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UNIVERSITE IBN TOFAIL

Faculté des sciences juridiques, économiques et sociales

KENITRA

Mémoire de fin d’études pour l’obtention du master en droit


des affaires sous le thème :

LA PROTECTION DU CONSOMMATEUR
CONTRE LES CLAUSES ABUSIVES

Sous la direction de : Madame le professeur Dyaâ SFENDLA

Réalisé et soutenu par : Fatima-Zahra ASSAFFAR

Jury :

Présidente :

Madame le professeur SFENDLA Dyaâ

Professeur à l’université ibn tofail –FSJESK de kenitra

Membres:

Madame le professeur BELHADDAD Ibtissam

Professeur à l’université Ibn Tofail –FSJESK de Kenitra

Monsieur le professeur HIMMICH Chakib

Professeur à l’université Ibn Tofail –FSJESK de Kenitra

Année universitaire : 2019/2020


DEDICACE

A
Mon encadrant, madame le professeur Dyaâ Sfendla ;

tous ceux qui m’ont aidé à la réalisation de ce travail ;


tous les professeurs de notre faculté qui nous ont accompagnés durant toute notre formation ;
ma très chère famille, pour m’avoir accordé un soutien moral et matériel pour arriver à ce
stade de mes études.
REMERCIEMENTS

Toutes mes reconnaissances à Dieu tout puissant et miséricordieux ;

La réalisation de ce mémoire a été possible grâce au concours de plusieurs personnes à


qui je voudrais témoigner toute ma reconnaissance.

Je voudrais tout d’abord adresser toute ma gratitude à mon encadrant, madame le


professeur SFENDLA Dyaâ pour sa patience, sa disponibilité et surtout ses judicieux conseils,
qui ont contribué à alimenter ma réflexion.

J’adresse mes sincères remerciements aux membres du jury, Madame le professeur


BELHADDAD Ibtissam et Monsieur le professeur HIMMICH Chakib pour avoir accepté
d’assister et de débattre au sujet de ce modeste travail.

J’adresse en la même occasion mes remerciements les plus sincères à tous les
professeurs intervenants et toutes personnes qui par leurs paroles, leurs écrits, leurs conseils et
leurs critiques ont guidé ma réflexion et ont accepté de répondre à mes questions durant mes
recherches.

Je remercie mes très chers parents, qui ont toujours été là pour moi, « Vous avez tout
Sacrifié pour vos enfants n’épargnant ni santé ni efforts. Vous m’avez donné un magnifique
Modèle de labeur et de persévérance. Je suis redevable d’une éducation dont je suis fière ».

Je voudrais exprimer ma reconnaissance envers les amis et collègues qui m’ont


apporté leur support moral et intellectuel tout au long de ma démarche.
LISTE DES ABREVIATIONS

A.M.C: L’association Marocaine des Consommateurs


Al. : Alinéa
APC : Associations des Protection des consommateurs
Art : Article
L’OCDE : L'Organisation de coopération et de développement économiques est une
organisation internationale d'études économiques
B.O : Bulletin Officielle
BOCCRF : Bulletin Officiel De La Concurrence, De La Consommation Et De La Répression
Des Fraudes.
Bull. : Bulletin
C. : Code
C.A. : Cour d’Appel
C.C. : Code de Commerce
C.Cass. : Cour de Cassation
C.E. : Conseil d’Etat
CCA : Commission des Clauses Abusives
CEE : Communauté Economique Européenne
Ch. : Chambre
CJUE : Cour de justice de l’Union européenne
D.I. : Dommages et intérêts.
D.O.C : Droit des Obligation et des contrats.
Ed. : Edition.
Ex. : Exemple.
F.N.P.C. : Fédération Nationale de Protection du Consommateur.
F.N.A.C : Fédération National des Associations des Consommateurs
FSJES : Faculté des Sciences Juridiques, Économiques et Sociales
Idem : Le même
L.G.D.J : Librairie Générale de Droit et de Jurisprudence
Op.Cit : Œuvre Citée
P : Page
Rev.Trim.Dr.Com : Revue Trimestrielle De Droit Commercial
T : Tome
SOMMAIRE

Partie 1 : Les mesures protectrices du consommateur contre les clauses


abusives

Titre1 : Les mesures préventives de protection

Chapitre1 : Méthode préventives conçues par certaines législations étrangères

Chapitre 2 : Les méthodes préventives de la législation consumériste marocaine

Titre 2 : Les mesures curatives de protection

Chapitre1 : La prohibition légale des clauses abusives

Chapitre2: La protection judiciaire du consommateur contre les clauses abusives

Partie2: L’effectivité des mesures protectrices du consommateur contre les


clauses abusives

Titre 1 : Les entraves à l’application des mesures protectrices du consommateur contre les
clauses abusives

Chapitre1 : Un contexte légal insuffisant

Chapitre 2 : Une protection administrative et extrajudiciaire insuffisante

Titre2 : Dépassement des entraves à l’application des mesures protectrices du consommateur


contre les clauses abusives

Chapitre 1 : L’amélioration du contexte normatif et économique

Chapitre 2 : Amélioration du rôle des consommateurs


INTRODUCTION
« L’égalité est plus parfaite si l’on traite inégalement les choses inégales ».

Aristote

La liberté contractuelle, est « le principe premier du droit des obligations »1, le vocable
liberté contractuelle est susceptible d’une double appréhension, il s’agit selon les cas, soit de
la liberté de se contracter ou de ne pas contracter.

La notion « la liberté contractuelle », dérive de la théorie de l’autonomie de la volonté


qui s’est développée au XIXe siècle sous l’influence de la doctrine économique libérale c’est
chez GROTIUS et ses successeurs qu’il faut semble-t-il trouver l’origine directe du principe
d’autonomie de la volonté2.

Bien que cette filiation aujourd’hui controversée, on trouve aussi souvent des traces de
la théorie de l’autonomie de la volonté dans les travaux d’Emmanuel KAN3, à la suite des
doctrines économiques et philosophiques libérales, on retrouve la théorie de l’autonomie de la
volante dans la doctrine internationaliste puis en droit interne.

Cette vision mythique du contrat est celle que les codificateurs ont retenue en 1913 4, la
liberté contractuelle était dans la philosophie principale du droit marocain des obligations, le
rejet de la lésion entre majeurs en est l’illustration par excellence.

1
Fabre-Magnan.M, « Les obligations », PUF, Coll. Thémis Droit privé, Paris, 2004, p 49.
2
.Ghestin.J, « Traité de droit civil, les obligations : le contrat : formation », paris, LGDJ, 2éme éd. 1988, p 20.
3
Fabre-Magnant.M, op.cit, p.59.
4
Le dahir des obligations et des contrats de 1913 n’a pas été composé de toutes pièces, mais constitue une
adaptation d’autre texte : le code civil tunisien de 1906. Cette adaptation est l’ouvre d’un magistrat tunisien
.Berge.M qui soumit son rapport à la commission de législation marocaine. Cette copie du code tunisien a été
imposée par les circonstances historiques suivantes : Lorsque le protectorat de la France au Maroc fut consacré
officiellement par la convention de Fès en 1912, le pays était loin d’être pacifié. C’est alors que le
gouvernement français, soucieux d’établir dans ce pays, des bases d’une organisation juridiques, chargera une
commission de lui proposer les textes aptes à faciliter les apports entre la nation protectrice et les autochtones.
Mais il fallait faire vite. Le temps manquait pour improviser une législation marocaine. On pensa au code
tunisien. ce code est l’ouvre d’un juif qui s’appelle David Santillana qui a rassemblé dans un code unique (le
code tunisien) des règles du code Français de Napoléon, du code Allemand de 1900, du code suisse de 1881, du
code Espagnol de 1889, du code Italien de 1865, et quelques règles du code musulman (notamment du rite
Malikite et du rite Hanifite). Voir Chileh Mohamed, droit civil, l’introduction à la théorie générale des
obligations à la lumière du D.O.C marocain, T.1, 2003-2004, p.3 et s (en Arabe)

1
La protection quasi-absolue de liberté contractuelle, qui pouvait à la limite se défendre
au milieu du XIX siècle, devenait avec la prolifération du commerce, de plus en plus
archaïque et injuste. Le XX siècle a été témoin d’une transfiguration contractuelle, la rapidité
des transactions rendait impossible la négociation des contrats, ceux-ci devaient être des outils
efficaces au service du commerce, cette nécessité allait provoquer l’affaiblissement du contrat
négocié et l’émergence marquante du contrat d’adhésion, ce nouveau type de contrat accentue
le déséquilibre entre les parties. Nous signons, chaque jour, quantité de contrats sans même en
connaitre ou en comprendre le contenu, les adhérents s’engagent dans un climat de
résignation et, paradoxalement, de confiance, ce climat de fausse confiance réserve parfois de
fâcheuses surprises à l’adhérent, lorsque le stipulant, par exemple, lors d’une inexécution de
ses obligations, lui apprend qu’il y a dans le contrat une clause de non-responsabilité.

Cette technique des contrats d’adhésion a sans aucun doute permis l’essor de nos
grandes entreprises nationales (Transports, Banques, Assurance...), qui ne pouvaient se
permettre de discuter chaque clause avec leur clientèle nombreuse, c’est dans un souci de
rentabilité économique qui a justifié le développement des contrats d’adhésion. Tel est le cas
par exemple de L’ONCF qui vend un billet de train à un client, ou d’une compagnie
d’assurance qui propose une police pré rédigé. On pouvait, dès lors, plus soutenir la thèse
d’une justice inhérente au contrat envisagé comme un accord intervenu entre deux personnes
égales à la fois devant la loi et dans leur puissance économique. Le principe d’autonomie de la
volonté a alors dû affronter de nombreuses critiques doctrinales, tandis que la constatation des
inégalités contractuelles entrainait un souci de protection.

Plus récemment, l’intérêt du législateur s’est porté vers une catégorie sociale : les
consommateurs, ces derniers ont toujours été considérés comme étant en situation de faiblesse
par rapport aux professionnels compétents et informés.

En effet, à partir des années 1960, le développement économique a entrainé un


accroissement des produits proposés aux consommateurs, ces produits comportent parfois un
degré de complexité élevé. Par exemple, l’achat d’un ordinateur adapté à nos activités
suppose une bonne connaissance non seulement de nos besoins, mais aussi des biens offerts
sur le marché. De même, en matière de crédit, la multiplication des formules peut laisser le
non spécialiste totalement désarmé face au professionnel de ce domaine. Même si les
professionnels agissaient sans malhonnête, il est apparu évident que le déséquilibre entre ses
partenaires économiques s’accroissait.

2
C’est pourquoi le droit de la consommation5 s’est développé dans les payes
occidentales, son but étant de protéger les consommateurs.

Ainsi, apparait la nécessité de protéger les consommateurs contre les malhonnêtetés


des professionnels et contre les abus de puissance économique inhérente au système en
vigueur, qui ne sont pas toujours perçus par l’opinion publique. L’inégalité de puissance
économique permet au plus fort d’imposer sa loi au plus faible, le professionnel profite ainsi
de sa puissance économique pour imposer des clauses abusives dans un contrat, le
consommateur n’a d’autre alternative, en raison de la nécessité personnelle que constitue la
conclusion du contrat, que d’accepter ces clauses unilatéralement pré-rédigées par son
partenaire. Au moyen de ces clauses, le titulaire du pouvoir économique, qui fixe l’économie
générale du contrat, allège ses obligations contractuelles, aggrave l’engagement de son
cocontractant ou le prive de certains droits et très souvent et de plus en plus, le consommateur
se voit soumettre des contrats types destinés à régir ses relations avec un professionnel
(location immobilière, téléphonie mobile, séjours, linguistiques...). Or le consommateur a
dans ces conditions, rarement l’occasion de négocier les clauses de son contrat dont certaines
peuvent présenter un déséquilibre significatif entre les droits et obligations des parties au
contrat. De telles clauses doivent être considérées comme abusives.

Historiquement, l’idée de lutte contre les clauses abusives est apparue aux Etats Unis
au début dés années 1960. En effet, dés 1962, l’Uniform commercial Code, consacrant et
clarifiant une jurisprudence de Common Law, permettait au juge d’annuler toute clause qui
paraitrait abusive6.

En Europe, c’est à partir de l’année 1970 que fut systématiquement organisée la lutte
contre les clauses abusives, dans un souci de protection, des consommateurs. Ainsi, des lois
furent successivement promulguées en suède (1971), au Royaume Uni (1973,1977), au
Danemark (1974), en Allemagne (1976) et en France (1978)7.

La commission des communautés européennes avait entrepris d’harmoniser les


différentes législations dans le domaine des clauses abusives, ainsi elle adopta le 05 avril

5
TALBI.H « Réflexion sur le droit de la consommation », revue maghrébine de droit, n°5, 1997, p.123-129.
6
PEGLION.C-M, « La notion de clause abusive », thèse de doctorat en droit privé, université Panthéon-Assa,
soutenue le 13 décembre 13.p.3.
7
Idem, p 4.

3
19938 une directive concernant les clauses abusives dans les contrats conclus entre un
professionnel et un consommateur.

En France, le phénomène des clauses abusives n’a pas laissé le législateur indifférent.
Depuis plusieurs décennies, luttant contre les clauses abusives, le législateur a cherché, au
nom de la justice contractuelle, a supprimé le déséquilibre contractuel, conséquence de la
liberté contractuelle, celle-ci « n’assure plus automatiquement la justice, il y a moins
d’inconvénients à la supprimer par une réglementation légale impérative et préventive qu’il
n’y en avérait à la maintenir au stade de l’échange des consentements, tout en permettant au
juge de modifier après coup ce dont les parties sont convenues 9». Le 1er février 1995 le
législateur français a mis en harmonie les dispositions pour que ça colle avec la directive
par la loi du 4 aout 2008 le législateur est intervenu, il a modifié l’article L132-1 en renforçant
la protection du consommateur contre la présence de clauses abusives dans les contrats
conclus avec un professionnel. Le législateur, en 2008 dit que seul le pouvoir réglementaire a
le soin de déterminer en décret en conseil d’Etat une liste noire des clauses abusives qui sont
regardées comme étant irréfragable ment abusive. L’article 132-1 du code de la
consommation définit dans son premier alinéa les clauses abusives : « … ce sont les clauses
qui ont pour objet de créer au détriment du non professionnel ou consommateur un
déséquilibre significatif entre les droits et obligations des parties au contrat ».

Au Maroc, Il n'existe pas, dans le droit commun des contrats, de règles permettant de
refuser la mise en œuvre d'une clause considérée comme abusive. Ce n'est que par le biais de
l'existence d'un vice du consentement ou d'une absence de volonté que le contrat peut être
remis en cause lorsqu'une ou plusieurs clauses paraissent abusives.

Devant les imperfections des règles du D.O.C le législateur contemporain compté


intervenir pour assurer au profit des consommateurs une protection en amant au moment
même ou le consentement est donné ou va l’être10. Par la mise en place d’un important arsenal
juridique pour la protection des consommateurs contre les clauses abusives, afin d’équilibrer
les relations entre fournisseurs11 et consommateurs12 en mettant à la charge des premiers des

8
Directive 93/13/CEE du Conseil du 5 avril 1993, pour plus de détails sur la directive, voir infra p.14.
9
FLOUR.J et AUBERT.J, « Les obligations, 1. L’acte juridique », A.Colin, 8éme éd. 1998, n°259, P.177.
10
Cette intervention ultérieure du législateur sera par le biais de la loi sur la protection du consommateur.
11
L’Art 2 de la loi 31-08 définit le fournisseur comme «Toute personne physique ou morale qui agit dans le
cadre d’une activité professionnelle ou commerciale. Les personnes de droit privé délégataires de la gestion
d’un service public, sont soumises aux obligations imposées aux fournisseurs par la présente loi.
Les personnes morales de droit public sont soumises aux obligations imposées au fournisseur, sous réserve des
règles et principes qui régissent l’activité de service public s’elles gèrent ».

4
obligations qui sont autant de droits pour les seconds. Et qui est composé de textes de droit
économique13. Parmi ces législations on trouve : la loi 06-99 qui a vu le jour, en 2000, sur la
liberté des prix et de la concurrence14, et par la suit en 2002 la loi 17-99 portant code des
assurances15 ; la loi 53-05 relative à l’échange électronique de données juridiques16, etc.», et
l’intervention la plus récente c’est la loi 31-0817 édictant les mesures de protection des
consommateurs qui a apporté des mesures préventives et curatives très importantes afin de
protéger le consommateur contre les clauses abusives. La loi 31-08 ne s'est pas contentée de
diagnostiquer le mal comme le DOC et autres dispositions législatives, elle a courageusement,
sinon efficacement, tenté de proposer des remèdes. Cependant, ses dispositions introduites
une série de mesures au profit des consommateurs.

Et qui a pour la première fois, consacré la notion de clause abusive, la définition


donnée aux clauses abusives par l’article 15 n’est pas vraiment innovatrice, elle rejoint de

12
L’Art 2 de la loi 31-08 définit, également, le consommateur comme « Toute personne physique ou morale qui
acquiert au utilise pour la satisfaction de ses besoins no professionnels des produis, biens ou services qui sont
destinés à son usage personnel ou familial ».
13
BRUNO.O, « Philosophie du droit », éd. Dalloz, Paris, 1999, p. 106.
14
Cette loi a introduit la notion de bien être du consommateur, en stipulant au niveau du préambule de cette
loi « elle définit les règles de protection de la concurrence afin de stimuler l’efficience économique et
d’améliorer le bien-être des consommateurs. Dans les économies libérales, il incombe généralement aux
pouvoirs publics d’assurer la transparence du marché, la qualification des biens et services et la loyauté des
transactions. Il leurs incombe aussi de garantir aux consommateurs les cinq droits fondamentaux à savoir : le
droit d’être informé, le droit de choisir, le droit d’exprimer, le droit à une double protection biologique et
économique, le droit a bénéficier du progrès technique et du développement des échanges ».
15
Le code des assurances a limité la liberté contractuelle en édictant des disposition impératives, qu’aucune
clause contractuelle ne peut anéantir et qui garantissent une protection minimum des assurés : « l’obligation
de mentionner en caractères très apparent les clauses de déchéance, des exclusions ou des cas de non
assurance obligation réciproques de l’assureur et de l’assuré… en suite il y a des impératifs de protection et de
sécurité et l’élargissement de la notion d’ordre public ont déclin de la liberté contractuelle et à l’apparition des
assurances groupes, ainsi que l’élaboration de police types, elle montant de la garantie et enfin le contrôle des
documents d’assurance, dans le domaine ou la technicité et les compétences spécifiques sont l’épanage des
seuls spécialistes l’obligation d’information et de conseil s’impose a l’intermédiaire et aux assurance.
16
Cette loi, et sans que les termes consommation, consommateur ou cyberconsommateur ne y soient
explicitement cité, protège le consommateur d’une manière implicite en prévoyant des mesures sécurisant les
transactions établies via un réseau de télécommunication et en instaurant des règles protectrice soit avant la
conclusion du contrat (l’offre) : d’ailleurs l’Art 65-4 de la présente loi met l’accent sur « l’obligation
d’information près- contractuelle sur le bien ou le service objet du contrat » ; durant la conclusion du contrat
l’acceptation : l’Art 65- 5 stipule que « la validité du contrat est lié au fait que le destinataire de l’offre ait
possibilité de vérifier et le cas échéant modifier les erreurs de son ordre et du prix avant d’exprimer son
consentement » ; puis il y a les dispositions relatives à la signature électronique qui garantissent l’identité du
cocontractant dans une transaction caractérisée par l’absence des parties.
17
La fin avouée de la loi 31-08 édictant des mesures de protection du consommateur est d'aménager le
processus contractuel classique pour porter remède à certains déséquilibres des relations entre professionnels
et consommateurs.

5
façon significative la définition que la directive communautaire 93-13, ou encore le législateur
français, lui décernent.

En effet, malgré la mise en place de l’arsenal juridique relatif à la protection du


consommateur contre les clauses abusives, le problème de l’application de la loi persiste
encore, dans la mesure où l’ensemble de ces réglementations est inspiré d’autres pays et qui
ne s’adaptent point ni avec la réalité de la consommation au Maroc ni avec sa structure socio-
économique.
Le consumérisme au Maroc souffre encore d’une carence juridique et jurisprudentielle
surtout avec la passivité du consommateur qui reste ignorant et inconscient de ses droits en
matière de consommation et le rôle déterminant des associations de protection du
consommateur dans la garantie et la protection de ses droits.
Ce travail vise principalement à mettre à jour les différents obstacles heurtant
l’application des mesures protectrices du consommateur marocain déterminé par la loi 31-08
portant sur les mesures de la protection du consommateur. Et pour remédier à ces obstacles,
quelques solutions, recommandations vont être proposées.
L’objet de cette étude est motivé par la nécessité d’étudier le phénomène de
l’inapplication et d’inefficacité des mesures de protection du consommateur en général et le
consommateur contractant spécialement.
Donc, la problématique principale de notre étude réside dans l’écart soulevé entre la
législation en vigueur et son application effective sur le terrain.
Dans cette perspective, « Peut-on considérer que le système juridique implanté par le
législateur marocain contribue à la protection effective du consommateur contre les clauses
abusives ?».
Pour mener à bien les recherches envisagées à ce sujet, il sera judicieux de choisir des
approches et d’adopter des méthodes adéquates à la spécificité inhérente à ce dernier. Dès
lors, l’approche adoptée variera entre l’approche analytique et celle comparative, d’une part,
dans le fait de recenser et présenter de manier générale et abstraite les différents aspects
juridiques de manière qualitative et chronologique-historique lié à la protection des
consommateurs contre les clauses abusives et d’autre part, dans le fait d’user de la
description en faveur de l’analyse, afin d’approfondir au mieux la matière et pour cerner les
conteurs et alentour du sujet et ce par le bai des interprétations doctrinales des qualifications
judiciaires et des études du droit comparé.

6
Pour répondre à notre problématique et aux objectifs souhaités, nous allons scinder notre
étude en deux parties :

• Partie 1 : Les mesures protectrices du consommateur contre les clauses


abusives

• Partie 2: L’effectivité des mesures protectrices du consommateur contre les


clauses abusives

7
PARTIE 1 : LES MESURES PROTECTRICES DU
CONSOMMATEUR CONTRE LES CLAUSES ABUSIVES

Pour la lutte contre les clauses abusives et dans le but de protéger le consommateur, le
législateur agit à deux méthodes différentes. D’un coté, d’une manière indirecte par
l’introduction de mesures préventives (Titre1). Et d’un autre coté, l’intervention est directe
par des mesures curatives18 (Titre2).

Titre1 : Les mesures préventives de protection

Notre titre se penchera sur les exemples les plus importants de méthodes préventives
conçues par certaines législations étrangères (Chapitre 1), et la législation consumériste
marocaine (Chapitre 2).

Chapitre1 : Méthode préventives conçues par certaines législations


étrangères

Il n’est pas de notre propos de faire une étude exhaustive du droit étranger en la
matière, mais plutôt de présenter, de façon concise, certaines méthodes originales visant à
protéger le consommateur contre les clauses abusives. Deux modèles font, objet de notre
premier chapitre : le modèle français (Section1) et le modèle communautaire (Section2).

Section1 : Le modèle français : l’institution d’une structure administrative

La France, dans sa loi n°78-2319 sur la protection et l’information du consommateur a


institué une structure administrative, qui est la commission des clauses abusives20, et lui a
confié un rôle incitatif à l’égard des rédacteurs des contrats proposés aux consommateurs.

La création en France de ce mécanisme propre à assurer le contrôle préventif des


clauses abusives répond à la spécificité des litiges intéressant le droit de la consommation.

L’efficacité de cette commission repose sur la concertation de tous les intéressés :


consommateurs, professionnels, administration. L’organisation et la composition de cette
commission reflète cette ambition (§1). Cette autorité administrative indépendante

18
Celle-ci détermine certaines clauses considérées comme abusives afin de les annuler, et les plus souvent de
les sanctionner pénalement.
19 Loi n°78-23 du 10 janvier 1978 sur la protection et l'information des consommateurs de produits et de

services (Dernière modification : 27 juillet 1993).


20
SINAY-CITERMAN.A, « La commission des clauses abusives et le droit commun des obligations »,
Rev.trim.dr.civ, 1985, p.471.

8
recommande la suppression des clauses contractuelles disproportionnées insérées dans les
modèles de contrats de consommation (§2).

§1. Le statut de la commission des clauses abusives

La commission des clauses abusives n’a qu’un rôle de conseil et par conséquent, n’a
aucun pouvoir réglementaire ou décisionnel.
Avant d’examiner le rôle préventif de la dite commission (B), il est important de
passer en revue son organisation et ses modalités de saisine (A).
A. L’organisation

L’article 35 de la loi 78-2321 prévoit que des décrets pris en conseil d’Etat seront pris
après avis d’une commission définie à l’article 36. Celui-ci dispose : q’« une commission des
clauses abusives est instituée auprès du ministère chargé de la consommation. Elle est
Composée de quinze membres …».

Pour exercer son rôle, la commission peut, selon l’article 37 alinéa 2, être saisie soit par
le ministère chargé de la commission, soit par les groupes agréés de défense des
consommateurs, soit par les professionnels intéressés ou soit, enfin, par elle-même. Le
pouvoir qu’à la commission de se saisir elle-même est non négligeable, particulièrement eu
regard du pouvoir de recommandation au niveau des contrat-types.

B. Le rôle préventif

Son rôle ressort de l’article 27 Al 122 qui indique : « la commission connait des modèles
de conventions habituellement proposées par les professionnels à leurs contractants non-
professionnels ou consommateurs. Elle est chargée de rechercher si ces documents
contiennent des clauses qui pourraient présenter un caractère abusif ».

Lorsque le ministre chargé de la consommation entend prendre un décret rendant


abusive une clause habituellement insérée dans les contrats, il doit au préalable, saisir la
commission pour avis. Le travail le plus important de cette commission jusqu’à ce jour a été
d’émettre des recommandations. En outre, chaque année la C.C.A doit établir un rapport

21
Loi n°78-23 du 10 janvier 1978 sur la protection et l'information des consommateurs de produits et de
services (Dernière modification : 27 juillet 1993).
22
Ibid.

9
annuel de son activité, qui est rendu public23, dans lequel elle propose certains changements
législatifs et réglementaires qu’elle considère souhaitable. (Article 38).

Cette commission est un instrument préventif valable, malgré le fait qu’elle n’ait
aucun pouvoir décisionnel et que ses recommandations ne soient pas obligatoires. En effet,
elle joue un rôle préventif important dans la mesure où ses recommandations sont
publicisées. « Elles ont le mérite inestimables de porter à la connaissance du consommateur
les règles juridiques existantes, trop souvent bafouées par les professionnels, et d’en explique
au profane la signification. Elle sont destinées de même à intimider les professionnels ».24

Le rôle de la commission peut comporter plusieurs volets. D’abord, connaitre des


modèles habituellement proposés par les professionnels à leurs contractants consommateurs
ou non professionnels. Ensuite, rechercher si ces documents contiennent des clauses qui
pourraient présenter un caractère abusif. Puis, recommander la suppression ou la modification
des clauses qui présentent un caractère abusif, proposer éventuellement les modifications
législatives et réglementaires, enfin, donner un avis au juge qui le requiert le caractère abusif
d’une clause litigieuse.

§2. Les recommandations émises par la commission des clauses abusives

Dans ce cadre, il convient, en premier lieu, de faire un bref aperçu sur la typologie des
recommandations de la C.C.A (A), et, en deuxième lieu, d’aborder la question de la portée
juridique de ces recommandations (B).

A. Typologie des recommandations de la commission

Depuis 1978, une trentaine de recommandations ont été émises, certaines sont
d’applications générales comme la recommandation de synthèse n°91-02 de 199125, d’autres
concernent certains domaines particuliers, telle la recommandation n°96-02 concernent les
contrats de location de véhicules automobiles26.

Les recommandations d’ordre général ou de synthèse posent généralement deux


principes : le principe de l’équilibre contractuel et celui du droit à l’information.

23
Toutes les recommandations, les rapports d’activité ainsi que les avis sont publiés sur le site Internet de la
C.C.A : www.clauses-abusives.com.
24
SINAY-CITERMAN.A, article précité, Spéc., n°10, p.477
25
Publiée au B.O.C.C.R.F du 6 sept. 1991.
26
Publiée au B.O.C.C.R.F du 15 Mai 1997.

10
Le principe de l’équilibre contractuel se manifeste aussi bien au niveau de la formation
du contrat qu’au niveau de son exécution .Au niveau de la formation du lien contractuel, la
C.C.A ne recherche pas si les conditions de validité du contrat sont réunies mais si le contrat a
pu se former. Elle considère que le contrat n’est valablement et engage les deux parties que
lorsqu’elles ont donné leur accord : le professionnel ne peut, par exemple, s’octroyer un délai
de réflexion pendant lequel il pourra vérifier la solvabilité de son client, alors que le
consommateur est engagé à titre définitif dés qu’il donne son accord. La clause prévoyant une
telle faculté est abusive et la commission demande l’octroi au consommateur d’un délai
similaire dans lequel il peut se rétracter.

Au niveau de l’exécution du contrat, la commission tend à promouvoir l’équilibre dans


l’utilisation des mécanismes destinés à sanctionner l’inexécution du contrat par l’une des
parties.

En effet, la commission a constaté, dans de nombreux contrats dont l’exécution est


stipulée à une date postérieure à leur conclusion, que des clauses pénales sont stipulées pour
obliger le consommateur, en cas de renonciation de sa part, à perdre le montant de son
acompte, alors que si l’inexécution est du fait du professionnel, ce dernier n’est obligé à
rembourser que le montant de l’acompte, ne perdant ainsi aucune somme d’argent. La clause
pénale est alors stipulée uniquement au profit du professionnel. Pour la commission le
principe de l’équilibre contractuel n’est pas du tout respecté. La vision de la commission est
originale dans la mesures ou la clause pénale n’est pas abusive en raison du caractère excessif
de son montant, mais plutôt parce qu’elle est stipulée uniquement en faveur du professionnel.

La commission des clauses abusives renforce également le droit à l’information du


consommateur. Ce principe se manifeste sensiblement avec les recommandations concernant
les délais de livraison27. Le code civil Français laisse aux parties le soin de fixer à leur
convenance le délai de livraison28, ces clauses juridiquement valables sont considérées par la
commission comme abusives, telles les clauses ne prévoyant qu’une date approximative de
livraison (le contrat donne un délai à titre indicatif) ou dégageant le professionnel de toute
responsabilité en cas de retard29. C’est la raison pour laquelle la commission recommande
qu’au moment de la conclusion du contrat « un délai de livraison ferme soit définitivement

27
Recommandation n°80-06, émise par la C.C.A concernant les délais de livraison, B.O.S.P du 26 NOV. 1980,
publiée aussi sur le site Internet de la commission : www.clausesabusives.fr
28
L’Art 160 du code civil français indique « Dans le temps convenu entre les parties... »
29
BRICKS.H, « Les clauses abusives », LGDJ, Montchrestien, n° 69-73, 1982 p.47-49.

11
fixé et clairement émincé »30, parce que le délai, considère la commission est « un élément
essentiel du contrat ».31

B. La potée juridique des recommandations de la commission

Si les recommandations émises par la C.C.A sont nombreuses, elles n’ont en


principe aucun effet obligatoire, ni pour le juge, ni pour les professionnels, En pratique,
cependant, les recommandations peuvent avoir une influence sur le législateur.

Vis-à-vis du juge32, les recommandations incitent les juges à regarder avec suspicion
certaines clauses des contrats de consommation. D’un autre coté, ces recommandations ont un
effet dissuasif significatif spécialement si les tribunaux s’en servent pour motiver leurs
interventions.

En effet, J.Ghestin démontre que si « les recommandations sont des normes non
contraignantes (...) elles n’en sont pas moins des normes juridique effectives »33 à tout le
moins, des sources d’inspiration pour les juges du fond. Certaines décisions témoignent de ce
constat.

C’est ainsi que la cour de cassation a approuvé les juges du fond d’avoir jugée
abusive, la clause par laquelle un établissement supérieur imposait le paiement des frais de
scolarité, même au cas d’inexécution du contrat due à un cas de force majeure. La première
chambre civile a précisé que la solution retenue par les juges rejoignait « La recommandation
n° 91-09 du 7 juillet 1989 de la commission des clauses abusives »34.

Si, comme le souligne J.GHESTIN, l’harmonie est loin d’être réalisée au sein des
juridictions sur l’attitude à adopter à l’égard des recommandations de la commission, il n’en
demeure pas moins que les recommandations « constituent incontestablement, malgré leur
absence de force contraignante, des normes juridiques dotées d’une action effective

30
Recommandation n°80-06, précité.
31
Idem
32
DARRIEUX.M.PH, « Le regard des juges sur la commission des clauses abusives », revue de la concurrence et
de la consommation, sep-Oct.1998, n°105, p.39.
33
Voir les actes du colloque organisé par la faculté de Chambéry le 29 Mai 1998 et consacré aux « vingt ans de
la commission des clauses abusives », revue de la concurrence et la consommation sept – oct.1998 n°105, v. les
interventions de Paisant.G, rapport introductif : l’évolution du droit des clauses abusives, p.6 et s ;
Kuhnmunch.O, la commission des clauses abusives et ses attributions, p.9 et s. ; J.Ghestin ,les
recommandations de la commission, p.14 et s ; P.Jourdain, la doctrine de la commission, p23 V, aussi, le regard
des juges sur la commission, même revue, p38 et s, ou la commission est présentée comme une source
d’inspiration et un auxiliaire du juge.
34
Cass.Civ.1er, 10 Fév. 1998, rev.trim.de.civ. 1998, p.674, obs.J.Mestre.

12
importante quant à l’ordre public limitant la liberté contractuelle ».35 En outre, la
commission des clauses abusives constitue un auxiliaire du juge en rendant des avis sur le
caractère abusive d’une clause.

Vis-à-vis du législateur, les recommandations de la C.C.A peuvent avoir une


influence déterminante dans l’élaboration des textes législatifs par le législateur. « Sur une
cinquantaine de recommandations émises entre 1978 et 1998, on peut en compter sept ou huit
qui ont influencé le législateur. On en trouve parmi les recommandations sectorielles comme
parmi les recommandations générales ».36 L’intérêt de cette influence est évident. Tant
qu’une clause est seulement visée par la commission, les juges conservent leur pouvoir
d’appréciation : certes, la recommandation exerce une influence sur les jugements, mais elle
n’a aucun caractère obligatoire, de sorte que les juges peuvent valider une clause que la
commission considère comme abusive. La recommandation n’offre pas au consommateur, en
cas de litige, une protection absolument sure. La loi, par contre, supprime cet aléa. Une clause
illicite, c'est-à-dire contraire à une disposition impérative, est nécessairement nulle. Les juges
perdent tout pouvoir d’appréciation sur son caractère abusif : ils doivent la tenir pour non
écrite.

L’influence des recommandations de la C.C.A sur le législateur peut prendre


plusieurs formes.

D’abord, le législateur impose directement la nullité de clause dont la commission


recommandait la suppression. C’est la forme la plus flagrante de l’impact des
recommandations sur le travail du législateur.37Ensuite, le législateur, quand il est influencé
par une recommandation, ne reprend pas l’intégralité de celle-ci. Certaines clauses restent
comme même abusives, mais ne sont pas rendues illicites par le législateur38.
Enfin, le législateur déborde, parfois, le cadre de la recommandation39. Dans
certains contrats, la commission ne traite que des clauses abusives, alors que la loi régit ces
contrats dans leur ensemble.

35
GHESTIN.J, « Traité de droit civil, les obligations, le contrat », LGDJ, 2éme éd. 1988, p22.
36
AULOY.J.C, « L’influence de la commission des clauses abusives sur le législateur », revue de la concurrence et
de la consommation, Oct.1998, n°105, p.115.
37
Par exemple, l’Art L231-3 du code de construction et de l’habitation qui considère comme réputées non
écrites les clauses visées par la C.C.A, particulièrement celle qui décharge le constructeur d’exécuter les travaux
dans les délais prévus, celle qui interdit le maitre d’ouvrage de visiter le chantier et enfin celle qui subordonne
la remise des clés au paiement intégral du prix.
38
Le silence de la loi sur ces clauses ne signifie pas qu’elles sont inattaquables. Les tribunaux conservent dans
ce cas leur pouvoir d’appréciation souverain.
39
C’est le cas pour le louage d’habitation et la construction de liaison individuelle.

