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Boutaleb Joutey, Nawal

Gómez Cólliga, Raquel


Tamseddak, Djamila
Psychopédagogie et méthodologie générale : Agnès Dussard

CARL ROGERS
1. QUI EST CARL ROGERS ?

Carl Rogers est un psychologue Américain, fondateur de la Psychothérapie Centrée sur le Client et de
l’Approche Centrée sur la Personne. Il a passé sa vie à explorer les processus de changement chez les
individus vers le développement, la maturité et la plénitude. Il a posé les bases de cette approche
humaniste en s’appuyant sur ses expériences personnelles et professionnelles, et l’a développée
jusqu’à sa mort.

Il naît en 1902 à Chicago aux Etats-Unis. Il grandit dans une famille très unie et où régnait une
atmosphère religieuse très stricte. Quatrième d’une fratrie de six enfants, qui compte une fille et cinq
garçons.
Enfant, il n’est pas en très bonne santé et on lui prête une trop grande sensibilité, ce qui contribue
sans doute à le rendre solitaire. Il se console en lisant et en s’échappant dans un monde imaginaire.
Ces longues heures studieuses lui donnent une avance considérable sur les garçons de son âge. Il
développe très jeune cette capacité de concentration et de constance dans les études.

Rogers a douze ans lorsque sa famille déménage à la campagne. Son père, ingénieur, veut se
consacrer à l’exploitation d’une ferme selon les dernières méthodes de pointe. Le jeune Carl voit,
dans ce qui ressemble à un exil, outre l’expansion de la situation financière de ses parents, leur
préoccupation d’éloigner leurs enfants d’éventuelles mauvaises influences de la ville. Il était très bon.
Il rentre en contact avec la nature. Plus tard, certaines de ses idées seront directement le fruit de ses
observations des plantes et des insectes.

En 1922, il a été choisi avec d’autres étudiants américains pour aller en Chine participer à un congrès
mondial de la fédération des étudiants chrétiens. Il explique que c’est pendant ces 6 mois en Chine
qu’il est devenu une personne indépendante
En 1924, il épouse Ellen Elliott, il affirmera que le soutien et l’affection de son épouse ont été les
éléments les plus importants et les plus enrichissants de son existence.

Il abandonne l’idée d’une vocation religieuse et désir travailler dans un domaine où il sera sur que sa
liberté de penser ne sera pas restreinte.
Étudiant, il cherche sa voie, passant par l’agronomie, l’histoire et la théologie, avant de se fixer sur la
psychologie qu’il étudie à l’université Columbia de New York. Pour sa thèse de doctorat, il élabore un
test de personnalité pour les enfants. Rien d’étonnant alors, qu’il choisisse pour son premier poste,
un centre d’aide et de protection de l’enfance à Rochester. Il y restera une douzaine d’années, et
c’est là, en recevant en écoutant les enfants et les parents qu’il commence à élaborer des idées – très
originales pour l’époque – sur l’écoute, la manière de conduire un entretien psychothérapeutique.
Des notions nouvelles émergent comme celles de l’écoute empathique, l’authenticité, le respect du
patient et de son propre chemin, la non directivité…

En 1940, Rogers commence une carrière universitaire (universités de l’Ohio, Chicago et Wisconsin)
qu’il poursuivra durant plus de vingt ans.

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Au milieu des années 60, Rogers quitte l’université pour commencer une “nouvelle vie”. Il s’installe
en Californie et va alors se consacrer au développement de son approche à travers le monde. Il
cherche aussi à appliquer ses idées dans de nombreux domaines comme la pédagogie et l’éducation,
la facilitation des groupes, les rencontres interculturelles et la résolution des conflits comme en
Irlande du Nord, en Amérique centrale ou en Afrique du sud à l’époque de l’apartheid.
Carl Rogers est d’ailleurs considéré, dans plusieurs classements comme l’un des psychologues les
plus influents du XXème siècle.

