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Economie, Sociologie et Histoire du monde contemporain – ECG Première année 2023-2024

Chapitre 3 : La monnaie et le financement de l’économie

Objectifs de savoirs : « On étudiera l’évolution des formes et des fonctions de la monnaie, le processus de création monétaire et
les différents modes de financement de l’économie sans analyser précisément les politiques monétaires qui seront traitées en
deuxième année. »

Plan du cours :
I. Formes et fonctions de la monnaie
A) L’approche fonctionnaliste
B) L’évolution des formes de la monnaie
C) La monnaie comme institution politique et sociale
II. La création monétaire
A) Le rôle des banques : création et destruction monétaire
B) Multiplicateur, diviseur de crédit et agrégats monétaires
C) Les théories monétaires en débats
III. Les différents modes de financement de l’économie
A) Modes de financement
B) Brève histoire des systèmes financiers
C) Régulation du système financier

Références :
Michel Aglietta et André Orléan (1982) La violence de la monnaie
Michel Aglietta et Philippe Moutot (1993) « Le risque de système et sa prévention », Cahiers économiques et monétaires
Michel Aglietta et André Orléan (2002) La Monnaie : entre violence et confiance
Michel Aglietta et Natacha Valla (2021) Le Futur de la monnaie
Aristote, Éthique à Nicomaque
Aristote, La Politique
Patrick Artus (2013) « Financement des entreprises par les marchés aux États-Unis, financement des entreprises par les banques
dans la zone euro : que nous a appris la crise ? » Revue d’économie financière
Olivier de Bandt, Sébastien Frappa (2020) « La transformation des business models des banques », Revue d'économie financière
Jean Bodin (1568) La réponse de Maître Jean Bodin, avocat à la cour, au paradoxe de Monsieur de Malestroit touchant
l’enchérissement de toute chose et le moyen d’y remédier
Henri Bourguinat (1987) Les vertiges de la finance internationale
Richard Cantillon (1755) Essai sur la nature du commerce en général
Gunther Capelle-Blancard (2000) « Une nouvelle mesure du taux d’intermédiation : L’approche en volume », Revue d’Economie
Financière
Gunther Capelle-Blancard et Jézabel Couppey-Soubeyran (2003) « Le financement des agents non financiers en Europe : le rôle
des intermédiaires financiers demeure prépondérant », Economie et Statistique
Robert J. Clower (1967) « A reconsideration of the Microfoundations of Money », Western Economic Journal
Eugene Fama (1970) « Efficient capital markets », The Journal of Finance
Irving Fisher (1911) Le pouvoir d’achat de la monnaie
Milton Friedman (1956) Studies in the Quantity Theory of Money
Milton Friedman (1971) Monnaie et système monétaire
John Kenneth Galbraith (1975) L’Argent
Maurice Godelier (1970) « ‘’Monnaie de sel’’ et circulation des marchandises chez les Baruya de Nouvelle Guinée », Cahiers
Vilfredo Pareto
Pierre-Noël Giraud (2008) « Quelques hypothèses sur la finance moderne », in Comprendre la finance contemporaine
Sanford Grossman et Joseph Stiglitz (1980) « On the impossibility of informationally efficient markets », American Economic Review
John Gurley et Edward Shaw (1960) Money in a Theory of Finance
Pierre-Cyrille Hautcoeur (1996) « Le marché financier français de 1945 à nos jours », Risques
John Hicks (1974) La crise de l’économie keynésienne
Albert Otto Hirschman (1977) Les Passions et les intérêts : justifications politiques du capitalisme avant son apogée
David Hume (1754) Essais moraux, politiques et littéraires
Christopher James (1987) « Some evidence on the uniqueness of bank loans » Journal of Financial Economics
William S. Jevons (1876) La monnaie et le mécanisme de l’échange
John Maynard Keynes (1936) Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie
Charles Kindleberger (1978) Histoire mondiale de la spéculation financière : de 1700 à nos jours
Charles Kindleberger (1986) Histoire financière de l'Europe occidentale
Georg Friedrich Knapp (1905) Théorie étatique de la monnaie
Ross Levine (1991) « Stock Markets, Growth, and Tax Policy », The Journal of Finance
Augustin Landier et David Thesmar (2007) Le grand méchant marché, décryptage d’un fantasme français
Jean de Malestroit (1566) « Les paradoxes du seigneur de Malestroit sur le fait des monnaies »
Karl Marx (1867) Le Capital
Carl Menger (1892) « On the origin of money », Economic Journal
John Stuart Mill (1861) Principes d’économie politique

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Hyman Minsky (1977) “The Financial Instability Hypothesis”, Challenge


Robert Mossé (1950) La Monnaie
M. Petersen et R. Rajan (1994) « The Benefits of Lending Relationships : Evidence from small business data » The Journal of Finance
Arthur C. Pigou (1917) “The Value of Money”, Quarterly Journal of Economics
Karl Polanyi (1944) La grande transformation
David Ricardo (1817) Des principes de l'économie politique et de l'impôt
Paul Samuelson (1958) « An exact Consumption-Loan Model of Interest with or without Social Contrivance of Money », Journal of
Political Economy
Jean-Baptiste Say (1803) Traité d'économie politique
Joseph A. Schumpeter (1912) Théorie de l’évolution économique
Georg Simmel (1907) Philosophie de l’argent
François Simiand (1934) Monnaie et réalité sociale
Adam Smith (1776) La Richesse des nations
Joseph Stiglitz et Andrew Weiss (1981) “Credit Rationing in Markets with Imperfect Information”, The American Economic Review
Joseph Stiglitz (2010) Le triomphe de la cupidité
Richard Thaler (1987) “Anomalies: Seasonal Movements in Security Prices II: Weekend, Holiday, Turn of the Month, and Intraday
Effects” Economic Perspectives
Pierre Vilar (1974) Or et monnaie dans l'histoire. 1450-1920
Léon Walras (1874) Éléments d'économie politique pure
Max Weber (1905) L'Éthique protestante et l'Esprit du capitalisme
Knut Wicksell (1898) Interest and Prices
Viviana Zelizer (1994) La signification sociale de l’argent

