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Le loup et l agneau

Vers 1 et 2 : la morale de la fable ⭐


D’emblée, l’auteur présente la morale de sa fable avant de créer un effet d’attente au vers
suivant. Il nous incite à lire la suite de sa fable
L’auteur ne conseille pas son lectorat mais énonce un constat sur la vie. Il utilise le présent
de vérité générale, un présent qui exprime un fait valable tout le temps comme un
proverbe, une morale ou un fait scientifique.

Vers 3 à 11 : des animaux aux antipodes ⚡


Vers 3 à 6 : l’apparition des protagonistes ?

Dans Le Loup et l’Agneau, chacun des deux animaux est présenté en deux vers :
Vers 3 et 4
Un Agneau se désaltérait
Dans le courant d’une onde pure.
L’agneau paraît tranquille et innocent grâce au cadre idyllique qui l’entoure. Il boit le
breuvage d’une nature « pure » qui lui est bénéfique ?
Vers 5 et 6
Un Loup survient à jeun qui cherchait aventure,
Et que la faim en ces lieux attirait.
Le loup est brusque, agressif et belliqueux. En gros, il cherche la baston et vient sans y être
invité. On voit notamment que le présent de l’indicatif « survient » crée un contraste avec le
verbe à l’imparfait « se désaltérait ». Cette opposition montre que les personnages sont en
tout point différents. Les vers 3 et 4 traitant de l’agneau sont des octosyllabes. L’équilibre est
parfait ! ? À l’inverse, les vers 5 et 6 qui sont attribués au loup sont formés par un alexandrin
et un décasyllabe. Cette différence accentue l’opposition entre les descriptions des deux
animaux.

Vers 7 à 11 : le tyran puissant et le sujet obéissant


Le loup est supérieur à l’agneau d’un point de vue physique. Il semble furieux et menaçant :
« plein de rage » (v. 8), « en colère » (v. 11). Il se laisse aller à ses instincts primitifs puisqu’il est
guidé par sa « faim » (v. 6) et accuse l’agneau sans réfléchir.
Il lui est aussi supérieur d’un point de vue social. L’objet du désaccord est le « breuvage » (v. 7)
que le loup refuse de partager comme s’il était le king des bois ?
Du calme Joffrey Baratheon ✋
L’agneau, innocent et honnête, reconnaît lui-même sa supériorité : « Sire » (v. 10), « votre Majesté »
(v. 10). Il s’adresse au prédateur en utilisant la troisième personne du singulier tandis que le loup
tutoie l’agneau pour marquer son dédain.
? On remarque également que le loup condamne l’agneau sans faire de commentaires raisonnés.
Comme il est le symbole du pouvoir, il n’a pas besoin d’argumenter. Il analyse simplement la
situation en la faisant tourner à son avantage…

Comment le voit-on ? Grâce aux temps utilisés dans les vers pardi ! Le loup ne reviendra pas sur ce
qu’il a dit comme le montre le futur : « Tu seras châtié de ta témérité » (vers 9).
L’allitération en ‘t’ appuie l’impression d’une condamnation sans appel. La répétition
consonantique fait penser au roulement d’un tambour que l’on sonne avant d’annoncer une sentence
?
La fiesta de la versification !!!
Le poète représente à travers les animaux les rapports de force de la société du XVIIᵉ siècle, sous
la monarchie absolue de Louis XIV. L’agneau est respectueux comme un sujet qui s’adresse à
son roi.
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Vers 12 à 30 : les argumentations des personnages ?

Vers 12 à 17 : la défense naïve de l’agneau ?

Dans Le Loup et l’Agneau, le plus faible a une argumentation en béton ! Avec respect et
patience, il explique au loup pourquoi il s’emporte inutilement.
Et que par conséquent, en aucune façon.

L’Agneau
? Le cheminement de sa pensée
• Il contredit l’accusation du loup : vers 12 à 15
• Il conclut son argumentation : vers 16 et 17
Le dernier vers est riche en informations ? La conjonction de coordination « Et », suivie des
locutions adverbiales « par conséquent » et « en aucune façon », révèle la clarté des pensées de
l’agneau et sa rationalité.

Là où ça coince, c’est qu’il est particulièrement naïf de penser qu’une conclusion réfléchie et des
talents d’orateur suffisent pour se défendre face à la tyrannie et la cruauté.
Vers 18 à 27 : la cruauté du loup ?

À l’inverse des répliques de l’agneau, celles du prédateur sont incisives et ne se basent pas sur
une argumentation solide. Bien que l’agneau cherche à se défendre en utilisant des preuves
(normalement irréfutables…), le loup les annihile sans utiliser de contre-arguments.
? Il est injuste et de mauvaise foi
• « On me l’a dit : il faut que je me venge » (v. 27) : il recourt au pronom indéfini parce qu’il n’a
aucune preuve concrète de ce qu’il avance.
• « Et je sais que de moi tu médis l’an passé. » (v. 19) : il n’énonce plus des faits avérés mais de
fausses accusations.
L’agneau lui-même comprend que ses preuves sont inutiles face au déferlement de répliques
hargneuses du loup. L’animal ne construit plus son plaidoyer et répond du tac au tac sans grande
conviction : « Je n’en ai point. » (v. 23).
? As-tu remarqué ?
La répétition syntaxique aux vers 22 et 24 « c’est donc » montre bien que, peu importe la réponse
que l’agneau allait donner, le loup avait préparé sa réponse… ?
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Vers 28 à 30 : le dénouement de la fable ?