Il est nominé pour le prix Nobel de la paix en 1987. Ses actions en faveur de la paix, de la
compréhension mutuelle et de la tolérance lui vaudront d’être nominé au prix Nobel de la paix en
1987, il meurt cette même année à l’âge de 85 ans d’une crise cardiaque.

2. « ENSEIGNER ET APPRENDRE »

L’immense apport de Carl Rogers a été de déterminer les conditions nécessaires au processus de
croissance de la personne, considérant que chacun a en lui des ressources suffisantes pour réaliser
son potentiel.
Carl Rogers veut que l'élève découvre par lui-même, développe son esprit d'investigation, sa
curiosité, et ne soit pas soumis à un enseignement magistral qu'il subirait passivement.

« Une personne n’apprend de manière significative que les choses qu’il perçoit comme étant
nécessaires au maintien ou l’amélioration de la structure du moi.”

Pour Carl Rogers, enseigner ou transmettre des connaissances garde un sens dans un environnement
qui ne change pas. Or nous vivons dans un environnement qui change sans arrêt. Il en déduit que le
but de l’enseignement, si nous voulons survivre, ne peut être que de faciliter le changement et
l’apprentissage.

« Le seul individu formé, c’est celui qui a appris comment apprendre, comment s’adapter et changer,
c’est celui qui a saisi qu’aucune connaissance n’est certaine et que seule la capacité d’acquérir des
connaissances peut conduire à une sécurité fondée. »

« La capacité de changer, la confiance dans une capacité plutôt que dans un savoir statique, tels sont
dans le monde moderne les seuls objectifs que l’enseignement puisse s’assigner et qui ait un
sens. » – Carl Rogers

Carl Rogers préfère parler d’apprentis que d’étudiants ou d’élèves. Il préfère parler de “facilitateurs”
d’apprentissage que d’enseignants. Il se donne comme missions en tant que facilitateur
d’apprentissage de :

1. libérer la curiosité intellectuelle des gens,


2. permettre à chacun de s’élancer dans de nouvelles directions à partir de ses propres intérêts,
3. affranchir l’esprit de recherche,
4. ouvrir toutes choses à l’exploration et à la remise en question,
5. reconnaître que tout est en mouvement ou en train de changer.

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3. QUALITÉS FONDAMENTALES POUR FACILITER L’APPRENTISSAGE

a) L’authenticité

Lorsque le ‘facilitateur” se trouve être une personne vraie, qui est authentiquement elle-même, et qui
entre en relation sans masque ni façade avec celui qui apprend, il y a beaucoup de chances que son
action soit efficace. – Carl Roger

Le facilitateur est lui aussi une personne avec des sentiments, des émotions, des espoirs, des peurs,
des croyances. Le facilitateur a le droit et la possibilité d’être enthousiaste ou ennuyé, d’être
intéressé par ses élèves ou d’être fâché, de manifester sa sympathie ou encore son désaccord, de
dire quand ses propres limites sont dépassées ou ses besoins non respectés.

« Il peut aimer ou ne pas aimer tel travail d’élèves sans impliquer que ce travail est objectivement bon
ou mauvais ou que l’élève lui-même est bon ou mauvais. Il exprime simplement le sentiment qu’il
éprouve devant tel travail, c’est-à-dire un sentiment qui lui est personnel. Ainsi, le professeur est pour
ses élèves une personne, et non l’incarnation impersonnelle des exigences du programme ni le tube
stérile à travers lequel la science est transmise de génération en génération. » – Carl Roger

b) La considération positive

Dans la pensée de Carl Rogers, il s’agit d’éprouver de la considération pour l’apprenti, pour ses
sentiments et ses opinions, pour sa personne. Carl Rogers l’appelle aussi acceptation ou confiance.
C’est une confiance de base : la foi dans l’autre qui est fondamentalement digne de confiance.

