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Fertilisation

des cultures
2023

152-2F4-JO
Théorie

Sylvie Gauthier
TABLE DES MATIÈRES
TABLE DES MATIÈRES 2

LISTE DES FIGURES 3

LISTE DES TABLEAUX 4

HISTORIQUE 5

LES PROPRIÉTÉS DU SOL 7

L’ANALYSE DE SOL 25

LE PH DU SOL ET LA CHAUX 28

L’AZOTE ET MATIÈRE ORGANIQUE 38

LE PHOSPHORE 44

LE POTASSIUM 49

LE CALCIUM, LE MAGNÉSIUM, LE SOUFRE ET LES ÉLÉMENTS MINEURS 54

FERTILISATION EN PRODUCTION BIOLOGIQUE 75

BIBLIOGRAPHIE 81

2
LISTE DES FIGURES

Figure 1. Source : (http://soils.usda.gov/education/resources/lessons/profile/profile.jpg) .......... 7


Figure 2. How Soil is Created: The Succession of Life in the Evolution of soil ................................. 8
Figure 3. Cation exchange .............................................................................................................. 10
Figure 4. Constituants du sol (Gauthier, 2023) .............................................................................. 11
Figure 5. Soil Basics : Capillary Rise. ............................................................................................... 11
Figure 6. Triangle textural (Guide de fertilisation, CRAAQ, 2015, p.15) ........................................ 14
Figure 7. Complexe argilohumique ................................................................................................ 15
Figure 8. Pont calcique dans le complexe argilohumique. ............................................................ 16
Figure 9. La structure du sol, pilier de la santé des sols................................................................. 16
Figure 10. Échanges sur le CAH ...................................................................................................... 18
Figure 11. Absorption par la racine ................................................................................................ 19
Figure 12. Plant Nutrition: Mineral Absorption | Part 2 ................................................................ 19
Figure 13. Équilibre dynamique dans les sols ................................................................................ 20
Figure 14. PHC Film: Soil Is a living organism ................................................................................. 21
Figure 15. Webinaire santé des sols – Le microbiome des sols agricoles ...................................... 24
Figure 16. Quelques exemples de pH (AlloProf, 2019). ................................................................. 29
Figure 17. Le cycle de l'azote (Gauthier 2010) ............................................................................... 38
Figure 18. Understanding Our Soil The Nitrogen Cycle, Fixers, and Fertilizer ............................... 38
Figure 19. Le complexe argilo humique : sa réactivité avec les ions et son importance dans
l'agriculture ........................................................................................................................... 39
Figure 20. Transformation d'un engrais minéral azoté .................................................................. 40
Figure 22. Éléments nutritifs et phosphore dans le sol-Le point de vue moléculaire ................... 47
Figure 21. Phosphorus Cycle .......................................................................................................... 47
Figure 23. Cycle du Potassium........................................................................................................ 50
Figure 24. Potassium requirements for plants ............................................................................... 52
Figure 25. Les engrais potassiques ................................................................................................. 53

3
LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1. Disponibilité des éléments nutritifs contenus dans les engrais en fonction du niveau
d'acidité du sol. ..................................................................................................................... 31
Tableau 2. Liste des engrais azotés, leur formulation et leur forme chimique. ............................ 42
Tableau 3. Les caractéristiques des engrais potassiques. .............................................................. 53
Tableau 4. Les engrais magnésiens, soufrés et calciques. ............................................................. 58
Tableau 5. Caractéristiques des principaux oligo-éléments en agriculture. .................................. 59
Tableau 6. Les rôles de la matière organique. ............................................................................... 64
Tableau 7.Niveau de matière organique et son interprétation. .................................................... 65
Tableau 8. Quelques paramètres de la matière organique selon le C/N ....................................... 66
Tableau 9. Contribution en azote de quelques résidus. ................................................................ 66
Tableau 10. Le compostage ............................................................................................................ 68
Tableau 11. Valeur brute typique des engrais de ferme (ne pas utiliser pour PAEF). ................... 69
Tableau 12. Quelques caractéristiques et comportements de quelques engrais de ferme.......... 70
Tableau 13. Taux moyen de minéralisation de l'azote .................................................................. 77

4
HISTORIQUE
Les premières observations reliées à la fertilité des sols remontent vers 2500 ans av. J.-C. En
Mésopotamie, on a observé que les alluvions des fleuves font augmenter la fertilité des sols et
les rendements des cultures.

Vers 700 ans avant J.-C. (époque gréco-romaine), on s’aperçut que l’addition de fumier, de sang
et d’engrais verts permettait d’avoir une meilleure production agricole. À cette époque on se
permet même de classer les divers amendements : du plus riche au plus pauvre, nous avons le
fumier de volaille, les excréments humains, le fumier de porc et par la suite, chèvre, mouton,
vache et cheval.

C’est à cette époque que l’on retrouve les premières utilisations de la chaux et de la marne1. On
constate aussi les effets d’une application de cendres. On utilisait aussi le salpêtre (du latin
salpetrae - sel de pierre) ou nitre, qui est le nitrate de potassium (KNO3). On l'utilisait autrefois,
mélangé à du soufre et à du charbon de bois, pour fabriquer de la poudre à canon. Le salpêtre
et les sels minéraux sont présents dans toute l'épaisseur des murs anciens humides et
concentrés à la surface des matériaux. On le récolte en grattant des pierres ou des briques
situées dans des lieux sombres, comme les caves et les grottes.

À cette époque, on a commencé à classer les sols en deux types : lourds et légers. En observant
la flore qui poussait sur ces sols, on en est arrivé à estimer l’acidité de ceux-ci.

Au moyen-âge, presque aucune évolution n’est survenue.

Ce n’est qu’à partir du 17e siècle que l’on voit certaines hypothèses concernant la source de la
fertilité:

• Francis Bacon un des pionniers de la pensée scientifique moderne, mentionne que c’est
l’eau avec des « substances» qui est la source de la fertilité. On lui doit aussi cette
citation : « Pour commander à la terre, il faut commencer par lui obéir ».
• John Woodward s’aperçut que le fait de rajouter constamment de la terre dans l’eau
augmentait la croissance des plantes.
• Jethro Tull (le père du travail du sol) a dit que le fait de travailler le sol augmentait les
rendements. Il croyait que de fines particules entraient dans la plante par les racines.
• Francis Home a été un des premiers à considérer la nutrition des plantes sous plusieurs
aspects (eau, air, terre, sels).

1
Roche sédimentaire constituée d'un mélange de calcaire et d’argile.

5
Finalement, c’est vers 18502 que le baron Justus Von Liebig, le fondateur de l'agriculture
industrielle et père de la nutrition des plantes a fabriqué de l’engrais azoté. C’est lui qui a dicté
la loi du minimum : « Le rendement est proportionnel à l’apport d’un facteur essentiel qui limite
la croissance des plantes … ». Nous savons aussi qu’il y a un plafonnement …

Par la suite apparut l’utilisation de la poudre d’os (phosphore) et de l’acide sulfurique. On


s’aperçut que la plante ne nécessitait pas que de l’azote, mais aussi du Phosphore et du
Potassium.

Vers 1850 toujours, on observa que le sol pouvait s’épuiser et que la monoculture pouvait
modifier la structure du sol. À cette époque on observa aussi la symbiose entre des bactéries et
des plantes pour la fixation d’azote.

✓ En 1870, Dokuchaev, le père de la pédogenèse3, énonce le principe que le sol est une entité
naturelle qui évolue sous l’influence de la végétation, du climat, de la roche mère et de la
topographie.
✓ En 1875, à Middle Town au Connecticut fut inaugurée la première ferme expérimentale.
✓ Ce sont 2 chimistes de BASF, Haber et Bosch, qui en 1908, découvrent la synthèse de
l'ammoniac à partir de l'azote de l'air et de l'hydrogène. Ils obtinrent le Prix Nobel de Chimie
pour leurs travaux. Cela permit l'essor des engrais azotés dont l'ammonitrate (1913) puis des
engrais complets NPK à partir de 1926.

Au 20e siècle, on observe les premières pertes des sols agricoles à cause de la pression exercée
sur la productivité. Durant le 20e siècle, on a vu : l’amélioration des variétés, l’apparition
généralisée du drainage et de l’irrigation, l’apport de fertilisants chimiques et l’apparition de
nouvelles pratiques culturales.

2
Époque industrielle
3
C’est l'ensemble des processus (physiques, chimiques et biologiques) qui, en interaction les uns avec les autres,
aboutissent à la formation, la transformation ou la différenciation des sols.

6
LES PROPRIÉTÉS DU SOL

Introduction : formation du sol

Pour avoir toutes les informations pertinentes et même plus, consulter le chapitre 1 du Guide de
fertilisation (CRAAQ, 2015).

Le sol joue deux rôles importants en agriculture, soient:


✓ Support de la plante
✓ Garde-manger de la plante
Pour la plupart des cultures, seule la première couche de sol est cultivée et cette couche que l’on appelle
« arable » mesure environ 30 centimètres de profondeur (12 pouces). Mais avant d’avoir cette terre
riche et cultivable, elle a passé par plusieurs phénomènes pour se différencier.

Horizon O: couche superficielle comprenant


des débris végétaux et de l’humus (litière).

Horizon A: couche arable


• Couche composée d’un mélange
d’humus et de minéraux
• Terre arable.
• Zone de croissance des plantes.
• Zone aérée.

Horizon B : horizon lessivé


• Riche en éléments minéraux (les
oxydes de fer et les silicates).
• Couleur plus pâle que l'horizon A ou
teinte rougeâtre (Oxydes de fer).

Horizon C : roche mère ou sous-sol


• Absence de matière organique
• Roche mère altérée

Figure 1. Source : (http://soils.usda.gov/education/resources/lessons/profile/profile.jpg)

7
Formation des sols : le processus

Premier processus de formation des sols, où la roche primaire est décomposée physiquement par la
température, les vents, le gel, et les racines. Cette étape est la transformation des cailloux en sable et
limon. Puis la transformation se fait chimiquement par dissolution (eau et CO2) et hydrolyse (acide et
base) pour former les argiles, et les différents ions minéraux.

Première étape : enrichissement en matière organique.


Une fois le roc transformé en matière minérale, les plantes, les bactéries, les algues, le lichen ont envahi
le milieu, suivi des animaux inférieurs (vers, insectes). Par la suite, il y aura une accumulation et d’une
décomposition de la matière organique en humus et la formation du complexe argilohumique (CAH).
Un sol est nouvellement formé. Cependant il n’a pas encore évolué.

Deuxième étape : migration et accumulation de substances faisant évoluer le sol.


Cette dernière étape est l’évolution du jeune sol formé. L’eau lessive les minéraux et les fait migrer vers
différentes couches qui formeront les horizons connus aujourd’hui.

Pour en savoir plus :

Figure 2. How Soil is Created: The


Succession of Life in the Evolution
of soil

Les cartes et études pédologiques


Le gouvernement du Canada héberge toutes les études pédologiques depuis des années
(https://sis.agr.gc.ca/siscan/publications/surveys/pq/index.html). On peut les télécharger gratuitement
sur le site.

Aussi, l’IRDA (https://www.irda.qc.ca/fr/services/protection-ressources/sante-sols/information-


sols/etudes-pedologiques/) a récemment refait les cartes pédologiques via le prologiciel GIRMA.

Les études pédologiques originales ont été publiées par comtés, il y a plusieurs années de 1943 à 2005 et
à des échelles différentes. Ces études comprennent un rapport explicatif et une ou plusieurs cartes
montrant la répartition des sols dans le territoire, leurs importances relatives ainsi que leurs superficies.
Le rapport donne une description détaillée des séries de sols présents dans le comté, une estimation de
la valeur agronomique de ces séries et une description du milieu naturel. Tout le territoire agricole du
Québec a été couvert, sauf les comtés de Matane et de Matapédia.

8
Le site Infos-sol (http://www.info-sols.ca) offre aussi, de façon plus conviviale, la possibilité de consulter
les cartes pédologiques du Québec. Nous allons revenir plus loin sur l’application Infos-sol.

La classification des sols


Il existe 10 ordres de sol au Canada. Au Québec, on retrouve principalement des podzols, des brunisols,
des gleysols, des luvisols, des régosols et des sols organiques.

Les podzols sont les plus répandus au Québec. Ces sols ont une forte capacité de fixation du phosphore à
cause de la présence des oxydes de fer (Fe2O3) et d’aluminium (Al2O3). Les podzols sont des sols
généralement acides et qui nécessitent du chaulage. Ces types de sols, plutôt sableux à faible CEC vont
exiger des fractionnements des apports fertilisants (ex : les sols de saint-thomas, pomme de terre).

Les gleysols sont les deuxièmes types de sols rencontrés au Québec, surtout dans les basses terres de la
vallée du Saint-Laurent. Ces sols sont caractérisés par une longue période de saturation en eau
(printemps). Ces sols sont considérés avoir un bon taux de fertilité. Cependant, le manque de drainage
est le point faible de ces sols d’où la nécessité d’avoir un drainage souterrain. Aussi, ces sols sont plutôt
sensibles aux phénomènes d’érosion et de compaction. On sait que les plantes cultivées ne doivent pas
avoir les racines dans l’eau plus de 48 heures, à moins d’y être adaptées (Ex : Alpiste roseau, Lotier).

Les sols organiques sont surtout présents dans le sud-ouest de la vallée du Saint-Laurent (les terres
noires) et sporadiquement ailleurs au Québec. Par définition, on considère les terres noires lorsqu’il y a
plus de 30 % de matière organique. Ces sols exigent une attention particulière au niveau des apports
fertilisants et la gestion des pesticides. Le guide de fertilisation a une section différente pour ce qui est
des recommandations en fertilisant. Ces sols sont fragiles au niveau de l’érosion et ils subissent de
l’affaissement de l’ordre de 1 à 2 cm par année. Souvent on va irriguer ces sols afin de maintenir le sol en
place.

L’Université Laval a un projet de recherche afin de trouver des solutions concrètes pour freiner la
dégradation rapide des sols organiques cultivés au Québec. Ces terres sont responsables de 50% en
valeur marchande de la production maraîchère québécoise.

Le guide de fertilisation a regroupé les sols en 3 types : G1, G2, G3 (page 17). Les sols argileux étant du
Groupe 1, les loams, G2 et sableux, G3.

9
Les Constituants et propriétés du sol
Quatre constituants :

1. Constituants organiques (débris végétaux),


2. Constituants minéraux (Sable, Argile, Limon), qui constituent la texture.
3. L’air,
4. La solution du sol.

La caractérisation d’un sol s’effectue par différents types d’analyses « physico-chimiques » :

• La Texture : c’est le code génétique du sol. C’est la composition granulométrique du sol


(proportion de chacun des constituants solides (argiles, sables, limons, débris, graviers…);
• La Structure : c’est l’organisation de la texture. Selon la nature du sol, cette organisation peut
avoir plusieurs formes d’agrégats (cubique, polyédrique, granulaire, massive, etc.). La qualité de
la structure du sol a une incidence majeure sur la productivité des cultures et sur les autres
paramètres comme le drainage, l’aération, etc.;
• La Porosité : c’est le volume total des espaces entre les agrégats. La porosité a comme fonction
de permettre la circulation de l’eau et de l’air. Selon son état, elle favorise la circulation de la
constituante biologique (animaux, racines, mycélium, etc.);
• La Perméabilité du sol : en lien direct avec la porosité du sol, la perméabilité dépend de la
structure du sol, soit sa capacité à laisser passer l'eau vers les couches inférieures. On évalue la
perméabilité du sol lors des travaux de drainage. Elle est en relation directe avec le taux de
rabattement de la nappe phréatique;
• La Capacité de rétention en eau : c’est la quantité d'eau retenue par le sol et qui est utilisable
par les plantes. Elle est reliée à la microporosité. Cette information est utilisée lorsqu’on fait des
calculs d’irrigation;
• La CEC : la capacité d’échange cationique est la capacité à fixer des ions et à les échanger dans la
solution du sol. Lorsqu’on fertilise des sols, ce paramètre est extrêmement important à
considérer. La CEC provient essentiellement de deux éléments : l’argile et la matière organique
qui sont chargées négativement. C’est un facteur essentiel de la fertilité du sol. Pour apprécier
le potentiel d’un sol, on va considérer la CEC du sol de l’analyse de sol.

