGUSTIN 75080 PARIS CEDEX 02
INSERTIONS : TÉL. 01 47 03 10 10 FAX 01 47 03 99 00 ET 01 47 03 99 11 / FORMALITÉS : TÉL. 01 47 03 10 10 FAX 01 47 03 99 55 / SERVEUR INTERNET JSS : http : // www.jss.fr
CAHIER 3 ANNONCES LÉGALES DE LA GAZETTE DU PALAIS (LE NOMBRE DE PAGES FIGURE AU SOMMAIRE DE CE CAHIER) ADMINISTRATION : 3, BD DU PALAIS 75180 PARIS CEDEX 04 STANDARD : 01 44 32 01 50
DIFFUSION : TÉL. 01 44 32 01 58, 59, 60 OU 66 FAX 01 44 32 01 61 / INSERTIONS : TÉL. 01 44 32 01 50 FAX 01 40 46 03 47 / FORMALITÉS : TÉL. 01 44 32 01 70 FAX 01 43 54 79 17

Serveur internet : http://www.gazette-du-palais.com


Lutte contre les opérations d’initiés et les
manipulations de cours : vers un renforcement
de l’intégrité des marchés financiers ?

Silvestre TANDEAU DE MARSAC


DOCTRINE

Avocat à la Cour
Fischer, Tandeau de Marsac, Sur et Associés
Ancien membre du Conseil de l’Ordre

F6525

L’internationalisation des marchés et les innova- des « normes de niveau 2 », c’est-à-dire des mesu-
tions financières accroissent les risques d’abus sur res d’exécution avec l’approbation du Comité euro-
les marchés financiers de telle sorte que le cadre péen des valeurs mobilières – CEVM ou ESC – et
communautaire concernant la protection de l’inté- l’assistance du Comité européen des régulateurs des
grité des marchés est rapidement apparu insuffi- marchés des valeurs mobilières – CERVM ou CESR.
sant.
Les mesures d’exécution sont les suivantes :
En effet, le cadre communautaire dans ce
domaine était essentiellement constitué par la – Directive 2003/124/CE du 22 décembre 2003 :
directive du 13 novembre 1989 (89/592/CEE) rela- définition et publication des informations privilé-
tive à la coordination des réglementations dans le giées et définition des manipulations de marché ;
domaine des opérations d’initié uniquement. – Directive 2003/125/CE du 22 décembre 2003 : pré-
Néanmoins, certains États membres ne dispo- sentation équitable des recommandations d’inves-
sent toujours d’aucune législation applicable aux tissement et mention des conflits d’intérêts ;
manipulations de cours et diffusions d’informa- – Directive 2004/72/CE du 29 avril 2004 : pratiques
tions trompeuses. De plus, les différences entre les des marchés admises, établissement de listes d’ini-
législations des États membres exposent les acteurs tiés, déclaration des opérations par les dirigeants et
économiques à une incertitude juridique. notification des opérations suspectes ;
Afin de remédier à cette situation, la Commis-
– Règlement 2273/2003 du 22 décembre 2003 :
sion a tout d’abord défini une méthodologie dans
dérogation prévue pour les programmes de rachat
une communication du 11 mai 1999, en énumé-
et la stabilisation d’instruments financiers.
rant les étapes successives nécessaires à l’achève-
ment d’un marché unique des services financiers. En ce qui concerne cette dernière mesure, il
Le Conseil européen de Lisbonne d’avril 2000 a convient de souligner que ce règlement est d’appli-
ensuite demandé que soit mis en œuvre d’ici à 2005 cation directe depuis le 13 octobre 2004.
un plan d’action comprenant quatre phases suc- Les travaux de CESR étant achevés au niveau 2,
cessives : le groupe CESR-Pol (Committee of European Secu-
1 – Définition de principes-cadres (à travers une rities Regulators) s’attache désormais à élaborer
directive) des « normes de niveaux 3 », de nature à faciliter la
2 – Mesures d’exécution transposition de la directive et de ses mesures
d’exécution.
3 – Coopération
4 – Mise en œuvre. La directive, dont il faut préciser le champ
d’application (I), prévoit la répression par les États
C’est dans ce contexte qu’a été adoptée le 28 jan- membres des comportements constitutifs d’attein-
vier 2003 une nouvelle directive relative aux abus tes à l’intégrité des marchés (II), ainsi que la mise
de marché, qui crée un cadre juridique destiné à en œuvre de mesures préventives (III). Sa transpo-
renforcer la protection de l’intégrité des marchés sition, en droit français, est en passe d’être ache-
(directive no 2003/6/CE du Parlement européen et vée (IV).
du Conseil sur les opérations d’initiés et les mani-
pulations de marchés, JOUE, 12 avril 2003, p. 16 et
suiv.). I. CHAMP D’APPLICATION DE LA DIRECTIVE
L’inspiration de ce texte communautaire est à
rechercher outre-Manche, dans le Financial Ser- Le champ d’application de la directive du 28 jan-
vices and Markets Act 2000 (FISMA 2000), qui vier 2003 se veut de portée générale (A), sous
sanctionne les « market abuses », constitués des réserve de quelques exclusions (B).
« insiders dealings » et des « market manipula-
tions ». A – Un champ d’application large
Les dispositions de la directive sont des « nor- Le caractère général de la directive du 28 janvier
mes de niveau 1 », c’est-à-dire des principes cadres. 2003 se traduit tant au regard des personnes visées
La Commission européenne a adopté par la suite (1) que des opérations concernées (2).
2 GAZETTE DU PALAIS DIMANCHE 12 AU MARDI 14 JUIN 2005
1 – Les personnes concernées Cependant la directive omet d’inclure les dérivés
La directive vise toute personne physique ou de crédit.
morale (1). • Notion de marché réglementé
Chaque infraction peut donc être le fait de per- La directive ne définit pas la notion de marché
sonnes physiques ou morales. réglementé, et renvoie à l’article 1er, point 13 de la
directive 93/22/CEE.
C’est ainsi que la directive prévoit que :
Ce texte définit le marché réglementé de la
« Les États membres interdisent à toute per- manière suivante :
sonne de procéder à des manipulations de mar-
« Marché d’instruments financiers :
ché » (2).
– inscrit sur la liste visée à l’article 16, établie par
« Les États membres interdisent à toute per- l’État membre qui est l’État membre d’origine au
sonne » de procéder à des opérations sur la base sens de l’article 1 er, point 6 c),
d’une information privilégiée (3).
– de fonctionnement régulier,
En outre, lorsqu’une personne morale est visée
– caractérisé par le fait que des dispositions éta-
par cette dernière interdiction, les « personnes phy-
blies ou approuvées par les autorités compéten-
siques qui participent à la décision de procéder
tes définissent les conditions de fonctionnement
à l’opération pour le compte de la personne
du marché, les conditions d’accès au marché,
morale en question » sont également concer-
ainsi que, lorsque la directive 79/279/CEE est
nées (4).
applicable, les conditions d’admission à la cota-
2 – Les opérations visées tion fixées par cette directive et, lorsque cette
La directive concerne les opérations relatives à tout directive n’est pas applicable, les conditions à
instrument financier admis à la négociation, ou fai- remplir par ces instruments financiers pour pou-
sant l’objet d’une demande d’amission à la négo- voir être effectivement négociés sur le marché,
ciation, sur au moins un des marchés réglementés – imposant le respect de toutes les obligations de
dans l’Union européenne, y compris les marchés déclaration et de transparence prescrites en
primaires. application des articles 20 et 21 ».
Plus largement, la directive s’applique à toutes les Le champ d’application de la directive s’avère
opérations, effectuées ou non sur un marché régle- donc très large. Cependant certaines exclusions
menté, concernant des instruments dont la valeur sont expressément prévues.
dépend d’instruments admis à la négociation sur
des marchés réglementés, afin d’éviter que ces ins- B – Exclusions du champ d’application
truments ne soient utilisés à des fins abusives sur
des marchés non réglementés. 1 – Exclusions en faveur de la politique moné-
taire
On peut donc considérer que le champ d’appli- Sont exclues du champ d’application de la direc-
cation de la directive ne se limite pas aux « mar- tive, les « opérations effectuées pour des raisons
chés réglementés » mais couvre également d’autres qui relèvent de la politique monétaire, de change
types de marchés (par exemple les systèmes de ou de gestion de la dette publique, par un État
négociation alternatifs, dits ATS ou MTF, ou Alter- membre, par le système européen de banques cen-
next), en ce sens que le lieu de la manipulation est trales, par une banque centrale nationale, par
indifférent dès lors qu’un instrument admis sur un tout autre organisme officiellement désigné ou
marché réglementé est en cause. par toute autre personne agissant pour le compte
• Notion d’instrument financier de ceux-ci », ou, si les États membres le prévoient,
La directive, en son article premier, § 3, donne une par « leurs États fédérés ou autorités locales com-
liste non exhaustive de ce que peuvent être les parables » (6).
« instruments financiers ». 2 – Exclusions en faveur des intervenants sur le
La notion d’instrument financier retenue par la marché
directive (plus large que celle de la DSI) inclut les La stabilisation d’instruments financiers ou les opé-
« dérivés sur produits de base », l’utilisation de tels rations sur actions propres dans le cadre de pro-
produits dans des opérations de manipulation et grammes de rachat, peuvent se justifier par des rai-
d’initiés ayant été mise en évidence dans des sons économiques et ne sont pas assimilées à des
enquêtes (5). abus de marché, sous réserve que ces opérations
(1) Article 1er, § 6 de la directive.
s’effectuent conformément aux mesures d’exécu-
(2) Article 5 de la directive tion arrêtées par la Commission (7) au sein du règle-
(3) Article 2 de la directive.
(4) Idem. (6) Article 7 de la directive.
(5) Banque et Droit no 89, p. 35, note 19. (7) Article 8 de la directive.

DIMANCHE 12 AU MARDI 14 JUIN 2005 GAZETTE DU PALAIS 3


ment CE 2273/2003 du 22 décembre 2003, portant que, serait susceptible d’influencer de façon sen-
DOCTRINE

modalités d’application de la directive en ce qui sible le cours des instruments financiers concer-
concerne les dérogations prévues pour les program- nés ou des instruments financiers dérivés qui leur
mes de rachat et la stabilisation d’instruments sont liés » (9).
financiers. Pas de réelle nouveauté par rapport à la direc-
À l’intérieur de son champ d’application, la direc- tive du 13 novembre 1989.
F6525 tive organise la répression des atteintes à l’inté- b – Précision quant à la notion d’information à
grité des marchés. caractère précis :
La directive 2003/124/CE relative à la définition
II. LES ATTEINTES À L’INTÉGRITÉ DES et à la publication des informations privilégiées est
MARCHÉS ET LEUR RÉPRESSION venue préciser la notion d’information « à carac-
tère précis » :
Les manquements portant atteinte à l’intégrité des « Une information est réputée à caractère pré-
marchés sont de deux ordres : opérations d’initiés cis si elle fait mention d’un ensemble de circons-
et manipulations de cours. tances qui existe ou dont on peut raisonnable-
La directive prévoit une répression commune, ment penser qu’il existera ou d’un événement qui
basée sur un système de double sanction. s’est produit ou dont on peut raisonnablement
penser qu’il se produira, et si elle est suffisam-
A – Le manquement d’initiés ment précise pour que l’on puisse en tirer une
conclusion quant à l’effet possible de cet ensem-
1 – Éléments constitutifs du manquement ble de circonstances ou de cet événement sur les
La directive interdit à toute personne détenant une cours des instruments financiers concernés ou
information privilégiée (initié), d’utiliser cette infor- d’instruments financiers dérivés qui leur sont
mation ou de la communiquer à un tiers, en vue liés » (10).
d’effectuer une opération sur des instruments c – Prise en compte des instruments dérivés sur
financiers (8). produits de base :
• Notion d’initié « Information à caractère précis qui n’a pas été
Les personnes détenant une information privilé- rendue publique, qui concerne, directement ou
giée peuvent être réparties en deux sphères : ini- indirectement, un ou plusieurs de ces instru-
tiés de premier rang et de second rang. ments dérivés et que les utilisateurs des marchés
a – Initié de premier rang : sur lesquels ces instruments dérivés sont négo-
Personne détenant une information privilégiée : ciés s’attendraient à recevoir conformément aux
– en sa qualité de membre des organes d’adminis- pratiques de marché admises sur ces marchés »
tration, de gestion ou surveillance de l’émetteur ; (11).
– en raison de sa participation dans le capital de Aux termes de la directive 2004/72/CE, relative
l’émetteur ; aux pratiques des marchés admises, les utilisateurs
– du fait de son travail, profession ou fonction ; des marchés sont censés s’attendre à recevoir une
– en raison de ses activités criminelles. telle information, lorsqu’elle est « régulièrement
mise à la disposition des utilisateurs de ces mar-
b – Initié de second rang :
chés ; ou obligatoirement divulguée en vertu de
Personne détenant une information privilégiée et dispositions législatives ou réglementaires ou de
qui sait ou aurait dû savoir qu’il s’agit d’une infor- règles de marché, de contrats ou de coutumes
mation privilégiée. propres au marché du produit de base sous-
Le champ d’incrimination s’est élargi par rap- jacent ou au marché d’instruments dérivés sur
port à 1989 : sont désormais assimilés l’initié par produits de base concernés » (12).
négligence et l’initié conscient de sa situation. d – Précisions quant aux personnes chargées de
Ces deux types d’initiés sont soumis aux mêmes l’exécution d’ordres concernant des instruments
interdictions. financiers :
• Notion d’information privilégiée « Toute information transmise par un client et
a – Notion générale : ayant trait aux ordres en attente du client, qui
« Information à caractère précis qui n’a pas été est d’une nature précise, qui se rapporte directe-
rendue publique, qui concerne, directement ou ment ou indirectement à un ou plusieurs instru-
indirectement, un ou plusieurs émetteurs d’ins- ments financiers ou émetteurs d’instruments
truments financiers, ou un ou plusieurs instru- (9) Article 1er, § 1 de la directive.
ments financiers, et qui, si elle était rendue publi- (10) Article 1er, § 1 et § 2 de la directive 2003/124/CE.
(11) Article 1er, § 1 de la directive.
(8) Articles 2 et 3 de la directive. (12) Article 4 de la directive 2004/72/CE.

4 GAZETTE DU PALAIS DIMANCHE 12 AU MARDI 14 JUIN 2005


financiers et qui, si elle était rendue publique, cette société, ne devrait pas constituer en soi une
serait susceptible d’influencer de façon sensible le opération d’initié » (18).
cours des instruments financiers concernés ou des d – Les travaux de recherche
instruments financiers dérivés qui leur sont
Ne doivent pas être considérés comme une infor-
liés » (13).
mation privilégiée les travaux de recherche et les
• Les interdictions prévues estimations élaborées à partir de données publi-
a – Interdiction d’utiliser une information privilé- ques. Par conséquent les opérations effectuées sur
giée : la base de tels travaux ne constituent pas en soi une
– en acquérant ou cédant, opération d’initié (19).
– ou en tentant d’acquérir ou céder,
B – Les manipulations de marchés
– pour son propre compte ou pour le compte
d’autrui, La directive prévoit une large incrimination mais
certains cas échappent à la répression.
– directement ou indirectement.
Si la formulation est largement reprise du texte 1 – Les interdictions prévues
de la directive de 1989, on peut noter l’incrimina- Article 1er, § 2 de la directive.
tion de la tentative, et l’objectivisation du manque- a – Interdiction d’effectuer des opérations ou
ment avec la suppression de la double condition d’émettre des ordres :
« d’exploitation en connaissance de cause » de – qui donnent ou sont susceptibles de donner des
l’information privilégiée. indications fausses ou trompeuses en ce qui
b – Interdiction de communiquer une information concerne l’offre, la demande ou le cours d’instru-
privilégiée à une autre personne (14). ments financiers ;
c – Interdiction de recommander à une autre per- – qui fixent, par l’action d’une ou de plusieurs per-
sonne de procéder ou faire procéder à une opéra- sonnes agissant de manière concertée, le cours d’un
tion sur un instrument financier sur la base d’une ou de plusieurs instruments financiers à un niveau
information privilégiée (15). anormal ou artificiel.
En contrepartie de ce qui apparaît comme un b – Interdiction d’effectuer des opérations ou
élargissement de l’incrimination, l’interdiction est d’émettre des ordres qui recourent à des procédés
écartée dans certains cas. fictifs ou toute forme de tromperie ou d’artifice.
2 – Exclusions c – Interdiction de diffuser des informations, par
l’intermédiaire des médias (dont Internet) ou par
a – Obligation résultant d’une convention anté-
tout autre moyen, qui donnent ou sont suscepti-
rieure
bles de donner des indications fausses ou trompeu-
Une opération est effectuée pour assurer l’exécu- ses, alors que la personne ayant procédé à cette dif-
tion d’une obligation d’acquisition ou de cession fusion savait ou aurait dû savoir que les informa-
d’instruments financiers devenue exigible, lorsque tions étaient fausses ou trompeuses.
cette obligation résulte d’une convention conclue On peut citer le cas suivants à titre d’exemples :
avant que la personne concernée ne détienne une
information privilégiée (16). • Le fait pour une ou plusieurs personnes agissant
de manière concertée, de s’assurer une position
b – Exercice normal de la profession dominante sur l’offre ou la demande d’un instru-
Une personne communique une information pri- ment financier, avec pour effet la fixation directe ou
vilégiée à une autre personne dans le cadre normal indirecte des prix de vente ou d’achat ou autres
de l’exercice de son travail, sa profession ou ses conditions de transaction inéquitables.
fonctions. (17) • Le fait d’acheter ou de vendre des instruments
c – Offre publique d’acquisition et proposition de financiers au moment de la clôture du marché, avec
fusion pour effet d’induire en erreur les investisseurs agis-
« Le fait d’avoir accès à une information pri- sant sur la base des cours de clôture.
vilégiée concernant une autre société et d’utiliser • Le fait de tirer parti d’un accès occasionnel ou
cette information dans le cadre d’une offre publi- régulier aux médias traditionnels ou électroniques
que d’acquisition visant à la prise de contrôle de en émettant un avis sur un instrument financier ou
cette société, ou d’une proposition de fusion avec indirectement sur l’émetteur de celui-ci, après avoir
(13) Article 1er, § 1 de la directive.
pris des positions sur cet instrument financier, et
(14) Article 3 de la directive. de profiter par la suite de l’impact sur le cours de
(15) Idem.
(16) Article 2, § 3 de la directive. (18) Considérant 29 de la directive.
(17) Article 3 de la directive. (19) Considérant 31 de la directive.

DIMANCHE 12 AU MARDI 14 JUIN 2005 GAZETTE DU PALAIS 5


cet instrument, sans avoir simultanément rendu sanctions pénales, les États membres veillent à ce
DOCTRINE

public, de manière appropriée et efficace, ce conflit que, conformément à leur législation nationale,
d’intérêt. des mesures administratives puissent être prises
La directive a prévu une liste non exhaustive des ou des sanctions administratives appliquées à
méthodes de manipulations de marchés. Elle pré- l’encontre des personnes responsables d’une vio-
voit que les définitions seront « adaptées de lation » des dispositions découlant de la directive.
F6525 manière à pouvoir couvrir les nouveaux compor- La répression administrative peut donc s’adjoin-
tements qui constituent de fait des manipula- dre à la répression pénale, à l’instar des solutions
tions de marché » (20). retenues en droit français depuis 1989 ou en droit
Ici encore, face à une large répression, des exclu- anglais depuis le FISMA 2000.
sions sont prévues. Il est d’ailleurs à noter que ce système peut abou-
2 – Les exclusions tir à un cumul de peines, discutable au plan des
Les opérations fixant les cours à un niveau anor- principes, et ne peut être imposé aux États mem-
mal ou artificiel ne sont pas constitutives de mani- bres, la directive renvoyant sur ce point à ce
pulations de marché si les personnes qui les ont qu’autorise leur législation nationale.
effectuées établissent que leurs raisons sont légiti- Il n’en demeure pas moins que le développe-
mes et que ces opérations sont conformes aux pra- ment de la répression administrative, en plus de la
tiques de marché admises (21). simple répression pénale, témoigne d’une volonté
Les pratiques de marché admises sont celles d’accroître l’efficacité du dispositif et son rôle dis-
acceptées par l’autorité compétente conformément suasif.
aux orientations de la Commission.
La directive d’application 2004/72/CE, relative 2 – Internationalisation de la compétence des
aux pratiques des marchés admises, énonce les cri- États en matière de répression
tères devant être pris en compte par l’autorité com- Afin de favoriser une plus grande efficacité de la
pétente dans son évaluation de l’acceptabilité d’une répression, la directive 2003/6/CE consacre en outre
pratique de marché particulière (22) et notamment : une répartition des compétences entre États mem-
– le degré de transparence de la pratique concer- bres.
née au regard de l’ensemble du marché ; Désormais, au terme de l’article 10 de la direc-
– le besoin de sauvegarder le libre jeu des forces du tive, chaque État membre a compétence pour pour-
marché et l’interaction adéquate entre offre et suivre et sanctionner :
demande ;
a – Les actes accomplis sur son territoire ou à
– l’intensité de l’impact de la pratique de marché l’étranger, concernant des instruments financiers :
concernée sur la liquidité et l’efficience du marché.
– admis à la négociation sur un marché réglementé
situé ou opérant sur son territoire,
C – La répression des abus de marché
– ou pour lesquels une demande d’admission à la
La définition d’infractions ne suffit cependant pas, négociation sur ce marché a été présentée.
faute de sanction, à assurer l’intégrité des mar-
chés. b – Les actes accomplis sur son territoire concer-
nant des instruments financiers :
La directive du 13 novembre 1989 (89/592/CEE)
ne se prononçait cependant pas sur la nature des – admis à la négociation sur un marché réglementé
sanctions susceptibles d’être infligées. dans un État membre,
La directive cadre 2003/6/CE pallie cette carence – ou pour lesquels une demande d’admission à la
en définissant le cadre répressif commun à tous les négociation sur un tel marché a été présentée.
abus de marché. Cette nouvelle répartition a vocation à éviter des
Elle consacre à cette occasion un système de dou- conflits de compétence entre États qui pourraient
ble sanction (1) et étend la compétence internatio- réduire l’efficacité de la répression et encourager de
nale des États en matière de répression (2). ce fait le développement des abus de marché.
II.3.1 – Développement des sanctions administra-
tives III. LES MESURES PRÉVENTIVES ET DE
Aux termes de l’article 14 de la directive 2003/6/ CONTRÔLE
CE :
« Sans préjudice de leur droit d’imposer des Outre une volonté d’organiser une répression effi-
cace, la directive 2003/6/CE comprend également
(20) Article 1er, § 2.
(21) Article 1er, § 2.
un volet préventif à travers l’instauration de mesu-
(22) Article 2, § 1. res préventives (A) et d’une autorité de contrôle (B).
6 GAZETTE DU PALAIS DIMANCHE 12 AU MARDI 14 JUIN 2005
A – Mesures préventives l’existence des opérations effectuées pour leur
La directive 2003/6/CE tente tout d’abord de favo- compte propre et portant sur les actions de ces
riser une transparence accrue du marché. émetteurs, ou sur des instruments financiers, déri-
À cet effet, elle met à la charge des émetteurs vés ou autres, qui leur sont liés (28).
d’instruments financiers admis à la négociation sur 3 – Producteurs professionnels d’informations
les marchés réglementés une obligation d’informa- financières
tion permanente se traduisant par la publication
des informations privilégiées (1) la déclaration des Par ailleurs, les personnes (analystes financiers,
opérations effectuées (2), la définition d’un cadre journalistes…) qui réalisent ou diffusent des tra-
réglementaire pour les producteurs professionnels vaux de recherche concernant les instruments
d’informations financières (3), ou la mise en place financiers ou les émetteurs ainsi que les personnes
de déclarations de soupçons (4). qui produisent ou diffusent des recommandations
stratégiques d’investissement, destinées aux canaux
1 – Publication des informations privilégiées de distribution ou au public, doivent se voir astrein-
Les émetteurs d’instruments financiers admis à la tes à des obligations plus clairement définies.
négociation sur les marchés réglementés doivent
Les États doivent donc s’assurer, avec une atten-
rendre publiques, dès que possible, les informa-
tion raisonnable, qu’il existe une réglementation
tions privilégiées les concernant directement. Ces
appropriée garantissant que l’information soit pré-
informations doivent notamment figurer sur leur
sentée de manière équitable, et mentionne les inté-
site Internet « pendant une période appro-
rêts ou conflits d’intérêt en relation avec les instru-
priée » (23).
ments financiers auxquels se rapportent les infor-
Un émetteur peut cependant différer la publica- mations (29).
tion d’une information privilégiée afin de ne pas
porter atteinte à ses intérêts légitimes, sous réserve 4 – Obligation de déclaration de soupçon
que cette omission ne risque pas d’induire le public Enfin, obligation est faite à toute personne effec-
en erreur, et que la confidentialité de cette infor- tuant des opérations sur instruments financiers à
mation soit assurée. titre professionnel, d’avertir sans délai l’autorité
Ces conditions rappellent celles posées par le compétente si cette personne a des raisons de sus-
règlement COB no 98-07 (24). pecter qu’une opération pourrait constituer une
Les personnes tenues par une obligation de confi- opération d’initié ou une manipulation de mar-
dentialité ne sont pas soumises à l’obligation de ché (30).
rendre publiques les informations privilégiées les
La directive d’application 2004/72/CE donne la
concernant (25).
définition des opérations suspectes à notifier (arti-
Les émetteurs devront en outre établir une liste cle 7), le délai et le mode de notification (articles 8
des personnes travaillant pour eux, dans le cadre et 9) et précise le régime de responsabilité et de
d’un contrat de travail ou non, et ayant accès à des secret professionnel (article 10).
informations privilégiées (26).
La directive 2004/72/CE relative notamment à
l’établissement de listes d’initiés est venue préciser B – Mesures de contrôle
le contenu de ces listes. Elles doivent au moins Les mesures préventives n’étant pas une garantie
mentionner : absolue contre les abus de marché, différentes
– l’identité de toutes personnes ayant accès à des mesures favorisant le contrôle des marchés sont
informations privilégiées ; organisées par la directive 2003/6/CE à travers la
– le motif pour lequel elle est inscrite sur la liste ; désignation d’une autorité administrative unique (1)
et le développement d’une coopération internatio-
– les dates de création et d’actualisation de la liste
nale (2).
d’initiés (27).
1 – Désignation d’une autorité administrative
2 – Déclaration des opérations effectuées par les
dirigeants Chaque État doit désigner une autorité administra-
En outre, les dirigeants des émetteurs, et les per- tive unique compétente en vue d’assurer l’applica-
sonnes ayant un lien étroit avec eux, sont égale- tion des dispositions adoptées conformément à la
ment assujettis à une obligation permanente de directive.
communiquer au moins à l’autorité compétente, Cette institution sera de nature administrative,
(23) Article 6, § 1 de la directive. dans un souci d’indépendance par rapport aux opé-
(24) Idem.
(25) Article 6, § 3 de la directive. (28) Article 6, § 45 de la directive.
(26) Idem. (29) Idem.
(27) Article 5, § 2 de la directive 2004/72/CE. (30) Article 6, § 9 de la directive.

DIMANCHE 12 AU MARDI 14 JUIN 2005 GAZETTE DU PALAIS 7


rateurs économiques, et d’éviter les conflits d’inté- tion et le titre 3 comprend deux chapitres : les
DOCTRINE

rêts. Elle pourra notamment : manipulations de cours et les manquements aux


– procéder à des mesures d’enquête (accès aux obligations d’information.
documents, convocation des personnes, inspec- • Intégration des dispositions communautaires
tions sur place, écoutes téléphoniques), Le Livre VI du règlement général intègre les dis-
– prendre des mesures d’injonction, positions contenues au sein des anciens règlements
F6525
– prendre des mesures d’interdiction, de gel et de COB no 90-04 relatif à l’établissement des cours et
mise sous séquestre. no 90-08 relatif aux manquements d’initiés. En
outre, le règlement intègre les dispositions conte-
Ses décisions pourront faire l’objet d’un recours nues dans le dispositif communautaire « Abus de
juridictionnel (31). marché ».
2 – Collaboration internationale La définition et le champ d’application des opé-
Les autorités compétentes des États membres col- rations de manipulation de cours et de manque-
laborent entre elles et se communiquent toute ment d’initiés ont ainsi été modifiés.
information requise. En cas de carence, l’interven- En matière de manquement d’initié, le règle-
tion du Comité européen des régulateurs des mar- ment général AMF étend le cercle des initiés puis-
chés de valeurs mobilières peut être demandée (32). que sont désormais punissables : les actionnaires et
les personnes détenant une information privilégiée
« en raison de leurs activités susceptibles d’être
IV. LA TRANSPOSITION EN DROIT qualifiées de crimes ou de délits » (article 622-2 du
FRANÇAIS règlement).
La directive « Abus de marché » publiée le 28 jan- Le règlement étend également le cadre des com-
vier 2003, devait être transposée au plus tard le portements prohibés, qui ne se limite plus aux seuls
12 octobre 2004. Cette directive a aujourd’hui déjà marchés réglementés et couvre désormais tout
été très largement transposée (A), mais certaines autre marché et notamment les systèmes de négo-
mesures doivent encore être adoptées (B). ciation alternatifs dits ATS ou MTF.
De plus, les obligations d’abstention des initiés
Il faut noter que la loi sécurité financière du
sont renforcées par l’article 622-1 : les initiés doi-
1er août 2003 avait déjà permis au législateur de
vent s’abstenir non seulement « d’utiliser » l’infor-
mettre en conformité le droit français sur certains
mation privilégiée, de la « communiquer » à un tiers
points :
en dehors du cadre normal de leurs fonctions, mais
– création d’une autorité compétente unique ; aussi de « recommander » à un tiers d’utiliser cette
– pouvoirs d’enquête et de sanctions de l’autorité information. Cette dernière interdiction est nou-
compétente ; velle et démontre l’attention particulière portée par
– procédures au sein de l’autorité unique (secret la directive et le règlement général AMF à tous les
professionnel des agents, publicité des sanctions) ; acteurs du jeu boursier (journalistes, analystes
– collaboration avec les autorités homologues en financiers et prestataires de services d’investisse-
Europe. ment).
Concernant l’objet sur lequel porte l’informa-
tion, là où le règlement COB no 90-08 procédait par
A – Réglementation adoptée énumération, le nouveau règlement vise la notion
1 – règlement général AMF plus générique d’instruments financiers. L’informa-
• Présentation du règlement tion privilégiée peut porter non seulement sur les
instruments financiers admis aux négociations sur
Le règlement général AMF dispose d’un Livre VI
un marché réglementé, mais aussi sur ceux « pour
– Abus de marché : opérations d’initiés et manipu-
lesquels une demande d’admission sur un tel
lations de marché – homologué par un arrêté du
marché a été présentée » (article 611-1, alinéa 1er,
12 novembre 2004.
2o) et sur ceux « non admis sur un marché régle-
Il comporte trois titres intitulés « Dispositions menté mais dont la valeur dépend d’un instru-
générales » (titre 1er), « Opérations d’initiés » (titre ment financier admis aux négociations » sur un
2) et « Manipulations de marché » (titre 3). tel marché (article 611-1, alinéa 2).
Outre la délimitation du champ d’application du Concernant les sanctions des abus de marché, il
livre (chapitre 1er), le chapitre 2 du titre 1er définit a été évoqué que la directive communautaire
les pratiques de marché admises. Le titre 2 définit encourage l’adoption par les États de sanctions
l’information privilégiée et les obligations d’absten- administratives « sans préjudice de leur droit
(31) Articles 11, 12 et 15 de la directive
d’imposer des sanctions pénales » (point II.C.1 de
(32) Article 16 de la directive. cette étude).
8 GAZETTE DU PALAIS DIMANCHE 12 AU MARDI 14 JUIN 2005
La législation française assurait l’intégrité des d’adaptation au droit communautaire dans le
marchés financiers avant même l’homologation du domaine des marchés financiers ».
règlement général AMF à travers une double répres- – L’article 1er crée une obligation de déclaration de
sion : transactions suspectes à l’AMF, à la charge des
– pénale (articles L. 465-1 et suivants du Code intermédiaires financiers. Inspirée de ce qui existe
monétaire et financier), déjà en matière de lutte contre le blanchiment des
– et administrative (pouvoirs de sanctions de l’AMF capitaux, cette déclaration devra être faite, confor-
articles L. 621-15 à L. 621-17 du Code monétaire et mément à ce qui est prévu à l’article L. 621-17-1
financier). nouveau, dès lors qu’un intermédiaire financier
aura des raisons de soupçonner qu’une opération
2 – Décisions AMF
dont il a connaissance pourrait constituer un man-
L’article 1er, § 2 de la directive permet à l’autorité quement d’initié ou une manipulation de cours.
nationale compétente de définir les opérations
jugées conformes aux pratiques de marché admi- L’article L. 621-17-2 nouveau prévoit que la décla-
ses afin de limiter le champ d’application des opé- ration de soupçon peut être faite par écrit ou par
rations interdites (point II.B.2 de cette étude). oral, mais que dans ce dernier cas, l’AMF peut en
demander une confirmation par écrit. Il est égale-
Par deux décisions, l’AMF a précisé le champ
ment prévu que, dans le cas où l’AMF transmet-
d’application des opérations de manipulation de
trait certains éléments au procureur de la Républi-
marché.
que, celui-ci devrait être informé de la déclaration
L’AMF a accepté : mais que celle-ci ne devrait toutefois pas figurer au
– que les contrats de liquidité respectant la nou- dossier de la procédure pour conserver son carac-
velle Charte de déontologie AFEI soient considérés tère confidentiel.
comme une pratique de marché admise (33) ; L’article L. 621-17-3 précise le contenu de la
– que l’achat d’actions pour conservation et remise déclaration. Celle-ci doit comporter toutes les infor-
dans le cadre d’opérations de croissance externe mations pertinentes relatives aux opérations sus-
soit également considéré comme pratique de mar- pectes et notamment : une description de ces opé-
ché admise (34). rations ; les raisons amenant à soupçonner que ces
En outre, l’article 8 de la directive prévoit que les opérations constituent un abus de marché ; les
opérations sur actions propres effectuées dans le moyens d’identification des personnes pour le
cadre de programme de rachat ne doivent pas être compte de qui les opérations ont été réalisées et de
assimilées à des abus de marché (point I.B.2 de toute autre personne impliquée dans ces opéra-
cette étude). L’AMF a ainsi publié deux instruc- tions. Lorsque certaines de ces informations ne sont
tions relatives aux programmes de rachat d’actions pas disponibles, l’intermédiaire financier devra les
afin d’encadrer ces opérations conformément aux communiquer à l’AMF dès qu’elles le deviennent.
dispositions du règlement CE 2273/2003 relatif au Il est également prévu, à l’article L. 621-17-4, que
dérogation prévue pour les programmes de rachat les personnes auteurs des déclarations de soupçon
et la stabilisation d’instruments financiers (35). doivent les tenir confidentielles et, réciproquement
à l’article L. 621-17-5, que l’AMF et ses services ne
B – Réglementation à venir peuvent révéler l’identité des personnes ayant effec-
Plusieurs dispositions communautaires demeurent tué une déclaration ou le contenu de celle-ci. Le
à transposer en droit français et nécessiteront une non respect de cette interdiction est puni des pei-
modification du Code Monétaire et financier. Deux nes prévues pour la violation du secret profession-
projets de loi actuellement en discussion visent nel.
ainsi à achever la transposition du dispositif com- – L’article 3 modifie l’article L. 621-18-2 du Code
munautaire « Abus de marché ». monétaire et financier, créé par la loi de sécurité
1 – Projet de loi no 2213 financière, afin de le rendre parfaitement compati-
ble avec la directive transposée.
Le ministre de l’Économie, des Finances et de
l’Industrie a déposé un projet de loi au Sénat le Il étend aux cadres dirigeants, qui sont le plus
29 mars 2005 « portant diverses dispositions susceptibles de posséder des informations privilé-
giées, l’obligation de déclarer à l’AMF et de rendre
(33) Décision du 22 mars 2005 concernant l’acceptation des contrats de
liquidité en tant que pratique de marché admise par l’AMF, Bulletin offi-
publiques les opérations qu’ils mènent pour leur
ciel de l’AMF, 1er avril 2005. propre compte sur les titres de leur société. D’autre
(34) Décision AMF du 22 mars 2005 concernant l’acceptation de l’acqui-
sition d’actions propres aux fins de conservation et de remise ultérieure
part, le champ des transactions couvertes est
en paiement ou en échange dans le cadre d’opérations de croissance étendu pour ne plus seulement couvrir les opéra-
externe en tant que pratique de marché admise par l’AMF, Bulletin offi-
ciel de l’AMF, 1er avril 2005.
tions sur les titres de la société réalisées au moyen
(35) Instructions AMF nos 2005-06 et 2005-07. d’instruments financiers à terme mais l’ensemble
DIMANCHE 12 AU MARDI 14 JUIN 2005 GAZETTE DU PALAIS 9
des opérations sur les instruments financiers liés selon les juridictions. Ces différences peuvent
DOCTRINE