13
En résumé, si les recommandations reprises par la loi font une pression certaine sur
les professionnels pour que ceux-ci mettent leurs contrats en conformité. Elles peuvent ainsi
éviter le recours à l’action en justice.

Section2 : Le modèle communautaire : Directive n°93-13 sur les clauses abusives

Le 5 Avril 1993, le conseil des communautés européennes adapté la directive n°93-


13 concernant les clauses abusives dans les contrats conclus avec les consommateurs.

En Europe, la réglementation des clauses abusives n’est pas un phénomène récent,


Les pays européens ont depuis longtemps senti la nécessité de réglementer les conditions
générales et le contenu des contrat-types issus de la consommation de masse, ces
interventions ont d’abord été faites par catégories de contrat40.
Toutefois, la multiplication des lois spéciales est insuffisante et nuit à la cohérence
du droit commun des contrats, certaines pays41ont continué à légiférer par secteur, par
catégories de contrats et de clauses. D’autre pays, en revanche, ont concerté leurs efforts sur
la personne du contractant qui mérite une protection et ont développé un véritable droit de la
consommation. C’est cette voie qu’a suivi la directive 93-1342 sur les clauses abusives.

§1. Présentation du la directive

La directive du 5 avril 1993 a été adoptée sur le fondement de l’article 100 A du


traité de Rome. Cet article, introduit dans le traité en 1986, consacre le principe selon lequel
doit être atteint un « niveau de protection élevé » pour le consommateur européen. Le but de
cette directive est de « rapprocher les dispositions (...) des Etats membres relatives aux
clauses abusives »43 la directive est, alors, un point de ralliement pour toutes les
réglementations européennes.

Pour renforcer la protection du consommateur, la cour de justice des C.E a investi le


juge national d’un rôle de veille en lui accordant la faculté d’apprécier d’office une clause
abusive44.

40
Par exemple une réglementation propre à la vente de biens (Sales of goods act 1983 and 2979 en
Angleterre), aux transports terrestres (loi rabier de 1905 en France qui interdit les clauses abusives
d’irresponsabilité dans les transports, terrestres- article3 al3).
41
Tel L’Allemagne, l’Angleterre, et le Portugal...
42
Directive 93/13/CEE du Conseil, du 5 avril 1993, concernant les clauses abusives dans les contrats conclus
avec les consommateurs.
43
Art 1 Al, 1.
44
La C.E a jugé, aux termes d’un arrêt du 27juin 2000((bull Civ. 17-09-2000). ayant trait à l’existence d’une
clause abusive, que l’existe, ce d’une directive européenne protectrice des consommateurs, implique que le
juge puisse relever d’office les manquement commis : «L’objectif poursuivi par l’article 6 de la directive qui

14
A. Le contenu du la directive

C’est une directive « horizontale » dans la mesure où elle a vocation à s’applique à


tous les contrats conclu entre professionnel et un consommateur, quelle que soit la nature de
l’activité professionnelle (commerciale, libérale, industrielle et même de service public).45

La directive est composée de dix articles et d’une annexe contenant une liste de dix-
sept clauses pouvant être déclarées abusives. La question de savoir si une clause particulière
constitue une clause abusive est tranchée en dernier recours par les tribunaux ou les autres
organes constitués ou autorités des Etats membres.

Cependant la directive fournit une définition générale de ce qui est abusif et les Etats
membres sont tenus d’observer et d’appliquer cette définition lorsqu’ils mettent la directive en
ouvre. Aux fins de la directive, une clause sera considérée comme abusive si elle donne lieu à
un déséquilibre significatif (contraire à la bonne foi) des droits des parties en présence, et cela
au détriment du consommateur46.

La directive fournit une liste indicative, mais non exhaustive, des clauses qui
peuvent être considérées comme abusives.

Pour offrir aux consommateurs un degré maximal de protection contre les clauses
abusives, la directive impose aux Etats membres l’obligation de garantir que des moyens
appropriés et efficaces existent pour prévenir l’usage persistant des conditions abusives dans
les contrats avec les consommateurs. La directive offre, donc, aux consommateurs et aux
organisations de consommateurs les moyens d’assurer l’élimination, à travers l’ensemble de
la communauté européenne, des clauses abusives contenues dans les contrats ou conditions
d’adhésion.

impose aux états membres de prévoir que les clauses abusives ne lient pas les consommateurs ne pourrait être
atteint si ces derniers devaient se trouver dans l’obligation de soulever eux-mêmes le caractère abusif de telles
clauses... il existe un risque non négligeable que, notamment par ignorance, le consommateur n’invoque le
caractère abusif de la clause qui a été opposées, il s’ensuit qu’une protection effective du consommateur ne
peut être atteinte que si le juge national se voit reconnaitre la faculté d’apprécier d’office une telle clause »
Voir à ce sujet, Etienne Rigal, « Le droit européen au secours du consommateur », justice, Avril 2001, n°167, p
23.
45
NENERT.J, « Les clauses abusives dans les relations entre les services publics et les usages », 20 Atelier de la
consommation-25 Octobre 2001 sur le sujet : clauses abusive, disponible sur le site Internet :
www.finances.gouv.fr
46
JAOAD.S, « La protection du consommateur contre les clauses abusives », Mémoire soutenu pour l’obtention
de DESA de droit de l’entreprise de la faculté des sciences juridiques, économiques et sociales de Fès, 2004, p,
30.

15
A cet égard, elle constitue un élément essentiel du programme de protection du
consommateur que la Communauté européenne s’emploie à mettre en application, en vue
d’assurer un degré minimal commun de protection des consommateurs à travers l’ensemble
de la communauté. La réalisation d’un tel objectif est indispensable pour le bon
fonctionnement du marché unique, dans lequel le consommateur représente un élément
capital.

B. La transposition de la directive dans les droits des Etats membres


de l’UE

Les Etats étaient censés prendre les mesures nécessaires pour mettre le législateur en
conformité avec les exigences de la directive avant le 31 Décembre 1994. En pratique, le délai
a souvent été dépassé. Nous prendrons l’exemple de la France et de l’Angleterre.
En France, c’est la loi n°95/96 du 1 er février 1995 qui a transposé la directive en
droit Français. Cette loi comporte des dispositions très hétéroclites. Seul le titre 1 47, intitulé
clauses abusives et présentation des contrats, concerne les clauses abusives. Les nouvelles
dispositions de cette loi relatives aux clauses abusives ont par la suit été incorporées dans le
code de la consommation48.
La nouvelle loi n’a pas modifié ni le domaine de protection en ce qui concerne les
contrats visée et le consommateur protégé, ni la sanction des clauses abusives (Elles restent
réputées non-écrites). La loi ne porte pas non plus atteinte à la C.C.A. En fin, la loi n’altère
pas non plus le pouvoir qu’a le gouvernement d’édicte des décrets déclarant certaines clauses
abusives.
L’Angleterre a choisi de transposer la directive par les Régulation 199449 plutôt que de
modifie la loi préexistante en matière de clauses abusives : LUCTA 199750. Une partie de la
doctrine anglaise était favorable à une modification d l’UCTA 1977, notamment de la section
3 relative aux consommateurs pour mettre le droit anglais en conformité avec la directive.
Mais le ministère du commerce et de l’industrie a préféré introduire une nouvelle loi
(qui est les Régulations 1994), méthode plus rapide et plus sure car toute la directive était
ainsi reprise dans son intégralité51.

47
Article 1 à 6.
48
Article L.132-1, L.135-1 et L.421-6 du code de la consommation.
49
The unfair contract terms Regulations 1994.
50
En Angleterre, avant l’intervention de la directive, le contrôle des clauses abusives se faisait surtout grâce à
l’Unfair contract terms act 1977 (Ci-après L’UCTA 1977), L’UCTA 1977 concerne presque exclusivement les
clauses d’exonération et de limitation de responsabilité. Mais il réglemente aussi la garantie des vices cachés et
envisage la responsabilité quasi-délictuelle parallèlement à la responsabilité contractuelle.
51
Les termes des Regulations 1994 sont ainsi très similaires à ceux de la directive. Ce qui est regrettable selon
certains auteurs anglais. En effet, la directive est très influencée par la tradition civiliste continentale.

16
En attendant que la directive soit mise en application dans les Etats membres, les
consommateurs doivent continuer à se montrer prudents lorsqu’ils passent un contrat avec des
fournisseurs, en s’assurant qu’ils comprennent bien les conditions auxquelles ils souscrivent.
S’ils ont des raisons de penser que le contrat contient des clauses abusives, ils doivent
demander au fournisseur de retirer ces clauses avant de signer le contrat. Si le fournisseur
refuse d’accéder à leur demande ; les consommateurs doivent chercher un autre fournisseur
avec lequel un accord sera possible sur ce point.

§2. L’influence de la directive 93/13 sur le droit des Etats membres de la C.E

Il est peut être illusoire de parler de « l’impact » de la directive, peut être devrait-on
parler « des différents impacts » de la directive. En effet, en dépit de la mondialisation des
échanges et de l’avènement du marché commun européen; l’environnement économique,
social et juridique demeure différent dans chaque pays. Cette différence s’accentue entre la
culture de la Common Law et la culture civiliste. C’est la raison pour laquelle la directive a
posé un principe selon lequel chaque Etat membre est libre de choisir selon quel procédé la
directive va être introduite en droit interne. Ce choix se résume souvent à l’alternative
suivante :
Transposer la directive telle quelle ou l’intégrer dans la législation existante.
L’Angleterre a choisi la première solution. La France a choisi l’incorporation de la
directive dans son code de la consommation.
L’impact de la directive diffère, alors; selon que celle-ci a été intégrée dans un droit de
la consommation la France (A), ou simplement transposé Royaume-Uni (B).

A. Sur le droit des états ou la directive a été incorporée, exemple de la France

L’intégration dans un code de la consommation a l’avantage de respecter une


logique terminologique. La directive reprend des concepts connus pour la plupart du droit
Français.
Dans ce sens, la directive n’a pas été ressentie par la doctrine Française comme un
bouleversement juridique.
Le domaine de la protection de la directive concerne aussi bien les contractants
protégés et les contrats et clauses concernées.
S’agissant des contractants protégés, la directive utilise le terme « professionnel »
en opposition au terme « consommateur ». Cela ne pose aucun problème en droit français ca

17
cette notion est d’origine nettement Français. Le droit en France est plus protecteur que ne
l’exige la directive quant à la définition du contractant protégé. Le texte communautaire n’a
vocation à s’appliquer qu’à la « personne physique (...) qui agit à des fins qui n’entrent pas
dans le cadre de son activité professionnelle »52 alors que l’article L.132-1 du code de la
consommation s’applique aussi aux personnes morales.
En France, le manque de précision de la définition du contractant protégé n’est pas
involontaire. Selon la Commission des clauses abusives, « mieux vaut laisser se développer la
jurisprudence qui présente une souplesse qui ne pourrait revêtir aucune définition, sauf à la
compliquer tellement qu’il s’agirait en réalité d’une non définition »53 Ainsi, un élargissement
jurisprudentiel a parfois permis à certains professionnels jugés « non professionnels » en la
matière, de bénéficier de la protection.
En ce qui concerne les contrats visés, la loi Française était déjà plus protectrice des
consommateurs que ne l’exige la directive, s’appliquant non pas uniquement aux contrats
d’adhésion mais à tous les contrats conclu entre professionnels et non professionnel ou
consommateur.
La directive a eu un impacte sur la loi Française en ce qui concerne la définition de
la clause abusive. L’ancien article L.132-1 du code de la consommation posait trois critères.
Premier critère, seules certaines clauses limitativement énumérées pouvaient être
considérées comme abusives. Désormais, toutes les clauses sont susceptibles d’être déclarées
abusives.
La liste figurant en annexe de la directive et reprise par le nouvel article L.132-1 est
uniquement indicatif, une « liste blanche ». Puisque la dite liste n’ait pas été érigée en « liste
noire » ni par la directive, ni par le législateur; c’est le consommateur qui doit, alors, apporter
la preuve du caractère abusive d’une clause, quand bien même elle figurerait dans la liste. Le
deuxième critère était celui de l’abus de puissance économique et n’a pas non plus survécu la
transposition de la directive. Certes ce critère avait déjà été supprimé en pratique, la Cour de
cassation54ayant estimé, dans l’arrêt Diac, que l’abus de puissance économique du
professionnel était inhérent aux contrats d’adhésion proposés aux consommateurs. Seul le
troisième critique a été gardé par la loi nouvelle, celui de « l’avantage excessif » devenu
« déséquilibre significatif » pour rependre les termes de la directive. Cela ne constitue pas un
réel changement. Si les mots changent, l’idée demeure la même.

52
Article 2 de la directive 93/13 sur les clauses abusives.
53
Le rapport de la commission des clauses abusives, B..O.C.C 1993, p86-87 ou le site internet de la C.C.A
54
Cass. Civ. 1er , 6 janvier 1994, JCP éd.G, 1994. II. 22237, note G. paissant

18
Par ailleurs, L’article 5 de la directive dispose : « En cas de doute sur le sens d’une
clause, l’interprétation la plus favorable au consommateur prévaut. La règle contra proferem
figurait déjà à l’article 1162 du Code civil. La loi de 1995 n’a donc rien de révolutionnaire
sur ce point. En intégrant la règle contra proferem au nouvel article L.133-1 du code de la
consommation, elle ne fait que rappeler une règle du droit commun.
Si en droit Français l’impacte de la directive était faible, en Royaume-Uni son
influence sur l’ordre juridique anglais était nettement ressentie.

B. Sur le droit des Etats ou la directive a été simplement transposée, exemple


du Royaume-Uni

Il existe en droit anglais des dispositions consumériste avant l’adoption des


régulations 1994, parmi ces textes propres aux consommateurs, on peut citer le consumer
crédit act 1974, le consumer safecty act 1978, le consumer protection act 1978 ou encore le
consumer arbitration agreement act 1988. Mais ces textes ne concernent que certains contrats
alors que les régulations 1994 ont vocation à appliquer plus largement. L’impact de la
directive a donc été, en pratique, d’introduire une protection réservée aux consommateurs
mais applicable à presque tous les contrats de consommation.

Le système juridique anglais est très différent du système continental de droit


codifié, plus pragmatique et mois conceptualiste. L’intégration de la directive a, en ce sens,
bouleversé le système juridique anglais mais le réel impact de la directive a été
essentiellement pratiquer, S’agissant de l’impact conceptuel de la directive, celle-ci a introduit
de nouvelles notions en droit anglais.

Les critères du caractère abusif d’une clause (test of unifairness), tels que posés par
l’article 3-1 de la directive, à savoir les concepts de bonne foi et de déséquilibre significatif,
ne sont pas des notions familières aux juristes anglais. L’UCTA 1977 ne réglementant que les
clauses d’exclusion et de limitation de responsabilité, principalement par le biais de «
Reasonblenes test » sorte de comportement standard attendu de tout contractant55.

55
L’UCTA 1977 S’applique à tous les contrats, et non uniquement aux contractants de consommation. ainsi , si
un contrat ne peut jamais exclure ou limiter la responsabilité pour dommages corporels ou mort causés par
négligence, la responsabilité pour les autres dommages peut être limitée ou exclure si la clause est
« raisonnable » « raisonnables test » « quand le contrat est conclu entre professionnel et un consommateur,
les clauses limitant ou excluant la responsabilité ou prévoyant l’indemnisation des dommages est soumise dans
tous les cas à ce « raisonnables test » L’UCTA 1997 met à la charge du vendeur ou prestataire de service, la
preuve du caractère « raisonnable » de la clause. Cette preuve est d’autant plus difficile à apporter que le
contractant est un consommateur a consacré par les tribunaux comme la partie faible au contrat, voir, aussi

19
Concept de « déséquilibre significatif » est entièrement nouveau en droit anglais.
Dans la théorie générale des contrats, il est indifférent que la « considération » soit inadaptée,
le déséquilibre n’a aucune place en droit anglais des contrats.

De même pour le concept de bonne foi, si les juristes de la tradition civiliste voient
dans ce concept une règle générale de droit des obligations sur lequel le débat est clos, « le
critère (...) de la bonne foi est mystérieux et excitant pour un juriste anglais ». Le droit anglais
contient déjà des éléments de bonne foi, mais pas de principe général de bonne foi. C’est la
directive communautaire de 1993 qui a définitivement donné le coup d’envoi de
l’introduction du concept de bonne foi en Angleterre. Certes, son introduction dans les
Régulations 1994 en a fait un concept légal général. Mais les tribunaux ne vont certainement
pas l’appliquer tel quel.

Il faudra du temps pour que les juges développent un système complet au cas par
cas. En attendant, les tribunaux préféreront surement faire référence à des notions plus
connues du doit des affaires et les mettre en relation dans chaque espèce avec les nouveaux
principes transplantés en droit anglais56.

En ce qui concerne l’impact de la directive en pratique, il se manifeste sur tout en


termes d’étendue du champ d’application. Le champ d’application des régulations 1994 est à
la fois plus étroit que l’UCTA 1977 ; plus large car ne se limitant pas aux clauses d’exclusion,
plus étroit car ne concernant que les consommateurs.

La section 3 de l’UCTA 1977 concerne les contrats passés entre un consommateur et


un professionnel et régis par les conditions générales de ce dernier. La section3 des
Régulation 1994 quant à celle s’applique à la clause d’un contrat n’ayant pas fait l’objet d’une
négociation individuelle quand elle a été rédigée préalablement et que le consommateur n’a,
de ce fait, pas pu avoir d’influence sur son contenu. Ainsi, alors que l’UCTA 1977 s’applique
à toutes les clauses, même celles ayant fait l’objet d’une négociation individuelle, les
Regulation 1994 ne régissent que les purs contrats d’adhésion.

Les Regulations 1994 et l’UCTA 1977 se superposent dans de nombreuses


hypothèses.

SWAIN.F, « la loi de 1977 sur les clauses abusives, interprétation par les tribunaux, Revu, Dr, Pr.Com.Inter. T8,
n°01, 1982, p : 28 et s
56
Collins B.S.T.J, « L’effet de la directive 93/13 de la C.E.E relative aux clauses abusives sur le droit du Royaume-
Uni », rev.inter.dr.com,p1995,p.17.

20
Les consommateurs ont donc le choix dans ces cas de demande l’annulation d’une
clause déraisonnable (« Unreasonable ») s’ils se fondent sur L’ucta 1977, ou abusive
(« Unfair ») s’ils invoquent les Regulations 1994. Dans les cas ou les deux réglementations
sont applicables, les tribunaux doivent s’assurer que le consommateur bénéficie de la
meilleure protection. Les juges doivent aussi désormais interpréter l’UCTA 1977 au regard de
la directive.

Chapitre 2 : Les méthodes préventives de la législation consumériste


marocaine
La loi 31-0857 édictant les mesures de protection des consommateurs a apporté des
mesures préventives très importantes afin de protéger le consommateur contre les clauses
abusives, d’une part par l’instauration des nouveaux mécanismes pour protégée le
consentement du consommateur, (Section1). Et en d’autre part adjoint certaines règles qui
sont dans le prolongement de l'obligation précontractuelle d'information et du droit à la
réflexion. Elles ont en effet la même finalité: s'assurer que le consommateur a donné un
consentement éclairé et réfléchi et à défaut lui donner le droit à la représentation et à la
défense de ses intérêts par des actions préventives (Section2).

Section1 : La protection du consentement du consommateur

Le législateur a créé de nouvelles dispositions qui permettent au consommateur de


mieux assimiler la portée de ses engagements. D’une part l'information du consommateur qui
demeure comme moyen utilisé pour sa protection (§1), et d’autre part la réflexion qui est le
complément de l'information (§2).

§1. La protection de consentement du consommateur par l’information

Dans ce cadre, la question qui se pose désormais, est de déterminer l'obligation


d'information que le législateur a mis à la charge des professionnels (A), c’est aussi dans une
optique de protection à priori du consommateur contre les clauses abusives, que le législateur
a imposé certaines règles concernant la forme du contrat (B).

A. L’obligation d’information à la charge du professionnel

57
La fin avouée de la loi 31-08 édictant des mesures de protection du consommateur est d'aménager le
processus contractuel classique pour porter remède à certains déséquilibres des relations entre professionnels
et consommateurs.

21
A lire les articles du DOC relatifs à la vente, nulle part un devoir d’information
pesant sur le vendeur n’apparait. Pourtant, les auteurs marocains considèrent le principe de
l’exécution de bonne foi des obligations contractuelles58 peut constituer une base légale
servant à consacrer un devoir d’information à la charge du professionnel 59
.Cependant, à
défaut d’imprécision de la notion de bonne foi, cette dernière n’est guère adaptée à la situation
du consommateur, afin d’assurer à celui-ci un comportement éclairé et réfléchi, mieux vaut
établir des mesures préventives, même si elles doivent déroger au schéma traditionnel de
formation des contrats.

C’est effectivement dans cette voie que s’est engagé le législateur marocain en
prescrivant l’information préalable du consommateur. Dans ce sens, l’article 47 de la loi
n°06-99 sur la liberté des prix et la concurrence60consacre pour la première fois une obligation
d’information à la charge du professionnel en disposant : « tout vendeur de produit ou tout
prestataire de services doit par voie de marquage, d’étiquetage, d’affichage, ou par tout autre
procédé approprié, informer le consommateur sur les prix et les conditions particulières de la
vente pu de la réalisation de la prestation ».

L’on peut remarquer que la lecture du premier alinéa de l’article 47 montre que
l’obligation d’information ne concerne que les prix et les conditions particulières de la vente,
les caractéristiques des produits et services n’entrent pas dans le champ d’application de
l’obligation d’information ; pourtant elles restent essentielles pour la protection du
consommateur, vu la complexité des produits et services mis sur le marché61.

La loi 31-08 portant les mesures de la protection du consommateur est venu combler
cette lacune en imposant une obligation précontractuelle62 à la charge du professionnel,
vendeur de biens ou prestataire de service, pour que le consommateur soit en mesure de
connaitre les caractéristiques essentielles du bien ou du service mis sur le marché.

58
Sur l’obligation d’information, Voir, Fabre-Magnan, de l’obligation d’information dans les contrats : Essai
d’une théorie, LGDJ, paris, 1992.
.101 ,2001 ‫س‬,4 ‫ العدد‬,‫ المجلة المغربية لالقتصاد والقانون‬,‫ اساس االتزام بتصير المستهلك ومظاهره‬,‫ الحسين بلحساني‬59
.‫ الحسن بلحساني المقال السابق‬60
.49 ‫ ص‬, 2001 03 ‫العدد‬, ‫المجلة المغربية لالقتصاد والقانون‬, ‫الحماية القانونية لرضا مستهلكي السلع والخدمات‬, ‫ دنيا مباركة‬61
62
L’Art 4 de loi 31-08 prévoit « tout fournisseur de biens ou prestataire de services doit, avant la conclusion d’un
d’un contrat de vente, mette le consommateur en mesure de connaitre les caractéristiques essentielles du bien
ou du service, par le biais de tout moyen approprié. lors de la conclusion d’un contrat écrit, le fournisseur est
tenu de remettre un exemplaire au consommateur ».

22
Ce qui signifie que le fournisseur63 est tenu, avant la signature du contrat
d’acquisition d’un bien ou service, de fournir toute information pouvant intéresser le
consommateur sur les caractéristiques du produit et de l’informer sur le prix, le mode
d'emploi, l’étendue et les conditions de garantie, le renouvellement des contrats dans le cas
d’abonnement à durée déterminée et les délais de livraison. Ces éléments d’information
permettront au consommateur d’apprécier l’opportunité ou non de conclure le contrat
envisagé.
A cet effet, le fournisseur64 doit notamment par voie de marquage, d’étiquetage,
d’affichage ou par tout autre procédé approprié, informer le consommateur sur les prix des
d’utilisation, la durée de garantie et ses conditions ainsi que les conditions particulières de la
vente ou de la réalisation de la prestation, et le cas échéant, les limitations éventuelles de la
responsabilité contractuelle. Cependant une décision de la chambre civile de la Cour de
cassation française du 3 avril 200765, prévoit que : « Le notaire est tenu d’informer son client,
des conséquences fiscales du contrat qu'il a reçu. Les motifs de la décision sont notamment les
suivants : " que le notaire étant tenu, professionnellement, d’un devoir d’information et de
conseille quant aux dispositions fiscales qui en découle des actes qu’il a reçu, et il ne peut être
dispensé de l’obligation du texte envers le client, compte tenu des compétences personnelles
de ce dernier ».66

Informé des délais de l’acte projet, le consommateur va certainement exprimer un


consentement éclairé, puisqu’il a la possibilité de s’engager après être pleinement informé sur
le produit ou service offert, et avoir eu le temps nécessaire pour examiner les conditions du
contrat67. Mais pour éliminer davantage le risque pour le consommateur de souscrire à des
conditions désavantageuses, un certain formalisme doit être introduit dans la conclusion du
contrat.

B. L’instauration d’un formalisme impératif et préventive

Qui dit « formalisme » dit ralentissement des opérations commerciales, on comprend


donc que le formalisme ne soit pas exigé dans tous les contrats.

63
SAHRANE.L, « Lecture de la loi 31-08 sur la protection du consommateur : Apports et insuffisances ».
Etudes et recherches, n°4, éd. Rejuciv, Fès, 2014, p. 7
64
RHALIB.M.L, « L’effectivité de la protection du consommateur en droit marocain : entre performance et
nouveautés ». La revue du droit marocain, n° 36 bis, Rabat, 2017, p. 23-24.
65
Cass.Civ.1er 3 Avril 2007, n° 06-12.831, www.courdecassation.fr
66
https://www.maroclaw.com/‫المستهلك‬-‫حماية‬-‫قانون‬-‫في‬-‫الحمائي‬-‫البعد‬
67
RIEG.A, « La protection du consommateur en France (Approches de droit privé ) », revue inter.dr.comp, spéc.,
V1, 1979, p.639.

23
Certains méthodes de vente justifient une protection renforcée du consommateur,
comme le démarchage à domicile68 et la vente à distance, sont soumise à un formalisme légal
impératif.

En exigeant un contrat écrit comprenant certaines mentions obligatoires, le législateur


entend garantir au consommateur un consentement éclairé. Ainsi, l’article 25 de la loi précitée
impose au démarcheur à domicile, à peine de nullité, de remettre un contrat écrit précisant les
noms du fournisseur et du démarcheur, l’adresse du fournisseur et celle du lieu de conclusion
du contrat ; la désignation précise de la nature et des caractéristiques du bien ou du service ;
les conditions d’exécution du contrat telles que le modalités et délai de livraison des biens ou
d’exécution de la prestation de services69. Le contrat doit impérativement indiquer à
l’acquéreur le prix global à payer ainsi que les modalités de paiement 70. Le contrat doit, en
outre, informer l’acquéreur de son droit de rétractation71 unilatéral et comporter un formulaire
détachable, destiné à en faciliter l’exercice.72

De même, l’article 21 de la loi 31-08 impose de même façon au professionnel, dans


tout offre de vente d’un bien ou de fourniture d’une prestation de service qui est faite à
distance à un consommateur (...) d’indiquer le nom de son entreprise, ses coordonnées
téléphoniques ainsi que l’adresse de son siège social et si elle est différente, celle de
l’établissement responsable de l’offre.

Par le développement du formalisme, le législateur réduit le domaine du pouvoir


déséquilibrant du professionnel et limite le risque de déséquilibre des clauses du contrat,
risque inhérent à tout pouvoir économique que constitue le pouvoir unilatéral de rédiger les
termes du contrat. Ainsi que le souligne J-Calais-Auloy « s’agissant (...) de l’équilibre
ponctuel des clauses du contrat, le droit de la consommation a une position différente de celle
68
BOUDAHRAIN.A, « Droit de la consommation au Maroc », El Madariss, 1999,p.77.
L’Art 1 al 10 de la loi 31-08 portant les mesures de protection du consommateur définit le démarchage comme
une « technique commerciale consistant pour un vendeur à solliciter en consommation à sa résidence au plus
généralement dans tout lieu qui n’est pas par nature destiné à la commercialisation, afin de lui proposer
l’acquisition d’un bien ou la fourniture d’un service ».
76 ‫ ص‬2003.07 ‫ مفيد الفاسي تاثير قانون المنافسة على قانون االلتزامات والعقود المجلة المغربية لالقتصاد والقانون العدد‬69
70
Si l’acquéreur entend recourir à un prêt, le contrat doit respecter le formalisme exigé pour la vente à crédit,
en particuulier, le taux nominal de l’intérêt ainsi que le taux effectif global.
71
L’art 85 de la loi 31-08 octroi au consommateur un délai de repentir en faveur du consommateur. Ce dernier
dispose d’un délai de 7 jours, dans le cas du crédit à la consommation, afin de revenir sur son engagement. Ce
délai permet au consommateur de réfléchir et éventuellement de prendre conseil avant d’être définitivement
engagé. Il bénéficie d’une faculté de repentir. Pour exercer cette faculté de rétractation, un formulaire
détachable est joint à l’offre. L’article 85 de la loi prévoit que la rétractation du consommateur ne doit donner
lieu à aucun enregistrement sur un fichier afin d’éviter la confection de listes de consommateurs jugés
indésirables.
72
L’article 26 de la loi 31-08.

24
du droit civil. Non seulement, pour tous les contrats entre professionnel et consommateurs, il
permet l’élimination des clauses abusives. Mais encore, pour certains contrat, il détermine
impérativement le contenu de certaines clauses »73.

En effet, l’article 41 énumère les mentions devant obligatoirement figurer dans l’offre
de crédit mobilier remise au consommateur. Un autre groupe de règles concernant le
formalisme précontractuel est prévu par l’article 16 de la loi 31-08 et s’appliquant à tous les
contrats écrits proposés aux consommateurs. Les clauses « ... doivent être rédigées de façon
claire et compréhensible. En cas de doute sur le sens d’une clause, l’interprétation la plus
favorable au consommateur prévaut ». Le terme compréhensible » réfère à la formation du
contrat, alors que le terme « claire » réfère à sa présentation matérielle. Malgré tous ces points
positifs en remarque que la loi 31-08 n’a pas imposé la rédaction du contrat en langue arabe74.
La rédaction en langue française, fréquemment utilisée en pratique, empêche une couche
importante des consommateurs à comprendre le contenu des contrats qui les lient avec le
professionnel.

§2. Le droit à la réflexion, technique de protection préventive

Décider en pleine connaissance de cause, c’est non seulement être informé mais
encore réfléchir75. C’est pourquoi le législateur a donc dû opérer différemment. Il a donné au
consommateur, non pas l’assistance d'un conseil mais, ce qui est nouveau, l’assistance du
temps76. Le consentement du consommateur doit désormais être accompagné d'un laps de
temps qui servira à la réflexion.

73
Calais-Auloy.J, « L’influence du droit de la consommation sur le droit des contrats », intervention au colloque
des 21 et 25 oct. 1997 organisé à perpignan par le centre de droit de la consommation de l’université de
perpignan et le centre de droit de la consommation de l’université de Montpellier 1 sur le thème : Droit du
marché et droit commun des obligations, revu . Trim.dr.com. 1998, p 115 et s, spés. p.116.
74
Pour Abdellah Ounnir « cet emploi (de la langue arabe) doit être systématique. la mesure doit s’appliquer à
tous les produits importés quel que soit l’usage auxquels ils sont destinés et aussi à tous les messages
publicitaires quels qu’en soient les supports ». Voir, Abdellah Ounnir, le droit de la consommation au Maroc
entre les enseignements du passé et les impératifs de l’avenir, l’acte colloque organisé à la faculté de droit de
Fès sous le thème : la protection du consommateur au Maroc, revue de droit et d’économie, n°10, 1993.
75
Civ. 1er 26 Nov. 1981. J.C.P.1982., dans une espèce ou un produit utilisé pour le traitement des eaux n’était
pas adapté à la nature de l’eau. il a été admis qu’on ne pouvait reprocher au fournisseur de ne pas s’être
inquiété de la nature de l’eau à traiter, cette démarche incombant à l’utilisation qui n’ignorait pas la nature de
l’eau et devrait solliciter l’information du fournisseur.
76
CHARDIN.N.V., Le contrat de consommation de crédit et l'autonomie de la volonté, LGDJ, 1988, n°149 et s.

25
Donc, le délai de réflexion est le laps de temps que le législateur impose au
professionnel et au consommateur pour que ce dernier puisse réfléchir à l’offre présentée par
le premier77.

L’incitation à la réflexion n’est pas une chose nouvelle. La théorie générale du contrat
permet par le biais de certains mécanismes de se réserver le temps de réfléchir. Il en est ainsi
de certains avant-contrats comme les promesses de contrat et le pacte de préférence. Il en est
de même de certains aménagements contractuels que les parties peuvent utiliser comme la
clause de dédit ou la vente à réméré. Mais le délai de réflexion proprement dit est un
mécanisme nouveau ayant été institué par la loi 31-08 édictant des mesures de protection du
consommateur. En effet, cette période à pour but de favoriser le murissement du
consommateur : d’une part, elle lui permettrait de lire les clauses et d’en peser la signification.
D’autre part, elle devrait le soustraire à l’influence des séductions et incitations publicitaires78.
Dans se sens, selon la doctrine, ce mécanisme a été inspiré du mécanisme américain «
cooling off period » ou période de refroidissement79.

Plus secondairement, il peut s'agir aussi de lui laisser un temps de prospection,


notamment dans le domaine de crédit où le temps de réflexion permet au consommateur de
bien comprendre et lire les clauses du contrat. Afin de permettre cette réflexion, différentes
voies sont possibles et sont en pratique conjuguées au profit du consommateur: le maintien de
l’offre pendant un temps nécessaire à son appréciation (A), les délais légaux de réflexion (B)
et la remise préalable des documents contractuels (C).

A. Le maintien de l'offre

Dans le schéma classique de la rencontre des volontés, l’offre est librement révocable,
tant que le contrat n’est point parfait par l’acceptation ou le commencement d’exécution
entrepris par l’autre partie80. Le législateur, par exception, et afin d’éviter un engagement
précipité du consommateur, a créé dans le contrat de consommation, une obligation de
maintien de l’offre à la charge du professionnel81.

77
RABII.J, la protection du consommateur par le délai de réflexion, revue marocaine d’administration locale et
de développement, n°142, septembre-octobre, 2018, p 17.
78
Huet.J, « Droit civil, les principaux contrats spéciaux », LGDJ-DELTA, 1996, n°22506, p.868.
79
Ferrier.D, « les dispositions d’ordre public visant à préserver la réflexion des contractants », Recueil Dalloz,
1980, p.178.
80
Art 26 du D.O.C
81
Art 77 de la loi 31-08.

26
En effet, ni le droit commun ni celui de la consommation ne donnent une définition de
l’offre. Définition doctrinale82 : « c’est une proposition ferme de conclure, à des conditions
déterminées, un contrat de telle sorte que son acceptation suffit à la formation de celle-ci ».

En effet, Préalablement à la conclusion de tout contrat de crédit à la consommation, le


prêteur est en obligation de remettre gratuitement une offre préalable de contrat au
consommateur. Cette offre doit être écrite et contenir toute les clauses du contrat de crédit.
Elle a pour but d’éclairer l’emprunteur afin qu’il puisse « apprécier la nature et la portée de
l'engagement financier auquel il peut souscrire et les conditions d’exécution de ce contrat »83.

Ainsi, dans le contrat de crédit immobilier, l’organisme de crédit doit maintenir son
offre pendant quinze jours à compter de sa réception par le consommateur 84, dans les contrats
de location-vente également, la location assortie d'une promesse de vente, et la location
assortie d'une option d'achat, le bailleur doit maintenir son offre pendant une durée minimale
de quinze jours à compter de sa réception par le preneur85. En pratique l'obligation de
maintien de l'offre a cependant une efficacité réduite. Les organismes de crédit et les bailleurs
exercent souvent une véritable pression sur le consommateur afin qu’il accepte
immédiatement le contrat. C’est pourquoi le législateur a parfois voulu jouer sur la date
d'acceptation. Ce sont les délais de réflexion.

B. Les délais de réflexion

L’une des protections majeures dont bénéficie le consommateur lors de la remise de


l’offre est le délai de réflexion qui lui est accordé afin de lire attentivement l’offre et
d’apprécier l’ampleur de son engagement sans aucun empressement.