Pour en savoir plus :

Figure 3. Cation exchange

10
Propriétés physiques

La proportion idéale du sol :

De 20 à 30 % d’air (oxygène, azote, gaz carbonique) est contenu dans les macropores du sol. Un autre 20
à 30 % de la solution du sol (eau et les éléments minéraux en ion libre, provenant de l’altération de la
roche mère, de la décomposition de la matière organique ou des engrais minéraux) se retrouve dans les
micropores du sol. Il reste 45 % du volume total qui comprend les Matières minérales (gravier, sable,
limon, argile, éléments nutritifs) et un dernier 5 % en Matières organiques.

Constituants du sol

Air
25%

Matière minérale
45%
Matière organique
5%

Solution du sol
25%

Figure 4. Constituants du sol (Gauthier, 2023)

Pour en savoir plus :

Figure 5. Soil Basics : Capillary Rise.

11
La texture du sol : Sables, Limon et Argile
• On ne peut modifier la texture des sols.

Classification (voir le guide de fertilisation) :


Sols légers : Sables, sables loameux, sols graveleux
✓ Les grains sont visibles à l’œil, diamètre de 0.05 à 2 millimètres (mm).
✓ Rude et abrasif
✓ Au moins 70% sable, 20% argile, 20% limon
✓ Peu fertiles, car pas chargés électriquement, donc ne font pas de mottes
✓ Ne retient pas l’eau, car peu de micropores
✓ Se réchauffe rapidement, la matière organique se décompose rapidement, car beaucoup de
macropores, donc beaucoup d’air.

Sols francs ou loams : Loams sableux, loams sablo graveleux, loams, loams limoneux, loams
lourds.
✓ Les grains sont visibles au microscope, 0.05 mm à 0.002 mm
✓ Aspect poudreux lorsque sec, onctueux au toucher si humide
✓ Une particule de Loam c’est du sable très fin, molécule neutre, donc ne retiens pas fortement
les engrais
✓ Retiens l’eau, car micropores plus abondantes que dans le sable
✓ Les sols francs ont des proportions de sables, de limons et d’argiles telles qu’aucune de ces
trois fractions n’exerce une influence dominante sur les deux autres.
✓ Réunissent les conditions idéales de rétention d’eau et d’éléments fertilisants, de drainage et
d’aération (loams sablo argileux, les loams limoneux et les loams argileux)
Sols lourds
✓ Les grains sont visibles au microscope électronique, moins de 0.002 mm
✓ Très doux au toucher et très collant lorsqu’ils sont humides
✓ Contribuent à la fertilité des sols (chargé négativement)
✓ Retiennent les engrais
✓ Retiennent l’eau, car beaucoup de micropores
✓ Se réchauffent mal, car peu de macrospores
✓ Sols argileux : plus de 40% argile, argile sableuse, argile limoneuse

12
Sols organiques
✓ Contenant plus de 30% de matière organique.
✓ Retiennent de 2 à 3 ½ fois leur poids sec en eau
✓ Sols initialement très acides.
✓ Contiennent 10 fois plus d’azote et 20 fois plus de K, cela explique la productivité légumière
sur ces terres.
✓ Tourbe et terre noire :
o Tourbe de sphaigne utile aux fleuristes
o Tourbe séchée et moulue ou peat moss : utilisée pour milieu artificiel de croissance
o Terre noire : 25 à 65% de matière organique fortement décomposée, mêlée avec de
l’argile et du sable, utile à la préparation de terrain pour pelouse.

Les différentes classes texturales sont données en fonction des différents pourcentages des constituants
de bases et sont représentées par le triangle textural.

13
Figure 6. Triangle textural (Guide de fertilisation, CRAAQ, 2015, p.15)

Évaluation de la texture :
• L’analyse granulométrique en laboratoire ou test de Boyoucos;
• Test de Thien : au toucher combiné à l’essai de rubanages.

14
La structure du sol

« C’est la façon dont sont associés, disposés, arrangés, les constituants élémentaires solides du sol
(sable, limon, argile, calcium et M.O.). »
Les mottes ou les éléments assemblés se nomment : agrégats. L’agrégation des particules de sol est
favorisée par l’activité microbienne et de la microfaune.
Ces particules sont aussi « soudées » ensemble grâce au complexe argilohumique.

Le complexe argilohumique (CAH)


Le complexe argilohumique est l’association de l’argile et de l’humus, de matière minérale et de
matière organique. On appelle aussi le complexe argilohumique, « complexe absorbant ». Le complexe
argilohumique est insoluble dans l’eau, mais des échanges d’ions peuvent se faire avec le sol. Il est
chargé négativement. Or, des molécules chargées négativement attirent des molécules chargées
positivement. Ce complexe argilohumique qui est dans le sol attire un certain nombre d’ions positifs.

Ce complexe régit l’ensemble des propriétés physiques et chimiques du sol. Les minéraux tels que le
calcium (Ca2+) et le magnésium (Mg2+) sont importants pour l’agglomération en agissant de pont (ponts
calciques) entre les CAH. Par conséquent le chaulage contribue en partie au maintien de ce complexe et
par ce fait, à la stabilité structurale.
Le calcium a une action stabilisatrice au niveau du sol. Il s'intercale entre l'humus et les feuillets des
argiles, formant des ponts calciques très résistants et aérant la structure du sol. Le magnésium forme lui
aussi des ponts cationiques, mais avec une action de resserrement de la structure.
Des ponts constitués d'hydroxydes de fer peuvent également se mettre en place, mais ils sont moins
solides que les ponts calciques.

Mg++
Ca++
Complexe PO4--
H+
Argilo- Ca++
Humique
K+

H+
H+

Figure 7. Complexe argilohumique

15
Ca2+

Ca2+
Humus Argile

- Ca2+ -
Ca2+

Figure 8. Pont calcique dans le complexe argilohumique.

Les sols sans structure ne présentent pas d'agrégats visibles, et leurs constituants sont entassés sans
liaison précise.
Les sols à structure sphérique possèdent une structure granulaire. La présence d'une structure
granulaire dans la zone des semis ou à l’endroit où les plants sont repiqués facilite la levée et le début de
la croissance. C’est ce que l’on recherche.
Les sols à structure angulaire facilitent le drainage, l’aération et la prolifération des racines. Ces
structures s’observent habituellement dans l’horizon B du sol ou, dans bon nombre de sols, juste au-
dessous de la zone marquée par un changement de teinte.
Les sols à structure lamellaire forment de fines couches ou des lamelles superposées horizontalement.
Cette structure se retrouve dans les horizons supérieurs et inférieurs du sol et est répandue dans les sols
qui ne sont pas travaillés. Les structures lamellaires indiquent souvent la présence de compaction.

Pour en savoir plus :

Figure 9. La structure du sol,


pilier de la santé des sols

16
Propriétés chimiques du sol

Les colloïdes et les ions du sol

Colloïdes
C’est un terme qui veut dire : particules de sol (argile et matière organique) fines et non visibles à l’œil
nu. C’est ça qui donne la charge à la CEC. Elles possèdent une charge négative qui leur permet de retenir
des particules positives (adsorption).
Ions:
Tout élément chimique a une charge électrique. Les cations sont des ions chargés positivement (+).
Exemples :
+ + + + ++
• NH ammonium, K potassium, Na sodium, H hydrogène, Ca calcium,
4
++
Mg magnésium.
Les anions sont des ions chargés négativement.
Exemples :
- - 2- 3-
• Cl , NO , SO , PO (chlore, nitrate, sulfate, phosphate)
3 4 4

La capacité d’échange cationique CEC

La CEC est utile à connaître. Elle sert à mesurer la capacité du sol à échanger (fixer ou libérer) les cations
(+) de la solution du sol.
Cette caractéristique est reliée à la productivité des sols ou au potentiel de fertilité. C’est la somme des
+
bases + et des ions H , exprimée en milliéquivalents par 100 grammes de sol (meq/100 g).
La CEC est influencée par le pH du sol (à voir au prochain chapitre), par la texture et par la quantité de
matière organique qu’il contient.
Exemple
o Sol léger (sable): 4 à 10 meq
o Terre franche (limon): 10 à 25 meq
o Sol lourd (argile): 25 à 50 meq
o Sol organique: 50 à 100 meq

« Donc, plus il y a de l’argile ou de la matière organique, plus la CEC augmente et plus


le complexe retient des cations. »

17
Les producteurs biologiques ont particulièrement intérêt à viser une CEC assez élevée afin
d’avoir un sol pouvant emmagasiner de plus grandes réserves d’éléments nutritifs.

CALCUL:
Une méthode simple nous permet de calculer « grosso modo » la CEC selon certaines données:

CEC: (% argile / 2) + (% M.O. x 2)


Exercice: Indiquez la CEC et la texture de ces sols.
Sable Limon Argile M.O. CEC Texture
1 15 20 60 5
2 60 30 10 2

Les bases échangeables:

Ce sont des cations, sauf le H+, qui vont être retenus ou relâchés du complexe
argilohumique, ou libre dans la solution du sol. Il se crée un équilibre entre les cations libres
dans la solution et ceux qui sont fixés sur le complexe.

Mg2+ Ca2+

Ca2+ Ca2+ = Mg2+

3K+

K+
Al3+ = K+
K+

Figure 10. Échanges sur le CAH

18
Exemple d’échange:
+ -
Lorsque le chlorure de potassium (KCl) est apporté au sol, il se dissocie en K et Cl (ions libres)
+
au contact de la solution du sol. Le K ira se fixer sur le complexe à la place d’un autre cation
2+
comme le Ca , et ce dernier, se retrouvera à son tour, dans la solution du sol.

Force de retenue sur le complexe:


++ ++ + + +
H+ > Ca > Mg > K > Na > NH4

Force d’échange du complexe:


++ ++ + + +
Ca > Mg > Na > K > NH4

H+
Ca2++
Racine

Figure 11. Absorption par la racine

Pour en savoir plus : Figure 12. Plant Nutrition: Mineral


Absorption | Part 2

19
Équilibre dynamique dans les sols

Absorption des minéraux


par les plantes
1
Ions échangeables
Air du sol +
(porosité) Surface d'absorption
6 2

Solution du sol

Matière organique Phases solides


+ +
Microorganismes minéraux
5 3

Pluies + Évaporation
Drainage
Addition de fertilisant
4

Figure 13. Équilibre dynamique dans les sols

Ce schéma décrit la relation entre les divers paramètres qui vont affecter la solution du sol.

20
Propriétés biologiques

Lorsque les micro-organismes décomposent la matière organique fraîche (source d’alimentation), les
sous-produits de cette dégradation sont les mucilages et les protéines. Dans la nature, le mucilage
protège les bactéries contre la dessiccation et par ses propriétés collantes, permet d’agglomérer
ensemble les diverses particules de sol en agrégats.

Pour en savoir plus :

Figure 14. PHC Film: Soil Is a


living organism

Interaction entre biologie et chimie du sol

Les organismes du sol (vers, bactéries, champignons, protozoaire, etc.) interviennent dans le cycle
organique minéral des composantes du sol. Une partie de ces organismes vont se nourrir de la partie
organique du sol et vont produire des éléments minéraux (MINÉRALISATION), qui sont utilisables par la
plante ou vont se fixer sur les sites d’échange. La matière organique ne nourrit pas la plante directement.
Elle nécessite une dégradation pour être utilisée.

Exemples concrets de ces interactions

• Lorsque les vers de terre « mangent » la terre, la nature chimique du sol change une
fois passée dans les intestins du vers.
• Les bactéries à proximité des racines vont rendre disponibles pour la plante les
éléments nutritifs (bactéries nitrifiantes ou minéralisantes).
• Les résidus de plantes qui retournent au sol n’ont de valeur que lorsque ceux-ci sont
transformés par la macrofaune ou les micro-organismes.

Par contre, si le sol est peu propice à la vie (manque d’air, manque d’eau, acidité), les processus n’auront
pas lieu. Donc, un sol vivant est une promesse que les différents processus naturels auront lieu avec
succès. Un sol en santé assure une structure adéquate et une structure adéquate assure une activité
biologique intéressante. Nous verrons l’importance des apports et maintien de la matière organique
dans les sols dans les prochains chapitres.

21
L’importance de la rhizosphère

La rhizosphère est la zone du sol qui est située sous les racines des plantes. De 10 % à 40 %, des
composés photosynthétiques fabriqués par la plante sont libérés dans la rhizosphère (acides organiques,
sucres, etc.). À titre d’information, les racines de céréales sécrètent beaucoup de sucres qui favorisent la
croissance des bactéries. D’autres substances comme des acides aminés, des acides organiques, des
enzymes, des phénols, des stérols et des vitamines sont aussi excrétées. L’ensemble de ces exsudats
racinaires, correspond entre 5 à 30 % des produits de la photosynthèse, soit entre 1 et 3 tonnes de
C/ha/an. Ces substances peuvent avoir comme rôle d’empêcher la germination des certaines plantes
(Seigle, noyer etc …) que l’on nomme effets allélopathiques.

Santé des sols

Depuis plusieurs années, on ne considère plus le sol comme étant un site d’échange basique entre les
éléments. On considère maintenant la santé du microbiome du sol au même titre que celui qui compose
notre intestin. La recherche permet de faire plusieurs observations et tente de faire des liens entre la
biodiversité du sol en micro-organisme et la santé de celui-ci et, ultimement, la santé des cultures. Par
exemple, le choix des espèces de plantes pour les engrais verts va indiquer si ce choix va favoriser
l’agrégation des particules ou même la prévention de certaines maladies racinaires. Les laboratoires
peuvent offrir maintenant des analyses du profil microbien du sol.

Un sol en santé permet :

• Résistance à la dégradation (érosion, compaction)


• Résilience aux stress (maladies, sécheresse, etc.)
• Solution contre les changements climatiques (stockage de carbone)

Dans le chapitre sur la matière organique, nous verrons qu’une partie importante de la santé des sols et
de la planète passe par la matière organique du sol.

On considère que le sol immobilise 5% du carbone total de la planète (matière organique). On voit dans
cette capacité du sol à fixer le carbone, une solution éventuelle au problème du réchauffement
climatique.

La compaction

Un sol en bonne santé physique est constitué de 25% d’eau, 25% d’air, 45% de matière minérale et 5%
de matière organique. Dans un sol compacté, la densité apparente du sol augmente considérablement

22
réduisant ainsi la porosité du sol. Cette situation affecte négativement la vitesse du drainage, la
disponibilité de l’air et de l’eau. Un sol argileux dont la densité apparente est supérieure à 1.7g/cm3
présentera une restriction considérable à l’enracinement de la plupart de plantes cultivées.

Des études ont montré que l’on peut enregistrer une baisse de rendement variant de 10-30% avec la
compaction. Ce pourcentage augmentera avec le temps. Dans un sol compacté, un programme adéquat
de fertilisation, de chaulage, le choix de la variété, et même un bon climat ne fonctionnerait pas puisque
la compaction va causer une dégradation significative des propriétés du sol que sont l’aération et
l’activité microbiologique, respectivement. La dureté du sol au niveau de la couche de compaction limite
énormément l’expansion des racines dans le sol ce qui se traduit par un faible développement racinaire
et donc, une mauvaise absorption des éléments nutritifs. Il peut alors arriver que le producteur constate
une carence qui malheureusement n’est pas due à une déficience du sol.