Sujets de concours :
Quelles sont les origines de la crise financière de 2007-2008 ? (ESCP 2023)
Les banques sont-elles des institutions économiques fragiles ? (ESCP 2023)
Comment financer les dépenses de guerre ? (ESCP 2023)
Qui crée la monnaie ? (ESCP 2023, 2021, 2018, 2017)
Pourquoi détient-on de la monnaie ? (Hec 2022)
La monnaie est-elle neutre ? (Hec 2022)
Caractéristiques et enjeux des formes émergentes de monnaie (Hec 2022)
L’équation quantitative de la monnaie a-t-elle encore un sens ? (Hec 2022)
Les crypto-monnaies sont-elles des monnaies ? (Hec 2021)
« La monnaie est une chose trop sérieuse pour la confier aux banquiers centraux ». Milton Friedman (Hec 2021)
Les monnaies publiques et privées peuvent-elles coexister ? (Hec 2021)
Les nouvelles formes du financement de l’économie (ESCP 2021, 2019)
Innovation financière : opportunités et risques (ESCP 2021, 2019)
Le Bitcoin est-il une monnaie ? (ESCP 2021, 2019, 2018)
Les banques dans l'histoire du XXe siècle (Hec 2019)
Quels enseignements peut-on tirer de la crise financière de 2007-2008 ? (ESCP 2019)
L’équation quantitative de la monnaie (Hec 2018)

DOCUMENT 1 : Les fonctions de la monnaie chez Aristote

Il ne peut exister de communauté de rapports entre deux médecins ; en revanche, la chose est possible entre un médecin et un
laboureur, et, d'une façon générale, entre gens différents et de situation dissemblable. Toutefois, il est indispensable, auparavant,
de les rendre égaux. Aussi faut-il que toutes choses soient en quelque façon comparables, quand on veut les échanger. C'est
pourquoi on a recours à la monnaie qui est, pour ainsi dire, un intermédiaire. Elle mesure tout, la valeur supérieure d'un objet et
la valeur inférieure d'un autre, par exemple, combien il faut de chaussures pour équivaloir à une maison ou à l'alimentation d'une
personne, faute de quoi, il n'y aura ni échange ni communauté de rapports. Ce rapport ne serait pas réalisé, s'il n'existait un moyen
d'établir l'égalité entre des choses dissemblables. Il est donc nécessaire de se référer pour tout à une mesure commune comme
nous l'avons dit plus haut.
Aristote, Éthique à Nicomaque

Car les différentes choses nécessaires à nos besoins naturels n'étant pas toujours d'un transport facile, on se mit par suite
mutuellement d'accord, en vue des échanges, pour donner et recevoir une matière de nature telle que, tout en gardant une utilité
intrinsèque, elle offrît l'avantage de se transmettre aisément de la main à la main pour assurer les besoins vitaux ; on prit, par
exemple, le fer, l'argent, ou tout autre métal de ce genre, dont au début on détermina la valeur simplement par la grandeur et
le poids, mais finalement on y apposa une empreinte, pour échapper à la peine de le mesurer, l'empreinte étant mise comme
signe de la quantité de métal.
Aristote, La Politique, traduction de Jules Tricot, J. Vrin, 1962, I, 9, pp. 57-58

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DOCUMENT 2 : Le problème de la double coïncidence des besoins

La division du travail une fois généralement établie, chaque homme ne produit plus par son travail que de quoi satisfaire une très
petite partie de ses besoins. La plus grande partie ne peut être satisfaite que par l’échange du surplus de ce produit qui excède sa
consommation, contre un pareil surplus du travail des autres. Ainsi, chaque homme subsiste d’échanges et devient une espèce de
marchand, et la société elle-même est proprement une société commerçante.
Mais dans les commencements de l’établissement de la division du travail, cette faculté d’échanger dut éprouver de fréquents
embarras dans ses opérations. Un homme, je suppose, a plus d’une certaine denrée qu’il ne lui en faut, tandis qu’un autre en
manque. En conséquence, le premier serait bien aise d’échanger une partie de ce superflu, et le dernier ne demanderait pas mieux
que de l’acheter. Mais si par malheur celui-ci ne possède rien dont l’autre ait besoin, il ne pourra pas se faire d’échange entre eux.
Le boucher a dans sa boutique plus de viande qu’il n’en peut consommer ; le brasseur et le boulanger en achèteraient volontiers
une partie, mais ils n’ont pas autre chose à offrir en échange que les différentes denrées de leur négoce, et le boucher est déjà
pourvu de tout le pain et de toute la bière dont il a besoin pour le moment. Dans ce cas-là, il ne peut y avoir lieu entre eux à un
échange. Il ne peut être leur vendeur, et ils ne peuvent être ses chalands ; et tous sont dans l’impossibilité de se rendre
mutuellement service. Pour éviter les inconvénients de cette situation, tout homme prévoyant, dans chacune des périodes de la
société qui suivirent le premier établissement de la division du travail, dut naturellement tâcher de s’arranger pour avoir par
devers lui, dans tous les temps, outre le produit particulier de sa propre industrie, une certaine quantité de marchandise qui fût,
selon lui, de nature à convenir à tout le monde, que peu de gens fussent disposés à la refuser en échange du produit de leur
industrie.
Adam Smith, La Richesse des nations, 1776, Livre I, Chapitre IV

