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Ce document pédagogique a été réalisé par Mme Florence CHARRAVIN-BRAS, agrégée de Lettres
Modernes, au Lycée Théodore Aubanel, à Avignon
Etude dans une classe de terminale L de l’œuvre au programme, chapitres De la cour, Des
Grands
Ce travail fait suite à une étude se rapportant à la parole des courtisans. Théodote se
distingue par la banalité de son discours dont un échantillon est proposé au lecteur
" voilà un beau temps, voilà un grand dégel ". Ce point de départ définit le personnage
esquissé : dénué d’esprit et superficiel, il est remarquable par son attitude affectée. Mais
la lecture intégrale du portrait dessine un personnage complexe dont l’identité est
obscure.
Théodote De la cour 61
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Le portrait de Théodote présente jusqu’ici un personnage ridicule, mais sans
conséquence, le lecteur ne perçoit pas un arrière-plan, qui se révèle plus loin dans le
texte. La Bruyère se livre à une digression sans transition qui est l’occasion d’un
nouveau portrait, plus généraliste, concernant les " gens ensorcelés de la faveur ". Ces
courtisans, aliénés, emportés par la démesure de leur passion attirent les foudres du
moraliste : " orgueil ", " présomption ", rien ne retient plus ces ambitieux. La critique est
virulente, l’honnête homme ne peut tolérer ces excès qu’il blâme à l’occasion du portrait
de Théodote.
Son propos est en effet de peindre un personnage dont l’identité reste incertaine
alors que le portrait s’achève : " dévot ou courtisan " ? L’image troublée superpose
deux états antagonistes où les traits du courtisan recouvrent ceux du dévot. La chute
appelle de façon comique le secours de l’astrologie, deus ex machina, pour un
dénouement heureux : " oui, Théodote, j’ai observé le point de votre naissance, vous
serez placé ".
Ce portrait apparaît dans la septième édition en 1692. L’année suivante La Bruyère est
élu le 15 juin à l’Académie française, un article anonyme du Mercure galant de juillet
dénonce le succès de scandale des Caractères. Le portrait de Théodote pose la question
de la réception de l’œuvre, nous travaillons aujourd’hui sur un texte alors que les
contemporains voyaient le modèle qu’ils supposaient être celui du portrait, on imagine
le succès de l’entreprise mais aussi les ennemis. Quelles conséquences cela peut-il avoir
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sur l’exercice du portrait ? La stylisation est un objectif littéraire et une nécessité dictée
par la prudence. Enfin si le portrait est à la mode on peut se demander comment il
s’intègre dans l’ensemble des Caractères composé de fragments de différentes natures :
maximes, pensées. Le portrait contribue à la variété de l’œuvre mais aussi à son unité
(registres, procédés d’écriture, thèmes récurrents).
Prolongement de l’étude:
• Portraits des politiciens : De la cour 19 " Cimon et Clitandre ", un type dont on
ne se lasse pas tant le modèle est encore vivant parmi nous.
• Portrait d’un Grand : Des Grands 50 " Pamphile ", du particulier au général, les
éditions successives enrichissent le portrait.
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