Diagnostic visuel

Un diagnostic visuel peut nous permettre d’évaluer l’état du sol :

• Plantes chétives et naines malgré une fertilisation adéquate (comme les plants à l’entrée
du champ);
• Une infiltration plus lente de l’eau de surface (séchage du sol retardé au printemps);
• Absence de vers de terre (signe d’un manque d’air, de dureté du sol);
• Déterrer à l’aide d’une pelle les plants (ne pas arracher) dans la zone soupçonnée et
observer le patron de développement des racines. Une racine pivotante déformée et des
racines secondaires qui poussent horizontalement comme sur une table devraient attirer
votre attention.
• Observation de photos aériennes.

Faire un profil de sol

C’est le moyen indéniable d’identifier le début et la fin de la couche compactée et de poser un diagnostic
de compaction. Il faut creuser et observer. En utilisant un pénétromètre à main ou un couteau, on peut
mesurer la résistance à la pénétration verticale ou horizontale. Cette technique devient très vite laborieuse
puisqu’il faut faire plusieurs profils de sol pour établir un diagnostic.

L’utilisation d’une sonde pénétromètre avec cadran

La sonde doit être enfoncée dans le sol lentement, la profondeur du sol où on enregistre une augmentation
de pression et un relâchement, constitue à priori le début et la fin de la couche compactée,
respectivement. Un pénétromètre disposant d’un embout de ½ po (1.25 cm) de diamètre par exemple
signalera une compaction lorsque la pression est supérieure à 300 PSI.

23
Infos-sol (http://www.info-sols.ca/)

Cette application Web offre des informations géographiques sur les terres agricoles et c’est
gratuit. Il suffit de s’inscrire.

Avec cette application, on a accès à beaucoup d’information dont près de 14 000 plans de
drainage numérisés. Ces plans incluent généralement l'identification des drains réellement
installés. Il est possible de les télécharger gratuitement.

Ce site facilite la prise de décisions touchant l’aménagement et la gestion des sols et des
cultures. Les photos aériennes de printemps permettent de repérer à l'intérieur des champs les
endroits affectés par une érosion importante lors de la fonte des neiges, de même que les
surfaces plus humides du sol.

L'application contient les données suivantes :

• Limites municipales
• Réseau routier (Statistiques Canada)
• Compilation cadastrale (vieux cadastre)
• Rénovation cadastrale (nouveau cadastre)
• Pédologie des sols
• Localisation des plans de drainage téléchargeables
• Relevés d'élévation des champs
• Carte hydrographique
• Les cultures des années antérieures (plan de rotation)
• Photos aériennes été 2009 (sauf Communauté métropolitaine de Montréal)
• Photos aériennes avril 2009 (Communauté métropolitaine de Montréal)
• Photos aériennes avril 2006 (sauf Communauté métropolitaine de Montréal)
• Photos aériennes 2000

Pour en savoir plus sur le microbiome des sols :

Pour en savoir plus :

Figure 15. Webinaire santé des sols


– Le microbiome des sols agricoles

24
L’ANALYSE DE SOL
L’analyse de sol nous indique la quantité d’éléments nutritifs qui est disponible à la plante (dans la solution
du sol et légèrement fixés). Généralement les informations que l’on y retrouve sont les valeurs de : P, K,
Mg, Ca, CEC, pH eau, pH tampon, bases échangeables, Matière organique. Les éléments mineurs sont
disponibles lors d’une demande spéciale.

À quoi cela sert-il ?

✓ Fabriquer une formulation d’engrais équilibrée


✓ Éviter les gaspillages dus à une évaluation approximative.
✓ Meilleur rendement économique.
✓ Évaluer la fertilité et l’équilibre chimique du sol.
✓ Permettre d’évaluer la quantité de chaux à appliquer.

Le prélèvement de l’échantillon de sol

Zones à éviter : bordure de champs, le long des routes, pou ancien site pour fumier ou compost.

Périodes à éviter : les jours suivants une forte précipitation, 2-3 semaines suivant l’application d’engrais

Quand faire les prélèvements : en tête de rotation, à l’an ou 2 ans dans les cultures sarclées. Été ou
début d’automne, ou bien toujours le prendre à la même période. Selon l’article 29 du REA, l’analyse ne
doit pas être antérieure de plus de 5 ans à l’année de fertilisation.

Les Choix d’analyse de sol


• Analyses standard (de champ) : Analyse PAEF , Analyse BASE , analyse BASE + matière
organique , Oligo-éléments.
• Analyses SSE (de serre) : Base , complète :

25
Les résultats d’analyse de sol

Besoins CEC et M.O. =


en chaux Fertilité naturelle
des sols Fixation du
P K Ca Mg, Al, M.O. et
P dans le
oligo-éléments :
sol
Recommandations

Équilibre des
éléments
dans le sol

26
Principes de base de la fertilisation des cultures

Des approches variées ont été développées pour établir les recommandations de fertilisants. Il est
convenu d’utiliser la méthode SLAN.

Maintien du niveau suffisant (SLAN) = fertilisation de la culture.

a. Sufficiency Level of Available Nutrient.


b. Depuis plusieurs années la fertilisation des cultures au Québec est basée sur le concept
de suffisance nutritive.
c. La méthode SLAN détermine la quantité d’éléments minéraux disponible à la plante dans
le sol, et détermine la quantité optimale de fertilisant à ajouter, afin d’observer une
réponse de la plante.
d. À partir de ce concept, des grilles de fertilisation ont été élaborées à partir de résultats
analytiques selon la méthode Mehlich-3 (analyses de laboratoire) qui est un extractif qui
mesure les éléments disponibles dans la solution du sol.
e. L’approche SLAN est utilisée par 43 états américains, l’Ontario et le Québec.
f. Tient compte du rendement économique.

La salinité du sol

La salinité est une mesure de la concentration des minéraux dissous dans le sol. Surtout utilisée en
production en serre ou en contenant combinée avec la fertigation. On évalue la salinité en mesurant la
conductivité électrique du sol entre 2 électrodes. Plus le courant passe, plus la mesure est élevée et plus
le sol est riche et vice versa. Toutefois, cette mesure ne donne aucune idée de ce qui est en excès ou en
carence.

Les plantes peuvent tolérer une salinité maximale de 3 à 4 mS/cm ou une concentration en sels de 3 à 4
grammes par litre de solution du sol (la partie liquide du sol).

NIVEAU DE SALINITÉ MÉTHODE SSE (mS/cm) MÉTHODE 1:2 (mS/cm)


Très pauvre 0-0,75 0-0,25
Pauvre 0,75-1,5 0,25-0,5
Moyenne 1,5-2,25 0,5-1,5
Riche 2,25-3,5 1,5-2,25
Très Riche 3,5-5 2,25-3,50
Excessive >5 >3,5

Voir : Pro-Mix

27
LE PH DU SOL ET LA CHAUX
Le pH du sol n’affecte pas les rendements des cultures par le simple effet de l’acidité sur la
plante, mais plutôt par son action sur la disponibilité des éléments fertilisants qui peut varier au
point de créer des carences ou des toxicités qui affecteront la croissance des plantes.
Le pH conditionne aussi l’activité biologique du sol dont dépend la mise en disponibilité de
nombreux éléments fertilisants ainsi que l’amélioration des propriétés physiques du sol.
Le chaulage constitue une pratique agronomique importante pour assurer la productivité des
sols.

Qu’est-ce que l’acidité


L’acidité du sol, c’est la quantité d’atomes ionisés d’hydrogène qui sont présents dans la
solution du sol.

H H H
H O
O

Alcalinité :
Acidité : ions
Ions hydroxydes libres d’hydrogènes libres dans
dans l’eau l’eau

L’hydrogène en solution est le plus petit ion avec une charge positive. Il peut facilement prendre
la place de tous les autres ions.

28
Le pH

✓ Le pH du sol c’est une mesure de la pH Quantité relative de H+ Acidité


quantité d’ions d’hydrogène présents dans
5 100 fois Acide
la solution du sol. L’échelle se répartit de 0
à 14. 6 10 fois H+>OH-
7 1 fois Neutre
✓ On la mesure avec un instrument appelé
pH-mètre. H+=OH-
8 1/10 Alcalin
✓ Eau pure : pH=7 ou 1/107
9 1/100 H+<OH-

pH acide: 0 à 6 ( beaucoup de H+ dans la solution )


pH neutre: 7 (la quantité de H+ et de OH- est en équilibre dans la solution)
pH alcalin: 8 à 14 (peu de H+ dans la solution)
pH agricole: 5 à 8
pH idéal en agriculture pour une majorité de cultures : 6.5

Figure 16. Quelques exemples de pH (AlloProf, 2019).

29
Les causes de l’acidification des sols agricoles

1. Les engrais azotés ammoniacaux et autres sources d’azote

Les engrais ammoniacaux (*) (azotés) apportent au sol de grandes quantités d’ions ammonium (NH4+) qui,
au cours de leur transformation en nitrates, libèrent des ions H+ qui acidifient le sol. L’urée passe par un
processus similaire et contribue-t-elle aussi à l’acidification du sol.

(*) 27.5-0-0, 34-0-0, 32-0-0, 18-46-0, 11-52-0, 46-0-0.

2. L’activité biologique

L’activité biologique du sol entraîne la production d’acides organiques qui contribuent à l’acidification du
sol. L’activité biologique augmente aussi la quantité de C0 du sol qui résulte en la formation d’acides
faibles qui contribuent à l’acidification des sols acides (pH < 6,3).

3. Les précipitations acides

Les précipitations acides, provenant des aciéries du centre est des E-U, ne sont plus un enjeu. Ce
phénomène était plutôt observé dans les années 80 et 90.

4. Roche mère acide

Notre roche mère initiale est acide, entraînant lors de sa décomposition des éléments acides.

5. Prélèvement par les plantes et lessivage du Calcium

Les plantes prélèvent en moyenne 30 à 100 kg/ha de CaO par année.

Les sols à faible capacité cationique ont tendance à perdre du Ca par les eaux de drainage.

30
L’acidité et la disponibilité des éléments nutritifs du sol

On a longtemps cru que l’acidité du sol était nuisible aux plantes. C’est plutôt la disponibilité
des éléments qui en découle.
Le degré d’acidité est différent entre un sol minéral et organique. Les sols organiques amendés
peuvent tolérer une plus grande acidité, car les terres noires sont plus riches en bases actives
(chaux et magnésie) et moins chargées d’éléments toxiques que les sols minéraux de même pH.
✓ La détermination du pH optimal pour l’agriculture est en fonction de la disponibilité des
éléments nutritifs (pouvant se retrouver dans la solution du sol, donc devenant disponible à
la plante).
✓ Pour que tous les éléments soient disponibles à la plante, le pH doit être de 6,3 à 7,0.
✓ Sur le complexe argilohumique, plus le pH est acide et plus de H+ y seront liés, donc moins
d’espace pour les bases échangeables, et vice versa.

Tableau 1. Disponibilité des éléments nutritifs contenus dans les engrais en fonction du niveau d'acidité du sol.

Acidité du sol Azote Phosphore Potassium

Extrêmement acide : pH 4,5 30% 23% 33%

Fortement acide : pH 5,5 77% 48% 77%

Moyennement acide : pH 6,0 89% 52% 100%

Neutre : pH 7,0 100% 100% 100%

31
La réaction du sol et les effets du chaulage

Le chaulage consiste en l’application de pierre à chaux au sol dans le but de neutraliser l’acidité avec
l’aide du calcium et du magnésium.

La réaction du sol à une application de pierre calcique :

• 1re étape : Ca(OH)2 ↔Ca2+ + 2 OH-


• 2e étape : le complexe donne 2H+ pour 1 Ca 2+ qui se fixe au complexe tout en formant
2H2O

Le pouvoir tampon des sols

C’est la résistance des sols aux variations de pH. Il y a équilibre entre les hydrogènes du colloïde et de
ceux de la solution du sol. Donc, si on veut changer l’acidité active (de la solution du sol), il faut
considérer ce qui est fixé sur le complexe (l’acidité potentielle).

Les sols argileux ou organiques Se neutralisent moins vite, car leur pouvoir tampon est fort et a la
capacité de conserver plus longtemps son bon pH.

Les sols sableux Se neutralisent vite, car leur pourvoir tampon est faible et demandent moins de chaux
pour neutraliser et perdra plus vite sa neutralité.

Les effets d’un chaulage

• Augmente la rentabilité en mettant à la disposition des plantes les éléments nutritifs du sol.
• Neutralise l’acidité du sol en remplaçant les H+ fixés sur le complexe par le calcium (Ca2+) et le
magnésium (Mg2+).
• Permets au complexe d’être plus stable en formant des agrégats avec le calcium et le
magnésium et de permettre une meilleure structure.
• Diminue la toxicité en aluminium, en fer, et en manganèse.
• Augmente la vie et l’activité des micro-organismes du sol qui décompose la matière organique
(minéralisation), apportant ainsi du phosphore et du bore
• Aide l’inoculation des légumineuses

32
Évaluation du besoin en chaux
✓ Le pH eau = acidité de l’eau du sol (relation directe avec l’efficacité des engrais,
des micro-organismes et des plantes)
✓ Le pH tampon = acidité de réserve du sol (relation directe avec la quantité de
chaux à mettre)
✓ L’indice en chaux=10 x pH tampon

Les types et les qualités de chaux agricoles

La chaux agricole provient de dépôts sédimentaires de pierres calcaires naturelles répartis un


peu partout au Québec.

Les types de chaux


• Chaux brutes
o Pierres à chaux fragmentées ou pulvérisées en poudre
o Les différentes sortes ou richesses dépendront du site ou du dépôt calcaire.
o L’effet maximum se produit après 2 ans (durée de 5ans).
• Chaux calcique:
o poudre de carbonate de calcium CaCO3
o < 1,3% de Mg
• Chaux dolomitique:
o poudre de carbonate de calcium et de magnésium CaMg(CO3)2
o 11,7 à 13,1% de magnésium
o Règle générale, si les rapports d’analyse de sol indiquent des teneurs en Mg inférieures à
100 kg/ha
• Chaux transformées
o Chaux provenant de pierre à chaux cuite.
o Cette transformation produit du gaz carbonique (CO2) et un produit de décomposition
de l’oxyde de calcium (CaO) ou chaux vive (utilisé dans les étables).
• Chaux hydratée: Ca (OH)2
o Oxyde de carbone qui est hydraté.
o Neutralise très rapidement le pH et son effet est de courte durée (1 an).
o Désorganise l’activité biologique du sol.
o Coûte cher.
o Incorporer au sol au moins deux semaines avant le semis.
o 3 à 5 tonnes/ ha

33
Les qualités des chaux
• Pour assurer la qualité de la pierre à chaux vendue au Québec, le bureau de normalisation du
Québec (BNQ) administre la norme concernant la pierre à chaux agricole.
• La valeur d’un amendement calcique dépend de deux facteurs clés. Le pouvoir neutralisant et la
finesse de mouture. Ces deux facteurs résultent sur l’indice de valeur agricole (I.V.A.), indice
important pour calculer le besoin en chaux pour neutraliser l’acidité du sol.

Pouvoir neutralisant (P.N.)


• Mesure, en %, qui indique la capacité de la chaux à combattre l’acidité.
• Elle est comparée au CaCO3 pur qui a une efficacité de 100%.
• Selon les normes du bureau de normalisation du Québec, une chaux qui est considérée comme
un amendement calcaire doit avoir un P.N. >85%.

La finesse de mouture
• La pierre à chaux doit se dissoudre dans l’eau du sol pour neutraliser l’acidité environnante. La
vitesse de dissolution est contrôlée par la surface du matériel en contact avec la solution.
• Elle indique la rapidité à laquelle la chaux réagit ou neutralise l’acidité du sol.
• Plus une chaux est fine, plus elle réagira rapidement pour corriger le pH.
• Selon les normes du bureau de normalisation du Québec, une chaux qui est considérée comme
un amendement calcaire doit avoir une finesse de mouture de 73% d’efficacité (la chaux fine
peut avoir une efficacité de 85%).

L’indice de valeur agricole (I.V.A.)