aux titres de la société entraîner des distorsions de concurrence sur les


– L’article 4 créé une obligation pour les émetteurs marchés financiers.
et les tiers avec lesquels ils ont des relations pro- En outre, il faut tenir compte de l’émergence
fessionnelles, notamment les cabinets d’avocats ou de nouveaux produits et de nouvelles technolo-
les banquiers qui les conseillent, d’établir et de tenir gies, de l’intensification des opérations transfron-
F6525 à jour une liste des personnes ayant eu accès à des talières et du développement des marchés inter-
informations privilégiées dans le cadre de ces rela- connectés. Ces développements sont susceptibles
tions professionnelles. d’augmenter les moyens de manipuler les mar-
chés : par exemple, Internet peut accroître le ris-
2 – Projet de loi no 2249 que de propagation d’informations fausses ou
Le projet de loi baptisé « pour la confiance et la trompeuses » (36).
modernisation de l’économie » (« Loi Breton ») a La transposition de l’ensemble du dispositif com-
été présenté en Conseil des ministres le 13 avril munautaire vise à pallier ces lacunes afin d’assurer
2005. Ce projet doit être déposé au Parlement à par- l’intégrité du marché et la protection des investis-
tir du 6 juin 2005. seurs.
Le titre III du projet de loi vise à renforcer la La sécurité offerte par une place financière cons-
confiance des investisseurs à travers notamment tituant l’un des principaux éléments de sa compé-
l’extension du champ de compétence de l’AMF. titivité vis-à-vis des autres places, et fondant la
– L’article 10 modifie l’article L. 621-14 du Code confiance des investisseurs, cette transposition
monétaire et financier et élargi le pouvoir de l’AMF constitue un enjeu majeur pour la place financière
aux manquements commis à l’étranger. de Paris.
Cet article prévoit également la modification de NDLR : V. également infra p. 43, le rapport de
l’article L. 621-15 du Code monétaire et financier et l’Autorité des marchés financiers pour l’année 2004.
permet à l’AMF de sanctionner des manquements
objectifs aux règles de protection des investisseurs,
qui ne nécessiteront pas de faire la preuve que les
pratiques fautives ont eu un impact sur les cours
ou sur le fonctionnement des marchés.
– L’article 11 complète l’article L. 621-1 du Code
monétaire et financier et facilite la coopération
entre l’AMF et les autres autorités européennes en
permettant à l’AMF, sous réserve de la signature de
conventions, d’échanger des informations confiden-
tielles relatives au respect des obligations d’infor-
mation à la charge des émetteurs.
Enfin, est également prévue une révision du pla-
fonnement actuel des sanctions aux infractions
boursières (plafond aujourd’hui fixé à 1,5 million
d’euros quand il n’y pas eu enregistrement de pro-
fits).

CONCLUSION
Avant l’adoption de la directive cadre 2003/6/CE du
28 janvier 2003, le service d’information européen
« SCADPlus » dressait un constat de la réglementa-
tion alors en vigueur en matière d’abus de mar-
ché :
« Le cadre juridique visant à protéger l’inté-
grité des marchés est incomplet.
En effet, au niveau européen, il n’existe pas de
normes communes de lutte contre les manipula-
tions de marché.
(36) Synthèse de la législation européenne : Abus de marché. Disponible
Au niveau des États membres, les règles sont sur le site Internet de l’Union européenne : http ://europa.eu.int/
très disparates et les obligations légales varient scadplus/leg/fr/lvb/l24035

10 GAZETTE DU PALAIS DIMANCHE 12 AU MARDI 14 JUIN 2005


Jurisprudence
JURISPRUDENCE

COUR DE CASSATION (1re CH. CIV.) Sur le deuxième moyen pris en ses deux premiè-
7 JUIN 2005 res branches :
PRÉSIDENCE DE M. ANCEL Attendu que M. Laurin fait grief à l’arrêt
d’avoir rejeté sa demande, alors selon le
PROCÉDURE CIVILE moyen :
F6588 Production des pièces – Moment où les pièces 1 – qu’en se fondant sur la circonstance que les
peuvent être produites délibérations ayant introduit dans le règlement
intérieur du Barreau de Paris des dispositions
AVOCATS prévoyant le vote par correspondance sur sup-
port électronique n’avaient pas fait l’objet de
Conseils de l’Ordre – Élections – Modalités du recours dans les délais, la Cour d’appel a violé,
scrutin − Vote électronique – Recours en annu- par fausse application, l’article 15 du décret du
lation – Procédure – Communication des pièces
27 novembre 1991 ;
Le juge est tenu de respecter et de faire respecter 2 – qu’il résulte de la confrontation de l’arti-
la loyauté des débats. cle 15 de la loi du 31 décembre 1971 et des arti-
Doit être cassé l’arrêt qui, statuant dans le cles 5 et suivants du décret du 27 novembre
cadre du recours formé contre les élections au 1991, d’une part, de l’article 28 dudit décret,
conseil de l’Ordre des avocats, écarte des débats d’autre part, qu’à la différence de ce qui est
les notes et pièces produites en cours de délibéré expressément prévu pour les élections au
par les parties au motif que celles-ci n’avaient pas Conseil National des Barreaux, le législateur et
été produites dans les conditions prévues par les l’autorité réglementaire n’ont pas entendu
articles 16 et 445 du nouveau Code de procédure autoriser le vote électronique par correspon-
civile. En statuant comme elle l’a fait, alors que la dance pour les élections au Conseil de l’Ordre ;
lettre du président de la Commission nationale de qu’en énonçant qu’il ne résulte d’aucune dispo-
l’informatique et des libertés envoyée à la partie sition légale qu’un texte réglementaire soit
requérante le jour-même de l’audience des plai- nécessaire pour permettre à un Barreau d’utili-
doiries et faisant état d’une délibération de cet ser le vote électronique à l’occasion des élec-
organisme antérieurement adressée au bâtonnier, tions professionnelles, la Cour d’appel a violé
reçue par lui le 25 novembre 2004 et cependant les textes susvisés ;
non communiquée avant la clôture des débats, Mais attendu que l’article 5 du décret du
comportait des éléments susceptibles de modifier 27 novembre 1991 disposant que le règlement
l’opinion des juges quant à la confidentialité du intérieur fixe les modalités de l’élection, c’est à
scrutin au regard, notamment, des modalités bon droit que la Cour d’appel a décidé que le
adoptées dans l’utilisation d’identifiants person- Conseil de l’Ordre n’avait pas excédé ses pou-
nels, la Cour d’appel a violé les articles 10, alinéa voirs en adoptant les dispositions contestées ;
1er du Code civil et 3 du nouveau Code de procé- que le moyen inopérant en sa première bran-
dure civile. che, n’est pas fondé en sa deuxième ;
Yves Laurin c. Ordre des avocats à la Cour de Paris Mais sur le premier moyen, pris en sa deuxième
........................................................................................................................................... branche :
Pourvoi en cassation no 05-60.044 contre un Vu les articles 10, alinéa 1er du Code civil et 3 du
arrêt de la Cour d’appel de Paris (1re ch. C) du nouveau Code de procédure civile ;
27 janvier 2005 F6588 Attendu que le juge est tenu de respecter et de
faire respecter la loyauté des débats ;
La Cour (...),
Attendu que pour écarter des débats les notes
Attendu que les élections pour la désignation et pièces produites en cours de délibéré par les
du successeur du Bâtonnier de l’Ordre des avo- parties, l’arrêt attaqué retient que, conformé-
cats au Barreau de Paris et des membres du ment aux dispositions des articles 16 et 445 du
Conseil de l’Ordre se sont déroulées les 23 et nouveau Code de procédure civile, les parties ne
24 novembre 2004 ; que le Conseil de l’Ordre pouvaient déposer aucune note ni produire
avait décidé d’utiliser un système électronique aucune pièce après la clôture des débats inter-
pour enregistrer les votes et d’autoriser le vote à venue le 6 janvier 2005 si ce n’est en vue de
distance par le réseau Internet ; que M. Laurin, répondre aux arguments développés par le
avocat au Barreau de Paris, a saisi la Cour ministère public ou bien à la demande du pré-
d’appel d’une demande en annulation de ces sident de la formation de jugement et que les
élections ; notes et pièces litigieuses n’avaient pas été pro-
DIMANCHE 12 AU MARDI 14 JUIN 2005 GAZETTE DU PALAIS 11
JURISPRUDENCE

duites dans les conditions prévues par ces tex- Par ces motifs,
tes ;
Et sans qu’il soit besoin de statuer sur les
Qu’en statuant comme elle l’a fait, alors que autres griefs du pourvoi :
la lettre du président de la Commission natio-
nale de l’informatique et des libertés envoyée à Casse et annule, en toutes ses dispositions,
M. Laurin le jour même de l’audience des plai- l’arrêt rendu le 27 janvier 2005, entre les par-
F6588 doiries et faisant état d’une délibération de cet ties, par la Cour d’appel de Paris ; remet, en
organisme antérieurement adressée au Bâton- conséquence, la cause et les parties dans l’état
nier, reçue par lui le 25 novembre 2004 et où elles se trouvaient avant ledit arrêt et, pour
cependant non communiquée avant la clôture être fait droit, les renvoie devant la Cour
des débats, comportait des éléments susceptibles d’appel de Lyon ;
de modifier l’opinion des juges quant à la
(...)
confidentialité du scrutin au regard, notam-
ment, des modalités adoptées dans l’utilisation M. Bargue, rapp. ; M me Petit, av. gén. ; SCP
d’identifiants personnels, la Cour d’appel a Gaschignard, SCP Piwnica Molinié, av.
violé les textes susvisés ;

12 GAZETTE DU PALAIS DIMANCHE 12 AU MARDI 14 JUIN 2005


Sommaires de jurisprudence
des cours et tribunaux
JURISPRUDENCE

VENTE nal à l’acquéreur et mentionné à la facture


Vente privée – Consentement – Vice du consen- détaillée établie par le vendeur et démontrant le
tement – Tableau – Œuvre du peintre Malevitch soin qu’il avait pris pour l’identification de
– Certification de l’authenticité par un historien l’œuvre, son authentification et son origine.
d’art – Expertise et analyse du pigment – Doute Aucune faute inexcusable ne peut être repro-
sérieux quant à l’authenticité – Authenticité chée à l’acquéreur, alors que, l’activité d’expert en
F6368 constitutive d’une qualité substantielle de œuvres d’art n’étant pas réglementée, celui qui
l’œuvre – Erreur de l’acquéreur sur une telle qua-
certifie sans réserves l’authenticité d’une telle
lité – Articles 1110 et 1117 du Code civil –
Annulation de la vente – Obligations corrélatives œuvre engage sa responsabilité sur cette seule
de restituer l’œuvre et son prix – Responsabilités affirmation et que, s’il n’avait pas la compétence
encourues à l’occasion de l’annulation de la vente nécessaire comme il le suggère, il lui appartenait
– Inertie fautive du vendeur (non) – Historien de ne pas prendre parti sur l’authenticité. Au
d’art – Qualité d’expert – Réglementation d’une demeurant, l’acheteur était fondé à porter foi au
telle activité (non) – Responsabilité de celui qui certificat qui lui a été présenté, émanant d’un
certifie sans réserves l’authenticité d’une œuvre spécialiste de l’auteur de l’œuvre comme en
d’art, qu’il se prétende expert ou pas – Avis témoignent les ouvrages qu’il a écrits. Il en résulte
erroné – Identité de l’œuvre vendue et de celle que l’historien d’art n’est pas fondé à contester sa
dont l’authenticité avait été certifiée – Faute inex- responsabilité, alors qu’il a commis une faute
cusable de l’acheteur (non) – Responsabilité de puisque son avis est erroné.
l’historien d’art (oui) – Préjudice subi par l’ache-
teur, propriétaire d’une galerie d’art – Manque à Toutefois, en l’absence d’éléments justifiant son
gagner – Certitude (non) – Préjudice moral préjudice matériel, autres que l’obligation de sup-
minime – Réparation limitée pour l’essentiel au porter le coût de l’expertise et de l’analyse du pig-
dommage matériel justifié (frais d’expertise et ment et en l’état d’un manque à gagner incertain
d’analyse) résultant pour un marchand d’art du caractère
Doit être annulée pour erreur de l’acheteur sur spéculatif d’un tel marché où la valeur d’une
une qualité substantielle de l’œuvre, en applica- pièce est difficile à déterminer en dehors du pas-
tion des articles 1110 et 1117 du Code civil, la sage en vente publique, ainsi que du préjudice
vente d’un tableau du peintre Malevitch au pro- moral minime par lui subi, eu égard à sa connais-
priétaire d’une galerie d’art, dont l’authenticité sance des risques courus et rien ne justifiant que
avait été certifiée par un historien d’art, dès lors sa bonne foi ait été mise en doute, il y a lieu de
que cette authenticité était pour l’acheteur une limiter à la somme de 10.000 Q la réparation du
qualité substantielle de la gouache et qu’il n’avait dommage subi par l’acheteur.
contracté que dans la conviction, erronée, qu’il C. Paris (1re ch., sect. A), 22 mars 2005 : L. c. M.
s’agissait d’une œuvre de Malevitch comme le et autres – MM. Debû et Grellier, prés. ;
démontrent, d’une part, le prix payé et, d’autre M. Savatier, cons. ; Mme Terrier-Mareuil, subst.
part, la précision de la facture qui détaille les élé- gén. ; Mes Simoni et Manchet, av. – SCP Verdun-
ments de cette attribution, un doute sérieux étant Séveno et SCP Naboudet-Hatet, av. F6368
ensuite apparu au sujet de cette dernière, une
expertise et une analyse révélant, alors qu’elle NOTE m Annulation, pour erreur sur la substance,
était datée « autour de 1915 », que l’œuvre avait de la vente privée d’une œuvre d’art dont l’authen-
été réalisée par un artiste inconnu au cours de la ticité avait été certifiée par un historien d’art, et
seconde moitié du XXe siècle et que le pigment responsabilité encourue par celui-ci en raison de
utilisé n’avait été introduit pour la première fois son erreur.
qu’en 1935 et n’était devenu courant chez les La jurisprudence publiée relative à la nullité pour vice
artistes qu’après la seconde guerre mondiale. du consentement d’une œuvre d’art concerne le plus
souvent sa vente aux enchères publiques par minis-
Ne peut être retenue comme fautive l’inertie du tère de commissaire-priseur, en général assisté d’un
vendeur qui n’a pas donné de suite aux lettres de expert pour la certification de l’authenticité de
l’acheteur l’informant de la découverte de 1’œuvre, leur responsabilité étant recherchée par
l’absence d’authenticité de l’œuvre, alors que le l’acquéreur dont l’achat se trouve annulé. Tenu de
vendeur est condamné à payer les intérêts de restituer l’œuvre contre restitution de son prix, il a en
droit de la somme qu’il doit restituer, à compter effet engagé des frais frustratoires (frais de vente,
de la réclamation. honoraires du commissaire-priseur) et n’aura généra-
lement pas grand mal, ayant acquis comme authen-
En revanche, est engagée la responsabilité de tique une œuvre d’art qui ne l’était pas, à obtenir en
l’historien d’art qui a délivré le certificat justice réparation du commissaire-priseur et de son
d’authenticité de l’œuvre, identique à celle qui a expert, sans avoir à démontrer leur faute, par une
été vendue, ce certificat ayant été remis en origi- condamnation in solidum. Tous deux pour avoir, le

DIMANCHE 12 AU MARDI 14 JUIN 2005 GAZETTE DU PALAIS 13


JURISPRUDENCE

premier, du seul fait de l’affirmation de l’authenticité aussi du préjudice moral qu’il prétendait avoir subi,
au catalogue, le second, pour avoir donné un avis l’affaire ayant mis à mal, selon lui, la réputation de
positif quant à 1’authenticité, ni l’un ni l’autre sa galerie d’art.
n’ayant formulé de réserves à cet égard. Mais le Sans prononcer expressément la mise hors de cause
commissaire-priseur triomphera le plus souvent dans du vendeur, la Cour l’admet implicitement en
son appel en garantie contre l’expert qui l’avait induit excluant qu’il ait commis une faute en s’abstenant de
en erreur. L’arrêt rapporté de la Cour d’appel de répondre aux courriers de l’acheteur l’informant de la
F6368 Paris montre que les mêmes principes gouvernent les découverte de l’inauthenticité de 1’œuvre. Difficile en
responsabilités encourues à l’occasion de l’annulation effet de déduire un comportement fautif du silence
d’une vente privée, lorsque l’acquéreur a été trompé de celui qui sent pointer une situation conflictuelle et
au sujet de l’authenticité de l’œuvre, qui constitue s’y réfugie prudemment. Au surplus, comme l’observe
une qualité substantielle de celle-ci. la Cour, s’il y avait eu inertie de la part du vendeur,
le préjudice en résultant pour l’acheteur était suffi-
Le propriétaire d’une galerie d’art avait acquis, par
samment réparé par les intérêts au taux légal qu’elle
voie de vente privée, une gouache sur papier du
lui alloue à compter de sa réclamation.
peintre Malevitch intitulée Composition suprématiste,
la facture faisant mention du nom de l’œuvre, de Il restait à statuer sur la demande de réparation de
celui de 1’artiste, ainsi que de sa date (autour de l’acheteur, en ce qu’elle était dirigée contre l’historien
1915), sur la foi des indications portées par un his- d’art qui avait délivré le certificat d’authenticité remis
torien d’art au dos de sa reproduction photographi- à l’acheteur au moment de la vente. Pour échapper à
que en noir et blanc. En outre, le vendeur avait remis toute condamnation, ce spécialiste de l’histoire de la
à l’acquéreur une bibliographie mentionnant que le peinture qui prétendait n’être pas un expert mais un
tableau avait figuré dans deux catalogues d’exposi- « sachant », présentait une batterie d’arguments. Tout
tions, ainsi que des renseignements sur sa prove- d’abord, il ne serait pas établi que le tableau vendu
nance. était bien celui qu’il avait certifié authentique. Dans
l’affirmative, son certificat d’authenticité n’aurait pas
Deux ans plus tard, le galeriste voulut le revendre été déterminant dans la décision d’achat. En toute
aux enchères publiques et à cet effet le remit à l’une hypothèse, l’acheteur aurait commis une faute inex-
des sociétés de ventes volontaires publiques de meu- cusable en se contentant d’un tel certificat qui
bles créées par la loi du 10 juillet 2000. Celle-ci le fit n’émanait pas d’un expert, alors qu’il aurait dû être
figurer à son catalogue, mais dut le retirer de la alerté par le prix, trop faible pour une telle œuvre.
vente, après l’avoir soumis à un expert qui avait Enfin, lui-même n’aurait en rien enfreint la simple
conclu qu’il ne pouvait s’agir d’une œuvre de obligation de moyens pesant sur lui, à supposer
Malevitch peinte en 1915, mais certainement de celle qu’elle existe.
d’un inconnu réalisée au cours de la seconde moitié La Cour fait litière de ces arguties en relevant
du XXe siècle. Cet avis fut suivi d’une analyse tech- d’abord que rien n’établissait que le tableau acheté
nique qui venait à l’appui des conclusions de l’expert, ne fût pas celui que l’historien d’art avait certifié
puisque le spécialiste avait identifié le pigment (bleu authentique par un document dont l’acheteur déte-
phtalocyanine) qui, introduit en 1935, n’était devenu nait l’original, et que cette allégation était d’autant
courant chez les artistes qu’après la seconde guerre moins vraisemblable que l’œuvre avait été montrée
mondiale. dans plusieurs expositions, sans que personne ne
vienne contester qu’il s’agissait bien de l’original ;
Comme l’observe la Cour, il existait donc un doute puis que la société de ventes volontaires aux enchères
sérieux sur l’authenticité de l’œuvre, certifiée comme publiques, à laquelle elle avait été confiée, avait cité
une authentique production du peintre abstrait, bien le certificat dans son catalogue de la vente et n’avait
connu des amateurs de cette forme d’art, alors que la pu le faire qu’après avoir examiné l’œuvre et le cer-
certitude au sujet de son authenticité était une qua- tificat ; enfin, que l’examen de la facture du vendeur
lité substantielle de la gouache acquise au prix non montrait le soin qui avait été pris pour l’identification
moins substantiel de 225.000 F selon une facture qui du tableau, son origine et son authentification et que
détaillait abondamment les éléments accréditant cette n’était nullement établie la faute de l’acheteur, le
attribution (nom de l’œuvre et de l’artiste, datation certificat d’authenticité ayant été déterminant dans la
approximative et mention de la certification par l’his- décision d’en faire l’acquisition, de sorte que
torien d’art). Elle ne pouvait donc qu’annuler la vente l’authenticité garantie par l’historien d’art constituait
et ordonner les restitutions corrélatives de l’œuvre et une qualité substantielle de l’œuvre pour cet ache-
de son prix, en infirmant le jugement qui avait teur, un marchand d’art, car elle lui assurait sa
débouté le galeriste de toutes ses demandes. revente en toute sécurité.
Celui-ci, demandeur à la nullité, prétendait en On n’insistera pas sur la qualité, réelle, d’une telle
outre obtenir condamnation in solidum du vendeur motivation, à laquelle s’ajoute celle relative à la qua-
et de l’historien d’art à lui payer la somme de lité d’« expert » que l’historien d’art contestait avoir
500.000 Q en réparation, non seulement du préjudice été sienne, puisqu’il prétendait modestement n’avoir
matériel par lui subi (frais payés à la société de eu en la matière que le rôle d’un simple « sachant »,
ventes volontaires chargée, puis déchargée du soin de pour s’exonérer de toute responsabilité en prétendant
procéder à la vente publique, frais d’expertise et que sa faute n’était pas prouvée puisque ne pesait
d’analyse, temps passé à faire valoir ses droits), mais sur lui qu’une obligation de moyens. La Cour lui

14 GAZETTE DU PALAIS DIMANCHE 12 AU MARDI 14 JUIN 2005


répond pertinemment qu’il n’était pas fondé à fait de la présentation de l’œuvre d’art comme
contester sa qualité d’expert car il n’existe pas de authentique au catalogue, sans réserves, cette absence
réglementation de cette activité, et que celui qui cer- de réserves engage également celle de l’expert qui,
tifie sans réserves l’authenticité d’une œuvre d’art, consulté par le commissaire-priseur, avait affirmé
engage sa responsabilité sur cette seule affirmation, cette authenticité. Il s’agit là d’une responsabilité de
qu’il se prétende expert ou non. S’il n’avait pas la plein droit, qui ne cède que dans des circonstances
compétence nécessaire, il lui appartenait de ne pas particulières. Par exemple, lorsque l’expert a simple-
prendre parti sur l’authenticité de 1’œuvre. Il était ment exprimé au dos d’une photographie d’un
d’autant moins fondé à contester sa qualité d’expert tableau l’« opinion » qu’il était de Salvador Dalí, dès
qu’il était un spécialiste de l’œuvre de Malevitch sur lors qu’elle ne comportait pas d’éléments précis per-
laquelle il avait publié plusieurs ouvrages. mettant de l’assimiler à un certificat d’authenticité et
En effet, la qualité d’expert en matière d’œuvres qu’il n’était pas établi que l’expert avait connaissance
d’art n’est pas nécessairement attachée à une inscrip- de l’utilisation qui serait faite de son opinion lors de
tion sur les listes que les cours d’appel et la Cour de la réalisation de la vente (C. Paris, 14 mars 1997, Gaz.
cassation établissent à l’intention des juridictions qui Pal., Rec. 1997, p. 1997 et notre note). Or, de telles
désignent des experts judiciaires. Son activité n’étant circonstances n’étaient nullement réalisées dans la
pas encadrée par la loi, peut être qualifié d’expert présente espèce.
celui qui apparaît, aux yeux les plus avertis, comme
Cela étant, de quels préjudices pouvait se prévaloir
un spécialiste de l’œuvre d’un artiste, à raison de son
le galeriste qui chiffrait sa demande à la somme de
cursus universitaire, de ses activités de praticien ou
500.000 Q à titre de dommages et intérêts ? Elle était
des travaux d’analyse ou historiques qu’il a oubliés
très excessive, comme le juge la Cour, tant au plan
pour en retirer une notoriété certaine ès qualités.
du manque à gagner que pour ce qui est du préju-
Surtout nul ne saurait contester avoir pris la qualité
dice moral. Le premier devait être apprécié au regard
d’expert, s’il l’a implicitement revendiquée en se
de la nature très particulière du marché de l’art,
comportant comme tel par la délivrance de certificats
notamment de son caractère spéculatif et du fait que
d’authenticité. S’il était incompétent, il lui appartenait
la valeur d’objets d’art est difficile à apprécier en
de s’en abstenir, comme l’énonce la Cour, et s’il ne
dehors de leur passage en vente publique, qui en
l’a pas fait, il doit rester prisonnier de l’apparence
l’espèce n’avait pas eu lieu. Le second était minime,
qu’il a créée à l’égard des tiers.
car les acteurs du marché de l’art en connaissent les
En l’espèce, l’historien d’art n’était sans doute pas aléas et rien ne venait attester que son achat mal-
incompétent comme il le prétendait au sujet de heureux ait porté atteinte à la réputation du galeriste,
l’œuvre de Malevitch à laquelle il avait consacré plu- dont nul n’avait mis en doute la bonne foi lors de
sieurs ouvrages. Il ne s’agissait pas d’un expert son achat, comme l’indique l’arrêt, sa crédulité ne
autoproclamé, mais d’un spécialiste connu et reconnu pouvant davantage être évoquée à cette occasion, en
auquel on peut faire grief, non seulement d’avoir présence du certificat d’authenticité.
payé tribut, à l’erreur moralement pardonnable si elle
est reconnue, mais surtout d’avoir cherché à esquiver C’est donc en prenant essentiellement en compte,
toute responsabilité en plaidant, avec un profil trop faute de preuve d’autres éléments, le préjudice maté-
bas, son incompétence. La preuve de sa faute était- riel consistant dans les frais d’expertise et d’analyse
elle nécessaire ? Certes pas, car sa responsabilité qu’il avait dû exposer pour prouver que le certificat
n’était pas contractuelle, comme il le soutenait d’authenticité était erroné, que la Cour semble avoir
implicitement en prétendant n’être débiteur que raisonnablement apprécié son préjudice indemnisable
d’une obligation de moyens qui rendait nécessaire la en fixant à la somme de 10.000 Q la réparation due à
preuve de sa faute, car il n’avait aucun lien de droit l’acheteur.
avec l’acquéreur. Elle était de nature quasi délictuelle
Henri Vray
et présumée, car il résulte d’une jurisprudence par-
Premier président honoraire
faitement établie que, comme un commissaire-priseur de la Cour d’appel de Limoges
engage sa responsabilité envers l’acquéreur du seul