Les derniers vers sont prévisibles


Là-dessus, au fond des forêts
Le Loup l’emporte, et puis le mange,
Sans autre forme de procès.
Dès le début de la fable, on savait qu’il serait injuste et aboutirait à la mort de l’agneau. Les
octosyllabes de la fin parlent d’eux-mêmes : ils créent un rythme et montrent que la sentence est
donnée si rapidement que l’agneau n’a aucun moyen de se défendre.
Récapitulatif
Quelle est la nature du texte Le Loup et l’Agneau ?
? C’est une fable didactique de trente vers.
Quelle est la leçon morale du Loup et l’Agneau ?
? Tout comme l’agneau est pur et le loup est brutal, un faible est condamné par un fort. L’auteur ne
défend nullement le comportement du prédateur mais cherche à exposer un fait naturel.

Quels sont les arguments de l’agneau ?


? Il ne peut pas avoir sali l’eau du loup puisqu’il buvait vingt pas plus loin que lui. Il n’était pas non
plus né l’année où le loup l’a accusé d’avoir médis sur lui et il n’a pas de frère.
Quels sont les quatre reproches que le loup formule à l’encontre de l’agneau ?
? Il l’accuse d’avoir sali son eau et d’avoir médit sur lui avec un soi-disant frérot, des chiens et des
bergers.

Que représente l’agneau dans Le Loup et l’Agneau ?


? L’agneau peut incarner les sujets modestes et soumis du Roi de France, dont les paysans.
Quel personnage le loup peut-il représenter à l’époque de La Fontaine ?
Le loup peut incarner Louis XIV qui a établi une monarchie absolue, de grands seigneurs usant
cruellement de leurs pouvoirs ou encore les juges qui sont tout-puissants.
Tu veux découvrir d’autres fables ? ?

Cette fiche de lecture est à présent terminée ! On espère qu’elle t’a aidé à comprendre ce qui se
tramait dans la tête de Jean La Fontaine du temps où il écrivait pour le fils du Roi Soleil. Si des
questions autres que celles du récap te viennent, partage-les-nous en commentaire ?
FAQ ✅
Quelle est la leçon de morale de la fable Le loup et l’agneau ?
La leçon de morale de la fable « Le Loup et l’Agneau » est celle de l’injustice et de l’abus de
pouvoir. L’auteur, Jean de La Fontaine, montre comment le loup, symbolisant une autorité
dominante et tyrannique, use de sa force pour justifier l’injustifiable, à savoir la mise à mort de
l’agneau innocent. Cette fable met en exergue le fait que « la raison du plus fort est toujours la
meilleure ».
Quels sont les arguments de l’agneau ?
Les arguments de l’agneau dans la fable sont principalement basés sur la logique et l’innocence.
Face aux accusations infondées du loup, l’agneau tente de se défendre en réfutant chaque argument
du loup. Il souligne qu’il ne peut pas troubler l’eau que le loup boit car il se trouve en aval, qu’il ne
peut pas l’avoir offensé l’année précédente car il n’était pas né, et que si ce n’est pas lui, ce ne peut
pas être sa mère non plus car elle ne fréquente pas les loups.
Quelles sont les étapes de l’argumentation dans le loup et l’agneau ?
L’argumentation dans « Le Loup et l’Agneau » se déroule en plusieurs étapes :
Premièrement, le loup accuse l’agneau de troubler son eau, ce à quoi l’agneau répond logiquement
qu’étant en aval, il ne peut pas perturber l’eau que le loup boit en amont.
Deuxièmement, le loup accuse l’agneau de l’avoir insulté l’année dernière. L’agneau réplique qu’il
n’était même pas né à cette époque.
Troisièmement, face à l’échec de ses accusations précédentes, le loup prétend que c’était la mère de
l’agneau qui l’a insulté. L’agneau réfute cette accusation en affirmant que sa mère ne fréquente pas
les loups.
Finalement, voyant que tous ses arguments sont réfutés, le loup déclare que l’agneau mérite de
mourir simplement parce qu’il le dit, mettant ainsi fin à l’argumentation et soulignant l’injustice de
la situation.

Avec ses fables, La Fontaine a trouvé un genre qui lui laissait une certaine liberté d'écriture. Mais il
y a pourtant un précepte qu'il met toujours devant les autres, c'est le placere et docere d'Horace : il
faut instruire et plaire en même temps. Et en effet dans les fables de La Fontaine, l'art du récit, les
ressources poétiques du langage, la mise en scène des animaux, vont faire passer la leçon de la
manière la plus plaisante possible, sous la forme d'une morale, discrète et subtilement préparée.

Et pourtant, dès la 10e fable du premier livre, « Le Loup et l'Agneau » la morale arrive de manière
étrangement abrupte, dès les premiers vers. Tout le jeu de la lecture va alors consister à confronter
cette morale à la petite histoire qui va suivre. La fable redevient plaisante, parce que le lecteur est
amené à retrouver toutes les contradictions de cette morale imposée par la force. Problématique

Comment ce débat entre le loup et l'agneau parvient-il à impliquer le lecteur, pour l'amener à poser
un regard critique sur la morale qui ouvre la fable ?

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