• C’est l’indice ultime de la qualité de la chaux. Il faut multiplier le Pouvoir neutralisant par
l’Efficacité de finesse de mouture.

P.N X finesse de mouture X 100 = I.V.A.


0.85 X 0.73 X 100 = 62%

34
Correction de l’acidité du sol et calcul des besoins en chaux des sols

pH eau (acidité active)


• Mesure l’activité des H+ dans la solution du sol.
• Cette mesure nous indique si le sol a besoin d’être chaulé, mais pas la quantité de chaux à
appliquer pour obtenir un pH optimum selon la culture (voir le Guide de Fertilisation).

pH tampon (acidité potentielle)


• Mesure la quantité de H+ fixés sur le complexe argilohumique et dans la solution du sol.
• Elle sert à déterminer les besoins en chaux.

Les facteurs qui influencent la quantité de chaux à épandre

L’acidité de réserve
• Les sols ayant une C.E.C. élevée résistent plus à un changement de pH, donc aura besoin plus de
chaux pour augmenter son pH.
• C’est le pH tampon qui détermine la quantité de chaux que l’on doit appliquer puisqu’il nous
représente l’acidité totale du sol.

Les exigences des cultures


• Chaque culture a des besoins en chaux différents selon leur pH optimum exigé.
Exemples :
Pomme de terre: 5.5
Luzernière: 6.5 à 7.0

Maïs grain: 6.5

c. La profondeur du travail du sol


• Les recommandations sont faites pour un travail de 17 cm.
• Les pratiques minimales de conservation des sols devront réduire la dose de chaux pour ne pas
sur chauler la partie superficielle.

d. L’ I.V.A.
• Plus la chaux à un indice élevé, moins grand sera la quantité à appliquer pour corriger le pH du
sol.

35
Calculs et recommandations en chaux

Étapes :

1. Vérifier si le sol a besoin d’être chaulé grâce au pH eau et du pH optimal pour la culture;
2. Vous devez avoir les informations suivantes : l’IVA de la chaux choisie, la profondeur
d’enfouissement ou de travail du sol;
3. D’après le pH tampon, vous déterminez le besoin en chaux (tonne/ha) en vous référant au guide;
4. Vous calculez la quantité de chaux appliquée réellement selon les informations en #2. On parlera
alors de la recommandation finale en chaux.

FORMULE :

Recommandation finale chaux (T/Ha) =

Chaux init. (T/Ha) X profondeur de travail finale (cm) X IVA initiale x % M.S. init.

Profondeur de travail initiale (cm) X IVA finale x % M.S. finale

En sachant le prix à la tonne, on peut alors déterminer le coût pour chauler la parcelle.

36
Le fractionnement de la chaux et les périodes d’application

Le sol peut supporter une certaine dose de chaux sans risquer d’induire des déséquilibres ioniques. On
doit fractionner la quantité de chaux si les besoins à étendre sont plus grands que 8 tonnes/ha. Et, règle
générale, on fractionne dès que :

• Argile > 9 tonnes/ha


• Sable > 7 tonnes/ha

Recommandation pour l’application de la chaux agricole sur les sols

La chaux peut être appliquée en tout temps. Toutefois, les facteurs suivants doivent être respectés :

• Choisir des périodes où la portance du sol est bonne afin de réduire les risques de compactage;
• Éviter les sols gelés, l’activité biologique accélère la décomposition de la chaux, nécessitant de la
chaleur et de l’humidité;
• Éviter, lorsque possible, le contact de la chaux avec un fumier fraîchement épandu et non enfoui.
Le carbonate de la chaux favorise la volatilisation de l’azote ammoniacal du fumier. Cet aspect
est d’autant plus important que le fumier ou lisier est riche en azote ammoniacal et que le temps
est chaud, sec et venteux;
• Éviter l’application de chaux contenant une portion significative d’hydroxydes sur la végétation
au cours de la saison de croissance afin de ne pas causer de brûlures au feuillage. Il est
recommandé d’attendre environ une semaine après l’incorporation au sol avant d’effectuer un
semis;
• Appliquer de petites doses chaque année;
• Vérifier le pH à chaque 3 ans ou après un cycle de rotation;
• Le chaulage des prairies peut s’effectuer après la première ou la deuxième coupe même si la
culture ne doit pas être labourée au cours de l’automne à venir.

37
L’AZOTE ET MATIÈRE ORGANIQUE

L’azote est l’élément le plus important avec le phosphore, le calcium et le soufre. Il est la base
des éléments structuraux de la plante. Il est l’élément essentiel à la synthèse des acides aminés
ainsi que des protéines de tous les êtres vivants.

Contrairement au calcium, au potassium et au phosphore, l’azote que l’on trouve dans le sol
sous plusieurs formes ne provient pas de la dégradation des roches. L’azote (l’élément chimique
N) provient de l’atmosphère. L’air contient 80% d’azote sous forme gazeuse et c’est la seule
source primaire qui doit être captée pour être utilisée par les plantes.

Figure 17. Le cycle de l'azote (Gauthier 2010)

Pour en savoir plus :

Figure 18. Understanding Our Soil The Nitrogen Cycle,


Fixers, and Fertilizer

38
Fixations atmosphériques, biologiques, et chimiques de l’azote de l’air
en azote minéral.

Il existe trois façons de fixer l’azote de l’air (N2)

1. Fixation atmosphérique ( 1%) :

N2 +3O2 2 (NO3)

2. Fixation biologique (Symbiose Rhizobium/Légumineuse, azotobacter …) :

N2 +3O2 2 (NO3)

3. Fixation chimique (synthèse des engrais minéraux) :

N2 + CH4  NH3 + CH3

Utilisation de l’azote minéral formé.

• Absorbé par la plante


La plante absorbe l’azote principalement sous forme de NO3- (nitrate). L’azote peut être absorbé sous forme
ammoniacale par le feuillage (en viticulture par exemple). La préférence des plantes pour soit l’NH4+ ou le NO3-
est déterminée par l’âge, le type de plante, l’environnement, etc.

• NO3- et /ou NH4+: Maïs, céréales, pommes de terre


• NO3- : tomates, céleri, courges, tabac
• NH4+ : bleuets

• Fixé au Complexe Argilo Humique (CAH)


L’azote sous forme de NH4+ sera fixé au complexe.

Pour en savoir plus :

Figure 19. Le complexe argilo humique :


sa réactivité avec les ions et son importance
dans l'agriculture

39
Transformation de l’azote minéral

NH4NO3
Solubilisation

Dénitrification Nitrate d’ammonium


Nitrification

NO3- NH4+
NO3-
Réorganisation

NO2- Absorbé par


Fixé au
les plantes
complexe
présentes

Minéralisation
Lessivage

NH4+

Figure 20. Transformation d'un engrais minéral azoté

Nitrification
C’est la transformation de l’azote sous forme ammoniacale NH4+ en nitrate NO3- par les bactéries du sol
sous différentes conditions du sol : Sol chaud, bien drainé et à pH neutre

Dénitrification
C’est la transformation du nitrate NO3- en nitrite NO2- . Ce dernier étant très instable, se transforme
rapidement en azote gazeux N2, par les bactéries dénitrifiantes, sous différentes conditions du sol soit :
un sol acide, froid et très mal drainé (eau stagnante).

Les micro-organismes utilisent l’oxygène dans les nitrates pour survivre dans un milieu anaérobie.

Minéralisation
Il s’agit de la décomposition de la matière organique par les micro-organismes du sol, qui bouffent
l’azote pour se procurer de l’énergie nécessaire à leur survie. Le surplus d’azote non bouffé sera libéré
sous forme de NH4+ puis transformé en NO3- grâce à la nitrification.

40
Les rôles de l’azote dans la plante
L’azote absorbé sous forme de nitrate formera les acides aminés puis les protéines, éléments
constructifs de la plante.

Il entre dans la composition de la molécule de chlorophylle.

Dans la plante, il favorise donc:

1. La croissance rapide des tissus végétaux.


2. Augmente la coloration verte des plantes.
3. Constitution des réserves azotées dans les grains.
4. Les légumes et les fruits moins fibreux, plus tendres, les tissus plus gorgés d’eau.
5. Les racines se développent plus rapidement, entraînant une absorption plus grande en
eau et en minéraux.

L’azote est un élément mobile dans la plante.

• Carence : feuilles du bas jaunissent complètement.


• Excès :
o Retarde la maturité, due à l’allongement excessif de la période végétative.
o Une sensibilité plus grande des tissus aux maladies à champignon.
o Sensible au gel, à la verse, mauvaise conservation des légumes.

Les sources d’azote


Deux grands groupes de source d’azote existent, soient :

Azote organique d’origine animale ou végétale


• Ils sont peu concentrés en éléments.
• Ils sont composés de plusieurs éléments nutritifs, les considérants comme engrais complets.
• Peuvent augmenter la matière organique pour certain, donc considérer comme amendement.
• Doivent être minéralisés pour relâcher leurs éléments.
• Besoin d’une bonne température, d’humidité et de flore microbienne pour être minéralisés.
• Certains sont dispendieux.

Exemples : Fumier, lisier, compost, engrais verts, humus du sol (1 à 3 % d’azote relâché/an sous nos
conditions nordiques), sang séché (8-14%), farine de poisson (4-10%), poudre d’os (3-5%, 20-35%
phosphore)

Cette forme d’azote est liée à de la matière organique ou reliée à un carbone. Sous cette forme, l’azote
dans le sol est inutilisable ou inaccessible par la plante. Pour être utilisée, elle doit être décomposée par
les micro-organismes du sol afin d’être libérée dans la solution du sol. C’est ce que l’on appelle la
MINÉRALISATION.

41
Azote minéral
L’azote minéral doit être fabriqué en usine par des réactions chimiques. Les usines de fabrication se
retrouvent principalement en Ontario et aux États-Unis.

Le procédé de fabrication des principaux engrais azotés de base débute avec de l’ammoniac (NH3) formé
avec de l’azote gazeux (N2) et du méthane (CH4). À partir de cet ammoniac et d’autres éléments
chimiques, il y aura formation des différentes sources d’azote minéral ou engrais azoté que l’on utilise en
agriculture.

Tableau 2. Liste des engrais azotés, leur formulation et leur forme chimique.

Nom de l’engrais Formulation Forme chimique Caractéristiques


Urée 46-0-0 CO (NH2)2 •Forme granulaire la plus employée
•Appliquée à la volée avant le semis
•Acidification plus tardive
•Effet plus long, car le NH4+ doit se nitrifier
•Volatile si pas enfouis NH4+ NH3
(instable) NO3-

Nitrate d’ammonium 34-0-0 NH4NO3 •N’est plus utilisé en champ, car trop
agglomérant.
•Utilisé en serre
•Acidifie
•Inflammable

Nitrate d’ammonium 27,5-0-0 NH4NO3 • Forme granulaire la plus employée


calcique C.A.N. (+MgCO3 + CaCO3) • Appliquée sur culture primeur prairie et
gazon tôt en saison, car en sol froid le
NO3- est rapidement disponible
• Appliquée en post-levée pour stimuler la
reprise végétative
• NO3- lessivable
Phosphate diammonium 18-46-0 (NH4)2HPO4 • Forme granulaire la plus employée, car
(D.A.P.) contiennent deux éléments
• Utilisé dans les démarreurs à maïs
• À la volée avant le semis
• Réaction alcaline
• NH4+ favorise l’assimilation du phosphore
par les racines

Phosphate monoammonium 11-52-0 NH4 H2PO4 • Forme granulaire


(M.A.P.) • À la volée avant le semis
• Apporte quelques éléments secondaires et
mineurs en petites quantités
• Réaction acidifiante
• NH4+ favorise l’assimilation du phosphore
par les racines

42
Ammoniaque anhydre 82-0-0 NH3 • Engrais de départ
• Trop concentré pour être utilisé comme tel
• Liquide qui doit être injecté

Solution azotée 32-0-0 NH4NO3 • Appliqué liquide en post-levée dans le maïs,


28-0-0 incorporé à 5cm.

Sulfate d’ammonium 21-0-0 (NH4 )2SO4 • Utilisé pour la pelouse, car sa dégradation
est lente et apporte du soufre

Nitrate de calcium 15-0-0 Ca (NO3)2 • Utilisé en serre, sous forme de poudre soluble
• Salinité basse
• dispendieux

Nitrate de potassium 13-0-44 KNO3 • Utilisé en serre, sous forme de poudre soluble
• Salinité basse
• dispendieux

Calculs de recommandation d’engrais azoté

Formule :

Besoin à combler (kg/ha) = (% d’élément de l’engrais) X qtés d’engrais choisies (kg/ha)

100

Exemple :

Si on doit compléter un besoin de 50 kg/ha d’azote dans le maïs et la source d’azote est le 27,5-0-0 (27, 5
% d’azote dans la formulation), combien de cet engrais dois-je appliquer pour combler le besoin ?

50 kg/ha  .275 = 182 kg/ha

Et, si on prend du 46-0-0 ... alors,

50 kg/ha  .46 = 109 kg/ha

43
LE PHOSPHORE

Le phosphore est largement répandu dans la nature. Il n’est jamais à l’état libre. On le retrouve
généralement sous forme de phosphate et d’apatite. On les extrait de mines sous forme de roches de
phosphate.

Absorption par la
plante

Engrais Résidus végétaux et


animaux

P adsorbé

Matière organique
Phosphore en du sol
solution P microbien
(H2PO4-, HPO42-)

Minéraux
secondaires
FePO4, AlPO4,
CaHPO4
Lessivage

Minéraux
primaires

44
Caractérisation du phosphore dans le sol
Le phosphore est fixé au sol:
• Se fixe à des composés positifs tels que Ca2+ Mg2+ Fe3+ Al3+
• Dans les feuillets d’argile (très insoluble).
• À la matière organique (+ou- insoluble).
• Au complexe argilohumique (solubilisation moyenne).
• Au fer et aluminium en pH acide.
• Au calcium et magnésium en pH alcalin.

L’énergie de fixation du phosphore dépend du pH

• Entre le pH 5,5 et pH 7, le phosphore est le plus utilisable. Il est fixé en grande partie sur
les argiles.
➢ < pH 5,5, la fixation par le fer et l’alumine devient forte, de plus en plus.
➢ pH 7, le calcium forme avec le phosphore des phosphates de plus en plus
insolubles.

Le phosphore est en très grande quantité dans le sol, même dans les sols considérés comme
pauvre
• Dans la couche de labour, plusieurs centaines de kilogrammes de phosphore/ha sont présents,
mais seulement 10-20% sont disponibles pour la plante.
• Suite aux phénomènes d’altération des minéraux par l’activité biologique et réactions chimiques,
le phosphore devient graduellement disponible à l’absorption par les plantes.
• L’analyse de sol nous indique le phosphore disponible dans la solution du sol ou légèrement fixé.

Le phosphore est peu mobile dans le sol


• S’il n’est pas absorbé par la plante, il est rapidement fixé.
• Important de le placer près des racines de la plante, car les racines des plantes ne peuvent
prendre le phosphore situé à plus d’un millimètre, d’où l’importance des mycorhizes racinaires.

Les mycorhizes sont des champignons qui forment un “enracinement fongique” qui présente une surface
spécifique beaucoup plus importante que celle des racines non colonisées. Ceci permet une amélioration de
l’absorption du phosphore et du zinc notamment. Les mycorhizes sont très importantes pour l’acquisition
du phosphore par les plantes indigènes se développant sur des sols pauvres en phosphore. Utilisés en serre
pour la culture de la tomate ... Mycorhize célèbre : la truffe.

Dans un sol froid, le phosphore est moins disponible


• Plus le sol est froid et moins l’activité microbienne est intense, donc le phosphore ne sera pas
dégagé donc moins disponible.
• Par ailleurs, lorsque le sol est froid, le système racinaire des plantes agricoles ne s’allonge pas.

