diminution des effectifs agricoles doit
être de 3,5 % par an). Au total, on
pense qu'il.faudra créer dans le Choie-
tais environ 1 600 emplois non agrico-
les par an.
On pourrait continuer la liste des
problèmes dont le conseil des jeunes
devrait se saisir et, ensuite, saisir le
conseil des ' adultes. Il suffirait d'ail-
leurs de leur distribuer la brochure
récemment éditée par l'Association
pour le Développement économique et
culturel-de Cholet (A.D. E.C.)
L'A.D.E.C., sous la direction de M. Le
,
Chevallier, professeur à la cité techni-
que de Cholet, et de M. Robert Solazzi;
conseiller d'orientation scolaire et p ro-
fessionnell e; a établi avec l'aide des
différentes unions syndicales locales
et des associations familiales un bilan
révélateur du passé, du présent, et de
l'avenir de l'économie choletaise. Il
devrait intéresser rudement le conseil
des jeunes choletais. Dans ces condi-
tions si les jeunes commençaient de s'y
intéresser, si les adultes acceptaient
qu'ils le fassent, et s'ils finissaient par
en débattre publiquementensemble,
alors il se pourrait que l'idée de M. Li-
got ait été bonne. Elle n'apparaîtrait
pas simplement comme un coup fourré
sous les sunlights.-
YVO N LE VAILLANT
Racisme
Un juif
nazi
• Qu'est-ce qui fit
délirer Burros ?
out le monde connaît l'histoi-
T
re : un nazi, d'un antisémitis-
me particulièrement virulent,
agonise'au milieu des siens.
A la toute dernière extrémité, comme
on lui propOse un pasteur, il deman-
de un rabbin Stupeur et scandale —
mais refuse-t-on rien à un moribond ?
Le rabbin arrive. Le nazi demande à
être baptisé. Le rabbin s'exécute. Le
nazi trépasse en 'disant, dans un der-
nier râle : «Un de moins... Un de
moins ... »
C'est de la triche, bien sin. Ce nazi
se payait de mots et ne pouvait se
Convaincre qu'il mourait comblé qu'au
prix d'une Mauvaise foi insigne. Le
31 octobre, en se suicidant d'une balle
.
dans la poitrine puis d'une antre dans
la tempe, le nazi américain DanielBur-
ros a pu, lui, à bon droit, s'estimer heu-
reux : il supprimait bel et bien un juif
car, juif, il l'était et c'est même pour ça
qu'il s'est tué ou, plus exactement, par-
ce qu'on avait découvert qu'il l'était.
Ancien secrétaire national du parti
nazi américain, Grand Dragon de New
York, Grand, Aigle et organisateur en
chef du Klan pour l'Amérique, Daniel
Burros écrivait dans son journal « The
Free American » : « Israël est une des
cavernes d'où la pieuvre de la juiverie
internationale lance ses tentacules
mortels. Israël doit périr! »II y prô-
nait ouvertement le génocide comme le
-meilleur moyen d'en finir avec les
questions noire et juive. Et il disait
encore : « Il no us faut rendre le mon-
_de sûr pour; les enfants blonds aux
yeux bleus. Il faut les protéger de la
moindre souillure de sang non blanc».
Ce blanc blond aux yeux bleus, au
rond visage d'enfant américain à hi-
Page 0 3 novembre 19 65 -
nettes, chargé par le Klan (après une
« minutieuse » enquête sur ses origi-
nes) de mener à New York la croisa-
de anti-juive et anti-noire, était donc
juif. Ses parents s'étaient mariés selon
le rite juif et il avait été leplus brillant
élève de l'école hébraïque d'une syna-
gogue de Queens e avait été confirmé.
Quand une agence juive révèle çes
faits au « New York Times » un jour-
naliste va interviewer Burros. D'abord
poli et -même aimable, Burros commen-
ce à raconter sa vie mais change de - Y F 76
visage quand on lui parle de ses origi-
nes juives. « Je me vengerai, dit-il.
vous publiez ça, je vous tue et tant
pis pour les conséquences. Je serai
foutu. Je n'ai due ça dans la vie. »
Interrogé sur son désir furieux de
liquider les juifs, alors qu'il est juif
lui-même, il répond : « Je suis peut-
être victime d'une aberration mais j e
ne suis pas le seul », et il cite les
noms d'autres juifs fascistes et antisé-
mites. Puis il prophétise : « Dans un
pays neuf et rude comme les Etats-
Unis la grande purge à venir des juifs
sera encore beaucoup plus radicale et
plus féroce qu'elle ne l'a été dans un
pays de haute culture comme l'Alle-
magne. »
Mal comprise
Qu'est-ce qui fait délirer Burros ?
Ses parents sont d'origine russe. Son
père est employé. A l'école il est un
brillant élève et remporte l'équivalent
de nos prix d'excellence. Il rêve d'en-
trer à West Point. Sans trop pouvoir ex-
pliquer pourquoi il raconte que, comme
enfant, il était déjà « attiré par la droi-
te» et que ses camarades «de gauche »
le dégoûtaient. Plus tard, au collège,
il eut ce qu'il appelle la chance
d'avoir un professeur d'histoire irlan-
dais qui était mccarthyste : « C'est
grâce à lui que les idées de droite ont
cristallisé dans ma tête ». Vers vingt
ans, peu après la guerre, il entra en
correspondance avec des groupes de
droite allemands — des nazis clandes-
tins -- qui le convainquirent que l'Al-
lemagne hitlérienne avait été « mal
comprise » et le renforcèrent dans ses
convictions fascistes.