DIMANCHE 12 AU MARDI 14 JUIN 2005 GAZETTE DU PALAIS 15


Panorama
des principales références communautaires
Mai 2005
PANORAMA

Jean RICATTE

F6537
Dans le présent Panorama figurent les références no 1073/99 » de celles « implicitement prévues »,
aux JOUE suivants : c’est-à-dire les relations avec les autorités adminis-
L : 111, 112, 114, 115, 117, 118, 119, 123, 126, 127, tratives d’une part, et les autorités judiciaires,
129, 132, 135 ; d’autre part. En conclusion, après avoir rappelé
C : 107, 109, 111, 112, 115, 118, 119, 122, 124, 127, dans deux annexes les recommandations formu-
129, 131. lées dans les deux précédents rapports, le présent
rapport émet 6 recommandations dont 3 sont rela-
Figurent également (v. Présentation générale des
tives à une meilleure séparation des fonctions
Panoramas publiée dans la Gazette du Palais du
d’indépendance (afin de pouvoir procéder aux
28 décembre 2004, p. 17), les numéros suivants des
enquêtes) de celles relevant de l’assistance aux États
documents COM (2005) signalés sur le site Inter-
membres en tant que service de la Commission.
net « Eur-Lex/Travaux préparatoires/Derniers docu-
ments diffusés en français » : • Décision du Conseil du 10 mai 2005 relative à la
conclusion d’un accord de coopération entre la
COM (2005) : 195 final du 19 mai 2005, 203 final du
Communauté européenne et la principauté
24 mai 2005.
d’Andorre (JOUE L 135 du 28 mai 2005).
La présente décision approuve le texte de cet
I. DIVERS accord (donné en annexe) qui est destiné à rem-
• Décision no 649/2005/CE du Parlement européen placer celui qui a été signé à Luxembourg le 28 juin
et du Conseil du 13 avril 2005 modifiant la déci- 1990. La coopération couvre de nombreux domai-
sion no 1419/1999/CE instituant une action com- nes dont les principaux sont l’environnement,
munautaire en faveur de la manifestation « Capi- l’éducation la formation professionnelle et la jeu-
tale européenne de la culture » pour les années nesse, la politique régionale et les réseaux transeu-
2005 à 2019 (JOUE L 117 du 4 mai 2005). ropéens et le transport. La date d’entrée en vigueur
Prenant en compte l’élargissement de l’Union fera l’objet d’une communication ultérieure au
européenne qui s’est produit le 1er mai 2004, cette JOUE.
décision associe les 10 nouveaux États membres aux Politique étrangère et de sécurité commune (Titre
manifestations (sans en modifier l’ordre) prévues V, UE)
par les décisions publiées aux JOUE L 299 du • Quatrième rapport annuel sur la mise en œuvre
24 septembre 2004 et JOUE L 301 du 28 septembre de l’action commune de l’Union européenne du
2004 (v. Gaz. Pal. du 16 octobre 2004, p. 26). Dans 12 juillet 2002 relative à la contribution de l’Union
cette nouvelle configuration, la France se trouve européenne à la lutte contre l’accumulation et la
associée à la Slovaquie pour la manifestation de diffusion déstabilisatrice des armes légères et de
2013. petit calibre (2002/589/PESC) (JOUE C 109 du
• Rapport d’activités du Comité de surveillance de 4 mai 2005).
l’OLAF pour la période juin 2003 à juillet 2004 Ce rapport est prévu par l’article 11 de l’« action
(JOUE C 122 du 20 mai 2005). commune » 2002/589/PESC (JOCE L 191 du
On rappelle que ce comité de surveillance (dont 19 juillet 2002). Alors que les précédents rapports
l’un des 5 membres est Mireille Delmas-Marty, pro- concernaient essentiellement l’action de l’Union
fesseure au Collège de France) a été créé comme européenne en matière de lutte contre la proliféra-
service de l’Office européen de lutte antifraude tion des armes légères et de petit calibre, le pré-
(OLAF) par l’article 11 du règlement (CE) no 1073/ sent document, qui ne concerne pour l’essentiel
99 du Parlement européen et du Conseil du 25 mai que l’année 2003, se consacre essentiellement aux
1999 relatif aux enquêtes effectuées par l’OLAF actions nationales et internationales. Il les regroupe
(JOCE L 136 du 31 mai 1999). Après avoir analysé les en trois parties qui sont successivement les efforts
moyens mis en œuvre pour remplir la mission de nationaux de mise en œuvre de l’action commune
l’OLAF (notamment les instruments de direction (1re partie), les mesures internationales et la coo-
des opérations, les instruments de gestion adminis- pération entre les États membres (2e partie) et enfin
trative, le greffe), ce rapport fait le bilan des activi- les priorités gouvernant la prise en compte plus sys-
tés de l’OLAF. Pour cela, il distingue celles qui sont tématique de la problématique des armes légères et
« explicitement prévues par le règlement (CE) de petit calibre ainsi que les enseignements tirés de
16 GAZETTE DU PALAIS DIMANCHE 12 AU MARDI 14 JUIN 2005 (suite page 33)
(suite de la page 16)

l’expérience acquise par l’Union européenne et ses tés et le gouvernement d’entreprise ». Ce groupe est
États membres (3e partie). On rappelle que cette composé de vingt membres appartenant soit au
action commune réunit 26 États : 21 États mem- monde académique, soit à celui des affaires et de
bres (les trois pays baltes et la Slovénie n’y partici- la société civile, qui sont nommés pour trois ans et
pent pas), les 2 pays candidats (Bulgarie et Rouma- auquel la Commission, qui en assure la présidence,
nie) et l’Islande, le Lichtenstein et la Norvège (trois assigne une mission de réflexion, de débat et de
pays membres de l’AELE et parties à l’EEE). conseil. On peut relever parmi les vingt membres
• Liste commune des équipements militaires de (dont la liste est donnée en annexe) la présence de
l’Union européenne adoptée par le Conseil le Mme J. Simon, directeur juridique du Medef.
25 avril 2005 (matériel couvert par le code de Organismes à vocation militaire
conduite de l’Union européenne en matière • Décision du Conseil du 26 avril 2005 portant dési-
d’exportation d’armement) (JOUE C 127 du 25 mai gnation du siège de l’Agence de coopération opé-
2005). rationnelle aux frontières extérieures des États
Cette liste (de 27 pages) actualise et remplace la membres de l’Union européenne (JOUE L 114 du
liste précédente (JOUE C 314 du 23 décembre 2003 ; 4 mai 2005).
v. Gaz. Pal. du 24 février 2004, p. 27). Cette décision fixe à Varsovie (Pologne) le siège
Coopération policière et judiciaire pénale (Titre VI, de l’Agence européenne pour la gestion de la coo-
UE) pération opérationnelle aux frontières extérieures
• Communication de la Commission au Conseil et des États membres de l’Union européenne.
au Parlement européen du 19 mai 2005 relative à • Décision 2005/395/PESC du Conseil du 10 mai
la reconnaissance mutuelle des décisions de jus- 2005 modifiant la décision 2001/80/PESC insti-
tice en matière pénale et le renforcement de la tuant l’État-major de l’Union européenne (JOUE
confiance mutuelle entre États membres (docu- L 132 du 26 mai 2005).
ment COM (2005) 195 final du 19 mai 2005). Issues d’une recommandation en date du 12 avril
Le principe de reconnaissance mutuelle (RM) des 2005 du comité politique et de sécurité, les modi-
actes de procédure pénale a été qualifié de « pierre fications apportées au mandat et à l’organisation
angulaire » du programme (adopté en décembre initialement mise en place par la décision 2001/80/
2000) de construction de l’espace judiciaire euro- PESC publiée au JOCE L 27 du 30 janvier 2001 (v.
péen. Parmi les mesures adoptées dans ce pro- Gaz. Pal., Rec. 2001, doct. p. 1957), sont motivées
gramme, seule est aujourd’hui dépassée la date de notamment par la nécessité de tenir compte de la
transposition dans les droits nationaux (1er janvier possibilité pour l’État-major de l’Union européenne
2004) de la décision-cadre relative au mandat (EMUE) de recourir à une capacité collective de
d’arrêt européen et aux procédures de remise réaction (cas d’un réaction civilo-militaire et d’un
(JOUE L 190 du 18 juillet 2002 ; v. Gaz. Pal., Rec. quartier général national non désigné). La décision
2002, doct. p. 1271). Cette communication s’arti- comporte en annexe un organigramme de l’EMUE.
cule en deux parties, d’une part, l’analyse de l’état Commission administrative pour la sécurité sociale
de RM dans la phase préalable au procès pénal et des travailleurs migrants
dans les décisions définitives et, d’autre part, les • Statuts de la commission administrative pour la
mesures propres à renforcer la confiance mutuelle sécurité sociale des travailleurs migrants, insti-
(soit par des mesures législatives telles que l’har- tuée auprès de la Commission des communautés
monisation du droit pénal, du règlement des européennes (JOUE C 119 du 20 mai 2005).
conflits de compétences et l’application de la règle Cette commission administrative a adopté ses
non bis in idem) soit par des mesures d’accompa- nouveaux statuts dans sa session des 13 et 14 octo-
gnement pratiques telles que le développement des bre 2004. Cette modification est principalement
réseaux de professionnels de la justice déjà en motivée par l’élargissement aux 10 nouveaux États
place, tels que les réseaux des Conseils supérieurs membres depuis le 1er mai 2004. À cette occasion,
de la magistrature et celui des Cour de cassation. un code de conduite a été prévu par l’article 16 de
ces nouveaux statuts ; ce code de conduite a été
II. DROIT DES INSTITUTIONS publié au JOUE C 129 du 26 mai 2005. La commis-
sion administrative pour la sécurité sociale a pour
• Décision de la Commission du 28 avril 2005 ins- mission principale d’élaborer et de tenir à jour les
tituant un groupe d’experts non gouvernemen- formulaires de sécurité sociale applicables dans
taux sur le gouvernement d’entreprise et le droit l’UE ; elle a ainsi publié au JOUE L 129 du 23 mai
des sociétés (JOUE L 126 du 19 mai 2005). 2005 les nouveaux formulaires de la catégorie E 400
L’institution de ce groupe a été préconisé par le unifiant ainsi ceux qui sont applicables dans l’UE,
« plan d’action sur la modernisation et la simplifi- dans l’accord EEE et dans l’accord bilatéral
cation du cadre réglementaire sur le droit des socié- UE-Suisse.
DIMANCHE 12 AU MARDI 14 JUIN 2005 GAZETTE DU PALAIS 33
PANORAMA

Textes relatifs à l’euro Gaz. Pal., Rec. 2001, p. 1947) impose aux États
• Orientation de la Banque centrale européenne du membres de notifier à la Commission, une fois par
3 février 2005 portant modification de l’orienta- an, les informations pertinentes sur les « marchés
tion BCE/2000/7 concernant les instruments et réglementés ». La présente présentation est, pour
procédures de politique monétaire de l’Eurosys- l’année 2004, la reprise de ces notifications ; en ce
tème (JOUE L 111 du 2 mai 2005). qui concerne la notification de la France elle com-
F6537 Cette nouvelle « Orientation », qui s’adresse aux porte : 3 « marchés réglementés » (Eurolist by Euro-
banques centrales nationales (BCN), se substitue, à next, Matif, Monep), 1 entité chargée de la gestion
compter du 30 mai 2005, à l’ancienne « Orienta- (Euronext Paris) et 1 autorité compétente pour la
tion » (publiée au JOUE L 69 du 8 mars 2004 ; v. reconnaissance et la surveillance du marché (sur
Gaz. Pal. du 11 mai 2004, p. 23). Cette nouvelle proposition de l’AMF, le ministre chargé de l’Éco-
« Orientation » s’intitule « La mise en œuvre de la nomie (article L 421-2 du Code monétaire et finan-
politique monétaire dans la zone euro : documen- cier). La Commission annonce également qu’elle
tation générale sur les instruments et les procédu- maintient une liste actualisée sur le site Internet
res de politique monétaire dans l’Eurosystème http ://europa.eu.int/comm/internal_market/en/
(février 2005) ». Les BCN avaient jusqu’au 15 mars finances/mobil/isd/, ce qui ne doit pas empêcher
2005 pour transmettre à la BCE les textes et les les notifications annuelles par les États membres.
moyens dont elles entendaient faire usage pour se Il s’agit là de la reprise d’un commentaire publié à
conformer à cette « Orientation » (qui « fait partie l’occasion de la dernière liste publiée au JOUE C 72
du droit communautaire »). Une annexe est consa- du 23 mars 2004 ; v. Gaz. Pal. du 11 mai 2004,
crée aux adresses des 13 sites Internet de l’Euro- p. 23).
système.
IV. POLITIQUE COMMERCIALE COMMUNE
III. PRINCIPES FONDAMENTAUX DU DROIT
• Règlement (CE) no 648/2005 du Parlement euro-
COMMUNAUTAIRE
péen et du Conseil du 13 avril 2005 modifiant le
Libre circulation des marchandises règlement (CEE) no 2913/92 du Conseil établis-
• Communication de la Commission dans le cadre sant le Code des douanes communautaire (JOUE
de la mise en œuvre de la directive 94/25/CE du L 117 du 4 mai 2005).
Parlement européen et du Conseil, du 16 juin Le règlement (CEE) no 2913/92 du Conseil (JOCE
1994, concernant le rapprochement des disposi- L 302 du 19 octobre 1992 modifié en dernier lieu
tions législatives, réglementaires et administrati- par l’acte d’adhésion de 2003 publié au JOUE L 236
ves des États membres relatives aux bateaux de du 23 septembre 2003 ; v. pour ce dernier texte,
plaisance (JOUE C 107 du 3 mai 2005). Gaz. Pal., Rec. 2003, doct. p. 2837) fixe les règles
La directive 94/25/CE (JOCE L 164 du 30 juin 1994 relatives au traitement douanier des marchandises
modifié par JOCE L 127 du 10 juin 1995) fait partie importées ou à exporter. Le présent texte modifie
de la catégorie dite « directives nouvelle appro- ce règlement sur certains points dont notamment
che ». La présente communication donne les réfé- le renforcement des contrôles douaniers par des
rences de 5 normes harmonisées dont 2 rempla- échanges d’informations entre les autorités natio-
cent deux normes anciennes, cette information nales compétentes (par la mise en place de moyens
étant alors accompagnées de la date de cessation électroniques), la création d’un statut d’opérateur
de la présomption de conformité attachée à cha- « agréé » et une simplification des procédures de
que norme remplacée. prise en charge (tant à l’importation qu’à l’expor-
• Communication de la Commission dans le cadre tation). Les dispositions de ce règlement sont appli-
de la mise en œuvre de la directive 86/594/CEE cables dès le 15 mai 2005 ; pour les dispositions qui
(JOUE C 111 du 11 mai 2005). nécessitent des mesures d’application leur entrée
(v. ci-dessous IX. ENVIRONNEMENT). en vigueur est différée à la date d’application de ces
Libre circulation des capitaux mesures.
• Présentation annotée des marchés réglementés et
dispositions nationales mettant en œuvre les exi- V. DROIT DES ENTREPRISES
gences de la DSI (93/22) (JOUE C 112 du 12 mai
2005). Droit des sociétés
La directive 93/22/CEE du 10 mai 1993 concer- • Décision de la Commission du 28 avril 2005 éta-
nant les services d’investissement (DSI) dans le blissant un groupe d’experts non gouvernemen-
domaine des valeurs mobilières (JOCE L 141 du taux sur le gouvernement d’entreprise et le droit
11 juin 1993 modifié en dernier lieu par JOCE L 290 des sociétés (JOUE L 126 du 19 mai 2005).
du 17 novembre 2000 ; pour ce dernier JOCE, v. (v. ci-dessus II. DROIT DES INSTITUTIONS).
34 GAZETTE DU PALAIS DIMANCHE 12 AU MARDI 14 JUIN 2005
Fiscalité VI. DROIT DE LA CONCURRENCE
• Décision du Conseil du 22 décembre 2004 rela- RAS
tive à la conclusion de l’accord entre la Commu-
nauté européenne et la Principauté de Lichtens-
tein prévoyant des mesures équivalentes à celle VII. TÉLÉCOMMUNICATIONS
prévues dans la directive 2003/48/CE du Conseil • Communication de la Commission au Conseil, au
en matière de fiscalité des revenus de l’épargne Parlement européen, au Comité économique et
sous forme de paiements d’intérêts (JOUE L 112 du social européen et au Comité des régions concer-
3 mai 2005). nant le réexamen de la portée du service univer-
• Décision du Conseil du 22 décembre 2004 rela- sel, en application de la directive 2002/22/CE
tive à la conclusion de l’accord entre la Commu- (document COM (2005) 203 final du 24 mai 2005).
nauté européenne et la Principauté d’Andorre pré- Après avoir rappelé sa base juridique (article 15
voyant des mesures équivalentes à celles prévues de la directive 2002/22/CE dite « directive service
dans la directive 2003/48/CE du Conseil en universel » (JOCE L 108 du 24 avril 2002 ; v. Gaz.
matière de fiscalité des revenus de l’épargne sous Pal., Rec. 2002, doct., p. 1052), cette communica-
forme de paiements d’intérêts (JOUE L 114 du tion passe en revue le champ d’application actuel
4 mai 2005). du « service universel » (notamment raccordement
Ces deux décisions forment la suite de celles qui au réseau téléphonique public en position déter-
permettaient la signature par la Commission au minée, accès aux services téléphoniques accessi-
nom de la Communauté d’accords sur le même bles au public tels que appels téléphoniques local,
sujet avec la Principauté d’Andorre et du Lichtens- national et international, communication par télé-
tein (cf. respectivement JOUE L 359 du 4 décembre copie, renseignements téléphoniques et annuaires,
2004 et JOUE L 379 du 24 décembre 2004 ; v. Gaz. postes téléphoniques payants publics). Puis analy-
Pal. du 15 février 2005, p. 31). Alors que l’accord sant les principales évolutions enregistrées dans le
avec la Principauté d’Andorre (indépendamment du domaine des communications électroniques, la
traité de coopération ci-dessus référencé) consti- Commission arrive à la conclusion que les services
tue un pas supplémentaire vers l’adhésion de cette considérés (mobiles, haut débit) « ne réunissent pas
Principauté à l’euro (cf. décision publiée au JOUE les conditions requises pour être intégrés dans le
L 244 du 16 juillet 2004 ; v. Gaz. Pal. du 17 août champ d’application du service universel » qui reste
2004, p. 18), il n’en est pas de même pour le Lich- donc inchangé pour le moment. La Commission
tenstein. Selon un avis publié au JOUE C 119 du formule également des interrogations à plus long
20 mai 2005, l’entrée en vigueur de l’accord avec la terme sur le champ d’application et le mode de
Principauté d’Andorre est fixée au 1er juin financement du service universel. Elle souhaite
2005.selon le même JOUE il en serait de même pour recevoir des réactions sur ces conclusions avant le
un accord avec la République de Saint-Marin ayant 30 juin 2005 notamment à l’adresse suivante infso-
le même objet. b1@cec.eu.int. après utilisation de documents dis-
ponibles sur des sites dont l’adresse Internet est
Propriété intellectuelle donnée dans le présent document COM.
• Stratégie visant à assurer le respect des droits de
propriété intellectuelle dans les pays tiers (JOUE VIII. TRANSPORTS-ÉNERGIE
C 129 du 26 mai 2005).
Ce texte qui rappelle les mesure à la disposition Transports maritimes
des détenteurs de droits de propriété intellectuelle • Décision de la Commission du 4 mars 2005 por-
(DPI) pour parvenir à une réduction des atteintes à tant mise en œuvre de la directive 95/64/CE du
ces droits dans les pays tiers, est construit sur le Conseil relative au relevé statistique des trans-
plan suivant (chacun des 8 sections comportant une ports de marchandises et de passagers par mer et
sous section intitulée « actions spécifiques ») : iden- modifiant les annexes de ladite directive (JOUE
tification des pays prioritaires, accords L 123 du 17 mai 2005).
multilatéraux/bilatéraux, dialogue politique, La décision de la Commission du 28 avril 2000
incitation/coopération technique, règlements des (JOCE L 181 du 5 juin 2000) mettait en œuvre la
différends/sanctions, instauration de partenariats directive 95/64/CE du Conseil relative au relevé sta-
public/privé, sensibilisation/recours à notre pro- tistique des transports de marchandises et de pas-
pre expérience et enfin coopération institution- sagers par mer (JOCE L 320 du 30 décembre 1995
nelle. Cette « stratégie » est accompagnée d’une modifié en dernier lieu par JOUE L 284 du 31 octo-
annexe d’information générale concernant le pro- bre 2003). Elle contenait notamment la liste des
blème posé tant au niveau des États membres que ports européens ainsi que des annexes dont les
des États tiers. adaptations au progrès technique s’imposaient. La
DIMANCHE 12 AU MARDI 14 JUIN 2005 GAZETTE DU PALAIS 35
PANORAMA

présente décision, qui abroge la décision du 28 avril l’accès du public à l’information en matière d’envi-
2000, réalise ces adaptations et s’appliquera pour la ronnement (JOUE L 41 du 14 février 2003 ; v. Gaz.
première fois aux données concernant l’année 2004. Pal. du 15 avril 2003, p. 24). Cette décision est
accompagnée d’une déclaration de la Communauté
IX. ENVIRONNEMENT européenne sur sa compétence et la reprise de la
déclaration faite au moment de la signature selon
F6537
• Décision de la Commission du 3 mai 2005 fixant laquelle l’application de la convention se fera dans
les modalités du contrôle de la conformité dans les le cadre des instruments communautaires. Le texte
États membres et définissant des formats de don- de cette convention est accompagné de deux
nées aux fins de la directive 2002/96/CE du Parle- annexes dont l’une est consacrée à la liste des acti-
ment européen et du Conseil relative aux déchets vités soumises à cette convention et l’autre à une
d’équipements électrique et électroniques (JOUE clause d’arbitrage ad hoc.
L 119 du 11 mai 2005).
• Règlement (CE) no 782/2005 de la Commission du
La directive 2002/96/CE (JOCE L 37 du 13 février 24 mai 2005 fixant les modalités pour la commu-
2003 modifié par JOUE L 345 du 31 décembre 2003 ; nication des résultats en matière de statistiques
v. respectivement Gaz. Pal., Rec. 2003, doct., p. 860
sur les déchets (JOUE L 131 du 25 mai 2005).
et Journal du 24 février 2004, p. 31) a fixé aux États
membres des objectifs de valorisation, de recy- • Règlement (CE) no 783/2005 de la Commission du
clage et de réutilisation des déchets d’équipements 24 mai 2005 modifiant l’annexe II du règlement
électriques et électroniques (DEE). Afin de vérifier (CE) no 2150/2002 du Parlement européen et du
que ces objectifs sont bien respectés, selon des don- Conseil relatif aux statistiques sur les déchets
nées comparables entre elles, ces États membres (JOUE L 131 du 25 mai 2005).
doivent, dans les rapports qu’ils établissent à cet Le premier de ces deux règlements introduit les
effet, disposer d’une même méthode de calcul, données nécessaires aux États membres pour trans-
adopter les mêmes hypothèses quand cela est mettre à la Commission les statistiques prévues par
nécessaire et établir les mêmes tableaux de présen- le règlement (CE) no 2150/2002 (JOCE L 332 du
tation des données. C’est à cette uniformisation 9 décembre 2002 modifié en dernier lieu par JOUE
qu’est consacrée la présente décision qui comporte
L 90 du 27 mars 2004 ; v. respectivement Gaz. Pal.
deux tableaux annexés.
du 13 février 2003, p. 37 et du 11 mai 2004, p. 26).
• Avis de la Commission relatif à l’adoption de Le deuxième règlement modifie l’annexe II pour
deux documents de références aux fins de la tenir compte d’une modification de nomenclature
Directive 96/61/EC du Conseil relative à la préven- statistique. La Lituanie, la Pologne et la Suède béné-
tion et à la réduction intégrées de la pollution ficient d’une dérogation au titre de la première
(JOUE C 107 du 3 mai 2005). année 2004 (qui sert de référence aux statistiques)
La Commission annonce, par cet avis, qu’elle a en vertu du règlement (CE) no 784/2005 de la Com-
adopté deux documents de référence concernant mission publié au JOUE L 131 du 25 mai 2005.
les « meilleures techniques disponibles » dans les
Nuisances sonores
domaines des forges et fonderies d’une part, et dans
celui des abattoirs et des installations de traite- • Communication de la Commission dans le cadre
ment de sous-produits animaux d’autre part. On de la mise en œuvre de la directive 86/594/CEE
rappelle qu’au titre de la directive 96/61/CE (JOCE (JOUE C 111 du 11 mai 2005).
L 257 du 10 octobre 1996) l’application des
Cette communication donne la liste des référen-
« meilleures techniques disponibles » est une des
ces des « codes d’essai » utilisables pour mesurer le
conditions d’octroi de l’autorisation d’exploiter
niveau de « bruit aérien » des appareils électrodo-
donnée à l’exploitant d’une activité figurant sur une
mestiques ; cette communication donne également
liste figurant en annexe à cette directive.
la norme remplacée et la date à laquelle on doit
• Décision du Conseil du 17 février 2005 relative à cesser de l’utiliser. On rappelle que la directive
la conclusion, au nom de la Communauté euro- 86/594/CEE (JOCE L 164 du 30 juin 1994 modifié
péenne, de la convention sur l’accès à l’informa- par JOCE L 127 du 10 juin 1995) article 8, paragra-
tion, la participation du public au processus déci- phe 1, permet de réputer conformes à la directive,
sionnel et l’accès à la justice en matière d’environ- les bruits inférieurs aux limites de niveaux sonores
nement (JOUE L 124 du 17 mai 2005). mesurés conformément aux références publiées par
Cette décision approuve la convention Commis- la Commission au JOUE.
sion économique pour l’Europe (CEE)/ONU, dite
Label écologique communautaire
« Convention de Aarhus », dont l’objectif recoupe
celui de la directive 2003/4/CE du Parlement euro- • Décisions de la Commission établissant les cri-
péen et du Conseil du 28 janvier 2003 concernant tères écologiques et les exigences associées en
36 GAZETTE DU PALAIS DIMANCHE 12 AU MARDI 14 JUIN 2005
matière d’évaluation et de vérification pour l’attri- L 214 du 8 août 2001), établissent de nouveaux cri-
bution du label écologique communautaire : tères écologiques valables pendant 4 ans pour
– aux ordinateurs personnels (JOUE L 115 du 4 mai l’attribution du label communautaire.
2005, • Décision de la Commission du 12 mai 2005 modi-
– aux ordinateurs portables (JOUE L 115 du 4 mai fiant les décisions 2000/45/CE, 2001/405/CE, 2001/
2005), 688/CE, 2002/255/CE et 2002/747/CE afin de pro-
– aux lubrifiants (JOUE L 118 du 5 mai 2005). longer la période de validité des critères écologi-
Ces trois décisions ont toutes pour base juridi- ques pour l’attribution du label écologique com-
que le règlement (CE) no 1980/2000 du 17 juillet munautaire à des produits spécifiques (JOUE L 127
2000 établissant un système communautaire révisé du 20 mai 2005).
d’attribution du label écologique (JOCE L 237 du Cette décision prolonge d’un an les critères appli-
21 septembre 2000 ; v. Gaz. Pal., Rec. 2000, doct., cables à l’attribution du label écologique et aux exi-
p. 2255). Les critères d’attribution ainsi que les exi- gences d’évaluation et de vérification s’y rappor-
gences d’évaluation et de vérification demeurent tant pour les prolongations et pour produits sui-
valables pendant 4 ans. Ils sont par ailleurs confor- vants : jusqu’au 30 novembre 2007 pour les lave-
mes à l’avis du comité assistant la Commission en linge (décision 2000/45/CE), jusqu’au 4 mai 2007
matière d’attribution du label écologique. pour les papiers à usages domestiques (décision
• Décisions de la Commission établissant des cri- 2001/405/CE), jusqu’au 28 août 2007 pour les
tères écologiques révisés pour l’attribution du amendements pour sol et milieux de culture (déci-
label écologique communautaire : sion 2001/688/CE), jusqu’au 31 mars 2007 pour les
– aux nettoyants universels et aux nettoyants pour téléviseurs (décision 2002/255/CE) et jusqu’au
sanitaires, 31 août 2007 pour les ampoules électriques(déci-
– aux détergents pour vaisselle à la main, sion 2002/747/CE).
(JOUE L 115 du 4 mai 2005).
Se référant au même règlement de base que les X. TEXTES S’APPLIQUANT AUX
décisions ci-dessus référencées, ces deux décisions, CONSOMMATEURS
qui abrogent deux décisions antérieures (respecti-
vement du 27 juin 2001 publiée au JOCE L 189 du RAS
11 juillet 2001 et du 19 juillet 2001 publiée au JOCE

DIMANCHE 12 AU MARDI 14 JUIN 2005 GAZETTE DU PALAIS 37


Entretien avec Claude Duvernoy, Bâtonnier
de l’Ordre des avocats du Barreau des
Hauts-de-Seine
INTERVIEW

F6559
État de la profession, réforme de la procédure
pénale, formation, exercice en réseau, rapproche-
ment avec les juristes d’entreprise… À la tête du
Barreau des Hauts-de-Seine depuis le 1er janvier
dernier, le Bâtonnier Claude Duvernoy dresse
pour nous le bilan de ses premiers mois à la tête
de l’Ordre et évoque les chantiers en cours.

Gazette du Palais : Quelles impressions retirez-


vous des premiers mois de votre Bâtonnat, du
point de vue du fonctionnement de l’Ordre ?
Étiez-vous prêt à assumer cette fonction ?
Claude Duvernoy : Être Bâtonnier est un moment
très privilégié, une belle expérience et une aven-
ture sur le plan humain et professionnel. C’est
l’occasion de rencontrer des gens de très grande
qualité. Le contact permanent avec les confrères, et
avec lui la sensation somme toute valorisante
d’avoir en quelque sorte changé de statut, de n’être
plus tout à fait le même à leurs yeux est, je l’avoue,
très agréable et gratifiant. Tout cela est très enthou-
siasmant.
Je ne me faisais toutefois pas vraiment un monde Pour revenir à l’Ordre, je suis admiratif de l’effica-
du Bâtonnat et ce pour deux raisons. Tout d’abord cité du personnel et de son organisation. La méca-
parce que je suis un vieil élu du Conseil de l’Ordre : nique est bien huilée grâce aux personnes de qua-
j’ai en effet eu la chance d’effectuer deux mandats lité qui m’entourent.
avant et deux mandats après la fusion. Lors de mes J’ai la grande chance d’être en outre épaulé par un
deux premiers mandats, j’ai été très proche de Jean- Conseil de l’Ordre de très grande qualité, assidu.
Luc Rivoire, le Bâtonnier de l’époque ; et même si Les débats y sont parfois vifs mais toujours riches
le Barreau ne comptait que 90 avocats environ il et passionnants. Et ça travaille !
s’agissait d’une première expérience enrichissante.
Ses membres reflètent bien les différentes compo-
Je me suis ensuite associé à ce dernier et à Chris-
santes du Barreau tant pour ce qui est des modes
tophe Ricour, ancien président de la Conférence des
d’exercice que pour la représentation syndicale, la
Bâtonniers, qui débutait son Bâtonnat à ce
parité... Nous devons tout faire pour que ces équi-
moment-là. J’ai alors acquis une certaine pratique
libres soient respectés.
de la gestion d’un cabinet de Bâtonnier. Au cours
de mes mandats au Conseil de l’Ordre, les Bâton- G.P. : Comment se porte votre Barreau ?
niers m’ont confié la présidence de la Commission C. D. : L’une des particularités du Barreau des
aide juridictionnelle et accès au droit. À ce titre, la Hauts-de-Seine est qu’il est nettement partagé en
plupart des bâtonniers issus des grands cabinets deux, même si ce n’est pas une réalité en termes
m’ont également sollicité pour ce qui relevait du d’effectifs : sur environ 1.750 avocats, 450 se consa-
domaine du judiciaire : l’organisation de perma- crent au judiciaire et les autres – soit environ 1.300
nences et les relations avec la juridiction. J’avais – font du juridique dans des grands cabinets. Deux
donc une certaine expérience du fonctionnement modes d’exercice de la profession vraiment diffé-
de l’Ordre et du Bâtonnat avant d’entrer en fonc- rents se côtoient. D’un côté il y a les grands cabi-
tion. Mais malgré l’année du Dauphinat, je suis nets, qui représentent parfois à eux seuls l’équiva-
encore en phase d’apprentissage, de réflexion et de lent en nombre d’un Barreau de province. De
collecte d’informations. Et je reste impressionné par l’autre, on trouve de petites structures judiciaires –
la charge de travail que cette fonction représente. dont la plus importante, en termes d’effectifs bien
Ce n’est d’ailleurs pas toujours facile à articuler avec sûr, est celle dont je fais partie et qui ne compte que
la gestion d’un cabinet. sept associés – et ce alors que les cabinets juridi-
38 GAZETTE DU PALAIS DIMANCHE 12 AU MARDI 14 JUIN 2005
ques individuels peuvent se compter sur les doigts vialité d’une part ; communication d’autre part.
de la main. Tout d’abord, justement, l’aide aux confrères : l’idée
Pour ce qui est du Barreau judiciaire, il est vrai qu’il sous-jacente est de tenter d’intervenir en amont des
ne rencontre pas de difficultés majeures. Mais des difficultés et de mettre en place un dispositif beau-
confrères sont dans une situation de trésorerie déli- coup plus réactif que celui que nous connaissions.
cate, une petite partie connaît même de réelles dif- Les confrères sont souvent gênés de se manifester
ficultés. Ils sont aidés par un groupe de confrères auprès de l’Ordre. Quand ils le faisaient, notre inter-
réunis au sein d’une commission ad hoc qui leur vention se limitait à un soutien financier, souvent
apporte son soutien en proposant des aides finan- tardif. Aussi, j’ai demandé au président de la com-
cières, des prêts d’honneur et qui remet notam- mission d’aide aux confrères de centraliser toutes
ment à plat les comptabilités pas toujours bien les informations sur les confrères débiteurs. Ainsi,
tenues. Nous ne sommes donc pas dans une situa- les services de l’Ordre lui transmettent les données
tion dramatique ou trop préoccupante. Mais il ne concernant les impayés : cotisations ordinales,
faut pas perdre de vue que compte tenu de la situa- arriérés CNB… S’il constate deux impayés, il prend
tion délicate que connaît une partie de la popula- contact et rencontre le confrère en difficulté, éva-
tion de ce département, l’activité de nombreux avo- lue sa situation puis, le cas échéant, un membre de
cats est en grande partie liée à l’aide juridiction- la commission l’aide à remettre en ordre sa comp-
nelle. Ils rencontrent donc parfois des difficultés tabilité pour éviter les arriérés et les pénalités.
conjoncturelles lorsque le bureau d’aide juridiction- Cette commission assure ensuite un véritable suivi :
nelle est submergé et que les indemnités, insuffi- surveiller l’évolution de la situation, assurer le pre-
santes au surplus, tardent. Cela peut être créateur mier contrôle puis le contrôle plus approfondi,
de tensions. Aussi l’avenir de ces cabinets est-il gérer l’intervention éventuelle d’un comptable. Cela
dépendant de l’évolution de l’aide juridictionnelle, me permet également de remplir, de manière
de l’augmentation ou non des plafonds et de l’évo- ciblée, l’obligation de contrôle de comptabilité des
lution du montant des indemnités. cabinets qui m’est imposée par la loi en qualité de
En ce qui concerne les grands cabinets, la situa- bâtonnier.
tion est également satisfaisante, même si - ce n’est La convivialité, c’est d’avoir déjà suscité et soutenu
un secret pour personne – ils ont connu des diffi- la création d’une chorale et d’une association spor-
cultés importantes, ayant entraîné une baisse sen- tive, une exposition, à venir, de nos confrères artis-
sible des effectifs de ce Barreau. Les cabinets ont tes : peintures, photographies...
subi de plein fouet les conséquences de la loi Sar- Je reçois également tous les jeunes autour d’un
banes–Oxley au États-Unis, et sa traduction en petit-déjeuner à la suite de leur prestation de ser-
France (loi de sécurité financière). Ils ont dû se res- ment. Et j’organise des dîners avec tous les confrè-
tructurer et redéfinir leur stratégie. Le coût écono- res exerçant à titre individuel ou en petites struc-
mique, social et humain a été énorme. En effet, tures.
alors que nous étions le deuxième Barreau de Je serai, sans doute, très prochainement reçu dans
France devant Lyon, ces difficultés nous ont amené les grands cabinets pour rencontrer leurs collabo-
à « décrocher » un peu pour nous retrouver à la troi- rateurs et leur rappeler ce que sont le CNB, la CAR-
sième place. Tout cela pour aboutir à une décision PAN et l’UNCA... et leur donner le goût de l’ordi-
votée à l’unanimité par la Cour suprême des États- nalité.
Unis qui a, le 1er juin 2005, lavé de tous soupçons
Et enfin, la convivialité c’est également la mise en
le cabinet Arthur Andersen. Mais, les grands cabi-
œuvre d’une idée de mes prédécesseurs : le prix
nets donnent l’impression d’avoir au minimum sta-
Gastineau qui a pour objet de soutenir le projet
bilisé leur situation et d’être même, pour certains,
professionnel d’un jeune confrère.
retournés à une phase de développement, de crois-
sance et de recrutement. En outre, le cabinet Land- Mon deuxième axe d’intervention est la communi-
well nous rejoint, je m’en félicite et lui souhaite la cation. Communiquer, c’est avant tout faire passer
bienvenue. le message selon lequel le Barreau des Hauts-de-
Seine est un Barreau avec lequel il faut compter. Il
Le Barreau des Hauts-de-Seine est donc un Bar-
s’agit de souligner ses compétences éminentes,
reau plutôt en bonne santé, même si nous
aussi bien sur le plan juridique que judiciaire. J’ai
n’oublions pas ceux qui sont dans une situation
donc créé des groupes de réflexion technique : en
personnelle dramatique.
droit de la famille, en droit pénal, en droit du tra-
G.P. : Quels sont les principaux chantiers que vail, en droit fiscal, en droit des associations et enfin
vous entendez mettre en œuvre au cours de votre en droit des sociétés. Ces groupes ont pour mis-
Bâtonnat ? sion de réfléchir sur ces domaines qui sont des
C. D. : Dans mon discours d’investiture, j’ai pré- piliers du droit. Cela leur permettra, le cas échéant
cisé deux axes d’intervention : solidarité et convi- d’être des forces de proposition mais également de
DIMANCHE 12 AU MARDI 14 JUIN 2005 GAZETTE DU PALAIS 39
réaction face à des réformes en vue ou à certains ker » ; il n’était donc pas question qu’il y ait un
projets de lois ou de décrets. Ils ont également une représentant du Parquet à l’audience d’homologa-
INTERVIEW

mission pédagogique à l’égard des confrères, étant tion, car cela reviendrait alors à mobiliser une per-
tout à fait autorisés à vulgariser un certain nombre sonne pour la négociation et une autre pour
de notions. À titre d’exemple, l’un des membres du l’homologation. Partant de ce constat, le parquet a
groupe de réflexion en droit du travail va prochai- ouvert une procédure de CRPC. Le dossier est venu
F6559
nement faire une intervention sur l’avocat devant le juge homologateur qui a immédiatement
employeur et les assouplissements des 35 heures. soulevé la question préjudicielle. J’ai alors fait rapi-
Ils s’agit aussi de communication interne. dement savoir que le Barreau considérait égale-
G.P. : Cette action est également tournée vers les ment qu’à une audience, le Parquet devait être
acteurs du département... représenté, à défaut de quoi cela ne pouvait pas se
C. D. : J’ai effectivement mis en place une commu- nommer « audience ». Telle est la position que j’ai
nication beaucoup plus locale destinée à montrer défendue lors de nombreuses réunions profession-
à tous nos partenaires potentiels qu’ils ont à leur nelles, sachant que la CRPC s’est mise en place pro-
disposition un Barreau local actif et compétent. J’ai gressivement, à peu près partout.
donc rencontré les acteurs institutionnels du dépar- G.P. : Vous êtes donc satisfait de l’avis rendu par
tement : le préfet, le président du Conseil général, la Cour de cassation et de la suspension des cir-
ceux de la Chambre de commerce et du Medef, le culaires d’application par le Conseil d’État (1) ?
président de l’Ordre des médecins, celui de la C. D. : Je suis satisfait en tant que juriste, puisque
Chambre des notaires, etc. Je souhaitais voir avec c’est la rigueur juridique qui a conduit à cette posi-
tous ces intervenants ce qu’il était possible de faire tion. Mais également parce que je reste toujours
ensemble. Par exemple, nous avons le projet de aussi réservé sur cette procédure. Il me paraissait,
mettre en place avec la Chambre départementale en toute hypothèse, totalement exclu de demander
des notaires un groupe de réflexion sur la réforme à un avocat de venir plaider une peine, car en réa-
du divorce et les liquidations de régimes matrimo- lité c’est ce qui se passe sans la présence d’un par-
niaux, et, avec l’Ordre des médecins, de créer un quetier. D’un point de vue culturel, je ne peux pas
groupe de réflexion sur les certificats médicaux et l’admettre. C’est au représentant du Parquet de
le secret médical qui permettrait de répondre aux soutenir une peine et c’est à l’avocat et à son client
questions suivantes : que peut-on mettre dans un qu’il revient de l’accepter ou non. Je demeure éga-
certificat médical qu’un avocat envisage d’utiliser lement critique à l’égard de la CRPC car elle me
dans son dossier de divorce ? Quel est le rôle du paraît être un sous-produit du plaider coupable qui
médecin qui intervient en garde à vue ? Je dois éga- existe en Amérique du Nord. Aux États-Unis, la
lement rencontrer la Compagnie des experts pour situation est pourtant très différente et les droits de
voir avec eux ce que nous pouvons mettre en place la défense ne sont pas les mêmes. En France, les
en commun. avocats sont en réalité totalement exclus de tout ce
G.P. : S’agissant de la réforme de la procédure qui se passe au cours de l’enquête préliminaire et
pénale et notamment de la fameuse CRPC intro- dans les commissariats. Nous ne sommes pas du
duite par la loi Perben II, ce sont des magistrats tout dans la même situation, donc pas à armes éga-
de Nanterre qui sont à l’origine de la saisine pour les.
avis de la Cour de cassation concernant l’absence G.P. : À propos de l’affaire France Moulin et du
du ministère public lors de l’audience d’homolo- délit de « divulgation d’informations », votre
gation... Conseil de l’Ordre a rapidement réagi et le Bar-
C. D. : L’initiative de ce positionnement des magis- reau s’est mobilisé...
trats de Nanterre revient en effet au Président du C. D. : Nous avons été très ennuyés car il fallait réa-
Tribunal de grande instance de Nanterre, Jacques gir vite sur une situation dramatique et préoccu-
Degrandi. Au cours de l’une de mes premières pante, tout en ne disposant d’aucun élément du
interventions début mars – un entretien dans le dossier. Or loin de nous l’idée de dire qu’un avocat
Parisien Libéré – j’ai indiqué que j’étais totale- est au-dessus des lois. Il doit les respecter, comme
ment en phase avec la position qui consiste à sou- tout le monde. C’est une disposition dont on sait
tenir qu’aux termes de la loi Perben II, l’homolo- très bien qu’elle a été extrêmement débattue et à
gation de la proposition faite par le Parquet et laquelle il a été rajouté, à l’arraché, le petit bout de
acceptée étant appelée « audience d’homologa- phrase suivant : « Sans préjudice des droits de la
tion », la présence d’un représentant du ministère défense ». Or là, nous avons la sensation que
public était nécessaire. l’absence de préjudice aux droits de la défense, tel
La position du Parquet était évidemment très dif- qu’il doit être compris au regard des débats parle-
férente et consistait à dire que l’intérêt de la CRPC (1) Cass., avis, 18 avril 2005, Gaz. Pal. du 21 avril 2005, p. 7 ; Cons. d’État
étant d’accélérer les procédures afin de « déstoc- (ord. réf.), 11 mai 2005, Gaz. Pal. du 14 mai 2005, p. 30.