45
La matière organique aide à la disponibilité du phosphore
• La décomposition de la matière organique libère des acides organiques qui attaquent les
composés insolubles (feuillets d’argile) contenant du phosphore et le libère dans la solution du
sol.

Les rôles du phosphore dans la plante


Stimulation de la croissance des racines
Un apport localisé de phosphore (et nitrate) entraîne une prolifération des racines dans cette zone. Par
contre, on a constaté moins de réponses de la racine à des apports localisés de potassium ou
d’ammonium.

Maturation des grains


Pour les céréales, des teneurs élevées en phosphore réduisent le temps de maturité et donnent une
paille plus solide.

Formation des graines nécessite du phosphore


Des quantités importantes de phosphore sont stockées dans les semences sous forme de phytine.

Améliore la qualité des fruits et légumes et des grains


En métabolisant et transportant les glucides et protides dans les organes de réserves.

Aides à la résistance au froid, à la verse et aux maladies


Entre dans la composition des membranes cellulaires.

Accélère le processus de maturité des récoltes.

Le phosphore est un élément non mobile dans le sol, mais mobile dans la plante.

• Excès : plutôt rare, problèmes environnementaux surtout et quelques fois antagonisme au Zinc.
• Carences : le phosphore est un élément majeur mobile, donc les vieilles feuilles auront les
premiers symptômes.
▪ Les plantes carencées en P ont une croissance ralentie.
▪ Elles sont chétives et ont un aspect rigide
▪ Les feuilles âgées sont d'abord vert foncé, puis rouge violet.
▪ La tige peut également prendre une couleur rougeâtre.
▪ À un stade ultérieur, les feuilles âgées meurent.

Par exemple, chez le maïs et la tomate : couleur pourpre dans la portion inférieure de la tige.

46
Formes de phosphores absorbées par la plante
• H2PO4- : la forme ions orthophosphates est la plus absorbée par la plante dans le sol. Cette forme
est la plus répandue entre pH: 5 et 7,5.

• HP042- : au-dessus de pH 7,5 c’est la forme de phosphore qui apparaît et la plante peut
également l’absorber sous cette forme.

• P2O5 : forme du phosphore stabilisé, car jamais nous ne retrouvons du phosphore seul dans la
solution du sol. C’est la forme qui est exprimée lorsque l’on recommande les besoins en
phosphore suite à l’analyse de sol.

Les sources de phosphore


Sources organiques
• Poudre d’os 20-25%, Phosphate de roche 30%, Fumier, lisier, engrais vert, compost.

Sources minérales
Provenant de mines de phosphate de roche, des gisements naturels, en Floride, Caroline du Nord,
Espagne, Afrique du Sud et de Chine.

Pour en savoir plus :

Figure 21. Éléments nutritifs


et phosphore dans le sol-Le
point de vue moléculaire

Figure 22.
Phosphorus Cycle

47
Les types d’engrais minéral phosphaté et leurs caractéristiques

Nom de l’engrais Formulation Forme chimique Caractéristiques

Superphosphate triple 0-46-0 Ca(H2PO4)2 • Se fixe rapidement au sol

• Principale source de phosphore utilisée


dans les engrais composés.

Superphosphate 0-20-0 Ca(H2PO4)2 + • Excellente source de soufre (luzerne et


simple CaSO4 légumineuses).

• Peu utilisé au Québec

DAP 18-46-0 (NH4)2HPO4 • Réaction alcaline dans le sol

Phosphate • Engrais le plus vendu au Québec


diammonium
• Source d’azote ammoniacal et de
phosphore

MAP 11-52-0 NH4H2PO4 • Réaction acide dans le sol

phosphate • Contiens des éléments secondaires et


monoammonium mineurs contrairement au DAP

• Source d’azote ammoniacal et de


phosphore

• À utiliser si on utilise de l’urée

Hyper P 11-38-0 • L’hyper P est constitué d’une tourbe


spécifique et d’engrais minéraux. La
matière organique de la tourbe protège le
phosphore et le rend plus disponible pour
les cultures.

48
LE POTASSIUM
La teneur du sol en potassium total peut être très élevée, mais n’est pas toujours disponible à la plante :

Potassium disponible :
o Inclus le potassium de la solution et la plupart du potassium échangeable, retenu à la
surface des particules d’argile et d’humus.
o La concentration dans la solution du sol peut être inférieure à 2% du potassium total.

Potassium lentement disponible :


o Il représente de 1 à 10% du potassium total du sol et inclus surtout le potassium fixé et
non échangeable. Il est lentement mis à la disponibilité de la plante.

Potassium est aussi un constituant de l'argile et de la roche mère


o Le potassium contenu dans les minéraux du sol, par exemple les micas et feldspaths, ce
qui représente près de 90-98% du potassium dans le sol, n’est pas disponible pour la
plante.

Aussi, les conditions de sol vont affecter les teneurs en potassium :


o Les sols froids ralentissent la diffusion de K vers la rhizosphère et l'absorption par la
racine est aussi ralentie.
o Le pH du sol à moins d’effet sur la disponibilité du potassium que sur celle d’autres
éléments nutritifs (P et oligoéléments).
o La CEC a un effet important sur la disponibilité du potassium. Ainsi, la disponibilité est en
générale plus faible dans des sols à texture grossière à faible CEC et élevée dans les sols
à texture fine à CEC élevée. (Le pouvoir fixateur du sol dépend généralement de sa
teneur en argile).

49
Engrais Résidus végétaux et animales
PLANTE

Potassium dans la solution du sol

Lent Potassium à la surface des argiles (disponible) Très lent

Potassium constituant des argiles

Potassium constituant de la roche-mère

Figure 23. Cycle du Potassium

Les rôles du potassium

o Réserves glucidiques :
▪ Production, transport et stockage des sucres dans la plante. Remplissage des grains
(amidons). C’est pourquoi les plantes cultivées pour leurs réserves de glucides (pommes de
terre, betteraves, carotte, vivaces) sont sensibles aux manques en potassium.
o Résistances à la sécheresse et aux maladies :
▪ Favorise la photosynthèse et interviens dans l’équilibre acido-basique des cellules. Il
régularise les échanges intercellulaires et renforce la plante dans sa résistance à la
sécheresse et aux maladies.
▪ Les plantes bien alimentées en K ont des parois cellulaires plus épaisses, ce qui augmente
leur résistance à la verse ainsi qu'aux attaques de champignons et d'insectes.
▪ Le potassium améliore le rendement de l'assimilation chlorophyllienne et la résistance au
gel.

50
▪ Le potassium régularise l'économie de l'eau dans la plante et réduit l'évaporation; il en
accroît donc la résistance à la sécheresse. Régulateur osmotique.

o Est un activateur enzymatique; favorise la synthèse des ATP, le métabolisme de l’azote, et la


fixation symbiotique ...

Les formes de potassium et les carences.


o Le potassium est absorbé par la plante sous la forme ionique (K+) qui joue ses rôles dans la plante
sous cette même forme.
o Potassium de la solution du sol : Il s'agit de potassium sous forme de K+ qui est en solution dans l'eau
du sol. C'est à partir de là que la plante prélève le potassium dont elle a besoin.
o K2O : forme stabilisée. C’est sous cette forme que sont exprimés les besoins à combler en engrais
minéraux.

Carences
o Élément mobile dans la plante : les vieilles feuilles auront les premiers symptômes.
▪ Une chlorose apparaît et se développe à partir du bord des feuilles âgées, qui rapidement
finissent par dépérir.
o Les plantes carencées en potassium ont une production de matière sèche restreinte (hydrates de
carbone, protéines); pour les fruits, les légumes, le goût est moins agréable.
o La résistance à la verse, au gel et à la sécheresse se trouve réduite. La transpiration et la respiration
sont plus importantes. Les fruits et légumes se conservent moins bien.

Interaction entre K et Mg-Ca dans le sol et le lessivage du K


o Les sols à teneur élevée en magnésium (>30% de saturation de la CEC) peuvent entraîner une
réduction de l'absorption du potassium. Et vice versa (nous reverrons cette information dans le
chapitre du Magnésium.). Même chose pour le Calcium.
o Le potassium est relativement peu mobile dans le sol. Cependant, certains facteurs favorisent son
lessivage :

• La texture du sol : Le lessivage du potassium peut être considérable dans les sols sableux. Dans
ce cas, le fractionnement de l'apport de potassium est recommandé.
• La source de potassium : Le sulfate potasse (K2SO4) et phosphate de potasse (KH2PO4) sont
moins sujets au lessivage que KCl et KNO3 qui ont des ions accompagnateurs (Cl- et NO3-) plus
mobiles que SO4- et H2PO4-.

51
Interaction K et N
o Si manque de K, il y a concentration d’azote non protéique
o Le potassium est essentiel à la formation des protéines. Les graminées fourragères en font de la
consommation de luxe (attention à la fièvre du lait).

Les sources de potassium


Les sources organiques
o Cendres de bois (riche en calcium et en phosphore) peut contenir 5% de carbonate de
potassium.
o Farine et émulsion de poisson : jusqu’à 5 % de potassium.
o Fumier, lisier, engrais verts, compost.

Les sources minérales


o Déplacement du potassium suite à l’apport d’engrais potassique :
o Un apport d’engrais potassique va entraîner une augmentation du potassium de la
solution du sol et du potassium échangeable. Une fois ces deux groupes sont remplis,
une partie de potassium va se fixer entre les feuillets des argiles, en fonction des types
de l'argile présente dans le sol et ce potassium va devenir lentement disponible pour les
plantes.
o Le potassium suit un trajet inverse au précédent quand la plante absorbe le potassium de la
solution du sol. Quand cette fraction est épuisée, elle est réapprovisionnée par le potassium
échangeable en premier lieu et par le potassium fixé après.
o Les engrais potassiques se trouvent sous deux formes, chlorée ou soufrée. Le choix du type
d'engrais est fonction de la culture et de sa sensibilité au Chlore.
o Les engrais potassiques proviennent les gisements (mines) naturels sous forme de sels de
potasse. On retrouve les mines en Saskatchewan, Nouveau-Brunswick et au Nouveau-
Mexique.

Pour en savoir plus :

Figure 24. Potassium


requirements for plants

52
Broyé, Broyé, filtré
Mine de sel de potasse
filtré tamisé
tamisé

Muriate de potasse ou
Sul-Po-Mag ou Kmag
chlorure de potassium
(0-0-22-11)
(0-0-60)
Acide
Acide
nitrique
sulfurique

Nitrate de potasse
Sulfate de potasse
(13-0-44)
(0-0-50)

Figure 25. Les engrais potassiques

Tableau 3. Les caractéristiques des engrais potassiques.

Nom de l’engrais Formulation Forme chimique Caractéristiques


o Le plus utilisé comme engrais de base
Muriate de potasse ou (0-0-60) KCl o Solubilisation rapide si sol humide
chlorure de potassium o 47% de chlore, ne pas utiliser dans les cultures
de pomme de terre, arbres fruitiers,
framboisiers
o Excellente source de potassium, MAGNÉSIUM
Sul-Po-Mag ou Kmag (0-0-22-11) K2SO4 + 2 (MgSO4) et soufre
o Soluble dans l’eau
o 1.5 % chlore
o 2.1% de chlore
Sulfate de potasse (0-0-50) K2SO4 o Plus cher

o Utilisé en serres ou dans les mélanges à gazon


Nitrate de potasse (13-0-44) KNO3

53
LE CALCIUM, LE MAGNÉSIUM, LE SOUFRE ET LES ÉLÉMENTS
MINEURS

Incluant l’azote (N), le phosphore (P) et le potassium (K), on considère aussi le calcium (Ca), le
magnésium (Mg) et le soufre (S) comme des éléments majeurs. Les autres éléments sont identifiés
comme étant des éléments mineurs et des éléments traces métalliques. Parmi ceux-ci, on retrouve le
bore (B), le cuivre (Cu), le fer (Fe), le manganèse (Mn), le molybdène (Mo) et le zinc (Zn). On nomme ces
éléments mineurs ou oligo-éléments, car ils sont requis qu’en très petites quantités.

Une des caractéristiques de ces éléments, c’est leur disponibilité qui peut varier beaucoup selon le pH
de la solution du sol. On peut passer facilement d’une situation de carence à une situation d’excès.
Lorsque le pH s’élève (alcalinisation du milieu), on peut observer :

 Ca, Mg, S et Mo et  Zn, Cu, Mn, Fe

Le Calcium (Ca 2+ ou Ca ++)


Le calcium est un élément non mobile. La principale source est la chaux.

Une carence en calcium chez les plantes est généralement due à un manque d’eau plutôt qu’à un sol
pauvre en calcium. En effet, pendant des périodes de tension hydrique, le fruit et les nouvelles feuilles
ne transpirent pas autant que le reste de la plante. Ils ne reçoivent donc pas autant de calcium qu’ils en
recevraient normalement.

Cela peut produire des grappes de cellules aux parois cellulaires affaiblies, qui se désintègrent lorsque le
fruit se met de nouveau à croître rapidement.

À titre d’exemple, ce phénomène se manifeste par la pourriture apicale chez les tomates et des points de
croissance qui meurent (brûlure marginale des feuilles des choux-fleurs), cœur creux de la pomme de
terre, pourriture du cœur de la laitue, cœur noir du céleri.

Cela n’est pratiquement jamais un problème chez les cultures de céréales. Cependant, on observe que
les dicotylédones sont plus exigeantes que les monocotylédones.

Le calcium est un élément nutritif essentiel.


Il est nécessaire en petites quantités pour le métabolisme et la formation du noyau des cellules.

Il intervient en bien plus grandes quantités comme constituant des parois cellulaires (50 à 90 %). Ce rôle
n’est pas essentiel, mais il aide la plante en renforçant les parois cellulaires.

54
La quantité de calcium qu’absorbent les plantes est relativement petite. Et, la plupart du calcium se
retrouve dans les parties végétatives plutôt que dans le grain.

Le calcium est absorbé par les racines avec l’eau du sol.


Dans la plupart des sols, la quantité de calcium transmise aux racines est supérieure aux besoins de la
plante. L’excès est extrait de l’eau et s’accumule autour des racines. Ce dépôt de calcium n’est pas
évident chez les cultures annuelles, mais regardez les racines d’un arbre quand vous en aurez l’occasion.
Vous verrez qu’il y a souvent autour des racines une gaine de chaux, où le calcium a réagi avec le
carbonate libéré par les racines pour ainsi former du calcaire.

Disponibilité
Une carence est très improbable à un pH supérieur à 5,8. Les sols sableux acides, notamment destinés à
la pomme de terre, la fraise ou la pomme, peuvent entraîner des carences si l’analyse présente des
niveaux < 1000 kg/ha. La teneur habituelle des sols se situe autour de 5000 kg/ha.

Le Magnésium (Mg2+ ou Mg++)


Le Mg est un petit cation et est élément mobile. L’absorption est inhibée par le K, le NH4, le Ca et le Mn
(Compétition). Donc, attention aux excès de ceux-ci.

La plante absorbe plus vite et mieux le potassium versus le magnésium d’où un débalancement
alimentaire de la plante. On parle de consommation de luxe. Les risques surviennent lorsque le ratio K :
Mg >3 et Ca : Mg > 30 (fièvre du lait ...).

Les réserves globales du sol en magnésium sont relativement importantes sous des formes très peu
solubles.

On observe des risques de carence lorsque le niveau est <100 kg/ha dans le sable et < 150 kg/ha dans
des loams argileux.

Les rôles du magnésium:


o Synthèse des protéines
o Aide la plante à utiliser et à assimiler le phosphore
o S’accumule dans les organes de réserves.
o Constituant de la chlorophylle.

Le Mg est un élément mobile. Les carences observées : chloroses entre les nervures des vieilles feuilles,
accumulation d’amidon dans les feuilles au lieu des tubercules.