En effet, le délai de réflexion est un délai qui court à compter de l'offre de contracter et
pendant lequel le consommateur ne peut accepter l’offre.

Ce délai de réflexion peut s'ajouter à l’obligation de maintien de l’offre. C’est dans ce


sens que la loi n° 31-08 en cas de crédit à la consommation oblige le prêteur à maintenir son

82
TERRÉ.F, SIMLER.PH, et LEQUETTE.Y, « Les obligations », Précis Dalloz, 11ème édition, 2013, p. 131.
83
CALAIS-AULOY.J et TEMPLE.H, Droit de la consommation, Précis Dalloz, 8ème édition, 2010, p.80.
84
Art 120 de la loi 31-08.
85
Art 138 de la loi 31-08.

27
offre pendant au moins 7 jours à compter de la remise de celle-ci, conformément à l’article
7786.

Ainsi, en matière de crédit immobilier, l’emprunteur et les cautions ne peuvent


accepter l’offre que dix jours après l’avoir reçue87. Les mêmes délais s’appliquent à la
location-vente et à la location assortie d’une promesse de vente en matière immobilière. Le
non-respect de ces délais expose le prêteur à une amende correctionnelle et à la déchéance
totale ou partielle des intérêts88.

c. La remise préalable des documents contractuels

Un consommateur prudent ne devrait consentir à s’engager qu’après avoir lu


attentivement le contrat qui lui est proposé. Cela suppose qu’il puisse obtenir, avant la
conclusion du contrat, le document contractuel et le conserver plusieurs jours. Or, certains
professionnels refusent de remettre les documents tant que le contrat n’a pas été conclu. Pour
éviter ce type de pratique, l’article 11 de la loi 31-08 dispose que « le fournisseur doit
remettre à toute personne intéressée qui en fait la demande un exemplaire des conventions
qu'il propose habituellement ».

En pratique, il est difficile de constater un défaut de remise, ce qui prive le plus


souvent d’efficacité l’obligation imposée aux professionnels. Ainsi, sous cet angle le délai de
réflexion préalable à la conclusion du contrat, ne pose guère de difficulté en soi, n’intervenant
qu’en amont de l’engagement contractuel, il ne contredit pas les principes de droit commun89,
bien au contraire, il en renforce l’esprit, et il devient tout à fait juste d’écrire que "par ces
moyens,

Le droit spécial ne prétend pas se substituer au droit commun, mais au contraire


renforcer par un effet cumulatif la protection du consommateur par une sorte de décantation

86
Article 77 de la loi 31-08 : « Toute opération de crédit visée à l’article 74 doit être précédée d'une offre
préalable de crédit écrite, de manière à ce que l'emprunteur puisse apprécier la nature et la portée de
l'engagement financier auquel il peut souscrire et les conditions d’exécution de ce contrat. Les opérations de
crédit visées à l'article 74 doivent être conclues dans les termes de l’offre préalable, remise gratuitement en
double exemplaire à l'emprunteur et, éventuellement, en un exemplaire à la caution. La remise de l'offre
préalable oblige le prêteur à maintenir les conditions qu'elle indique pendant une durée minimum de sept jours
à compter de sa remise à l’emprunteur ».
87
Art 120 de la Loi 31-08.
88
Art 190 de la Loi 31-08.
89
FERRIER.D, « Les dispositions d'ordre public visant à préserver la réflexion des contractants », D.1980,char.
p.177, spé. p 183, n° 35.

28
de son consentement"90. Cette analyse semble néanmoins difficile à transposer concernant le
droit de rétractation.

Section2 : L’action préventive des associations de consommateurs

Le consommateur en tant qu’homme est toujours isolé face aux producteurs et


distributeurs portant les consommateurs forment un groupe économique très important mais
mal organisé et dont l’avis reste ignoré d’où la nécessité de susciter chez eux un minimum
d’unité et de les encourager en association afin de mieux défendre leurs intérêts91.

Les associations de consommateurs sont nombreuses92. Certaines d’entre elles ont


pour vocation exclusive défendre les consommateurs93. D’autres, par contre, ont une vocation
plurielle : Défense de consommateurs et protection de l’environnement par exemple. Ces
associations peuvent jouer un rôle préventif important quant à la lutte contre les clauses
abusives, si elles ne sont pas entravées par plusieurs handicaps94.

En effet, au Maroc, par l'adoption de la loi 31-08 édictant des mesures de protection
du consommateur, le législateur reconnait aux associations de protection du consommateur
constituées réglementairement (§1), le droit d'assurer la défense des intérêts du consommateur
et d'intenter des actions, tout en respectant les conditions de recevabilité (§2).

§1-L’ agrément de l'association, Conditions préalables

Le droit d’agir dans l’intérêt des consommateurs ne peut pas être reconnu à toutes les
associations qui prétendent défendre cet intérêt: le risque serait trop grand de voir surgir des

90
BOUJEKA.A, « Le délai de réflexion et le délai de rétractation », in Dossier Droit commun et crédit aux
particuliers, sous la coordination de X. Lagarde, RD. Bancaire et financier, mai- juin 2004, p 220.
91
sur l’auto - protection des consommateurs, voir, Lotfi Larguet , la protection du consommateur, actualités
juridique tunisiennes, n°07, année 1993, p.174
92
BENDRAOUI.A, les associations de défense des consommateurs au Maroc : UN premier bilan, revue
marocaine d’économie et de droit, n°06, 2002, p 85-91.
93
Les associations à vocation exclusive de défendre les consommateurs peuvent avoir soit une dimension
nationale comme l’association pour la défense du consommateur, crée le 24 juin 1980 à Casablanca, la lignue
nationale de protection du consommateur, constituée à Meknès le 30 Mars 1996 ; soit une dimension locale,
telle que l’association Al Ismaïlia des victimes des huiles nocives, créée à Meknès le 24 Octobre 1964 qui
constitue la doyenne des ONG consuméristes marocaines.
94
BENDRAOUI.A résume les problèmes rencontrés par les associations de défense de consommateurs en trois
contraintes. D’abord, la faiblesse des moyens, l’accès aux subventions prévues par le ministère du commerce
au bénéfice des associations de protection du consommateur n’est toujours pas opérationnel. Ensuite, le
dispersion des actions, les associations doivent mieux structurer et harmoniser leurs actions pour consolider
leur statut d’interlocuteur et renforcer leur audience. enfin, la relativité de l’audience, due à la dispersion des
actions et aux divisions que nourrissent les conflits personnels et idéologique.
Voir BENDRAOUI.A, article précité.

29
associations pour lesquelles l’intérêt des consommateurs servirait de masques à d'autres
intérêts95.

Pour être agréées, les associations de protection du consommateur doivent se


constituer et fonctionner conformément à la législation et à la réglementation en vigueur
relatives au droit d'association. Elles doivent se charger d'assurer l’information, la défense et
la promotion des intérêts du consommateur, et concourir au respect des dispositions de la loi
31-08 édictant des mesures de protection du consommateur96. Elles ne doivent
impérativement pas avoir parmi leur membres des personnes morales ayant une activité à but
lucratif, ni percevoir des aides ou subventions d’entreprises fournissant des produits, biens ou
services aux consommateurs.

Il leur est également interdit de faire de la publicité commerciale qui n’a pas de
caractère informatif pour des biens , produits ou services, ni de se consacrer à des activités
autres que la défense des intérêts du consommateur notamment à caractère politique97.

Ainsi, les associations qui satisfont à la législation et à la réglementation en vigueur


relative au droit d’association, ont pour objet statutaire exclusif la protection des intérêts du
consommateur, et sont régies par des statuts conformes au modèle de statut type fixé par la
voie réglementaire et peuvent être reconnues d'utilité publique98. Elles doivent ensuite se
constituer en Fédération nationale de protection du consommateur dont les statuts sont fixés
par décret, et qui acquiert à son tour de plein droit la reconnaissance d'utilité publique99.

Les associations de protection du consommateur non reconnues d'utilité publique,


doivent, répondre aux critères posés et remplir les conditions réglementaires énoncés par la
Loi 31-08 et précisés par le Décret d'application n°2-12-503100 pour saisir le juge.

95
AULOY, H.TEMPLE.J.C, Droit de la consommation, 9 eme édition, Paris, 2013, p.686.
96
Art 152 de la Loi 31-08
97
Art 153 de la Loi 31-08
98
Art 154 de la Loi 31-08
99
Art 155 de la Loi 31-08
100
Art 35 du décret n° 2-12-503: Les associations de protection du consommateur non reconnues d'utilité
publique visées au deuxième alinéa de l'article 157 de la loi n° 31-08 précitée, doivent, pour obtenir une
autorisation spéciale pour ester en justice répondre aux conditions fixées à l'article 153 de la loi n° 31-08
précitée et respecter les conditions suivantes:
- Disposer des moyens humains, matériels et financiers leur permettant d'assurer l'information, la défense et la
promotion des intérêts du consommateur;
- Justifier à la date de la demande de l'autorisation d'ester en justice de deux années au moins d'existence à
compter de sa déclaration aux autorités;
- Justifier pendant les deux dernières années, d'une activité effective en vue de la défense des intérêts des
consommateurs, appréciée notamment en fonction des activités réalisées en matière d'information et de

30
Cette autorisation est délivrée pour une durée de trois années renouvelables pour des
périodes équivalentes selon les mêmes conditions101. Lorsqu’elle répond aux conditions
précitées, l’autorisation est délivrée dans un délai de deux mois à compter de la date du dépôt
de la demande102. Elle peut être retirée si le contrôle de conformité effectué par les services
compétents relève que l’association bénéficiaire ne répond plus aux conditions requises103.
Les modalités de dépôt et d’instruction des demandes d’autorisation spéciale pour ester en
justice et les formes et modalités de délivrance et de retrait de celle-ci sont fixées par arrêté
conjoint de l'autorité gouvernementale chargée de la justice et l’autorité gouvernementale
chargée du commerce104.

Ainsi, la Fédération nationale et les associations de protection du consommateur sont


l’illustration du développement de la culture consumériste, dont l’objectif est de rompre
l’isolement des consommateurs et d’atténuer les déséquilibres accusés avec les professionnels.
En plus, ces associations peuvent jouer un rôle préventif important quant à la lutte contre les
clauses abusives.

§2. L’action préventive

Deux techniques seront mises en relief dans le cadre de ce paragraphe à savoir


l’action en suppression des clauses abusives (A) et la négociation des accords collectifs de
consommation (B).

A. L’exercice de l’action en suppression des clauses abusives

Le droit français, permet aux associations agréées de « ... demander à la juridiction


civile d’ordonner, le cas échéant sous astreinte, la suppression de clauses abusives dans les

sensibilisation, et de la mise en place d'un guichet consommateur pour orienter et assister les consommateurs;
- Justifier d'un accord avec un avocat ou un cabinet d'avocats pour assurer sa représentation devant la justice;
- Disposer dans leurs statuts des règles de bonne gouvernance garantissant à tous les membres de l'association
leur participation à la détermination de ses orientations et de ses activités ainsi qu'à son contrôle.
La demande d'autorisation spéciale pour ester en justice doit être déposée contre récépissé auprès du service
désigné à cet effet par l'autorité gouvernementale chargée de la justice. Cette demande doit être accompagnée
des pièces et documents permettant d'identifier le demandeur et de vérifier que l'association concernée
répond aux conditions ci-dessus
101
Art 36 du Décret n° 2-12-503 du 11 septembre 2013
102
Art 37 du Décret n° 2-12-503 du 11 septembre 2013.
103
Art 38 du Décret n° 2-12-503 du 11 septembre 2013.
104
Art 39 du Décret n° 2-12-503 du 11 septembre 2013.

31
modèles de conventions habituellement proposés par les professionnels aux
consommateurs »105.

Cependant, la reconnaissance d’une telle action est nécessaire pour lutter


effectivement contre les clauses abusives. Il ne suffit pas qu’une clause abusives soit réputée
non écrite : le consommateur qui a contracté croit que toutes les clauses écrites s’impose à lui
et ne songe pas à invoquer la nullité de certaines d’entre elles, Pour écarter à coup sur
l’application de la clause, il faut agir de façon préventive et collective : Supprimer
matériellement les clauses abusives des modèles de conventions106, avant même la conclusion
du contrat.

Au Maroc, aux termes de l’Art 162 de la loi 31-08 portant les mesures de protection
du consommateur contre les clauses abusives « la fédération nationale ou l’association de
protection du consommateur visées à l’article 157 peut demander à la juridiction statuant sur
l’action civile ou sur l’action accessoire d’enjoindre au défendeur ou au prévenu, de cesser
les agissements illicites ou de supprimer, dans le contrat ou le contrat-type proposé ou
adressé aux consommateurs, une clause illicite ou abusive ».

Cette action peut être intentée par les associations lorsqu’il est constaté qu’un contrat
destiné à régir des relations entre professionnels et consommateurs comporte des clauses qui
sont de nature à porter préjudice aux droits du consommateur ou à l’induire en erreur sur la
nature du contrat.

Désormais au Maroc, en vertu de la loi 31-08, les associations de consommateur


peuvent agir en justice pour y demander la suppression de clauses abusives dans les contrats
habituellement proposés par les professionnels aux consommateurs. cette action, de nature
préventive et destinée à la mise en conformité des contrats susceptibles d’être proposés par
des professionnels à de futures consommateurs individuels, permet aux associations de
consommateurs d’assurer la loyauté des échanges commerciaux et de lutte contre les abus de
puissance économique des professionnels qui proposent aux consommateurs des contrats pré
rédigés unilatéralement sans que ceux-ci puissent en négocier le contenu. Ce type d’action
présente plusieurs caractéristiques : les associations de consommateurs peuvent agir à titre
principal, c’est-à-dire sans qu’un consommateur ait saisie préalablement la justice d’une
demande d’action en suppression des clauses abusives, les associations de consommateur

105
Art 6 de la loi de 1988,op.cit
106
Contrat-Types, conditions générales, etc...

32
peuvent agir sans la ou les clauses abusives d’un contrat aient porté atteinte à l’intérêt collectif
des consommateurs, l’action ne vise que les contrats du professionnel pour lesquels la
suppression est demandée et non tous les contrats similaires pouvant être proposés par
d’autres professionnels, l’action en suppression est portée devant la juridiction civile, et en fin
l’association exerçant l’action en suppression des clauses abusives peut obtenir également des
dommages et intérêts au titre de la réparation du préjudice collectif.

A coté de l’action en suppression des clauses abusives, la loi 31-08 donne une autre
possibilité aux associations de défendre les consommateurs en l’occurrence, la négociation
des accords collectifs de consommation.

B. La négociation des accords collectifs de consommation

L’existence de groupements de consommateurs et de groupements de professionnels


pourrait conduire, à l’instar de ce qui existe en droit de travail, à une négociation collective du
contenu des contrats de la consommation.

Certains auteur n’hésitent point à soutenir que : « le droit de la consommation est un


nouveau rameau du croit social ; alors que le droit de travail constituerait le droit social
interne de l’entreprise ; visant à défendre ceux qui y occupent un emploi, le droit de la
consommation correspondrait au droit social externe, destiné à protéger les partenaires
économique extérieurs à l’entreprise que sont les consommateurs, ceux qui utilisent les biens
ou services produits par l’entreprise »107.

Le syndicalisme de la consommation présente, à ce titre, une forte analogie, avec le


syndicalisme ouvrier108.

En effet, les associations de consommateurs constituent un contre-pouvoir109collectif


contre la puissance naturelle des professionnels.

Au regard de la prévention contre les clauses abusives, un des aspects importants du


rôle des associations du consommateur réside dans la négociation collective des contrats de la
consommation.

107
Anourd et Tortuyaux, « Le pouvoir des consommateurs », Halier, Paris, 1982, p.70 et s.
108
Cracco, « la représentativité des organisations de consommateur » Rapport polycopie, Juillet 1976, p59,
Université Catholique de Louvain, Institut d’administration et de gestion ; voir aussi H.Bricks, les clauses
abusives, thèse Montpellier, LGDJ, 1982, préface, J.C Auloy, op.cit, n°361, p243.
109
..., le rôle des associations de consommateurs dans l’émergence d’un contre-pouvoir face aux associations
professionnels, revue algérienne des sciences juridiques, économiques et politiques, vol 40, n°01, 2002, p.22-
32.

33
La mise en place d’une convention collective de consommation permet de concilier
les impératifs de liberté et de justice contractuelle. Ma liberté contractuelle sera préservée
puisqu’il ne s’agit plus « d’imposer par voie légale ou réglementaire des dispositions
contractuelles. Les parties restent libres de prévoir et de décider les différentes conditions de
la convention ».110 La justice contractuelle sera, elle aussi, sauvegardée dans la mesure où les
groupements en cause sont placés sur un pied d’égalité.

Au Maroc, c’est le conseil national de la consommation qui servira de cadre à la


négociation d’accords collectifs entre représentants des consommateurs et professionnels. 111

En France112 s’inspirant des conventions collectives du travail, des négociations entre


professionnels et consommateurs ont abouti à la signature d’accords sur la présentation et le
contenu de certains contrats.113 En pratique, se posent les questions de l’organisation de la
négociation collective. Et de la force obligatoire de l’accord collectif de consommation.

Quant à l’organisation de la négociation collective, Hélène Bricks préconise, à l’instar


de la négociation des conventions collectives en droit du travail, une négociation par branche
d’activité afin d’éviter que « quelques producteurs ou distributeurs représentent l’ensemble
des professionnels ».114 Ces derniers pourraient être représentés par les chambres syndicales
représentatives de chaque secteur d’activité, tandis que les consommateurs seraient
représentés par des associations de consommateurs. L’objectif est de parvenir à un accord
quant aux droits et obligations des professionnels et consommateurs pour la situation
contractuelle envisagée. Cet objectif général permettrait de lutte contre les clauses abusives
puisqu’en s’engageant à telle ou telle obligation, le professionnel ne pourrait stipuler de
clauses contraires.

110
BRICKS.H, « Les clauses abusives », thèse Montpellier, LGDJ, 1982, préface J.Clais-Auloy, spéc., n°361, p.243.
111
L’art 71 de la loi sur la protection du consommateur dispose : « ... le conseil national de la consommation a
pour mission notamment :
2- « de servir de cadre à la négociation d’accords collectifs entre représentants de consommateurs et
professionnels...».
112
Sur les accords collectifs de consommation en France, Voir, BOURGOINE.TH, DELVAX.G, DOMONT-NAERT.F
et PANIER.CH, op.cit, p.194
113
En France, un protocole d’accord a été conclu en 1976, entre l’institut national de la consommation et la
chambre syndicale nationale du commerce et de la réparation automobile afin d’assurer aux consommateurs
une plus grande sécurité lors de l’achat d’un véhicule d’occasion à un professionnel. Des bons de commande
type ont été élaborés conditions de paiement au comptant ou à crédit, ainsi que la valeur de reprise du
véhicule.
pour un examen détaillé, V., BRICKS.H, thèse préc ., spéc., n°347 et s ., p.232 et s.
114
BRICKS.H, « Les clauses abusives », thèse, Montpellier, L.G.D.J, 1982, n°366, p 245 ; l’auteur souligne
toutefois les inconvénients du système : « les négociation seront par la même multiples, donnant naissance à
de nombreux accords, de nombreux texte dont la connaissance dans le public risque de se révéler malaisée (..)
un grand effort d’information devra alors être entrepris ».

34
La question de la force obligation des conventions collectives de consommation est plus
délicate à régler dans la mesure où elle heurte le principe de l’effet relatif des conventions
posé par l’article 1134 du code civil.115

L’utilité de ces accords est subordonnée à leur effet contraignant. Or, souligne Calais-
Auloy, « un accord signé par une organisation professionnelle ne saurait en effet engager
individuellement les membres de celle-ci : l’organisation s’oblige tout au plus à demander à
ses membres de respecter les termes de l’accord »116. Ces contrats-type négociés n’ont, en
effet, qu’une valeur de recommandation.

Le problème de la force obligatoire des conventions de consommation présente, alors,


une acuité particulière lorsqu’il s’agit, à l’instar du droit du travail117, d’étendre l’effet
obligatoire de la convention à un professionnel qui n’y aurait pas consenti.

Certains auteurs préconisent la transposition du système, adopté par le droit de travail,


par le législateur au droit de la consommation. « La commission des clauses abusives, par
exemple, pourrait étudier les accords conclu et permettre au ministre de la consommation de
les imposer aux différents professionnels des branches d’activités concernées, autorisant ainsi
à tous les consommateurs à bénéficier des même avantages ».118

Force est de constater que l’adoption d’un tel système accentuerait le caractère
dérogatoire du droit de la consommation par rapport aux principes fondamentaux du droit des
contrats que sont la liberté de déterminer le contenu du contrat et le principe de la force
obligatoire des conventions légalement formées.119 la protection du consommateur justifie-t-
elle pareille dérogation ? la protection du consommateur n’est-elle pas suffisamment assurée
par les nombreuses dispositions légales tendant à restaurer un équilibre dans les contrats de
consommation ? Le débat est loin d’être clos ainsi qu’en attestent les réflexions doctrinales
qu’il suscite.120.

115
L’équivalent de l’article 230 du DOC marocain.
116
CALAIS-AULOY.J, « l’influence du droit de la consommation sur le droit des contrats », rev, trim. dr.civ, 1994,
p.239 et s, spéc, 248.
117
Le ministère du travail, après avis de la commission supérieure des conventions collectives, peut étendre la
convention à l’ensemble de la profession intéressée.
118
BRICKS.H, « Les clauses abusives », thèse précitée, n°372, p.250.
119
Principe mis à l’écart par la prédétermination légale du contenu de nombreux contrats de consommation)
ainsi que par la faculté reconnue à certains consommateurs de rétracter leur consentement une fois le contrat
conclu.
120
V.sur ce point les actes du colloque organisé les 24 et 25 Octobre par le centre du droit de la concurrence de
l’université de Perpignan et le centre du droit de la consommation de l’université de Montpellierl, sur le
thème : Droit du marché et droit commun des obligations, rev.trim.dr.com. 1998, spéc., D.Mazeaud,

35
Titre 2 : Les mesures curatives de protection

L’existence des clauses abusives dans les contrats conclus avec les consommateurs
commande des mesures correctives. Ces mesures sont variées quand à leur objet et quant à
leur technique.

Néanmoins, elles présentent une unité lorsque l’on envisage la préoccupation du


législateur (Chapitre1) d’une part, et du juge (Chapitre 2) d’autre part: assurer l’équilibre
contractuel en luttant contre les clauses abusives.

Chapitre1 : La prohibition légale des clauses abusives

Pour sanctionner les clauses abusives, le législateur a admis deux démarcher


différentes, d’un coté, en identifiant les clauses abusives par l’instauration des critères et
d’une qualification conférant le caractère abusif à une clause contractuelle (Section1). D’un
autre coté, il a consacré la solution du maintien du contrat en annulant uniquement la clause
abusive (Section2).

Section1 : L’identification des clauses abusives

L’objectif d’identification des clauses abusives est de dégager les critères déterminant
ces dernières (§1), ainsi que de leur donner une qualification permettant de les cerner
légalement (§2).

§1 : Les critères de détermination des clauses abusives

En France, la loi du 10 janvier 1978121 a énoncé avec prudence une notion plutôt
qu'une définition de ces clauses. Elle stipulait que, dans les contrats conclus entre
professionnels et non-professionnels ou consommateurs, peuvent être interdites, limitées ou
réglementées par des décrets en Conseil d'Etat, pris après avis de la commission instituée par
la même loi, les clauses qui «apparaissent imposées aux non-professionnels ou
consommateurs par un abus de la puissance économique de l'autre partie et confèrent à cette
dernière un avantage excessif ».

l’attraction du droit de la consommation, p.95 et s ; CLAIS-AULOY.J, l’influence du droit de la consommation sur


le droit des contrats, même revue, p. 115 et s.
121
La loi n°78-23 du 10 janvier 1978 sur la protection et l’information des consommateurs de produits et de
services.

36
La loi du 1er février 1995122, qui a eu pour objet d'harmoniser la législation française
avec une directive communautaire, a supprimé la référence à un abus de la puissance
économique de l'une des parties et défini comme étant abusives «les clauses ayant pour objet
ou pour effet de créer, au détriment du non-professionnel ou du consommateur, un
déséquilibre significatif entre les droits et obligations des parties aux contrats »123. C’est
dire que le résultat de la clause est indifférent.

En effet, pourront être déclarées abusives les stipulations qui, au moment de la


conclusion du contrat, avaient pour objectif de causer un déséquilibre en faveur du
professionnel, mais qui n’ont pas produit ou pas encore produit un tel effet. Sur ce point, la loi
du 1er février 1995 a innové par rapport à celle du 10 janvier 1978. Cette dernière définissait,
en effet, les clauses abusives par leur résultat puisqu’elles devaient conférer un avantage
excessif au professionnel.

Un jugement de la jurisprudence marocaine est frappant en la matière: « Il en découle


de l’espèce que le contrat de crédit entre les parties est considéré comme un contrat de
consommation, et étant donné que la loi de protection du consommateur annule toutes les
clauses abusives qui peuvent nuire à l’équilibre contractuel ou exploiter un besoin ou encore
l’impuissance du consommateur. Le tribunal a décidé à ce propos, que la clause consentie
entre les parties (la banque et son client) et qui permet à la défenderesse qu’elle modifie le
taux d’intérêt quand elle désire sans l’accord du débiteur sans pour autant l’informé, est
considéré comme clause abusive qui doit être annulée et ce, conformément à l’article 15 de la
loi 31-08 qui prévoit que : « Dans les contrats conclus entre fournisseur et consommateur,
est considéré comme abusif toute clause qui a pour objet ou pour effet de créer, au détriment
du consommateur un déséquilibre significatif entre droits et obligations des parties au
contrat » ».124

Ainsi que la justice marocaine a consacré le critère davantage excessif aussi dans un
jugement du tribunal de commerce de Marrakech, à la date du 29/07/2013 il en découle de
l’espèce que «...concernant, la demande de récupération de l’avance, les sous-
défendeurs adhèrent à la condition contenue dans le contrat supplémentaire, selon laquelle
l’avance n’est pas recouvrée qu’après la vente de la villa et la récupération du prix par un
nouvel acheteur. Cependant, cette exigence est contraire aux exigences de l’article 121 du
122
Loi n° 95-96 du 1er février 1995 concernant les clauses abusives et la présentation des contrats et
régissant diverses activités d'ordre économique et commercial
123
https://www.humanite.fr/node/117202
124
Arrêt de la Cour d’appel de Fès, n°1678, daté le 01/10/201, dossier n°245-5-2014(non publié).

37
DOC qui stipule que : « la condition résolutoire ne suspend point l’exécution de l’obligation,
elle oblige seulement le créancier à restituer ce qu’il a reçu dans le cas ou l’événement prévu
par la condition s’accomplit... ». En outre, il s’agit également d’une clause abusive au sens de
l’article 15 de la loi 31-08 qui stipule que : « ... est considérée comme abusive toute clause qui
a pour objet ou pour effet de créer au détriment du consommateur un déséquilibre significatif
entre les droits et les obligations des parties au contrat ». Dans ce cas d’espèce cette condition
entrainerait un grave déséquilibre entre les droits et les obligations des parties au contrat, car
il est inconcevable que le vendeur récupère le bien immédiatement et attendre l’acheteur,
considéré comme consommateur au sens de l’article 2 de la dite loi récupère le prix pour une
période inconnue125.

L’on sait que le domaine ou on trouve plus des clauses abusives est le contrat
d’adhésion, « la puissance économique, en créant chez certains le désir d’exploiter leur
situation de force pour tirer des profits abusifs et imposer des conditions draconiennes, a
suscité la naissance du contrat d’adhésion en tant que concept permettant d’élaborer un
régime de protection de la partie faible »126.

Il demeure qu’en France comme au Maroc la notion de contrat d’adhésion n’a pas été
choisie comme critère de définition de clause abusive127.Devant la difficulté de définir la
notion de contrat d’adhésion, « le législateur a préféré délimiter le domaine de ces
dispositions usant d’un critère personnel »128, la loi de 1995 conserve le critère personnel,
alors même que la directive 93/13 faisait référence au contrat d’adhésion.129

A l'occasion de l'adoption de la loi n° 2018-287 du 20 avril 2018130 venant ratifier


l'ordonnance n° 2016-131 du 10 février 2016 portant réforme du droit des contrats, du régime
général et de la preuve des obligations, les parlementaires ont entendu procéder à certaines
clarifications de ce nouveau droit des contrats, y compris sur des questions intéressant

125
Jugement n°3133/4/2012 de jugement du tribunal de commerce de Marrakech.
126
BERLIOZ.G, « Droit de la consommation et droit des contrats », JCP 1979, I, n°12, p.14
127
Selon J.GHESTIN, « le législateur a voulu échapper au difficile exercice de définir cette notion et facilité la
tache au consommateur ».
128
Terré.FR, Simler.PH et LEQUETTE.Y, « Droit civil Droit civil - Les obligations », Collection Précis, 12eme édition,
2018, p 300.
129
La directive utilise un critère personnel de détermination des clauses abusives – par la définition des notions
de consommateur et de professionnel, mais précise plus son champ d’application en excluant les clauses ayant
fait l’objet d’une négociation individuelle. L’article 3-2 al 1 du texte ne souligne qu’une clause : « est toujours
considérée comme n’ayant pas fait l’objet d’une négociation individuelle lorsqu’elle a été rédigée préalablement
et que le consommateur n’a de ce fait, pas pu avoir d’influence sur son contenu, notamment dans le cadre d’un
contrat d’adhésion ».
130
Loi n° 2018-287 du 20 avril 2018 ratifiant l'ordonnance n° 2016-131 du 10 février 2016 portant réforme du
droit des contrats, du régime général et de la preuve des obligations

38
directement la vie des affaires. Tel est le cas de la question importante, en particulier en
matière de la définition des contrats d'adhésion et de la sanction applicable en cas de clauses
dites «abusives» insérées dans ces contrats.

L'ordonnance de 2016 a introduit dans le code civil deux dispositions générales


relatives, d'une part, à la définition des contrats d'adhésion et de gré à gré pour lesquels
l'article 1110 (dans sa version issue de l'ordonnance) disposait que «le contrat de gré à gré est
celui dont les stipulations sont librement négociées entre les parties. Le contrat d'adhésion est
celui dont les conditions générales, soustraites à la négociation, sont déterminées à l'avance
par l'une des parties», d'autre part, à la sanction applicable aux clauses abusives insérées dans
les contrats d'adhésion au sujet desquelles l'article 1171 (dans sa version issue de
l'ordonnance) disposait que «Dans un contrat d'adhésion, toute clause qui crée un
déséquilibre significatif entre les droits et obligations des parties au contrat est réputée non
écrite. L'appréciation du déséquilibre significatif ne porte ni sur l'objet principal du contrat
ni sur l'adéquation du prix à la prestation.»131

Il faut néanmoins relativiser la portée pratique de la possibilité de déclarer abusive une


clause négociée car, la majorité des contrats passés entre professionnels et non-professionnels
ou consommateurs sont des contrats d’adhésion132.
De plus, si la négociation de la clause n’empêche pas le contrôle de son caractère
abusif, c’est en revanche, un élément à considérer au moment de l’appréciation du caractère
abusif.

En effet, l’article L. 132-1, alinéa 5, du Code de la consommation dispose que « le


caractère abusif d’une clause s’apprécie en se référant, au moment de la conclusion du
contrat, à toutes les circonstances qui entourent sa conclusion […] ». Or il y a lieu de penser
que, « si une clause a fait l’objet d’une négociation individuelle, le juge sera plus sévère et
moins disposé à la déclarer abusive ».

131
Armand GRUMBERG.W, , François Barrière, Guillaume Roche, « Contrats d'adhésion et clauses abusives : un
clair-obscur pour la pratique sociétaire », revue fusions & acquisitions novembre-décembre 2018.p 114.
132
Pour un constat similaire, CALAIS-AULOY.V.J, « Les clauses abusives en droit français », « La loi
n’exige pas qu’il s’agisse d’un contrat d’adhésion mais les contrats entre professionnels et consommateurs le
sont presque tous et cette loi a été faite en considération de tels contrats » ; O. Carmet, « Réflexions sur les
clauses abusives au sens de la loi n° 78-23 du 10 janvier 1978 », art. préc. : « La loi aurait vocation à s’appliquer
à toutes les clauses susceptibles d’être jugées abusives, bien que ne figurant pas dans un contrat d’adhésion. Il
est vrai que l’observation est singulièrement théorique car, en pratique, la plupart des contrats conclus aux fins
de consommation sont unilatéralement préétablis et imposés par le professionnel » ; PAISANT.G, chron. préc.,
n° 19.

39
Au Maroc, le législateur à affirmé que le champ d’application des clauses abusives
n’est pas circonscrit aux contrats d’adhésion. En effet, dans l’alinéa 2 de l’article 15 la liste
des contrats concernés par les clauses abusives à ceux qui ont pu faire l’objet de négociation
par le consommateur.

Cette extension peut s’inscrire dans le souci du législateur de lutte plus efficacement
contre les clauses abusives et de contrer les pratiques des fournisseurs qui arguent que la
clause a été « négociée » avec le consommateur afin d’échapper à leurs obligations.

Toutefois, le porté pratique de cette extension du champ d’application des clauses


abusives à celles « négociées » doit être relativisé. En effet, ne pourrait-elle pas aboutir à une
appréciation sévère par le juge du caractère abusif d’une clause « négociée » ?

En effet, il est légitime de penser qu’il serait moins disposé à la déclarer abusive car il
est tenu de prendre en considération les dispositions de l’article 16 qui prévoit que « (...) le
caractère abusif d’une clause s’apprécie en se référant, au moment de la conclusion du
contrat, à toutes les circonstances qui entourent sa conclusion, de même qu’à toutes les
autres clauses du contrat (...) ».

§2 : La qualification légale des clauses abusives

Au Maroc, Le législateur a prévu en vertu de l’article 18 de la loi no 31.08 une seule


liste des clauses abusives à titre indicative et non exhaustive, cette liste énumère 17 clauses,
dans notre analyse, on va les regrouper en six (6) principales catégories.

A. Les clauses abusives lors de la conclusion du contrat

L’article 18 de la loi no31.08 édictant des mesures de protection du consommateur a


considéré que parmi les clauses abusives toute clause qui autorisent le fournisseur à modifier
unilatéralement les termes du contrat sans raison valable et spécifiée dans le contrat et sans en
informer le consommateur (al.11).

Exemple : « Une entreprise de transport se réserve une liberté excessive pour modifier
les conditions relatives à l’itinéraire et les horaires.»133

133
TEDESCHI.G et HECHT.A.W, « Les contrats d’adhésion en tant que problèmes de législation. Propositions
d’une commission israélienne », in Revue internationale de droit comparé, vol. 12, n°3, juilletseptembre 1960,
p. 577-578.

40
Ainsi, est abusive toute clause qui constate d’une manière irréfragable l’adhésion du
consommateur à des clauses dont il n’a pas eu, effectivement, l’occasion de prendre
connaissance avant la conclusion du contrat (al. 10).

B. Les clauses abusives relatives aux obligations du fournisseur

Parmi les obligations du fournisseur en vertu de l’article 498 du DOC et celle de la


délivrance. Alors, dans le même sens, l’article 18 de la loi no 31.08 a considéré comme clause
abusive, toute clause qui a pour objet d’accorder au fournisseur seul le droit de déterminer si
le produit ou bien livré ou le service fourni est conforme aux stipulations du contrat ou de lui
conférer le droit exclusif d’interpréter une quelconque clause du contrat (al.13).

Exemple : « Une compagnie de fourniture de gaz se réserve le droit de se délier de ses


engagements dans le cas où l’autre partie contracte sans son consentement avec une
compagnie concurrente.»134

Outre l’obligation de délivrance, le fournisseur est tenu d’une obligation de garantie.


De même l’article 18 de la dite loi précise qu’une clause est abusive lorsqu’elle autorise au
fournisseur de prévoir la possibilité de cession du contrat de la part du fournisseur lorsqu’elle
est susceptible d’engendrer une diminution des garanties pour le consommateur sans l’accord
de celui-ci (al 16).