DOCUMENT 3 : Illustration du problème de la double coïncidence des besoins

Soient 3 individus A, B et C, et leur demande nette en bien x, y et z :

A B C
x 1 -1 0
y 0 1 -1
z -1 0 1

D’après Carl Menger, « On the origin of money », Economic Journal, 1892

DOCUMENT 4 : Le modèle à générations imbriquées de Samuelson

D’après Paul Samuelson, « An exact Consumption-Loan Model of Interest with or without Social Contrivance of Money », Journal
of Political Economy, 1958

DOCUMENT 5 : Synthèse de l’approche fonctionnaliste de la monnaie

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DOCUMENT 6 : Les formes de la monnaie

DOCUMENT 7 : L’exemple des Baruya, étudiés par Maurice Godelier

Pour les Baruya, le sel :


1. Est un objet précieux, d’une nature particulière, car il entre, au côté des cochons, dans la catégorie des choses, « bonnes à
manger, mais rares et essentielles », c’est-à-dire la viande et le sel.
2. Est un objet précieux, parce qu’il est consommé exclusivement dans les moments essentiels de la vie sociale, naissance,
initiation, mariage, c’est-à-dire dans le cadre des cérémonies et des rites qui les « célèbrent ». Le sel est donc investi de toutes les
significations attachées aux moments les plus solennels et les plus décisifs de la vie des individus et du groupe.
3. Est un produit précieux parce que sa fabrication ne peut être menée à terme que par les soins de spécialistes qui possèdent à
la fois le savoir technique et le savoir magique de sa cristallisation. C’est en définitive aux pouvoirs magiques du fabricant de sel
que les propriétaires des champs de sel doivent de disposer d’un sel « blanc et lourd » que les autres tribus convoiteront et seront
prêtes à « payer » un bon prix pour l’obtenir.
4. Est un produit précieux parce que grâce à lui les Baruya se procurent tout ce qui leur manque, et qui leur est nécessaire pour
subsister (haches de pierre), se protéger du froide (capes d’écorce), se parer (plumes, perles), compenser un meurtre, initier leurs
filles et leurs guerriers (noix magiques), les armer, etc. Le sel est donc précieux parce qu’il permet aux Baruya de surmonter les
limites de leurs ressources, limites imposées par leur écologie et leur économie. Le sel est donc, à la fois, une marchandise que
l’on produit pour les autres et un objet que l’on donne « entre soi ». Dans la mesure où il est la seule marchandise qui s’échange
contre toutes les autres, il joue par rapport à celles-ci le rôle privilégié d’une monnaie. Réciproquement, tous les biens contre
lesquels il se substitue deviennent par cet échange des marchandises et quittent sous cette forme, les tribus voisines pour entrer
chez les Baruya où ils perdront à nouveau la qualité de marchandise pour redevenir des objets à exhiber ou à donner comme le
sel lui-même qui, entre les Baruya, n’est jamais objet de troc, mais toujours de don et de redistribution, un objet d’échange social.

Maurice Godelier, « ‘’Monnaie de sel’’ et circulation des marchandises chez les Baruya de Nouvelle Guinée », Cahiers Vilfredo
Pareto, N°21, Genève, Droz, 1970.

DOCUMENT 8 : L’exemple de l’Allemagne après 1945

Suite au refus du Reichsmark dans les échanges, une économie de troc s’est développée en Allemagne dans les semaines suivant
la capitulation de mai 1945.
Dans un contexte de relative stabilité des prix, elle a conduit à l’émergence de la cigarette et d’autres biens comme moyens de
paiement d’environ la moitié des échanges de biens de consommation. […]
En effet, si la cigarette semble être la monnaie la plus utilisée, l’étude historique indique que tous les biens ont servi de moyen
d’échange. Plus précisément, on peut isoler trois types de biens monnaies qui se distinguent par la proportion d’Allemands qui les
utilisaient comme moyen de paiement : 1) ceux qui furent utilisés comme monnaie par l’ensemble de la population comme le
chocolat, le sucre candi ou l’alcool (nous les qualifierons de monnaie marchandise) ; 2) ceux qui étaient achetés par des non-
consommateurs en vue d’une revente aux consommateurs comme le beurre, la viande ou l’essence (« intermédiaire partiel des
échanges ») ; 3) les biens ne servant de moyens de paiement que dans les trocs directs (par exemple la pomme de terre, un
vêtement, de la farine).
Vincent Bignon, « Une théorie de l’élection de la cigarette comme monnaie », Revue économique, 2004

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DOCUMENT 9 : Coûts de transaction et dématérialisation de la monnaie

D’après Robert J. Clower, « A reconsideration of the Microfoundations of Money », Western Economic Journal, 1967

DOCUMENT 10 : La dématérialisation de la monnaie en quelques chiffres

DOCUMENT 11 : La création monétaire

DOCUMENT 12 : L’évolution de la masse monétaire

La création monétaire est une mise en branle de forces économiques, du travail, des matières premières, des inventions, de la
technique, de la production, de la consommation, une anticipation de l’activité économique. […] Encore faut-il que cette
anticipation soit saine : toute création monétaire saine débouche sur une destruction monétaire équivalente. Par exemple, je
prête de l’argent à un constructeur de voitures, je lui fais un crédit. Avec ce crédit, il embauche des ouvriers, qui construisent les
voitures et il les paye. Avec leur salaire, les ouvriers achètent les voitures. L’argent revient chez le constructeur, et le constructeur
rembourse son banquier. […]
Prenons un second exemple. Je suis banquier, j’anticipe sur la nouvelle économie, sur des téléphones portables avec Internet, et
je facilite la création d’entreprises qui en fabriquent, mais personne ne veut de cette nouvelle génération de téléphones. J’ai payé
des gens, en tant que fabricant, mais ceux-ci ne veulent pas de ma marchandise. Je suis donc incapable de rembourser et ma dette
ne s’éteint pas. La création monétaire n’est pas suivie d’une destruction. Je traîne mes dettes, comme le Japon traîne des dettes
suite à une immense spéculation immobilière. […]
Nous percevons mieux la nature de la monnaie : des dettes (des créances sur la banque émettrice) qui circulent. Des dettes, qui,
si elles sont saines, doivent, par l’activité économique, provoquer leur remboursement.