55
Source
Proviens d’une roche riche en magnésium. Cette roche sera traitée physiquement et chimiquement
pour obtenir les engrais que l’on utilise. La chaux dolomitique est la forme la plus économique de
magnésium.

o CalPoMag : Ca 23 %, Mg 4,5 %;
o SulPoMag : 0-0-22- 11 % de Mg;
o Oxyde de magnésium : 58 % Mg;
o Sel d’Epsom (sulfate de Mg) : 10 % de Mg (soluble).

Un contenu élevé en Mg améliore la valeur nutritive des aliments pour les ruminants et les humains
(sapidité).

Le Soufre (SO42- ou SO4--)


Les carences sont récentes. Jusqu'au début des années quatre-vingt-dix, les disponibilités en soufre du
sol n'ont pas été l'objet de préoccupations importantes en raison notamment des apports de soufre
atmosphérique (pluies acides). La forte réduction des retombées de soufre grâce à la lutte contre la
pollution atmosphérique a conduit à une diminution des apports en soufre à la plante.

Relativement rares il y a vingt ans, des carences apparaissent quand les agriculteurs ne compensent pas
ce manque de disponibilité en soufre.

Le soufre est un élément constitutif de beaucoup de protéines, au même titre que l'azote et le
phosphore. Il joue un rôle dans la formation des nodules des légumineuses. Il augmente la qualité des
protéines ainsi que la saveur des légumes.

Certaines espèces ont d'importants besoins en cet élément (par exemple les légumineuses et les
crucifères). Les carences se traduisent, par une réduction du nombre d'épis sur les céréales, une
diminution du nombre de siliques (canola) et de gousses pleines (légumineuses).

Il contribue à l’odeur des oignons, de l’ail et de la moutarde.

C’est un antioxydant : anticancer.

Malheureusement, le soufre baisse la sapidité des fourrages.

Le soufre est un élément non mobile donc les carences seront visibles sur les jeunes parties de la plante
(jaunissement).

56
Les oligo-éléments
Sept des 14 éléments nutritifs essentiels sont des éléments mineurs, soit :

bore (B-), cuivre (Cu2+), manganèse (Mn2+), molybdène (MoO42-), zinc (Zn2+), fer (Fe3+), chlore (Cl-).

Les oligo-éléments ou éléments mineurs sont essentiels à une bonne croissance chez les plantes, mais ils
sont requis en faible quantité, si on les compare aux éléments majeurs (N-P-K-Mg-S-Ca).

Le seuil entre carence et excès est très faible. Les oligo-éléments sont absorbés en très faibles quantités,
de l'ordre de quelques grammes à quelques centaines de grammes par hectare.

Les oligo-éléments et le pH du sol

Tous les oligo-éléments sauf le molybdène sont de moins en moins disponibles à la plante lorsque le pH
du sol augmente.

Les applications sont en prévention pour les cultures exigeantes qui ont tendance à être carencées, car
les premiers symptômes visuels sont difficilement perceptibles et lorsque cela devient visible, il est déjà
trop tard. La correction se fait surtout par application foliaire en pulvérisation.

Plusieurs types de sols ont tendance à être carencés: sols sableux, « surchaulés » ou à pH élevé, pauvres
en matière organique. Demandez une analyse complète de vos champs afin d’avoir une bonne idée.

La meilleure méthode pour prévenir les carences en oligo-éléments est d’appliquer un engrais organique
à toutes les années ou les deux ans. En effet, les fumiers contiennent des oligo-éléments (voir l’analyse
de fumier).

57
Tableau 4. Les engrais magnésiens, soufrés et calciques.

Nom de l’engrais (%Mg, %S, %Ca) Caractéristiques

Chaux calcique 32% calcium • Riche en CaCO3


• Source de calcium à peu de frais
< 1.3 % magnésium • Ne se solubilise pas rapidement
• Disponibilité sur plusieurs années
Chaux dolomitique 22% calcium • Riche en CaMg (CO3)2
• Source de calcium et magnésium à peu de frais
11.7 à 13.1 % • Ne se solubilise pas rapidement
magnésium • Disponibilité sur plusieurs années

Chaux hydratée 46% de calcium • Riche en Ca (OH)2


• Source de calcium à peu de frais
< 1.3 % magnésium • Se solubilise plus rapidement
• Disponibilité sur une année
Sul-po-mag 22% soufre • Excellente source de potassium, MAGNÉSIUM, et soufre
soluble à l’eau.
11% magnésium • Engrais granulaire appliqué au sol
• 1.5% de chlore
0-0-22-11

Oxyde de magnésium 58% de magnésium • en pulvérisation foliaire, en serriculture


• trop concentrée pour être appliquée granulaire au champ
Sulfate de magnésium ou 13% de soufre • En pulvérisation foliaire
sel d’Epson • Utilisé en agriculture biologique
10 à17 % magnésium

Super phosphate simple 11% de soufre • Acidifiant


M.A.P. • Contiens des éléments secondaires et mineurs
contrairement au DAP
0-20-0 • Source d’azote ammoniacal et de phosphore

Super phosphate triple 1.4 % de soufre • Acidifiant


D.A.P. • Engrais le plus vendu au Québec
• Source d’azote ammoniacal et de phosphore
0-46-0

Sulfate de potassium 13% de soufre • 2.1% chlore


• en pulvérisation foliaire
Sulfate de cuivre 12.8 % soufre • En pulvérisation foliaire
• Apport en cuivre important pour corriger les carences ou
les prévenir

58
Tableau 5. Caractéristiques des principaux oligo-éléments en agriculture.

Nom Rôles dans la plante Symptômes de Caractéristiques Engrais


carence

• Pollinisation des • Arrêt de la • Les sols du Québec sont Borate 46 : 14 à 21%


grains et la croissance croissance du généralement pauvres
Bore des tiges bourgeon en bore. Solubore : 20%
• Formation et terminal et des • Pour les cultures
H3BO3 transport des sucres jeunes feuilles. légumières ajoutés 2 à 5
dans la plante • Cœur brun des kg/ha de bore granulaire
• Formation des crucifères et dans la formulation.
protéines mort du Luzerne : 1-2 kg/ha
• Aide le bourgeon • plante exigeante :
développement des terminal de la légumineuse (luzerne),
cellules, la formation luzerne. crucifères, pomme de
des fruits et • En période de terre, céleri, pomme.
l’assimilation du sécheresse et
phosphore de chaleur, car
la matière
organique ne se
décompose plus
et le bore fixé
n’est plus libéré.
• Lors de fortes
averses qui
lessivent le
bore.
• Élément non
mobile
• Aide la croissance et • Tête du plant • Se fixe facilement aux Oxysulfate de zinc
au métabolisme de rabougri, colloïdes du sol, alors 20%, 36%
Zinc bien se dérouler. déformé. moins disponible si fixé.
• Métabolisme des • Nervure
Zn2+ hydrates de carbone centrale des Très riche en matière
et des protéines feuilles du maïs organique ou en argile.
blanchi
• Élément non
mobile
• Maïs et arbres
fruitiers
• Rôle actif dans la • Élément non • Soya et les céréales sont Oxysulfate de
photosynthèse. mobile exigeants manganèse 28%
Manganèse • Hâte la maturation • Décoloration
• Accrois la internervale et
Mn2+ disponibilité du tache noire sur
phosphore feuillage des
céréales
• Sols lessivé ou
alcalin riches
en humus

59
• aide les • Plants • Il réagit comme le Molybdate de sodium
légumineuses à faire rabougris, phosphore en se fixant 40%
Molybdène des nodules. marge des rapidement au sol.
• Réduis les nitrates en feuilles en • Légumineuses,
MoO42- ammonium dans la coupe crucifères, maïs
plante • Conditions: pH
élevé ou sol
acide, matière
organique
élevée

Cuivre • Formation de la • Plant rabougri, • N’est pas perdu par Oxyde de cuivre
chlorophylle distorsion des lessivage 25%(solide)
Cu2+ jeunes feuilles, • Maïs, patate, luzerne,
nécrose du trèfle Sulfate de cuivre 22%,
Forme chélatée méristème 25.2%(liquide)
apical, chlorose
apicale Fongicide à base de
• Élément non cuivre (cuivre fixe 50w)
mobile
permet de prévenir les
• Plantes
carences.
demeurent au
stade floraison
ou elle est
retardée
• Dans les sols
organiques, car
la matière
organique capte
tout et dans les
sols sableux, car
pas assez de
matière
organique.
Fer • Rôle majeur dans la • Feuille blanche • Sulfate de fer (S)
synthèse de la • Élément non
Fe3+, Fe2+ chlorophylle et des mobile Oxyde de fer
protéines.
Sous forme Chélat de fer (S)
chélatée

60
Les engrais simples
Tous les engrais cités jusqu’à maintenant sont des engrais dits : simples. C'est-à-dire qu’ils ne
contiennent qu’un des trois éléments majeurs (azote, phosphore et potassium). Le nitrate de potassium
(KNO3), qui contient à la fois de l’azote et du potassium ainsi que les phosphates d’ammoniaques
(NH4PO4) qui contiennent de l’azote et du phosphore sont également considérés comme des engrais
simples.

De plus, le principal élément d’un engrais est souvent accompagné d’autres éléments tels le Ca, Mg, S et
Na ou d’oligoéléments. Nous considérons quand même ces engrais comme étant des engrais simples.

Les engrais simples, de base doivent subir un procédé industriel avant leur utilisation. Tout d’abord, pour
faciliter leur manipulation et leur mélange, ils doivent être granulés de façon à former des particules de
dimensions et de densités semblables. Cette opération diminue également les risques de ségrégation
lors du transport et de l’application au champ. Les engrais de base granulés doivent être séchés. C’est
l’étape la plus dispendieuse et la plus complexe.

Les engrais composés


La formulation d’engrais chimiques composés ou complets comprend généralement trois chiffres qui
correspondent, dans l’ordre, au contenu (%) en azote, en acide phosphorique (P2O5) et en potasse (K2O).
Les chiffres indiquent la quantité minimale garantie de l’élément dans l’engrais.

Pour connaître la teneur réelle en P et K, il faut utiliser quatre formules mathématiques :

• P2O5 x 0,44 = P; P x 2,29 = P2O5


• K2O x 0,83 = K; K x 1,2 = K2O

Qu’est-ce qu’il y a dans un sac d’engrais ?


• Les éléments majeurs (N- P2O5- K2O);
• Des oligo-éléments;
• Des colorants dans le cas d’engrais solubles;
• Des chlorures, sulfates, carbonate…selon le cas.

Un sac d’engrais de 20kg de 20-20-20 contient donc :

• 4 kg N
• 4 kg P2O5
• 4 kg K2O
• Et 8 kg de remplissage …

Les engrais les plus concentrés sont les plus purs et les plus chers.

61
Les engrais de base généralement utilisés pour faire les mélanges sont :

• Urée (46-0-0)
• Nitrate d’ammoniaque calcique (27,5-0-0)
• Superphosphate simple ou triple (0-20-0, 0-46-0)
• Phosphate mono et bi ammoniacal (11-52-10, 18-46-0)
• Chlorure de potassium (0-0-60)

Le choix des engrais de base dépend de leur compatibilité. Des réactions rapides (quelques heures) ou
lentes (2 mois et plus) peuvent altérer la qualité des engrais et provoquer une prise en pain. La prise en
pain du mélange peut être minimisée en le manipulant en vrac et en utilisant des engrais compatibles.
Certains engrais sont peu ou pas compatibles :

Incompatibles :

• Calcium et phosphate
• Calcium et sulfate
• Urée avec nitrate d’ammoniac

Peu compatibles :

• Urée et superphosphate triple


• Urée et superphosphate simple
• Phosphate bi ammoniacal et superphosphate triple
• Phosphate bi ammoniacal et superphosphate simple

Les engrais granulaires constituent environ 80% de tous les engrais utilisés. C’est les moins coûteux, les
plus faciles à manipuler.

Les engrais granulaires solubles peuvent être transformés en cristaux ou poudre soluble qui seront
utilisés en serre et en pépinière. La plupart de ces engrais contiennent des colorants qui permettent leur
identification. La coloration permet également de vérifier si la dilution se fait correctement. Ces engrais
solubles doivent être dissouts dans l’eau.

Des mélanges d’engrais peuvent aussi être fabriqués sous forme liquide comme engrais de démarrage,
en pulvérisation de correction, en fertigation ou en application directe sur le sol.

62
LA MATIÈRE ORGANIQUE, ENGRAIS ORGANIQUES,
RÉSIDUS DE CULTURE, ENGRAIS VERTS
Afin de compléter la compréhension des notions vues dans ce chapitre, le lecteur est invité à consulter le
guide de fertilisation du CRAAQ (pp.20-23, chapitre 2, p.142 et Chapitre 10).

La Matière organique
Formée des molécules du sol contenant du carbone, elle provient de l’accumulation de débris végétaux
et animaux à différents stades de décomposition.

Elle est décomposée en molécules plus simples par les micro-organismes du sol (MINÉRALISATION).

Elle est à la base de la fertilité des sols.

Elle se compose de 58 % de carbone, d’oxygène, d’hydrogène, et d’éléments minéraux dont


principalement l’azote. Les sols minéraux du Québec montrent des teneurs moyennes de 3 à 5 %.

Elle est concentrée dans la partie supérieure du profil de sol (Horizon A) : Réserve importante d’éléments
nutritifs pour les plantes (Ex. : azote et soufre).

On peut diviser la matière organique en 3 fractions :

• La matière organique labile (décomposition rapide) = 5 à 10 % de la m.o. totale.


• La matière organique lentement minéralisable = Acides humiques. (HUMUS)
o Participe à la stabilisation du sol (agrégats).
• La matière organique stable = humine
o Non disponible

La mesure de la matière organique du sol est faite en laboratoire à partir de l’oxydation du carbone
organique, souvent par calcination. La relation la plus souvent exprimée est la suivante :

% M.O. = 1,724 x % Carbone organique.

La matière organique contient 58 % de carbone d’où le 1,724 ...

63
Les rôles

Tableau 6. Les rôles de la matière organique.

Physiques Chimiques Biologiques

✓ Agrégats ✓ Minéralisation ... ✓ Nourriture : Sucres et azote


(bactéries)

✓  Capacité de ✓ Humus : colloïdes, et  CEC ✓ Vers de terre, champignons


rétention des sols (charges -).
✓ CAH ✓ CO2 dégagé et acide léger = ✓ Bactéries aérobies = 
attaque les minéraux ... minéralisation
phosphates devient disponible. ✓ Humus = activateur de
croissance

Biologiques
• Nourrir les organismes vivants du sol (bactéries, champignons, vers, insecte).
• Il y a une activité intense biologiquement lorsque:
o le pH est supérieur à 6.0,
o bon égouttement du sol, humidité moyenne du sol,
o température > 5o C,
o teneur suffisante en éléments nutritifs.

Ex. : piquet de clôture plus décomposé en surface qu’en profondeur.

Physiques
• Améliore la structure du sol.
• Elle diminue le risque de compaction et d’érosion des sols.
• Améliore l’infiltration de l’eau et de l’air rendant le travail du sol plus facile.
• Améliore la rétention de l’eau nécessaire à la croissance des plantes.

Chimiques
• Lors de sa minéralisation, elle apporte un certain nombre d’éléments nutritifs dans la solution
qui seront fixés par la plante ou par le sol.
• Améliore la CEC, car elle peut retenir jusqu’à 4 à 10 fois plus que l’argile.
• Elle améliore aussi le pouvoir tampon du sol, le protège des variations importantes de pH lors de
l’acidification dû aux engrais azotés ou d’un « sur chaulage ».
• Apporte de l’azote à la culture selon le pourcentage initial de matière organique dans le sol.
(Jusqu’à un max de 7% de matière organique)

64
(% M.O. du sol - 4%) X 15 kg d’azote/hectare

• Permets lors de sa décomposition de relâcher des acides organiques qui attaquent les argiles et
libèrent le phosphore qui est insoluble.