Exemple : « Un malade est requis, par l’hôpital qui le soigne, de signer une déclaration
par laquelle il dispense de toute responsabilité l’hôpital, les médecins et les autres membres
du personnel et renonce à toute action en dommages et intérêts. »135

Toutefois, l’alinéa 5 du même article a interdit de prévoir un engagement ferme du


consommateur alors que l’exécution de l’engagement du fournisseur est assujetti à une
condition dont la réalisation dépend de sa seule volonté. Ainsi, l’alinéa 14 précise qu’une
clause est abusive, toute clause qui restreint l’obligation du fournisseur de respecter les
engagements pris pas ses mandataires ou de soumettre ses engagements au respect d’une
finalité particulaire.

C. Les clauses abusives relatives aux obligations du consommateur

134
TEDESCHI.G et HECHT.A.W, « Les contrats d’adhésion en tant que problèmes de législation. Propositions
d’une commission israélienne », op.cit, p. 576.
135
Idem, p. 578.

41
Il est clair que parmi les obligations du vendeur généralement et le consommateur
particulièrement, on trouve le paiement du prix conformément aux dispositions de l’article
576 du DOC136.

Cependant l’alinéa 12 de l’article 18 de la loi 31.08 édictant des mesures de protection


du consommateur, précise qu’une clause est réputée nulle si elle prévoit que le prix ou le tarif
des produits, biens et services est déterminé au moment de la livraison ou au début de
l’exécution du service, ou d’accorder au fournisseur le droit d’augmenter leur prix ou leur
tarif sans que, dans les deux cas, le consommateur n’ait de droit correspondant lui permettant
de rompre le contrat au cas où le tarif final est très élevé par rapport au prix ou tarif convenu
lors de la conclusion du contrat.

Dans le même sens l’alinéa 15 a confirmé que toute clause qui oblige le consommateur
à exécuter ses obligations alors même que le fournisseur n’exécuterait pas les siennes, est une
clause abusive.

« Dans un contrat de branchement sur un réseau électrique, le stipulant se réserve le


droit d’interrompre les travaux de raccordement pour une raison suffisante, sans pour cela
réduire l’obligation de l’adhérent de payer pour les travaux exécutés, bien qu’ils aient été
réalisés incomplètement. »137

D. Les clauses relatives à l’extinction du contrat

Il s’agit des clauses qui sont considérées comme abusives parce qu’elles portent sur le
droit de résiliation du contrat et conditionnent l’usage de ce pouvoir à la seule volonté du
fournisseur.

C’est le cas par exemple des clauses qui autorisent le fournisseur à résilier le contrat de
façon discrétionnaire si la même faculté n’est pas reconnue au consommateur138, et dans le
même ordre la cour de cassation française a considéré que « la clause est abusive lorsqu’elle
prévoit que le contrat de prêt peut être résilier après l’envoie d’une lettre recommandée avec
accusé de réception de la part de l’emprunteur, et cela dans les cas de non paiement de la
prestation de deux mois peut importe la somme prêtée notamment que cette résiliation donne

136
Article 576 : L'acheteur a deux obligations principales : Celle de payer le prix ; Et celle de prendre livraison de
la chose.
137
Idem, p. 577.
138
L’article 18 alinéa 7 de la loi no 31.08.

42
lieu à un dommage au profit de la banque »139, ou lorsque le fournisseur se réserve le droit de
mettre fin à un contrat à durée indéterminée sans préavis raisonnable140. Ainsi lorsque le
fournisseur réserve le droit de proroger automatiquement un contrat à durée déterminée en
l’absence d’expression contraire du consommateur141.

E. Les clauses abusives relatives a la responsabilité

L’alinéa 3 de l’article 18 de la loi 31.08 considère comme abusive clause qui tend à
exclure ou à limiter la responsabilité légale du fournisseur en cas de mort d’un consommateur
ou de dommage corporels causés à celui-ci, résultant d’une omission du fournisseur. Ou selon
l’alinéa 4 lorsqu’une clause exclue ou limitée de façon inappropriée les droits légaux du
consommateur vis-à-vis du fournisseur ou d’une autre partie en cas de non-exécution totale
ou partielle ou d’exécution défectueuse par le fournisseur d’une quelconque des obligations
contractuelles, y compris la possibilité de compenser une dette envers le fournisseur avec une
créance qu’il aurait contre lui.

F. Les clauses abusives restrictives le droit du consommateur de recourir a la justice

Le dernier axe aborde le droit de tout justiciable de recourir à la justice et les garanties
d’une égalité devant la justice, voire d’un privilège accordé au consommateur. En effet,
plusieurs fournisseurs intègrent systématiquement des clauses qui suppriment ou entravent le
droit du consommateur à l’exercice d’action en justice ou des voies de recours, en limitant
indûment les moyens de preuves à la disposition du consommateur ou en imposant à celui-ci
une charge de preuve qui devrait revenir à une autre partie au contrat142.

A travers la réalisation de cette liste indicative et non exhaustive des clauses abusives,
le législateur ne pouvait prévoir la totalité des variantes de clause abusive. Pour cette raison il
a attribué au juge la possibilité d’évaluer le caractère abusif des clauses contractuelles.

Section 2 : La sanction des clauses abusives : la nullité

« Sauver le contrat tout en l’expurgeant de ses défauts ; telle est la voie suivie par le
droit contemporain ».143 Conscient de l’enjeu économique et social que constitue la survie du

139 er
1 chambre civile Arrêt (n° 03-16-905) le 1er février 2005 ; RTD civ obs Jacques Mestre Bertrand
Fages, N° 2 Avril/juin 2005, p 394.
140
L’article 18 alinéa 8 de la loi n°31.08.
141
L’article 18 alinéa 9 de la loi n°31.08.
142
L’article 18 alinéa 17 de la loi no31.08.
143
AYNES.L, « indétermination du prix dans les contrats d’adhésion : Comment sortir de l’impasse ? », D. 1993,
chron, p.25 et s., spéc., p.29, cité par Victoire Lazbordes, op.cit, n°644, p.555.

43
contrat pour le consommateur, le législateur consumériste marocain autorise les tribunaux à
annuler les clauses abusives tout en assurant le maintien du lien contractuel. La nullité
partielle présente l’avantage de satisfaire la justice contractuelle, tout en préservant la sécurité
contractuelle.144

L’article 19 de la loi 31-08 dispose : « Sont nulles les clauses abusives contenues dans
les contrats conclu entre fournisseurs et consommateur ». S’agit-il dans ce cas d’une nullité
totale ou partielle, c'est-à-dire la sanction se limite-t-elle à la clause illicite ou s’entend-elle à
tout le contrat ? La détermination de l’étendue de la sanction est importante, parce que si on
opte pour la nullité totale, le contrat ne peut produire aucun effet, il est anéanti
rétroactivement.

Cette solution est en général favorable au professionnel puisqu’il le libre de


l’exécution du contrat. Par contre, si la nullité partielle est retenue, elle a comme effet
d’appliquer le régime que le législateur considère comme favorable au consommateur.

L’article 19 de la loi 31-08 est très clair à ce sujet. Apportant une dérogation au droit
commun, le législateur consumériste limite la sanction à la seule clause excessive.

Une clause excessive déséquilibre le contrat soit parce qu’elle impose à la partie faible
une obligation disproportionnée, soit parce qu’elle allège les obligations incombant au
rédacteur du contrat.

Afin de rétablir l’équilibre rompu, le législateur autorise l’éradication de la clause


abusive. Le lien contractuel est maintenu, après suppression de la clause abusive. C’est à ce
résultat que parvient la nullité partielle.

Dans la loi 31-08 portant les mesures de protection du consommateur, l’on remarque,
alors que le législateur préfère à la nullité du contrat sa survie après la suppression de la
clause créant un déséquilibre entre les droits et obligations du professionnel et du
consommateur.

144
GUILLEMARD.S, « Les clauses abusives et leurs sanctions » : La quadrature du cercle, revue du barreau
(Québec), T59 , 1999, p.369-392. Disponible sur le site Internet : www.barreau.qc.ca/revue/1999/n°2/369.html,
p. 388.

44
Chapitre 2: La protection judicaire du consommateur contre les clauses
abusives

Le juge est soumis à la « loi » des parties qu’est le contrat. Cependant, la « loi » des
parties est bien souvent une source de litige à laquelle l’intervention judiciaire est nécessaire.
Le juge doit alors se prononcer sur le contrat et sur son exécution tout en respectant son
contenu145.

Toutefois, les parties n’ont pas toujours les connaissances nécessaires pour
appréhender la réalité et les engagements qui découlent de certains contrats. Le juge permet
alors de rattraper les erreurs et l’éventuel déséquilibre que le contrat contient. Il peut ainsi
dégager ce que les parties ont réellement voulu (Section 1) mais également revenir sur
certains points du contrat qui peuvent provoquer un déséquilibre pour l’une ou l’autre des
parties, la révision du contrat de consommation (Section 2).

Section 1 : Le juge et l’interprétation du contrat de consommation

Les parties ne parviennent pas toujours à retranscrire leur volonté dans le contrat, ce
qui peut parfois compromettre ou affecter la bonne exécution du contrat. Pour éviter ceci, il
est de l’office du juge d’interpréter le contrat. Un auteur a souligné qu’on « ne dénature pas
les termes d’une disposition légale, mais on viole la norme qu’elle prescrit 146
». En effet, le
juge il va ainsi éclaircir les points obscurs du contrat en explicitant la volonté des parties (§1).
La jurisprudence a cependant repoussé les limites de l’interprétation du juge (§2).

§1. Recherche de la volonté des parties

Lorsqu’un contrat est obscur, il faut avant de l’appliquer en chercher la signification,


c’est-à-dire l’interpréter. Au contraire, un contrat clair ne doit pas être interprété, mais
purement et simplement appliqué, l’obscurité peut tenir, ou à l’ambigüité du contrat (il est
susceptible de deux sens), ou à la contradiction entre ses clauses, dans ces deux cas, se pose
un problème d’interprétation.

En revanche, l’absence de convention des parties sur un élément essentiel met en


cause la validité du contrat, l’absence d’écrit, la preuve de l’obligation : dans les deux cas,
l’office du juge est réduit, alors qu’il est étendu en matière d’interprétation.

145
CASTELOT.P, « le juge face au contrat », Mémoire master2, recherche droit du marché, université de
montpellier1, 2010-2011, p7.
146
GHESTIN.J « les effets du contrat d’interprétation, qualification, durée, inexécution, Effet relatif-
opposabilité », 3eme éd, 1980, L.G.D.J, p15.

45
Si les parties ne se mettent pas d’accord, l’interprétation doit être faite par le juge. Le
code civil énonce un certain nombre de directive (a.1156-1164), dont la Cour de cassation ne
contrôle pas l’application par les juges du fond. La plus importante est la première : « on doit
dans les convections rechercher quelle a été la commune intention des parties contractantes,
plutôt que de s’arrêter au sens littéral les termes dans le même sens l’article 462 du D.O.C
dispose : « qu’il ya lieu l’interprétation :

1°- Lorsque les termes employés ne sont pas conciliables avec le but évident qu’on a eu en
vue rédigeant l’acte;

2°- L’osque les termes employés ne sont pas claire par eux-mêmes, ou expriment
incomplètement la volonté de leur auteur ces deux textes énoncent deux principes. D’une part,
il ne s’agit pas de recherche l’intention d’une partie, mais la « commune intention des parties
contractantes » ce qui est parfois divinatoire et, aujourd’hui, signifié sans doute que le juge
doit assurer la cohérence du contrat. D’autre part, la règle condamne le littéralisme : l’esprit
doit l’emporter sur la lettre».

Il est interdit au juge de découvrir des volontés tacites, lorsque la volonté doit être
manifesté « expresse » dit parfois la loi, selon un mot un peu équivoque », ainsi en est-il de la
clause résolutoire, la novation, la solidarité passive, sauf en matière commercial, la
subrogation personnelle, la délégation parfaite et la renonciation. En outre, les clauses
dérogatoires au droit commun, par exemple, une clause limitative ou exonératoire de la
responsabilité, pénale, résolutoire, de dédit sont restrictivement interprétés. Parfois, les
tribunaux on refuse de faire produire effet à une clause en relevant qu’elle n’avait pas été
acceptée.

Dans les conditions générales, les contrats types et les contrats pré-rédigés (les
contrats d’adhésion comme le contrat de consommation), il existe deux règles particulaires
d’interprétation dont les deux premières se retrouvent dans tous les pays de la communauté
économique européenne (avant l’entrée de la Grèce, de L’Espagne et du Portugal).

Les clauses manuscrites ou individuelles l’emportent sur les conditions générales et


pré-rédigées. L’interprétation d’une préétablie par une partie doit se faire au détriment de
celle-ci, afin de protéger la partie la plus faible, plus que pour découvrir la volonté
vraisemblable.

En effet, L’interprétation des contrats est parfaite par les juges du fond, depuis 1808,
exercent en la matière un pouvoir souverain. Dans un arrêt de la Cour de cassation du 2

46
février 1808147, la Cour a expressément reconnu que le pouvoir d’interpréter le contenu du
contrat appartenait aux juges du fond qui l’exercent de manière souveraine.

Mais ce pouvoir dit souverain, comporte deux limites, d’une part, depuis 1872148, la
cour de cassation censure les juges du fond lorsqu’ils dénaturent le contrat, c’est-à-dire
lorsqu’ils interprètent un contrat clair (ils commettent alors une grossière méconnaissance du
contrat), ou pire encore, lorsqu’ils le refont sous prétexte d’équité, c’est la cour de cassation
qui détermine ce qui est « clair » et ce qui est « obscur », très souvent invoqué, le grief de
dénaturation est très rarement accueille. D’autre part, la cour de cassation contrôle la
qualification du contrat149. La Cour de cassation contrôle donc la qualification donnée par les
juges et les censure en cas de mauvaise qualification150.

De terme à terme, la Cour de cassation impose son interprétation des clauses et


précises, lorsqu’elles ont reproduites à des milliers d’exemplaires, que le contrat à ainsi une
porté réentendue et qu’il serait opportun d’en unifier l’interprétation : police d’assurance
emprunt obligatoire, contrats d’adhésion (notamment le contrat de consommation). Cette
jurisprudence est intermittente et conteste, sauf lorsqu’il s’agit d’une convention collective
parce qu’elle produit les effets d’un acte réglementaire dont elle a presque la nature.

Plus rarement, la cour de cassation censure les juges du fond lorsqu’il s’agit de clause
obscures ou équivoques, soit qu’ils refusent de les appliquer sous prétexte qu’elles ont
obscures et nécessitent une interprétation, soit qu’ils suivent une méthode d’interprétation
contraires à celle que prescrit la loi.

Au contraire, en droit anglais, l’interprétation d’un contrat est une question de droit.

Il ne s’agit pas, en effet, d’établir ce que les parties ont voulu, mais ce qu’une personne
raisonnable doit normalement inférer de leurs comportement et de leurs écrits, étant donné les
circonstances de l’espèce.

Aussi cette matière, extrêmement importante en pratique (car de nombreux litiges sur
l’exécution du contrat mettent en jeu la question préalable de savoir s’il créait ou non
l’obligation litigieuse), est essentiellement casuistique. Tout dépend des circonstances que les
juges du fond recherchèrent espèce par espèce : ils pourront s’aider dans cette recherche de

147 Cass. , sect. Réun., 2 février 1808, S. chr., D. Jur. Gén. V° Cassation, n° 1573.
148
Cass. Civ. 15 avril 1872, DP 72. 1. 176, S.72. 1.232.
149
Cass. Com, 10 déc. 2003, n° 01-11.923, Bull. Civ. IV, n°416.
150
En effet, en qualifiant le contrat, les juges du fond qualifient la loi et les textes qui vont lui être appliqué. En
cas d’erreur dans la qualification, la loi est violée car elle est mal appliquée. La Cour de cassation intervient
donc pour contrôler cet aspect là.

47
tous éléments extérieurs au contrat lui-même, comme le contenu des pourparlers151, la
situation matérielle au moment du contrat, Voire des actes étrangers aux parties s’ils peuvent
éclairer leur contrat152. Bien qu’il faille se situer au moment même de la conclusion du
contrat153, puisqu’une partie ne serait ensuite modifie ses engagements par un changement
unilatéral de volonté, rien n’interdit au juge de prendre en considération le comportement
ultérieurs des parties. Car la manière dont elles ont exécuté le contrat dans un premier temps
vient éclairer leur volonté :

« Pour apprécier l’intention commune des parties au jour de la formation du contrat,


(le juge) pouvait se référer au comportement ultérieur des parties de nature à la révéler. Par
exemple, le comportement d’un bailleur de fonds aidera à déterminer s’il a eu l’intention
d’être associé aux aléas d’une entreprise ou d’être un simple préteur.

Il ne faut pas se dissimuler que ce pouvoir d’interprétation fournit en fait au juge un


moyen très efficace pour l’intervenir dans le contrat en donnant l’interprétation qui lui parait
la plus conforme à l’équité certains évoquent même un pouvoir de « réfection » du contrat.

Il arrive cependant que des textes particuliers formulant une règle plus directive. Ainsi,
en matière de vente, l’article 1602 fait peser sur le vendeur toute ambigüité. De même l’article
L-113-1 du code des assurances exige que les clauses d’exclusion de risques soient dans
ambigüité. Et la loi du 1er février 1995 a posé en principe que dans les contrats de
consommation, le doute profit au consommateur (C.con.art. L132-2).

Comme l’interprétation est une question d’espacée, il n’y a en principe par matière à
un contrôle de la cour de cassation puis qu’il n’y a pas à unifier le droit sur l’ensemble du
territoire, que deux tribunaux donnent à la même clause un sens différent peut paraitre
choquant, mais en réalité peut s’expliquer par les circonstances propres à chaque espèce
éclairant la volonté des parties.

Cependant il y une limite ce qu’on appelle la « dénaturation » : le contrôle de


dénaturation est un pouvoir souverain de la cour de cassation pour limiter les abus de juges du
fond lorsqu’ils contredisent à la volonté réel des parties dans leur décision d’interprétation.

Ainsi lorsqu’une clause est « clair et précise » c’est-à-dire susceptible d’un seul sens et
dépourvue de la moindre ambigüité, les juges ne peuvent lui donner un autre sens « sous

151
Civ. 1er, 21 avril 1976.Bull.J.n°135, 20 Mars 1963.Bull.I.n°174.
152
Civ. 1er, 18 Janvier 1961, Bull.J.n°610.
153
Civ.1er .24 Javier 1967, Bull, I, n°33.

48
prétexte de rechercher l’intention des parties » : Serait en effet directement violer la force
obligatoire du contrat et déjouer la sécurité juridique qui doit permettre aux partie de compter
sur l’effet obligatoire d’une disposition non équivoque154.même si elle leur parait injuste, la
clause et précise doit être appliquée par le tribunaux.

La Cour de cassation admet assez rarement qu’il y ait dénaturation car l’ambigüité
peut naitre du monder doute, ou du rapprochement de deux clauses ou même d’une erreur
matérielle dans l’écrit. Mais « obliger » une lause est un cas de dénaturation par omission,
même si elle est « de style » tout comme ajouter au contrat une condition ou une distinction
qu’il ne comporte pas, même si elle figurait dans un précédent contrat entre les mêmes parties.

Les « contrats types » reproduit à des certaines ou des milliers d’exemplaires sont en
principe soumis au même régime, mais ils mériteraient un contrôle plus poussé car
l’unification est nécessaire : la même clause d’une police d’assurance doit assurer la même
portée pour tous les assurés. On constate en fait une tendance « légère » de la cour de
cassation à admettre plus facilement à leur égard le contrôle de la dénaturation155.

§2. Les limites de la recherche de la volonté des parties

Toutefois, le principe de l’autonomie de la volonté est régulièrement écarté par la loi,


le plus souvent dans un but de protection d’une partie faible. En effet, le juge interprète le
contrat à la lumière de la volonté réelle des deux parties, le juge doit en matière des contrats
d’adhésion interprète le contrat en faveur de la partie faible du contrat et c’est en application
de l’article 9 de la loi 31-08156 sur la protection du consommateur et l’article L-133-2157 du
code de la consommation français.

En vertu de l’article 9 de la loi 31-08 « Dans le cas des contrats dont toutes ou
certaines clauses proposées au consommateur sont rédigées par écrit, ces clauses doivent être
présentées et rédigées par écrit de façon claire et compréhensible pour le consommateur en
cas de doute sur le sens d’une clause, l’interprétation la plus favorable au consommateur
prévaut ». L’article L-133-2 du code de consommation français va dans le même sens : « Les

154
BORE, Le contrôle de la cour de cassation de dénaturation des actes, Rev. TRIM. Dr, Civ, 1972, p249.
155
BENABENT.A, « Droit civil des obligations », 5éme éd, p 153 et s.
156
L’article 9 : dans le cas des contrats dont toutes ou certaines clauses proposées au consommateur sont
rédigées par écrit, ces clauses doivent être présentées et rédigées de façon claire et compréhensible pour le
consommateur. En cas de doute sur le sens d’une clause, l’interprétation la plus favorable au consommateur
prévaut.

49
clauses des contrats proposées par les professionnels aux consommateurs ou aux non-
professionnels doivent être présentée et rédigées de façon claire et compréhensible. Elles
s’interprètent en cas de doute dans le sens le plus favorable au consommateur ou au non
professionnel ».

Lorsqu’une difficulté non prévue apparait on pourrait concevoir de laisser au juge le


soin de statuer en équité. Le culte de la volonté entre tenu au XIX sicle avait écarté en
principe cette solution : le juge doit continuer à se référer à l’intention des parties, non plus
leur volonté réel « puisqu’il n’y en a pas eu sur ce point ». Mais leur volonté supposées, c’est-
à-dire ce qu’elles auraient convenu si elles avaient envisagé été question « recherche
évidemment divinatoire ».

Moins aveuglé que ses interprètes, le code lui-même n’impose pourtant pas ce
procédé : il dispose de manière générale que le contrat oblige « non seulement à ce qui y est
exprimé, mais encore à toutes les suites que l’équité, l’usage ou la loi donnent à l’obligation
d’après sa nature »158

Ces compléments peuvent avoir deux degrés d’intensité différente : les unes, jouant
véritablement le rôle d’un palliatif du silence contractuel, sont seulement supplétif, les autres,
faisant intervenir l’autorité publique dans le contrat, sont au contraire impératifs.

A. Complément supplétifs

Lois supplétives : incidence de la qualification : pour les contrats plus courants, la loi
elle-même a organisé un régime, ce sont les contractants « nommés ». Le plus souvent, ces
règles légales sont supplétives : elles ne sont que l’expression de la volonté probable des
parties et viennent « supplées » au silence de leur contrat, elles viendront nécessairement
s’appliquer. Traduisant plus la conception de législateur que celle des parties qui n’ont
souvent pas pensé à la question, ces lois viennent compléter le contrat.

Pour la mise en ouvre, la qualification du contrat est essentielle : c’est seulement après
avoir été qualifié de vente, prêt, bail, transport... que tel contrat pourra être complété par les
règles légales correspondantes. Ainsi, la qualification du contrat, rendue possible par son
interprétation générale, servira à compléter cette interprétation (par ex : le juge après avoir
interprété un contrat complexe, le qualifie de vente, de cette qualification découle que le
vendeur est tenu à certaines garanties).

158
Art 1135 du code civil français, article abrogé le 1ér octobre 2016.

50
Usage : visé non seulement par l’article 1135 précité. Mais encore par l’article 1160 «
on doit suppléer dans le contrat les clauses qui y sont d’usage, quoi qu’elles n’y soient pas
exprimées ». L’usage est un élément précieux, mais délicat à manier : précieux car il permet
d’introduire dans le contrat ce que les parties pouvaient considérer comme allant de soi sans à
être avoir à être précisé, délicat car la connaissance et la preuve d’un usage de sa portée, de
son intensité de son domaine, sont souvent sujets à discussion.

B. Complément impératifs

Il arrive de plus en plus souvent que, pour protéger la partie faible la plus faible qui
n’a pu négocier le contrat et a souscrit à un contrat d’adhésion la loi impose au contractant le
plus fort des obligations qu’il s’est bien gardé de stipuler, mais sont la suite logique de
l’obligation principale, selon sa nature.

Tel est en particulier l’objet principal du droit de la consommation.

En dehors même de toute loi, et depuis le début du XXe siècle, la jurisprudence n’a
pas hésité à faire produire au contrat des obligations non stipulées et probablement non
consciemment voulues par celui qui y est soumis, simple motif qu’elles correspondaient à la
justice contractuelle159.

La terminologie désignant ces obligations est parfois variable car elle suit « l’équilibre
» et épouse les contours de chaque type de contrat. Sans pouvoir prétendre en conséquence à
une classification rigoureuse, on peut dégager cinq obligations principales qui correspondent à
ce mouvement.

Section2 : Le juge et la révision du contrat de la consommation

Il s’agit ici de savoir quand le juge le pouvoir souverain de réviser un contrat, ensuite
on va voir aussi les cas ou le juge peut annuler un contrat de consommation.

Sous section1 : Le rôle modérateur du juge en matière des clauses pénal

La clause pénale est une clause contractuelle fixant un forfait de dommages-intérêts


afin de prévenir ou de sanctionner une éventuelle inexécution des obligations contractuelles.
Elle a été définie de manière plus précise par la jurisprudence. Selon la Cour de

159
BENABET.A, « Droit Civil Des Obligations », L.G.D.J, 17eme édition, 2018, p 156 et s.

51
cassation160, constitue une clause pénale, la clause contractuelle « par laquelle les parties
évaluent forfaitairement l’indemnité à laquelle donnera lieu l’inexécution de l’obligation
contractée. »

Donc, la clause pénale est un moyen de pression destiné à encourager le débiteur (


consommateur) à exécuter ses obligation sous la menace de devoir payer une importante
somme d’argent en cas de défaillance. En général, pour parvenir à ce résultat, cette somme
forfaitaire est très supérieure au montant du préjudice réel subi par le créancier-victime. Les
effets de cette clause sont d’anéantir le pouvoir du juge dans l’évaluation du montant des
dommages et intérêt, les parties se substituant à lui. Sa mission se limite alors à faire respecter
le montant prévu.

Le mécanisme de l’indemnisation, à hauteur du préjudice subi, est alors brisé, le


créancier n’ayant par ailleurs plus besoin apporter la preuve de ce préjudice. Le seul
événement devant être constaté par le juge est l’inexécution d’une ou plusieurs obligations
incombant à l’une des parties161.

La nature de la clause pénale est indécise. Elle a un caractère hybride : Elle assure
deux fonctions, une fonction indemnitaire, et un rôle comminatoire, dissuasif qui lui confère
la qualification de la clause pénale.

Ce caractère de peine privé de la clause pénale à se demander si le juge peut la réduire,


au cas où elle est excessive, c’est-à-dire trop disproportionnée au dommage réel. C’est une
question qui s’est posé aussi bien en législation qu’en jurisprudence.

En France, l’ancienne rédaction de l’article 1152 du code civil dénie aux juges tout
pouvoir de révision, sauf force majeur ou faute du cocontractant.

La solution paraissait imposée par le texte, qui était parfaitement clair, et la cour de
cassation ne peut faire autrement. Ce n’est pas à dire qu’elle ait été pleinement satisfaisante,
car elle pouvait donner lieu à des abus important. Actuellement, l’article 1152-2 du code civil,
dans sa nouvelle rédaction, bouleverse les solutions antérieurement admis « Néanmoins, le
juge peut modérer ou augmenter le peine qui avait été convenue, si elle est manifestement
excessives ou dérisoire : Toute stipulation contraire sera réputée non écrites ». Il à signaler

160
Cass. Civ. 1ère, 10 October 1995, Bull. 1995, I, n°347, p.243
161
Picovschi « contrat commercial : comment délimiter le rôle du juge ? » Article publié le 20/01/2009 sur le
site suivant : http://www.avocats-picovshi.com/contrat-commercial-comment-delimiter-le-role-du-juge-article-
475-html, consulté : Le 15 mai 2019.

52
l’opposition qui existe désormais entre ce texte et l’article 1134 du même code, qui s’impose
aux juges autant qu’aux parties.

Au Maroc, l’absence de toute disposition du D.O.C à cet égard ne signifie pas


prohibition. Les clauses pénales restent valables.

La cour de cassation a admis en 1991, le droit pour le juge de réduire le montant d’une
clause pénale manifestement excessive. C’est aussi l’avis du tribunal de première instance de
Fès lorsqu’il a jugé que la clause pénale peut être réduite lorsque le montant stipulé n’est pas
proportionnelle par rapport au dommage subi162.

Voulant éviter vraisemblablement les débats, voire les conflits, et tirant parti de
l’évolution positif du droit français en matière, le législateur civil marocain de 1995 a été très
clair dans l’article 246-3 lorsqu’il a permis au juge selon les circonstances, soit d’augmenter,
soit de diminuer le montant des dommages-intérêts, convenu à l’avance par les parties, en
raison de l’inexécution totale ou partielle de l’obligation.

Le juge dispose d’un pouvoir modération sur cette clause pénale grâce à son pouvoir
de révision. Il peut alors réduire son montant d’office. Ce pouvoir du juge a été
exceptionnellement reconnu par la loi de 1975 et a été renforcé par la loi de 1985, donnant la
possibilité au juge d’exercer d’office le pouvoir de modérer les indemnités manifestement
excessives ou dérisoires.

Cependant, cette révision reste l’exception. Pour mettre en ouvre la révision, le juge
doit constater une disproportion « manifeste » sans que la justification de la réduction ou de
l’augmentation ne puisse se limiter à l’absence d’équivalence entre la peine et le préjudice.

Il faut toutefois noter que la clause pénale n’empêche pas d’obtenir une indemnité
judicaire. Cependant, il faut alors que le préjudice soit différent de celui réparé par la clause
pénale. De plus, la pratique a également développé les clauses pénales minimales.

Les parties laissent la possibilité au juge d’apprécier la nécessité d’une indemnisation


complémentaire à celle qu’elles on prévue. Les deux indemnités portent alors sur le même
préjudice. La réparation du préjudice dans son intégralité peut donc être obtenue si ce dernier
s’avère supérieur au montant prévu. L’intérêt est d’assurer au créancier une somme minimum
162
C.C, 10/04/1991, arrêt n°377, voir, AZZIMAN.O O.AZZIMAN, « le contrat », édition le fennec, Casablanca,
1995, p291 ; AKRI.A, « clause pénale », revu El ichaa, n°10, p77 et s.

53
même si elle va au-delà de son préjudice subi, tandis qu’il pourra obtenir en complément une
indemnisation évaluée judiciairement si son préjudice est beaucoup plus important163.

Les pouvoirs du juge sont alors, dans cette hypothèse, entièrement conditionnés par
l’intérêt du créancier, dés lors que les parties respectant le sens de la mesure dans la rédaction
de leur clause pénale, elles ont alors la liberté de prévoir l’étendue qu’elles entendent donner à
la sanction d’une éventuelle inexécution.

Sous section2 : Le rôle du juge dans l’annulation des clauses abusives

Apres avoir constaté que la loi n°31-08 sur la protection du consommateur a préféré le
silence sur le sujet de l’intervention du juge dans la lutte contre les clauses abusives, et a pris
en charge la lutte contre les dites clauses en posant des critères conférents le caractère abusif à
une clause, et en déléguant au pouvoir réglementaire d’interdire les clauses qu’il estime
abusives, il convient de savoir si le juge et en l’absence de texte légal, peut intervenir dans la
bataille contre les clauses abusives, (§1), et supprimer les clauses qu’il considère comme
illicites ou abusives (§2).

§1. Controverses doctrinales liées à la portée de la mission du juge

En réalité, il existe deux tendances contradictoires. La première défend la neutralité du


juge en matière (A). La seconde plaide pour un rôle actif du juge (B).

A. La thèse de la neutralité du juge face aux clauses abusives

Plusieurs arguments se sont avancés pour empêcher toute intervention du juge. On


expose en premier lieu ceux qui traient à la légalité de l’intervention. Et en second lieu ceux
qui concernent son opportunité.

D’abord on peut soutenir que l’intervention directe du législateur implique


nécessairement un refus implicite de tout rôle actif du juge. Cet argument trouve son
fondement d’une part dans la loi du 7 décembres 1992 constituant le droit commun de la
protection du consommateur, qui n’a prévu que la nullité de certains clauses précises. et
d’autre part dans le caractère exceptionnel de l’arrêté du ministère du commerce du 17 février
1998 relatif aux modalités de garantie spécifique aux appareils d’équipements

163
Consulter le lien suivant : http://www.avocats-picovschi.com/contrat-commercial-comment-delimiter-le-
role-du-juge-article475.html

54
électroménagers et d’électroniques grand public qui permet au juge d’annuler des clauses
abusives insérées dans un contrat de garantie.

Au Maroc et dans le silence de loi sur la protection du consommateur, c’est le droit


commun qui reste appliquer. L’on sait que les techniques classiques existantes telles que,
l’abus de droit et la lésion ne permettent pas au juge de prononcer la nullité en l’absence de
texte de loi. Pour ce qui est de l’abus de droit, ces conditions sont difficiles à mettre en œuvre.
Il faut prouver soit l’intention de nuire, soit la clause a causé un dommage à autrui et que ce
dommage peut être évité ou supprimé. Quant à la lésion, le D.O.C n’admet pas la lésion
comme une cause autonome de nullité, sauf dans des cas bien déterminés.

En autre, le législateur a prévu dans certain textes spéciaux la nullité certains clauses
qu’il considère comme « réputée non écrite », le juge ne peut alors annuler que ce genre de
clauses.

L’annulation par le juge d’une clause contractuelle va aussi à l’encontre de l’article


230 du D.O.C qui pose la règle de force obligatoire du contrat. Ce principe veut dire que le
contrat est la loi des parties et s’impose aussi au juge. Ce dernier doit respecter toutes ces
clauses, même s’elles sont contre l’équité et la justice.

En plus, et au regard du droit commun, on constate que les techniques classiques


existantes tels que, l’abus de droit et la lésion ne permettent pas au juge de prononcer la
nullité en l’absence de texte de loi. C’est ainsi que les conditions de la première institution
sont difficiles à mettre en œuvre. Il s’agit de prouver soit l’intention de nuire soit que la clause
cause un dommage notable à autrui et que ce dommage peut être évité ou supprimé sans
inconvénient grave pour l’ayant droit. Quand à la seconde technique et à l’instar du droit
français, l’article 60 du code des obligations et des contrats n’admet pas la lésion comme une
cause autonome de nullité.

L’amputation du contrat par le juge va aussi à l’encontre de l’article 242 du code


précité qui pose la règle de la force obligatoire du contrat.

Ce principe veut que le contrat oblige les contractants comme il s’impose au juge.
Celui-ci doit respecter toutes ses clauses et cette exigence concerne, au demeurant, aussi bien
les clauses réellement discutées par les parties que celles préétablies par l’une d’entre elle, ou
encore les fameuses clauses dites de style reproduites dans l’acte sans que les parties y aient
prête une réelle attention ou en aient vraiment saisi le sens.

55
Quant aux arguments relatifs à l’inopportunité que l’intervention du juge pour annuler
les clauses, on peut avancer l’idée soutenue par M.AUBERT selon laquelle le rôle actif du
juge entraine « une croissance excessive des contentieux et la constitution d’une situation
impossible à maitriser au niveau de la Cour de cassation ». Il crée en outre une diversité de
solutions dangereuses pour la sécurité juridique. M.DENIS MAREAUD a ajouté de sa part
que cette intervention fragilise le contrat parce que, d’une part, le concept de clause abusive
est fluide et, d’autre part, la révision va à l’encontre de la fonction habituelle du contrat, qui
est un instrument de gestion de risque dont les vertus essentielles sont la prévisibilité et la
stabilité ces argument164, malgré leurs pertinences et leur intérêt, ne doivent pas occulter la
présence des arguments qui militent en faveur d’un rôle actif du juge dans la lutte contre les
clauses abusive.

B. La thèse du rôle actif du juge face aux clauses abusives

Les défendeurs de cette thèse avancent quant à eux, Plusieurs arguments pour mettre
en relief l’opportunité de l’intervention du juge face aux clauses abusives.

Pour ce qui est de l’opportunité de l’intervention du juge. On peut dire que le rôle
unificateur de la cour de cassation de la contrôle qu’elle exerce quant à la définition et la
détermination des clauses abusives réduit le risque de la diversité des solutions. Le droit
comparé nous montre que plusieurs systèmes juridiques, bien qu’ils connaissant un bien
précise, Ne souffrent pas de l’insécurité juridique165.