Bernard Maris, Antimanuel d’économie, Bréal, 2003

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DOCUMENT 13 : Le besoin de liquidités centrales des banques commerciales

Les liquidités distribuées sous


Liquidités distribuées Fuite en billets (B) forme de crédits sont en partie
sous forme de crédits converties en billets, le reste
retourne aux banques sous forme
de dépôts. Elles doivent en
Retour de dépôts (D) Fuites en conserver une fraction comme
réserves réserves obligatoires. Le reste
obligatoires (r) constitue des liquidités
Liquidités disponibles pour de nouveaux crédits disponibles pour de nouveaux
crédits.

DOCUMENT 14 : Le mécanisme du multiplicateur de base monétaire

M0 b M0

(1-b) M0 r (1-b) M0 Soit b la proportion


de liquidités fuyant
(1-r) (1-b) M0 b (1-r) (1-b) M0 sous forme de
billets, (0<b<1)
(1-r) (1-b)2 M0 r (1-r) (1-b)2 M0 et r le coefficient
de réserves
(1-r)2(1-b)2 M0 b (1-r)2 (1-b) 2 M0 obligatoires
(0<r<1)
(1-r)2 (1-b)3 M0 r (1-r)2 (1-b)3 M0

(1-r)3 (1-b) 3 M0 ……
…. …..

(1-r)i (1-b) i M0

DOCUMENT 15 : Les agrégats monétaires

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DOCUMENT 16 : Variations de la masse monétaire dans la zone euro (en %)

Source : B.C.E. http://sdw.ecb.europa.eu/reports.do?node=1000003478

DOCUMENT 17 : La loi des débouchés de Jean-Baptiste Say

Il est bon de remarquer qu'un produit terminé offre, dès cet instant, un débouché à d'autres produits pour tout le montant de sa
valeur. En effet, lorsque le dernier producteur a terminé un produit, son plus grand désir est de le vendre, pour que la valeur de
ce produit ne chôme pas entre ses mains. Mais il n'est pas moins empressé de se défaire de l'argent que lui procure sa vente, pour
que la valeur de l'argent ne chôme pas non plus. Or, on ne peut se défaire de son argent qu'en demandant à acheter un produit
quelconque. On voit donc que le fait seul de la formation d'un produit ouvre, dès l'instant même, un débouché à d'autres produits.
Cela étant, d'où vient, dira-t-on, cette prodigieuse difficulté qu'on éprouve, surtout quand la situation des affaires générales est
peu prospère, pour l'écoulement des produits de l'industrie, d'où il résulte qu'on en tire alors un parti peu avantageux ? Je me
bornerai à faire remarquer ici qu'un défaut d'écoulement d'un produit, ou même d'un grand nombre de produits, n'est que le
résultat d'un engorgement dans un ou plusieurs canaux de l'industrie ; qu'il se trouve alors dans ces canaux une plus grande
quantité de ces produits que n'en réclament les besoins généraux, et que c'est toujours parce que d'autres canaux, loin d'être
engorgés, sont au contraire dépourvus de produits qui, en raison de leur rareté, sont aussi recherchés que les premiers le sont
peu. Aussi l'on peut remarquer que les temps où certaines denrées ne se vendent pas bien sont précisément ceux où d'autres
denrées montent à des prix excessifs ; et comme ces prix élevés seraient des motifs pour en favoriser la production, il faut que
des causes majeures ou des moyens violents, comme des désastres naturels ou politiques, l'avidité ou l'impéritie des
gouvernements, maintiennent forcément cette pénurie d'un côté, qui cause un engorgement de l'autre. Cette cause de maladie
politique vient-elle à cesser, les moyens de production se portent vers les canaux vacants, et le produit de ceux-ci absorbe le trop-
plein des autres ; l'équilibre se rétablit, et cesserait rarement d'exister, si les moyens de production étaient toujours laissés à leur
entière liberté.
Jean-Baptiste Say, Traité d'économie politique, troisième édition (1817). Livre un, chapitre quinze

DOCUMENT 18 : Synthèses des fondements des théories quantitatives de la monnaie

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DOCUMENT 19 : Les formulations des théories quantitatives de la monnaie

DOCUMENT 20 : Le motif de précaution

La possession d’argent liquide apaise notre inquiétude ; et celle-ci se mesure à la prime que nous exigeons pour nous séparer de
cet argent.
Notre désir de posséder de la monnaie en tant que réserve de richesse, qui a des fondements en partie raisonnables et en partie
instinctifs, constitue un baromètre de la méfiance que nous éprouvons envers nos propres conjectures et conventions touchant
l’avenir. Ce sentiment à l’égard de la monnaie est lui-même conventionnel et instinctif, mais il opère en quelque sorte à un niveau
de conscience plus profond. Il devient le guide de notre conduite à partir du moment où les conventions les plus élaborées, qui
sont aussi les plus précaires, se sont affaiblies.

Keynes, Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie, 1936

DOCUMENT 21 : Un renouveau de la théorie quantitative de la monnaie

La cause immédiate de l’inflation est toujours et partout la même : un accroissement anormalement rapide de la quantité de
monnaie par rapport au volume de la production. Cette conclusion repose sur de nombreux exemples historiques et se vérifie en
effet pour beaucoup de pays, sur des périodes allant jusqu’à des siècles entiers. Il n’existe pas de période d’inflation prolongée
[…] qui ne soit accompagnée d’un accroissement de la monnaie plus rapide que celui de la production. Il s’agit là d’une proposition
très simple. Pourtant, nombreux sont ceux qui ont du mal à l’admettre, bien qu’à ma connaissance aucune autre proposition de
la théorie économique ne bénéficie d’autant de preuves empiriques à son appui.