Les types de matières organiques

La matière organique dans le sol est issue de tous types de matière carbonée, que ce soit des résidus de
culture, d’engrais vert, de compost, de fumier. Dans le sol, nous retrouvons habituellement deux types
de matière organique :

La matière organique fraîche


Dans cette matière on retrouve une vie microbienne intense, car les composés sont facilement
digérables et se transforment facilement en molécules simples et en minéraux.

Ex. : résidus de culture, des fumiers frais, des engrais verts et des composts jeunes.

Humus
Dans cette matière, la décomposition ou la transformation est terminée. C’est elle qui forme avec
l’argile, le complexe argilohumique (CAH).

Niveau de matière organique dans les sols (important à savoir)

Tableau 7.Niveau de matière organique et son interprétation.

% matière organique dans les résultats d’analyse de sol Interprétation

<2 Critique

2-3 Passable

3-5 Bon

5-8 Excellent

65
Les cultures précédentes et l’azote

La matière organique est constituée d’une grande quantité de carbone (45 % à 60 %) et d’une quantité
plus faible d’azote (3 à 4 %). Pour décomposer les produits organiques tels que les résidus de culture, les
micro-organismes du sol ont besoin de l’azote qui entre dans la composition de leurs cellules (protéines
et acides aminés).

Tableau 8. Quelques paramètres de la matière organique selon le C/N

C/N Micro-organismes Durée de la Humus Minéralisation Libération


m.o. d’azote
20 Très actifs Courte Faible Très rapide Élevée
20-30 Très actifs Moyenne Moyenne Rapide Moyenne
>30 actifs longue élevée Lente et aucune
continue

La culture précédente peut nous donner une certaine quantité d’azote, selon le stade de la culture à
laquelle elle est enfouie. La contribution en azote des résidus de culture est fonction du C/N du matériel
végétal.

Par exemple, les pailles de céréales n’offrent aucune contribution en azote. Une certaine quantité d’azote
est même requise pour sa décomposition.

Tableau 9. Contribution en azote de quelques résidus.

Carbone organique % Azote total % C/N


Jeune luzerne 40 3 13 :1
Trèfle mature 40 2 20 :1
Maïs, tiges et rafles 40 1 40 :1
Paille de céréales 40 0.5 80 :1
Fumier de bovins 15 0.5 30 :1
Humus 2 0.2 10 :1

La fertilisation azotée de nos cultures devrait considérer l’azote minéralisable de la m.o. Le taux de
minéralisation est fonction des conditions de sol, mais aussi du type de sol : un sol sableux va minéraliser
plus rapidement et facilement qu’un sol argileux.

Par la connaissance de ses sols ainsi des conditions climatiques, le producteur pourra estimer le taux de
minéralisation « réel ». Il existe des outils prévisionnels de l’azote (test de nitrate ...) qui vont permettre

66
au producteur d’ajuster sa fertilisation. Il est à noter que seulement 50 % de l’azote des fertilisants
azotés minéraux est absorbé par les plantes. Pour les engrais organiques (fumier, etc.), ce taux varie
entre 10 et 40 % (selon C/N).

Les engrais organiques (fumiers, et autres)


Ce sont des engrais complets et sont considérés comme des amendements organiques. Selon leur
nature, leur date d’épandage et d’enfouissement, ils peuvent nous fournir un certain nombre d’éléments
nutritifs et ainsi économiser sur l’achat d’engrais minéraux. Le Chapitre 10 du guide de fertilisation du
CRAAQ fournit beaucoup d’information.

Les éléments qui sont actuellement comptabilisés sont : l’azote, le phosphore et le potassium. Il est
important de baser les calculs de l’apport fertilisant d’après une analyse de l’engrais organique de la
ferme. La composition des fumiers/lisiers varie d’une ferme à l’autre. L’alimentation peut modifier
sérieusement l’analyse du fumier. Par exemple, l’utilisation de phytase dans la moulée va entraîner une
baisse des rejets en phosphore.

Une analyse valable commence toujours par un bon échantillonnage. Il existe des protocoles
d’échantillonnage selon le type de déjections. Des références utiles quant à la méthodologie
d’échantillonnage sont disponibles sur le site du CRAAQ.

Il est à noter que l’article 28.3 du REA4 exige que la caractérisation des effluents d’élevage doive être
effectuée, pour chaque période de 5 ans d’existence du lieu d’élevage, au minimum 2 années
consécutives comprises dans cette même période de 5 ans.

En l’absence d’analyse de fumier, il existe des valeurs de références pour différents types
d’élevage CRAAQ.

FUMIER
• Excréments plus litière, avec plus de 15% de matière sèche.
• Se retrouve dessus une plate-forme.
• Appliqué avec un épandeur à fumier solide.
• Riche en matière organique et en éléments minéraux.

LISIER
• Excréments + eau + sans ou peu de litière avec moins de 15% de matière sèche.
• Se retrouve dans une fosse.
• Riche en éléments fertilisants, donc considérés comme un fertilisant, car il est peu riche en
matière organique : souvent, N-NH4/N-total  50 %

4
Règlement sur les exploitations agricoles

67
• appliqué avec une rampe, aspersion, injecteur, etc.

PURIN
• Liquide qui s’écoule du tas de fumier et contient habituellement moins de 5% de matière sèche.
• Se retrouve dans un purot (petite fosse adjacente à la plate-forme à fumier ou autour du tas de
fumier).
• Faible composition fertilisante, car contient eau de pluie et eau de lavage.
• Appliqué avec une rampe, aspersion, injecteur, etc.

COMPOST
• C’est une décomposition aérobique de la matière organique ligneuse et fraîche en humus stable.
• Cela permet de transformer du matériel difficile à utiliser en matériel sans odeurs nauséabondes
et en matière hygiénique, donc sans pathogène (tue les graines de mauvaises herbes, tue les
champignons et bactéries pathogènes).
• Cela permet également de fixer les éléments nutritifs du matériel frais au sol.
• S’applique avec un épandeur à fumier solide.

Tableau 10. Le compostage

Le compostage

Les micro-organismes ont besoin de carbone et d’azote pour se développer, pour survivre et faire leur job
de décomposeurs.

1. Un rapport C/N de 30:

Pour qu’il y ait décomposition sans perte d’élément, on doit avoir un rapport du
carbone/azote autour de 30. (Le matériel se décompose bien tout seul).

Si C/N > 30 = donc trop de carbone par rapport à l’azote, le matériel est difficile à digérer
la décomposition se fera lentement.

Si le C/N < 30 = donc pas assez de carbone, le matériel est trop facile à digérer, la
décomposition se fera très rapidement et il y aura perte ou lessivage de l’azote.

2. Un bon taux d’humidité du matériel: 60 à 70%


3. Un bon taux d’oxygène.
4. Un bon taux de chaleur: 30 à 70o C (on doit atteindre 62C pour hygiéniser la masse)

68
Valeur brute des engrais de ferme (analyses)

Tableau 11. Valeur brute typique des engrais de ferme (ne pas utiliser pour PAEF).

M.S. Nt P2O5 K2O N-NH4


Type d'engrais de ferme C/N
% kg/t kg/t kg/t %

Bovin laitier :

• Fumier 21,3 6,1 4,1 5,6 31 17

• Lisier 7,2 3,1 1,4 4,0 52 11

• Purin — pourtour 2,0 1,8 0,5 3,7 72 4

• Purin — purot 1,3 0,8 0,2 3,0 75 4

• Purin — purot — abri 2,6 2,6 0,2 5,8 73 4

Bovin boucherie :

• Vache-veau 17 4,6 2,6 5 27 19

Porc :

• Engraissement 3,3 3,8 2,5 2,3 74 3,4

• Maternité 2,7 2,8 2,7 1,4 71 3,5

Volaille :

• Fumier "broiler" 72,1 26,2 24,9 15,5 21 14,5

• Fumier pondeuses 28,7 15,9 20,2 7,6 67 5,9

• Lisier pondeuses 10,3 8,4 6,9 4,4 65 3,9

La simple analyse des engrais de ferme est insuffisante dans le calcul de fertilisation des cultures. Les
éléments fertilisants des déjections animales, particulièrement l’azote, sont sous des formes différentes
de ceux des engrais minéraux et réagissent donc différemment. La potasse, quant à elle, est considérée
équivalente à l’engrais. On doit considérer leur efficacité.

69
L’azote des déjections animales est sous deux formes :

• Une fraction ammoniacale (NH3) et,


• Une fraction organique.

L’azote ammoniacal (NH3) ou NH4 est une forme d’azote minéral équivalent à celui des engrais minéraux
(URÉE) et est disponible immédiatement aux plantes. L’azote organique, quant à lui, doit être transformé
en azote minéral (phénomène de minéralisation) par les micro-organismes du sol. Ce processus entraîne
un délai de réponse.

La vitesse de minéralisation de la fraction organique dépend de plusieurs facteurs reliés au sol, à la


température et aux micro-organismes ; elle varie aussi selon le type d’engrais de ferme en fonction de
son rapport carbone : azote. Plus le C/N de l’engrais de ferme est élevé, plus la matière organique est
coriace à décomposer, plus le processus est lent et plus le délai de réponse est long pour libérer l’azote.
Dans certaines cultures et dans certains cas, ce délai de réponse peut créer temporairement une faim
d’azote, si la quantité d’azote minéral apportée par l’engrais de ferme est insuffisante pour répondre aux
besoins immédiats de la plante. Dans ces cas, un complément minéral est nécessaire pour atteindre le
rendement optimum de la culture.

Tableau 12. Quelques caractéristiques et comportements de quelques engrais de ferme.

Rapport Efficacité Mise en Délai de


Type d'engrais de ferme Type d'azote
C/N relative disponibilité réponse

Purin Ammoniacal 3 100 % Rapide Nul

Lisier porcs

Lisier volailles

Lisier bovin

Fumier volailles

Fumier bovin

Fumier bovin pailleux Organique 25 50 % Lente Important

70
L’efficacité et les pertes d’azote
L’efficacité des engrais de ferme dépend beaucoup des périodes, des méthodes d’épandage et
d’incorporation. Au Québec, nous utilisons des coefficients d’efficacité qui estiment l’équivalent engrais
minéral de la première année.

Ces coefficients d’efficacité permettent de prédire une valeur fertilisante probable l’année suivant leur
application. Étant donné que certains engrais de ferme ont des contenus élevés en N-NH4, on ne peut
considérer sur un même pied d’égalité les différents fumiers et lisiers.

Donc, lorsque que le rapport N-NH4/Ntotal est  50 %, on doit considérer 2 coefficients d’efficacité :

• La fraction NH4 et la fraction organique. De plus, étant donné que l’NH4 peut se
perdre par volatilisation, le délai ainsi que le mode d’épandage et d’enfouissement
sont à considérer dans le calcul final.

Pour ce qui est des autres types d’engrais de ferme (C/N > 10 et < 25), des coefficients sont présentés
dans le guide (Chapitre 10).

Par exemple, la valeur efficace de l’azote du fumier de bovin laitier avec un C/N de 12 sur un sol plutôt
sableux, épandu à l’automne, incorporé < 24 h serait de :

6,1 kg/t * 45 % ÷ 1.3 = 2.1 kg/t.

Les pertes peuvent varier selon la période d’application et le délai d’incorporation dans le sol. Les pertes
sont généralement supérieures en sol sableux, surtout pour le lisier et pour les applications d’automne.

Efficacité et pertes du phosphore et du potassium


Le phosphore des engrais de ferme appliqués à l’automne plutôt qu’en saison de croissance subit une
perte d’efficacité de l’ordre de 40 %, alors que pour la potasse la baisse est de l’ordre de 10 %.

Éléments secondaires, mineurs et valeur comme amendement


Des travaux de recherche effectués au Québec ont démontré que 40 t/ha de fumier de bovin tous les 2
ans, pendant 10 ans, avaient augmenté la teneur du sol en calcium de 28 %, magnésium de 51 %, cuivre
de 6 %, zinc de 100 % et manganèse de 26 %. Il s’agissait de monoculture de maïs ensilage, une des cultures
les plus exigeantes. On sait aussi que des champs bénéficiant d’engrais de ferme régulièrement sont moins
sujets aux carences en bore et soufre, à cause de la stimulation de la matière organique.

71
Mais là où les engrais de ferme se démarquent vraiment des engrais minéraux, c’est au chapitre de leurs
effets sur les propriétés biologiques et physiques du sol. Ils sont des intrants beaucoup plus complets, à la
fois engrais et amendement.

Méthode d’incorporation
Les matières organiques doivent être déposées là où travaillent les micro-organismes : dans la couche de
surface du sol, où nous trouvons les conditions minimales pour l’activité des micro-organismes (oxygène,
nourriture, etc). Donc, l’incorporation des engrais de ferme doit être superficielle. L’incorporation à la
herse à roulettes est tout indiquée dans plusieurs cas.

Dans le cas du lisier en post-levée dans le maïs, cela se traduit en pratique par l’utilisation de rampe
d’épandage munie de dents ou de disques.

Sur les prairies en production, on ne peut pas incorporer. On doit prévoir évidemment qu'une bonne partie
de l’azote ammoniacal sera volatilisé s’il n’y a pas de précipitation de 10mm et plus dans les 24 heures
suivant l’épandage. L’épandage doit se faire dès que possible après la coupe (< 1 semaine) si l’on veut
maximiser le recyclage des éléments nutritifs et minimiser les dommages à la culture (qualité, appétence).

Période d’épandage
La période d’épandage optimale dépend plus du type de matière organique à épandre : une matière très
fibreuse, à type d’azote plus organique qu’ammoniacal, comme le fumier pailleux de bovin, nécessite une
plus longue période d’incubation avec les micro-organismes (on parle de 4 à 8 semaines à 15oC) avant de
commencer à libérer leurs éléments. On essaiera d’épandre un tel fumier la saison précédant la culture
visée et assez tôt en saison. Si épandue en septembre ou octobre, la période de décomposition active ne
sera pas assez longue pour que la libération d’azote corresponde à l’absorption par la culture du printemps
suivant.

Dans le cas des lisiers, où le délai de décomposition est beaucoup plus court, le printemps permet le mieux
de synchroniser libération et absorption. Le lisier de porc peut même être appliqué en post-levée du maïs
par exemple. Avec le lisier de bovins, il faut laisser un peu plus de temps et l’épandage en post-levée du
maïs amène une libération d’azote en retard par rapport aux besoins.

Sur une prairie en production, le lisier aura certainement un effet sur le rendement de la coupe qui suit
l’épandage, alors que le fumier produira un effet surtout à la coupe suivante. Pour cette raison, si on veut
une première coupe productive en graminée, un épandage de purin et/ou d’engrais minéral azoté devrait
complémenter le fumier solide au printemps.

La texture du sol peut aussi influencer le temps nécessaire à la décomposition via l’effet de l’aération et
de la vitesse de réchauffement. Plus un sol est léger, aéré et se réchauffe rapidement, comme c’est
souvent le cas des sols sableux, moins long sera le délai de décomposition.

72
Notes importantes:

o Il faut éviter les pertes par ruissellement


o Pas sur sol gelé ni sur sol saturé d’eau
o Entre le 1er avril et le 1er octobre
o Le mettre le plus proche de la plante si l’engrais organique ne comporte pas beaucoup de
matière sèche.
o Quantité à appliquer selon les normes environnementales (REA) et besoin de la plante.
Nous verrons que la dose exigée selon l’ABAQUE du REA ne constitue pas une
recommandation agronomique, mais bien une recommandation « environnementale »

Exemple de calcul: Analyse du fumier : P2O5 = 4.1 kg/tonne

Besoin de la plante en P2O5 : 100 kg/ hectare

Donc : 100 kg/ hectare ÷ 4.1 kg/tonne = 24 tonnes de fumier à l’hectare

Application dans le plan de culture


En pratique, d’autres facteurs entrent en ligne de compte dans la planification des épandages. La rotation
des cultures est un des principaux facteurs. On doit prévoir des « fenêtres » d’épandages.