La possibilité légale de l’intervention du juge n’est pas moins défendre : d’abord, Si le


juge doit obéir aux règles juridiques, il faut aussi qu’il cherche, comme le soutient certains
auteurs, La solution juste, C’est-à-dire qu’il établisse la justice corrective surtout en matière
contractuelle. La réalisation de la justice contractuelle fait ainsi partie du rôle du juge.

Ensuite. L’intervention de la loi n’empêche pas nécessairement celle du juge surtout


lorsqu’il n’existe aucun texte qui la prohibe .Certes, l’article 53 du D.O.C, on l’a vu, n’admet
pas la lésion en tant que vice de consentement, mais le droit accepte, dans certains mesures, la

164
MESTRE.J et LAUDRE.A, « l’interprétation « active » du contrat par le juge, in le juge et l’exécution du
contrat », presse universitaire d’Aix- Marseille, 1993, p9.
165
Par exemple, la loi Allemande du 9 Décembre 1976 dispose que toute clause pré-rédigée par l’une des
parties et favorables à l’autre est nulle si elle est contraire au principe de la bonne foi : TROCHU.M, TEMOIN.Y,
BERCHON.P, article précité, p.56. Les législations suédoise et danoise se réfèrent au caractère raisonnable ou
déraisonnable de la stipulation contractuelle eu égard au contenu du contrat, aux circonstances ayant entouré
sa formation, aux évènements subséquents ou à d’autres circonstances, voir le contrôle des clauses abusives
dans l’intérêt du consommateur dans les pays de la C.E.E.

56
révision du contrat déséquilibré. La révision du contrat lorsque la loi l’accepte, permet au juge
d’intervenir activement pour rétablir l’équilibre contractuel rompu.

Les clauses et conventions passées en contravention au présent article pourront être


annulées, à la requête de la partie et même d’office, le taux stipulé pourra être réduit, et le
débiteur pourra répéter, comme indu, ce qu’il aurait payé au-dessus du taux qui sera fixé par
le tribunal. S’il y a plusieurs créanciers, ils seront tenus solidairement. La Cour de cassation a
étendu le domaine de cet a article au contrat de vente lorsque le prix à payer est à terme. Aussi
la même Cour par un arrêt rendu le 28 Avril 1994 n’a-t-elle pas permis la révision de la clause
pénale. L’arrêt a surtout précisé que le contrat ne doit pas être un instrument entre les mains
de la partie forte pour dominer de la partie faible.

L’exemple les plus récentes tirées du droit positif et qui permet expressément au juge
d’annuler le clause abusive stipulée dans un contrat de garantie est l’arrête du ministre du
commerce du 17 décembre 1998, relatif aux modalités de garantie spécifique aux appareils
d’équipements électroménagers et d’électronique grand public qui dispose dans son article 3
Al 2 qui « les contrats de garanties ne doivent pas contenir de clause pouvant présenter un
caractère abusif ».

Enfin, et pour ce qui concerne le fondement légal d’une telle intervention, on peut
penser à la bonne foi en tant que principe général de droit166. Ainsi le recours à la notion de
l’ordre public virtuel permet au juge de sanctionner une clause parce qu’il la considéré
comme abusive, c’est-à-dire, rappelons le crée au détriment du consommateur, un
déséquilibre significatif entre les droits et les obligations contractuelles.

§2. La suppression par le juge des clauses abusives

L’article 17 dispose, rappelons « sont nulles les clauses abusives contenues dans les
contrats conclus entre fournisseurs et consommateur ». La suppression de ces clauses suppose
l’existence d’une action en suppression de la clause abusive dans un contrat de
consommation.

Cette action peut être mise en ouvre par le consommateur, agissant à titre individuel
ou par une association représentative des intérêts des consommateurs.

166
GHESTIN.J, « Traité de droit civil, la formation du contrat », précité, p 321 et s, n° 255 et s.

57
Le consommateur rapporte la preuve que la clause a pour objet de créer à son
détriment un déséquilibre significatif.

Comme on l’a déjà vu, le juge peut, déformais, annuler d’un contrat de consommation
en l’absence de tout décret d’interdiction s’il considère que la clause litigieuse crée un
déséquilibre significatif entre les droits et obligations du professionnel et du consommateur,
parties au contrat qui lui est soumis (A). Maintenant que cette question est réglée, l’on verra
comment le juge va apprécier le caractère abusif d’une clause contractuelle (B).

A. Une consécration jurisprudentielle

Le système de lutte contre les clauses abusives, mis en place par la loi française, suivie
par la loi n°31-08 sur la protection du consommateur, confère au seul pouvoir réglementaire
la possibilité d’interdire une clause contenue dans un contrat de consommation.

Faisant fi des opinions doctrinales, la cour de cassation a reconnu au juge, dans un


arrêt en date du 14 Mai 1991, le pouvoir de déclarer une clause abusive, et par conséquent, de
la réputer non écrite en dépit de l’absence de décret d’interdiction167.

Cette consécration jurisprudentielle du pouvoir directe du juge de déclarer une clause


abusive est déjà étudiée.

La question que nous aborderons maintenant est délicate. Comment le législatif doit-il
partager son pouvoir de contrôle avec le judicaire ? Doit-il le déléguer, par le biais d’une
définition vague de la notion de clause abusive (méthode « purement » judicaire) ou au
contraire, doit-il le garder entièrement, en dressant une liste limitative des clauses réputées
abusive (méthode « purement » législative) ou enfin doit-il faire un compromis entre les deux
(méthode mixte) ?

La première de ces méthodes se rattache au cas par cas. Le législateur édicte alors une
règle large, définissant le concept général de clause abusive et laisse aux tribunaux le soin de
décider, en pratique, ce qu’il signifie. Certes, quelques balises ou critères sont fixés, tels la
clause qui « désavantage de façon excessive le cocontractant » ou encore celle qui va à
l’encontre de la bonne foi, mais il demeure que la tache de circonscrire précisément la notion
est du juge.

167
Cass.civ.1, 14Mai 1991, Rev.Trim.Dr.Civ, 1991, 526, obs.J.Mestre

58
Cette méthode permet de lutte contre toutes clauses possibles et a suffisamment de
souplesse pour s’adapter à toutes les situations. Par contre, ce système conduit inévitablement
au « parlement des juges », à un niveau de discrétion judiciaire inquiétant et dangereux pour
la sécurité contractuelle et la prévisibilité de la loi. Tant les consommateurs que les
commerçants n’ont pas avantage à faire face à une règle si souple, si large et si imprévisible.
J.C.Auloy résume ainsi ce problème : « L’incertitude paralyse en effet l’application de la loi.
Les consommateurs seront, pour la plupart, dans l’incapacité de connaitre et donc de savoir si
telle clause est ou non abusive. Ceux qui voudront contester la validité d’une clause sera
contrainte d’agir en justice. Ils ne le feront presque jamais, dissuadés par les faits et la lenteur
de la procédure, comparés à l’incertitude des résultats. Les clauses seront donc, dans la
majorité de ces cas appliquées comme si elle étaient valable ».

La deuxième méthode, opposée à la précédente, est celle ou seul le pouvoir législatif


détermine le caractère abusif d’une clause. C’est la méthode « purement » législative.

Le législateur dresse alors une liste exhaustive des clauses abusives. Le juge n’a aucun
pouvoir d’appréciation et s’en tient purement et simplement à la liste qui lui fournit la
législation168.

Quoique le problème de prévisibilité que nous observations précédemment soit réglé,


d’autres carences majeurs nous incitent à rejeter cette solution.

En effet, il est utopique de croire que le législateur pourrait imaginer toutes les clauses
potentiellement abusives. Il y a tant de types de contrat et surtout tant de clauses qui peuvent
devenir abusives que législateur ne pourra que partiellement mes énumérer

Enfin, en voulant prévoir toutes les possibilités et en restreignant le caractère abusif


aux clauses énumérées, le législateur donne aux professionnels, qui dans ce domaine font
montre d’une imagination exemplaire, l’opportunité de contourner la règle.

La solution curative idéale est mixte. Cette troisième méthode est déjà appliquée entre
autre en Allemagne, au Luxembourg et au Portugal. Elle est aussi préconisée par plusieurs
auteurs. Elle consiste d’abord, en une règle générale définissant n’en théorie, ce qu’est une
clause abusive. Cette définition est complétée par deux listes :

168
C’est la solution qu’a retenue la Belgique (la loi sur les pratiques de commerce et sur l’information du
consommateur, 14 juillet 1991). Cette liste peut être modifiée par arrêté en conseil. Voir, Thierry Bourgoingnie,
le contrôle des clauses abusives dans l’intérêt du consommateur dans les payes de la C.E.E, article précité, p :
519 et s .

59
Un premier contenant des clauses qui seront inévitablement réputés non écrites, c’est
ce que les auteurs appellent la « liste noire », et une seconde qui comprend des clauses
simplement « présumées » abusives. Le commerçant pourra ainsi demander que la clause soit
validée, en prouvant qu’elle ne remplit pas les critères de la définition. Cette seconde liste est
appelée la « liste grise ».

Ce compromis, qui récolte la faveur des auteurs, ainsi que celle de la commission
française de refonte du droit de la consommation et de la communauté européenne, semble
être la plus efficace. Il rétablit la prévisibilité de la solution législative, tout en laissant au juge
une discrétion inévitable et souhaitable. Cette méthode l’encadre en lui donnant plusieurs
balises par l’énumération d’une longue liste ces clauses qui sont soit automatiquement soit
potentiellement abusives.

B. Méthode d’appréciation du caractère abusive d’une clause

Apprécier l’équilibre qualificatif du contrat n’est pas chose facile. Pour ce faire, le
juge tient compte des autres choses stipulations contractuelles, il arrive, en effet, qu’une
clause à priori désavantages pour le non-professionnel ou consommateur soit compensée par
un avantage équivalent qui lui est accordé. c’est la raison pour laquelle l’article 15 du projet
précise que « l’appréciation du caractère abusif d’une clause contractuelle tient compte de la
nature des biens ou services qui font l’objet du contrat et en se référant, au moment de la
conclusion du contrat, à toutes les circonstances qui entourent sa conclusion, de même qu’à
toutes les autres les autres clauses du contrat, ou d’un autre contrat dont il dépend » cette
article est un peu pareil à l’article L.132-1 alinéa 5 du code de la consommation française.

C’est une appréciation de l’équilibre général des prestations réciproques que se sont
livrés les juges du fond dans l’affaire ayant donné lieu à l’arrêt rendu par la chambre civile de
la cour de cassation, le 7 juillet 1998. Un contrat multirisque habitation garantissant le vol,
contenait une clause obligeant l’assuré, lorsque le vol n’est pas commis par effraction, à
prouver qu’il y a lieu par escalade, usage de fausses clés ou par introduction clandestine. Les
juges du fond n’ont pas jugé la clause abusive. En effet pouvait être garanti contre le vol
même en absence d’effraction. La preuve imposée par le contrat à l’assuré était justifiée par la
nature du contrat et le montant de la prime : les juges ont relevé que « l’appréciation par
l’assureur du risque de vol serait complètement faussé si l’assuré, n’étant plus tenu de
rapporter la preuve des conditions dans le quelles le vol s’est réalisé, pouvait prétendre au

60
bénéfice d’une assurance vol tous risques, tout en réglant une prime très inférieure due au titre
d’in contrat multirisques habitation ».

Afin d’apprécier le caractère abusif d’une clause, le juge peut avoir recours à la liste
des clauses abusives dressée par le gouvernement a moyen d’un décret ou le, cas échéant, à la
liste établie par le législateur, ainsi qu’aux recommandations de la commission des clauses
abusives.

61
CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE

La protection du consommateur contre les clauses abusives a fait l'objet d'intérêt tant
du législateur marocain que des législateurs étrangers et ce, en admettant d'une part des
mesures préventives tendant à mettre les professionnels au cœur des dispositions en vigueur
en vue d'éviter d'inclure lesdites clauses ayant pour finalité de déséquilibrer le contrat entre
professionnel et consommateur, le législateur consumériste marocain a apporté des mesures
préventives très importantes afin de protéger le consommateur contre les clauses abusives, par
l'instauration de nouveaux mécanismes pour protéger le consentement du consommateur et en
par l'adjoint certaines règles qui sont dans le prolongement de
l'obligation précontractuelle d'information et du droit à la réflexion. Elles ont en effet la même
finalité : s'assurer que le consommateur a donné un consentement éclairé et réfléchi et à
défaut lui donner le droit à la représentation et à la défense de ses intérêts par des actions
préventives.
D'autre part, les mesures curatives contre les clauses abusives tout en démontrant le
rôle du législateur ainsi que celui du juge dans la mise à l'écart des clauses en question, en
effet, pour sanctionner les clauses abusives, le législateur a admis deux démarcher différentes,
d'un côté, en définissant les clauses abusives par l'instauration des critères et d'une
qualification conférant le caractère abusif à une clause contractuelle. D'un autre côté, il a
consacré la solution du maintien du contrat en annulant uniquement la clause abusive.
Toutefois, les parties n'ont pas toujours les connaissances nécessaires pour appréhender la
réalité et les engagements qui découlent de certains contrats. Le juge permet alors de rattraper
les erreurs et l'éventuel déséquilibre que le contrat contient, il peut ainsi dégager ce que les
parties ont réellement voulu mais également revenir sur certains points du contrat qui peuvent
provoquer un déséquilibre pour l'une ou l'autre des parties, la révision du contrat de
consommation.

On constate alors que la loi 31-08 procède d'une vision plus réaliste des relations
contractuelles modernes et d'une approche plus objective du contrat où les éléments de
loyauté, de justice et d'équilibre doivent désormais trouver leur place au côté de la volonté.
Cependant, pour mesurer l'impact d'un texte de loi, au niveau de la société, il faudrait
garantir sa mise en œuvre effective, objet de notre recherche au cours de la seconde partie.

62
PARTIE2: L’EFFECTIVITE DES MESURES
PROTECTRICES DU CONSOMMATEUR CONTRE LES
CLAUSES ABUSIVES

Notre partie s’organise en deux titres, le premier titre portera sur la détermination des
entraves à l’application des mesures protectrices du consommateur marocain édictées par la
loi 31-08 (Titre1), et le second titre portera sur les réformes à mettre en place pour les
dépasser (Titre2).

Titre 1 : Les entraves à l’application des mesures protectrice du


consommateur contre les clauses abusives

Les entraves à l’application des mesures protectrice du consommateur contre les


clauses abusives, apparaissent d’un par au niveau du contexte législatif insuffisant
(Chapitre1) et d’autre part au niveau de l’inefficacité de la protection administratif et
extrajudiciaire du consommateur (Chapitre2).

Chapitre1 : Un contexte légal insuffisant

La mise en œuvre des mesures protectrice apporté par de la loi 31-08, accuse un
certain nombre de difficultés sur le plan juridique. D’une part, la détermination des sujets du
droit de la consommation : consommateur-professionnel est une difficulté en elle-même, vu que
les frontières entre les deux suscitent quelques incertitudes (Section1). Et d’autre part,
l’insuffisance du dispositif juridique de lutte contre les clauses abusives (Section 2).

Section 1 : Les difficultés liées à la détermination des sujets du droit de la consommation

La loi 31-08 édictant des mesures de protection du consommateur, cherche à équilibrer


les relations entre professionnels et consommateurs: « elle met à la charge des premiers des
obligations qui sont autant de droits pour les seconds »169. C’est ainsi que les professionnels
et les consommateurs sont les sujets du droit de la consommation. Définir ces deux catégories
permet à la fois de comprendre la philosophie de la matière et d’en tracer les limites170. Il a été

169 CALAIS-AULOY.J et TEMPLE.H, « Droit de la consommation », 8° éd. Dalloz, 2010, p 3.


170
Ibid

63
proposé de considérer le droit de la consommation comme un droit professionnel171. Cette
conception, sans être fausse, est partielle.

Le professionnel, certes, est un sujet du droit de la consommation (§1), mais il y a un


autre sujet, non moins important : le consommateur (§2). La détermination de ces deux
notions figure dans l’article 2 de la loi, mais la frontière entre les deux suscite quelques
incertitudes.

§1. Détermination de la notion du consommateur

Qui est le consommateur? L’article 2 de la loi 31-08 définit le consommateur comme


"toute personne physique ou morale qui acquiert ou utilise pour la satisfaction de ses besoins
non professionnels des produits, biens ou services qui sont destinés à son usage personnel ou
familial". A partir de cette définition, on va s’efforcer de déterminer le contenu juridique du
nouveau concept en s’attachant tant à la nature de la personne du consommateur (A) qu’à
celle de ses activités (B)
A. Le statut juridique du consommateur

Le consommateur est avant tout un sujet de droit doté de la personnalité juridique,


cette constatation de bon sens conduit à s’interroger sur la nature du sujet de droit en question,
personne physique ou personne morale (a), puis sur les critères aptes à permettre son
individualisation (b).

a. La personnalité juridique du consommateur

Le droit consacre une conception dualiste de la personnalité, en admettant à côté des


personnes physiques, des personnes dites morales, qui sont des entités constituées172.Cette
aptitude de certaines personnes morales à se voir dotées de la qualité de consommateur est au
cœur du problème173.

Or, à la lecture des dispositions de la loi 31-08, il semble que l'unité soit difficile. D’un
côté, les dispositions sur le démarchage à domicile174 ne concernent que les personnes
physiques. Il en va de même de l’article 158 de la loi 31-08 au terme duquel le bénéfice de

171
FERRIER.D, « Le droit de la consommation, élément d'un droit civil professionnel », Mélanges Calais-Auloy,
Dalloz 2004, p.373.
172
RZEPECKI.N, « Droit de la consommation et théorie générale du contrat », Presses universitaires d'Aix-
Marseille, Faculté de droit et de science, politique, 2002, p298.
173
MAYALI.J.-C, « La notion de consommateur à la lumière du droit comparé », Thèse doctorat droit privé,
Montpellier 1, 1993, p. 320 et s.
174
Article 45 de la loi 31-08.

64
l’action en représentation conjointe est réservé aux seuls consommateurs personnes
physiques. De l’autre, on trouve les dispositions relatives au crédit qui, se contentant
d’exclure expressément les personnes morales de droit public175, semblent a contrario
admettre les personnes morales de droit privé. Pour leur part, les dispositions relatives aux
clauses abusives sont muettes sur leur champ d’application, laissant de ce fait une large marge
aux tribunaux.

Il faut alors s’interroger sur la détermination des personnes morales propres à se voir
reconnaitre la qualité de consommateur. Le législateur, lorsqu’il a étendu la notion de
consommateur à certaines personnes morales, a probablement songé à des personnes morales
de droit privé, plus particulièrement aux syndicats de copropriétaires ou à certaines
associations sans but lucratif176. Les personnes morales dont l’activité n’a pas de but lucratif
pourront donc être assimilées à un consommateur177. La question reste entière pour celles dont
l’activité possède ce caractère. Cependant elle peut être reconnue à une personne physique
alors même que celle-ci userait du bien à des fins qui se révéleraient par la suite lucratives,
comme l’acquisition d’œuvres d’art ou l’achat suivi de revente par exemple178. L’exclusion
semble donc illogique. Si cette décision a été vivement critiquée par une partie de la doctrine,
ce n’est toutefois pas en raison du caractère de l’activité, en l’espèce lucratif, mais la finalité
de cette activité, qui étaient professionnelle et non privée179.
Néanmoins, avant de s’attacher à la nature des activités du consommateur, question
qui constitue l'élément essentiel de la définition du concept de consommateur, il est
intéressant de s’attarder sur d'autres éléments, dans la mesure où, ils permettent son
individualisation.

b. les modes d’individualisation du consommateur

Que la conception de la personne, physique ou morale semble indifférente ne signifie


pas pour autant que tout sujet de droit a la qualité de consommateur180. Il doit, pour ce faire,

175
Article 114 de la loi 31-08.
176
CAS.G et FERRIER.D, « Traité de droit de la consommation », presses universitaires de France, paris ; 1986,
p18.
177
L'inconvénient de la solution est que les tribunaux devront examiner au cas par cas les objectifs poursuivis
par la personne morale, ce qui peut entrainer des incertitudes. N.RZEPECKI, « Droit de la consommation et
théorie générale du contrat », op.cit, p.298, n°395
178
BOURGOIGNIE.TH, « Éléments pour une théorie du droit de la consommation (au regard des développements
du droit belge et du droit de la Communauté européenne) », coll. Droit et consommation, Bruxelles/Louvain-la-
Neuve, L.G.D.J/Story Scientia, 1988, p19.
179
T.BOURGOIGNIE, « Réalité et spécificité du droit de la consommation », J.T, 1979, pp.293-306
180
RZEPECKI.N, « Droit de la consommation et théorie générale du contrat », op.cit, p.302. n°398.

65
intervenir dans un certain contexte et d'une certaine manière.
On constate que, pour satisfaire ses besoins économiques, un particulier noue des
relations aussi bien avec des personnes de droit privé qu’avec des personnes de droit public.
La tentation est grande d’identifier l’usager des services publics au consommateur. Le mode
d’intervention, ensuite, a une importance. Il apparait que le consommateur satisfait ses
besoins en achetant ou utilisant.

Deux conséquences en découlent: Acheter, c’est avant tout consommer. La possibilité


pour l’épargnant de bénéficier de la loi 31-08 semble dès lors compromise. Ensuite, acheter
c’est contracter. Il faut en déduire que la qualité de consommateur est indissociable de celle
de contractant, mais qu'en est-il de la protection des simples utilisateurs de biens ou de
services?

1. Le cumul des statuts de consommateur et d’usager des services public

La question que l’on se pose est de savoir si, placé dans certaines circonstances, un
usager des services publics peut théoriquement prétendre à la qualité de consommateur181. Sur
le plan économique d’abord, on constate que « la mutation du consommateur en usager de
service public n'entraîne par elle-même aucune modification de la place occupée par le
consommateur »182. Le monopole de certains établissements publics aurait plutôt pour effet
d’accentuer le déséquilibre183. Est-il par conséquence possible de raisonner par analogie
relativement à sa nature juridique, ou celle-ci doit-elle au contraire se moduler en fonction de
la qualité privée ou publique du producteur ou distributeur? « La réponse est fatalement
affirmative, si on fait la distinction droit privé, droit public, cela impliquerait que le sujet de
droit reçoive une qualification différente et, consécutivement, soit soumis à des règles
dissemblables suivant la nature, privée ou publique, du corps avec lequel il noue des
relations »184.

Or cette distinction est profondément discutable. D’une part, l’activité des particuliers
peut être régie par des techniques relevant habituellement du droit public, on note ainsi que la
protection des consommateurs contre les entreprises privées est parfois assurée par

181
MAYALI.J, « La notion de consommateur à la lumière du droit comparé »,, op. cit, n°229 et s.
182
CHEVALIER.J, « Les droits du consommateur usager de services publics », Droit social, n°75,n°1.
183
BOURGOIGNIE.T, « Éléments pour une théorie du droit de la consommation », op.cit,n°88
184
RZEPECKI.N, « Droit de la consommation et théorie générale du contrat », op.cit, p.304. n°401

66
l’administration185.Cela tient d’autre part, à ce qu’une partie de l’activité de l’État et des
établissements publics, est soumise au droit privé lorsque ces personnes adoptent un mode de
fonctionnement identique à celui des entreprises privées186. Doit-on entendre par là que
l’usager est identifiable au consommateur et dans ce cas, qu’il est un consommateur, ou qui
lui est seulement assimilable?187 Assimiler l’usager au consommateur est une opération
juridique relativement neutre, qui n’entraine pour le juge la possibilité d’appliquer à l’usager
les dispositions protectrices, que dans la double limite de ses besoins et des exigences du
service public. En revanche, l’identification de l’usager au consommateur, censée entrainer
l’application au premier de l’intégralité de la protection accordée au second, est plus délicate
car elle peut se révéler incompatible avec certains principes du service public.
Il est évident que, si l’assimilation de l’usager au consommateur a le mérite de
sauvegarder le concept de consommateur, elle présente aussi l'inconvénient de n'offrir à
l’usager-consommateur qu’une protection réduite. La technique de l'assimilation montre
néanmoins ses limites, lorsque l’on s’attache aux modalités par lesquelles le consommateur
noue un contact avec un professionnel. Ces modalités sont nombreuses et le risque d’entrainer
une multiplicité des notions de consommateur est réel.

2. Les modalités d’intervention du consommateur

Que le législateur ait eu constamment en vue la protection du cocontractant du


professionnel relève de l’évidence. La question se pose de savoir, néanmoins, s’il n'a pas eu
parfois à cœur de manière plus ponctuelle d’apporter également son aide à d’autre sujet de
droit, particulièrement à ceux pour lesquels la conclusion du contrat s’est révélée
préjudiciable. Si cette hypothèse se vérifie, le constat s’imposera de la diversité des
destinataires des textes protecteurs.
En utilisant la formule "acquiert ou utilise", le législateur suppose l'existence de deux
catégories de consommateur. Il y a ceux qui achètent une marchandise ou un bien dans un but
non professionnel, mis en vente par un vendeur, un commerçant, qui est généralement un
professionnel. Le contrat entre consommateur et professionnel est appelé alors contrat de
consommation. Cela confirme le constat, que la majorité des textes protecteurs opte pour une

185
Les enquêtes peuvent être confiées à la direction générale des douanes, la direction générales des
impôts, ou encore à certains agents et officier de police judiciaire...A.de Laubadère, « Rapport sur la protection
du consommateur en droit administratif français, in la protection des consommateurs », Trav.Ass.H.Capitant
t.xxiv, Paris ; Dalloz, 1975, p.519.
186
AUBERT.J-L, SAVAUX.E, « Introduction au droit et thèmes fondamentaux du droit civil » , Sirey, 2012 ; n°44.
187
CHAPUS.R, « Droit administratif général, Montchrestien », 2001, t.I, n°509 et 1056.

67
analyse purement contractuelle des rapports de consommation, les dispositions relatives à la
sécurité des consommateurs s’en sont nettement démarquées.

Sur un autre volet, on retrouve le consommateur-utilisateur de bien et de service. En


effet, il arrive souvent que l’utilisateur n’ait pas la qualité de cocontractant du professionnel.
Le tiers utilisateur peut-être un membre de la famille ou un ami. Le législateur n’a pas précisé
si l’utilisateur doit obligatoirement être le cocontractant. Cet état de fait a conduit Gérard Cas
et Didier Ferrier à estimer "qu’il n’est pas possible d’enfermer la notion de consommateur
dans un cadre purement contractuel"188. Il est donc plus vraisemblable d’admettre que la loi
31-08 ne permet aucune exclusion tenant compte de la qualité d’utilisateurs, d’autant plus que
la disposition de l’article 2 vise la sécurité à laquelle on peut légitimement s’attendre et qu'elle
s’applique à toutes les personnes dont la santé, la sécurité économique risque d'être
compromise par des biens ou des services mis sur le marché189. Le champ d’application des
dispositions relatives à la sécurité semble donc très étendu. La qualité de protégé serait alors
accordée à tous ceux dont la sécurité est menacée par la mise en service d’un produit
quelconque. L’utilisateur non-contractant du bien compterait alors parmi eux.
Sur un autre volet, on considère classiquement que le consommateur entre en contact
avec un professionnel afin de consommer.

Sur le plan économique, les fonctions de consommation et d’épargne s’opposent sans


conteste. Leur finalité est contradictoire, d’un côté il y a consommation et, de l'autre, refus de
consommer190.
Étymologiquement, il est contestable d’assimiler les épargnants aux consommateurs.
D’un point de vue économique, l’épargne s’oppose à la consommation qui satisfait des
besoins immédiats. Pourtant, l’épargnant comme le consommateur, est souvent un profane en
relation avec un professionnel. Aussi, l’extension des règles protectrices de la loi 31-08
édictant des mesures de protection du consommateur, est-elle envisageable pour le profane
qui épargne, pour l’investisseur au sens large191? Or, si l’épargnant ne peut être un
consommateur économique, ne peut-il accéder à la qualité de consommateur juridique192?
Certains auteurs réclament pour l’épargnant la même protection que celle octroyée au
consommateur, au motif que l'épargnant se trouverait dans une position de faiblesse identique

188
CAS.G et FERRIER.D, « Traité de droit de la consommation », op.cit, p.48.
189
BOURGOIGNIE.TH, « Éléments pour une théorie du droit de la consommation », op.cit, n°18.
190
RZEPECKI.N, « Droit de la consommation et théorie générale du contrat », op. cit, p.313. n°414
191
CAUSSE.H, « De la notion de consommateur après le code de la consommation, grands problèmes choisis »,
Litec, 1995, p. 21 et s
192
MAYALI.J-C, « La notion de consommateur à la lumière du droit comparé », op.cit, n° 253.

68
à celle que connait le consommateur dans ses relations avec les professionnels193.Argument
certes de poids, mais qui contribuerait à faire reposer le concept de consommateur sur le
critère de faiblesse de la partie au contrat, indépendamment de la nature de l'acte.

B. La nature des activités du consommateur :

La doctrine a concentré ses efforts sur l’épineuse question de l’objectif devant être
poursuivi par l’auteur d’un acte de consommation, à savoir: un usage exclusivement privé ou
éventuellement professionnel du bien ou du service acquis.
C’est le critère essentiel: est un consommateur celui qui se procure ou qui utilise pour
un usage non-professionnel. Le consommateur se définit donc par opposition au
professionnel194. Parce que le professionnel peut être une personne physique ou une personne
morale, (premier élément de la définition), il peut également acquérir ou utiliser (deuxième
élément de la définition), le "but non professionnel" de l’acte apparait comme le critère
déterminant pour l’octroi de la qualité de consommateur, c’est aussi le critère le plus discuté.

Or, les professionnels et consommateurs ne forment pas deux classes distinctes de


citoyens. Toute personne physique prend, en de multiples occasions de son existence et
pratiquement chaque jour, la qualité de consommateur, même si elle exerce par ailleurs une
activité professionnelle. La même personne peut avoir, pour certains actes, la qualité de
professionnel, et pour d'autres actes celle de consommateur195.
Il arrive qu’une personne poursuive un but à la fois personnel ou familial et
professionnel. L’acte peut alors être qualifié de mixte. Par exemple, un agent immobilier ou
un délégué commercial qui achète un véhicule pour ses besoins personnels ou familiaux mais
également pour ses activités professionnelles. Dans ce cas de figure, lorsqu’une personne
conclut un contrat à la fois pour ses besoins professionnels et personnels, la part d’activité
professionnelle doit être insignifiante, par rapport aux besoins personnels satisfaits par le
contrat, pour que le droit de la consommation s’applique. Cette solution est ambiguë. A
première vue, elle semble consacrer une conception extensive du consommateur, puisqu'elle
permet en théorie, à un professionnel de bénéficier du droit de la consommation. Dès l'instant
qu’il conclut un contrat sans rapport direct avec son activité professionnelle, il peut invoquer
la législation sur les clauses abusives. Et lorsque la personne conclut à la fois pour ses besoins
professionnels et personnels, le juge doit apprécier la part d’activité professionnelle, qui doit

193
CAS.G et FERRIER.D, « Traité de droit de la consommation », op.cit, n° 8
194
Ibid., p. 9 n° 10.
195
Ibid.

69
être moins importante, sans pour autant être insignifiante196. Force est alors de constater que,
le plus souvent, le rapport direct est relevé. Afin d’apprécier le rapport direct, il doit être pris
en compte la finalité de l’opération effectuée. Il faut mesurer si l’opération a ou non pour
finalité l’exercice de la profession. Et, dès l'instant que l’opération a pour finalité l’exercice de
la profession, le contrat est considéré comme ayant un rapport direct avec la profession. La
question qui se pose alors, faut-il accorder la même protection à tous les consommateurs?
Il existe une grande diversité de consommateurs, depuis ceux qui sont assez avisés
pour se défendre efficacement jusqu’à ceux qui sont particulièrement crédules et
vulnérables197.

Le législateur ne varie pas la protection selon la catégorie de consommateur. La loi


protège l'ensemble des consommateurs sans aucune distinction particulière. Cependant, ce
principe accuse au moins une exception. Le législateur entoure le consommateur en situation
de faiblesse ou d’ignorance, d’une protection particulière, en réputant nul par la force de la loi
son engagement et lui réservant le droit de se faire rembourser les sommes payées et d'être
dédommagé sur les préjudices subis198.
Aux termes de cette analyse, la notion de consommateur semble tentaculaire, ce qui
rend difficile sa détermination en notion unique. Exclure du champ d'application de la loi 31-
08 ceux qui ne correspondent pas à la conception stricte, est une solution qui doit être écartée
en raison de son caractère excessif. Les intégrer dans le champ d'application de la législation
protectrice par la technique de l'assimilation, semble être une proposition inadaptée, puisque
"la notion de consommateur ne peut être partagée avec le professionnel, cela la priverait,
selon nous, de son essence"199. En conséquence la détermination de la notion de
consommateur se révèle être une tâche délicate.

A la suite de ces développements, un constat s’impose. Il est frappant de constater que,


du problème de la délimitation du concept de consommateur, on glisse insensiblement, mais
inévitablement, vers celui de la délimitation de la notion de professionnel.

§2. Détermination de la notion de professionnel

Exiger que le rapport de droit oppose au consommateur un professionnel parait être


196
Ainsi, un avocat qui avait contracté avec une société de télésurveillance pour la sécurité de l'immeuble dans
lequel il avait son domicile et son cabinet professionnel a été qualifié de consommateur par les juges aixois
dans une décision du 26 mai 2005. CCC, 2006, comm, n° 54, note G. Raymond. 22. N° 08-15727.
197
CALAIS-AULOY.J et TEMPLE.H, « Droit de la consommation », op.cit, p. 10.
198
Article 59 de la Loi 31-08.
199
CAUSSE.H, « De la notion de consommateur », op.cit,, p.31, n°21.

70
une règle de bon sens. Elle est pourtant remise en cause par certains auteurs qui n’hésitent pas
à affirmer l’indifférence de la qualité professionnelle du cocontractant du consommateur (A).
Il demeure que, comme le reconnaissent ces mêmes auteurs, le consommateur ne peut aspirer
à l’existence que si des biens et des services ont été placés par des professionnels dans le
circuit économique. Il est en conséquence indispensable de donner une définition précise de
ce concept (B).
A. Le professionnel comme acteur oppose au consommateur

Le caractère apparemment fondé de l’exigence d’un professionnel dans la


détermination du rapport de consommation (a) n’a pas empêché sa remise en cause (b).

a. Le caractère apparemment fondé de l’exigence d’un professionnel

L’opposition du fort et du faible est la raison d’être de la législation consumériste. "Il


semble alors nécessaire d’envisager le consommateur par opposition au professionnel,
entendu comme personne disposant non seulement d’une supériorité économique, mais
encore juridique"200. C’est sans doute en considération de cette évidence que le législateur
n’a pris que rarement la peine d’en rappeler l’exigence de manière directe. Excepté certaines
dispositions, tel l’article 18 de la loi 31-08 en matière de clause abusive qui vise expressément
l’existence d’un fournisseur, les autres textes ont en général fait l’économie de la notion. Les
termes de la loi peuvent ainsi être eux -mêmes révélateurs. En matière de crédit par exemple,
on déduit de l’article 74 de la loi 31-08, que le prêteur est un professionnel du prêt, puisqu'il
doit consentir les prêts de manière habituelle.
Parfois, on doit se contenter de l’esprit du texte. Si l’article 45 de la loi 31-08 visant en
matière de démarchage à domicile "quiconque pratique ou fait pratiquer le démarchage" ne
fait pas mention de l’exigence d’une qualité de professionnelle, "c’est considérer, sans
franchir le pas consistant à les identifier formellement, que ces derniers sont des
professionnels"201. Telle n’est cependant pas l'opinion de M. Marty, pour qui "la prise en
considération implicite du professionnel dans le cadre des dispositions sur le démarchage à
domicile, ne doit pas empêcher de s’en tenir à la lettre du texte, en l’occurrence muet, et donc
de faire bénéficier de la protection le consommateur sans se soucier de la qualité de son

200
BORYSEWICZ.M, « Les règles protectrices du consommateur et le droit commun des contrats », Études
KAYSER.P, 1979, p.93.
201
RZEPECKI.N, « Droit de la consommation et théorie générale du contrat », op.cit, p.313. n°414.