Cette qualité se traduit par un respect, un souci que le facilitateur éprouve pour tous ses élèves. Il
s’agit de faire en sorte que chaque apprenti se sente important, mûr, capable de faire des choses par
lui-même, qu’il a le droit d’avoir ses propres sentiments et besoins.

Une attitude humaine, chaleureuse et encourageante sont les points-clés de cette dimension pour
accepter les apprentis tels qu’ils sont.

c) L’empathie

Les apprentis apprécient le fait d’être simplement compris, sans être évalués ou jugés, à partir de
leur point de vue.

Carl Rogers écrit :« Si un professeur s’assigne la tâche d’essayer de donner chaque jour à chaque
étudiant ne fût-ce qu’une réponse non évaluative, acceptante, empathique à des sentiments exprimés
verbalement ou autrement, je suis convaincu qu’il découvrira l’efficacité que recèle cette
compréhension qu’on ne rencontre pourtant presque jamais. »

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4. LA RELATION D’AIDE

Dans l’approche rogérienne La relation d’aide est toute relation qui cherche à faire ressortir les
ressources internes chez l’autre, son expression et un meilleur usage fonctionnel de ses ressources. Il
s’agit d’une relation qui cherche à favoriser la croissance, le développement, et une plus grande
capacité à affronter la vie chez l’autre (l’autre compris comme individu ou groupe).

La relation d’aide peut s’extrapoler selon Rogers, à toute relation dont le but est de faciliter la
croissance : relations familiales, thérapeutiques et éducatives (entre maitre-étudiant/e).

Questions qui nous aident à favoriser la relation d’aide selon Rogers :

1. Puis-je arriver à être d’une façon qui puisse être perçue pour autrui comme étant digne
de confiance ?
2. Puis-je communiquer sans ambiguïté ?
3. Suis-je capable d’éprouver les attitudes positives envers l’autre : chaleur, attention,
affection, intérêt, respect ?
4. Puis-je avoir une personnalité assez forte pour être indépendante de l’autre ? Suis-je
capable de respecter mes propres sentiments et besoins aussi bien que les siens ?
Mon intérieur est assez fort pour sentir que je ne suis pas détruit par la colère ou les
émotions d’autrui ?
5. Ma sécurité interne est-elle assez forte pour lui permettre d’être indépendante et lui
permettre aussi d’être ce qu’il est ?
6. Puis-je entrer dans l’univers intérieur d’autrui, ses conceptions, sans l’évaluer ou juger ?
7. Suis-je capable d’accepter toutes les facettes de la personne, comme elle est ?
8. Suis-je capable d’agir avec assez de sensibilité dans cette relation pour que mon
comportement ne soit pas perçu comme une menace ?
9. Puis-je le libérer de la crainte d’être jugé par les autres ?
10. Suis-je capable de voir l’autre comme une personne qui est en devenir, avec son
potentiel ?

5. LES APPLICATIONS DE LA RELATION D’AIDE A LA PEDAGOGIE

Selon Rogers, pour que l’apprentissage authentique se produise, il doit provoquer un changement
chez l’individu, une transformation dans ses attitudes et sa personnalité et nécessite d’une série de
conditions.

1. Conditions nécessaires pour l’apprentissage authentique apparaisse :

a. Contact avec les problèmes :

L’apprenti/e doit être placée dans une situation qu’il perçoit comme un problème qui
a du sens dans sa vie.
Une connaissance est acquise plus facilement quand elle est liée à des situations
perçues comme des problèmes car :
- l’apprenti/e a un rôle actif dans la recherche de solutions
- l’apprenti/e peut créer un lien avec sa vie réelle.