40 GAZETTE DU PALAIS DIMANCHE 12 AU MARDI 14 JUIN 2005


mentaires – et en particulier au Sénat – a été com- de la profession, et en particulier le Conseil natio-
plètement occultée. En outre, les textes protec- nal des Barreaux, c’est l’affaiblir. Or, j’espère que
teurs du secret de l’instruction existaient déjà. chacun s’accordera à dire que le Barreau des Hauts-
G.P. : Votre Barreau s’est également mis en évi- de-Seine en a été un fervent défenseur. Nous étions
dence s’agissant de la réforme de la formation... très favorables, dès la fusion à la création d’une ins-
C. D. : À la suite de la délibération du Conseil natio- tance nationale. Nous l’avons soutenue et des
nal des Barreaux visant à limiter à dix heures la pos- confrères de grands cabinets de ce Barreau ont été
sibilité pour les cabinets d’organiser leur forma- membres du CNB.
tion, le Barreau des Hauts-de-Seine a considéré que Mais à partir du moment où cet organe représen-
cette limitation – 10 heures sur les vingt prévues – tatif, comme c’était le cas sur la délibération que
était contraire à la loi. Aussi, le Conseil de l’Ordre a j’évoquais sur les 20 heures, prend des délibéra-
voté le principe d’un recours contre cette délibéra- tions qui sont contraires à la loi, il n’y a pas d’autre
tion du CNB. Nous n’avons finalement pas eu à le solution que de les contester. Tous les bâtonniers
former puisque lors de l’assemblée générale de successifs, le temps de la procédure, ont expliqué
Rennes, le CNB est revenu sur cette première déli- que cet article 16 était contra legem. Mais ils n’ont
bération en autorisant effectivement les cabinets à jamais été entendus. Le résultat de tout cela a été
organiser les vingt heures de formation perma- l’annulation de ce texte. J’espère qu’il n’y aura plus
nente en interne. de difficulté sur ce sujet.
Selon nous, il est important de faire passer le mes- G.P. : Quelle est votre point de vue concernant le
sage selon lequel les grands cabinets assurent rapprochement envisagé avec les juristes d’entre-
d’excellentes formations à l’attention de leurs colla- prise ?
borateurs, et ce pour deux raisons : tout d’abord en
raison de leur taille, ensuite parce qu’il est évidem- C. D. : Nous avons une position assez originale dans
ment dans leur intérêt d’avoir des collaborateurs de la profession, peut-être un peu moins aujourd’hui
haut niveau. Aussi je ne vois vraiment pas pourquoi car les choses ont évolué. Nous avions pris une
on empêcherait ces cabinets d’assurer les 20 heures résolution le 23 septembre 2004 – peu diffusée
de formation, qui seront 20 heures de formation de d’ailleurs – qui disait : « Le Conseil de l’Ordre des
haut niveau que beaucoup peuvent envier. avocats du Barreau des Hauts-de-Seine est favo-
rable à la poursuite des discussions et négocia-
Le CNB est donc revenu sur sa délibération en exi-
tions tendant à favoriser le rapprochement ». Je
geant cependant des cabinets concernés qu’ils dif-
partage tout à fait les inquiétudes et les réticences
fusent à d’autres ces formations internes, ce qui ne
de certains de mes confrères. Ce sont les miennes
leur pose aucun problème.
également. Mais lorsque je fais le bilan du pour et
Nous restons en revanche un peu réservés sur le
du contre, cette motion me convient parfaitement.
contrôle a priori dévolu par le CNB aux CRFP et
À mon sens, les discussions doivent être poursui-
non au Bâtonnier local. La mise en place de la
vies et dans un esprit positif tendant à favoriser le
réforme est un des grands chantiers pour les CRFP
rapprochement. Et ce parce que je crois que la pro-
et les Bâtonniers.
fession dans son ensemble aurait tout intérêt à ce
Nous devons tout faire pour que nos confrères se que l’on regroupe sous un même vocable tous les
spécialisent. professionnels du droit. Si avocats et conseils juri-
Pour ce qui est de la mise en place effective de la diques se sont regroupés, ce n’est pas pour laisser
formation, nous sommes en phase de négociation se développer une profession parallèle. Car en réa-
avec les trois autres Barreaux de la Cour et le CRFP lité l’enjeu c’est le secret professionnel, le legal pri-
de Versailles pour harmoniser les programmes, vilege. Vraisemblablement, dans une perspective de
mais mon souhait est de continuer à pouvoir déve- défense du droit romano-germanique, les pouvoirs
lopper de façon très forte des formations à Nan- publics auront sans doute tendance à accorder ce
terre, et de conserver une autonomie et une grande legal privilege ou secret professionnel aux juristes
liberté qui permettront de prendre en compte les d’entreprises. À ce moment là, nous serons face à
spécificités des Barreaux. Mais cette liberté sera ins- des professionnels du droit qui vont commencer à
crite dans le cadre du CRFP, organisme naturel qui nous ressembler beaucoup et nous allons nous
validera nos formations dans le cadre des 20 heu- retrouver dans une situation similaire à celle
res obligatoires. d’avant 1991. Cette profession aura tendance à
G.P. : Le débat sur les réseaux et sur l’article 16 créer sa déontologie, ses règles, à se regrouper à tra-
du RIU intéresse au premier chef le Barreau des vers des associations et des syndicats de façon un
Hauts-de-Seine... peu plus formalisée. Je pense donc que les avocats
C. D. : En effet, nous avons manifesté notre satis- n’ont pas intérêt à voir se développer à nouveau
faction lors de la suspension de l’article 16. Mais une profession parallèle. C’est notre point de vue.
exercer un recours contre un organe représentatif Nous ne prétendons pas que cela ne soulève pas de
DIMANCHE 12 AU MARDI 14 JUIN 2005 GAZETTE DU PALAIS 41
difficultés, bien au contraire. Encore une fois je par- rence du Barreau des Hauts-de-Seine, qui a tou-
tage beaucoup les inquiétudes qui ont pu être émi- jours lieu le premier vendredi de décembre. Cette
INTERVIEW

ses, mais je souhaite que la profession continue à Conférence est très originale puisque le Barreau de
réfléchir d’une manière positive. Nanterre a été le tout premier à organiser un pro-
G.P. : Quelles sont les principales manifestations cès fictif : deux jeunes avocats élus font le procès
organisées par le Barreau des Hauts-de-Seine ? d’une personnalité invitée. Ce rendez-vous a beau-
F6559 C. D. : L’Ordre organise deux manifestations essen- coup de succès puisque l’année dernière 700 per-
tielles par an. Tout d’abord, le Colloque de Prin- sonnes – soit 150 de plus que l’année précédente –
temps, qui est en principe consacré au droit des y ont assisté. Manifestement, le bouche à oreille a
affaires. Nous nous sommes pourtant éloignés cette bien fonctionné. Je me pose la question des locaux
année de cette thématique pour le transformer en susceptibles d’accueillir ce « procès ». Les jeunes
Convention préparatoire à la Convention natio- souhaitent continuer, puisque c’est un procès, à le
nale des avocats qui se tiendra à Marseille en octo- faire dans le local de la Cour d’assises, mais celui-ci
bre prochain sur le thème de la sécurité juridique risque d’être un peu étroit.
au cœur des collectivités et aborder le sujet de la
Ce sont là les deux grandes manifestations organi-
fiscalité des collectivités territoriales. Cette rencon-
sées par le Barreau. Mais si les groupes de réflexion
tre s’est tenue le 24 mai dernier, en partenariat avec
que nous avons mis en place souhaitent créer
la Chambre de commerce et d’industrie et s’est
d’autres rencontres, ils seront les bienvenus.
déroulée dans ses locaux. Nous avons eu la chance
d’avoir des intervenants prestigieux et une grande
affluence (NDLR : Voir ci-dessous). Propos recueillis par Mathieu Crône
Le deuxième temps fort est la Rentrée de la Confé-

La fiscalité des collectivités territoriales

(Nanterre – 24 mai 2005)


Le Colloque de Printemps du Barreau de Nanterre renommés pour leur expertise en matière fiscale –
qui s’est tenu le 24 mai dernier dans les locaux de claires, malgré la complexité des thèmes abordés.
la Chambre de commerce et d’industrie des Hauts- En conclusion, une admirable synthèse des impli-
de-Seine était consacré à « La fiscalité des collec- cations concrètes des exposés de la journée fut réa-
tivités territoriales : les collectivités territoriales lisée par Jean-Pierre Fourcade, sénateur des Hauts-
acteurs économiques locaux et sujets d’impôts ». de-Seine et maire de Boulogne-Billancourt.
Le Bâtonnier Claude Duvernoy, soucieux de don-
En dépit d’un sujet des plus techniques, la salle était ner plus de visibilité à la communication de son
comble et les interventions des orateurs – pour la Barreau, a réussi avec ce Colloque de Printemps un
plupart membres de grands cabinets d’affaires, coup de maître.
Ordre des avocats de Nanterre

Le Bâtonnier Duvernoy lors du Colloque de Printemps du Barreau de Nanterre entouré de Jean-Claude Caron, conseiller général des
Hauts-de-Seine représentant le président du Conseil général Nicolas Sarkozy, d’Anne Charveriat, membre du Conseil de l’Ordre et de
Jean-Pierre Fourcade, sénateur des Hauts-de-Seine

42 GAZETTE DU PALAIS DIMANCHE 12 AU MARDI 14 JUIN 2005


Rapport pour l’année 2004 de l’Autorité des
marchés financiers
ACTUALITÉ

F6591
L e rapport pour l’année 2004 de l’Autorité des
marchés financiers (AMF), a été rendu public le
L’AMF a ainsi rendu son premier rapport sur les
agences de notation ainsi que celui sur le gouver-
1er juin dernier par son président Michel Prada (1). nement d’entreprise et les procédures de contrôle
Retour sur la première année d’exercice plein de interne, en application des articles 42 et 122 de la
l’institution créée le 24 novembre 2003. loi de sécurité financière. Elle a confié à un groupe
de travail de place l’élaboration d’un référentiel de
Le passage de relais entre les institutions s’est effec- contrôle interne qui permettra de guider les socié-
tué sans rupture, permettant à l’AMF, un an jour tés dans la mise en œuvre de leur propre système
pour jour après sa création, de publier son règle- de contrôle et dans l’élaboration du rapport annuel
ment général (2). sur le contrôle interne requis par la loi de sécurité
Ce corps de texte rassemble la réglementation de financière.
la COB et du CMF mais également les dispositions Ce référentiel devrait constituer un outil de gestion
d’application de la loi de sécurité financière, qui au service des entreprises faisant appel public à
confient à l’AMF des missions nouvelles, ainsi que l’épargne. Il devrait être pratique, d’usage facile, et
des dispositions de transposition du droit commu- admis par tous. Le référentiel élaboré devra être
nautaire. Le règlement général intègrera au fur et à confronté à ceux utilisés par les autres places bour-
mesure les modifications nécessaires notamment sières importantes, en particulier le référentiel
pour l’application des textes européens. COSO. L’objectif est également d’anticiper les ini-
2004 s’est révélée être une année particulièrement tiatives européennes figurant dans le projet de révi-
riche pour l’AMF qui a mis en place son organisa- sion des 4e et 7e directives.
tion et son mode de fonctionnement et mené paral- Le groupe de travail, qui s’est réuni plusieurs fois
lèlement une activité de régulation intense. depuis sa création en mai 2005, est coprésidé par
La nouvelle organisation a été opérationnelle dès les Jean Cédelle et Guillaume Gasztowtt et rassemble
premières semaines de l’année. Le Collège a rapi- des représentants des entreprises, des institutions
dement trouvé son équilibre et, devant l’impor- comptables, des autorités de régulation ainsi que de
tance de la charge de l’examen des rapports personnalités qualifiées.
d’enquête et de contrôle, s’est constitué en trois Le groupe de travail s’est fixé pour objectif de ren-
commissions spécialisées dans l’examen des suites dre ses conclusions dans un an.
à donner aux rapports d’enquête et de contrôle. En
Le règlement européen pris en application de la
outre, afin d’améliorer la qualité technique de ses
directive abus de marché a modifié le cadre appli-
délibérations de portée générale, le Collège a créé
cable au rachat d’actions. Désormais, deux objec-
cinq commissions consultatives, composées
tifs sont réputés irréfragablement légitimes (4) : le
d’acteurs du marché, qui se sont, chacune, réunies
rachat d’actions dans un but de réduction du capi-
une dizaine de fois en 2004 (3).
tal et la couverture de mécanismes de stock
• Tirer les leçons de la crise et fiabiliser toute la options. Par ailleurs, l’obligation pour les émet-
chaîne de l’information teurs de déclarer à l’AMF les opérations des diri-
L’AMF a poursuivi les efforts initiés depuis plu- geants et des personnes qui leur sont étroitement
sieurs années par la COB afin de renforcer la qua- liées procède de la volonté de la loi de sécurité
lité de l’information financière. Cette action a été financière d’accroître la transparence dans les
complétée par de nouvelles dispositions issues de sociétés cotées.
la loi de sécurité financière du 1er août 2003 ainsi S’agissant du suivi en temps réel de l’information
que par la transposition des directives européen- délivrée par les émetteurs, l’AMF a poursuivi ses
nes qui devraient contribuer à sécuriser les mar- actions de rappel systématique à l’ordre des socié-
chés et à promouvoir davantage de transparence. tés en retard dans leurs publications comptables ou
(1) V. le rapport sur le site Internet de l’AMF : www.amf-france.com,
des sociétés du Nouveau marché qui n’avaient pas
rubrique publications publié de document de référence. En 2004, 40 socié-
(2) Le 24 novembre 2004.
(3) Les cinq commissions consultatives de l’AMF : Organisation et fonc- (4) Comme le règlement l’y autorise, l’AMF a consulté la place dans le
tionnement des marché, Activités de compensation et de règlement livrai- but de reconnaître des pratiques de marché supplémentaires qui béné-
son ; Activités de gestion financière ; Opérations et informations finan- ficient pour leur part d’une présomption simple de légitimité : le contrat
cières des émetteurs ; Épargnants et actionnaires minoritaires. de liquidité et le rachat d’actions dans un objectif de croissance.

DIMANCHE 12 AU MARDI 14 JUIN 2005 GAZETTE DU PALAIS 43


tés ont été ainsi assignées devant le Tribunal de res décisions en mars 2004. Les montants des sanc-
grande instance de Paris dont la moitié a publié ses tions, en nette progression par rapport aux années
ACTUALITÉ

comptes dès réception de la lettre de mise en précédentes, témoignent d’une sévérité accrue.
demeure. Les décisions ayant entraîné des sanctions sont
L’AMF a, par ailleurs, finalisé son plan d’accompa- habituellement publiées au Balo et sur le site inter-
gnement des sociétés au passage aux normes IFRS net de l’AMF.
F6591 en expliquant précisément, par une recommanda- Du 1er janvier au 1er juin 2005, la Commission des
tion, le calendrier d’application des nouvelles nor- sanctions a traité 14 procédures de sanction et
mes et en incitant les sociétés à davantage de péda- sanctionné dix personnes. Au 1er juin 2005, 38 pro-
gogie. Ce travail de clarification de l’information cédures de sanction sont en cours.
financière s’est également traduit par une recom-
mandation sur les données financières estimées. • Une participation toujours plus active aux tra-
L’AMF a, en outre, créé trois groupes de travail pré- vaux internationaux
sidés par des membres du collège, centrés sur des L’AMF, dont la visibilité internationale a été favo-
sujets au cœur du fonctionnement des marchés et risée par la fusion de la COB et du CMF, a connu
de la qualité de l’information financière. Le groupe en 2004 un programme de travail largement dicté
de travail sur l’évaluation financière indépendante, par la mise en œuvre, sous l’égide de la Commis-
présidé par Jean-Michel Naulot, a d’ores et déjà sion européenne, du Plan d’action sur les services
rendu ses conclusions sous forme de « 25 recom- financiers. L’AMF participe également aux travaux
mandations pour améliorer l’information des conduits par le Forum de la stabilité financière et
investisseurs » qui font actuellement l’objet d’une l’Organisation internationale des commissions de
consultation de place. Les deux autres groupes, pré- valeurs mobilières chargée de définir de standards
sidés respectivement par Jean de Demandolx communs de régulation et d’améliorer la coopéra-
Dedons sur l’analyse financière indépendante, et tion internationale. L’AMF a ainsi contribué aux tra-
par Yves Mansion sur « l’exercice des droits de vote vaux de l’OICV qui s’est mobilisée sur des sujets
en assemblée générale », sont sur le point de ren- essentiels au bon fonctionnement des marchés :
dre leurs conclusions. coopération internationale notamment avec les
L’AMF a par ailleurs accompagné la modification de centres offshore, adoption d’un code de bonne
la cote d’Euronext par l’instauration d’une cote uni- conduite sur les agences de notation, gouverne-
que, l’Eurolist, et la création d’Alternext, nouveau ment d’entreprise, etc.
marché organisé soumis pour partie aux règles de
l’AMF. • Une protection de l’épargne qui repose aussi sur
une triple action de médiation, d’information et
• Une activité répressive ferme de pédagogie
L’AMF mène des contrôles auprès des prestataires La loi de sécurité financière a consacré la fonction
de services d’investissement et des enquêtes afin de de médiation instaurée par la COB. En 2004, l’AMF
déceler des pratiques susceptibles de nuire au bon a développé et amélioré le service rendu en matière
fonctionnement des marchés. Ainsi, en 2004, 1.560 d’assistance aux investisseurs non professionnels et
situations de marché ont été examinées, 125 de règlement amiable des litiges qui peuvent sur-
contrôles sur place auprès de prestataires de servi- venir entre les investisseurs et leur intermédiaire.
ces d’investissement ont été lancés, et 83 enquêtes 1861 dossiers ont été ainsi ouverts par le service de
ont été ouvertes. Par ailleurs, la cellule de sur- la médiation dont 1326 consultations et 485 média-
veillance de l’Internet a optimisé son outil d’ana- tions avec un taux de réussite de 58 % (6).
lyse des forums boursiers. Sept cas de propositions En 2004, l’AMF a renforcé son dispositif d’écoute
d’investissements irréguliers ont ainsi été repérés en des investisseurs par la mise en place, en février,
2004 et ont fait l’objet d’une mise en garde du d’une commission consultative « épargnants et
public. Chaque enquête ou contrôle donne lieu à actionnaires minoritaires » et a également renforcé
un rapport examiné par l’une des commissions spé- ses actions pédagogiques. L’AMF a en effet ressenti
cialisées du Collège de l’AMF afin de décider des la grande nécessité d’accompagner son action dans
suites qu’il convient de lui donner. ce domaine en allant au delà d’une simple mise à
Alors que le champ et la complexité des enquêtes disposition d’informations au public. C’est la rai-
ont une nette tendance à croître, le nombre son pour laquelle elle a initié le lancement d’un
d’enquêtes achevées en 2004 est en hausse sensi- groupe de place, présidé par Jean-Claude Mothié et
ble à 90 contre 79 en 2003. La Commission des Claire Favre, membres du Collège, sur l’éducation
sanctions de l’AMF, présidée par Jaques Ribs et des épargnants, qui a conclu à la création d’une ins-
organisée en deux sections (5), a publié ses premiè- titution indépendante en charge de l’information et
(5) La seconde section est présidée par Claude Nocquet. (6) Concerne les dossiers qui ont pu être traités sur le fond.

44 GAZETTE DU PALAIS DIMANCHE 12 AU MARDI 14 JUIN 2005


de la formation économique et financière des épar- internet depuis avril 2005. C’est dans le même souci
gnants. de protection de l’investisseur que l’AMF participe
aux travaux de la mission sur « l’encadrement et
• Concilier la nécessaire adaptation des produits
l’harmonisation des modalités de commerciali-
et des méthodes des professionnels avec la pro-
sation des produits financiers » que le ministre de
tection des épargnants
l’Économie a confié à Jacques Delmas-Marsalet,
La gestion d’actifs est l’un des points forts de membre du Collège, dont les propositions devraient
l’industrie financière en France. À la suite des chan- permettre d’améliorer la qualité du conseil et de
gements intervenus au plan européen et sous l’information délivrée dans ce domaine.
l’empire d’une concurrence très vive assortie d’une
innovation incessante, la gestion d’actifs a mobi- • Un programme de travail 2005 largement dicté
lisé fortement l’AMF qui s’est efforcée de concilier par l’agenda communautaire
la nécessaire adaptation des produits et des métho- Le programme d’action de l’AMF est largement
des avec sa mission de protection des épargnants. dicté par l’agenda communautaire. Désormais, la
L’AMF a ainsi poursuivi son action visant à amé- régulation des marchés européens est encadrée par
liorer la lisibilité de l’information relative aux pro- un corpus de règles communautaires (règlements et
duits d’épargne collective : directives) d’une grande précision, conçues et
adoptées entre 2001 et 2005 dans le cadre du plan
– en lançant, en mars 2004, une base de données
d’action des services financiers et selon le proces-
« GECO » sur son site Internet permettant d’accé-
sus dit « Lamfalussy » auquel le régulateur français
der à l’ensemble des notices d’information et des
a, depuis le début, activement contribué en sa qua-
prospectus des OPCVM agréés par l’AMF ainsi
lité de membre du CESR (9). La construction du
qu’aux valeurs liquidatives ;
marché unique a, de ce fait, remarquablement pro-
– en encadrant le passage au nouveau prospectus gressé au cours de cette période, même si la trans-
pour les OPCVM : ce nouveau document d’infor- position en droit national commence à peine.
mation, qui entre progressivement en vigueur entre
Le projet de loi pour la confiance et la modernisa-
2004 et 2006, devrait améliorer l’information des
tion de l’économie et la loi « portant diverses dis-
investisseurs grâce à sa structure composée d’un
positions d’adaptation au droit communautaire
prospectus simplifié et d’une note détaillée.
dans le domaine des marchés financiers » (10)
L’AMF a par ailleurs émis des recommandations sur achèveront ainsi de transposer en droit français
les pratiques de late trading et de market timing deux directives : celle sur les opérations d’initiés et
dont certaines pourront être intégrées au règle- les manipulations de marché (11), celle relative au
ment général de l’AMF. prospectus qui redéfinit l’appel public à l’épargne
L’AMF a en outre entrepris, en coordination avec et entraînera une complète refonte du prospectus
la profession, un travail de modernisation de la en Europe. Par ailleurs, la directive sur la transpa-
réglementation applicable aux dépositaires. 2004 rence de l’information diffusée par les émetteurs et
marque également une étape décisive en matière de la directive OPA devront être transposées en 2006.
gestion alternative directe en France : ainsi, la défi- Aussi, dans cette perspective, le ministre de l’Éco-
nition des règles applicables aux OPCVM à règles nomie a-t-il confié à Jean-François Lepetit, ancien
d’investissement allégées (ARIA) et aux OPCVM président de la COB et du CMF, la présidence d’un
contractuels a trouvé un équilibre entre souplesse groupe de travail chargé de réfléchir aux options
du cadre juridique et commercialisation restreinte ouvertes par la directive OPA ainsi qu’à leurs consé-
à des personnes suffisamment averties. L’épargne quences en droit français. La directive sur les mar-
salariale a également sensiblement évolué en rai- chés d’instruments financiers (MIF), dont la trans-
son du développement du plan d’épargne pour la position a été repoussée à avril 2007, viendra accé-
retraite collective (PERCO). lérer les mutations de l’industrie financière.
Après une vaste consultation des associations pro- S’agissant du fonctionnement même de l’Autorité,
fessionnelles concernées, le Collège de l’AMF a la faculté qui pourrait être donnée à l’AMF de met-
adopté les dispositions du règlement général sur le tre en œuvre une procédure transparente de tran-
statut des conseillers en investissements financiers saction renforcerait considérablement l’efficacité de
et les règles de bonne conduite applicables à cette son action. Dotée d’une telle capacité, elle pourrait
activité. L’AMF, en collaboration avec le CEA (7) et appréhender d’une manière plus appropriée cer-
le CECEI (8), a également finalisé la mise en œuvre tains comportements. De même, le relèvement du
de la réforme du démarchage : le fichier centralisé quantum des sanctions de l’Autorité viendrait uti-
enregistrant les démarcheurs est consultable sur lement renforcer les pouvoirs de l’AMF.
(7) Comité des entreprises d’assurances. (9) Committee of European Securities Regulators.
(8) Comité des établissements de crédit et des entreprises d’investisse- (10) Présentées au Conseil des ministres du 13 avril 2005.
ment. (11) Dite « market abuse ».

DIMANCHE 12 AU MARDI 14 JUIN 2005 GAZETTE DU PALAIS 45


Présentant le rapport annuel de l’AMF au Prési- voirs publics en ce domaine doit s’articuler
dent de la République, Michel Prada a souligné autour de deux axes complémentaires, utilisant
ACTUALITÉ

que : « L’action de l’AMF devait être replacée dans les ressorts du droit et de la fiscalité : favoriser
le cadre du développement de la place de Paris l’entrée en bourse des entreprises les plus dyna-
et qu’à cet égard il fallait saluer les progrès miques afin d’améliorer leurs conditions de
remarquables accomplis par notre système de financement et favoriser l’investissement de
F6591
marché financier au cours des dernières années l’épargne à long terme afin d’associer, individuel-
[…]. Mais la compétition est rude et va s’ampli- lement ou via la gestion collective, les français à
fier à la mesure de l’intégration des marchés la vie et au développement de leurs entrepri-
européens et mondiaux. Il est donc vital de pour- ses ».
suivre l’effort afin d’accroître la base domestique
de notre marché, sa profondeur et sa liquidité, (Source : Autorité des marchés financiers)
conditions de son attractivité. L’action des pou-

46 GAZETTE DU PALAIS DIMANCHE 12 AU MARDI 14 JUIN 2005


PETITES ANNONCES

PETITES ANNONCES
Tél. 01 44 32 01 50 / Fax 01 40 46 03 47

Cabinet d’avocat Paris (7e) Bac/St-Ger- Locations


main, recherche secrétaire plein
temps. A louer - 81 bd St Michel 75005 Paris,
Tél. : 01.42.22.15.10 Bureau 10 m_ env. - 550 euros/mois
F001349 HT + services communs en fonction des
besoins. Contacter Maître Lautrette :
Tél. 01.46.34.03.07
Demandes d’emploi L000764

SELARL sous-loue ds imm. prestige du


Collaboration
8e, 3 bur divisibles (31, 16 et 15 m_) et
Jeune avocate, bilingue anglais, un an 2 empl. secrét., disp. au 1er sept. Loyers
de stage, recherche une collaboration mens. respectifs HT ttes charges cabinet
en droit social et/ou droit commer- groupé incluses 2.450, 1.425 ET 1.325 5.
cial. Cont. Me HOFFMAN au :
Tél. : 06.22.44.47.35 01.58.36.44.44
Offres d’emploi G001706 L000783

e
Cab. groupé, 17 , loue bureau de pres-
Collaboration Divers tige 30 m_ et/ou emplacement de colla-
borateur. Services communs possibles.
Société d’Avocats - Droit de l’Indemni- Urgent - Secrétaire expérience cabinet
01.47.66.34.62 - 06.65.05.82.26
sation cherche Collaborateur 2 ans de d’avocat connaissant Cicéron, Word,
L000784
barreau. Envoyer CV au 17 bd Malesher- cherche CDI.
bes - 75008 PARIS. Tél. : 06.64.50.11.59 Cab. groupé Avocats 7e arr. M° Solférino
F001335 G001695 offre colocation 4 bureaux loyer pro-
rata surf. occupée.
Sec. exp. retraitée ch. mi-tps matin. Tél. 01.45.49.00.82
SCP SEBAN et Associés, cabinet de Tél. : 06.10.55.16.36 L000794
21 avocats intervenant particulière- F000109 G001696 e
ment pour les collectivités et les éta- 9 HAVRE CAUMARTIN
blissements publics recherche pour local professionnel 3/4 P.
son développement trois collabo- Cabinet d’Avocats recherche Dactylo- Immobilier parfait état - 17.500 5/an.
rateurs : audio mi-temps 14h30 - 18h30. 01.53.25.00.10
1. Avocat expérimenté en droit de l’ur- Envoyer CV au 17 bd Malesherbes - Paris Vente L000795
banisme. 8e.
2. Avocat expérimenté en droit public 6° RUE D’ASSAS 169 m_
F001351 6EME Bd du Montparnasse
(notamment droit des contrats). Prox. Jardin du Luxembourg
Bel appt. 8 P. très bon état
3. Avocat 1ère ou 2ème année en droit 7 burx. parquet, moulures, cheminée.
240 m_ + balc., chbre serv.
public. Avocat aux conseils recrute secrétaire- ATIPIC GROUPE GTF
Imm. PDT standing 2° asc.
Envoyer CV par fax au : audio confirmée pour poste à pourvoir 01.48.00.88.82
Usage prof. possible
01.45.49.33.59 L000796
immédiatement. 2.090.000 5 + box.
Profil recherché : 01.47.00.77.27 Locations vacances
F001352
Expérience de deux ans minimum souhai- L000788
tée, bon niveau d’orthographe, bonne vi- SAINT TROPEZ, loue dans résidence
Secrétariat tesse de frappe, dynamique, rigoureuse, PARIS 16° - AV. KLEBER grand standing (piscine privée, linge
ayant le sens de l’organisation, expé- 6 BUREAUX 135 m_. fourni, ménage assuré, parking privé) ap-
Cab. (16e) cherche secrétaire audio rience de quatre ans en cabinet d’avocats 4° asc. 5.000 5 ht/hc partement 4/5 personnes du 16 au 31
débutante acceptée. Libre le 1er juillet. appréciée. KI 01.45.53.62.82 juillet 2005, 1.800 5.
Tél. : 01.55.73.10.00 Tél. : 01.45.44.61.16 Tél. 06.70.27.74.57
F001354 F001353 L000790 L000789