Milton Friedman, Monnaie et système monétaire, 1971

DOCUMENT 22 : L’hyperinflation autrichienne

Bientôt on vit naître une nouvelle profession, celle d' « accapareur », ainsi qu'on l'appelait. Des hommes sans occupation se
chargeaient d'un ou deux sacs à dos et allaient trouver les paysans les uns après les autres ; ils prenaient même le train jusqu'à
des endroits particulièrement rentables afin d'amasser par des voies illégales toutes sortes de vivres qu'ils détaillaient ensuite à
la ville pour le quadruple ou le quintuple du prix qu'ils les avaient payées. Tout d'abord, les paysans étaient heureux de la quantité
de papier-monnaie qui pleuvait dans leur maison en échange de leurs œufs et de leur beurre, et qu'ils "accaparaient" de leur côté.
Mais dès qu'ils allaient à la ville avec leur portefeuille bien garni, ils découvraient avec amertume que, tandis qu'ils n'avaient exigé
que le quintuple pour leurs denrées, les prix de la faux, du marteau, du chaudron qu'ils voulaient acheter avaient entre-temps été
multipliés par vingt, par cinquante. Dès lors, ils ne songeaient plus qu'à se procurer des objets manufacturés et exigeaient le
paiement en nature, marchandise contre marchandise. Après avoir déjà, dans ses tranchées, reculé avec succès jusqu'à l'âge des
cavernes, l'humanité abolissait aussi la convention millénaire de l'argent monnayé et retournait au système primitif du troc. Un
commerce grotesque s'instaura dans tout le pays. Les citadins emportaient chez les paysans tout ce dont ils pouvaient se passer,
vases de porcelaine de Chine et tapis, sabres et carabines, appareils photographiques et livres, lampe et bibelots […] Des biens
tangibles, de la "substance", pas d'argent, tel était le mot d'ordre. Beaucoup durent retirer l'alliance de leur doigt et la ceinture
de cuir qui entourait leur corps, afin de pouvoir nourrir ce corps.

Finalement, les autorités intervinrent pour arrêter ce trafic, dont la pratique ne profitait qu'aux riches ; de province en province,
des escouades entières furent disposées, qui reçurent pour mission de saisir les marchandises des accapareurs circulant à
bicyclette ou en chemin de fer et de les remettre aux offices de ravitaillement des villes. Les accapareurs ripostèrent en organisant
à la manière du Far West des transports nocturnes ou en corrompant les agents chargés de la surveillance, qui avaient eux-mêmes
à la maison des enfants affamés […]. De semaine en semaine, le chaos augmentait, la population s'excitait davantage. Car de jour
en jour, la dépréciation de la monnaie se faisait plus sensible. Les Etats voisins avaient remplacé les billets de banque austro-
hongrois par les leurs propres et avaient plus ou moins imposé à la petite Autriche la charge principale de rembourser l'ancienne
"couronne". Le premier signe de la défiance que nourrissait la population fut la disparition de la monnaie métallique, car un petit

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morceau de cuivre ou de nickel représentait quand même de la "substance", relativement au simple papier imprimé. L'Etat, il est
vrai, fit rendre au maximum la planche à billets, afin de fabriquer le plus possible de cet argent artificiel, selon la recette de
Méphistophélès, mais il ne parvint pas à suivre le mouvement de l'inflation ; c'est ainsi que chaque ville, petite ou grande, et
finalement chaque village, se mit à imprimer son propre "argent de secours", que l'on se voyait refuser dès le plus proche village,
et que l'on jetait tout simplement, le plus souvent, après avoir bien reconnu qu'il était sans valeur. Un économiste qui saurait
mettre en relief toutes les phases de l'inflation, en Autriche d'abord puis en Allemagne, pourrait facilement, à mon avis, surpasser
n'importe quel roman par le caractère passionnant de ce qu'il décrirait, car le chaos revêtit des formes de plus en plus fantastiques.
Bientôt, plus personne ne sut ce que coûtait un objet. Les prix faisaient des bonds tout à fait arbitraires ; une boîte d'allumettes
coûtait, dans un magasin qui en avait fait monter le prix au bon moment, vingt fois plus que dans un autre, où un brave homme
vendait encore naïvement sa marchandise au prix de la veille ; en récompense de son honnêteté, son magasin se vidait en une
heure, car on se le disait, chacun courait et achetait ce qui était à vendre, qu'il en eût besoin ou non. Même un poisson rouge ou
un vieux télescope était encore de la "substance", et tout le monde voulait de la substance au lieu de papier. C'est sur les loyers
que cette disposition produisit ses effets les plus grotesques : le gouvernement, pour protéger les locataires (qui représentaient
la grande masse), avait interdit toute augmentation, au détriment des propriétaires. Il se trouva bientôt qu'en Autriche le loyer
annuel d'un appartement moyen coûta moins au locataire qu'un seul déjeuner ; toute l'Autriche a en quelque sorte été logée
gratuitement pendant cinq ou dix années (car plus tard aussi toute résiliation de bail fut interdite). Dans ce chaos insensé, la
situation se faisait de semaine en semaine plus absurde et immorale. Qui avait économisé pendant quarante ans et, en outre,
patriotiquement placé son argent dans les emprunts de guerre était réduit à la mendicité. Qui avait contracté des dettes en était
déchargé. Qui s'en tenait correctement à la répartition des vivres mourait de faim ; seul celui qui la transgressait effrontément
mangeait son soûl. Qui savait corrompre faisait de bonnes affaires ; qui spéculait profitait. Qui vendait en se réglant sur le prix
d'achat était volé ; qui calculait soigneusement se faisait quand même rouler. Dans cet écoulement et cette évaporation de
l'argent, il n'y avait point d'étalon, point de valeur fixe, il n'y avait plus qu'une seule vertu : être adroit, souple, sans scrupule, et
sauter sur le dos du cheval lancé au grand galop, au lieu de se faire piétiner par lui.