71
cocontractant, professionnel ou non"202. Si cette vision semble critiquable, il faut malgré tout
concéder d’une part, qu’elle s’appuie sur un argument textuel, et d’autre part, qu’elle se limite
à l’hypothèse du démarchage à domicile, situation dans laquelle le consommateur est
naturellement en position de faiblesse. Tel n’est plus le cas lorsque certains auteurs font de
cette exception un principe de portée générale.

b. Remise en cause de l’exigence d’un professionnel

La remise en cause de l’exigence d’un professionnel opposé au consommateur est


susceptible de s’appuyer sur divers arguments. Une partie de la doctrine, énonce comme règle
générale que "la qualité de consommateur est attribuée indépendamment de la qualité,
professionnelle ou non, du fournisseur"203. Ce propos va non seulement à l’encontre des
textes qui prévoient expressément l’existence d’un professionnel opposé à un consommateur,
il nie encore la base conflictuelle du droit de la consommation. M. Bourgoignie concède que
"la fonction de consommer ne se conçoit que parce qu’en amont des biens et des services ont
été placés au sein du système économique par des gens dont c’est la profession de produire,
d’entreprendre ou de distribuer"204. Il ne considère pas moins qu’un consommateur peut se
voir reconnaitre cette qualité, sans être directement opposé à un professionnel. En définitive,
le consommateur serait protégé en lui-même, parce qu’il est le dernier maillon de la chaîne de
production, et non parce qu’il contracte avec un professionnel.
Cependant peu d’éléments semblent aller dans ce sens, tant il apparaît que, dans les
hypothèses même où le législateur s'est dispensé de prévoir l’intervention d’un professionnel,
cette exigence a découlé d’une interprétation implicite des textes. Rien ne permet donc
d’affirmer que le consommateur est protégé, alors qu’il n'est pas directement entré en contact
avec un professionnel.
En conséquence, on ne peut qu’être réticent face à l’admission dans le champ
d’application des textes protecteurs de celui qui reçoit le bien des mains d’un contractant non-
professionnel. L’opposition du consommateur à un professionnel semble dès lors inéluctable.

B. Synthèse : définition de la notion de professionnel

202
MARTY.J-P, « La distinction du droit civil et du droit commercial dans la législation contemporaine », RTD
com.1981, p.695.
203
BOURGOIGNIE.T, « Éléments pour une théorie du droit de la consommation » ; Story Scienta, 1988, p.25
204
Ibid.

72
Le professionnel ou le fournisseur, comme il a été mentionné dans le texte de la loi 31-
08, est défini comme toute personne physique ou morale qui agit dans le cadre d’une activité
professionnelle ou commerciale205.
C’est le caractère habituel et organisé de l'activité qui fait la force du professionnel: il
est, dans sa spécialité, plus compétent que le consommateur. Il existe donc un déséquilibre qui
justifie l'application du droit de la consommation206.
Comme le définit la loi, le professionnel peut être aussi bien une personne physique
qu’une personne morale. C’est à dire qu’il s’applique aussi bien au petit marchand du quartier
qu’à la grande entreprise industrielle ou la grande surface, sans aucune distinction. La taille de
l’entreprise importe peu. Aucun seuil économique n’a été déterminé pour justifier le statut de
professionnel. La catégorie professionnelle à laquelle est rattaché ledit professionnel est
également indifférente. Il régit l’ensemble des rapports liant le professionnel au
consommateur, quelque-soit le secteur professionnel, commercial, industriel, artisanale,
agricole, libérale ou autres.
En effet, si tous les commerçants sont considérés comme des professionnels, tous les
professionnels ne sont pas des commerçants, notamment les membres des professions
libérales207.
Le professionnel peut aussi être une personne morale de droit public. L’article 2 de la
loi 31-08, précise que "Les personnes morales de droit public sont soumises aux obligations
imposées au fournisseur, sous réserve des règles et principes qui régissent l’activité de
service public qu’elles gèrent". Pour ajouter également que même "Les personnes de droit
privé, délégataires de la gestion d’un service public, sont soumises aux obligations imposées
au fournisseur par la présente loi". Cela signifie que la loi prévoit l’extension de son
application aux services publics. Encore, faut-il d’emblée apporter quelques nuances à cette
affirmation. Il existe actuellement une distinction entre les services publics à caractère
industriel ou commercial (SPIC) et les services publics administratifs (SPA). Les premiers
sont considérés automatiquement comme des professionnels et par conséquent, sont soumis à
la loi édictant les mesures de protection du consommateur, dans leurs relations avec les
usagers. Ainsi, lorsqu’on conclue un contrat de transport avec l'Office national des chemins
de fer (O.N.C.F), le contrat est un contrat de consommation classique soumis en tant que tel à
l’ensemble des règles consuméristes. En revanche, les seconds posent plus d’interrogations.

205
Article 2 de la Loi 31-08.
206
CALAIS-AULOY.J et TEMPLE.H, « Droit de la consommation », op.cit, p. 4.
207
On peut citer à titre d'exemple le cas du Médecin.

73
Les auteurs sont divisés et les solutions ne sont pas uniformes. Ainsi, une grande majorité de
la doctrine privatiste et publiciste s’accorde pour écarter les S.P.A du champ d’application du
droit de la consommation208. Certains auteurs adoptent cependant une position plus nuancée et
proposent de distinguer entre les S.P.A qui exercent une activité économique identique à
celles des personnes privées, tel un hôpital ou une école, et ceux qui exercent une activité non
économique, tels que les services de police ou de sécurité sociale.
Le droit de la consommation s’appliquerait aux premiers et serait dénié aux
seconds209. De même, les services publics administratifs, dépendent du droit administratif. A
la différence des entreprises, ils ont un but d’intérêt général et ne cherchent nullement un
profit dans la relation les liant aux usagers. Si l’on s’en tenait à cette vue théorique, on
pourrait en conclure que le droit de la consommation n’a pas sa place ici. Mais une simple
observation de la réalité montre que les usagers se trouvent souvent désarmés face à la
puissance des services publics et qu’ils ont besoins de protection, comme les
consommateurs210.
A la suite de ces développements, un constat s’impose. Ce n’est pas tant la définition
du professionnel qui importe que la détermination des sujets de droit susceptibles de
bénéficier de la protection; autrement dit, il faut concéder que l’unique fonction de la
définition du concept de professionnel est la délimitation parallèle de la notion de
consommateur.
Cette confusion et insuffisance s’étaient d’ailleurs même au régime concernant les
clauses abusives.

Section2 : L’insuffisance du dispositif juridique proprement dit

La confusion de la loi 31-08 ne se limite pas aux parties bénéficiant de sa protection,


elle s’étend aussi à son régime protecteur concernant les clauses abusives.
La démarche du législateur est insatisfaisante dans la mesure où elle compote quelques
carences relatives aussi bien à la détermination des clauses abusives (§1) qu’au recours
judicaire contre celles-ci (§2).

208
Selon ces auteurs, l'usager des S.P.A n'est pas un client, car ce n'est pas un particulier comme les autres, et
le S.P.A n'est pas une entreprise puisqu'il s'identifie à la puissance publique. J.Calais-Auloy et H. « Temple, Droit
de la consommation », op.cit, p. 5. n° 5.
209
AMAR.J, « Plaidoyer en faveur de la soumission des services publics administratifs au droit de la
consommation », CCC, 2002, Chron, n°2.
210
CALAIS-AULOY.J et TEMPLE.H, « Droit de la consommation », op.cit, p. 6.

74
§1. En matière de détermination des clauses abusives

Comme on a déjà précise dans notre première partie, dans un souci de lutte contre les
clauses abusives, le législateur marocain a, à l’instar de ses homologues étrangers, appréhendé
dans l’article 15 de la loi 31-08 et suivants, des critères et des techniques de détermination des
clauses abusives. Et s’est contenté de les déterminer en se référant au « déséquilibre
significatif », et en édifiant une liste non exhaustive à l’article 18 de la loi. Il laisse cependant
sans réglementation le mode d’appréciation de ces clauses abusives.

Certes, la pertinence de ces critères et techniques est indéniable. Toutefois, il semble, à


notre sens, que sa démarche comporte quelques carences qu’il convient de souligner.

En effet le législateur a choisi :

D’abord, il importe peu que ces clauses figurent sur le contrat principal lui-même, ou
dans un écrit annexe, qu’elles soient imprimées ou manuscrites. Aussi, si l’article 15 déclare
expressément que le support et la forme du contrat qui abrite la clause abusive importe peu,
cela signifie-t-il que le consommateur peu profiter de la protection contre ces clauses, sans
être obligé d’apporter la preuve qu’il s’agit d’un contrat de consommation ? Autrement dit, si
le support sur lequel figure la clause abusive peut revêtir n’importe quelle forme211, comment
peut-on alors prouver qu’il s’agit d’un contrat de consommation ?

Sans doute, l’imprécision de l’article 15 est-elle voulue, en ce qu’elle élargit le champ


de protection. Mais pour autant, elle ne permet pas facilement la détermination de la nature du
contrat de consommation, ce qui présente peut-être un obstacle dans l’application de la
protection elle même, surtout lorsque les utilisateurs des clauses abusives seront tentés par
l’élaboration de ces clauses dans des écrits sans valeur juridique pour échapper au contrôle de
la loi.

Par la suite, il est venu, dans l’article 18 à établir une liste non exhaustive de dix-sept
stipulation pouvant être déclarées par le juge comme abusives.

211
Article 15 de la loi 31-08 : « Dans les contrats conclus entre fournisseur et consommateur, est considérée
comme abusive toute clause qui a pour objet ou pour effet de créer, au détriment du consommateur, un
déséquilibre significatif entre les droits et obligations des parties au contrat. Sans préjudice des dispositions des
articles 39 à 56 du dahir du 9 Ramadan 1331 (12 Août 1913) formant code des obligations et des contrats, ces
dispositions sont applicables quels que soient la forme ou le support du contrat. Il en est ainsi notamment des
bons de commande, factures, bons de garantie, bordereaux ou bons de livraison, billets ou tickets, contenant
des stipulations négociées librement ou non ou de références à des conditions générales préétablies ».

75
L’utilité d’une telle liste ne soulève aucun doute aux motifs qu’elle est susceptible de
faciliter, d’une part, par sa valeur d’exemple, l’interprétation de la règle et, d’autre part, la
preuve pour le cocontractant, qui est en position de faiblesse, boire de renverser le fardeau de
la preuve vers le cocontractant qui est en position de supériorité. En effet, ce dernier doit
apporter la preuve du caractère non abusif de la clause, objet du différend.

Ainsi, une clause pourra être considérée par le juge comme n’étant pas abusive bien
qu’elle figure sur la liste. Par contre, une clause pourra être considérée comme abusive alors
qu’elle ne figure pas dans la liste au motif qu’elle satisfait les exigences de l’article 15.

Par l’établissement d’une liste non exhaustive des clauses susceptibles d’être déclarées
comme abusives, il apparait que le législateur n’a pas cherché à évincer le juge de la
détermination des clauses abusives. Au contraire, il semble qu’il lui accorde un rôle important
dans la lutte contre celles-ci.

Indéniablement, à travers l’octroi d’un rôle actif au juge dans l’identification des
clauses abusives, le législateur cherche à réaliser une certaine justice contractuelle.

En d’autres termes, cette appréciation du juge n’était elle pas susceptible de fragiliser
le contrat et de porter atteinte aux fonctions essentielles d’une convention à savoir la
prévisibilité et la stabilité ?

Ensuite, d’exclure dans l’article 17, deux catégories de clauses essentielles du contrôle
de leur caractère abusif par le juge, à condition qu’elles soient transparentes c’est-à-dire
rédigées de façon claire et compréhensible. Il s’agit des clauses portant sur le prix payé ou sur
l’objet principal du contrat.

Cette exigence de transparence pour exclure ces clauses abusives essentielles212 du


champ d’application des clauses abusives peut trouver son explication dans, d’une part, le
libre choix et d’autre part, l’information fournie au consommateur, lui permettent ainsi de
s’engager de façon responsable et réfléchie qui lui garantit protection de ses intérêts.

Néanmoins, ce critère de transparence adopté par le législateur n’emporte pas notre


conviction au motif qu’il arrive que certaines clauses bien qu’elles soient rédigées de façon
claire et qu’elles soient compréhensibles risquent de ne pas être accessible au consommateur,

212
Dans un contrat d’adhésion (ce qu’est le plus souvent le contrat de consommation), les clauses accessoires
ne sont pas négociées, mais imposées. Cette façon de contracter aggrave la position de faiblesse de l’adhérent
qui va se soumettre aux règles dictées par son cocontractant. L’adhérent est donc susceptible d’être abusé ou
encore mal informé des clauses du contrat.

76
en raison de leur illisibilité213, de leur emplacement dans la convention214 ou de leur présence
sur des documents annexes à celui qui est signé par lui215.

Dans le même sens, une stipulation formellement bien rédigée et compréhensible


risque de créer un déséquilibre significatif pour le consommateur. Portant, elle va lui être
opposable et pourra échapper ainsi au contrôle de son caractère abusif par le juge.

Ces diverses pratiques méritent sans doute d’être sanctionnées. Or, le législateur ne
prévoit pas de sanctions spécifiques en cas d’observation des exigences de clarté et de
compréhension des clauses contractuelles. Cette situation est très regrettable et devra être
comblée.

Enfin, d’étendre, dans l’alinéa 2 de l’article 15 de la liste des contrats concernés par les
clauses abusives à ceux qui ont pu faire l’objet de négociation par le consommateur. En
d’autres termes, le législateur affirme que le champ d’application des clauses abusives n’est
pas circonscrit aux contrats d’adhésion.

Cette extension peut s’inscrire dans le souci du législateur de lutter plus efficacement
contre les clauses abusives et de contrer les pratiques des fournisseurs qui arguent que la
clause a été « négociée » avec le consommateur afin d’échapper à leur obligation.

Toutefois, la portée pratique de cette extension du champ d’application des clauses


abusives à celles « négociées » doit être relativisée. En effet, ne pourrait-elle pas aboutir à une
appréciation sévère par le juge du caractère abusif d’une clause « négociation » ?

En effet, il est légitime de penser qu’il serait moins disposé à la déclarer abusive car il
est tenu de prendre en considération les dispositions de l’article 16 qui prévoit que « (...) le
caractère abusif d’une clause s’apprécie en se référant, au moment de la conclusion du
contrat, à toutes les circonstances qui entourent sa conclusion, de même qu’à toutes les autres
clauses du contrat (...) ».

§2. En matière de recours judicaire

213
Les caractères de la clause sont très petits.
214
Par exemple, le fournisseur fait figurer la clause au verso du contrat alors que la signature doit etre apportée
au recto. C’est le cas également d’une clause insérée dans le corps du contrat.
215
Par exemple, le fournisseur fait figurer les clauses sur des documents comme des brochures ou des
conditions générales dont la remise au consommateur n’est effectuée que postérieurement à la conclusion du
contrat.

77
Afin d’éradiquer les clauses abusives des contrats de consommation, le législateur
prévoit un recours judicaire au profit aussi bien des consommateurs que des associations de
protection de ceux-ci.
L’opportunité d’un tel recours est incontestable. Mais, il faut reconnaitre que plusieurs
facteurs viennent limiter sa portée et ne permettent pas de réaliser le résultat escompté par le
législateur. En effet, il semble :
En premier lieu, les recours individuels des consommateurs ne paraissent pas être des
moyens intéressants pour faire valoir leurs droits en matière de clauses abusives.
La complexité du processus judicaire, la lenteur des procédures216 et les couts qui y
sont associés, expliquent que les consommateurs ne saisissent pas les tribunaux. Ces obstacles
à l’utilisation du processus judicaire s’imposent avec force pour les consommateurs compte
tenu du caractère modeste des réclamations qui sont susceptible d’être formulée;
En deuxième lieu, le recours collectif des associations de protection du consommateur,
peut, jouer un rôle important pour la défense des droits et intérêts des consommateurs.
En effet, il peut leur faciliter l’accès aux tribunaux, notamment en rendant
économiquement possibles des poursuites qui auraient été trop couteuses pour être intentées
individuellement compte tenu des sommes mises en jeu et qui sont relativement modestes,
pour les consommateurs à titre individuel.
Néanmoins, ce recours collectif, à l’instar du recours individuel que pourrait intenter
un consommateur, ne constitue pas, en matière de litiges de consommation, le moyen de
procédure idéal qui permettrait d’assurer le respect des droits substantifs conférés aux
consommateurs.
Il comporte de longs délais entre le dépôt de la requête et le jugement au fond et
nécessite des couts importants que les associations de consommateurs ne sont pas en mesure
d’assumer dans la mesure où leur pouvoir n’est accompagné d’aucune aide financière;

En troisième lieu, qu’après l’obtention d’un jugement reconnaissant le caractère abusif


d’une clause, il est difficile de faire modifier les contrats d’autres fournisseurs du même
secteur. En effet, un jugement n’a qu’un effet relatif en vertu du principe de l’autorité
relative de la chose jugée. Dés lors, l’injonction de suppression de clauses abusives ne
s’adresse qu’au défendeur à l’action pour leur part, les autres fournisseurs non attraits en la

216
Ces délais sont peu compatible avec le besoin des consommateurs de voir leur litige rapidement réglé
(octroi d’un montant d’argent, obtention d’un nouveau produit, certitude quant aux frais qu’ils sont légalement
tenus de payer au commerçant, etc.)

78
cause, peuvent continuer à diffuser librement des clauses identiques dans d’autres modèles
de convention ;
En quatrième lieu, que le recours judicaire, individuel ou collectif, vise exclusivement
la suppression des clauses jugées abusives. Il ne permet pas de contrôler la nouvelle
rédaction du contrat. L’association ou le juge ne peuvent imposer une nouvelle clause en
substitution de celle considérée comme abusive. Il n’y a pas de contrôle possible par le juge
de la modification du contrat. Dés lors rien n’empêche le fournisseur de modifier cette
clause abusive par une nouvelle clause également abusive mais rédigée différemment.

Chapitre 2 : Une protection administrative et extrajudiciaire insuffisante

Section 1: Une protection mal assurée par les autorités administratives.

Parmi les facteurs fragilisant l’efficacité de l’application des mesures protectrices du


consommateur, et qui par leur conjugaison empêche leur mise en œuvre, il s’agit tout
particulièrement de la pluralité des intervenants (§1) et le chevauchement des compétences
(§2), Mais ces nouveaux dispositifs ne compliquent-ils pas plus la situation, alors que la
théorie générale des obligations et des contrats prévoyait une procédure différente (§3)?

§1. La pluralité des intervenants

Parmi les mesures d’accompagnement mises en place par la loi 31-08, la création des
nouvelles institutions(B). En plus la loi 31-08 bénéficie de l’intervention de plusieurs organes
rattaches a différents ministères, qui font souvent appel a la compétence des laboratoires de
contrôle (A).

A. Les organes de contrôles

Même avant la promulgation de la loi 31-08, il existait bien différentes administrations


chargées de la police des prix et de la qualité. Ces services sont, soit rattachés à des
Ministères, soit agissant d’une manière autonome. Le nombre des Ministères concernés,
chacun en ce qui le concerne, par l’application de la loi 31-08 est assez impressionnant. Il
s’agit du Ministère de l’industrie, du commerce et des nouvelles technologies, Ministère de
l’économie et des finances, Ministère de l’équipement et du transport, Ministère de l’habitat et
de l’urbanisme et de la politique de la ville, Ministère de l’énergie, des mines, de l’eau et de
l’environnement, Ministère de l’Agriculture et de la pêche maritime, Ministère de la santé,

79
Ministère du tourisme, Ministère de l’artisanat.
Mais avant même la promulgation de la loi 31-08 édictant les mesures de protection du
consommateur, différents organismes prévu par d'autres textes étaient intéressés par les
rapports de consommation.

Au niveau des Ministères en trouve : Ministère de l’industrie, du commerce et des


nouvelles technologies, l’administration centrale comprend en plus des autres directions, une
direction de la qualité et de la surveillance du marché217. Elle contribue à l’amélioration du
cadre juridique, organisationnel et institutionnel de la protection des consommateurs. Elle
renforce également et accompagne les activités des associations de protection des
consommateurs218. Aussi, cette même direction comprend en plus à d'autres divisions, la
division de la protection des consommateurs, qui comprend à son tour un service chargé de
l’amélioration du cadre du consumérisme, et un service d’accompagnement des associations,
Ministère de l’Agriculture et de la pêche maritime, cinq organes y sont investis des missions
de contrôle, Ministère de la santé, est en charge de deux dossiers majeurs, la salubrité des
produits alimentaires et la sécurité des médicaments, Ministère de l’intérieur, se fait au niveau
central à travers deux structures, la direction de la coordination des affaires économiques, qui
agit dans les différentes provinces et préfectures à travers l'institution de la hisba précitée et
les divisions économiques et sociales; et la direction générale des collectivités locales, qui
comprend parmi ses services, une division de l’hygiène communale qui est chargée de suivre
l’activité des bureaux municipaux d’hygiène (B.M.H). En plus des différentes administrations
relevant des Ministères, il existe seize laboratoires, chargés de faire les vérifications
nécessaires sur la qualité des produits219 à part les organes de contrôle des mesures
d'accompagnement mises en place par la loi 31-08 pour créer un environnement favorable à la
protection des droits des consommateurs.

B. La consolidation du cadre institutionnel

Parmi les mesures d’accompagnement mises en place par la loi 31-08 pour créer un
environnement favorable à la protection des droits des consommateurs, deux institutions sont
créées: le Conseil Supérieur de la Consommation (a) et la fédération nationale de protection
du consommateur (b), en plus d'un corps d’enquêteurs (c) spécialement commissionné.

217
Article 4 du décret n° 2-10-74 du 6 juillet 2010 fixant les attributions et organisations du ministère de
l'industrie, du commerce et des nouvelles technologies
218
Article 11 du décret n° 2-10-74
219
ABABOUCH.L, « Rapport sur le contrôle de la qualité des produits agricoles et alimentaires au Maroc, Institut
agronomique et vétérinaire Hassan II », Rabat, avril 1999, p29.

80
a. Le Conseil Consultatif Supérieur de la Consommation (CCSC)

La loi 31-08 édictant des mesures de protection du consommateur a annoncé qu’il "
sera institué un conseil consultatif supérieur de la consommation, sous forme d’institution
indépendante, chargé notamment de proposer et de donner son avis sur les mesures destinées
à promouvoir la culture consumériste et à augmenter le niveau de protection du
consommateur220", un organe consultatif ayant une force de suggestion en matière de
politiques de la consommation.
La composition de ce conseil et ses modalités de fonctionnement seront fixées
conformément à la législation en vigueur.
Aussi, certains militants associatifs se demandent si le CCSC ne pourrait-il pas
empiéter sur les missions du Conseil de la concurrence? Les deux institutions peuvent être
saisies pour des problématiques liées à la protection des consommateurs. Le chevauchement
entre les missions de ces deux organismes ne serait-il pas à la base du retard qu'accuse
l’apparition du décret d’application relatif au CCSC?

Or, le Conseil de la concurrence est également un simple organe consultatif sans aucun
pouvoir de décision, ni au sens administratif ni au sens judiciaire. Il ne dispose pas du pouvoir
d’enquête et d’auto-saisine, ce qui limite considérablement ses possibilités de procéder aux
investigations nécessaires pour l’instruction des dossiers dont il est saisi, et ne lui permet pas
d’analyser sur sa propre initiative les comportements anticoncurrentiels pouvant se produire
sur le marché. Il peut être consulté par un certain nombre d’autorités et d’institutions, mais les
conseils et les recommandations qu’il fait en réponse aux consultations à lui demandé ne
s’imposent jamais aux instances qui les ont sollicités221. Devant cette situation force est de se
demander à la limite quel est l’intérêt de créer un deuxième organe si déjà le premier ne sert à
rien? En réalité, malgré la nature purement consultative, sans aucune force légale exécutoire
de sa mission, la pratique observée montre que l’administration se conforme très souvent à
l’avis formulé. Quand elle s’en écarte, elle s’efforce d’améliorer son opinion initiale par des
éléments puisés dans ledit avis. Enfin quand elle le néglige purement et simplement, elle le
fait dans des circonstances exceptionnelles soit d’opportunités politiques, soit de faits
particuliers222.
Sans la publication du décret d’application relatif au CCSC, il est difficile de

220
Article 204 de la Loi 31-08
221
DRISSI.M. MACHICHI.A, « Concurrence, Droits et Obligations des Entreprises au Maroc », ed. Eddif, 2004,
p.255.
222
Ibid., p.256

81
déterminer ses attributions spécifiques, par rapport à celles dont a la charge le conseil de la
concurrence.

b. La Fédération Nationale de Protection du Consommateur

Les associations de protection du consommateur reconnues d’utilité publique223,


doivent se constituer en une Fédération nationale de protection du consommateur régie par la
législation relative au droit d’association et les dispositions de la loi 31-08 édictant des
mesures de protection du consommateur. Cette Fédération acquiert de plein droit la
reconnaissance d’utilité publique. Les statuts de la Fédération nationale de protection du
consommateur sont fixés par décret. La reconnaissance d’utilité publique lui est conférée par
décret224. Or ce décret n’a toujours pas été publié. La loi 31- 08 reconnait à la Fédération la
possibilité de former des actions en justice, intervenir dans les actions en cours, se constituer
partie civile devant le juge d’instruction pour la défense des intérêts du consommateur et
exercer tous les droits reconnus à la partie civile relatifs aux faits et agissements qui portent
préjudice à l’intérêt collectif des consommateurs225.
La Fédération peut également, lorsque plusieurs consommateurs, personnes physiques
identifiées ont subi des préjudices individuels causés par le même fournisseur et qui ont une
origine commune, agir en réparation devant toute juridiction au nom de ces consommateurs, si
elle a été mandatée par au moins deux des consommateurs concernés226. De même, les
significations et notifications qui concernent le consommateur sont adressées à la Fédération
nationale ou à l’association de protection du consommateur qui introduit l’action en justice en
son nom227.

Aussi, la Fédération peut également demander à la juridiction statuant sur l'action


civile ou sur l’action accessoire d’enjoindre au défendeur ou au prévenu, de cesser les
agissements illicites ou de supprimer dans le contrat ou le contrat-type proposé ou adressé aux
consommateurs, une clause illicite ou abusive228.
Toujours est-il, malgré la promulgation de la loi 31-08 édictant des mesures de

223
Article 154 de la Loi 31-08: "Les associations de protection du consommateur peuvent être reconnues
d'utilité publique si elles satisfont à la législation et la réglementation en vigueur relatives au droit
d'association;
elles doivent en outre avoir pour objet statutaire exclusif la protection des intérêts du consommateur et être
régies par des statuts conformes à un modèle de statut- type fixé par voie réglementaire".
224
Article 155 de la Loi 31-08
225
Article 157 de la Loi 31-08
226
Article 158 de la Loi 31-08
227
Article 159 de la Loi 31-08
228
Article 162 de la Loi 31-08

82
protection du consommateur, l’application de certains articles majeurs, dont font parties ceux
relatifs à la création de la Fédération nationale de protection du consommateur, reste
suspendue tant que les décrets de leurs applications ne sont pas encore adoptés.

C. Un nouveau corps de contrôle

Par la promulgation de la loi 31-08 édictant des mesures de protection du


consommateur, un nouveau corps de contrôle a vu le jour. Il s’agit des enquêteurs
spécialement commissionnés à cet effet par l’administration compétente. Ils sont qualifiés
pour procéder à la recherche et à la constatation des infractions aux dispositions de la même
loi229. Ils doivent être assermentés et porteurs d’une carte professionnelle délivrée à cet effet
par l'administration compétente, selon les modalités fixées par voie réglementaire230. Ces
agents sont astreints au secret professionnel sous peine de sanctions.

§2- Le chevauchement des compétences

La pluralité des services de contrôle n’est pas négative à priori, dès lors que les
compétences de chaque structure sont déterminées avec précision, de telle sorte que l’action
des uns et des autres se fasse dans le sens de la complémentarité et non de la concurrence. Or
la multiplicité que nous a léguée le protectorat a été maintenue et développée après
l'indépendance, avec des compétences non délimitées entre les différents services de
contrôle231.

Cette "inflation des services"232 est préjudiciable à l’efficacité du contrôle, "au


point que l’entreprise peut se transformer en chantier permanent d’interventions externes de
contrôle"233. Le plus curieux pour les entreprises est que chaque autorité de contrôle se réfère
à sa propre circulaire, ses propres normes234. Les interventions des uns et des autres ne sont
pas dictées par une stratégie unifiée, mais se font "au coup par coup, le plus souvent en

229
Article 166 de la Loi 31-08
230
Voir annexe du Décret n° 2-12-503 du 11 septembre 2013 pris pour l'application de certaines dispositions de
certaines dispositions de la loi 31-08 édictant des mesures de protection du consommateur, portant modèle de
la carte professionnelle des enquêteurs.
231
BENDRAOUI.A, « La protection du consommateur au Maroc », éd. REMALD, col.Manuels et travaux
Universitaires, 2002, p114.
232
Ibid p. 178.
233
Ibid, p178
234
Ibid, p 178.

83
réaction à une situation donnée"235. Il s’ensuit des doubles emplois et de multiples conflits de
compétence qui sont préjudiciables, en définitive au consommateur, à l'entreprise et à la
crédibilité des pouvoirs publics236. Ainsi, la faiblesse de la coordination figure parmi les
principaux dysfonctionnements du système de contrôle et qu'il convient d'aller vers une
meilleure unité de l’action de contrôle.

C’est pour cette raison que les pouvoirs publics ont déjà mis en place un certain
nombre de structures horizontales qui groupent les Ministères concernés, en vue d'harmoniser
l’action de l'État.

La multiplicité des organes de contrôle, avec toutes les conséquences qui en découlent
(enchevêtrement, chevauchement, concurrence...), a amené les pouvoirs publics à créer
plusieurs commissions en vue d’assurer la coordination entre les différents services de
l’État237.

Ces commissions n’ont pas pu dégager une doctrine unifiée. La coordination


interministérielle cherche en effet, à dépasser la dilution des responsabilités238 et établir la
cohérence nécessaire des différents organes de l’État. Elle vise ainsi à assurer l'unité de
l'action des pouvoirs publics239, en harmonisant la démarche des multiples centres de
décisions240.

235
LAHLOU.M, « Compétitivité et contrôle de la qualité, Communication faite dans le cadre du séminaire
national sur la gestion et la promotion de la qualité des produits alimentaires », Ministère de l'agriculture,
Rabat 9 et 10 mai 2000, p 17.
236 ABABOUCH.L, « Rapport sur le contrôle de la qualité des produits agricoles et alimentaires au Maroc »,
Institut agronomique et vétérinaire Hassan II, Rabat, avril 1999, p 38-37.
237
A.EL MHAMDI, « La coordination de l'administration centrale au Maroc », Thèse, Droit public, Paris 2, 1982.
238
H.RAHMOUNI, « La recherche de l'efficacité dans la gestion publique au Maroc », Thèse Droit public, Paris I,
1986, p.76, et suiv.
239
El MHAMDI.A, « La coordination de l'administration centrale au Maroc », op.cit, p 133.
240
Il s'agit des différentes commissions domiciliées auprès de la Primature ou dans un des Ministères, avec un
rendement inégal puisque certaines structures s'acquittent de leurs missions, alors que d'autres par contre
sont
inactives. Ces commissions sont:
-La Commission Interministérielle permanente pour le Contrôle Alimentaire et la Répression des Fraudes
(C.I.P.C.A.R.F);
-Le comité National du Codex Alimentaires;
-Le conseil Supérieur Interministériel de la qualité et de la productivité (C.S.I.Q.P);
-La Commission Interministérielle pour l'Alimentation et la nutrition;
-Le conseil Central d'Hygiène et de Salubrité Publique (C.C.H.S.P);
-Le Comité Interministériel d'Hygiène et de Salubrité Publique;
-La Commission Nationale de Protection Radiologique;
-Le Comité technique Consultatif d'Enregistrement des Produits Diététique et de régime;
-La Cellule Nationale de Veille Sanitaire;
-Le Comité National de Biosécurité;
-Le Comité Interministériel chargé du Développement et de la Promotion du Commerce Électronique;

84
De cette multiplicité d’organes de contrôle, ne serait-il pas judicieux de créer une
agence unique de contrôle au lieu de plusieurs services et établissements affiliés à différents
départements ministériels? Cette restructuration devrait permettre de rationnaliser les
dépenses et d'optimiser le travail de toutes les entités de contrôle.

§3- Une procédure différente de la procédure ordinaire

La théorie générale des obligations et des contrats a confié, à travers les dispositions
du D.O.C, exclusivement au juge l’appréciation des différentes situations litigieuses. Ce
dernier "peut, soit sur la demande des parties ou de l'une d'elles, soit d’office, ordonner avant
dire droit au fond, une expertise, une visite des lieux, une enquête, une vérification d’écriture
ou toute autre mesure d’instruction241". Ainsi, l’initiative d'une constatation, consultation ou
expertise judiciaire appartient aux parties ou aux magistrats avant ou après l’ouverture d’une
instance au fond. La loi permet à quiconque de pouvoir disposer de la preuve utile à la
défense de ses droits avant tout procès. Le code de procédure civile n’offre aucune définition
précise du technicien à qui cette mesure judiciaire est confiée. Tous les domaines du droit sont
concernés par l'expertise judiciaire et l’homme de l'art à une place primordiale
dans l'œuvre de la justice la loi 31-08 autorise par contre, le corps des enquêteurs dans
l’exercice de leur fonction "à demander à l’administration la désignation d’un expert
judiciaire pour procéder à toutes expertises contradictoires nécessaires"242.
Cette prérogative dévolue autrefois exclusivement au magistrat et aux parties se voit
étendre au corps des enquêteurs. Or, la désignation d'un expert judiciaire suppose un
minimum de justification en faits et en droit. Cela va-t-il être respecter par les enquêteurs?
De même, toutes les constatations, les consultations et les expertises ne servent qu'à
éclairer le juge et à porter un avis purement technique, sans porter d'appréciation d'ordre
juridique. Il revient donc souverainement au juge de donner une solution au litige. Dans le cas
des expertises demandées par le corps des enquêteurs, ces derniers ne seront-ils pas influencé
au moment de dresser leurs procès-verbaux

En lien avec ce qui a été expliqué plus haut, un autre obstacle se dégage c’est celui de
la faiblesse de la protection extrajudiciaire.

-La Commission Centrale de Contrôle de la Qualité;


-La Commission Interministérielle des Prix.
241
Article 55 du Code de procédure civile, Dahir portant loi n° 1-74-447 ,11 ramadan 1394, B.O. 30 septembre
1974).
242
Article 169 de la loi 31-08

85
Section 2 : Faiblesse des institutions alternatives ou médiatrices dans les litiges de
consommation

Parmi les objectifs fondamentaux de la loi 31-08, corriger le déséquilibre contractuel


entre le professionnel et le consommateur, à travers le renforcement de la protection du
consommateur, tant dans le domaine économique, financier, technique ou juridique243. Ainsi,
la rédaction de ces objectifs nécessite, d’une part, l’existence des dispositions juridique claires
et adéquates, qui restaure la relation contractuelle, et d’autre part, permet au consommateur,
de soulever une action en justice devant les juridictions alternative surtous que actuellement
malgré tous les efforts du législateur, la justice fait problème, ont parle d’insuffisances du
dispositif juridique en matière de recours judicaire comme on a déjà précisé amplifiée par la
faiblesse des institutions alternatives assurant le respect des normes de la consommation on
prend le cas de la médiation.

L’expression « Médiation des litiges de consommation » désigne un champ


d’application pratique des modes alternatifs de règlement des différends, qui est surtout
déterminé pas l’objectif de la protection des consommateurs244. Classiquement, cette mission
de résolution extrajudiciaire est confiée à certaines institutions245, aux associations de
consommateurs ou encore aux bureaux de réclamations des entreprises concernées.

Le droit marocain, de son coté, s’est contenté d’un dispositif général sur la
médiation conventionnelle sans pour autant prévoir un cadre légal spécifique pour ce mode de
règlement en matière de consommation. Néanmoins, certaines institutions comme le centre
marocain de consommation s’efforcent de fournir une assistance technique aux associations
de protection de consommateurs, particulièrement dans la médiation entre ces dernières et les
entreprises et en collaboration avec les associations professionnelles.

