Micheline Dax

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Je veux

Jaire rire
”‘et la télévision
me rend folle

Micheline Dax enregistre la voix de son chat, qui ‘exomine le micro avec méfiance,..

1A15ANT partie durant trois ans de la jouais dans, la salle des fêtes du lycée « J‘ai encore vingt—cinq minutes à tirer ! »
revue loufoque Branquignol, fantai— Lamartine —— où j‘étais le condisciple Dans Femmes de Paris, le film de Jean
siste chez Gilles, actrice dans la pièce d‘Anne Vernon — les rôles de vieux mes— Boyer, je prends un peu ma revanche.
de Louis Ducreux Le Diable à quatre, sieurs barbus. » Je tiens le rôle d‘une de ces femmes
elle fit de remarquables débuts à la snobs et blasées que j‘ai eu tout le temps
télévision et fut, dans La Rue de l‘Estra— de bien observer.
pade, Virrésistible amie d‘Anne Vernon. Faire du cabaret est un dur métier » Quant à la télévision elle me rend
Telles sont les récentes activités de Miche— folle. C‘est pourtant l‘activité que je pré—
line Dax. Actuellement elle conserve son Comme sa voix, sa nature est une boîte fère, car c‘est un art nouveau et il y a
rôle dans Le Diable à quatre, commence à surprises. Elle nous parle de son « rire quelque chose à trouver. »
un tour de chant à « L‘Orée du Bois » et énorme ». « On me louerait pour lancer Sa timidité se manifeste aussi bien chez
fait de fréquentes visites aux studios de une pièce. » Mais elle avoue sa timidité. elle où jamais on ne l‘entend travailler.
la TV. et de la Radio. « Le trac prend chez moi des proportions Inventions, mises au point, tout se fait
Quand on a vu Micheline Dax, on ne inquiétantes. Pourtant le cabaret est une et se case en silence. Elle ne semble ja—
l‘oublie pas. Sa personnalité déborde et dure école. Le public s‘y montre féroce. mais se préoccuper de son travail, mais
s‘impose jusqu‘en sa personne physique. Il ne se dérange pas pour applaudir un elle y pense sans cesse. Elle est d‘ailleurs
Grande, mince, elle possède dans un vi— numéro, mais parce qu‘il est de bon ton puissamment aidée en cela par une mé—
sage mobile et expressif de grands yeux de fréquenter tel caBaäret. Le raffinement moire qu‘elle qualifie elle—même d‘inso—
tour à tour étonnés, narquois ou mali— suprême est de tourner le dos à la scène lente. Mémoire qui lui sert aussi à
cieux. Ses dons comiques sont incontes— et de parler bruyamment tout le long du exaspérer — involontairement — ses ca—
tables, mais elle sait les guider, les spectacle. D‘un jour à l‘autre vous rem— marades. Car dès la troisième répétition
retenir, les laisser s‘épanouir avec une porterez un succès honorable ou la plus du Diable à quatre elle ne pouvait se
intelligence très sûre et une finesse jamais belle tape de votre carrière. Mettez—vous retenir de souffier leur texte à ses par—
démentie. Avec une patience tenace elle à la place d‘un fantaisiste qui occupe seul tenaires.
s‘efforce de lutter contre les préjugés en— la scène, qui attend avec angoisse l‘éclat
racinés. « Je veux, nous dit—elle, obtenir de rire qui doit souligner une de ses bou—
de jouer sans accessoires, sans accoutre— tades et qui, s‘il ne vient pas,. se dit: Elle rassure les époux
ment ridicule, mais en créant tout de
moi—même et en faisant sourdre le co— Chanteuse et comédienne, elle travail—
mique simplement de chacun de mes lait le chant en cachette de la comédie et
gestes. » Micheline Dax ? Une petite fille. La preuve !
la comédie en cachette du chant. Aussi
réussit—elle avec un brio étourdissant son
Une surveillante lui a prédit rôle de femme bavarde et exaspérante
dans le fameux sketch du chapeau. Elle
sa carrière
y apportait un souffle de chanteuse. Elle
Tout en elle est contraste. Jusqu‘à sa entendit un soir un mari confesser à sa
voix si grave quand elle parle et qui mue femme : « Ah ! quand j‘entends ça, je te
en soprano dès qu‘elle se met à chanter. jure que ‘je ne regrette pas de t‘avoir
« Je faisais le désespoir des professeurs épousée. » Mais ce n‘est pas la seule
de solfège du lycée. « Et vous ? » me réflexion savoureuse qu‘elle surprit ainsi,
De la scène du théâtre Montparnasse, elle
demandaient—ils lors du classement des
élèves au début de l‘année. « Je suis entendit distinctement deux femmes qui se
soprano », répondais—je d‘une voix de disputaient au premier rang des fauteui!s
basse—taille. Ils croyaient à une mauvaise d‘orchestre. L‘une affirmait qu‘elle portait
plaisanterie. Je n‘ai d‘ailleurs jamais eu des bas, l‘autre que ce devait être du fond
très bonne presse au lycée. Un jour que de teint. La première eut enfin cette répli—
je chahutais dans un couloir (on peut que péremptoire : « Penses—tu ! Alors
pour cela faire confiance à Micheline Dax) elle se lave les jambes tous les jours ? »
une surveillante s‘approcha de moi en Le sens de l‘humour, l‘amour de son
levant les bras au ciel : « Vous finirez sur métier, un talent d‘une prodigieuse sou—
les planches », gémit—elle. Je n‘ai rien plesse, Micheline Dax commence seule—
répondu, mais j‘ai touché du bois. En ment à faire parler d‘elle.
attendant, à cause de ma grosse voix, je C.—M. TREMOIS.

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