DIMANCHE 12 AU MARDI 14 JUIN 2005 GAZETTE DU PALAIS 47


GAZETTE DU PALAIS
Domiciliations
LE JOURNAL SPÉCIAL DES SOCIÉTÉS
FRANÇAISES PAR ACTIONS LA DOMICILIATION DE QUALITE
DIRECTEUR HONORAIRE à 12e, 16e, 17e et le meilleur px....
JEAN-GASTON MOORE A ACAIRE 01.44.67.87.00
DIRECTEUR DE LA PUBLICATION K000001
FRANÇOIS PERREAU
DIRECTEUR DE LA RÉDACTION
u RIC BONNET
E
DIRECTION ET RÉDACTION
12, PLACE DAUPHINE, 75001 PARIS Domiciliations d entreprises
TÉL. : 01 42 34 57 27
FAX RÉDACTION : 01 46 33 21 17
E-mail : redaction@gazette-du-palais.com
TARIFS 2005
PRIX TTC AU NO
ABONNÉS NO NORMAL 1,50 Q
NO SPÉCIAL 6Q K000003

NON ABONNÉS O
N NORMAL 6Q
O
N SPÉCIAL 9Q Avocat cherche domiciliation aurès
+ FRAIS DE PORT Cabinet confrère dans Paris. Offres à
ABONNEMENT/FRANCE ET U.E./UN AN adresser au journal sous le n° 049 qui
JOURNAL SEUL (PRIX TTC) : 260 Q transmettra.
RECUEILS + TABLE SEULS (PRIX TTC) : 290 Q K000017
JOURNAL, RECUEILS ET TABLE :
PRIX TTC 390 Q
JOURNAL ET CD-ROM (2 CD PAR AN)
Offres de services
PRIX TTC 500 Q * Secrétaire Libérale recherche travaux
* SOUS RÉSERVE DU PAIEMENT DU DROIT D’ENTRÉE
de dactylographie à domicile ou à votre
ABONNEMENT/E u TRANGER/UN AN
cabinet (Dictée numérique - cassettes
JOURNAL SEUL 310 Q
JOURNAL, RECUEILS ET TABLE 490 Q - Grundig).
06.60.49.06.33
C.C.P. PARIS 213-93 J
M000050
POUR TOUT CHANGEMENT D’ADRESSE, IL EST
INDISPENSABLE QUE VOUS NOUS FASSIEZ PARVE-
NIR L’ÉTIQUETTE SUR LAQUELLE FIGURENT VOTRE
NUMÉRO D’ABONNÉ ET VOTRE ANCIENNE ADRESSE.
REPRODUCTION DES NOTES ET ARTICLES
RIGOUREUSEMENT INTERDITE.
LA RÉDACTION DU JOURNAL N’EST PAS RES-
PONSABLE DES MANUSCRITS COMMUNIQUÉS.

u DITEUR
E
u RÊT E
GROUPEMENT D’INTE u CONOMIQUE
LA GAZETTE DU PALAIS
u CIAL DES SOCIE
LE JOURNAL SPE u TE
uS
FRANÇAISES PAR ACTIONS
ADMINISTRATEUR : FRANÇOIS PERREAU
CONTRÔLEUR DE GESTION : JEAN-CLAUDE
LESEUR
SIÈGE SOCIAL : 3, BLD DU PALAIS
75180 PARIS CEDEX 04
R.C.S. PARIS 383 314 671

COMPOSÉ DE :
LA GAZETTE DU PALAIS − SOCIE u TE
u DU
HARLAY
S.A. AU CAPITAL DE 75.000 Q
P.-D.G. : GILLES DE LA ROCHEFOUCAULD
3, BLD DU PALAIS
75180 PARIS CEDEX 04
SOCIE u TE
u DE PUBLICATIONS ET DE
PUBLICITE u POUR LES SOCIE u TE
uS
S.A. AU CAPITAL DE 216.000 Q
P.-D.G. : CHARLYNE LESEUR
8, RUE SAINT-AUGUSTIN
75080 PARIS CEDEX 02

Internet :
www.gazette-du-palais.com
COMMISSION PARITAIRE DE PUBLICATIONS ET AGENCES DE
O
PRESSE N 0508 T 83097
ISSN 0242-6331
IMPRIMÉ PAR JOUVE, 11, BD DE SÉBASTOPOL, 75001 PARIS

DIRECTION ARTISTIQUE GRAPHIR DESIGN

48 GAZETTE DU PALAIS DIMANCHE 12 AU MARDI 14 JUIN 2005


Panorama de la Cour de cassation
Résumés d’arrêts de la Cour de cassation - chambres civiles
9
JURISPRUDENCE
Panorama

Panorama réalisé sous la responsabilité de Frédérique GHILAIN-KRUKOFF


Avec le concours de Frédéric-Jérôme PANSIER, rédacteur en chef des Cahiers sociaux du Barreau de Paris

ASSURANCES : V. Assurances terrestres, Fonds de garantie DROIT INTERNATIONAL : V. Traités internationaux


BAUX : V. Baux commerciaux, Usufruit DROIT SOCIAL : V. Accidents du travail, Electricité, Prestations fami-
CONSOMMATION : V. Crédit liales, Sécurité sociale, Syndicats professionnels, Travail
CONTRATS : V. Cautionnement, Cession de créance PROCEDURE CIVILE : V. Aide juridictionnelle, Appel civil, Cassa-
DROIT DES AFFAIRES : V. Administrateur judiciaire, Communau- tion, Compétence civile et commerciale, Jugements par défaut,
tés européennes, Redressement judiciaire, Sociétés commerciales Ordre entre créanciers, Prescription civile, Preuve, Procédure civile
DROIT DES BIENS : V. Usufruit PROFESSIONS JUDICIAIRES : V. Avocats
A0611 DROIT DE LA FAMILLE ET DES PERSONNES : V. Divorce, Incapa- PROPRIETE INTELLECTUELLE : V. Appellations d’origine
bles majeurs, Régimes matrimoniaux, Séparation de corps, Socié- SEPARATION DES POUVOIRS : V. Contentieux administratif
tés commerciales, Successions, Testament, Traités internationaux VOIES D’EXECUTION : V. Procédures civiles d’exécution, Saisie
DROIT IMMOBILIER : V. Construction et urbanisme, Contrat immobilière
d’entreprise, Copropriété, Expropriation, Lotissements

ACCIDENTS DU TRAVAIL sonnalité morale, dès lors que l’ensemble de ses droits et obliga-
tions à caractère social n’avaient pas été liquidé et qu’elle faisait
Maladies professionnelles.- Faute inexcusable de l’employeur.- l’objet d’une procédure de redressement, qui était toujours en cours,
Matière pénale (non).- Obligation de sécurité de résultat. retient justement que le receveur était recevable à faire désigner,
La reconnaissance de la faute inexcusable ne relève pas de la matière nonobstant le fondement juridique erroné de sa demande, un repré-
pénale au sens de l’art. 6-1 de la convention européenne de sau- sentant légal à cette société, dont le liquidateur avait cessé ses fonc-
vegarde des droits de l’homme, et c’est sans méconnaître ce texte tions.
que la Cour d’appel retient qu’en vertu du contrat de travail qui le
C. cass. com. 16 novembre 2004 : Clède c. le Receveur des
lie à son salarié, l’employeur est tenu envers celui-ci d’une obliga-
Impôts de Pau Est et autres – Pourvoi no 01.03.304 N – Rejet (C.
tion de sécurité de résultat, notamment en ce qui concerne les mala- app. Pau, 15 janvier 2001) – gr. no 1644PBI. 052129
dies professionnelles contractées par ce salarié du fait des produits
fabriqués ou utilisés par l’entreprise, le manquement à cette obli-
gation ayant le caractère d’une faute inexcusable au sens de l’art. AIDE JURIDICTIONNELLE
L.452-1 C. sécur. soc. lorsque l’employeur avait ou aurait du avoir
Auxiliaires de justice.- Indemnisation.- Aide de l’Etat.- Renon-
conscience du danger auquel était exposé le salarié et qu’il n’a pas
ciation (non).- Recours contre la partie condamnée aux dépens
pris les mesures nécessaires pour l’en préserver.
(non).
C. cass. 2e civ. 14 décembre 2004 : Société Atofina c. Consorts
La contribution due au titre de l’aide juridictionnelle est exclusive
Royer et autre – Pourvoi no 03.30.247 Q – Rejet (C. app. Lyon,
de toute autre rémunération et l’auxiliaire de justice, qui n’a pas
28 janvier 2003) – gr. no 1992P+B. 052315
renoncé à percevoir la somme correspondant à la part contributive
de l’Etat, ne peut poursuivre, contre la partie condamnée aux dépens
ACCIDENTS DU TRAVAIL et non bénéficiaire de l’aide juridictionnelle, le recouvrement des
émoluments auxquels il peut prétendre.
Maladies professionnelles.- Faute inexcusable de l’employeur.- Ayant relevé que la SCP n’avait pas renoncé à percevoir l’aide de
Obligations des Caisses.- Avance des réparations.- Recours
l’Etat dans le délai prévu à l’art. 108 du décret 91-1266 du
contre l’employeur.
19 décembre 1991, le premier président en a exactement déduit
Même dans le cas où les dépenses afférentes à la maladie profes- que l’avoué n’était pas autorisé à poursuivre le recouvrement de
sionnelle sont inscrites au compte spécial en raison de ce que celle-ci ses émoluments contre la partie condamnée aux dépens.
n’a été inscrite au tableau que postérieurement à la période d’expo-
sition au risque, la caisse d’assurance maladie, tenue de faire l’avance C. cass. 2e civ. 19 mai 2005 : SCP X. c. Y. – Pourvoi no 03.14.709
des sommes allouées en réparation du préjudice de caractère per- A – Rejet (C. app. Angers, 25 mars 2003) – gr. no 798P+B.
052437
sonnel, conserve contre l’employeur dont la faute inexcusable a été
reconnue, le recours prévu à l’art. L.452-3, alinéa 3 C. sécur. soc..
APPEL CIVIL
C. cass. 2e civ. 14 décembre 2004 : Société Atofina c. Consorts
Royer et autre – Pourvoi no 03.30.247 Q – Rejet (C. app. Lyon, Décisions susceptibles d’appel.- Demande de reconnaissance
28 janvier 2003) – gr. no 1992P+B. 052316 du droit au bénéfice de la suspension des poursuites.- Rejet
de la demande.- Moyen de défense au fond.- Rejet de la
demande.- Recevabilité de l’appel.
ADMINISTRATEUR JUDICIAIRE
Les jugements qui tranchent dans leur dispositif une partie du prin-
Désignation.- Cas.- Nomination d’un mandataire ad hoc. cipal peuvent être immédiatement frappés d’appel comme les juge-
Le liquidateur amiable d’une société d’experts comptables ne peut ments qui tranchent tout le principal.
reprocher à l’arrêt attaqué d’avoir rejeté sa demande en rétracta- Le moyen pris de l’aptitude du débiteur à bénéficier des dispo-
tion de l’ordonnance désignant un mandataire ad hoc de la société, sitions de la loi du 30 décembre 1998 prévoyant la suspension de
en faisant valoir, d’un côté, que les dispositions de la loi du 10 sep- plein droit des poursuites acquise aux personnes rapatriées qui ont
tembre 1940, sur lesquelles le receveur des Impôts fondait sa déposé auprès de l’autorité administrative compétente une demande
demande de nomination d’un administrateur provisoire de la société, d’aide n’ayant pas fait l’objet d’une décision définitive constitue un
n’étaient pas remplies et, de l’autre côté, que le mandataire ne pou- moyen de défense au fond.
vait être désigné en qualité de mandataire ad hoc de la société, Par suite le jugement ayant rejeté la demande du débiteur ten-
fonction différente de celle d’administrateur provisoire demandée dant à voir reconnaître son droit au bénéfice de la suspension des
initialement. L’arrêt après avoir relevé que si au jour de la requête poursuites par application du texte précité était immédiatement sus-
du receveur, la société était dissoute et la clôture de sa liquidation ceptible d’appel, et en décidant le contraire la Cour d’appel a violé
avait été publiée, cette société n’avait cependant pas perdu sa per- l’art. 544 nouv. C. pr. civ..

DIMANCHE 12 AU MARDI 14 JUIN 2005 GAZETTE DU PALAIS 17


C. cass. 2e civ. 16 décembre 2004 : Société BAV 1855 c. Banque et B de la Convention, peuvent être modifiées ou étendues en vertu
populaire du Midi – Pourvoi no 03.11.180 Q – Cassation (C. app. d’une communication écrite faite par l’un des Etats contractants,
Montpellier, 5 novembre 2002) – gr. no 2044P+B. 052282 sous réserve de l’accord de l’autre partie.
Pour déclarer une société coupable de concurrence déloyale et
APPEL CIVIL parasitaire, et lui interdire sous astreinte de commercialiser du fro-
mage portant la mention « grana padano râpé frais », l’arrêt retient
JURISPRUDENCE
Panorama

Demandes nouvelles.- Moyen tiré de la nullité de l’acte fon- que cette société n’est pas fondée à invoquer le bénéfice des règle-
dant la demande.- Défense au fond.- Procédure orale.- ments communautaires tendant à renforcer la protection des appel-
Absence de contestation à l’audience.- Acquiescement (non). lations d’origine qui ne s’opposent pas à l’application en France des
règles italiennes relatives à l’utilisation de l’appellation d’origine
Doit être cassé l’arrêt qui, pour déclarer irrecevable la prétention « grana padano » et notamment le décret de la Présidence du
d’une partie invoquant la nullité de son engagement de caution, conseil italien du 4 novembre 1991. En se déterminant ainsi, sans
retient qu’elle est soulevée pour la première fois en cause d’appel rechercher si pour la période antérieure au 20 juin 1996, ce décret
alors que la caution n’avait soulevé aucune objection devant le pre- qui étendait l’appellation d’origine « grana padano » à la forme
mier juge. râpée du produit, à la condition que les opérations de râpage soient
En statuant ainsi, alors que le moyen tiré de la nullité de l’acte effectuées dans la zone de production et que le conditionnement
sur lequel était fondée la demande de paiement constituait une soit effectué immédiatement sans aucun ajout de substances de
A0611
défense au fond et que l’absence de contestation à l’audience lors nature à modifier la conservation et les caractéristiques organolep-
d’une procédure orale ne caractérise pas la volonté non équivoque tiques originaires, avait respecté la procédure visée à l’article 8 de
d’acquiescer, la Cour d’appel a violé les art. 72, 410 et 564 nouv. la Convention précitée, la Cour d’appel n’a pas donné de base légale
C. pr. civ.. à sa décision.
Pour statuer comme elle a fait, la Cour d’appel a retenu que la
C. cass. 2e civ. 16 décembre 2004 : Negouai c. Mme Vildeuil et société n’était pas fondée à invoquer le bénéfice des règlements
autre – Pourvoi no 03.12.642 D – Cassation (C. app. Fort-de-
communautaires tendant à renforcer la protection des appellations
France, 5 juillet 2002) – gr. no 2007P+B. 052284
d’origine qui ne s’opposent pas à l’application en France des règles
italiennes relatives à l’utilisation de l’appellation d’origine « grana
APPELLATIONS D’ORIGINE padano » et notamment le décret de la Présidence du conseil ita-
lien du 4 novembre 1991. En se déterminant ainsi, sans rechercher
Protection.- Convention franco-italienne du 28 avril 1964.- si pour la période commençant le 21 juin 1996, le Cahier des char-
Appellation « grana padano ».- Règlements communautaires.- ges homologué par le règlement CE 1107/96 de la Commission des
Art. 29 CE.- Interprétation.
communautés européennes du 12 juin 1996, qui avait procédé à
La Cour de justice des Communautés européennes, par arrêt du l’enregistrement communautaire de l’appellation d’origine « grana
20 mai 2003, a dit pour droit qu’en ce qui concerne la période anté- padano » comportait les restrictions d’utilisation de cette appella-
rieure à l’entrée en vigueur du règlement (CE) 1107/96 de la Com- tion d’origine, institué par le décret italien précité, la Cour d’appel
mission du 12 juin 1996, relatif à l’enregistrement des indications n’a pas donné de base légale à sa décision au regard de l’art. 17
géographiques et des appellations d’origine au titre de la procé- du règlement CEE 2081/92 du Conseil des Communautés euro-
dure prévue à l’art. 17 du règlement (CEE) 2081/92 du Conseil, péennes, du 14 juillet 1992, relatif à la protection des indications
l’art. 29 CE doit être interprété en ce sens qu’il ne s’oppose pas à géographiques et des appellations d’origine des produits agricoles
ce qu’une convention conclue entre deux Etats membres A et B, et alimentaires.
telle la convention entre la République française et la République C. cass. com. 11 janvier 2005 : Société Ravil c. Société Bellon
italienne sur la protection des appellations d’origine, des indica- Import et autre – Pourvoi no 98.17.761 – Cassation (C. app. Aix-
tions de provenance et des dénominations de certains produits, en-Provence, 5 mars 1998) – gr. no 81PBI. 052294
signée à Rome le 28 avril 1964, rende applicable dans l’Etat mem-
bre A une législation nationale de l’Etat membre B, comme celle
visée par la juridiction de renvoi, en vertu de laquelle l’appellation ASSURANCES TERRESTRES
d’origine d’un fromage, protégé dans l’Etat membre B, est réser-
Assurance de responsabilité.- Centres de transfusion
vée, pour le fromage commercialisé râpé, à celui râpé et emballé sanguine.- Clause type limitant dans le temps la durée de la
dans la région de production, que le règlement (CEE) 2081/92 du garantie.- Déclaration d’illégalité par le juge administratif.-
Conseil, du 14 juin 1992, relatif à la protection des indications géo- Effet.- Clause illicite.
graphiques et des appellations d’origine des produits agricoles et
des denrées alimentaires (...) doit être interprété en ce sens qu’il L’arrêt qui a condamné l’assureur à garantir l’EFS des condamna-
ne s’oppose pas à ce que l’utilisation d’une appellation d’origine tions mises à sa charge au profit d’une clinique, à la suite d’une
protégée soit subordonnée à une condition de réalisation, dans la contamination par le virus de l’hépatite C lors d’une transfusion,
région de production, d’opérations telles que le râpage et l’embal- énonce que toute déclaration d’illégalité par le juge administratif,
lage du produit, dès lors qu’une telle condition est prévue dans le même prononcée dans le cadre d’une autre instance, s’impose au
cahier des charges, que le fait de subordonner l’utilisation de l’appel- juge civil qui ne peut plus à l’avenir faire application du texte déclaré
lation d’origine protégée « grana padano » pour le fromage com- illégal. La Cour d’appel en a exactement déduit, sans remettre en
mercialisé râpé à la condition que les opérations de râpage et cause les droits acquis ou l’objectif de sécurité juridique, que ladite
d’emballage soient effectuées dans la région de production cons- clause, en ce qu’elle tendait à réduire la durée de garantie de l’assu-
titue une mesure d’effet équivalant à une restriction quantitative à reur à un temps inférieur à la durée de la responsabilité de l’assuré,
l’exportation au sens de l’article 29 CE, mais peut être considéré était génératrice d’une obligation sans cause et, comme telle, illi-
comme justifié et, partant, comme compatible avec cette dernière cite et réputée non écrite.
disposition, que, toutefois, la condition en cause n’est pas oppo- Manque en fait le grief qui reproche à la Cour d’appel d’avoir
sable aux opérateurs économiques, faute d’avoir été portée à leur retenu que, l’assuré n’étant ni un consommateur ni un non pro-
connaissance par une publicité adéquate dans la réglementation fessionnel, la clause litigieuse ne relevait pas de la réglementation
communautaire. Néanmoins, le principe de sécurité juridique n’exclut spécifique des clauses abusives. Le rejet de ce grief prive de tout
pas que cette condition soit considérée par le juge national comme fondement la demande de renvoi préjudiciel pour saisine de la Cour
opposable à des opérateurs qui auraient entrepris une activité de de justice des Communautés européennes.
râpage et d’emballage du produit au cours de la période anté- Ayant souverainement relevé l’absence, lors de la formation du
rieure à l’entrée en vigueur du règlement 1107/96, si ce juge consi- contrat, de toute erreur portant sur la substance des droits en cause,
dère que, au cours de cette période, le décret du 4 novembre 1991 viciant le consentement de l’assureur, l’arrêt, qui a exactement retenu
était applicable en vertu de la convention entre la République fran- que l’erreur ne pouvait être imputée à la déclaration d’illégalité, fût-
çaise et la République italienne, susvisée, et opposable aux sujets elle intervenue postérieurement à la formation du contrat, a rejeté
de droit concernés en vertu des règles nationales de publicité. à bon droit la demande d’annulation de celui-ci.
Aux termes de l’art. 8 de la Convention entre la République fran- C. cass. 2e civ. 21 avril 2005 : Société Axa France IARD c. l’Eta-
çaise et la République italienne sur la protection des appellations blissement français du sang (EFS) et autres – Pourvoi
d’origine, des indications de provenance et des dénominations de no 03.20.683 U – Rejet (C. app. Rennes, 15 octobre 2003) – gr.
certains produits du 28 avril 1964, les listes figurant aux annexes A no 638P+B. 052298

18 GAZETTE DU PALAIS DIMANCHE 12 AU MARDI 14 JUIN 2005


ASSURANCES TERRESTRES décret du 30 septembre 1953, la Cour d’appel a exactement retenu
que cet acte n’avait pas eu d’effet interruptif de la prescription, et
Modification du contrat.- Obligations de l’assureur.- Garantie a donc justement déclaré prescrite l’action du bailleur en fixation
subordonnée à la réalisation d’une condition.- Preuve de du prix du bail renouvelé.
l’information de l’assuré.
Il résulte des art. L. 112-2, alinéa 2 et L. 112-3, alinéa 5 C. assur. C. cass. 3e civ. 2 février 2005 : Mme Breckinridge c. Mme Oudot
que lorsque l’assureur à l’occasion de la modification du contrat Audouard – Pourvoi no 03.18.042 Y – Rejet (C. app. Aix-en-
primitif, subordonne sa garantie à la réalisation d’une condition, il Provence, 5 juin 2003) – gr. no 134P+B. 052322

doit rapporter la preuve qu’il a précisément porté cette condition à


la connaissance de l’assuré. BAUX COMMERCIAUX
Une société ayant souscrit une assurance destinée, notamment,
à garantir le vol d’un véhicule utilitaire et de son contenu profes- Refus de renouvellement.- Motifs.- Epoux séparés de biens.-
sionnel, l’assureur a établi, le 13 mai 1998, un avenant au contrat Défaut d’immatriculation de l’un des époux à la date de la
primitif, prévoyant l’augmentation du capital garanti au titre du demande de renouvellement.- Atteinte disproportionnée au
contenu professionnel de l’utilitaire. Ayant déclaré le vol de ce véhi- droit à la « propriété commerciale » (non).- Violation de la
cule et de son contenu, survenu le 17 août 2000, la société s’est convention européenne des droits de l’homme (non).
heurtée au refus de l’assureur d’indemniser ce sinistre, opposé en
Le fait, pour un bailleur, de dénier le bénéfice du droit au renou-
raison d’une restriction de garantie stipulée aux conditions géné-
vellement à deux époux séparés de biens sur le fondement du défaut
rales du « Contrat Auto Référence » du 18 octobre 1993 men-
d’immatriculation d’un seul d’entre eux à la date de leur demande
tionné à l’avenant du 13 mai 1998. La société, estimant que cette
de renouvellement ne constitue pas une atteinte disproportionnée
restriction ne lui était pas opposable, a assigné l’assureur en garan-
au droit à la « propriété commerciale » reconnu aux locataires au
tie.
regard des dispositions de l’art 1er du protocole additionnel n° 1 à
Doit être cassé l’arrêt qui, pour décider que la stipulation liti-
la convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme et
gieuse était opposable à l’assurée et la débouter de ses demandes,
des libertés fondamentales, dès lors que les dispositions du Code
retient que l’assurée a souscrit le 13 mai 1998 un avenant aug-
de commerce relatives au renouvellement du bail commercial réa-
mentant le montant de la garantie vol du contenu professionnel
lisent un juste équilibre entre les exigences de l’intérêt général et
dont les conditions particulières visaient expressément les condi-
les impératifs de sauvegarde des droits fondamentaux de la per-
tions générales référencées au 18 octobre 1993 prévoyant l’exclu-
sonne. Ayant constaté que l’épouse n’était pas inscrite au registre
sion de garantie en cas de non-respect de certaines précautions, et
du commerce et des sociétés à la date de la demande de renou-
dont elle a reconnu avoir eu connaissance pour en avoir reçu un
vellement ainsi qu’à la date d’expiration du bail, la Cour d’appel
exemplaire, que le formalisme dont elle fait état n’est exigé qu’à
en a exactement déduit que les époux avaient perdu le droit au
titre probatoire lorsque l’existence du contrat lui-même est contes-
renouvellement de leur bail commercial.
tée, qu’en l’espèce les parties ne sont pas en désaccord sur le fait
que l’avenant a été souscrit le 13 mai 1998 et comportait effecti-
C. cass. 3e civ. 18 mai 2005 : Epoux Fraizier c. Société civile
vement une extension de garanties, que la déclaration de modifi-
immobilière SCI Les Braies – Pourvoi no 04.11.349 U – Rejet (C.
cation du risque signée de l’assuré et la fiche personnalisée d’assu-
app. Rennes, 3 décembre 2004) – gr. no 586PBI. 052310
rance émanant de l’assureur concrétisant cette modification ont été
émises le même jour et que ce dernier document déterminant les
conditions particulières fait référence à un contrat dont le souscrip- BAUX COMMERCIAUX
teur reconnaît avoir reçu un exemplaire, aucun élément ne permet-
tant d’admettre que tel n’ait pas été le cas. En statuant ainsi, alors Refus de renouvellement.- Motifs graves et légitimes.- Ces-
qu’il résulte des productions que la société n’avait pas apposé sa sion du fonds de commerce incluant le droit au bail à une
société en formation.- Reprise par la société des engage-
signature au bas de l’avenant mentionnant qu’elle avait reçu un
ments souscrits pour son compte.- Cession réputée conclue
exemplaire du contrat d’assurance référencé au 18 octobre 1993, dès l’origine.
la Cour d’appel a violé les textes susvisés.
C. cass. 2e civ. 21 avril 2005 : Société Bati Services c. la Mutuelle Le preneur à bail de locaux commerciaux ayant été mis en liquida-
assurances artisanale de France (MAAF) – Pourvoi no 03.19.697 tion judiciaire, le mandataire-liquidateur a cédé le fonds de com-
X – Cassation (C. app. Riom, 5 août 2003) – gr. no 653P+B. merce, en ce compris le droit au bail, à une société en cours de
052297 formation. Le bail venant à expiration le 19 janvier 2000, le bailleur
a refusé le renouvellement sollicité en déniant tout droit à indem-
AVOCATS nité d’éviction à la société, en invoquant l’absence de reprise régu-
lière de la cession par la société.
Honoraires.- Contestation.- Compétence territoriale. Ayant relevé que les statuts de la société avaient été signés le
L’ordonnance retient qu’il résulte des art. 174 et s. du décret du 1er décembre 1997, que cette société avait été immatriculée au regis-
27 novembre 1991 que les contestations concernant le montant et tre du commerce et des sociétés le 5 décembre 1997, soit à une
le recouvrement des honoraires d’avocat sont soumises successive- date antérieure au refus de renouvellement du bail du 7 décembre
ment au bâtonnier de l’Ordre des avocats auquel appartient l’avo- 1999, et qu’une assemblée générale des associés, tenue le 13 mars
cat concerné, puis au premier président de la Cour d’appel dans le 2000, avait ratifié formellement la reprise par la société des enga-
ressort de laquelle l’Ordre est établi. C’est à juste titre que l’avo- gements souscrits pour son compte relativement à l’acquisition du
cate, inscrite au barreau de Paris où elle a fixé son domicile pro- fonds de commerce litigieux, la Cour d’appel en a, à bon droit,
fessionnel, a saisi le bâtonnier de l’Ordre des avocats au barreau déduit que la cession du 11 septembre 1997 devait être réputée
de Paris et il n’importe qu’elle ait créé dans une autre ville un bureau conclue dès l’origine par la société et que celle-ci devait bénéficier
secondaire pour faciliter l’exercice de sa profession. En l’état de ces dès cette date du bail du 15 janvier 1991 inclus à l’acte de cession.
constatations et énonciations, le premier président a rejeté à bon Ayant relevé, par ailleurs, que les deux associés constituant la
droit l’exception d’incompétence invoquée par le client. société étaient intervenus et avaient signé l’acte de cession pré-
C. cass. 2e civ. 12 mai 2005 : X. c. Mme Y. – Pourvoi no 04.13.432 voyant la reprise des engagements en résultant par la société dès
G – Rejet (C. app. Paris, 17 février 2004) – gr. no 746P+B. son immatriculation au registre du commerce et des sociétés, qu’à
052302 compter de cette immatriculation, la société avait exécuté le bail et
que ces éléments manifestaient de façon non équivoque la volonté
des deux associés de reprendre dès la formation de la société les
BAUX COMMERCIAUX
engagements contenus à l’acte de cession incluant le bail, volonté
Prescription biennale.- Interruption.- Mémoire.- Notification que l’assemblée du 13 mars 2000 n’avait fait que formaliser, la Cour
par lettre simple.- Effet interruptif (non). d’appel a pu retenir que la fraude alléguée n’était pas démontrée.

Ayant relevé que la locataire avait fait parvenir au conseil de la pro- C. cass. 3e civ. 2 février 2005 : Cohen c. Société MTM et autre –
priétaire un mémoire en réponse par lettre simple et non par lettre Pourvoi no 03.18.575 C – Rejet (C. app. Paris, 2 juillet 2003) – gr.
recommandée, comme le prescrit le dernier alinéa de l’art. 29-1 du no 132P+B. 052321

DIMANCHE 12 AU MARDI 14 JUIN 2005 GAZETTE DU PALAIS 19


CASSATION COMMUNAUTES EUROPEENNES

Décisions susceptibles de pourvoi.- Décision frappée d’un Règles de concurrence.- Aides d’Etat.- Qualification.- Taxe
appel et d’un pourvoi.- Arrêt irrévocable de la Cour d’appel.- d’aide au commerce et à l’artisanat.- Interprétation du droit
Irrecevabilité du pourvoi. communautaire.- Renvoi à la Cour de justice des communau-
tés européennes.- Sursis à statuer.
JURISPRUDENCE
Panorama

Lorsqu’une décision a été frappée d’appel et de pourvoi et que la


Aux termes de l’art. 87 du traité CE, sont incompatibles avec le mar-
Cour d’appel s’est prononcée par un arrêt irrévocable, le pourvoi
ché commun, les aides accordées par les Etats membres ou au
en cassation est irrecevable.
moyen de ressources d’Etat, sous quelque forme que ce soit, qui
faussent ou menacent de fausser la concurrence en favorisant cer-
C. cass. soc. 17 décembre 2004 : Société Beghin-Say c. Timon taines entreprises ou certaines productions.
et autres – Pourvoi no 03.42.805 Q – Irrecevabilité (Cons. prud’h.
Arras, 19 février 2003) – gr. no 2511P. 052424 Il importe de savoir si la taxe d’aide au commerce et à l’artisa-
nat, instituée par la loi du 13 juillet 1972, assise sur la surface de
vente des magasins de commerce de détail excédant 400 m2, dont
CASSATION le produit alimente des comptes spéciaux des caisses d’assurance
vieillesse des commerçants et des artisans pour l’attribution de l’aide
A0611 Décisions susceptibles de pourvoi.- Décisions avant-dire droit.-
Décision se bornant à ordonner une mesure d’instruction et spéciale compensatrice, devenue depuis la loi 81-1160 du 30 décem-
le versement d’une provision.- Irrecevabilité du pourvoi. bre 1981 l’indemnité de départ, est susceptible de recevoir la qua-
lification d’aide d’Etat, dans la mesure où elle n’est supportée que
par les établissements ayant une surface de vente supérieure à 400
Sauf dans les cas spécifiés par la loi, les jugements en dernier res-
m2 ou un chiffre d’affaires supérieur à 460 000 euros, et en ce
sort qui ne mettent pas fin à l’instance ne peuvent être frappés de
qu’elle procurerait au futur bénéficiaire de l’indemnité un allége-
pourvoi en cassation indépendamment du jugement sur le fond que
ment de charges résultant de la possibilité de réduire son éventuel
s’ils tranchent dans leur dispositif tout ou partie du principal.
financement à un régime complémentaire de retraite. Cette appré-
L’arrêt attaqué, qui se borne dans son dispositif à ordonner une ciation relève de l’interprétation du droit communautaire qui res-
mesure d’instruction et le versement d’une provision, ne tranche sortit et à la compétence de la Cour de justice des communautés
pas une partie du principal et ne met pas fin à l’instance. Et la européennes. Il y a donc lieu de surseoir à statuer jusqu’à ce que
Cour d’appel, qui appréciait souverainement la valeur des éléments celle-ci se soit prononcée sur ce point.
de preuve qui lui était soumis et l’utilité des mesures d’instruction,
C. cass. com. 16 novembre 2004 : Société Galeries de Lisieux c.
tout comme l’étendue de la mission de l’expert, n’a pas excédé ses
Société Organic Recouvrement – Pourvoi no 03.12.565 V – Sursis
pouvoirs en ordonnant une expertise à l’effet de déterminer l’exis-
à statuer (C. app. Caen, 24 janvier 2003) – gr. no 1642PBI.
tence du préjudice allégué par une partie. Le pourvoi n’est donc 052126
pas recevable.