En effet, lorsque les parties s’engagent dans un processus de médiation, cela


signifie qu’elles sont conscientes que cette médiation n’est pas une action judicaire elles
doivent donc collaborer avec le médiateur pour trouver une solution qui tient compte des
intérêts respectifs. Seulement la réalité s’ouvre parfois sur des situations ou l’accord définitif
ne cadre pas avec l’essence de la médiation de consommation. Cela pourrait se manifester

243
FONTAINE.M, « la protection de la partie faible dans les rapports contractuels », rapport de synthèse in le
centre des Droit des obligations de l’université de Paris 1 et le centre de Droit des obligations de l’université
Catholique de LOUVRAIN, In LGDJ, 1996, p.614.
244
HESS.B, «Médiation Et Contentieux De La Consommation, In Médiation Et Arbitrage», litec, paris, p69.
245
Al Mohtassib, article 10 de la loi 02-82 relative aux attributions du Mohtassib et des Oumana des
corporations.

86
dans les concessions injustifiées de la part du consommateur (§1) La situation s’aggrave
encore plus devant l’absence d’un dispositif spécifique de la médiation de consommation
(§2).

§1. Les concessions consenties par le consommateur

La dangerosité de certaines concessions émane surtout de l’ignorance par le


consommateur de ses droits garantis par le droit commun (A). Cela est d’autant plus grave
que le contrôle judicaire de la transaction issue de la médiation de consommation demeure de
moindre importance (B).

A. Concessions et droit commun

Détenteurs de nombreux droits subjectifs246, les consommateurs peinent, pourtant à les


faire respecter. C’est le cas d’abord, quand l’accord issu du processus de la médiation
comprend de nouvelles charges pour le consommateur. Or, « les obligations contractuelles
valablement formées tiennent lieu de loi à ceux qui les ont faites, et ne peuvent être révoquées
que de leur consentement mutuel ou dans les cas prévus par la loi »247.
C’est dans ce sens que la cour de cassation a rendu son verdict dans un arrêt datant du
27 février 2002248. Autant dire que le principe de la liberté contractuelle ne s’inclinerait pas
exceptionnellement face à un droit du consommateur méconnu de celui-ci. La transaction
prévaut étant donné qu’elle est une convention tenant lieu de loi pour les parties. Qui plus est
« la transaction est indivisible : la nullité ou la rescision d’une partie entraine la nullité ou la
rescision totale de la transaction »249.
Certes, le consommateur pourrait utiliser à sa faveur l’alinéa 1 de l’article 114 du dahir
des obligations et des contrats qui stipule que cette disposition légale d’indivisibilité « n’a
pas lieu lorsqu’il résulte des termes employés et de la nature des stipulation que les parties
ont considéré les clauses de la transaction comme des parties distinctes et indépendantes ».
Mais, encore faut-il que le consommateur en soit conscient et s’en serve efficacement.
Cela est d’autant plus vrai qu’il « est réputé nul par la force de la loi tout engagement né d’un
abus de la faiblesse ou de l’ignorance du consommateur, lequel se réserve le droit de se faire
rembourser les sommes payées et d’être dédommagé sur les préjudices subits »250.

246
Ces droits subjectifs renvoient aux dispositions de la loi 31-08 édictant des mesures de protection du
Consommation.
247
Article 230 du DOC.
248
Arrêt n°724 du 27-02-2002, dossier civil n°99-2-1-114, sur : http://adaia.justice.gov.ma.
249
Article 114 du DOC
250
Article 59 du chapitre sur l’abus de faiblesse ou d’ignorance du dahir n°1-11-03 du 14 Rabii I 1432 (18 février
2011) portant promulgation de la loi n°31-08 édictant des mesures de protection du consommateur.

87
Quant aux clauses contractuelles, celles-ci traduisent dans certains cas une
renonciation entière du consommateur à demander ou à obtenir des dommages exemplaires.
Cela réduirait donc l’accès de ce dernier à la justice en le laissant croire qu’il bénéficie de
moins de droits que ceux dont il dispose en réalité.
Il faut noter à cet égard que d’après la cour d’appel de paris, toute rétraction ayant
pour objet une renonciation dans l’acte de transaction à un recours judicaire est nulle et non
avenue251.De son coté, l’article 18 alinéa 17 de la loi 31-08 considère abusive toute clause
ayant pour objet ou pour effet « de supprimer ou d’entraver l’exercice d’action en justice ou
des voies de recours par le consommateur, limitant indument les moyens de preuves à la
disposition du consommateur ou en imposant à celui-ci une charge de preuve qui, en vertu du
droit applicable, devrait revenir normalement à une autre partie au contrat ».
Certains auteurs252 suggèrent que le législateur aurait du prévoir expressément que
toute clause d’arbitrage ou de médiation qui entrave ou restreint le droit du consommateur
d’accéder à la justice est nulle et non avenue.

B. Concession et contrôle judicaire

Le législateur marocain n’a pas soustrait la médiation conventionnelle du cadre


général du contrat de transaction, réglementé par le DOC. Aussi, le médiateur remet-il au
terme de sa médiation l’accord aux belligérants pour qu’ils le signent. Du coup, « la
transaction a, entre les parties, la force de la chose jugée et peut être assortie de la mention
d’exequatur »253. Il y a là attribution de la force exécutoire à un accord extrajudiciaire, ce qui
lui confère une valeur juridique plus forte que la transaction conclue dans le cadre général.
Celle-ci, faut-il le rappeler, ne peut pas être exéquaturée.
Cependant, force est de constater que le pouvoir du juge homologateur s’arrête à ce
niveau, sans pour autant passer au peigne l’acte de transaction. En effet, le contrôle judicaire
s’exerce uniquement au niveau de l’exécution et de la validité de la convention de
transaction. Il se fait, alors en conformité avec les principes directeurs formulés dans le
D.O.C254.

251
C.A de Paris, pole 2, ch.1, 29 mai 2012 ( n° de RG : 11/05236), sur : http://www.jurisprudence.net.
87‫ص‬2013.‫ مجلة القانون المدني‬.‫ القاضي بتحديد تدابير لحماية المستهلك‬31-08 ‫ تسوية نزاعات االستهالك في ضوء القانون رقم‬.)‫( ال‬
‫ العزوزي‬252
253
Article 327-68 du Code de procédure Civile.
254
Article 1099, 1100 et 102 du DOC.

88
De plus, « la transaction doit être entendue strictement, et, quels qu’en soit les termes,
elle ne s’applique qu’aux contestations ou aux droits qui en ont été l’objet ».255 Quant au
contrôle de l’exécution, le juge s’assure simplement si le consommateur en tant que
demandeur n’ait été victime d’une violence, lésion ou erreur sur la personne du
professionnel, la qualité de celui-ci ou la chose objet du litige ou encore si la cause fait
défaut256.
Cela revient à dire que la loi a juste plaqué la réglementation de la transaction issue
d’un processus de médiation de la consommation sur les dispositions existantes du DOC
sans rien repenser du contenu légal qu’il contient. Or, la transaction marque ici l’issue d’un
processus amiable dans un domaine délicat. Elle nécessite donc, un traitement particulier,
étant donné la vulnérabilité du consommateur comme une partie économiquement faible,
face à un professionnel très rodé aux rouages de la consommation et un médiateur
dépourvue de toute formation appropriée.
Le juge devrait, à notre sens s’assurer, à l’occasion de l’homologation de l’équilibre
des concessions consenties réciproquement, et vérifier si celles-ci sont réelles et non
dérisoires, et si l’accord ne porte pas atteinte aux intérêts du consommateur. A défaut, le
juge pourrait alors, prononcer la nullité de l’accord ou opérer sa requalification.
Autrement dit, le juge qui homologue, à la demande des parties, l’accord qu’elles lui
soumettent devrait effectuer non seulement un contrôle de légalité mais également un
contrôle d’opportunité. Ce contrôle s’avère d’autant plus important que le dispositif légal
présent ne prévoit pas encore des compétences précise, des qualités et des exigences claires
pour les médiateurs qui voudraient intervenir dans les litiges de la consommation.
Il nous parait légitime que dans des matières teintées d’un ordre public destiné à
protéger des parties dites faibles comme c’est le cas du droit de travail, du droit d’assurance,
ou du droit de la consommation, le juge homologateur les informe préalablement sur leurs
droits de façon à ce qu’elles en disposent en connaissance de cause. Le juge ne devrait se
décharger de sa mission de protection des intérêts des parties faibles sur le médiateur qui, a
priori non juriste, n’est là que pour faciliter la réalisation de l’accord.
Enfin, on pourrait envisager la possibilité de prévoir dans l’accord une clause pénale à
l’égard de celui qui manquera à l’exécution de son accord.

§2. La faiblesse du cadre légal

255
Article 1108 du DOC.
256
Article 1111 du DOC.

89
Au Maroc, le dispositif légal existant réside uniquement dans la loi 08-05 sur
l’arbitrage et la médiation conventionnelle.
Cependant, le Maroc souffre toujours de l’absence d’un dispositif légal et
réglementaire spécifiquement axé sur la médiation en matière de consommation. En effet, le
dispositif existant constitue tout simplement le droit commun de la médiation
conventionnelle.
Aucune indication pour ce genre de médiation n’y figure tant au niveau institutionnel
qu’au niveau processuel.
Or, le besoin se fait sentir de doter la médiation dans le domaine de la consommation
d’un encadrement légal spécifique pour au moins deux raison.
D’abord, le litige de la consommation met en contact un consommateur
économiquement faible, face à un professionnel qui ne soucie guère des intérêts de celui-ci.
Ce déséquilibre s’accentue davantage quand les deux parties s’en remettent à la
justice. Les moyens aussi bien financiers que logistiques, de par et d’autre étant loin d’être
similaires ou proportionnés, cette situation pousse le consommateur à accepter sans tarder ce
qu’on lui propose dans le cadre du droit commun de la médiation.
Le déséquilibre, censé s’atténuer dans ce contexte, se maintient à défaut d’une instance
supérieure de médiation de la consommation qui aurait pour mission de superviser de près le
processus de la médiation de bout en bout et d’évaluer le travail accompli par le médiateur.
Cette instance pourrait même imposer certaines conditions relatives au profil du médiateur.
Il s’agirait entre autre pour ce dernier d’être de formation juridique, et ayant une
connaissance approfondie du droit de la consommation, et ce pour mieux garantir au
consommateur une transaction qui tiendrait compte de ses propres intérêts.
L’on donnerait également à cette instance le pouvoir de sanctionner le ou les
médiateurs enclins de tirer, sans scrupule, profit de la situation. La sanction pourrait être, le
cas échéant une simple radiation de la liste des médiateurs agrées que ladite instance
établirait pour une meilleure organisation de la médiation de la consommation257. De plus, le
conseil Consultatif Supérieur de la Consommation qui tarde toujours à s’instaurer, serait à
notre avis, après modification de sa dénomination et élargissement de ses compétences258,

257
Le conseil Consultatif Supérieur de la consommation est prévu par la loi 31-08 édictant des mesures de
protection du consommateur. L’article 204 prévoit la mise en place de l’institution, alors que l’article 205 cite,
sans les préciser, sa composition ses modalités de fonctionnement.
258
On oterait à ce conseil, pour plus d’efficacité et de rendement, la présente dénomination pour devenir « le
conseil superieur de la consommation et de Médiation des litiges de la consommation », Ses décisions seraient
donc, contraignantes et non pas à caractère consultatifs.

90
l’organe qui incarnerait au mieux cette instance supérieure de médiation de la
consommation.
De même, la loi 08-05 n’a pas accordé un délai de réflexion aux parties avant
d’approuver la solution proposée par le médiateur. Cela est d’autant plus important qu’il leur
est interdit de se rétracter après signature, comme nous l’avons déjà mentionné ci-haut, et ce
conformément à l’article 1106 du Dahir des Obligations et des Contrats.
Il faudrait également, qu’une disposition légale prévoit l’obligation pour le médiateur
d’informer le consommateur de son droit de se rétracter avant signature de l’accord dans un
délai raisonnable. En outre, avec la promulgation de la loi 53-05 relative à l’échange
électronique des données juridiques259, il est temps d’amender l’article 327-63 de la loi 08-
05 pour y insérer la possibilité pour le médiateur de notifier électroniquement aux
différentes parties au litige, son acceptation à gérer le processus de la médiation.
Cela étant, la seconde raison se rapporte au phénomène de la mondialisation qui nous
rappelle l’urgence d’une législation en matière de la médiation de la consommation. En
effet, le flux des investissements tant extérieurs qu’intérieurs, ne tardera pas à prendre
davantage un grand essor par l’instauration d’un tel dispositif. Cela renverrait une bonne
image sur notre pays loin des tergiversations judiciaire et engendrait un climat serein de
confiance qui se répercuterait positivement sur l’attrait des investissements étrangers.
Si tel serait le cas, l’édiction d’une disposition légale relative à l’obligation de la
maitrise des langes étrangers, plus particulièrement l’anglais par le médiateur serait d’un
apport indéniable. Elle faciliterait, en effet le déroulement du processus de la médiation en
amont et en aval, et éviterait aux différentes parties les malentendus que pourrait provoquer
une mauvaise tradition des propos de l’une comme de l’autre partie.

Titre2 : Dépassement des entraves à l’application des mesures protectrice


du consommateur contre les clauses abusives

S’interroger, sur le type de protection dont à besoin le consommateur, et sur les


solutions aux carences du dispositif juridique, conduit à une réflexion sur la place des
consommateurs et des professionnels dans notre société, sur les modalités et l’efficacité de
l’intervention de législateur et les différentes organes intéressés dans ce domaine, sur la
capacité dudit consommateur à prendre individuellement ou dans le cadre d’un mouvement
organisé, son destin en main.

259
Dahir n°1-07-129 du 19 kaada 1428 (30novembre 2007) portant promulgation de la loi n°53-05 relative à
l’échange électronique de données juridique.

91
Pour remédier aux carences du dispositif juridique de lutte contre les clauses abusives,
quelques solutions vont être proposées, d’une part au niveau de l’amélioration du contexte
normatif et économique (Chapitre1), et d’autre part au niveau de l'amélioration du rôle des
consommateurs (Chapitre2).

Chapitre1 : L’amélioration du contexte normatif et économique

Il faut moderniser notre législation, par l’amélioration du contexte législatif et


réglementaire (Section1), pour qu’ils correspondent à l’évolution économique et répriment les
comportements affectant notre société (Section2).

Section 1. L’amélioration du contexte législatif

§1. En matière de détermination des clauses abusives

Pour la mise en œuvre efficace de la loi n° 31-08, le Maroc a besoin de compléter


l’adoption de ses textes d’application. Bien qu’il y ait eu des efforts notables dans cette
direction (2 décrets et 13 arrêtés ont été émis), la coopération interministérielle a besoins
d’être poursuivie afin d’assurer qu’il n’y ait plus de limitations règlementaires à la pleine
applicabilité de la loi n° 31-08 par les agences de protection du consommateur et leurs
agents. Et aussi pour ne pas permettre aux fournisseurs de mauvaise foi de faire échapper
certaines clauses par le juge, le législateur doit intervenir expressément afin d’abroger les
dispositions de l’article 17 de la loi 31-08260.

En effet, l’article 16 de la loi n° 31-08 liste les types de clauses contractuelles


considérées comme abusives, alors que l’article 18 réfère à tout le contexte de la transaction.
Il n’est pas nécessaire que chaque exemple soit précisé, ni que la liste soit exhaustive dans le
sens que les autres pratiques commerciales non listées doivent être admises. En outre, les
obligations commerciales plus détaillées relatives aux politiques sur les garanties
contractuelles et les pièces détachées pourraient être développées par des règlements en
conformité avec le Principe directeur 25.

Ainsi, toutes les clauses y compris celles qui sont relative au prix et à la détermination
de l’objet d’un contrat devront faire l’objet d’un examen de leur caractère par le juge même si

260
Article 17 « L’appréciation du caractère abusif d’une clause au sens de l’article 16 ci-dessus ne porte ni sur la
définition de l’objet principal du contrat ni sur l’adéquation du prix ou de la rémunération au bien vendu ou au
service offert pour autant que les clauses soient rédigées de façon claire et compréhensible ».

92
elles sont rédigées de façon claire et compressible. Il faut garder présent à l’esprit que cette
transparence ne garantit pas l’absence de tout déséquilibre significatif dans une clause.

§2. La nécessite d’une codification globale

Le droit de la consommation il a pris forme par la loi 31-08 édictant des mesures de
protection du consommateur, mais qui reste en corrélation certaine avec d'autres disciplines et
textes juridiques. De sa dimension transversale, nous pouvons constater que le droit de la
consommation intéresse la théorie générale des obligations, le droit commercial, le droit
économique, le droit judiciaire, le droit pénal, le droit administratif, le droit fiscal, ect.
La transversalité constatée du droit de la consommation souligne la place spéciale que
le droit de la consommation occupe à l’intérieur du système juridique.
Nul ne doute aujourd’hui que l’urgence est d’établir un code de consommation
permettant une harmonisation et un recensement des textes, facilitant ainsi son application
aussi bien pour ceux qui ont la charge de l’appliquer tous les jours, que pour ceux qui en
bénéficient261.
En effet, La codification désigne l'action qui permet de procéder à un classement
organisé et structuré des textes normatifs concernant une matière juridique donnée dans un
seul recueil que l'on nomme "Code". C’est une action qui obéit à une méthode rigoureuse,
précise et logique, permettant de retrouver tous les textes législatifs ou réglementaires en
vigueur.

Elle s’oppose donc à un droit éparpillé entre de nombreuses sources. Si l’idée de la


codification a connu un succès mondial, c’est sans doute parce qu’elle offre beaucoup
d’avantages, aussi nous nous demanderons quels seront ceux de la codification du droit de la
consommation?
La codification du droit de la consommation permettrait de rassembler selon un plan
cohérent l’ensemble des dispositions juridiques existantes se rapportant à la consommation.
Cela va contribuer à rendre le droit de la consommation plus lisible et plus accessible à tous
les citoyens.

Limitant les inconvénients inhérents à la sédimentation, à l’éparpillement et à


l’inflation des normes, elle est un facteur précieux de sécurité juridique et de
"réappropriation" de la loi par les citoyens, auxquels l’adage "nul n’est censé ignorer la loi"
ne saurait être décemment opposé sans que soient mis en place les instruments en facilitant la

261
OUNNIR.A, « Le droit de la consommation au Maroc entre les enseignements du passé et les Impératifs de
l’avenir », Revue de droit et d’économie, N° 10-1994, 10-1994, p, 18.

93
connaissance262.
De même, vu la transversalité reconnue au droit de la consommation, cela va
permettre de fixer à l’avance les liens par lesquels les normes en présence s’articulent entre
elles, "Elle n’est autre chose que la remise en ordre du droit existant à des fins pratiques"263.
Dans ce contexte, la codification du droit représente un instrument et non une fin en
soi264.
Cette utilité peut se détacher de la précédente. En simplifiant le droit de la
consommation, la codification satisfait alors l’objectif de sécurité juridique265.
Aussi, la codification va permettre une grande sécurité. Elle va permettre de savoir
quelles sont les lois en vigueur.

Dans les codes, ne sont mises que les lois qui sont en vigueur, donc la question de
savoir si une loi est en vigueur ou pas ou bien de savoir si elle est abrogée ne se posera plus.
Donc, la codification du droit de la consommation va permettre le rassemblement des
textes éparpillés autour d'un fil conducteur « la protection du consommateur ».
De par sa relation avec les différents domaines périphériques, de multiples difficultés
doivent être réglées pour établir un code qui veille à situer les dispositions de l'ensemble des
matières qui constituent le droit de la consommation, préservant ainsi la cohésion et
soulignant l'autonomie de cette discipline juridique nouvelle, dont les contours restent sans
doute imprécis, mais dont la réalité ne peut plus être niée dans l'organisation et le
fonctionnement des marchés, des biens et des services.
Il s’agit notamment d’assurer une cohérence du cadre normatif mis en place pour les
consommateurs. C’est également un gage de visibilité, d’accessibilité et d’effectivité.

En effet, il faut souligner, qu’il est question tant de cohérence interne de la loi édictant
des mesures de protection du consommateur, que de sa cohérence externe. Pour ce qui est de
la cohérence interne, il s’agit de veiller à l’adoption d'une terminologie uniforme à travers la
loi, harmoniser les outils de protections, proposer un ordonnancement des titres et des
chapitres de la loi selon l’ordre logique du déroulement des relations qui s’établissent entre les
consommateurs et les entreprises et au sein des chapitres, réorganiser l'ordre des dispositions

262 Il est vraiment facile de trouver une loi parmi un code que de multiples volumes. Cette codification est
surtout une simplification dont découle l'accessibilité aux textes, c'est aussi une façon de permettre au
citoyen d'accéder lui-même au droit sans que cela nécessite l'intervention d'un homme de loi.
263
TALLON.D, « La codification dans le système de common law, Droits », 1998, p.41
264 BRAIBANT.G, « Utilité et difficultés de la codification, Droits », 1996, p.72;B. Oppetit, L'avenir de la

codification, Droits,1996, p 75
265 MOLFESSIS.N, « Les illusions de la codification à droit constant et la sécurité juridique », RTD ci.,2000, p

186 et s.

94
parfois dispersées.
Pour ce qui est de la cohérence externe, c'est surtout veiller à la bonne coexistence
entre la loi 31-08 édictant des mesures de protection du consommateur, le D.O.C, et les autres
lois particulières intéressant, directement ou indirectement, les intérêts des consommateurs.
Aussi, le travail qu'il faut entreprendre, doit créer les conditions favorables au
développement du droit de la consommation au sein d’une réalité socio- économique toujours
changeante, et nullement figer cette évolution en enfermant la matière dans un cadre précis ou
une catégorie nouvelle de droit.
En effet, la codification du droit de la consommation serait une démarche forte louable
pour faciliter l'assimilation du droit de la consommation, aussi bien par les professionnels du
droit, que par le simple citoyen.

Elle permettrait le passage de droits épars au code de la consommation, recueils de


l’ensemble des dispositions relatives au droit de la consommation. Or, la codification peut
s’effectuer selon différentes méthodes, et la codification à droit transversal et constant est la
mieux appropriée dans le cas de l’élaboration du code de la consommation.

Section2 : Garantie de la transparence du marché

Selon, une phrase relève dans une étude de L’OCDE266 résume le tout : « La politique
de la concurrence fait fonctionner le marché et protège le consommateur d’une quelconque
déception »267.

La mise en ouvre d’une véritable économie concurrentielle protégeant efficacement le


consommateur passe par l’accroissement de la transparence du marché.

La loyauté des transactions et le respect de la concurrence assure une forme de protection


du consommateur, notamment à travers la fidélité à tenir ses engagements, à obéir aux règles
de l’honneur et de la probité, à l’encadrement juridique des contrats d’adhésion, et à répondre
de manières adéquate aux besoins des consommateurs les plus vulnérables, ceux-ci étant plus
exposés aux aléas du marché qui entravent les droits fondamentaux du consommateur.

266
Organisation de coopération et de développement économiques
267
Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement. Conseil du commerce et du
développement Commission du commerce et du développement Réunion spéciale d’experts sur la protection
des consommateurs Genève, 12 et 13 juillet 2012 : « L’objectif principal du droit et de la politique de la
concurrence est de maintenir et de promouvoir la concurrence comme moyen d’assurer la distribution
efficace des ressources dans une économie afin d’accéder : un meilleur choix possible en terme de qualité des
prix les plus bas possible, un stock suffisant pour les consommateurs. La maximisation de l’intérêt des
consommateurs devient une préoccupation principale ».

95
La transparence du marché est évaluée par rapport à la quantité et la qualité des
informations en circulation sur le marché et qui permettront aux opérateurs de prendre la
décision en connaissance de cause, dans leur propre intérêt et dans l’intérêt générale du bon
fonctionnement des mécanismes du marché. La transparence doit tendre vers la totalité parce
que le consommateur doit recevoir toute l’information possible. Ce principe est consacré par
la loi 31-08 édictant des mesures de protection du consommateur268 à l’instar du droit
comparé269.

Le mot « Transparence » figure dans l’intitulé du chapitre II de la loi n° 06-99 relative


à la liberté des prix et de la concurrence, dont les dispositions ne consacrent pas formellement
cette notion. Elle est empruntée du législateur français qui l’utilise dans l’intitulé du titre IV,
livre IV du code de commerce. La doctrine française a critiqué la rédaction de ce titre en
estimant que ses dispositions constituent « un véritable manteau d’Arlequin fait des pièces
disparates »270.

Cependant, l’obligation de transparence se situe à un double niveau : l’obligation pèse


d’abord sur les fournisseurs et prestataire de service (banque, assurance, location, transport)
avant la conclusion du contrat.

Ces derniers doivent en effet communiquer leurs barèmes et conditions de vente à


ceux qui leur en font la demande : c’est la transparence en amont du contrat. Elle pèse ensuite
sur les parties au contrat et consiste dans la facturation des produits livrés ou prestations
fournies, c’est la transparence en aval du contrat271.

Dans les économies libérales, il incombe ordinairement aux pouvoirs publics d'assurer
la transparence des marchés, la qualification des biens et des services et la loyauté des
transactions. Il leurs échoit ordinairement aussi de garantir aux consommateurs cinq droits
fondamentaux celui d’être correctement informé pour exercer valablement le droit de
choisir le droit de s’exprimer le droit une double protection biologique et économiques et
le droit à bénéficier du progrès technique et du développement des échanges.

268
Dans ce sens l’article 3 al 1 de la dite loi énonce que « tout fournisseur doit mettre, par tout approprié, le
consommateur en mesure de connaitre les caractéristiques essentielles du produit, de bien ou du service, ainsi
que l’origine du produit, ou du bien et la date de péremption , le cas échéant, et lui fournir les renseignement
susceptibles de lui permettre de faire un choix rationnel comptes tenu de ses besoins et de ses moyens ».
269
Voir à titre d’exemple l’article L 441-3 et 6 du code de consommation français.
270
PIVROVANO.A, l’espressione de l’ordre concurrentiel dans les payes de l’union européenne ; in Algérie en
mutation ; les instruments juridiques de passage à l’économie de marché sous la direction de R. Charvin et
GUESMI.A ; éd. L’Hamarttan ; 2001.
271 CHERKAOUI.H, « Droit Commercial », 1er édition, 2001, p 226.

96
En effet, l’obligation de communication n’exige pas que l’auteur de la demande
(consommateur) ait l’intention de se procurer les produits ou les services concernés. Sa seule
qualité « d’acheteur » ou de « demandeur de prestation de service » fonde l’obligation de
communication même s’il cherche seulement à se renseigner272.

Les barèmes et conditions générales visés doivent comprendre tout d’abord les
modalités de règlement que le fournisseur de produit du prestataire de service propose à ses
clients, délais de paiement, paiement anticipé...

Donc, cette forme de transparence est imposée par la loi 104-12, le vendeur ou le
prestataire de service à l’obligation de délivrer une facture ou un document, et l’acheteur est
tenu de la réclamer.

La transparence des transactions commerciales en vers le consommateur se traduit


également par la mise à sa disposition de l’information nécessaire, pour qu’il puisse effectuer
son choix en connaissance de cause avant toute opération d’achat.

En effet, les consommateurs informés sont des consommateurs protégés contre le


caractère frauduleux, trempeur ou mensonger de l’information, la publicité, l’étiquetage ou
tout autre acte, puisque la pratique a montré que mes société et autres organisations disposent
dés informations corrects sur les produits et le marché, alors que les informations fournies par
ces sources ne sont presque jamais complètes ou correctes. Dans leur recherche de gains, les
hommes d’affaires soulignent toujours le « coté positif » de leur produits, or la protection du
consommateur contre les clauses abusives préétablies, l’information afférente aux prix, aux
conditions de vente et à la remise de la facture est la base de la transparence souhaitée envers
le consommateur273.

Il est donc important, compte tenu de la situation actuelle, que les entreprises se
lancent dans un programme vigoureux d’une manière à assurer la protection des
consommateurs, en interdisant les conditions inéquitable données sur un abus de pouvoir
économique, et de l’octroi d’avantage excessifs à cette partie.

CHERKAOUI.H, op.cit, p 226.


272
273
Préface, « Droit de la concurrence et circuit de distribution au Maroc », publication de la REMALD, collection
manuels et travaux universitaitres, n°43-2003, p 66.

97
Chapitre 2 : Amélioration du rôle des consommateurs

Dans le contexte de la liberté économique, le consommateur à une responsabilité


reconnue dans la perfectibilité du marché. C’est par son comportement d’acheteur averti que
le consommateur amènera les professionnels à respecter l’éthique de la concurrence274.

Le consommateur peut par ces exigences vigilantes, par sa réactivité à tout


dysfonctionnement, donner la plus grande efficacité aux dispositions conçues en sa faveur et
saisir la justice lorsque celle-ci ne sont pas respectées.

Mais pour que le consommateur puisse jouer pleinement sont rôle d’acteur
économique, il a besoin d’être entendu, informé et même conseillé dans le cadre des
programme d’accompagnement qui peut être mené par les associations de consommateurs
(Section 2) ensuit , faut il rendre plus accessible l’accès à la justice (Section1) soit par des
consommateurs individuels soit par des représentants ou des groupes de justiciables,
permettant à ces derniers de devenir des « défenseurs » de leurs droits ou intérêts collectifs et
cela en facilitant le contact avec l’institution judicaire.

Il import donc, d’améliorer la performance des consommateurs en apportant les


correctifs nécessaires aux défaillances constatés, et les activités permettant de mieux faire
connaitre ce droit aux consommateurs ainsi que la façon de l’exercer.

Section1 : L’action sur le consommateur lui-même : faciliter son accès au droit et à la


justice

L’accès du consommateur à la justice revêt une importance accrue, vu son rapport


avec le renforcement de la confiance dans le système judiciaire et la facilité de l’accès à la
justice et la garantie de la transparence. C’est pour cette raison, ce sujet est devenu parmi les
critères d’efficacité des systèmes juridiques et judiciarisons contemporaines275.

L’accès à la justice est devenu un droit fondamental se manifeste à travers plusieurs


mécanismes à leur tête, le droit à l’accès à la justice, ce qui-il veut dire la possibilité reconnue
à l’individu à exposer sa requête (action) devant une juridiction officielle ce qui a été consacré
et reconnu par plusieurs chartes internationales276 qui dispose sur l’égalité devant la loi et la

274
Korsun.G, « Droit et politique de la concurrence », séminaire Euro-Méditerranéen, Casablanca 18 et 19 juillet
2000, à partir de la p16.
‫ تقديم االستاذ‬- "‫ القاضي بتحديد تدابير لحماية المستهلك‬31-08 ‫ المهدي العزوزي –"تسوية نزاعات االستهالك في ضوء القانون زقم‬275
.64‫ص‬-2013 ‫ السنة‬- ‫منشورات القضاء المدني‬-‫أخريف عبد الحميد‬
276
Article 7,10 De La Déclaration Universelle Des Droits De L’homme.

98
justice et comme ça été retracé par plusieurs constitutions277 notamment la constitution
marocaine du 2011 dans son Art 118 qui énonce : « l’accès à la justice est garanti a toute
personne pour la défense de ces droits et ses intérêts protégés par la loi. Tout acte de nature
réglementaire ou individuelle, pris en matière administrative, peut faire l’objet de recours
devant la juridiction administrative compétente », droit d’ester en justice est reconnue à tout
citoyen pour défendre ses intérêts et ses droits qui sont protégés par la loi.

En effet, les consommateurs ne pourront avoir accès à la justice que s’ils obtiennent
d’abord accès au droit et aux tribunaux. Nous commençons d’une part par une méthode qui
vise à faciliter l’accès à la justice, dont l’aide juridique (§1). Et d’un autre côté un pas reste à
franchir l’introduction d’une véritable action de groupe (§2).

§1. L’aide judicaire

La garantie de la justice garantie le recours à la protection judiciaire sans distinction


un pauvre et un riche, ce qui veut dire que le principe de garantie, repose sur l’exonération
des justiciables de payer278: Frais de justice; la taxe judiciaire pour certaines catégories 3 faire
bénéficier une certaine catégorie (individus) de l’aide judiciaire. C’est pour cela l’instauration
du système d’aide judiciaire en application du principe de la gratuité de la justice pour
certains nécessiteux qui ne peuvent supporter les frais de justice pour défendre leurs intérêts
devant les tribunaux et le système d’aide est venu pour compenser l’inégalité dont souffre la
gratuité de la justice.

En effet, l’aide juridique peut être définie comme suit : « Bien que déduite du système
français d’assistance judiciaire, la définition qu’en donne Henri Capitant s’applique au
système adopté dans notre pays. D’après ce juriste, elle est “une institution qui assure aux
personnes dont les ressources sont insuffisantes la gratuité provisoire ou définitive des frais de
justice”279

Le système d’assistance judiciaire en vigueur au Maroc a été instauré par le dahir


12/8/1913280 et actuellement règlementé par les dispositions de: décret royal n°514-65 (17
RAJEB 1386) sur l’assistance judiciaire (B.O.16 novembre 1966) : La Loi n°28-08

Article 14 de Le Pacte International relatif aux Droits Civils et Politique. Article 6 de La Convention Européenne
Des Droits De L’homme.
277
Constitution espagnole dans son article 24.
,1995 ‫ معلقا عليه بأحكام محاكم النقض العربية الى غاية‬,‫ الجزء االول‬,‫ شرح قانون المسطرة المدنية والتنظيم القضائي‬,‫ عبد العزيز توفيق‬278
.35 ‫ الى‬33 ‫ ص‬,)‫المكتبة القانونية(دون طبعة وال سنة‬
279
G. GARNEAU, loc. cit., note 7, 221.
.12‫ ص‬,1999‫ شتنبرر‬,18 ‫ عدد‬,‫ مجلة الحدث القانوني‬,‫ مؤسسة المساعدة القضائية‬,‫محمد لمريني‬280

99
promulguée en date de la 20/10/2008 portante promulgation de la loi organisant la profession
d’avocat (B.O.6 Novembre 2008), dans ses deux Articles 40 et 41 qui disposent l’assistance
judiciaire.

En effet, dahir du 17 Mars 2011 de l’institution du médiateur qui dispose dans son Art
7 sur la possibilité accordée à médiateur peut adresser à l’autorité judiciaire compétente une
recommandation afin de faire bénéficier, conformément aux procédures prévues par la
législation en vigueur, les plaignants qui se trouvent dans une situation matérielle difficile,
notamment les veuves, les femmes divorcées, les orphelins, les personnes handicapées et
toutes les catégories de personnes en situation de précarité, de l’assistance judiciaire lorsque
les plaignants concernés envisagent de recourir aux juridictions administratives. De
démettre une recommandation aux autorités judiciaires spéciales d’encourager certains
catégorises précaires qui ne dispose pas de moyens financiers de leur accorder une aide
judiciaire s’elle compte recourir a la justice administrative et profite d’aide judiciaire suivant
deux systèmes:

A. Le système d’assistance judiciaire

L'assistance judiciaire est un système qui permet à certaines personnes de ne pas


payer certains frais de la procédure en justice (frais d'enregistrement, frais d'envoi,
intervention d'un huissier de justice, expertise, etc.). Ces frais sont alors payés par l'Etat.

La situation du consommateur comme étant la partie faible, devrait obliger le


législateur marocain à disposer clairement dans la LPC que les consommateurs peuvent
profiter totalement ou partiellement de l’aide judiciaire, tout ce qu’ils ne disposent pas
suffisamment de moyens d’assurer leur défense devant la justice281, et par là même d’élargir
la catégorie des bénéficiaires par la force de la loi du système d’assistance judiciaire.

B. Système d’assistance judiciaire locale sur demande

L’assistance judiciaire locale sur demande c’est celle qui est accordée suite à une
demande appuyée par une preuve d’incompétence à régler les frais de justice, la demande est
adressée au procureur du roi au procureur général du roi suivant le tribunal compétent à
statuer sur l’affaire, et on statut sur cette demande dans une commission compétente.

.210‫ ص‬,‫ مرجع سابق‬,‫ القاضي بتحديد تدابير لحماية المستهلك‬31-08 ‫ قراءة في مشروع قانون رقم‬,‫ عبد الحميد اخريف‬281

100
En effet, l’assistance judiciaire comporte exonération des frais de justice frais
d’expertise, le déplacement des juges, frais des témoins et des secrétaires greffier282, et
s’entend aussi par la force de la loi aux procédures d’exécution283.