A cela s'ajoutait que durant cette dépression des valeurs où les gens en Autriche avaient perdu toute mesure, bien des étrangers
avaient reconnu que chez nous il était fort avantageux de pêcher en eau trouble. Les seules valeurs demeurées stables dans le
pays pendant l'inflation – qui dura trois ans et dont le rythme se précipita de plus en plus – c'étaient les monnaies étrangères. Les
couronnes autrichiennes fondant entre les doigts comme gélatine, chacun voulait des francs suisses, des dollars américains, et
une foule considérable d'étrangers exploitaient cette conjoncture pour dévorer le cadavre palpitant de la couronne autrichienne.
On "découvrit" l'Autriche, qui connut une funeste "saison touristique". Tous les hôtels de Vienne étaient pleins de ces vautours ;
ils achetaient tout, depuis la brosse à dents jusqu'au domaine rural, ils vidaient les collections des particuliers et les magasins
d'antiquités avant que les propriétaires, dans leur détresse, soupçonnassent à quel point ils étaient dépouillés et volés. De petits
portiers d'hôtel venus de Suisse, des sténodactylographes de Hollande habitaient les appartements princiers des hôtels du Ring.
[…]. Même l’Allemagne, où l’inflation progressa d’abord à un rythme beaucoup plus lent – il est vrai que ce fut pour dépasser
ensuite la nôtre d'un million de fois – utilisait son mark contre la couronne qui se dissolvait. Ville frontière, Salzbourg m'offrait la
meilleure occasion d'observer ces razzias quotidiennes. Par centaines, par milliers, les Bavarois venaient des villes et des villages
voisins et se répandaient à travail la petite ville. […] Finalement, à l'instigation du gouvernement allemand, on établit une
surveillance à la frontière pour empêcher que tous les objets de première nécessité, au lieu d'être achetés dans les magasins du
pays, ne le fussent à Salzbourg, où ils étaient moins chers […] Un article, cependant, demeurait libre et ne pouvait être saisi : la
bière qu'on avait absorbée. Et les buveurs de bière bavarois calculaient tous les jours, en consultant les cours, si dans la région de
Salzbourg ils pourraient, du fait de la dépréciation de la couronne, boire cinq ou six, ou dix litres pour le prix qu'il leur fallait payer
un litre chez eux. On ne pouvait imaginer tentation plus alléchante […] Bien sûr, ils ne se doutaient pas, ces joyeux Bavarois, qu’une
revanche terrible les menaçait. Car lorsque la couronne se stabilisa et que le mark tomba dans des proportions astronomiques, ce
furent les Autrichiens qui partirent de la même gare pour aller s'enivrer en face à bon marché, et le même spectacle se produisit
une seconde fois, mais en sens inverse. Cette guerre de la bière au cours des deux inflations est un de mes souvenirs les plus
singuliers parce que, avec son caractère pittoresque et grotesque, c'est peut-être elle, qui montre le plus clairement, en petit, tout
l'égarement qui sévissait durant ces années.

Stefan Zweig, Le monde d'hier - Souvenirs d'un européen, 1941

DOCUMENT 23 : Capacités et besoins de financement des agents économiques en France en 2021 (en milliards d’euros)

Soldes (milliards Reste du


SNF SF APU Ménages ISBLSM Total
d’euros) monde
Capacité (+) ou besoin
38,3 - 8,4 - 160,7 119,1 1,7 - 10 + 10
de financement (-)

Source : Comptes de la Nation, 2022

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DOCUMENT 24 : Financement interne / externe, direct / indirect (ou de marché / intermédié)

DOCUMENT 25 : Le marché des capitaux

DOCUMENT 26 : A quoi sert la finance ?

Imagine-t-on, en effet, un monde marchand sans finance ? Chacun y serait contraint à n’investir dans les projets productifs,
véritables moteurs de la croissance économique, que sa propre épargne, tout en étant incapable d’ajuster le risque qu’il prend à
ses moyens financiers et à son goût du risque. Autant dire que l’investissement serait extrêmement limité, et la croissance quasi-
nulle. Empiriquement, on peut en effet récapituler ainsi les différentes fonctions de la finance :
- une fonction de transfert de la richesse dans le temps : en se privant d’utiliser une partie de sa monnaie à l’achat de biens lui
procurant une jouissance immédiate, un individu, qui devient ainsi un épargnant, peut grâce à la finance placer cette monnaie en
instruments financiers [...] et la récupérer plus tard, normalement augmentée du rendement de ce placement ;
- une fonction de gestion des risques : [...] la finance permet de réduire les risques individuels, en les divisant, et de les transférer
à d’autres individus, moins récalcitrants au risque, soit que le risque en question est pour eux de moindre importance, soit parce
qu’ils souhaitent en prendre dans l’espoir de profits élevés. La finance assure à chacun le choix du couple rendement-risque qui
lui convient ;
- une fonction de mise en commun des richesses, lui permettant de financer des projets dont l’ampleur dépasserait la richesse
d’un seul individu [...] ;
- une fonction d’information : certaines institutions financières [...] produisent une information publique (généralement des prix)
utile aux individus pour orienter leurs choix [...].
En résumé, les fonctions principales de la finance sont de rassembler l’épargne dispersée pour l’affecter à des projets
d’investissement dont l’envergure et le risque dépassent ce qui est à la portée des fortunes individuelles, et d’offrir à cette épargne
une grande variété d’instruments différents par leurs couples rentabilité-risque, donc d’organiser un vaste marché d’échange des
risques inhérents à tout investissement productif.
Le développement, la diversification, la spécialisation des activités financières participent ainsi pleinement au mouvement général
de division sociale du travail, en quoi Adam Smith voyait, à juste titre, la source fondamentale de l’accroissement de « la richesse
des nations ». La finance est, en elle-même, le lieu d’une division sociale du travail, et elle la favorise dans les autres sphères. Elle
contribue donc incontestablement à l’accroissement de la richesse.