Normalement, sur une ferme, l’épandage du fumier (lisier) accumulé sur une année est réparti en plusieurs
occasions (chantiers) afin de respecter une certaine dose et faire bénéficier tous les champs à intervalle
régulier et toutes les différentes cultures de la rotation : prairies à labourer, en production, céréales,
engrais verts, etc. On doit aussi tenir compte des règles de bonne pratique concernant les épandages.

Engrais vert

Le terme « engrais vert » regroupe différentes cultures dont l’objectif n’est pas d’être récoltées, mais
d’améliorer et de protéger le sol. Il comprend ainsi les cultures intercalaires (semées entre les rangs de la
culture principale, comme le trèfle entre les rangs de maïs), les cultures "compagnes " (semées en même
temps que la culture principale et qui continuent de se développer après sa récolte, comme le trèfle sous
la céréale) et les cultures de couverture. Ces dernières sont semées après la récolte de la culture
principale (après une céréale, du maïs sucré ou sur une prairie qui sera travaillée).

Les engrais verts servent notamment à protéger le sol contre l’érosion et à en améliorer la structure,
tout en permettant un certain contrôle des mauvaises herbes. Ils ont également pour objectif
d’emmagasiner les éléments nutritifs laissés au sol par la culture principale, pour ensuite les retourner à

73
la prochaine culture. Une application de fumier ou de lisier suivie de l’implantation d’une culture de
couverture, par exemple, est une excellente façon de valoriser les engrais organiques.

Comme le rapport carbone-azote de ces engrais verts est faible, ils se décomposent assez rapidement,
rendant alors disponibles pour la culture principale les éléments fertilisants qu’ils ont emmagasinés.
Cependant, s’ils sont enfouis trop tôt à l’automne et se décomposent, ces éléments seront libérés avant
l’hiver et ils pourront être perdus. On recommande donc de les enfouir seulement lorsque la
température du sol est de 10 °C ou moins, soit vers la mi-octobre, alors que l’activité biologique du sol
est réduite, ce qui limite la décomposition des engrais verts. On pourra également n’enfouir les engrais
verts qu’au printemps suivant, ou réaliser un semis direct de la culture suivante, ce qui améliore la
protection du sol contre l’érosion et assure que les éléments fertilisants seront retenus jusqu’à la saison
prochaine.

Un engrais vert doit s’établir facilement, résister au gel et être en mesure de se développer durant
l’automne, ne pas présenter de problèmes de maladies ou d’insectes communs avec la culture principale
suivante et être peu coûteux à établir. Parmi les engrais verts les plus fréquemment utilisés, mentionnons
la moutarde blanche, le canola, le radis fourrager, ainsi que les céréales.

Voici les étapes pour l’évaluation de l’apport fertilisant des engrais verts :

Estimation de la biomasse des engrais verts (ces notions seront approfondies dans le cours
Agroenvironnement)

La biomasse des engrais verts peut être estimée à partir de valeurs moyennes. On peut également
procéder à un échantillonnage afin de déterminer avec plus de précision la biomasse des parties
aériennes, sur une base de matière sèche (exprimée en kg/ha). Il s’agit de prélever quelques échantillons
répartis sur l’ensemble du champ, sur une superficie de 1 m2. Pour ce faire, on récolte la partie aérienne
de la plante en fin de saison de croissance, en prenant soin de recueillir tout le feuillage. Les échantillons
doivent être séchés jusqu’à ce que toute l’eau soit évaporée (séchoir, four ou air libre) puis pesés. La
contribution racinaire de l’engrais vert, qui varie de 10 à 50 % selon l’espèce, peut être estimée selon des
données de la littérature scientifique.

Estimation du contenu en éléments nutritifs des engrais verts


Les éléments nutritifs mobilisés par les engrais verts peuvent être déterminés par une analyse de
laboratoire ou par une estimation de la mobilisation de N, P2O5, K2O, en fonction de la biomasse
produite.

Estimation de la mise en disponibilité des éléments nutritifs pour la culture suivante


Estimation effectuée à partir de données d’expérimentation.

74
FERTILISATION EN PRODUCTION BIOLOGIQUE
En approche biologique, tous les aspects de la fertilité des sols sont primordiaux. La fertilité du sol se
divise en plusieurs « compartiments » qui diffèrent tant par la quantité d’éléments, par la forme sous
laquelle ils s’y retrouvent et par la vitesse avec laquelle ces éléments sont fournis à la plante. On peut
regrouper en 3 compartiments de la fertilité d’un sol : court terme, moyen terme et long terme.

Fertilité

Court terme
Les éléments fertilisants dissous dans l’eau du sol constituent le compartiment de la fertilité à court terme. La
plante se nourrit principalement par absorption des éléments contenus dans la solution du sol. Ces réserves
sont épuisées en quelques jours à quelques semaines, selon les éléments concernés.

Moyen terme
La fertilité à moyen terme regroupe des compartiments de natures différentes selon les éléments
concernés. Par exemple, le potassium, le calcium et le magnésium sont retenus sous forme d’ions avec
des charges positives, sur la surface des particules de sol chargées négativement (la CEC). Le phosphore
se présente habituellement sous forme d’ion chargé négativement. Il est attiré et retenu par les sites du
sol chargés positivement grâce aux ions tels que le calcium et le magnésium, mais aussi le fer et
l’aluminium. Le compartiment du moyen terme contient normalement des réserves pour une à quelques
saisons de culture. Il est évalué par les méthodes standard d’analyse de sol.

Le long terme
Le long terme est constitué de l’humus du sol pour ce qui est de l’azote, du phosphore, du calcium, du
magnésium et du soufre ainsi que dans les particules de sol elles-mêmes. Ils y sont sous des formes non
directement disponibles pour la plante, mais les réserves peuvent couvrir quelques saisons de cultures
jusqu’à plusieurs centaines d’années. Pour connaître le contenu de ce compartiment, il faut dissoudre et
analyser le contenu total du sol en éléments par traitement avec des acides forts.

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Un sol en équilibre
La recherche d’équilibre dans le sol fait en sorte que lorsque la solution du sol se vide par les
prélèvements des racines ou par lessivage, les autres compartiments vont tenter de combler le vide
rapidement. Lorsque l’on ajoute des éléments fertilisants dans la solution du sol, une partie est
transférée vers les autres compartiments. Les éléments sont donc en mouvement constant d’un
compartiment à l’autre. L’analyse de sol nous indique le contenu d’un compartiment à un moment
donné. Ce mouvement d’éléments, d’un compartiment à l’autre et jusque dans la plante, ne dépend pas
que de la richesse du sol, mais aussi de la facilité des racines à pénétrer dans le sol. Le sol doit donc être
poreux ou lâche, d’où l’importance d’une bonne nutrition du sol en matière organique. Cette nutrition
du sol avec des matières organiques est aussi très importante pour favoriser l’activité des micro-
organismes. Ces derniers jouent un rôle primordial, car ils participent au transfert des réserves à long
terme vers la solution du sol. En agriculture biologique, les éléments sont souvent sous des formes qui
ne sont pas assimilables directement.

Valeur fertilisante de quelques engrais utilisés en agriculture biologique

Le compost
La base de la fertilisation en agriculture biologique est souvent le compost. Les composts ont des
compositions très variables selon les matériaux de base. Il est important de rechercher un compost dont
la composition respecte le plus possible les besoins de la culture visée. Par exemple, les fumiers et
composts qui ont été protégés des intempéries peuvent contenir 2 à 4 fois plus de potassium que ceux
qui y ont été exposés pour de longues périodes aux précipitations. En début de culture, une forte
application de compost fait sous bâche peut entraîner un excès de potassium et de la pourriture apicale
(carence en calcium), alors qu’en période de récolte, les besoins en potassium sont très élevés et
nécessitent des apports importants en cet élément.

Les composts de champignonnière contiennent beaucoup de gypse. Ils sont très riches en calcium,
l’utilisation de ces composts entraîne souvent une carence en magnésium.

La maturité du compost a un gros impact sur la vigueur des plants. Un compost trop jeune peut entraîner
une faim d’azote et un problème de mauvaises herbes.

Fertilisants liquides
Les purins de plantes et les extraits d’algues constituent surtout un apport d’hormones végétales, plus
que des fertilisants. Parmi les effets cités, notons une meilleure résistance aux stress hydriques, aux
insectes et aux maladies, un retard du vieillissement, une augmentation du nombre de fleurs, de fruits et
du rendement, une amélioration des qualités gustatives. Leurs contributions aux apports fertilisants sont
minimes. L’émulsion de poisson est efficace pour apporter de l’azote rapidement en cas de manque de
vigueur des plants. Cependant, leurs coûts sont élevés.

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Les farines
Dans ce groupe on retrouve des sources concentrées d’azote. L’azote y est souvent de disponibilité
comparable à celle des engrais minéraux. Ils libèrent l’azote de façon un peu plus graduelle et ils sont
moins sujets au lessivage. Ils contiennent parfois des éléments peu absorbés par la plante.

Tableau 13. Taux moyen de minéralisation de l'azote

Produit Taux moyen de minéralisation de l’azote (%)


Guano 84
Farine de poisson 83
Farine de plume 76
Farine de viande 74
Farine de crabe 65
Farine d’os 55
La farine de plume est aussi riche en soufre.

Les sources de phosphore


En dehors de l’utilisation des fumiers et des composts, la fertilisation phosphatée biologique est difficile.
Souvent ces sources sont moins disponibles en phosphore et trop riches en calcium. Par exemple la
poudre d’os et le phosphate naturel (pierre) contiennent des formes de phosphore qui sont solubles en
milieu acide seulement (pH < 6). Il serait préférable d’ajouter ces produits lors de la préparation du
compost. Le contact avec le compost de même que leur application avant un engrais vert de
légumineuses va les rendre plus assimilables.

Les sources de K, Ca et Mg
Pour combler des carences en potassium, on peut utiliser du sulpomag, du sulfate de potassium, ou de la
cendre (potassium disponible à 75 %). Tous ces produits contiennent cependant du soufre. La cendre peut
aussi apporter du calcium comme la chaux hydratée. Le gypse contient beaucoup de soufre. Il en est de
même pour les principales sources de magnésium, comme le sel d’Epsom et le sulpomag. Certaines poudres
de roches sont vendues dans le commerce telles que le basalte et le mica. Cependant ces sources sont plutôt
utiles à long terme.

Pour de l’information complète, se référer au site :

http://www.agrireseau.qc.ca/agriculturebiologique/documents/MARAI_Chapitre_13Fertilisants.pdf

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Rotation des cultures
Dans l’approche biologique, on conçoit la ferme comme un système où l’ensemble des éléments
interagit entre eux. L’une des bases essentielles de ce système est la rotation des cultures. Ce sujet sera
abordé plus loin.

Gestion de la fertilité
En agriculture biologique, le principe de base de la fertilisation se définit comme suit : nourrir le sol pour
que celui-ci puisse nourrir les plantes. La matière organique représente la pierre angulaire de la fertilité.
On parle aussi de santé du sol. Mais qu’est-ce qu’un sol en santé ?

Un sol en santé assimile, transforme et emmagasine les éléments fertilisants afin de les rendre
disponibles à la croissance des plantes dans le temps voulu (pourvu que les conditions du sol et le climat
le permettent). Un producteur en mode biologique devra se soucier du pH, du drainage et du taux de
matière organique (au-delà de 5 %). Le chaulage fréquent des parcelles est une pratique courante.

Le compostage des fumiers et autres matières organiques est une technique importante et souvent
recommandée en agriculture biologique. Il est recommandé afin d’assainir le produit afin d’éliminer les
graines de mauvaises herbes et les micro-organismes nuisibles. L’application de compost permet un
apport d’humus stable pour le sol (long terme). De plus, le compost relâche de façon progressive ses
éléments nutritifs dans le sol.

Un système de fertilisation bien conçu permet d’atteindre l’équilibre entre les éléments nutritifs
apportés aux plantes et les besoins qu’ont ces dernières pour croître. Certains producteurs auront
recours aux analyses foliaires afin d’évaluer l’état de santé des cultures et ainsi permettre de calibrer les
pratiques du producteur.

Amendements chaulant en agriculture biologique


La chaux agricole fournit du calcium et neutralise les sols acides élevant leur pH. La chaux dolomitique
fournit tant du calcium que du magnésium. La chaux calcique n’apporte que du calcium et convient aux
sols ayant des niveaux adéquats de magnésium. Ajouter la chaux aux sols acides tend à réduire les
problèmes de mauvaises herbes, tant les graminées que les plantes à feuilles larges.

Le Calphos (phosphate colloïdal) est une argile phosphatée tendre non traitée provenant de la Floride. Il
contient 20% de calcium (ce qui contribue à élever le pH du sol) et une gamme d’oligo-éléments. Il
contient également 20% de phosphate, dont 3% de P assimilables. Le phosphate est assimilable plus
rapidement que celui provenant du phosphate naturel et se libère pendant 5 années.

La carbonatite de Spanish River est extraite d’un dépôt volcanique situé dans le nord de l’Ontario. Elle
améliore la CEC du sol et fournit du calcium, du phosphore, du potassium, de la vermiculite et de
nombreux oligo-éléments.

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Les cendres de bois sont principalement riches en calcium et en potassium, mais contiennent aussi, en
quantité notable, du phosphore et du magnésium. Le PN des cendres est causé par la présence
d’hydroxyde de calcium (Ca(OH)2), de potassium (KOH) et de Magnésium (Mg(OH)2).

La marne que l'on nomme aussi, en fonction de sa qualité, tuffeau ou pierre de France ou encore pierre
de Maastricht, est une roche sédimentaire contenant du calcaire CaCO3 et de l'argile en quantités à peu
près équivalentes (35 % à 65 %).

Les coquilles d’œufs et de mollusques sont des sources de calcaire. La coquille d’œuf est constituée à
près de 45 % d’oxyde calcique, c’est-à-dire de chaux.

Calculer la valeur fertilisante de l’apport de compost

Analyse du fumier compost ou compost autre (commercial, vrac ou sac):

• N-P2O5-K2O exprimé en kg/tonne humide pour le fumier;


• Attention : le compost commercial est souvent exprimé en % de poids en matière
sèche.

Exemple 1: Nous avons un compost à 60% d’humidité (40% de M.S.) avec une analyse garantie de 2-2-1
(base de M.S.).

• Donc 1000 kg secs contient 20 kg N.


• Poids humide = 1000 / 0.4 = 2500 kg ou 2,5t;
• 20 kg N / 2,5 t = 8 kg N/tonne de compost humide.

Ou

• 20kg N x 40% =8kg N

Pour les coefficients d’efficacité, utiliser les données du CRAAQ.

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Exemple 2 : Après avoir considéré le précédent et les apports de fumier, il reste 50 kg/ha d’azote à fournir
à mes choux. Je prévois le combler avec de l’Acti-sol (fumier de poulet cubé sec) dont l’analyse est de 5-3-
2. On considère 80% de minéralisation du matériel. Si nous avons un engrais minéral, le taux de
minéralisation est de l’ordre de 100 %.

Alors, 50 kg/ha /5% N / 80% disponible = 1250 kg/ha de 5-3-2

Note: cet engrais va aussi apporter,

1250 kg x 3% P2O5= 38 kg de P2O5 et;

1250 kg x 2% de K2O = 25 kg de K2O

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BIBLIOGRAPHIE
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http://www.alloprof.qc.ca/BV/pages/s1038.aspx

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http://soils.usda.gov/education/resources/lessons/profile/profile.jpg. (s.d.). Récupéré sur


http://soils.usda.gov/education/resources/lessons/profile/profile.jpg

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http://www.omafra.gov.on.ca/IPM/french/soil-diagnostics/soil-structure.html

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http://www.omafra.gov.on.ca/french/crops/hort/news/hortmatt/2015/11hrt15a1.htm

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Angers, France: Sciences et Techniques agricoles.

Weill, A., & Duval, j. (2010). Le maraîchage biologique diversifié : Guide de gestion globale. Équiterre.

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