C. cass. 2e civ. 16 décembre 2004 : Société BSN Glasspack SAS COMPENSATION


c. Epoux Humbert – Pourvoi no 02.15.519 K – Irrecevabilité (C.
Compensation légale.- Conditions.
app. Nancy, 19 mars 2002) – gr. no 2002P+B. 052118

Ne donne pas de base légale à sa décision au regard des art. 1289


CAUTIONNEMENT et 1290 C. civ. la Cour d’appel qui, pour débouter une banque qui
faisait l’objet d’une saisie-attribution de sa demande de compen-
Formation.- Conditions de forme.- Absence de mention en sation, retient que l’acte de saisie-attribution emporte attribution
chiffres de la somme cautionnée.- Commencement de preuve immédiate de la créance saisie au profit du saisissant et rend impos-
par écrit. sible la compensation, sans rechercher si la créance du saisissant
ne s’était pas trouvée éteinte par l’effet d’une compensation légale
Doit être cassé l’arrêt qui, pour accueillir la demande d’un établis- intervenue avant la saisie.
sement de crédit dirigée contre une caution, énonce que si le mon-
tant de la somme cautionnée n’est pas mentionné en chiffres de la C. cass. 2e civ. 16 décembre 2004 : Société BNP Paribas Marti-
main de la caution, une telle omission n’a pas pour effet de priver nique c. Société civile immobilière (SCI) L’Olivier d’Aude – Pour-
l’écrit de toute force probante dès lors qu’il comporte la mention voi no 03.13.117 V – Cassation (C. app. Fort-de-France, 24 jan-
de la somme en toutes lettres que l’intéressée a écrite de sa main, vier 2003) – gr. no 2020P+B. 052283
de sorte que cette mention suffit à prouver l’existence du caution-
nement souscrit par celle-ci. En se déterminant ainsi, alors que faute COMPETENCE CIVILE ET COMMERCIALE
d’indication, dans ladite mention, du montant en chiffres de la
somme cautionnée, l’acte litigieux, comme tout acte par lequel une Compétence commerciale.- Société d’experts comptables cons-
partie s’engage unilatéralement envers une autre à lui payer une tituée sous la forme d’une société commerciale.- Société
somme d’argent, ne pouvait constituer qu’un commencement de d’exercice libéral régie par la loi du 31 décembre 1990 (non).-
preuve par écrit de ce cautionnement, la Cour d’appel a violé par Compétence des juridictions civiles (non).
fausse application l’art. 1326 C. civ..
Aux termes de l’art. L. 411-6 C. org. jud., sous réserve des com-
re
pétences des juridictions disciplinaires et nonobstant toute disposi-
C. cass. 1 civ. 25 mai 2005 : Mme Desmarecaux Vve Maret c.
tion contraire, les tribunaux civils sont seuls compétents pour connaî-
Caisse régionale du Crédit agricole mutuel Nord de France –
tre des actions en justice dans lesquelles l’une des parties est une
Pourvoi no 04.14.695 F – Cassation (C. app. Douai, 18 septem-
société constituée conformément à la loi 90-1258 du 31 décembre
bre 2003) – gr. no 842PBRR. 052443
1990.
Ayant relevé qu’une société d’experts comptables avait été cons-
CESSION DE CREANCE
tituée en 1987 sous la forme d’une société commerciale, ce dont il
Effets.- Cession du cautionnement. résulte que cette société n’était pas constituée sous la forme d’une
société d’exercice libéral régie par les dispositions de la loi 90-1258
du 31 décembre 1990 et n’avait pas modifié ses statuts pour le
La Cour d’appel a exactement retenu que conformément à
devenir, la Cour d’appel a, exactement retenu que le litige dans
l’art. 1692 C. civ. la cession de la créance entraîne de plein droit la
lequel cette société était partie relevait de la compétence du tribu-
cession du cautionnement.
nal de commerce.

C. cass. 2e civ. 16 décembre 2004 : Mme Redoutey c. Société C. cass. com. 16 novembre 2004 : Clède c. le Receveur des
Dijon Finance – Pourvoi no 03.11.978 H – Rejet (C. app. Besan- Impôts de Pau Est et autres – Pourvoi no 01.03.304 N – Rejet (C.
çon, 17 décembre 2002) – gr. no 2015P+B. 052279 app. Pau, 15 janvier 2001) – gr. no 1644PBI. 052128

20 GAZETTE DU PALAIS DIMANCHE 12 AU MARDI 14 JUIN 2005


CONSTRUCTION ET URBANISME des moyens frauduleux, la Cour d’appel n’a pas donné de base
légale à sa décision au regard de l’art. 3 de la loi du 31 décembre
Plans d’urbanisme.- Infractions.- Demande d’une commune de 1975 et de l’art. 1382 C. civ..
mise en conformité des lieux.- Compétence du juge civil (non).
C. cass. 3e civ. 2 février 2005 : Société Entreprise Toulonnaise de
Doit être cassé l’arrêt qui, pour accueillir la demande d’une com-
peinture (ETP) c. Société Proletazur et autre – Pourvoi
mune de mise en conformité d’une parcelle avec les exigences du
no 03.15.409 M – Cassation partielle (C. app. Aix-en-Provence,
POS par l’abandon total des lieux par l’exploitant d’une entreprise 27 février 2003) – gr. no 152P+B. 052319
de réparation automobile, retient que la commune est recevable
en son action pour l’application d’une sanction qui n’a pas fait
l’objet d’une décision antérieure et relativement à une utilisation COPROPRIETE
du sol en garage automobile en infraction à l’interdiction de nou-
velles installations artisanales dans ce quartier. En statuant ainsi, alors Règlement de copropriété.- Clauses illicites.- Clause autori-
sant un copropriétaire à effectuer sans autorisation de
que, sauf dans les cas prévus par l’art. L. 480-6 C. urban., le juge
l’assemblée générale des travaux affectant les parties com-
civil est incompétent pour ordonner, à la demande d’une com- munes.
mune, la mise en conformité des lieux sur le fondement de l’art.
L. 480-5 C. urban., la Cour d’appel a violé le texte susvisé. Doit être réputée non écrite la clause d’un règlement de copro-
e
priété autorisant un copropriétaire à effectuer sans autorisation de
C. cass. 3 civ. 2 février 2005 : Société Polangis automobile et l’assemblée générale des travaux affectant les parties communes de
autre c. Brau et autres – Pourvoi no 04.16.694 X – Cassation (C. l’immeuble.
app. Paris, 9 juin 2004) – gr. no 154P+B. 052323

C. cass. 3e civ. 11 mai 2005 : Epoux Bitan c. Syndicat des copro-


CONTENTIEUX ADMINISTRATIF priétaires de l’immeuble 9, rue Théodule Ribot, 61, rue Lafayette,
75009 Paris et autre – Pourvoi no 03.19.183 P – Cassation (C. app.
Compétence administrative ou judiciaire.- Actes administratifs.- Paris, 25 juin 2003) – gr. no 555P+B. 052435
Redevance d’enlèvement d’ordures ménagères.- Demande de
remboursement d’un trop perçu.- Appréciation de la légalité
de l’acte administratif réglementaire.- Compétence adminis- CREDIT
trative.
Crédit à la consommation.- Délai d’action.- Calcul.- Saisine
Viole la loi des 16-24 août 1790 la Cour d’appel qui condamne une d’une juridiction incompétente.- Crédit sous forme de décou-
commune à rembourser à des époux propriétaires d’une résidence vert en compte.- Point de départ du délai.
secondaire une somme d’argent au titre d’un trop-perçu de rede-
Une banque ayant assigné un débiteur en paiement de certaines
vance d’enlèvement d’ordures ménagères, alors que si les Tribu-
sommes au titre du solde débiteur de plusieurs comptes ouverts
naux judiciaires sont compétents pour statuer sur un litige oppo-
dans ses livres, il ne peut être reproché à l’arrêt attaqué statuant
sant un service public à ses usagers, l’appréciation du bien fondé
sur l’appel formé à l’encontre d’un jugement rendu par le Tribunal
de la demande des époux nécessitait celle de la légalité de l’acte
d’instance au profit duquel le Tribunal de grande instance s’était
administratif réglementaire instituant la redevance litigieuse.
déclaré incompétent, d’avoir fait droit à ses demandes, dés lors que
C. cass. 1re civ. 14 décembre 2004 : Communauté de commu- la forclusion édictée par l’art. L. 311-37, alinéa 1er, C. consom. n’est
nes de l’Ile d’Oléron c. Epoux Brousier – Pourvoi no 03.10.058 V pas acquise lorsque la juridiction compétente est saisie avant l’expi-
– Cassation (Trib. inst. Marennes, 10 octobre 2002) – gr. ration du délai de deux ans par la décision lui renvoyant la connais-
no 1828P+B. 052115 sance de l’affaire, prononcée par le Tribunal incompétent devant
lequel le créancier avait initialement porté son action. Par ce motif
de pur droit, l’arrêt qui constate que le Tribunal de grande instance
CONTRAT D’ENTREPRISE
s’était déclaré incompétent au profit du Tribunal d’instance par juge-
Garantie décennale.- Contestation de la recevabilité de ment du 13 juillet 1996 et relève que la clôture des deux comptes
l’action.- Expiration du délai.- Preuve à la charge de l’entre- litigieux, dont il n’est pas contesté qu’elle coïncidait avec l’exigibi-
preneur. lité de la créance, datait du 14 octobre 1994, se trouve légalement
justifié.
Viole l’art. 1315 C. civ. et les art. 1792 et 2270 C. civ. la Cour
Conformément à la règle selon laquelle le point de départ d’un
d’appel qui, pour déclarer irrecevable la demande des maîtres de
délai à l’expiration duquel une action ne peut plus s’exercer se situe
l’ouvrage tendant à la condamnation de l’entrepreneur et de son
à la date d’exigibilité de l’obligation qui lui a donné naissance, le
assureur à la réparation du sinistre, retient qu’il appartient au maî-
délai biennal de forclusion prévu par l’art. L.311-37, alinéa 1er, C.
tre de l’ouvrage qui engage une action sur le fondement de
consom. opposable à l’établissement de crédit qui agit en paie-
l’art. 1792 C. civ. de démontrer qu’il est dans le délai de dix ans
ment court, dans le cas d’un crédit sous forme de découvert en
pour agir, alors qu’il appartenait à l’entrepreneur et son assureur
compte, à compter de la date à laquelle le solde débiteur devient
qui contestaient la recevabilité de l’action des demandeurs de rap-
exigible, c’est-à-dire, en l’absence de terme, à la date d’effet de la
porter la preuve que celle-ci était engagée après l’expiration du délai
réalisation de la convention, à l’initiative de l’une ou de l’autre des
de garantie décennale.
parties.
C. cass. 3e civ. 26 janvier 2005 : Epoux Papot et autre c. Thi- Doit être cassé l’arrêt qui, pour rejeter la fin de non-recevoir tirée
baud et autre – Pourvoi no 03.17.173 D – Cassation (C. app. Ren- de la forclusion opposée à la banque, énonce qu’en matière de
nes, 21 mai 2003) – gr. no 87P+B. 052127 « compte courant » le point de départ du délai édicté par l’art.
L.311-37 C. consom. est la date à laquelle le solde devient exigi-
CONTRAT D’ENTREPRISE ble, c’est-à-dire la date de clôture du compte, intervenue en l’espèce
le 1er octobre 1994. En se déterminant ainsi, sans rechercher, comme
Sous-traitance.- Refus d’agrément par le maître de l’ouvrage.- elle y était invitée, si le montant du découvert n’était pas devenu
Abus de droit. exigible le 13 juin 1994 du fait de la résiliation de la convention
suivant laquelle il avait été consenti alors que celle-ci étant soumise
Doit être cassé l’arrêt qui, pour débouter un sous-traitant de sa aux dispositions des art. L.311-1 et s. C. consom., il ne pourrait
demande tendant à voir le maître de l’ouvrage condamné à lui payer être fait échec aux règles protectrices prévues par ces dispositions
des dommages-intérêts pour refus d’agrément abusif, retient que par le seul effet de la dénomination de compte courant donnée
le droit, pour le maître de l’ouvrage, de refuser d’accepter un sous- par les parties, la Cour d’appel a privé sa décision de base légale
traitant, est un droit discrétionnaire, dont l’exercice est insuscepti- au regard de l’art. 1134 C. civ., ensemble l’art. L.311-37 alinéa 1er C.
ble de contrôle juridictionnel, hormis le cas, non invoqué en l’espèce, consom., dans sa rédaction antérieure à la loi du 11 décembre 2001,
de collusion frauduleuse, entre le maître de l’ouvrage et l’entrepre- applicable en la cause.
neur principal. En statuant ainsi, sans rechercher, comme il le lui
était demandé, si les motifs de ce refus, dont le caractère discré- C. cass. 1re civ. 18 janvier 2005 : Mme Mazan c. Société Crédit
tionnaire est limité par un éventuel abus de droit, et qui sont conte- lyonnais – Pourvoi no 03.11.085 M – Cassation partielle (C. app.
nus dans une lettre, n’étaient pas fallacieux et « fabriqués » avec Paris, 11 janvier 2001) – gr. no 113P+B. 052432

DIMANCHE 12 AU MARDI 14 JUIN 2005 GAZETTE DU PALAIS 21


CREDIT ELECTRICITE

Crédit à la consommation.- Délai d’action.- Point de départ.- Statut du personnel.- Indemnité de repas.- Bénéficiaires.-
Découvert en compte.- Dépassement du découvert. Conditions.- Salariés en déplacement pour raison de service
entre 11h et 13 h.
Des époux ont souscrit, suivant offre préalable du 18 avril 1996, Selon l’art. 231 de la circulaire PERS 793 du 11 Août 1992, appli-
JURISPRUDENCE
Panorama

un crédit à la consommation remboursable en 60 mensualités par cable à EDF-GDF, le droit à l’indemnité de repas est ouvert à l’agent
prélèvement sur le compte ouvert à leur nom et sur lequel ils béné- qui se trouve en déplacement pour raison de service pendant les
ficiaient d’un découvert autorisé de 6 000 francs. Il ne peut être heures normales de repas, lesquelles sont comprises entre 11 et 13
reproché à l’arrêt attaqué d’avoir débouté la banque de son action heures pour le déjeuner, de sorte que le salarié qui se trouve en
en remboursement formée contre les cautions, dès lors que lors- déplacement pour raison de service pendant cette période doit en
que les parties sont convenues d’un découvert en compte d’un mon- bénéficier.
tant limité, le dépassement de ce découvert manifeste la défaillance
de l’emprunteur et constitue le point de départ du délai biennal de C. cass. soc. 17 décembre 2004 : EDF-GDF c. Tourbez et autres
forclusion. La Cour d’appel qui a constaté que l’ouverture de crédit – Pourvoi no 04.44.103 W – Rejet (C. app. Douai, 31 mars 2004)
consentie le 9 juin 1993, à défaut d’avoir été régulièrement renou- – gr. no 2504P+B. 052423

A0611
velée, s’était tacitement poursuivie avec un montant identique qui
avait été dépassé le 31 mai 1996, a exactement décidé, dès lors ETRANGERS
qu’il n’était pas prévu que ce dépassement avait été ultérieure-
ment restauré, que ce dépassement devait être considéré comme Reconduite à la frontière.- Procédure.- Garde à vue.- Notifi-
une échéance impayée et que l’action, introduite par actes des 14 cation des droits.
et 16 avril 1999, était irrecevable.
Il résulte de l’art. 63 C. pr. pén. que lorsqu’elle est mise sous la
re
contrainte à la disposition de l’officier de police judiciaire pour les
C. cass. 1 civ. 18 janvier 2005 : Caisse régionale de Crédit agri- nécessités de l’enquête, la personne à l’encontre de laquelle il existe
cole (CRCAM) des Savoie c. Epoux Labbe et autres – Pourvoi des indices faisant présumer qu’elle a commis ou tenté de com-
no 02.13.733 U – Rejet (C. app. Chambéry, 5 février 2002) – gr. mettre une infraction doit être placée en garde à vue et recevoir
no 107P+B. 052433
notification de ses droits.
L’ordonnance retient que l’étranger, qui se maintenait sur le ter-
DIVORCE ritoire national sans titre de séjour, ne s’est pas présenté sponta-
nément au commissariat de police, que pas davantage il n’a répondu
Effets.- Point de départ.- Assignation en divorce.- Ordon- volontairement à une convocation de l’autorité administrative, que
nance de non-conciliation.- Attribution de la jouissance du l’intéressé a obéi aux injonctions de l’autorité publique et s’est sou-
domicile conjugal.- Indemnité d’occupation.
mis au contrôle d’identité et à une audition portant sur des faits
de nature pénale. De ces constatations et énonciations d’où il résulte
Le mari ne peut faire grief à l’arrêt confirmatif attaqué, statuant que l’intéressé s’est rendu au commissariat de police et a été main-
sur les difficultés nées de la liquidation, après son divorce, de la tenu à la disposition de l’officier de police judiciaire sous la
communauté conjugale, d’avoir décidé qu’il était redevable d’une contrainte, le premier président a exactement déduit que l’étranger
indemnité d’occupation antérieurement à la date à laquelle le divorce devait être placé en garde à vue et se voir notifier les droits atta-
était devenu définitif. chés à cette mesure.
Il résulte, en effet, des dispositions combinées des art. 262-1 et C. cass. 2e civ. 9 décembre 2004 : Préfet des Deux-Sèvres c. Cha-
815-9 C. civ. qu’à compter de la date de l’assignation en divorce, bane Hattat – Pourvoi no 03.50.116 M – Rejet (C. app. Poitiers,
à laquelle le jugement de divorce prend effet dans les rapports patri- 27 novembre 2003) – gr. no 1987P+B. 052114
moniaux entre époux, en l’absence de dispositions contraires, une
indemnité est due par le conjoint qui jouit privativement d’un bien
EXPROPRIATION
indivis. La Cour d’appel a souverainement estimé que les termes
de l’ordonnance de non-conciliation ne permettaient pas de retenir Ordonnance d’expropriation.- Mentions obligatoires.- Iden-
que la jouissance du domicile conjugal avait été attribuée au mari tité des expropriés.
à titre gratuit.
L’ordonnance prononçant l’expropriation désigne chaque immeu-
C. cass. 1re civ. 19 avril 2005 : L. c. Mme P. – Pourvoi ble ou fraction d’immeuble exproprié et précise l’identité des expro-
no 02.10.985 H – Rejet (C. app. Toulouse, 30 octobre 2001) – gr. priés, conformément aux dispositions de l’art. R. 11-28 C. expropr..
no 727P+B. 052295 Viole l’art. R.12-4, 1er alinéa C. expr. le juge de l’expropriation
qui prononce le transfert de propriété de parcelles ayant appartenu
DIVORCE à une personne, décédée en 1963, au profit d’une commune, sans
constater que l’autorité expropriante avait justifié des diligences
Requête conjointe.- Convention définitive.- Prestation accomplies afin de rechercher les héritiers du propriétaire.
compensatoire.- Demande de réduction.- Application de la loi
du 30 juin 2000. C. cass. 3e civ. 2 février 2005 : Grosset et autres c. Commune de
Passy – Pourvoi no 04.70.018 Q – Cassation (Trib. gr. inst. Annecy,
16 décembre 2003) – gr. no 157P+B. 052320
Il ne peut être reproché à l’arrêt attaqué d’avoir fait droit à une
demande en réduction du montant d’une prestation compensa-
toire fixé par convention définitive, dès lors qu’il résulte de l’art. 24 EXPROPRIATION
de la loi du 3 décembre 2001 que les dispositions des art. 20 et 21
de la loi du 30 juin 2000 prévoyant la révision des prestations com- Procédure.- Mémoires.- Principe du contradictoire.
pensatoires sous forme de rente attribuées avant l’entrée en vigueur Doit être cassé l’arrêt fixant l’indemnité d’expropriation qui, pour
de cette dernière loi, sont applicables à toutes les prestations com- écarter le mémoire en réponse de l’expropriant déposé au
pensatoires, qu’elles aient été fixées par le juge ou par convention secrétariat-greffe le 3 décembre 2002 et notifié au conseil des expro-
entre époux, que ces derniers aient ou non fait usage de la faculté priés le 5 décembre 2002, retient que ce mémoire est tardif et ne
prévue par le dernier alinéa de l’art. 279 C. civ.. C’est donc à bon permet pas aux expropriés d’y répondre utilement pour l’audience
droit que la Cour d’appel a fait application des dispositions des du 6 décembre 2002, eu égard au respect du principe de la contra-
art. 276-3 et 279 nouv. C. civ.. diction. En statuant ainsi, sans préciser les circonstances particuliè-
res qui avaient empêché de respecter le principe de la contradic-
C. cass. 1re civ. 11 janvier 2005 : Mme R. c. M. – Pourvoi tion, la Cour d’appel n’a pas donné de base légale à sa décision
no 02.14.490 S – Rejet (C. app. Paris, 7 février 2002) – gr. au regard de l’art. R. 13-49 C. expropr. et de l’art. 15 nouv. C. pr.
no 52P+B. 052441 civ..

22 GAZETTE DU PALAIS DIMANCHE 12 AU MARDI 14 JUIN 2005


C. cass. 3e civ. 26 janvier 2005 : Commune de Morsang-sur- grande instance qui déclare irrecevable le recours formé par les
Orge c. Consorts Nief – Pourvoi no 03.70.064 U – Cassation (C. membres de la famille d’un majeur protégé à l’encontre de l’ordon-
app. Paris, 27 février 2003) – gr. no 100P+B. 052122 nance qui a déclaré vacante la tutelle de celui-ci et l’a confiée à
l’Etat au motif que cette décision ne modifiait pas les droits et char-
FONDS DE GARANTIE ges des requérants, alors que le juge des tutelles n’a pas recherché
si une tutelle familiale pouvait être organisée.
Victimes d’infractions.- Indemnisation.- Faculté de demander
un complément d’indemnité.- Cas. C. cass. 1re civ. 8 mars 2005 : X. et autres c. Y. – Pourvoi
no 01.17.738 B – Cassation (Trib. gr. inst. Versailles, 25 octobre
Aux termes de l’art. 706-8 C. pr. pén., lorsqu’une juridiction a alloué
2001) – gr. no 473P+B. 052430
des dommages-intérêts d’un montant supérieur à l’indemnité accor-
dée par la commission des victimes d’infractions, la victime peut
demander un complément d’indemnité. Cette disposition concerne JUGEMENTS PAR DEFAUT
les réparations allouées tant par la juridiction répressive que par la
juridiction civile. Signification.- Décision de sursis à statuer.- Application de
l’art. 478 nouv. C. pr. civ. (non).
Par suite, en condamnant le Fonds de garantie des victimes
d’infractions à verser une indemnité complémentaire à la victime
L’art. 478 nouv. C. pr. civ. ne s’applique pas aux jugements qui ne
blessée par l’hélice de la yole de pêche conduite par un mineur
dessaisissent pas le juge.
dépourvu de permis de bateau alors qu’elle nageait à vingt mètres
d’une plage, la Cour d’appel a fait l’exacte application du texte pré- Et ayant exactement énoncé que la décision de sursis à statuer
cité. avait seulement suspendu le cours de l’instance, sans dessaisir la
Cour d’appel, c’est à bon droit que l’arrêt retient que l’absence de
C. cass. 2e civ. 9 décembre 2004 : Fonds de garantie des victi-
signification de cette décision, rendue par défaut, était dépourvue
mes d’actes de terrorisme et d’autres infractions c. Ternise –
d’incidence sur la régularité de la procédure et que la Cour d’appel
Pourvoi no 03.17.152 F – Rejet (C. app. Fort-de-France, 28 mars
pouvait statuer, à l’expiration du sursis, sans qu’il fût besoin de réi-
2003) – gr. no 1964P+B. 052116
térer la citation primitive.

FONDS DE GARANTIE C. cass. 2e civ. 6 janvier 2005 : Epoux Schiettecatte c. Société


Union de banque à Paris – Pourvoi no 02.19.506 U – Rejet (C.
Victimes d’infractions.- Indemnisation.- Incapacité temporaire app. Paris, 20 juin 2002) – gr. no 35P+B. 052426
totale égale ou inférieure à trois mois.- Loi nouvelle plus
douce.- Irrecevabilté de la requête.
LOTISSEMENTS
Selon l’art. 112-1 C. pén. les dispositions d’une loi nouvelle s’appli-
quent aux infractions commises avant leur entrée en vigueur et Règlement du lotissement.- Contenu.- Dispositions concer-
n’ayant pas donné lieu à une condamnation pénale passée en force nant le stationnement dans les parties communes.- Caducité.
jugée lorsqu’elles sont moins sévères que les dispositions ancien-
nes. Lorsqu’un plan d’occupation des sols ou un document d’urbanisme
L’article R. 625-2 C. pén., dans sa rédaction antérieure à la loi en tenant lieu a été approuvé, les règles d’urbanisme contenues
du 10 juillet 2000, punissait de l’amende prévue pour les contra- dans les documents approuvés d’un lotissement cessent de s’appli-
ventions de 5e classe le fait de causer à autrui par maladresse, impru- quer au terme de dix années à compter de la délivrance de l’auto-
dence, inattention, négligence ou manquement à une obligation de risation de lotir.
sécurité ou de prudence imposée par la loi ou les règlements des Les propriétaires d’un lot dans un lotissement constitué en 1967
blessures occasionnant une incapacité de travail d’une durée infé- reprochant à un coloti d’avoir ouvert un accès à son lot sur la voi-
rieure ou égale à trois mois. rie, partie commune du lotissement, entraînant la suppression de
Une personne qui surveillait des enfants à la demande de leur plusieurs emplacements de stationnement réservés par le règle-
mère ayant été blessée et ayant subi une incapacité temporaire totale ment du lotissement, l’ont assigné en fermeture de cet accès et en
de travail inférieure à trois mois, en saisissant à pleine mains pour paiement de dommages-intérêts.
la porter à l’extérieur une friteuse qui venait de s’embraser, doit
être cassé l’arrêt qui, pour déclarer recevable sa requête en répa- Doit être cassé l’arrêt qui, pour accueillir ces demandes, retient
ration, devant la Commission d’indemnisation des victimes d’infrac- que l’affectation des parties communes ne constitue pas une règle
tions (CIVI) du préjudice subi, antérieurement à l’entrée en vigueur d’urbanisme et ne peut être modifiée que par une décision de l’asso-
du texte susvisé, retient que le caractère matériel de l’infraction doit ciation syndicale libre des colotis et non unilatéralement par l’un
s’apprécier au jour de la commission du fait dommageable, peu d’eux. En statuant ainsi, tout en relevant que cette disposition rela-
important qu’une loi postérieure soit venue modifier l’incrimina- tive au stationnement était contenue dans le règlement du lotisse-
tion, que le principe selon lequel la loi pénale nouvelle doit, ment et que celui-ci avait cessé de s’appliquer, la Cour d’appel a
lorsqu’elle abroge une incrimination, s’appliquer aux infractions com- violé l’art. L. 315-2-1, alinéa 1er C. urban., dans sa rédaction appli-
mises avant son entrée en vigueur et n’ayant pas donné lieu à une cable à la cause.
condamnation pénale passée en force de chose jugée, ne s’étend
pas aux décision de la CIVI qui ont pour seul objet la réparation C. cass. 3e civ. 26 janvier 2005 : Société MANA et autres c.
d’un préjudice pécuniaire et sont sans rapport avec le prononcé des Consorts Manduca et autres – Pourvoi no 03.15.584 B – Cassa-
sanctions soumises au principe de nécessité des peines tel qu’il tion (C. app. Nîmes, 1er avril 2003) – gr. no 85P+B. 052123

résulte de l’art. 8 de la Déclaration des droits de l’homme et du


citoyen, que la mère en s’absentant de son domicile en laissant une MEDECINE
friteuse sur un feu allumé, alors que des jeunes enfants étaient pré-
sents, a commis cette infraction. En statuant ainsi, la Cour d’appel Cliniques.- Responsabilité.- Fourniture de produits sanguins.-
a violé l’art. 112-1 C. pén. précité, 121-3 du même Code dans sa Obligation de sécurité de résultat.
rédaction issue de la loi du 10 juillet 2000 et l’art. 706-3 C. pr. pén..
Il appartient aux établissements de soins, tenus d’une obligation de
C. cass. 2e civ. 13 janvier 2005 : Fonds de garantie des victimes sécurité de résultat, de prendre toutes dispositions utiles pour s’assu-
des actes de terrorisme et d’autres infractions c. Melle Gerni- rer de l’innocuité des produits sanguins fournis et transfusés.
gon – Pourvoi no 03.17.594 M – Cassation (C. app. Rennes,
18 juin 2003) – gr. no 64P+B. 052431 L’arrêt qui retient que la contamination par le virus de l’hépatite
C devait être imputée à la transfusion sanguine pratiquée par la
clinique, en déduit exactement que la responsabilité de la clinique
INCAPABLES MAJEURS
était engagée envers la victime.
Tutelle.- Tutelle d’Etat.- Conditions.- Obligation de rechercher
C. cass. 2e civ. 21 avril 2005 : Société Axa France IARD c. l’Eta-
si une tutelle familiale peut être organisée.
blissement français du sang (EFS) et autres – Pourvoi
Viole les art. 1214, 1215 et 1243 nouv. C. pr. civ., ensemble l’art. 6.1 no 03.20.683 U – Rejet (C. app. Rennes, 15 octobre 2003) – gr.
de la Convention européenne des droits de l’homme le Tribunal de no 638P+B. 052299

DIMANCHE 12 AU MARDI 14 JUIN 2005 GAZETTE DU PALAIS 23


MEDECINE ORDRE ENTRE CREANCIERS

Responsabilité des médecins.- Anesthésistes.- Obligation de Procédure.- Défaut de production dans le délai légal.-
moyen.- Obligation de sécurité (non).- Obligation de prouver Déchéance.- Portée.
une faute.
L’arrêt énonce exactement que la déchéance encourue par le créan-
La responsabilité du médecin est subordonnée à la preuve d’une cier non produisant dans le délai légal porte sur le droit de pro-
JURISPRUDENCE
Panorama

faute commise dans l’accomplissement de l’acte médical. Un patient duire à l’ordre, au rang de son inscription, et non sur la créance
ayant lors de son intubation au cours d’une anesthésie subi des elle-même ni sur la sûreté qui la garantit, et que le créancier déchu
lésions dentaires et recherché la responsabilité du médecin anes- demeure créancier privilégié et doit être colloqué sur le reliquat des
thésiste, doit être cassé l’arrêt qui, pour décider que ce dernier était sommes en distribution par préférence aux créanciers chirographai-
responsable de l’accident d’intubation survenu au patient énonce res.
qu’à défaut de retenir la mauvaise exécution de l’intubation, il conve-
nait de considérer que le praticien avait failli à l’obligation de sécu- C. cass. 2e civ. 16 décembre 2004 : Menche de Loisne c. Société
rité à laquelle il était tenu envers le patient accessoirement à son Transalp limited et autres – Pourvoi no 02.21.417 W – Rejet (C.
obligation de moyens, ce qui devait le contraindre à réparer le dom- app. Versailles, 10 octobre 2002) – gr. no 2018P+B. 052117

mage subi. En retenant la responsabilité du médecin sur le fonde-


A0611 ment d’une obligation de sécurité de résultat, fût elle qualifiée PRESCRIPTION CIVILE
d’accessoire à une obligation de moyens, la Cour d’appel a violé
l’art. 1147 C. civ.. Prescription extinctive.- Interruption.- Citation en justice
devant un juge incompétent.- Bonne foi (non).- Effet inter-
C. cass. 1re civ. 4 janvier 2005 : Société Le Sou médical et autre ruptif (non).
c. X. et autres – Pourvoi no 03.13.579 X – Cassation (C. app. Fort-
de-France, 29 juillet 2002) – gr. no 17P+B. 052440
La citation en justice donnée devant un juge incompétent n’inter-
rompt la prescription que lorsqu’elle a été délivrée dans des condi-
tions exclusives de toute mauvaise foi du demandeur.
MEDECINE
Ayant relevé que la société appelante qui a vu son action décla-
Responsabilité des médecins.- Gynécoloques.- Accouchement rée irrecevable comme prescrite, avait saisi le Tribunal qu’elle savait
d’un enfant trisomique.- Information sur la nécessité d’une incompétent dans le seul but d’interrompre la prescription en pro-
amniocentèse.- Preuve que le praticien a satisfait à son obli- fitant d’une facilité procédurale offerte par le droit applicable en
gation. Alsace et Moselle, la Cour d’appel en a souverainement déduit
qu’elle avait commis un détournement de procédure et une fraude
Il ne peut être reproché à l’arrêt attaqué d’avoir débouté une par- à la loi et qu’elle n’était pas de bonne foi.
turiente, ayant accouché d’un enfant trisomique, de son action en
responsabilité contre son gynécologue pour défaut d’information C. cass. 2e civ. 16 décembre 2004 : Société Moyse c. Société
quant à la nécessité d’une amniocentèse, dès lors que, s’agissant Transports Gros et autres – Pourvoi no 02.20.364 B – Irrecevabi-
d’un fait juridique, le médecin prouve par tous moyens la déli- lité (C. app. Besançon, 28 mai 2002) – gr. no 2003P+B. 052281
vrance de l’information permettant au patient d’émettre un consen-
tement ou un refus éclairé quant aux investigations ou soins aux- PRESTATIONS FAMILIALES
quels il est possible de recourir. La Cour d’appel a relevé qu’il résul-
tait des attestations produites par la parturiente, de ses propres Allocation de rentrée scolaire.- Conditions d’attribution.- Ins-
déclarations au cours de l’expertise, et du dossier médical tenu par cription dans un établissement d’enseignement.
le gynécologue que l’intéressée avait été particulièrement sensibili-
Il résulte des dispositions des art. L.543-1, R.543-1 et R.543-3 C.
sée à l’éventualité de l’examen dont s’agit, et que le refus de la
sécur. soc., que l’allocation de rentrée scolaire est attribuée pour
patiente figurait dans la lettre que le médecin avait alors adressée
chaque enfant aux ménages ou personnes qui en ont la charge au
pour ce motif à une consoeur en vue d’une échographie de subs-
jour de la rentrée scolaire dans l’établissement qu’il fréquente, à
titution, document restitué par sa destinataire pour les besoins de
savoir tout organisme qui a pour objet de dispenser un enseigne-
l’expertise et dans des conditions exclusives de toute collusion. C’est
ment permettant à l’enfant de satisfaire à l’obligation scolaire. Lors-
donc sans violer les art. 1134, 1135 et 1147 C. civ., sans dénaturer
que les enfants font l’objet d’une déclaration d’instruction au sein
le rapport de l’expert ni admettre que, par la lettre évoquée, le gyné-
de la famille et ne sont pas inscrits dans un établissement d’ensei-
cologue se serait constitué un titre à lui-même, prohibition limitée
gnement, la mère ne peut bénéficier de l’allocation dont le verse-
à la preuve des actes juridiques, que la juridiction du second degré
ment est subordonné à leur inscription dans un tel établissement.
a estimé que cette ensemble de présomptions démontrait que le
praticien avait satisfait à son obligation. C. cass. 2e civ. 14 décembre 2004 : Mme Boucher c. Caisse
d’allocations familiales (CAF) de l’Oise – Pourvoi no 03.30.301 Y
C. cass. 1re civ. 4 janvier 2005 : Consorts B. c. Mme G. – Pour-
– Rejet (Trib. aff. sécur. soc. Beauvais, 27 juin 2002) – gr.
voi no 02.11.339 S – Rejet (C. app. Paris, 25 octobre 2001) – gr.
no 1892P. 052312
no 6P+B. 052439

PREUVE
ORDRE ENTRE CREANCIERS
Constat d’huissier.- Constat établi non contradictoirement.-
Ordre judiciaire.- Redressement judiciaire.- Cession partielle Constat soumis à la libre discussion des parties.- Force pro-
d’actifs.- Contestation de l’état de collocation.- Appel.- Com- bante.
munication de la cause au ministère public.- Ordre public.
Un constat d’huissier, même non contradictoirement dressé, vaut à
Viole les art. 425 nouv. C. pr. civ. et 764 C. pr. civ., ensemble
titre de preuve dés lors qu’il est soumis à la libre discussion des
l’art. 148 du décret du 27 décembre l’arrêt qui déclare irrecevable
parties.
la contestation formée par une société contre l’état de collocation
dressé par le commissaire à l’exécution du plan de continuation de Doit être cassé le jugement qui, pour condamner des époux à
cette société, à la suite de la cession partielle d’actifs, alors que les payer à une société des travaux de peinture dont ils contestaient la
contestations à l’état de collocation, dressé en matière de distribu- réalisation, retient que leur prise de possession des lieux valant récep-
tion par voie d’ordre du prix de vente d’un immeuble, doivent, tion ne s’est accompagnée d’aucune réserve clairement explicitée,
lorsqu’elles sont soumises à la Cour d’appel, être jugées sur les qu’ils se bornent à fournir un constat d’huissier établi non contra-
conclusions du ministère public, cette communication étant d’ordre dictoirement et par suite sans valeur dans la procédure et qu’ils
public, et qu’il ne résulte ni de l’arrêt ni du dossier de la procédure entendent, par mauvaise foi, s’affranchir de leurs obligations contrac-
que la cause ait été communiquée au ministère public. tuelles sans fournir de documents établissant de façon irréfutable
la perfectibilité de l’achèvement des travaux. En refusant d’exami-
C. cass. com. 30 mars 2005 : Société Les Foies gras de l’Etang ner le constat produit, alors que ni sa communication régulière ni
de l’Or c. Marion ès-qualités et autres – Pourvoi no 03.19.029 W sa soumission à la discussion contradictoire n’était contestées, le
– Cassation (C. app. Montpellier, 30 juillet 2003) – gr. no 548PBIR. Tribunal a voilé les art. 9, 15 et 132 nouv. C. pr. civ., ensemble
052434 l’art. 1353 C. civ..