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b. Authenticité et Congruence
L’enseignant/e doit montrer qu’il est une personne unifiée, authentique, intégrée et
congruente, conscient de ses attitudes.

c. Considération Positive Inconditionnelle


L’enseignant/e porte une attention chaleureuse à l’apprenti/e : ‘je t’écoute, je
t’accepte comme tu es, sans jugement’.

d. Acceptation et Compréhension empathique


L’enseignant/e est capable de sentir et comprendre le monde intérieur de la
personne l’apprenti/e.

e. Toutes les conditions doivent être ressenties (communiqués) à la personne


(étudiant/e).

Le mobile fondamentale de l’approche rogérienne se base sur le fait que l’enseignant va placer sa
confiance dans le but que les apprenants/es puissent s’affirment eux-mêmes.
Il est nécessaire de mettre à disposition de l’apprenant les ressources disponibles. Les connaissances
de l’enseignant et son expérience sont au service de l’enseignement.

2. Omissions : Evaluations

Selon Carl Rogers, ‘tester le succès de l’étudiant/e va contre un apprentissage authentique’, pour ce
motif il faut, selon lui, suivre les exigences de la vie et que l’évaluation soit adapté aux situations de
la vie au lieu que l’évaluation soit adaptée aux exigences de l’enseignant.

Exemple : si un étudiant veut devenir ingénieur, le professeur lui donnera tous les moyens
nécessaires pour que l’étudiant puisse réussir les examens d’entré à l’université d’ingénierie.

3. Théorie de la créativité constructive

Carl Rogers explique que la société a besoin des personnes libres, créatives et réflexives afin de
pouvoir se développer, aller vers le progrès, s’adapter et savoir aborder les changements complexes
de l’actualité.
Le concept de créativité constructive définit la tendance de la personne à s’actualiser et à devenir ce
qui est potentiel en elle.
Les conditions au sein de l’individu qui sont associés à un acte créateur potentiellement constructif
sont :

a. L’ouverture à l’expérience : l’ouverture à ce qui existe au moment présent.


b. Un centre interne d’évaluation : c’est le créateur qui estime sa création valable, et
non après les critiques ou les avis externes. La base de l’évaluation se trouve en lui.
c. L’habilité à jouer avec des éléments et des concepts : le jeu spontané et
l’exploration.

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Selon lui, même si l’acte créateur reste indéfinissable, nous pouvons favoriser la créativité
constructive chez l’autre en créant une série des conditions :

- Une sécurité psychologique : comprise dans l’acceptation inconditionnelle, un climat sans


évaluations et une compréhension empathique.

- Une liberté d’expression psychologique : qui permet la liberté d’expression.

6. CONCLUSION

Nous présentons à continuation un schéma qui résume les points clés sur l’approche de Carl Rogers
dans la relation pédagogique :

Position de l’enseignant Facilitateur/trices

Position de l’élève Apprentis/es, rôle actif

Relation Authenticité,
Considération positive
Empathie
Apprentissage Observation, exploration. Créativité, curiosité.
Accompagnement dans le développement du
potentiel de l’apprenti/e
Erreur Acceptation
Erreur= ‘Maitre’
Regard positive
En lien avec la créativité
Evaluation Omission.
L’évaluation doit avoir un SENS dans la vie de
l’apprenti/e.

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7. SCHÉMA-RÉSUMÉ DE LA PRÉSENTATION

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8. BIBLIOGRAPHIE/WEBOGRAPHIE

- www.cairn.info :

-https://ligue-enseignement.be/carl-rogers-ou-la-revolution-silencieuse-dans-
lenseignement-comme-dans-toute-relation/

- https://fr.wikipedia.org/wiki/Carl_Rogers (

- La tendance actualisante par rapport aux « motifs » et à la conscience, Carl R.


Rogers.Traduction Françoise Ducroux-Biass.Revue Approche Centrée sur la Personne.
Pratique et recherche 2011/1 (n° 13), pages 65 à 89.

- Les fondements philosophiques de la pensée de Carl Rogers. René Daval. Dans


Approche Centrée sur la Personne. Pratique et recherche 2008/2 (n° 8), pages 5 à 20

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