Recalé à West Point, Burros fait son
service dans les parachutistes, saute
17 fois et, ironie du sort, est envoyé
à Little Rock au moment des émeutes
déclenchées par l'intégration scolaire.
Pour lui cette expérience fut détermi-
nante : « C'est là que j'ai définitive-
ment compris, dit-il. Pour rentrer chez
eux, les gens devaient franchir des
cordons de soldats. De braves petites
Américaines blanches de 15 ans étaient
refoulées à la pointe des baïonnettes».
Pour lui, les émeutes de Little Rock
étaient provoquées par le libéralisme •
« J'ai compris que l'Améiiquedevenait
un pays policier de gauche ».
Démobilisé, Burros est employé à la
bibliothèque publique de Queensboro
mais il démissionne le jour où il sur-
prend son chef en train'de pincer une
fille dans un coin. En ce domaine ces
gaillards sont souvent étranges.
Ayant adhéré au parti nazi améri-
-
cain, Burros va vivre à Arling ton, en
-
Virginie, où il habite au siège duparti.
En même temps, il travaille à la chara-
bre de Commerce des Etats-Unis. «Pen-
dant un moment, ils'est tenubientran-
quille, dit un de ses chefs,etpuis il s'est
mis à débagouler ses âneries. On l'a
prié de se taire mais il a refusé et a
menacé d'établir un piquet deprotesta-
tion devant les bureaux. On l'a ren-
voyé et, pendant les jours quiontsuivi,
il a effectivement, avec d'autres nazis,
tourné en rond devant nos portes en
«
portant des pancartes injurieuses. »
A la même époque, il est arrêté plu- -
sieurs fois à la suite de bagarres ou
pour avoir dessiné des croix gammées
sur des murs. Devenu secrétaire natio-
nal du parti nazi, Burros le quitte, l'at-
taque violemment, en redevient mem-
bre, le quitte de nouveau. De retour
à New York, il entre au parti national
de la Renaissance, un groupement fas-
ciste dirigé par James H. Madole et y
devient chef du service de Sécurité. En
juillet 1964, il est arrêté pour troubles
sur la voie publique, diffusion de tex-
tes interdits et détention d'armes pro-
hibées. Condamné à deux ans de pri-
son il fait appel et est mis en liberté
provisoire, en août de la même année..
DANIEL BURROS,
GRAND DRAGON
DU KU KLUX KLAN
«Je n'ai que ça dans la vie ,»
Depuis il a publié six numéros de son
journal « l'Organe de combat dufascis-
me raeiste ». Le numéro 5, publié en
mai, était un numéro spécial en l'hon-
neur de l'anniversaire de Hitler daté
«Y F 76 » (Year of theFührer 76 :" an-
née 76 du Führer), où celui-ci est ap-
pelé le « Chef sacré » et où l'on peut
lire que « /a tâche entreprise par le
Maître sera poursuivie jusqu'à la vic-
toire finale».
Quand ses origines juives furent
révélées, Minos, à ces activités, joi-
gnait celle de Grand Dragon du Klan -
deux jours plus tard, il se suicidait. Un
de ses amis le décrit comme un « très
gentil garçon qui parlait beaucoup de
violence mais n'avait rien d'un dur
des troupes d'assaut. Il était doux,
aimable, nerveux, facilement excita-
ble et avait tendance à pouffer comme
un gosse. Pour moi, il vivait dans un
roman d'espionnage : affublé d'une
chemise brune, complotant la ruine de
la démocratie, tenant des réunions se-
crètes, fuyant d'imaginaires agents en-
nemis, il était en permanence plongé
dans un rêvenoir et dément ».
L'histoire de Daniel Burros est sa-
tisfaisante pour l'esprit. Légèrement
décevante, toutefois, quand on y re-
garde de près : c'est que, juifs ou
non, les nazis, les fascistes, les racis-
tes américains — je ne parle que de
ceux qui sont organisés — s'ils sont,
dans leurs propos et dans leurs actes,
aussi répugnants que les européens
n'ont pas la sinistre et robuste santé .
morale ni l'épais et triomphant bon
sens des nôtres. Les fascistes français,
allemands, italiens, anglais ou espa-
gnols ne sont pas nécessairement de-
meurés ni, au départ, cinglés. Aux
Etats-Unis, ils sont presque toujours
les deux. Alors que les nôtres ont,
comme élément de base, de la boue
dans la tête, ils y ont, eux, plutôt
de la bouillie. En conséquence,. lors-
qu'ils deviennent nuisibles ou assas-
sins on se dit que_ c'est la débilité
mentale — plutôt que des idées politi-
ques abjectes — qui les a menés là et
on les verrait mieux à l'asile qu'en
prison.
Daniel Burros, lui, en est mort. Son
curriculum vitae ne l'explique pas.
Pour comprendre les cheminements
aberrants de ce que, faute d'un terme
plus adéquat, on doit bien appeler sa
pensée, il aurait fallu. le connaître. Mais,
de même que la folie n'est souvent que
l'hypertrophie d'un caractère normal,
la folie fasciste-raciste d'un Daniel Bur-
ros n'est jamais qu'un cas-limite de
fascisme, logiquement poussé à ses
conséquences extrêmes : dès les pre-
miers symptômes, se méfier, ça peu
aller loin.
JACQUES-LAURENT BOST