24 GAZETTE DU PALAIS DIMANCHE 12 AU MARDI 14 JUIN 2005


C. cass. 1re civ. 12 avril 2005 : Epoux Libson c. Société Marco PROCEDURES CIVILES D’EXECUTION
Michel – Pourvoi no 02.15.507 X – Cassation (Trib. inst. Pau,
7 mars 2002) – gr. no 687P+B. 052327 Saisie-vente.- Contestation de la saisissabilité.- Délai de
contestation.- Information par l’acte de saisie des modalités
et du délai de recours.
PROCEDURE CIVILE
Prive sa décision de base légale au regard des dispositions de
Actes d’huissier.- Assignation.- Signification à une adresse l’art. 130 du décret du 31 juillet 1992 la Cour d’appel qui, pour
erronée.- Nullité de l’assignation. déclarer irrecevable la contestation de la saisissabilité d’un véhicule
formée par le saisi, retient que le délai d’un mois pour contester la
La notification d’un acte en un lieu autre que l’un de ceux qui sont saisissabilité court à compter de la signification de l’acte de saisie,
prévus par la loi ne vaut pas notification. qu’il s’agit d’un délai préfix et que l’intéressé a introduit son action
plus d’un mois après la signification de la saisie, alors que l’irrece-
Par suite, en retenant pour rejeter la demande de nullité de l’assi- vabilité n’est opposable au saisi qu’à la condition qu’il ait été informé
gnation, que l’erreur commise par l’huissier de justice n’a pas porté par l’acte de saisie des modalités et du délai de recours.
préjudice à la partie destinataire puisqu’elle n’habitait plus à l’adresse
indiquée, alors que l’huissier de justice avait procédé à la significa- C. cass. 2e civ. 16 décembre 2004 : Camps c. Société Cetelem –
tion selon les modalités de l’art. 659 à une adresse autre que la Pourvoi no 03.12.430 Y – Cassation (C. app. Bordeaux, 20 juin
dernière adresse connue, la Cour d’appel a violé les art. 653 et 659 2002) – gr. no 2019P+B. 052135

nouv. C. pr. civ..


PROCEDURES CIVILES D’EXECUTION
C. cass. 2e civ. 16 décembre 2004 : Warlet c. Souchon ès-qualités
– Pourvoi no 03.11.510 Y – Cassation (C. app. Paris, 29 juin 2001) Saisie des rémunérations.- Jugement.- Indications exigées.-
– gr. no 2022P+B. 052280 Constatation de l’accomplissement de la tentative de conci-
liation (non).- Identité de l’employeur (non).- Proportion des
sommes saisissables (non).
PROCEDURES CIVILES D’EXECUTION
Aucun texte n’exige que le jugement autorisant la saisie des rému-
Astreintes.- Liquidation.- Compétence. nérations constate que la tentative de conciliation préalable, impo-
sée par les dispositions de l’art. R. 145-9 C. trav., ait eu lieu.
L’astreinte est liquidée par le juge de l’exécution sauf si le juge qui Aucun texte n’exige que l’identité de l’employeur soit indiquée
l’a ordonnée reste saisi de l’affaire ou s’en est expressément réservé dans le jugement qui autorise la saisie des rémunérations.
le pouvoir. Les proportions dans lesquelles les rémunérations sont saisissa-
bles étant fixées par la loi, le juge, lorsqu’il ordonne la saisie des
Viole donc l’art. 35 de la loi du 9 juillet 1991 la Cour d’appel
rémunérations, n’est pas tenu, en l’absence d’une contestation, de
qui, pour rejeter la requête en omission de statuer relative à la liqui-
déterminer ces proportions.
dation de l’astreinte ordonnée par le conseiller de la mise en état,
retient que seul ce magistrat est compétent pour examiner cette C. cass. 2e civ. 16 décembre 2004 : Jaumin c. Clinique vétéri-
demande, alors qu’elle était encore saisie de l’affaire. naire Sellier-Ménager-Pasdeloup – Pourvoi no 03.11.803 S – Rejet
(Trib. inst. Mortagne-au-Perche, 31 juillet 2002) – gr. no 2017P+B.
C. cass. 2e civ. 16 décembre 2004 : Société Frega et autre c. 052137
Société banque Hervet – Pourvoi no 03.11.798 M – Cassation par-
tielle (C. app. Versailles, 5 décembre 2002) – gr. no 1998P+B.
052119 PROCEDURES CIVILES D’EXECUTION

Saisie des rémunérations.- Procédure.- Préliminaire de conci-


PROCEDURES CIVILES D’EXECUTION liation.

Astreintes.- Mesure accessoire.- Contrefaçon de marque.- Liqui- La caution solidaire ne soutenant pas que le préliminaire de conci-
dation de l’astreinte.- Annulation de la marque.- Anéantisse- liation n’avait pas eu lieu devant le premier juge qui avait accueilli
ment de la décision de liquidation de l’astreinte. la demande de saisie de ses rémunérations, la Cour d’appel en annu-
lant le jugement pour défaut de motifs, n’avait pas à procéder à
L’astreinte est une mesure accessoire à la condamnation qu’elle une nouvelle tentative de conciliation.
assortit.
C. cass. 2e civ. 16 décembre 2004 : Mme Redoutey c. Société
La Cour d’appel ayant, par arrêt devenu irrévocable, annulé une Dijon Finance – Pourvoi no 03.11.978 H – Rejet (C. app. Besan-
marque, cette décision entraîne de plein droit, pour perte de fon- çon, 17 décembre 2002) – gr. no 2015P+B. 052278

dement juridique, l’anéantissement des décisions de liquidation de


l’astreinte qui assortissait un précédent jugement ayant retenu l’exis- REDRESSEMENT JUDICIAIRE
tence d’une contrefaçon de cette marque.
Déclaration des créances.- Cas où le créancier est une per-
C. cass. 2e civ. 6 janvier 2005 : Société Haribo Ricles Zan c. sonne morale.- Déclaration effectuée par un préposé.- Délé-
Société Optos Opus – Pourvoi no 02.15.954 G – Annulation (C. gation de pouvoir.- Faculté de subdélégation.
app. Paris, 22 mars 2002) – gr. no 41P+B. 052425
Dans le cas où le créancier est une personne morale, la déclaration
de créance, si elle n’émane pas des organes habilités par la loi pour
PROCEDURES CIVILES D’EXECUTION la représenter, peut être effectuée par tout préposé titulaire d’une
délégation de pouvoirs lui permettant d’accomplir un tel acte. Une
Expulsions.- Local à usage commercial.- Application de attestation ne peut établir l’existence d’une telle délégation que si
l’art. 197 du décret du 31 juillet 1992 (non). elle émane du représentant légal de la personne morale ou du titu-
laire d’une délégation régulière du pouvoir de déclarer les créances
L’article 197 du décret du 31 juillet 1992 ne s’appliquant qu’en cas comportant une faculté de subdélégation.
d’expulsion d’une personne de son habitation principale, la Cour Il ne peut donc être reproché à l’arrêt attaqué d’avoir déclaré
d’appel qui a relevé que l’expulsion de l’intéressé concernait un local nulle la déclaration de créance effectuée par une banque, après avoir
à usage de salon de coiffure ne comprenant aucun local d’habita- relevé que l’attestation produite par la banque pour établir que
tion accessoire, a retenu à bon droit que ce texte ne pouvait être l’auteur de la déclaration de créance bénéficiait d’une délégation
invoqué par le bénéficiaire du bail commercial. de pouvoir pour y procéder, émanait d’un responsable de son ser-
vice juridique, dont la délégation de pouvoir pour déclarer les créan-
C. cass. 2e civ. 20 janvier 2005 : Sebban c. Société Compagnie ces ne comportait aucune faculté de subdélégation. La Cour d’appel
immobilière de la Région parisienne (CIRP) et autre – Pourvoi en a déduit à bon droit que la banque ne justifiait pas d’une délé-
no 03.13.138 T – Rejet (C. app. Versailles, 7 septembre 2000) – gr. gation de pouvoir au profit du signataire pour procéder à la décla-
no 136P+B. 052427 ration de créance.

DIMANCHE 12 AU MARDI 14 JUIN 2005 GAZETTE DU PALAIS 25


C. cass. com. 10 mai 2005 : Société Crédit Lyonnais c. Larcher – débitrice et la société n’avaient fait l’objet d’aucune publicité, la
Pourvoi no 04.12.214 J – Rejet (C. app. Versailles, 18 décembre société ne pouvait pas bénéficier des dispositions de l’art. L. 621-
2003) – gr. no 692P+B. 052436 116 C. com. et était tenue d’agir par la voie d’une action en reven-
dication, peu important la connaissance par le liquidateur de son
REDRESSEMENT JUDICIAIRE droit de propriété.
Mais doit être cassé l’arrêt qui, pour rejeter la demande en reven-
JURISPRUDENCE
Panorama

Déclaration des créances.- Compensation.- Créance de loyers dication de la société, retient qu’elle est forclose à agir, plus de trois
du bailleur.- Créance de restitution du débiteur au titre du mois s’étant écoulés depuis la publication au BODACC du juge-
dépôt de garantie et du fonds de roulement. ment de liquidation judiciaire et qu’au demeurant, elle ne justifie
ni d’une poursuite d’activité de la débitrice postérieurement à la
Une société, locataire d’un immeuble appartenant à une SCI, en
liquidation, ni avoir perçu ou réclamé des loyers après cette date,
vertu d’un bail commercial, a versé entre les mains de la bailleresse
ces circonstances attestant suffisamment que le contrat de location
un dépôt de garantie et un fonds de roulement. Les parties ont
s’était trouvé résilié de plein droit du seul fait de la liquidation. En
convenu de la résiliation du bail et de l’apurement de la dette du
statuant ainsi, alors que le prononcé de la liquidation judiciaire
locataire moyennant le versement de 15 mensualités. La société loca-
n’ayant pas pour effet d’entraîner la résiliation des contrats en cours,
taire ayant été mise en liquidation judiciaire, la SCI a déclaré sa
le délai de revendication n’a pas couru, la Cour d’appel a violé les
créance de loyers et charges, puis le liquidateur a assigné la SCI en
art. 37, 115, alinéa 2 et 153, alinéa 2 de la loi du 25 janvier 1985
A0611 paiement de la somme représentant le montant du dépôt de garan-
devenus les art. L. 621-28, L. 621-115, alinéa 2 et L. 622-12, ali-
tie et du fonds de roulement.
néa 2 C. com..
Le liquidateur ne peut reprocher à l’arrêt attaqué d’avoir rejeté
sa demande, dès lors qu’après avoir constaté que la SCI bailleresse C. cass. com. 15 février 2005 : Société Saimlease c. Serrano
a déclaré à la procédure collective du preneur les arriérés de loyers ès-qualités – Pourvoi no 03.17.604 X – Cassation (C. app. Greno-
qui constituent sa créance sur la société locataire, la Cour d’appel ble, 5 mars 2003) – gr. no 236P+B. 052130
retient que le dépôt de garantie et le fonds de roulement consti-
tuent des créances de la société locataire sur la SCI bailleresse et
REDRESSEMENT JUDICIAIRE
que la créance de loyer du bailleur et la créance de restitution du
débiteur qui sont connexes se sont compensées à concurrence de Sanctions.- Redressement judiciaire d’un dirigeant.- Dirigeant
la plus faible, peu important que la SCI n’ait pas mentionné dans ayant déjà fait l’objet d’une procédure de liquidation de biens
sa déclaration de créance l’existence du dépôt de garantie et du clôturée pour insuffisance d’actif.- Inexécution d’une condam-
fonds de roulement. nation au paiement des dettes sociales.- Ouverture d’une nou-
velle procédure collective à l’égard du débiteur.
C. cass. com. 18 janvier 2005 : Wiart ès-qualités c. Société Lille
Grand’Place et autre – Pourvoi no 02.12.324 N – Rejet (C. app. Le dirigeant d’une société mise en redressement puis liquidation judi-
Douai, 13 décembre 2001) – gr. no 119P+B. 052134 ciaires a été condamné, en avril 2000, à payer partie des dettes
sociales. En 2001, le Tribunal, constatant qu’il n’avait pas exécuté
cette condamnation, a ouvert à son encontre une procédure de
REDRESSEMENT JUDICIAIRE
redressement judiciaire convertie en liquidation judiciaire. Le diri-
Déclaration des créances.- Créance garantie par une sûreté geant, qui avait été mis personnellement en liquidation des biens
publiée.- Avertissement personnel du créancier.- Demande de en 1985, cette procédure ayant été clôturé pour insuffisance d’actif
relevé de forclusion.- Rejet. en décembre 2000 ne peut reprocher à l’arrêt attaqué, qui a
confirmé le jugement de 2001, d’avoir méconnu le principe d’unité
Une société, titulaire d’une créance garantie par une sûreté publiée
du patrimoine des personnes physiques interdisant l’ouverture de
ne peut reprocher à l’arrêt attaqué d’avoir rejeté sa demande en
deux procédures collectives contre un seul débiteur.
relevé de forclusion, dès lors que la Cour d’appel a retenu, dans
En effet, d’une part, l’existence d’une procédure collective à
l’exercice de son pouvoir souverain, que le créancier avait été averti
l’égard d’une personne ne fait pas obstacle au prononcé, à titre de
personnellement conformément aux dispositions de l’art. L. 621-43
sanction, d’une nouvelle procédure collective à l’égard de la même
C. com..
personne prise en sa qualité de dirigeant d’une personne morale
C. cass. com. 1er février 2005 : Société Enténial c. Berel elle-même soumise à une procédure collective.
ès-qualités – Pourvoi no 03.18.325 F – Rejet (C. app. Rouen, D’autre part, l’arrêt retient que les poursuites en paiement des
19 juin 2003) – gr. no 176P+B. 052132 dettes sociales l’ont été en raison d’une nouvelle activité de diri-
geant de fait exercée par le débiteur, postérieurement à l’ouverture
REDRESSEMENT JUDICIAIRE de sa liquidation des biens et que l’absence d’exécution de ce juge-
ment pouvait servir de support à l’ouverture d’une procédure col-
Liquidation judiciaire.- Clôture pour insuffisance d’actif.- lective personnelle, à titre de sanction, à l’encontre de ce dernier.
Recouvrement par le créancier de son droit de poursuite indi-
C. cass. com. 4 janvier 2005 : Lamole c. Mme Bréion ès-qualités
viduelle en cas de fraude du débiteur.- Obtention d’un titre
exécutoire. – Pourvoi no 03.14.150 T – Rejet (C. app. Orléans, 6 mars 2003)
– gr. no 30P+B. 052131
L’art. 169 de la loi du 25 janvier 1985, dans sa rédaction initiale
applicable en la cause ne distingue pas selon que la fraude a été
REGIMES MATRIMONIAUX
commise avant ou après l’ouverture de la procédure collective.
Viole le texte susvisé la Cour d’appel qui, pour confirmer l’ordon- Communauté entre époux.- Biens communs.- Epargne faite sur
nance ayant rejeté la requête d’un créancier sollicitant la délivrance un contrat d’assurance-vie.- Epargne retraite constituée par
d’un titre exécutoire pour recouvrer sa créance contre son débiteur versements provenant de la communauté.- Contrat en cours
en liquidation judiciaire clôturée pour insuffisance d’actif, retient que à la date de la dissolution de la communauté.
le créancier ne justifie pas que le débiteur aurait commis un quel-
Il ne peut être reproché à l’arrêt attaqué d’avoir jugé qu’entrait dans
conque fait de fraude au cours même de la procédure collective
l’actif de la communauté une somme représentant l’épargne faite
dont il faisait l’objet.
sur un contrat d’assurance-vie, dès lors qu’en relevant que le contrat
C. cass. com. 15 février 2005 : Société Salmon-Lux c. Dubos- souscrit par le mari lui permettait de constituer, par versements pro-
clard – Pourvoi no 03.14.547 Z – Cassation (C. app. Metz, venant de la communauté, une épargne retraite, avec garantie du
19 novembre 2002) – gr. no 237P+B. 052133 maintien des résultats acquis par ce placement, tout en lui laissant
la disposition à sa convenance des sommes épargnées et que ce
REDRESSEMENT JUDICIAIRE contrat était en cours à la date de dissolution de la communauté,
la Cour d’appel a fait une exacte application de l’art. 1401 C. civ.,
Liquidation judiciaire.- Contrats en cours.- Résiliation de plein l’éventuel caractère aléatoire du contrat ou encore l’existence d’une
droit (non).- Contrat de location de matériel.- Revendication.- contre-assurance étant indifférents à la solution apportée au litige.
Forclusion (non).
C. cass. 1re civ. 19 avril 2005 : L. c. Mme P. – Pourvoi
L’arrêt retient à bon droit, pour rejeter la demande de restitution no 02.10.985 H – Rejet (C. app. Toulouse, 30 octobre 2001) – gr.
des matériels loués, que dès lors que les contrats passés entre la no 727P+B. 052296

26 GAZETTE DU PALAIS DIMANCHE 12 AU MARDI 14 JUIN 2005


RESPONSABILITE CIVILE marquer un but, utilise toute sa force physique pour donner au bal-
lon la plus grande vitesse possible, que dans la position difficile où
Choses inanimées.- Qualité de gardien.- Football.- Blessure il se trouvait le gardien de but devait renvoyer le ballon en le frap-
causée à un joueur au cours d’un match par le gardien de pant violemment avant que le joueur adverse ne pût s’en emparer
but.- Pouvoirs d’usage, de direction et de contrôle sur le bal-
ou s’opposer à ce dégagement, que l’arbitre du match, dont la let-
lon (non).
tre est jointe au procès-verbal de gendarmerie, a écrit que l’acci-
L’arrêt retient qu’au cours d’un jeu collectif comme le football, qu’il dent s’est produit sur un « fait de jeu », c’est-à-dire en l’absence
soit amical ou pratiqué dans une compétition officielle, tous les de toute faute à l’encontre des règles ou de l’esprit du jeu, qu’il
joueurs ont l’usage du ballon et nul n’en a individuellement le s’est produit aussi sans maladresse et que seul un hasard malheu-
contrôle et la direction, que l’action qui consiste à taper dans le reux en est à l’origine. De ces constatations et énonciations, décou-
ballon pour le renvoyer à un autre joueur ou dans le but ne fait lant de son appréciation souveraine de la valeur et de la portée
pas du joueur qui détient le ballon un très bref instant le gardien des éléments de preuve soumis au débat, la Cour d’appel qui a
de celui-ci, que le joueur qui a le ballon est contraint en effet de le effectué la recherche prétendument omise, a exactement déduit que
renvoyer immédiatement ou de subir les attaques de ses adversai- le gardien de but n’avait commis aucune faute caractérisée par une
res qui tentent de l’empêcher de le contrôler et de le diriger, en violation des règles du jeu pouvant engager sa responsabilité en
sorte qu’il ne dispose que d’un temps de détention très bref pour raison de son fait personnel.
exercer sur le ballon un pouvoir sans cesse disputé, qu’en l’espèce
le gardien du but a dû sortir de la surface de réparation et ne pou- C. cass. 2e civ. 13 janvier 2005 : Girault c. Niobey et autres –
vait donc se saisir du ballon sans commettre une faute, que sous la Pourvoi no 03.12.884 S – Rejet (C. app. Angers, 15 janvier 2003)
menace du joueur adverse, il a choisi de renvoyer immédiatement – gr. no 57P+B. 052428
le ballon qu’il n’a pu contrôler et qu’il a frappé en « demie volée ».
De ces constatations et énonciations, découlant de son apprécia- SAISIE IMMOBILIERE
tion souveraine de la valeur et de la portée des éléments de preuve
soumis au débat, la Cour d’appel a déduit à bon droit qu’au Incidents.- Appréciation de la validité d’un bail rural sur les
moment de l’accident le gardien de but ne disposait pas sur le bal- lots objets de la vente sur licitation.- Compétence du juge de
lon des pouvoirs d’usage, de direction et de contrôle caractérisant la saisie immobilière.
la garde de la chose instrument du dommage.
Toute contestation née de la procédure de saisie immobilière ou s’y
C. cass. 2e civ. 13 janvier 2005 : Girault c. Niobey et autres –
référant directement et qui est de nature à exercer une influence
Pourvoi no 03.12.884 S – Rejet (C. app. Angers, 15 janvier 2003)
immédiate et directe sur cette procédure et même portant sur le
– gr. no 57P+B. 052429
fond du droit constitue un incident de saisie, soumis comme tel
aux règles de compétence et de procédure des art. 718 et s. C. pr.
RESPONSABILITE CIVILE civ.. Dès lors, la Cour d’appel a retenu, à bon droit, sa compétence
pour apprécier la validité du bail rural dont se prévalait une partie
Contrats.- Garagistes.- Obligation de résultat.- Preuve de la sur les lots objets de la vente sur licitation.
faute à la charge du propriétaire du véhicule.
Un automobiliste qui avait fait procéder à la réparation de la boîte C. cass. 3e civ. 2 février 2005 : Consorts Martin c. Mme Laval –
de vitesse de son véhicule par un garagiste, ayant subi cinq ans Pourvoi no 03.18.347 E – Rejet (C. app. Bordeaux, 30 juin 2003)
plus tard une panne de même nature, ne peut faire grief à l’arrêt – gr. no 133P+B. 052124
attaqué de l’avoir débouté de son action en dommages-intérêts for-
mée contre ledit garagiste, dès lors que la responsabilité de plein SECURITE SOCIALE
droit qui pèse sur le garagiste réparateur ne s’étend qu’aux dom-
mages causés par le manquement à son obligation de résultat. Il Cotisations.- Assiette.- Aides scolaires versées par une asso-
incombait par conséquent au propriétaire du véhicule de démon- ciation sportive aux parents de jeunes joueurs de football can-
trer que le dommage avait trouvé son origine dans la prestation didats à une admission au sein du club.- Sommes versées en
effectuée par le garagiste. En l’espèce la Cour d’appel, après avoir contrepartie ou à l’occasion d’un travail (non).- Exclusion.
relevé que le véhicule avait parcouru sans incident 96 761 kilomè-
tres au cours des cinq années suivant l’intervention de ce garagiste Les aides scolaires versées par une association sportive aux parents
et que l’expertise judiciaire, réalisée alors que le véhicule avait été de jeunes joueurs de football candidats à une admission au sein du
réparé et revendu, s’était limitée à l’examen de pièces de la boîte club sportif dirigé par cette association, étant allouées au profit
de vitesse démontée dix mois plus tôt, en a souverainement déduit d’éventuels joueurs dont l’intégration au club n’est pas décidée, ne
qu’il n’était pas établi que le défaut de fixation de la boîte de vitesse, sont pas versées en contrepartie ou à l’occasion d’un travail exé-
présumé mais non constaté par l’expert, était imputable au gara- cuté pour le compte d’un employeur mais seulement pour favori-
giste. ser des candidatures, de sorte qu’elles n’entrent pas dans l’assiette
des cotisations du régime général de sécurité sociale.
C. cass. 1re civ. 14 décembre 2004 : Thouseau c. Société Vitry
automobile – Pourvoi no 02.10.179 F – Rejet (C. app. Paris,
16 octobre 2001) – gr. no 1861P+B. 052121
C. cass. 2e civ. 14 décembre 2004 : L’association AJA Football c.
URSSAF de l’Yonne et autre – Pourvoi no 03.30.368 W – Rejet (C.
app. Paris, 26 mars 2003) – gr. no 1988P+B. 052318
RESPONSABILITE CIVILE

Faute.- Football.- Blessure causée à un joueur au cours d’un SECURITE SOCIALE


match par le gardien de but.- Violation des règles du jeu
(non).- Absence de faute. Cotisations.- Assiette.- Sommes versées à un joueur de foot-
ball professionnel pour l’exploitation de son image et de sa
Alors qu’il participait à une rencontre amicale de football, un joueur notoriété.- Sommes versées à l’occasion d’un travail.- Réinté-
a été blessé par le choc contre sa tête du ballon frappé du pied gration.
par le gardien de but de l’équipe adverse.
Pour débouter la victime de l’action en réparation de son préju- L’image et la notoriété de champion du monde ayant été acquise
dice, la Cour d’appel relève que l’accident s’est produit alors qu’en par un joueur de football professionnel dans le cadre de l’exécu-
début de match l’équipe où évoluait la victime avait lancé le ballon tion de son contrat de travail, il en résulte que la somme versée à
vers le but adverse, contraignant le gardien à sortir de la surface l’intéressé à titre d’honoraires par une association sportive pour son
de réparation pour dégager le ballon au pied, que, sans que le gar- exploitation a le caractère d’une rémunération versée à l’occasion
dien l’ait voulu, le ballon a pris la direction du visage de la victime d’un travail accompli dans un lien de subordination, et doit être
qui, tentant en vain de se protéger à l’aide de son bras, l’a reçu réintégrée dans l’assiette des cotisations sociales.
sur la tempe et s’est écroulée, que la victime reconnaît que le gar-
dien de but n’a pas voulu le blesser, qu’il est dans l’esprit du jeu C. cass. 2e civ. 14 décembre 2004 : L’association AJA Football c.
qu’un gardien de but, comme tout autre joueur dans les différen- URSSAF de l’Yonne et autre – Pourvoi no 03.30.368 W – Rejet (C.
tes phases de jeu et notamment un attaquant, lorsqu’il tente de app. Paris, 26 mars 2003) – gr. no 1988P+B. 052317

DIMANCHE 12 AU MARDI 14 JUIN 2005 GAZETTE DU PALAIS 27


SECURITE SOCIALE tribuable et au bénéfice fiscal de la société est identique à celle
d’un autre associé retraité disposant du même nombre de parts de
Tribunaux de sécurité sociale.- Composition.- Présomption de même nature que lui. En l’état de ces constatations et énoncia-
régularité.- Participation au délibéré. tions dont il ressort que la méthode de répartition procédait d’une
Lorsque le jugement mentionne que, lors des débats, le Tribunal interprétation par les associés des statuts et qu’elle était appliquée
comprenait trois membres dont les noms sont précisés conformé- de façon identique et non discriminatoire à tous les associés en fonc-
JURISPRUDENCE
Panorama

ment à la loi, le Tribunal des affaires de sécurité sociale qui l’a rendu tion de leur participation au capital de la société, la Cour d’appel a
est présumé, sauf preuve contraire, avoir été régulièrement consti- pu statuer comme elle a fait.
tué et il y a présomption que les membres du Tribunal devant les- C. cass. com. 19 avril 2005 : Lecca c. Société Cabinet Plasse-
quels l’affaire a été débattue, en ont délibéré. raud – Pourvoi no 02.13.599 Y – Rejet (C. app. Paris, 12 février
2002) – gr. no 667PBR. 052113
C. cass. 2e civ. 14 décembre 2004 : Mme Boucher c. Caisse
d’allocations familiales (CAF) de l’Oise – Pourvoi no 03.30.301 Y
– Rejet (Trib. aff. sécur. soc. Beauvais, 27 juin 2002) – gr. SOCIETES CIVILES
no 1892P. 052311
Gérant.- Obligation de rendre compte de sa gestion.-
Sanctions.- Absence de préjudice causé par l’irrégularité.- Nul-
A0611 SEPARATION DE CORPS lité de l’assemblée générale (non).
Convention définitive homologuée.- Modification Le prononcé de la nullité attachée au non respect de l’obligation
conventionnelle.- Homologation.- Nécessité. faite au gérant de rendre compte de sa gestion par écrit est subor-
donné à l’existence d’un préjudice causé par cette irrégularité.
La convention homologuée a la même force exécutoire qu’une déci-
sion de justice. Sauf décision contraire en ce qui concerne les mesu- L’arrêt relève, tout d’abord, que l’assemblée générale ayant
res pouvant faire l’objet d’une demande de modification, elle ne approuvé les comptes de la société pour l’exercice écoulé avait été
peut être modifiée que par une nouvelle convention soumise à précédée de l’envoi aux associés des projets de résolutions qui
homologation. seraient mises au vote et que cet envoi a donné lieu de la part du
demandeur à une lettre adressée aux gérants critiquant de façon
Un jugement ayant prononcé sur requête conjointe des époux la
circonstanciée les diverses résolutions proposées et dans lesquelles
séparation de corps et homologué la convention définitive fixant la
il relève l’absence de rapport de gérance. L’arrêt observe, ensuite,
pension due à l’épouse à la somme mensuelle indexée de 3000
que les documents comptables utiles étaient à la disposition du
francs, le mari a saisi le juge aux affaires familiales d’une demande
demandeur, qu’il pouvait, comme tout associé, les consulter avant
aux fins de voir la pension ramenée à la somme de 800 francs par
la réunion et que, compte tenu des termes mêmes de la lettre sus-
mois en invoquant la mention « bon pour accord » portée par sa
visée, il ne peut se prévaloir d’une quelconque insuffisance d’infor-
femme sur une lettre écrite par lui le 11 mars 1998 et dans laquelle
mation. L’arrêt relève, encore, que l’intéressé n’a pas pris part au
il proposait une telle réduction. Viole l’art. 279, alinéa 2 C. civ. la
vote et que le défaut d’information qu’il allègue est sans lien avec
Cour d’appel qui, pour faire droit à cette demande et fixer à 121,
le contenu des décisions qu’il critique comme lui faisant grief. En
96 euros par mois ladite pension du 1er mars 1998 jusqu’à la date
l’état de ces constatations et observations, dont il résulte, d’un côté,
de l’assignation, retient que l’épouse avait accepté sans aucune res-
que le demandeur avait eu, préalablement à l’assemblée générale,
triction la modification du montant de la pension, qu’elle n’établis-
connaissance de tous les documents utiles à l’exercice d’un contrôle
sait pas qu’elle n’avait pas toute sa lucidité au moment où elle avait
des propositions mises aux votes, ce qui l’a conduit à ne pas les
souscrit à la proposition de son mari et que partant, il y avait lieu
voter, de l’autre, que les griefs invoqués étaient sans lien avec la
de tirer toute conséquence de l’accord intervenu entre les parties,
cause de nullité qu’il invoquait, la Cour d’appel, appréciant souve-
alors que la modification conventionnelle d’une convention homo-
rainement les éléments de preuve qui lui étaient soumis, a pu reje-
loguée fixant la pension alimentaire due à l’épouse au titre du devoir
ter la demande de nullité de l’assemblée générale.
de secours doit être soumise à homologation.
C. cass. com. 19 avril 2005 : Lecca c. Société Cabinet Plasse-
C. cass. 1re civ. 11 janvier 2005 : Mme M. c. B. – Pourvoi
raud – Pourvoi no 02.13.599 Y – Rejet (C. app. Paris, 12 février
no 03.16.719 K – Cassation partielle (C. app. Rennes, 10 juin 2002)
2002) – gr. no 667PBR. 052112
– gr. no 106P+B. 052438

SOCIETES COMMERCIALES
SOCIETES CIVILES
Sociétés anonymes.- Cession d’actions.- Prix de cession.- Eva-
Assemblées générales.- Pouvoirs.- Répartition du bénéfice luation par expert.- Erreur grossière (non).
comptable et du bénéfice fiscal.- Méthode de répartition pro-
cédant d’une interprétation par les associés des statuts.- Appli- Il ne peut être reproché à l’arrêt attaqué qui a rejeté la demande
cation de façon identique et non discriminatoire à tous les d’annulation de l’expertise d’avoir violé le principe de la contradic-
associés en fonction de leur participation au capital de la tion, dès lors qu’en se remettant, en cas de contestation sur le prix
société. de cession de droits sociaux, à l’estimation d’un expert désigné
Il ne peut être reproché à l’arrêt attaqué d’avoir rejeté la demande conformément à l’art. 1843-4 C. civ., les contractants font de la
d’un associé tendant à faire constater les atteintes portées à ses décision de celui-ci leur loi et à défaut d’erreur grossière, il n’appar-
droits d’associé par les délibérations prises lors de deux assemblées tient pas au juge de remettre en cause le caractère définitif de cette
générales et à faire condamner, en conséquence, la société à lui décision. Ayant exactement rappelé que les experts ont toute lati-
rembourser une somme compensant le supplément d’impôts tude pour déterminer la valeur des actions selon les critères qu’ils
encouru par suite d’une répartition inégalitaire de l’assiette de jugent opportuns et constaté qu’en l’espèce l’évaluation était
l’impôt. L’arrêt relève qu’il est constant et démontré, au vu des pro- exempte d’erreur grossière, la Cour d’appel a, par ces seuls motifs,
cès verbaux d’assemblée générale produits, que, pour les exercices légalement justifié sa décision.
1997 et 1998 mis en cause, la répartition du bénéfice comptable
C. cass. com. 19 avril 2005 : Torlai c. Société KPMG et autres –
et celle du bénéfice fiscal entre les associés de Ia société s’est effec- Pourvoi no 03.11.790 C – Rejet (C. app. Aix-en-Provence,
tuée selon les mêmes modalités de calcul que pour les exercices 6 décembre 2002) – gr. no 663PBR. 052111
précédents et depuis 1983 au moins et que chaque fois, elle a
conduit à la constatation d’une différence dans Ia quote-part de
contribution de chaque associé à chacun de ces deux postes comp- SOCIETES COMMERCIALES
tables. L’arrêt retient encore que par le passé, le demandeur, comme
Sociétés de fait.- Société de fait entre concubins.- Liquida-
l’ensemble des associés ont, de façon constante, avalisé par leurs
tion.
votes favorables et sans réserve cette façon de calculer, ce dont il
résulte que le demandeur a expressément approuvé l’interprétation Lors de la liquidation d’une société créée de fait, il n’y a lieu ni à
des statuts dont elle résulte. Enfin, l’arrêt précise qu’il ressort de reprise, ni au remboursement des apports en industrie. Une Cour
l’examen des procès-verbaux des deux assemblées générales concer- d’appel ayant retenu d’une part l’existence d’une société de fait
nées que les règles de répartition critiquées par l’intéressé sont appli- entre les concubins, et relevé d’autre part que le concubin avait
quées à tous les associés et que sa participation au bénéfice dis- par son travail sur l’immeuble appartenant à sa compagne fait un

28 GAZETTE DU PALAIS DIMANCHE 12 AU MARDI 14 JUIN 2005


apport en industrie à hauteur de 84 500 francs, a exactement décidé TESTAMENT
que cet apport, s’il donnait vocation à une partie de la plus-value
sur l’immeuble, ne pouvait être repris, de sorte que le concubin ne Testament olographe.- Preuve de l’existence.- Absence de
détenait pas de créance du chef des travaux effectués. l’original.- Personnes pouvant produire une copie.- Partie à
l’acte ayant perdu l’original ou dépositaire de l’acte.