P.-N. Giraud, « Quelques hypothèses sur la finance moderne », in Comprendre la finance contemporaine, La Découverte, 2008.

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DOCUMENT 27 : Les fonds collectés par financement participatif (crowdfunding)

Source : baromètre publié par l’association Financement Participatif France et réalisé par Mazars

DOCUMENT 28 : Economie d’endettement et économie de marchés de capitaux

DOCUMENT 29 : Ressources financières et investissements annuels des SNF en France (en milliards d'euros)

1978 1993 2003 2009

Autofinancement (épargne brute) 18 83 128 169

Émissions d'actions 2 33 81 105

Émissions d'obligations 2 8 7 10

Endettements auprès des institutions bancaires 14 10 15 29

Total du financement 36 134 231 313

Investissement 32 100 146 191,1

Capacité ou besoin de financement -14 -17 -18 -22,9

D'après l'INSEE, Comptes de la Nation

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DOCUMENT 30 : Réactions des marchés après l’explosion de la navette Challenger le 28 janvier 1986

DOCUMENT 31 : Extraits de la Théorie générale

Sur le court-termisme :
La scission entre la propriété et la gestion du capital, qui prévaut à l'heure actuelle, et l'extension prise par les marchés financiers
organisés ont fait intervenir un nouveau facteur d'une grande importance, qui facilite parfois l'investissement, mais qui parfois
aussi contribue à aggraver l'instabilité du système. En l'absence de bourses de valeurs il n'y a pas de motif pour qu'on essaye de
réévaluer fréquemment les investissements où l'on s'est engagé. Mais le Stock Exchange réévalue tous les jours un grand nombre
d'investissements, et ses réévaluations fournissent à chaque individu (mais non à la communauté dans son ensemble) une
occasion fréquente de réviser ses engagements. C'est comme si un fermier, après avoir tapoté son baromètre au repas du matin,
pouvait décider entre dix et onze heures de retirer son capital de l'exploitation agricole, puis envisager plus tard dans la semaine
de l'y investir de nouveau. Cependant les réévaluations journalières du Stock Exchange, bien qu'elles soient surtout destinées à
faciliter les transferts des capitaux anciens d'un individu à un autre, exercent nécessairement une influence décisive sur le montant
de l'investissement courant. Il serait absurde en effet de créer une entreprise nouvelle d'un certain coût si l'on peut acquérir une
entreprise identique à un prix moindre ; inversement, on est incité à dépenser dans une affaire nouvelle une somme qui peut
sembler extravagante, si cette affaire peut être cédée sur le marché avec un bénéfice immédiat. Ainsi certaines catégories
d'investissement sont-elles gouvernées moins par les prévisions véritables des entrepreneurs de profession que par la prévision
moyenne des personnes qui opèrent sur le Stock Exchange, telle qu'elle est exprimée par le cours des actions. Comment donc
s'effectuent dans la pratique ces réévaluations d'une si haute portée auxquelles les investissements existants sont soumis tous les
jours et même toutes les heures ?

Sur les conventions :


Dans la pratique, nous sommes tacitement convenus, en règle générale, d'avoir recours à une méthode qui repose à vrai dire sur
une pure convention. Cette convention réside essentiellement - encore que, bien entendu, elle ne joue pas toujours sous une
forme aussi simple - dans l'hypothèse que l'état actuel des affaires continuera indéfiniment à moins qu'on ait des raisons définies
d'attendre un changement. Ceci ne signifie pas que nous pensions réellement que l'état des affaires continuera indéfiniment.
L'expérience constante nous enseigne qu'une telle hypothèse est des plus improbables. Les résultats d'un investissement qui
apparaissent effectivement après une période de plusieurs années concordent très rarement avec la prévision initiale. Nous ne
pouvons pas non plus donner à notre attitude un caractère rationnel en disant qu'un homme en état d'ignorance n'a qu'une
chance sur deux de se tromper et qu'il subsiste par conséquent une prévision moyenne du point de vue actuariel basée sur des
probabilités égales. Car on démontre aisément qu'à vouloir fonder des probabilités arithmétiquement égales sur un état
d'ignorance, on aboutit à des absurdités. Nous supposons, en vertu d'une véritable convention, que l'évaluation actuelle du
marché, de quelque façon qu'elle ait été formée, est la seule correcte, eu égard à la connaissance actuelle des faits qui influeront
sur le rendement de l'investissement, et que cette évaluation variera seulement dans la mesure où la connaissance actuelle de
ces faits sera modifiée ; encore que sur le plan philosophique cette évaluation ne puisse être la seule correcte, car notre
connaissance actuelle du futur ne saurait fournir la base d'une prévision calculée mathématiquement. En fait il entre dans
l'évaluation du marché toutes sortes de considérations qui n'ont aucun rapport avec le rendement escompté.
Néanmoins la méthode conventionnelle de calcul indiquée ci-dessus est compatible avec un haut degré de continuité et de
stabilité dans les affaires, tant que l'on peut compter sur le maintien de la convention. […]