En effet, L’accès du consommateur à la justice exige sa gratuité au sens large284 tenant


en considération les spécificités des contentieux de consommateurs, qui rend quasi impossible
le respect de l’égalité entre les parties à cause des frais de justice excessive pour un préjudice
de moindre importance (indemnité pour consommation de produits, réparation d’un
réchaud)285, ce qui a posé certaines à se demander le vrai sens de la gratuité justice.

Puisque le législateur marocain à réglementé les frais de justice par rapport à tous les
tribunaux (administratif civil commerce) et le consommateur se trouve dedans parmi les
justiciables avec la partie riche et doit donc régler tous les frais. Malgré la prolifération des
abus en réalité, rares sont ceux qui peuvent recourir aux tribunaux pour profiter de la
protection judiciaire de leurs droits ce qui rend ce type d’action très rare, et parmi les motifs
qui posse le consommateur à faire la justice c’est la cherté des frais.

Pour faciliter un accès à la justice efficace286 et par la même assurer là sécurité


judiciaire de consommateur, il faut revoir le système d’aide judiciaire de sorte à préserver les
intérêts du consommateur et ce par : droit du consommateur à choisir un avocat et prendre en
compte le revenu mensuel et le critère de simple contentieux commun 2 critères d’accord
l’aide judiciaire ; l’élargissement des personnes bénéficie par la force de la loi de l’assistance
judiciaire ; recevoir les dispositions de L’art 41 de la loi organisant la profession
d’avocat. Faire intervenir d’autres procédures similaires à l’assistance judiciaire, en
l’occurrence l’assurance risque qui confort à l’assureur de régler les frais des parties à
l’assureur.

21‫ ص‬,1986 ,)‫ الطبعة االولى (دون مطبعة‬,‫ االعفاء من اداء الرسوم القضائية ومجانية الدفاع عن التشريع المغربي‬,‫ محمد بلهاشمي التسولي‬282
.‫ومابعدها‬
283
Dans le cadre de L’art 40 de la loi relative à organisant l’exercice de la profession d’avocat dispose que: le
bâtonnier nomme pour tout justiciable qui bénéficie d’aide judiciaire un avocat inscrit, ou dans la liste des
stagiaires, d’initier toutes les procédures nécessaires, généralement l’avocat est choisi parmi les stagiaires c’est
pour cela qu’il faut laisser le choix au le justiciable ou lieu de le laisser au bâtonnier pour en choisir, et ce pour
rendait l’assistance judiciaire plus efficace, visant à rendre le système d’aide judiciaire plus efficace et son rôle
dans la réalisation la légalité entre les parties généralement inéquitables.
284
rassat.M-L, « la justice en France », ed, puf, collection, que sais-je ?1996, p.226.
285
CALAIS- AULOY.J et STEINMETZ.F, « Droit De La Consommation », Dalloz-Sirey, 7eme édition, (17 août
2006), p519.
286
BOUDAHRAIN.A, « Réflexions Pour Un Meilleur Accès A La Justice », in rev. De droit d’économie, n°6, 1990,
p. 11 et s.

101
En effet, le choix par le législateur dans la LPC de parler de simple procédure de
protection du consommateur en écartant le choix fait par le Code constituer l’une des raisons
qui désintéressent le consommateur (ignorant des droits d’accès). Et par là même accorder
aux lois comme constante de la sécurité légale du consommateur qui suppose l’accès facile au
sens large, et ne peut se réaliser que par facilité d’accès aux lois : il faut éclaircir le texte
juridique vers le fondement des bases d’aide judiciaire ; donner des conseils dans le domaine
juridique ; faciliter l’accès au droit et à la justice. Il est temps de s’attacher à la vraie
difficulté que rencontre le consommateur, celle de l’accès à la justice et de son rôle décisif.

A ce titre, notre principale préoccupation est de promouvoir par tous les moyens en
notre possession, une égalité réelle entre les justiciables (consommateurs) au niveau des
chances de chacun à la justice étatique au moindre cout.

Par ailleurs, afin de faciliter l’accès de consommateur au droit, il importe de lui assurer
une information générale sur ces droits et obligations, l’orientation et le conseil. A ce niveau
la loi sur la protection du consommateur prévoit la création au sein du conseil national de la
consommation, une commission d’aide à l’accès au droit, cette dernière aura pour mission
l’adoption d’une politique nationale, régionale et locale d’aide à l’accès des consommateurs
au droit et à la justice permettant de surmonter tous les obstacles constatés à ce niveau.

Aussi, notre état doit veiller à ce que les consommateurs, notamment pauvres et
démunis, ne souffrants par trop d’une justice difficilement accessible et profitable seulement à
ceux qui ont les moyens pour faire reconnaitre ou faire respecter leurs droits.

La planification du développement de notre pays en matière de justice ne devra pas se


limiter à prévoir la création de tel nombre de tribunaux ou tels postes d’emploi du personnel
judicaire. Le développement recherché doit, pour être durable et bénéfique à tous, tendre à
réaliser autant que possible une justice proche des consommateurs, afin d’atténuer les réaliser
autant que possible une justice proche des consommateurs, afin d’atténuer les injustices dans
les plus souvent à la pauvreté source d’inégalité diverse287.

§2. Et l’action groupe ?

La protection judiciaire du consommateur repose traditionnellement et dans l’optique


de l’approche individualiste, sur l'action du consommateur. « C'est à lui, s'il veut faire valoir

287
BOUDHRAIN.A, « Réflexion pour un meilleur accès à la justice », revue de droit et d’économie, N°6-1990, p
12.

102
ses droits, de prendre l'initiative d'une action judiciaire. Or, l'enjeu du litige, souvent très
faible pour ce qui est des litiges de consommation, l'aléa judiciaire, la complexité
procédurale, les lenteurs de la justice font hésiter le plaignant à intenter son action. » 288
L’objectif de rompre l’isolement des consommateurs et d’atténuer les déséquilibres a
conduit le législateur à soutenir le développement de la culture consumériste et à envisager
une intervention des associations dans la protection des consommateurs. La loi 31-08 sur les
mesures de protection du consommateur introduit en droit marocaine l’action du groupe au
bénéfice d’associations de défense des consommateurs.

L’action du groupe est une action qui permet aux associations de consommateurs
agréés d’agir au nom d’un groupe de consommateurs pour obtenir la réparation de leurs
préjudices matériels résultant du manquement d’un même professionnel.

Il s’agit pour l’action du groupe consommation d’une action ouverte en cas de


manquement d’un ou plusieurs professionnels à leurs obligations légales ou contractuelles,
commis à l’occasion de la vente de biens ou de la fourniture de services.
Ce mécanisme ancien qui existe depuis le XIXème° siècle aux Etats-Unis sous la
dénomination de « class action », se développe depuis plusieurs années dans des pays de
culture juridique différente289. Il est largement présent au Canada, dans plusieurs provinces
dont le Québec depuis 1978 ainsi qu’au niveau fédéral, et en Europe, notamment en
Angleterre, au Pays de Galles, en Suède et au Portugal. Il convient de préciser que ces pays
n’ont pas transposé dans leur législation la « class action » des Etats-Unis mais ont développé
chacun leur propre procédure d’action collective afin de réparer les préjudices de masse290.

Donc, le but de cette action, dont le caractère novateur est inéluctable, est la réparation
des « préjudices de masse », même si elle n’est pas le décalque de la classe action. L’action
du groupe permet de défendre les intérêts d’un nombre considérable de consommateurs dont
le préjudice personnel d’ordre patrimonial est d’un montant peu élevé par rapport au coût que
pourrait engendrer une action en justice individuelle : il s’agit ainsi de mettre en œuvre,
concrètement, le droit d’accès à un tribunal.

288
Rhalibmymohamedlahbib, « l’effectivité de la protection du consommateur en droit marocain : entre
performance et nouveautés », revue trimestrielle spécialisée dans les affaires juridiques, les études, la doctrine
et la jurisprudence, n°36, decembre2017, p.45.
289
D’autres systèmes d’action collective existent en Espagne, au Brésil, en Australie notamment.
290
CERUTTI.G, Marc GUILLAUME, « RAPPORT SUR L’ACTION DE GROUPE », rapport remis le 16 décembre 2005,
p 6.

103
De la sorte, l’action du groupe permet d’éviter l’impunité de professionnels mettant en
place des pratiques commerciales douteuses qui pourront donc se voir assigner en
responsabilité par des associations disposant des moyens propres à agir en justice.
L’action du groupe, dans la mesure où elle permet à une association d’agir en vue de
défendre un intérêt qui n’est pas personnel (comme d’autres actions), amène à rappeler
brièvement les conditions de l’action en justice énoncées par l’article 1 du Code de procédure
civile. Ces disposi²tions énoncent que : « ne peuvent ester en justice que ceux qui ont la
qualité, capacité et intérêt pour faire valoir leurs droits. Le juge relève d’office le défaut de
qualité ou de capacité ou d’intérêt ou le défaut d’autorisation lorsque celle-ci est exigée. Il
met en évidence la partie de régulariser la situation dans un délai qu’il fixe. Si la
régularisation intervient, l’action est considérée comme valablement engagée. Dans le cas
contraire, le juge déclare l’action irrecevable »291.

Il ressort de cet article que l’action en justice requiert deux conditions : l’intérêt et la
qualité et en l’absence de mandat ou d’autorisation, l’action est irrecevable en vertu de
l’adage selon lequel « nul ne plaide par procureur ».

Or, justement, l’action du groupe doit être exercée, sans mandat et sans autorisation
préalable.

Un mandat sera donné plus tard, au moment de l’adhésion du consommateur au


groupe, mais ce mandat aura pour objet de permettre à l’association de recevoir
l’indemnisation.

L’association de défense des consommateurs ne peut donc prendre seule l’initiative du


procès et doit agir avec au moins deux consommateurs qui demandent réparation de leurs
préjudices.

Les dommages et intérêts réparent (plus ou moins bien) un préjudice déjà causé à
l'intérêt collectif des consommateurs. La cessation tend, elle, à empêcher un préjudice futur:
c'est dire son importance pour la défense de l'intérêt collectif des consommateurs292. Cette
action n'est pas subordonnée à l'existence d'une infraction ou d'un préjudice. Elle ne se limite
pas aux clauses illicites, mais vise également les clauses abusives. L'action ne conduit qu'à la

291
JAAFARI.S, « Le mouvement consommateur marocain : constats enjeux et perspectives », le consumérisme
dans le monde quels choix stratégiques pour le renforcement du mouvement consumériste au Maroc, rapport
de synthèse du séminaire en commémoration de la journée mondiale des droit du consommateur, le 12 mars
2003, rabat, p.42.
292
CALAIS-AULOY.J, « Droit de la consommation », Dalloz, 8ème éd., Paris, 2010, p. 688.

104
suppression des agissements illicites ou des clauses illicites ou abusives, pas la réécriture du
contrat. Le juge peut assortir son injonction de suppression d'une astreinte et d'une exécution
provisoire293. Le juge peut enfin décider de publier le jugement rendu, par tous les moyens
qu'elle détermine. Elle a lieu aux frais du condamné ou de la partie déboutée294.

On voit bien que le législateur marocain n’a pas souhaité conférer aux associations un
moyen d’action directe, c’est le dossier du consommateur qui servira de base à l’action,
prouvera l’existence d’un litige et par là même, la qualité à agir de l’association, ce qui serait
de nature à « instrumentaliser » le consommateur.

Cette notion bien qu’originale soit inéluctablement incertaine car « l’intérêt collectif
des consommateurs » n’a pas été clairement défini par le législateur.

Il ne s’agit ni de l’intérêt général, ni de la somme des intérêts individuels des


consommateurs lésés ; à mi-chemin entre ces deux notions.

Section2 : L’action collective : Renforcement du rôle des associations des


consommateurs

La représentation des consommateurs est sans doute l’élément-clé de la politique


protectionniste à l’égard des consommateurs, dans la mesure où elle permet à ces derniers de
faire entendre leur voix et donc d’exercer leur influence sur toutes les autres politiques qui les
concernent295.

Par conséquent, les associations de consommateurs restent la seule source


d’information indépendante et objective dont le consommateur à besoin pour prendre des
décisions rationnelles sur le marché, c’est le canal par les opinions des consommateurs
peuvent être communiqués aux producteurs et au gouvernement.

Bouazza El KHARRATI, président de la fédération marocaine des droits du


consommateur (FMDC) présente ses critiques par rapport à la défense des droits des
consommateurs au Maroc. Il pointe du doigt plusieurs lacunes en matière de protection des
droits de consommateurs, entre autres l’absence de chambre des représentants des
consommateurs au Maroc et l’absence d’une politique réelle en ou la matière au Royaume296.

293
Art. 162 de la loi n° 31-08édictant des mesures de protections du consommateur.
294
Art. 165 de la loi n° 31-08édictant des mesures de protections du consommateur.
295
Miert.K-V, « L’Europe de la consommation », revue française d’administration publique, n°56-1990, P617.
296
Dans son intervention lors de l’émission diffusée : « ECO DEBAT » sur MEDI1 TV – 30 Mars 2017

105
En effet, les associations des consommateurs, surtout celles qui n’ont pas de
ressources propres sauf les cotisations de leurs membres, disposent de moyens nettement
inférieurs à la multiplicité des tâches qu’elles voudraient accomplir .Ainsi, et pour permettre
aux associations de jouer pleinement leurs rôles, les pouvoirs publics marocains doivent
s’engager dans une politique d’aide et de subventions297, imitant ainsi les pays développés
comme la France dont le secteur social est financé par le budget de la nation298. Cependant,
l’une des doléances les plus vivement formulé à l'encontre des associations de consommateurs
est leur manque de coordination et d'audience.

En effet, le contexte actuel se caractérise par l'éparpillement des démarches et de


cloisonnement des associations réduisant ainsi sérieusement la portée de l'impact des
initiatives entreprises et affaiblissant l'audience des associations des consommateurs, par les
divisions qui se nourrissent des conflits personnels ou idéologiques299.

D’une autre part, les associations ne peuvent pas étaler leur intervention sur plusieurs
champs.

Les associations de protection des consommateurs commencent à peine les dernières


années de prendre conscience de ce qu'elles peuvent représenter comme force lorsqu'elles
arrivent à coordonner leurs actions300. Mais malheureusement dans la plupart des cas l'esprit
associatif fait encore défaut et les gens sont mobilisés par des services individualisés ce qui
fait qu'il y a confusion chez certains quant au sens de l'association des consommateurs. Ces
associations militantes, elles manquent de professionnalisme et de moyens matériels et
humains301.

On tient quand même à souligner qu'effectivement plusieurs associations représentant


les consommateurs au Maroc se sont intégrées à divers programmes et projets pour participer
à leur réalisation. Les autorités veulent par ce genre d'action mettre les principales
associations fortement et sérieusement engager en réseau de dialogue permanent pour
renforcer leur rôle dans la protection des consommateurs et nouer des relations de

297
Il faut signaler à cet égard, que le système de subventions prévues par le ministère du commerce, en faveur
des associations de protections du consommateur, n’est toujours pas opérationnel.
298
FERRIER.G-CASS, « traité de doit de la consommation », 1ère édition, presse universitaires de France, paris,
p.126 et 127.
299
G. CAS-DIDIER.F, « Traité de droit de la consommation », Presses universitaires de France, 1986, p12
300
BENDRAOUI.A, Op.cit.p.225.
301
El JAAFARI.S, « Perception de la qualité et de la sécurité des denrées alimentaires par le consommateur
marocain », acte de séminaire de commémoration de la journée mondiale des droits des consommateurs
organisé par le ministère de commerce et d'industrie le 15 Mars 2001.

106
concertation continue concernant les matières qui les préoccupent. Plusieurs associations ont
été représentées au niveau de plusieurs secteurs de coordination.

Certes, les associations de la protection des consommateurs se portent partie civile


dans les affaires traitées auprès des tribunaux liés aux litiges entre les consommateurs et les
professionnels. Pourtant ces associations ne bénéficient d'aucune subvention de la part de
l'Etat, raison pour laquelle les consommateurs restent méfiants de l'efficacité de ces
associations. C'est pourquoi ces consommateurs s'obligent de se porter partie lésée dans les
plus graves cas, faute d'autres moyens plus efficaces qui lui rendront justice.

En effet, parmi les outils de la protection des consommateurs, c’est l’information et


l'éducation des consommateurs en ce qui concerne les politiques et programmes des autorités
et les incidences qu'ils peuvent avoir sur la santé publique.

Aujourd’hui, une dizaine d’associations de protection du consommateur sont actives


parmi une centaine au Maroc pour garantir les droits du consommateur, renforcer la culture du
mouvement consumériste au Maroc. Bien que ces associations disposent d’un capital humain
important et d’un accès aux médias, elles manquent de ressources financières et humaines et
des outils. « Ce n’est pas la loi qui manque au Maroc, mais c’est l’outil » à déclarer Ouadi
Madih302. Toutefois, leur participation reste timide devant la gravité du phénomène.

« A vrai dire , il n’ y a pas un vrai soutien de la part de l’Etat , à part des choses qui
sont dites mais qui restent d’encre sur papier , on constate que les associations marocaines
ayant une maturité dans le domaine consumériste sont d’une petite dizaine , alors que
plusieurs entre eux leur manquent la compétence, l’expérience et surtout une formation
orientée des dirigeants des dites associations … Ils doivent être outillés dans le domaine
consumériste et entouré de plusieurs experts leur permettant d’éclairer le champ du travail »
répliqua M. OuadiMadih, et également dans son intervention de la journée internationale du
consommateur de 2016303, lorsqu’il a exprimé son insatisfaction face au manque de
contribution financière de l’Etat à l’encontre du mouvement consumériste.

« Une autre problématique vient se greffer au niveau de la plupart des associations qui
ne sont que des instances éphémères non représentatives, non élues démocratiquement et qui
ne représentent qu’elles-mêmes » ajoute le président d’UNICONSO d’El Jadida.

302
Président de l’association de protection du consommateur UNICONSO de Casablanca et le Secrétaire
général de la FNAC
303
Conférence organisée au sein de la FSJES de Ain Chock, à l’occasion de la journée internationale du
consommateur.

107
Il est vrai qu'information et l'éducation des consommateurs comme moyens de la
gestion de la sécurité sanitaire des produits alimentaires relèvent de la compétence des
organisations de protection et d'encadrement des consommateurs. Les autorités ne font
qu'encourager ces organisations à travers le soutien des émissions télévisées ou à la radio
comme la mission qui se diffuse à 2M « stahlak bla matahlak » et « ainak mizanak ». Les
aides financières à certaines associations dans le cadre de projets portant sur les campagnes de
sensibilisation et d’information en utilisant les médias et les journaux. Cependant les efforts
consentis restent en deçà des ambitions des consommateurs.

Certaines associations de protection du consommateur profèrent des dépliants,


magazines et journaux pour informer le consommateur sur les aspects présentant des dangers
pour les consommateurs. L'utilisation de moyens d'information a pu dans plusieurs cas attirer
l'attention sur des incidents survenus portants préjudices aux consommateurs (cas des
intoxications déloyales, ...) et donc prévenir les consommateurs pour prendre garde et alerter
les autorités pour réagir en faveur de la santé des consommateurs304. Concernant la
communication sur les risques, les autorités gouvernementales doivent informer les
consommateurs de tous les dangers et risques éminents qui peuvent constituer une menace sur
leur santé. En réalité, cela se fait rarement nonobstant le développement spectaculaire des
outils d'information notamment les pages web et réseaux sociaux.

304
ECHCHRAYF.H, « Quel rôle pour les associations de protection du consommateur pour promouvoir la culture
du consumérisme », revue scientifique trimestrielle spécialisé dans les études juridiques et administratives, n°
22, 2018, p.17.

108
CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE

Au terme de cette partie, on constate que la mise en œuvre des mesures protectrices du
consommateur contre les clauses abusives apporté par de la loi 31-08, accusent un certain
nombre de difficultés sur le plan juridique, la détermination des sujets du droit de la
consommation : consommateur professionnel est une difficulté en elle-même, vu que les
frontières entre les deux suscitent quelques incertitudes, ainsi que l'insuffisance du dispositif
juridique en matière de détermination des clauses abusives et de recours judiciaire. Et d'autre
part, parmi les facteurs fragilisant l'efficacité de l'application desdites mesures et qui par leur
conjugaison empêchent leur mise en œuvre, il s'agit tout particulièrement de la pluralité des
intervenants et le chevauchement des compétences, en plus la faiblesse des institutions
alternatives assurant le respect des normes de la consommation on prend le cas de la
médiation, dans ce cadre, le droit marocain, s'est contenté d'un dispositif général sur la
médiation conventionnelle sans pour autant prévoir un cadre légal spécifique pour ce mode de
règlement en matière de consommation.

Afin de dépasse ces entraves il faut moderniser notre législation, par l'amélioration du
contexte législatif et réglementaire pour qu'ils correspondent à l'évolution économique et
répriment les comportements affectant notre société ainsi que la mise en terrain du rôle des
consommateurs, considérés comme étant objet principal de protection du législateur,
cependant, pour que le consommateur puisse jouer pleinement son rôle d'acteur économique,
il a besoin d'être entendu, informé et même conseillé dans le cadre des programmes
d'accompagnement qui peut être mené par les associations de consommateurs, ensuite, Faut-il
rendre plus accessible l'accès à la justice soit par des consommateurs individuels soit par des
représentants ou des groupes de justiciables, permettant à ces derniers de devenir des «
défenseurs » de leurs droits ou intérêts collectifs et cela en facilitant le contact avec
l'institution judiciaire.

109
CONCLUSION GENERALE
Au terme de cette humble étude, il convient de dire que, la condition actuelle du
consommateur marocaine est une condition précaire qui manque d’une protection juridique et
institutionnelle effective.

On doit reconnaitre qu’en dépit du souci louable du législateur de vouloir protéger


efficacement le consommateur contre les pratiques de certains fournisseurs consistant
notamment à insérer dans le contrat des clauses générant un d’équilibre significatif entre les
droits et obligations des cocontractants,

Le dispositif juridique actuel demeure relativement insatisfaisant et inefficace dans la


mesure où il comporte quelques insuffisances qu’il convient de combler.

Finalement, il ne nous reste plus qu’à attendre impatiemment que le législateur


marocain interviens expressément afin d’améliorer les dispositions relatives aux luttes contre
les clauses abusives pour ne pas permettre aux fournisseurs de mauvaise foi de faire échapper
certaines clauses essentielles au contrôle de leur caractère abusif par le juge.

En attendant, nous formulant un double souhait :

- D'abord, il serait judicieux de mettre en place des actions de manière à avertir le


consommateur vulnérable et réceptif. La cible première pourrait être l’élève marocain
qui est actuellement un élément influent dans la société (famille, élèves de son âge).
L’objectif serait de déployer au niveau du Royaume des actions de sensibilisation à
travers les programmes scolaires et les activités parascolaires. Cette initiative ne
saurait se faire sans la contribution des Associations de Protection du consommateur,
qui sont amenées à être en contact direct avec les consommateurs. Ce partenariat avec
les Associations permettrait également de démultiplier les actions et la méthode
d’intervention auprès des consommateurs. Tous les outils de communication
pourraient être utilisés via les manuels scolaires, les médias, les visites, les affichages,
etc.
- Ensuite, afin de lutte efficacement contre les clauses abusives et permettre aux
consommateurs de faire valoir leurs droits, il convient de leur donner les nouveaux
moyens pour réaliser cet objectif. La Division de la protection du consommateur se

110
trouve dans une position privilégiée pour ce qui est d’encourager le développement de
la médiation, dans la mesure où il peut assurer et coordonner la participation des
divers ministères, organismes publics et autres parties prenantes concernées. Son
portail Internet pourrait servir de base à la diffusion en ligne de litiges ayant été réglés
par voie de médiation.

Enfin, fallait-il dire que les contrats pré-rédigés édités sont courants utilisé par les
professionnels dans lesquels le consommateur avait peu de possibilités de négocier, les
professionnels rédigeant souvent de longs contrats au contenu parfois complexe, que les
consommateurs doivent accepter globalement sans toujours bien saisir la portée de toutes les
clauses qui est une situation dangereuse et contraire aux aspirations du Maroc dans le
domaine de la protection des consommateurs.

C’est pour ça le Maroc devrait étudier la possibilité de conclure des autres accords
avec des organismes homologues afin de tirer parti de leur expérience, conformément au
principe 82 des principes directeurs des Nations unies relatifs à la coopération transfrontière.
Elle devrait tirer parti des réunions internationales pour se familiariser avec les meilleures
pratiques et les intégrer dans ses propres pratiques.

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- Jugement n°3133/4/2012 de jugement du tribunal de commerce de Marrakech.

5. WEBOGRAPHIE : -
- www.finances.gov.fr
- www.avocats-picovshi.com
- www.barreau.qc.ca
- www.clausesabusives.fr
- www.courdecassation.fr
- www.humanite.fr
- www.doctrine.fr
- www.khidmat-almostahlik.ma
- www.memoireonline.com
- www.maroclaw.com
- www.adaia.justice.gov.ma
- www.jurisprudence.net

119
TABLE DES MATIERES

INTRODUCTION .................................................................................................................... 1

PARTIE 1 : LES MESURES PROTECTRICES DU CONSOMMATEUR CONTRE


LES CLAUSES ABUSIVES .................................................................................................... 8

Titre1 : Les mesures préventives de protection .......................................................................... 8


Section1 : Le modèle français : l’institution d’une structure administrative ...................... 8
§1. Le statut de la commission des clauses abusives ..................................................... 9
A. L’organisation ................................................................................................... 9
B. Le rôle préventif ............................................................................................... 9
§2. Les recommandations émises par la commission des clauses abusives ................. 10
A. Typologie des recommandations de la commission ............................................. 10
B. La potée juridique des recommandations de la commission ................................ 12
Section2 : Le modèle communautaire : Directive n°93-13 sur les clauses abusives ........ 14
§1. Présentation du la directive .................................................................................... 14
A. Le contenu du la directive .......................................................................... 15
B. La transposition de la directive dans les droits des Etats membres de
l’UE .........................................................................................................................16
§2. L’influence de la directive 93/13 sur le droit des Etats membres de la C.E .......... 17
A. Sur le droit des états ou la directive a été incorporée, exemple de la France . 17
B. Sur le droit des Etats ou la directive a été simplement transposée, exemple du
Royaume-Uni............................................................................................................. 19
Chapitre 2 : Les méthodes préventives de la législation consumériste marocaine ............... 21
Section1 : La protection du consentement du consommateur........................................... 21
§1. La protection de consentement du consommateur par l’information ..................... 21
A. L’obligation d’information à la charge du professionnel ............................... 21
B. L’instauration d’un formalisme impératif et préventive................................. 23
§2. Le droit à la réflexion, technique de protection préventive ................................... 25
A. Le maintien de l'offre ...................................................................................... 26
B. Les délais de réflexion ................................................................................ 27
c. La remise préalable des documents contractuels .................................................. 28
Section2 : L’action préventive des associations de consommateurs ................................ 29

120
§1-L’ agrément de l'association, Conditions préalables ................................................ 29
§2. L’action préventive ................................................................................................. 31
A. L’exercice de l’action en suppression des clauses abusives ........................... 31
B. La négociation des accords collectifs de consommation ..................................... 33

Titre 2 : Les mesures curatives de protection ........................................................................... 36


Chapitre1 : La prohibition légale des clauses abusives ...................................................... 36
Section1 : L’identification des clauses abusives ............................................................. 36
§1 : Les critères de détermination des clauses abusives .............................................. 36
§2 : La qualification légale des clauses abusives ........................................................ 40
A. Les clauses abusives lors de la conclusion du contrat ........................................ 40
B. Les clauses abusives relatives aux obligations du fournisseur ........................... 41
C. Les clauses abusives relatives aux obligations du consommateur ..................... 41
D. Les clauses relatives à l’extinction du contrat .................................................... 42
E. Les clauses abusives relatives a la responsabilité .................................................. 43
F. Les clauses abusives restrictives le droit du consommateur de recourir a la justice
................................................................................................................................43
Section 2 : La sanction des clauses abusives : la nullité ....................................................... 43

Chapitre 2: La protection judicaire du consommateur contre les clauses abusives ................. 45


Section 1 : Le juge et l’interprétation du contrat de consommation ..................................... 45
§1. Recherche de la volonté des parties ........................................................................... 45
§2. Les limites de la recherche de la volonté des parties ................................................. 49
A. Complément supplétifs ....................................................................................... 50
B. Complément impératifs ...................................................................................... 51
Section2 : Le juge et la révision du contrat de la consommation ......................................... 51
Sous section1 : Le rôle modérateur du juge en matière des clauses pénal ..................... 51
Sous section2 : Le rôle du juge dans l’annulation des clauses abusives ........................... 54
§1. Controverses doctrinales liées à la portée de la mission du juge ........................... 54
A. La thèse de la neutralité du juge face aux clauses abusives ........................... 54
B. La thèse du rôle actif du juge face aux clauses abusives ...................................... 56
§2. La suppression par le juge des clauses abusives .................................................... 57
A. Une consécration jurisprudentielle ................................................................. 58
B. Méthode d’appréciation du caractère abusive d’une clause ........................... 60

121
PARTIE2: L’EFFECTIVITE DES MESURES PROTECTRICES DU
CONSOMMATEUR CONTRE LES CLAUSES ABUSIVES ........................................... 63

Titre 1 : Les entraves à l’application des mesures protectrice du consommateur contre les
clauses abusives ........................................................................................................................ 63
Chapitre1 : Un contexte légal insuffisant ............................................................................. 63
Section 1 : Les difficultés liées à la détermination des sujets du droit de la consommation
........................................................................................................................................... 63
§1. Détermination de la notion du consommateur ........................................................ 64
A. Le statut juridique du consommateur ............................................................. 64
a. La personnalité juridique du consommateur .................................................. 64
b. les modes d’individualisation du consommateur............................................ 65
1. Le cumul des statuts de consommateur et d’usager des services public ...... 66
2. Les modalités d’intervention du consommateur .......................................... 67
B. La nature des activités du consommateur : ........................................................... 69
§2. Détermination de la notion de professionnel ........................................................... 70
A. Le professionnel comme acteur oppose au consommateur .................................. 71
a. Le caractère apparemment fondé de l’exigence d’un professionnel .............. 71
b. Remise en cause de l’exigence d’un professionnel ............................................ 72
B. Synthèse : définition de la notion de professionnel .............................................. 72
Section2 : L’insuffisance du dispositif juridique proprement dit ..................................... 74
La confusion de la loi 31-08 ne se limite pas aux parties bénéficiant de sa protection, elle
s’étend aussi à son régime protecteur concernant les clauses abusives. ........................... 74
§1. En matière de détermination des clauses abusives .................................................. 75
§2. En matière de recours judicaire ............................................................................... 77
Chapitre 2 : Une protection administrative et extrajudiciaire insuffisante ......................... 79
Section 1: Une protection mal assurée par les autorités administratives. ......................... 79
§1. La pluralité des intervenants.................................................................................... 79
A. Les organes de contrôles ....................................................................................... 79
B. La consolidation du cadre institutionnel ............................................................... 80
a. Le Conseil Consultatif Supérieur de la Consommation (CCSC) ....................... 81
b. La Fédération Nationale de Protection du Consommateur ............................... 82
C. Un nouveau corps de contrôle ........................................................................... 83
§2- Le chevauchement des compétences ...................................................................... 83
§3- Une procédure différente de la procédure ordinaire ............................................... 85

122
Section 2 : Faiblesse des institutions alternatives ou médiatrices dans les litiges de
consommation ................................................................................................................... 86
§1. Les concessions consenties par le consommateur ................................................... 87
A. Concessions et droit commun ............................................................................... 87
B. Concession et contrôle judicaire ........................................................................... 88
§2. La faiblesse du cadre légal ...................................................................................... 89

Titre2 : Dépassement des entraves à l’application des mesures protectrice du consommateur


contre les clauses abusives ....................................................................................................... 91
Chapitre1 : L’amélioration du contexte normatif et économique ......................................... 92
Section 1. L’amélioration du contexte législatif ............................................................... 92
§1. En matière de détermination des clauses abusives .................................................. 92
§2. La nécessite d’une codification globale .................................................................. 93
Section2 : Garantie de la transparence du marché ............................................................ 95
Chapitre 2 : Amélioration du rôle des consommateurs ........................................................ 98
Section1 : L’action sur le consommateur lui-même : faciliter son accès au droit et à la
justice ................................................................................................................................ 98
§1. L’aide judicaire ....................................................................................................... 99
A. Le système d’assistance judiciaire ................................................................ 100
B. Système d’assistance judiciaire locale sur demande .................................... 100
§2. Et l’action groupe ? .............................................................................................. 102
Section2 : L’action collective : Renforcement du rôle des associations des
consommateurs ............................................................................................................... 105

CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE ..................................................................... 109

CONCLUSION GENERALE ............................................................................................. 110

BIBLIOGRAPHIE ............................................................................................................... 112

TABLE DES MATIERES .................................................................................................. 120

123
RESUME :
En vertu du principe de l’autonomie de la volonté, admis comme fondement de la
théorie générale du contrat, les contractants d’une convention synallagmatique sont libres,
souverains et supposés égaux305. Ils peuvent discuter leur accord, choisir leur contractant, le
contenu du contrat, défendre leurs intérêts et tirer profit de la convention sans intervention de
l’Etat.
En effet, cette liberté dont bénéficient les contractants peut être source d’abus et
engendrer des inégalités dans certains secteurs d’activité. Ces inégalités peuvent être, d’une
part, économique et, d’autre part, techniques liées au savoir et aux compétences de l’un des
contractants.
Au cœur de cette situation se trouve évidemment la relation unissant le fournisseur et
le consommateur. Dans cette relation, le consommateur est demandeur du bien ou du service,
mais il n’a aucune maitrise matérielle et intellectuelle sur la convention qu’il s’apprête à
conclure.
En effet, le principe de la liberté contractuelle et de l’égalité permettait à la partie forte
(fournisseur) d’introduire dans son contrat des clauses qui lui apportent un avantage excessif.
Le rôle de la partie faible (consommateur) se limitait, en fait, à l’adhésion à ce projet pré
rédigé que lui présentait son cocontractant.
Ce genre de contrat, appelé contrat d’adhésion306, est devenu de plus en plus répandu.
Il pose le problème du risque d’une inéquitable disproportion dans les prestations parce qu’il
stipule souvent des clauses imposées par la partie forte, apportant à celle-ci un avantage
excessif et lésant ainsi les intérêts de l’autre partie.
Malgré cette situation d’inégalité, il n’existe pas, dans le droit commun des contrats,
des règles permettant de refuser la mise en œuvre d'une clause considérée comme abusive. Ce
n’est que par le biais de l’existence d’un vice du consentement ou d’une absence de volonté
que le contrat peut être remis en cause, lorsqu’en conséquence de cette volonté altérée, une ou
plusieurs clauses paraissent abusives.
À l’instar de ses homologues, le législateur marocain s’est trouvé dans l’obligation
d’adopter un dispositif protégeant d’une manière bien spécifique le consommateur, face aux
agissements illicites des professionnels, visés comme la partie forte au contrat de
consommation,
Mais malgré la mise en place de l’arsenal juridique relatif à la protection du
consommateur contre les clauses abusives, le problème de l’application de la loi persiste
encore, dans la mesure où l’ensemble de ces réglementations sont inspirées d’autres pays, et
qui ne s’adaptent point ni avec la réalité de la consommation au Maroc ni avec sa structure
socio-économique.
Le consumérisme au Maroc souffre encore d’une carence juridique et jurisprudentielle
surtout avec la passivité du consommateur qui reste ignorant et inconscient de ses droits en
matière de consommation et le rôle déterminant des associations de protection du
consommateur dans la garantie et la protection de ses droits.
Ce travail vise principalement de mettre à jour les différents obstacles heurtant
l’application des mesures protectrices du consommateur marocain déterminé par la loi 31-08
portant sur les mesures de la protection du consommateur. Et pour remédier à ces obstacles,
quelques solutions, recommandations ont être proposées.

305
Ph. MALAURIE et L. AYNÈS, Droit civil, Les obligations, édition CUJAS, 9ème édition, 1998-1999.
306
G. BERLIOZ, Le contrat d’adhésion, L.G.D.J, 1976.

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