C. cass. 1re civ. 19 avril 2005 : Consorts P. c. Mme P. – Pourvoi Il résulte de l’art. 1348, alinéa 2 C. civ. que seule la partie à l’acte
no 01.17.226 V – Rejet (C. app. Montpellier, 11 septembre 2001) ayant perdu l’original, ou le dépositaire, est en droit de pallier
– gr. no 763P+B. 052325 l’absence du titre original par une copie qui en soit la reproduction
fidèle et durable ; ayant relevé que le demandeur n’avait jamais été
SUCCESSIONS dépositaire du testament olographe dont il entendait suppléer à la
disparition par la production d’une copie, la Cour d’appel a retenu
Acceptation tacite.- Demande de garantie.- Acte exactement, sans avoir à se prononcer sur le caractère fidèle de la
conservatoire.- Intention d’accepter (non). copie produite ou à examiner les témoignages versés aux débats,
qu’il ne rapportait pas la preuve du legs universel que lui aurait
Il résulte de l’art. 778 C. civ. que l’acceptation tacite d’une succes- consenti le défunt.
sion implique de la part de l’héritier des actes qui supposent néces-
C. cass. 1re civ. 19 avril 2005 : S. c. C. et autres – Pourvoi
sairement son intention d’accepter et, selon l’art. 779 du même no 02.16.447 U – Rejet (C. app. Limoges, 6 mai 2002) – gr.
Code, les actes purement conservatoires, de surveillance ou d’admi- no 728P+B. 052326
nistration provisoire ne sont pas des actes d’addition d’hérédité.

Viole les textes susvisés par fausse application la Cour d’appel TRAITES INTERNATIONAUX
qui, pour condamner les héritiers au paiement d’une dette du
défunt, énonce qu’en étant intervenus volontairement à l’instance, Convention de Bruxelles du 27 septembre 1968.- Compétence.-
non seulement pour défendre à l’action du créancier mais égale- Champ d’application.- Action en recouvrement d’une créance
ment pour agir en garantie à l’encontre d’une société, les héritiers d’une société en liquidation judiciaire.- Action dérivant direc-
tement de la faillite (non).
avaient accepté tacitement la succession, alors qu’à la différence
d’une demande reconventionnelle, une demande de garantie ne pré- Si l’art. 1er, alinéa 2, 2° de la Convention de Bruxelles du 27 sep-
sente par elle-même qu’un caractère conservatoire et n’implique pas tembre 1968 exclut du champ d’application de la Convention les
l’intention d’accepter une succession. faillites, concordats et autres procédures analogues, cette exclusion
ne concerne que les actions qui dérivent directement de la faillite
C. cass. 1re civ. 19 avril 2005 : Consorts X. c. Caisse régionale du et s’insèrent étroitement dans le cadre de la procédure collective.
crédit agricole mutuel (CRCAM) de Paris et de l’Ile-de-France et Doit être cassé l’arrêt qui, pour déclarer les juridictions françaises
autre – Pourvoi no 02.20.542 V – Cassation (C. app. Aix-en- compétentes pour statuer sur l’action dirigée contre les associés
Provence, 13 septembre 2002) – gr. no 759P+B. 052324
minoritaires, de nationalité italienne et domiciliés en Italie, d’une
société française, en liquidation judiciaire, relève que les intéressés
SUCCESSIONS avaient été attraits à l’instance dans le cadre d’une procédure col-
lective engagée sur une société française dont ils étaient associés,
Rapport à successions.- Acquisition d’un bien avec clause à propos d’une somme qu’ils avaient reçue de ladite société et dont
d’accroissement.- Contrat aléatoire.- Libéralité (non).- Rap- le bien fondé avait été ultérieurement contesté par le liquidateur
port. lequel était partie à l’instance et retient que l’issue du litige sur le
rachat d’actions de la société est indivisiblement lié à celle de la
L’acquisition d’un bien avec clause d’accroissement constitue un procédure collective antérieurement ouverte. En statuant ainsi, alors
contrat aléatoire et non une libéralité. que l’action en recouvrement d’une créance de la société en liqui-
dation judiciaire ne dérive pas directement de la faillite et ne s’insère
Viole l’art. 1099-1 C. civ. la Cour d’appel qui, pour juger qu’une
pas étroitement dans le cadre de la procédure collective, la Cour
épouse était tenue de rapporter à la succession de son défunt mari
d’appel a violé l’art. 1er, alinéa 2, 2° et l’art. 2 de la Convention de
la somme de 303 180 francs et des sommes représentant la moitié
Bruxelles du 27 septembre 1968.
de la valeur actuelle de deux appartements, retient, après avoir jugé
valides les clauses d’accroissement stipulées à l’occasion des acqui- C. cass. com. 24 mai 2005 : Epoux D’Auria c. Perrota et autre –
sitions, que ces acquisitions n’avaient pu être financées par l’épouse Pourvoi no 03.14.099 N – Cassation (C. app. Paris, 13 septembre
qu’à l’aide de donations indirectes consenties par son mari. 2002) – gr. no 792PBRI. 052442

C. cass. 1re civ. 14 décembre 2004 : Mme N. et a. c. Consorts S. TRAITES INTERNATIONAUX


– Pourvoi no 02.11.088 U – Cassation partielle (C. app. Aix-en-
Provence, 30 octobre 2001) – gr. no 1851P+B. 052120 Convention de La Haye du 26 mai 1993.- Adoption
internationale.- Prononcé d’une adoption plénière en
SYNDICATS PROFESSIONNELS Roumanie.- Révocation en Roumanie à la demande des
adoptants.- Modification de la qualification de l’adoption
Représentativité des syndicats.- SNCF.- Désignation des repré- (non).- Adoption plénière au sens du droit français.
sentants au Comité d’entreprise. Par jugement du 19 avril 1999, un Tribunal roumain a prononcé
l’adoption plénière d’un enfant. Les adoptants ayant décidé de
Dès lors qu’une organisation confédérale représentative au plan renoncer à cette adoption, l’enfant a été placé par le juge des
national a décidé de ne plus affilier une Fédération, laquelle figu- enfants. Par jugement du 21 novembre 2000, le Tribunal de grande
rait comme organisation représentative dans le statut des relations instance a rejeté l’action des adoptants tendant à l’inopposabilité
collectives entre la SNCF et son personnel, et qu’une autre Fédé- en France du jugement roumain. En appel les époux ont soutenu
ration affiliée à cette confédération, a habilité un syndicat national que l’adoption roumaine ne pouvait produire en France que les effets
membre rassemblant du personnel de la SNCF, à représenter la d’une adoption simple. Parallèlement, l’adoption a été révoquée,
confédération, ce syndicat bénéficiait de la présomption de repré- en Roumanie, par arrêt du 18 mai 2001.
sentativité attachée à son affiliation et le juge d’instance ne pou- Les adoptants ne peuvent reprocher à l’arrêt confirmatif attaqué
vait annuler les désignations qu’il a faites aux motifs que seule la d’avoir confirmé en ce qu’il qualifiait l’adoption d’adoption plé-
fédération exclue était représentative et que juger le contraire équi- nière au sens du droit français le jugement et d’avoir ordonné la
vaudrait à modifier les statuts. transcription de la décision étrangère sur les registres de l’état civil.
L’arrêt relève d’abord que le certificat de conformité des autorités
C. cass. soc. 15 décembre 2004 : Confédération française de roumaines atteste que l’adoption a été prononcée suivant les dis-
l’encadrement (CFE-CGC) et autres c. SNCF et autre – Pourvoi positions de la convention de La Haye du 29 mai 1993, ensuite que
no 04.60.020 X – Cassation (Trib. inst. Paris (14e arrdt.), 15 jan- la Roumanie connaît une adoption plénière qui emporte les mêmes
vier 2004) – gr. no 2509P+B. 052314 conséquences que l’adoption plénière française mais qui peut être

DIMANCHE 12 AU MARDI 14 JUIN 2005 GAZETTE DU PALAIS 29


révoquée dans l’intérêt supérieur de l’enfant et encore qu’en appli- TRANSPORTS TERRESTRES
cation du jugement du Tribunal roumain un nouvel acte de nais-
sance a été dressé qui ne fait mention d’une filiation qu’à l’égard Marchandises.- Paiement du prix.- Action directe contre le
des parents adoptifs. La Cour d’appel en a exactement déduit qu’en destinataire.- Loi du 6 février 1998.- Application aux contrats
conclus antérieurement à son entrée en vigueur (non).
application de l’art. 26.2 de la convention de La Haye l’enfant béné-
ficiait d’une adoption produisant une rupture du lien de filiation La loi du 6 février 1998 n’est pas applicable aux contrats conclus
JURISPRUDENCE
Panorama

préexistant et donc en France d’une adoption plénière, sans que le antérieurement à son entrée en vigueur. L’arrêt qui relève que les
fait que cette adoption puisse être révoquée soit susceptible d’entraî- contrats de transport litigieux ont été conclus en mars et avril 1997
ner une modification de cette qualification. La révocation interve- a donc justement débouté le transporteur de sa demande en paie-
nue en Roumanie à la seule demande des adoptants ne peut pro- ment du prix du transport dirigée contre le destinataire des mar-
duire effet en France compte tenu de la portée internationale de chandises.
l’adoption reconnue dans les conditions de la convention de La Haye.
C. cass. com. 10 mai 2005 : Société coopérative agricole (SCA)
C. cass. 1re civ. 18 mai 2005 : Epoux X. c. Procureur général près Transfrisur et autres c. Société Honoré primeurs – Pourvoi
la Cour d’appel de Rennes et autre – Pourvoi no 02.21.075 Z – no 03.17.618 N – Rejet (C. app. Douai, 28 novembre 2002) – gr.
Rejet (C. app. Rennes, 7 octobre 2002) – gr. no 988PBI. 052422 no 707PBIR. 052300

A0611
TRAITES INTERNATIONAUX TRANSPORTS TERRESTRES

Convention de New-York sur les droits de l’enfant du 26 jan- SNCF.- Responsabilité.- Chute sur un quai.- Intervention du
vier 1990.- Intérêt supérieur de l’enfant.- Considération pri- train dans la chute (non).
mordiale - Demande d’audition formulée pour la première fois
Une personne s’étant blessée en tombant sur le quai d’une gare,
en appel.- Recevabilité.
la Caisse des dépôts et consignations qui avait versé à la victime
une allocation temporaire d’invalidité a assigné la SNCF en rem-
Dans toutes les décisions qui concernent les enfants, l’intérêt supé-
boursement de ses prestations.
rieur de l’enfant doit être une considération primordiale. Lorsque le
L’arrêt retient que le procès-verbal de l’agent de la SNCF n’éta-
mineur capable de discernement demande à être entendu, il peut
blit ni que la victime était à bord du train contrôlé, ni qu’un voya-
présenter sa demande au juge en tout état de la procédure et
geur avait ouvert la porte du train avant son arrêt total, ni que ce
même, pour la première fois, en cause d’appel. Son audition ne
voyageur ou un autre aurait poussé la victime vers l’extérieur, que
peut être écartée que par une décision spécialement motivée.
les seules allégations prêtées à la victime peuvent d’autant moins
Un enfant, dont la résidence a été fixée chez sa mère aux Etats- être retenues que celle-ci n’a jamais comparu au cours des diffé-
Unis, ayant demandé, en cours de délibéré, par lettre transmise à rentes instances qui se sont succédées jusqu’à la saisine de la Cour
la Cour d’appel, à être entendu dans la procédure engagée par son d’appel de renvoi, que la Caisse des dépôts et consignations ne
père pour voir modifier sa résidence, l’arrêt attaqué qui ne s’est peut être admise à se rapporter à elle-même la preuve des faits
pas prononcé sur cette demande, alors que la considération pri- qu’elle avance et qui dès lors demeurent de simple allégations, qu’en
mordiale de l’intérêt supérieur de l’enfant et le droit de celui-ci à conséquence, ni les circonstances matérielles de l’accident survenu
être entendu lui imposaient de prendre en compte la demande de à la victime, ni l’imputabilité de celui-ci au fait du train qui arrivait
l’enfant a violé les art. 3-1 et 12-2 de la convention de New-York en gare au même instant ne sont établies. De ces constatations et
du 26 janvier 1990 relative aux droits de l’enfant, ensemble les énonciations, la Cour d’appel dans l’exercice de son pouvoir sou-
art. 388-1 C. civ. et 338-1, 338-2 nouv. C. pr. civ.. verain d’appréciation et de la valeur de la portée des éléments de
preuve qui lui étaient soumis a pu déduire que l’intervention du
C. cass. 1re civ. 18 mai 2005 : B. c. Mme H. – Pourvoi train dans la chute de la victime n’était pas caractérisée.
no 02.20.613 X – Cassation (C. app. Rennes, 30 septembre 2002)
C. cass. 2e civ. 16 décembre 2004 : Caisse des dépôts et consi-
– gr. no 891PBRI. 052309
gnations c. SNCF et autres – Pourvoi no 03.15.938 M – Rejet (C.
app. Versailles, 23 avril 2003) – gr. no 2037P+B. 052136
TRANSPORTS TERRESTRES
TRAVAIL
Commissionnaires de transport.- Définition.- Distinction avec
le transporteur.
Comités d’entreprise.- Augmentation du nombre des
membres.- Conclusion d’une convention collective ou d’un
La commission de transport est une convention par laquelle le com- accord.- Unanimité nécessaire (non).
missionnaire s’engage envers le commettant à accomplir pour le
compte de celui-ci les actes juridiques nécessaires au déplacement L’art. L.433-1, alinéa 3 C. trav. n’exige pas l’unanimité pour la
d’une marchandise d’un lieu à un autre qui se caractérise non seu- conclusion de la convention collective ou de l’accord augmentant
lement par la latitude laissée au commissionnaire d’organiser libre- le nombre des membres du comité d’entreprise.
ment le transport par les voies et moyens de son choix, sous son
C. cass. soc. 8 décembre 2004 : Fédération nationale des tra-
nom et sous sa responsabilité, mais aussi par le fait que cette vailleurs de la construction CGT et autre c. Direction générale
convention porte sur le transport de bout en bout et que la qualité de Inéo Com Ile-de-France et Nord et autres – Pourvoi
de commissionnaire de transport ne résulte pas, pour celui qui a no 03.60.508 H – Rejet (Trib. inst. Clichy, 4 décembre 2003) – gr.
été chargé de l’acheminement d’une marchandise de bout en bout, no 2372P+B. 052287
du seul fait qu’il s’est substitué un tiers dans l’exécution de l’expé-
dition s’il ne justifie pas du consentement de son donneur d’ordre
TRAVAIL
à l’existence de cette substitution.

L’arrêt relève, d’un côté, que la qualité de commissionnaire de Comités d’entreprise.- Décision administrative découpant
transport de la société ne résulte pas des documents versés aux l’entreprise en établissements distincts.- Recours devant le
ministre du Travail.- Suspension des élections (non).
débats et, d’un autre, que cette société a fait effectuer un trans-
bordement sans le consentement de l’expéditeur. En l’état de ces La décision du directeur départemental du travail prise en applica-
appréciations, la Cour d’appel a légalement justifié sa décision tion de l’art. L.433-2 C. trav. découpant l’entreprise en établisse-
d’écarter la qualité de commissionnaire de transport de la société ments distincts est d’application immédiate et s’impose au juge judi-
en cause. ciaire tant qu’elle n’a pas été annulée, de sorte que le Tribunal d’ins-
tance ne peut suspendre les élections au motif que la décision admi-
C. cass. com. 10 mai 2005 : Société S’Trans France c. Société nistrative fait l’objet d’un recours devant le ministre du travail.
Mory-Etex – Pourvoi no 04.10.235 G – Rejet (C. app. Aix-en-
Provence, 16 septembre 2003) – gr. no 708PBRI. 052301 C. cass. soc. 8 décembre 2004 : Fédération nationale des tra-

30 GAZETTE DU PALAIS DIMANCHE 12 AU MARDI 14 JUIN 2005


vailleurs de la construction CGT et autre c. Direction générale tionnés sur les bulletins de paie de l’intéressé comme lui ayant été
de Inéo Com Ile-de-France et Nord et autres – Pourvoi payés par chèque, qu’il était titulaire d’un mandat pour faire fonc-
no 03.60.508 H – Rejet (Trib. inst. Clichy, 4 décembre 2003) – gr. tionner le compte de son épouse et que celle-ci a été le prête-nom
no 2372P+B. 052288 de son mari qui dirigeait en fait l’entreprise.

TRAVAIL C. cass. soc. 15 décembre 2004 : Capocci c. Sanchez ès-qualités


et autre – Pourvoi no 02.45.866 W – Rejet (C. app. Montpellier,
Comités d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail.- 26 juin 2002) – gr. no 2487P+B. 052304
Désignation d’un expert.- Contestation du CHSCT.- Appel.-
Frais de procédure à la charge de l’employeur.
TRAVAIL
En l’absence d’abus du CHSCT, qui ne peut résulter de l’exercice
d’une voie de recours, l’employeur doit supporter les frais de pro- Contrat de travail.- Modification.- Clause de mobilité entraî-
cédure engagés par le CHSCT devant la Cour d’appel de sorte nant une réduction de la rémunération.
qu’encourt la cassation l’arrêt qui rejette sa demande à cette fin et
le condamne aux dépens en relevant que l’annulation de la déci- La mise en œuvre d’une clause de mobilité ne peut être imposée à
sion tendant à la désignation d’un expert est autorisée par l’art. un salarié lorsqu’elle entraîne une réduction de la rémunération.
L.236-9 C. trav. donnant compétence au président du Tribunal de
grande instance statuant en urgence en la forme des référés et que Il ne peut donc être reproché à l’arrêt attaqué d’avoir dit sans
les dépens, générés non plus par la contestation de l’employeur, cause réelle et sérieuse le licenciement d’un salarié pour refus de
mais par celle du CHSCT, soumise à la Cour d’appel doivent demeu- mutation.
rer à sa charge.
En l’absence d’abus du CHSCT les honoraires de sa défense C. cass. soc. 15 décembre 2004 : Société Histoire d’or c. Mme
devant la Cour de cassation doivent être mis à la charge de Georget – Pourvoi no 02.44.714 U – Rejet (C. app. Bordeaux,
l’employeur sur le fondement de l’art. L.236-9 C. trav.. 21 mai 2002) – gr. no 2474P+B. 052306

C. cass. soc. 8 décembre 2004 : Comité d’hygiène, de séucrité


TRAVAIL
et des conditions de travail de la Caisse d’allocations familiales
des Alpes-Maritimes c. Caisse d’allocations familiales des Alpes-
Contrat de travail.- Modification.- Suppression d’une astreinte.
Maritimes – Pourvoi no 03.15.535 Y – Cassation partielle (C. app.
Aix-en-Provence, 25 mars 2003) – gr. no 2378P. 052285
L’astreinte étant une sujétion liée à la fonction de chef de district
de la SNCF, lequel n’y est pas systématiquement soumis, l’employeur
TRAVAIL peut procéder à sa suppression sans modification du contrat de tra-
vail.
Comités du groupe.- Représentants syndicaux.- Conditions de
désignation.- Protocole d’accord.- Possibilité de déroger à un
accord collectif par un usage (non). C. cass. soc. 15 décembre 2004 : Mme Thevenet c. SNCF – Pour-
voi no 02.43.233 J – Rejet (C. app. Limoges, 15 mars 2002) – gr.
En l’état d’un protocole d’accord sur la constitution et le fonction- no 2473P+B. 052305
nement du comité de groupe permettant aux organisations syndi-
cales de désigner des représentants syndicaux audit comité à la
condition d’y avoir un siège, c’est à tort que le Tribunal d’instance TRAVAIL
décide qu’un syndicat représentatif au plan national n’ayant aucun
Contrat de travail.- Transfert d’entreprises.- Refus du salarié
siège au comité renouvelé peut néanmoins y désigner un représen-
de changer d’employeur.- Droit aux indemnités de rupture
tant syndical en se fondant sur l’existence d’un usage, aucun usage
(non).
ne pouvant déroger à un accord collectif fixant les conditions de la
désignation d’un représentant syndical au comité de groupe.
Le changement d’employeurs résultant de plein droit du transfert
C. cass. soc. 8 décembre 2004 : Société Groupe André c. Wallet d’une entité économique autonome, s’impose tant aux employeurs
et autres – Pourvoi no 03.60.484 F – Cassation (Trib. inst. Paris successifs qu’aux salariés et le licenciement prononcé par le cédant
(19e arrdt.), 7 juin 2001) – gr. no 2384P+B. 052289 est privé d’effet de sorte que le salarié licencié par lui en raison de
son refus de changer d’employeur ne peut prétendre au paiement
TRAVAIL d’indemnités de rupture et de dommages-intérêts.

Contrat de travail.- Changement des conditions de travail.- C. cass. soc. 14 décembre 2004 : Société Alsacienne des hyper-
Refus du salarié.- Faute grave (non).- Cause réelle et sérieuse marchés Auchan c. Bousquet – Pourvoi no 03.41.713 C – Cassa-
de licenciement. tion (C. app. Colmar, 6 janvier 2003) – gr. no 2445P+B. 052293

Lorsque la salariée affectée sur un chantier de nettoyage perdu par


l’employeur refuse une affectation sur un autre chantier en raison TRAVAIL
des nouveaux horaires de travail, la Cour d’appel peut décider qu’eu
égard à ses charges de famille son refus du changement de ses Conventions collectives.- Transports publics urbains de
conditions de travail ne constitue pas une faute grave mais qu’il voyageurs.- Arrêt de travail pour maladie.- Rémunération.-
constitue néanmoins une faute justifiant son licenciement. Détermination.

C. cass. soc. 15 décembre 2004 : Mme Rachmajda c. Société Abi- Il résulte des dispositions combinées de l’art. 38 de la convention
lis Nova Service – Pourvoi no 02.44.924 X – Rejet (C. app. Amiens, collective nationale des réseaux de transports publics urbains de
24 juin 2002) – gr. no 2471P+B. 052307
voyageurs du 11 avril 1986 et de l’art. 24 de la convention collec-
tive locale du 22 novembre 1989 applicable à la société lyonnaise
TRAVAIL de transports en commun, que le salarié en arrêt de travail pour
maladie a droit, dans les cas prévus à ces articles, à la rémunéra-
Contrat de travail.- Contrat entre époux.- Fraude.- Applica- tion qu’il aurait perçue s’il avait continué à travailler. Pour la déter-
tion de l’art. L. 784-1 C. trav. (non). mination de cette rémunération, les indemnités ou prestations sont
Les dispositions de l’art. L.784-1 C. trav. selon lesquelles le conjoint retenues pour leur montant avant précompte des contributions socia-
qui participe effectivement à l’entreprise de son époux à titre pro- les et des impositions de toute nature que la loi met à la charge
fessionnel et habituel et qui perçoit une rémunération horaire mini- du salarié.
male égale au SMIC a la qualité de salarié, ne sont pas applicables
en cas de fraude, laquelle est caractérisée lorsque les versements C. cass. soc. 15 décembre 2004 : Syndicat national des trans-
opérés au profit de l’époux, invoquant sa qualité de salarié à la ports urbains CFDT (SNTU CFDT) c. Société lyonnaise de trans-
suite de la mise en redressement judiciaire de l’entreprise, ne cor- ports en commun (SLTC) – Pourvoi no 03.13.074 Y – Rejet (C.
respondent pas aux montants de la rémunération mensuelle men- app. Lyon, 30 janvier 2003) – gr. no 2482P+B. 052313

DIMANCHE 12 AU MARDI 14 JUIN 2005 GAZETTE DU PALAIS 31


TRAVAIL dicaux, ce qu’elle avait vocation à faire, et que, par la suite, la confé-
dération à procédé dans la même unité économique et sociale à
Pouvoirs de l’employeur.- Contrôles.- Ouverture de fichiers per- deux autres désignations, les désignations antérieures qui n’avaient
sonnels du salarié hors de sa présence.- Conditions.- Néces- pas été contestées étaient devenues définitives et interdisaient à la
sité d’un risque ou événement particulier.
confédération de procéder au remplacement des délégués déjà dési-
Sauf risque ou événement particulier, l’employeur ne peut ouvrir gnés sans qu’au préalable leur mandat aient été révoqués par l’ins-
JURISPRUDENCE
Panorama

les fichiers identifiés par le salarié comme personnels contenus sur tance qui les avait désignés.
le disque dur de l’ordinateur mis à sa disposition qu’en présence
de ce dernier ou celui-ci dûment appelé. C. cass. soc. 8 décembre 2004 : Gouiran c. la Fédération FO de
Doit être cassé l’arrêt qui, pour dire que le licenciement reposait la Métallurgie et autres – Pourvoi no 03.60.445 P – Cassation
sur une faute grave, énonce qu’il apparaît en l’espèce que (Trib. inst. Puteaux, 10 octobre 2003) – gr. no 2382P+B. 052290
l’employeur lorsqu’il a ouvert les fichiers de l’ordinateur du salarié,
ne l’a pas fait dans le cadre d’un contrôle systématique qui aurait TRAVAIL
été effectué en son absence et alors qu’un tel contrôle n’était per-
mis ni par le contrat de travail, ni par le règlement intérieur, mais Travail temporaire.- Fin de la mission.- Conclusion d’un contrat
bien à l’occasion de la découverte de photos érotiques dans un tiroir à durée indéterminée.- Délai raisonnable.- Indemnité de pré-
A0611 de son bureau n’ayant aucun lien avec l’activité de l’intéressé, ce carité (non).
qui constituait des circonstances exceptionnelles l’autorisant à contrô-
ler le contenu du disque dur de l’ordinateur, étant rappelé que Aux termes de l’art. L.124-4-4 C. trav., lorsqu’à l’issue d’une mis-
l’accès à ce disque dur était libre, aucun code personnel n’ayant sion, le salarié sous contrat de travail temporaire ne bénéficie pas
été attribué au salarié pour empêcher toute autre personne que immédiatement d’un contrat de travail à durée déterminée avec l’uti-
son utilisateur d’ouvrir les fichiers. En statuant ainsi, alors que l’ouver- lisateur, il a droit à titre de complément de salaire à une indemnité
ture des fichiers personnels, effectuée hors la présence de l’inté- destinée à compenser la précarité de sa situation. Cette indemnité
ressé, n’était justifiée par aucun risque ou événement particulier, la n’étant pas due lorsqu’un contrat à durée indéterminée a été conclu
Cour d’appel a violé les art. 8 de la convention européenne de sau- immédiatement avec l’entreprise utilisatrice, s’il advient que la prise
vegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales, 9 C. d’effet de ce contrat n’est pas concomitante avec sa signature, cette
civ., 9 nouv. C. pr. civ. et L. 120-2 C. trav.. prise d’effet doit intervenir dans un délai raisonnable. Ne peut donc
bénéficier de l’indemnité de précarité d’emploi le salarié qui, avant
C. cass. soc. 17 mai 2005 : Philippe X. c. Société Cathnet-Science
– Pourvoi no 03.40.017 J – Cassation (C. app. Paris, 6 novembre le terme de sa mission fixé au 22 décembre, a conclu avec l’entre-
2002) – gr. no 1089PBR. 052308
prise utilisatrice un contrat à durée indéterminée le 21 décembre
pour prendre effet le 8 janvier suivant, dès lors qu’il n’a pas été
soutenu que ce délai n’était pas raisonnable.
TRAVAIL
C. cass. soc. 8 décembre 2004 : Mme Viot c. la Société EPI Cha-
Représentants du personnel.- Elections.- Report de la date.-
Scrutin.- Protocole préélectoral.- Vote électronique. lons – Pourvoi no 01.46.877 Z – Rejet (Cons. prud’h. Châlons-en-
Champagne, 10 octobre 2001) – gr. no 2423P+B. 052291
L’employeur et les organisations syndicales peuvent décider, à l’una-
nimité, de reporter la date des élections.
TRAVAIL
Dès lors que les dispositions du protocole préélectoral permet-
tent d’assurer l’identité des électeurs ainsi que la sincérité et le secret Travail temporaire.- Requalification du contrat en contrat à
du vote électronique, comme la publicité du scrutin, conformé- durée indéterminée.- Saisine du Conseil de prud’hommes.-
ment aux principes généraux du droit électoral, le Tribunal peut vali- Inobservation du délai pour statuer.- Nullité du jugement
der les élections intervenues en exécution du protocole instituant (non).
le vote électronique.
L’inobservation du délai prévu par l’art. L.124-7-1 C. trav. prescri-
C. cass. soc. 8 décembre 2004 : Perrier c. Banque Neuflize
vant au juge du fond de statuer dans le mois de sa saisine sur la
Schlumberger Mallet Demachy (NSMD) – Pourvoi no 03.60.509
G – Rejet (Trib. inst. Paris (8e arrdt.), 24 octobre 2002) – gr. requalification d’un contrat de travail temporaire en contrat à durée
no 2376P+B. 052286
indéterminée, n’est pas une fin de non recevoir et n’entraîne pas
la nullité du jugement.

TRAVAIL C. cass. soc. 8 décembre 2004 : Société Lonne c. Melle Marhein


– Pourvoi no 02.40.513 C – Rejet (C. app. Pau, 20 décembre 2001)
Syndicats professionnels.- Délégués.- Désignation.- Etablisse-
– gr. no 2424P. 052292
ments distincts.- Caractères.
L’établissement distinct permettant la désignation des délégués syn-
USUFRUIT
dicaux se caractérise par le regroupement d’au moins 50 salariés
constituant une communauté de travail ayant des intérêts propres, Droits de l’usufruitier.- Conclusion d’un bail commercial.-
susceptible de générer des revendications communes et spécifiques Atteinte à la substance de la chose (non).
et travaillant sous la direction d’un représentant du chef d’entre-
prise, peu important qu’il ait le pouvoir de se prononcer sur ces Ayant constaté que le bail commercial envisagé obéissait à la néces-
instructions. sité d’adapter les activités agricoles à l’évolution économique et à
C. cass. soc. 15 décembre 2004 : l’Association lyonnaise de ges- la réglementation sur la protection de l’environnement, qu’il ne
tion d’établissements pour personnes déficientes (ALGED) c. dénaturait ni l’usage auquel les parcelles étaient destinées, ni leur
Syndicat CFDT des services de santé et des services sociaux du vocation agricole, qu’il était profitable à l’indivision, mais sans por-
Rhône et autres – Pourvoi no 03.60.461 F – Cassation (Trib. inst. ter atteinte aux droits des nus-propriétaires dans la mesure où le
Lyon, 6 novembre 2003) – gr. no 2510P+B. 052303 preneur s’engageait en fin de bail à remettre les lieux dans leur
état d’origine, la Cour d’appel, qui en a déduit qu’il ne portait pas
atteinte à la substance de la chose, a pu autoriser les usufruitiers à
TRAVAIL
conclure seuls un bail commercial sur les parcelles en cause.
Syndicats professionnels.- Délégués.- Désignation.- Décision
définitive.- Remplacement des délégués désignés (non). C. cass. 3e civ. 2 février 2005 : Letierce c. Consorts Letierce et
autres – Pourvoi no 03.19.729 H – Rejet (C. app. Bordeaux,
Lorsqu’une union départementale syndicale affiliée à une confédé- 15 septembre 2003) – gr. no 137P+B. 052125
ration représentative au plan national, a désigné deux délégués syn-

32 GAZETTE DU PALAIS DIMANCHE 12 AU MARDI 14 JUIN 2005

Vous aimerez peut-être aussi