Sur le mimétisme :
La technique du placement peut être comparée à ces concours organisés par les journaux où les participants ont à choisir les six
plus jolis visages parmi une centaine de photographies, le prix étant attribué à celui dont les préférences s'approchent le plus de

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la sélection moyenne opérée par l'ensemble des concurrents. Chaque concurrent doit donc choisir non les visages qu'il juge lui-
même les plus jolis, mais ceux qu'il estime les plus propres à obtenir le suffrage des autres concurrents, lesquels examinent tous
le problème sous le même angle. Il ne s'agit pas pour chacun de choisir les visages qui, autant qu'il peut en juger, sont réellement
les plus jolis ni même ceux que l'opinion moyenne considèrera réellement comme tels. Au troisième degré où nous sommes déjà
rendus, on emploie ses facultés à découvrir l'idée que l'opinion moyenne se fera à l'avance de son propre jugement. Et il y a des
personnes, croyons-nous, qui vont jusqu'au quatrième ou au cinquième degré ou plus loin encore. […]

Sur les esprits animaux :


Outre la cause due à la spéculation, l'instabilité économique trouve une autre cause, inhérente celle-ci à la nature humaine, dans
le fait qu'une grande partie de nos initiatives dans l'ordre du bien, de l'agréable ou de l'utile procèdent plus d'un optimisme
spontané que d'une prévision mathématique. Lorsqu'il faut un long délai pour qu'elles produisent leur plein effet, nos décisions
de faire quelque chose de positif doivent être considérées pour la plupart comme une manifestation de notre enthousiasme
naturel (as the result of animal spirits), comme l'effet d'un besoin instinctif d'agir plutôt que de ne rien faire, et non comme le
résultat d'une moyenne pondérée de bénéfices numériques multipliés par des probabilités numériques. […]

Sur la spéculation contre l’entreprise :


S'il nous est permis de désigner par te terme spéculation l'activité qui consiste à prévoir la psychologie du marché et par le terme
entreprise celle qui consiste à prévoir le rendement escompté des capitaux pendant leur existence entière, on ne saurait dire que
la spéculation l'emporte toujours sur l'entreprise. Cependant le risque d'une prédominance de la spéculation tend à grandir à
mesure que l'organisation des marchés financiers progresse.

Keynes, Extraits de la Théorie Générale de l’Emploi, de l’Intérêt et de la Monnaie, Livre IV, Chap.XII « L’état de la prévision à long
terme »

DOCUMENT 32 : Imperfections et facteurs de crise comparés dans les systèmes financiers

Source : CAE (2004) Les crises financières (rapport de Robert Boyer, Mario Dehove et Dominique Plihon)

DOCUMENT 33 : Détention de la dette de l’Etat français (en % du total)

NB : Données en juin 2020. Dette tous titres de créances négociables confondus émis par l’État : BTF (Bons du Trésor à taux fixe
et intérêt précompté [= payable d’avance], à court terme), BTAN (Bons du Trésor à taux fixe et à intérêt annuel, à moyen terme,
progressivement remplacés par les OAT), et OAT (obligations assimilables du Trésor, à moyen et long terme).

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DOCUMENT 34 : La titrisation

Qu’est-ce que la titrisation ? Cette opération consiste pour une banque à revendre des créances correspondant à des crédits
immobiliers mais aussi à la consommation, à l’achat d’automobiles à une autre entité créée pour l’occasion. Cette dernière revend
à son tour ces créances transformées en obligations à des investisseurs sur les marchés financiers. Ceux-là supportent ainsi le
risque de non remboursement des crédits à hauteur de leur investissement. Le procédé n’est pas malsain en soi. « C’est une bonne
chose pour l’économie car il permet de diluer les risques liés au crédit, mais on a été bien trop loin », concède un investisseur.
Le Monde, 19 septembre 2007

DOCUMENT 35 : L’expansion des marchés de titres en France

DOCUMENT 36 : Taux d’intermédiation

En % (données Banque de France) 1977 2006 2009


(part des) crédits accordés par les établissements financiers
… au sens strict = 67 41 40,2
(dans l’) ensemble des financements obtenus par les ANF
crédits accordés + titres acquis par les établissements financiers
… au sens large = 76 59 54,5
ensemble des financements obtenus par les ANF

NB : ANF = agents non financiers

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DOCUMENT 37 : Banque et risque systémique

DOCUMENT 38 : Désintermédiation, ré-intermédiation

Source : COUPPEY-SOUBEYRAN, CAPELLE-BLANCARD, 2013

DOCUMENT 39 : La déclenchement des crises

Le signal spécifique, qui marque le début de la crise, peut être la faillite d'une banque ou d'une entreprise, prises au piège du
crédit, la révélation d'une fraude ou d'un détournement commis par une personne cherchant à échapper à la détresse par des
moyens malhonnêtes, ou une baisse du prix de l'objet initial de spéculation, qui, pour un temps, est le seul à être jugé surestimé.
La course a commencé. Les prix baissent. Les faillites se multiplient. La liquidation se fait parfois dans le bon ordre, mais le plus
souvent dégénère en panique quand on s'aperçoit qu'il n'y a pas suffisamment d'argent en circulation pour permettre à tous de
réaliser les plus-values attendues.

Charles Kindleberger (1994), Histoire mondiale de la spéculation financière : de 1700 à nos jours

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DOCUMENT 40 : Les enchaînements de la crise de 2008

Jean-Charles BRICONGNE, Jean-Marc FOURNIER, Vincent LAPEGUE et Olivier MONSO, « De la crise financière à la crise
économique : L’impact des perturbations financières de 2007 et 2008 sur la croissance de sept pays industrialisés », Economie et
Statistique n°438, 2011, http://www.insee.fr/fr/ffc/docs_ffc/ES438D.pdf

DOCUMENT 41 : Les piliers de l’Union bancaire européenne

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