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Le droit des assurances au Maroc

LE CONTRAT D’ASSURANCES
Par Abdallah KHIAL
Docteur d’ État en droit, Enseignant
Conseiller juridique
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INTRODUCTION GÉNÉRALE

Le support juridique du cadre contractuel au Maroc est resté figé


sur une longue période, sans tenir compte des changements
intervenus en matière de souscription des contrats, empêchant
ainsi certains produits de se développer et laissant d’autres
progresser sans cadre légal adéquat
La loi n° 17-99 portant code des assurances promulguée par le
Dahir n° 1-02-238 du 3 octobre 2002 (Bulletin Officiel n° 5054 du 7
novembre 2002) a, dans son livre 1er consacré au contrat
d'assurance, repris la plupart des dispositions prévues par
l'arrêté viziriel du 28 novembre 1934 relatif aux contrats
d'assurance avec cependant des modifications et des innovations
au niveau des conditions de souscription du contrat afin de tenir
compte des mutations intervenues en la matière. En effet,
l’élaboration progressive sur plus d’un demi-siècle de la
législation en vigueur, s’est traduite par un manque de cohérence
au niveau de sa conception, sans compter les multiples rajouts et
modifications qui ont rendu son application peu aisée.
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Les principales modifications apportées par le code des assurances


concernent les points suivants :
1/ Renforcement de la protection des assurés par la clarification
des droits et obligations des deux parties
Sans anticiper sur les développements ultérieurs concernant la
protection de l’assuré consommateur, il est à noter que la loi 17-99
dans son article 10 alinéa 1er exige de l’assureur, préalablement à la
souscription de tout contrat de remettre à l'assuré « un exemplaire
du projet de contrat comportant le prix ou une notice
d'information qui décrit notamment les garanties assorties des
exclusions, le prix y afférent et les obligations de l'assuré ».
De même, en matière d’assurances sur la vie ou de capitalisation
l’article 97 de la loi précitée dispose que lorsqu'une personne,
sollicitée à son domicile, à son lieu de travail ou dans un lieu privé
ou public, souscrit un contrat d'assurance sur la vie au cours de la
visite qui lui est faite, un délai qui ne peut être inférieur à quinze (15)
jours à compter de la souscription du contrat doit lui être accordé
pour dénoncer cet engagement.
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Cette dénonciation entraîne la restitution de


l'intégralité des sommes éventuellement versées
par le souscripteur.

L'assureur n'est pas fondé à demander des


dommages et intérêts pour dénonciation du
contrat. »
2/L’introduction d’un cadre juridique réglementant
la mutualisation des risques au sein de groupes
d’assurés
Pour la première fois, les assurances « groupes »
(souscrites par une personne morale ou un chef
d'entreprise en vue de l'adhésion d'un ensemble
de personnes dites adhérentes ayant un lien de
même nature avec celui-ci) ont été réglementées
en raison de leur caractère particulier.
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3/ L’adaptation du contrat aux nouveaux instruments du marché financier


Le code des assurances a introduit également les contrats d'assurances
sur la vie libellés en unités de compte qui sont des produits basés sur la
variabilité du capital garanti et des primes correspondantes.
Dans ces contrats le risque de placements est supporté par les assurés,
étant donné que lesdits contrats sont libellés en des unités autres que
monétaires, telles que des actions de SICAV, des parts de fonds communs
de placement ou des parts ou actions de sociétés à vocation immobilière. Il
s'agit là d'une innovation importante car jusqu'à présent, les sommes
assurées devaient être fixées par le contrat.
4/ Mise en place d’un cadre légal pour l’assurance Takaful
Afin que le Maroc soit au diapason de ce qui se pratique au niveau
international en matière d’assurance takaful, et surtout profiter de l’essor
de la finance islamique dans le paysage de l’industrie financière mondiale,
le législateur marocain a promulgué la loi n°05-39 modifiant et complétant
la loi n° 17-99 portant code des assurances. Il importe de signaler que ce
type d’assurance a connu un développement important dans plusieurs
pays musulmans et même dans des pays non musulmans qui ont déniché
un grand potentiel pour ce type d’assurance. Aujourd’hui, des centaines de
sociétés d’assurance pratiquent l’assurance Takaful et Re-Takaful dont de
grandes sociétés reconnues dans le monde entier.
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Au niveau du Maroc, le besoin de ce type d’assurances est


de plus en plus ressenti par les opérateurs dans le secteur
des assurances.
Le code des assurances donne des définitions précises
pour certains concepts de l’assurance Takaful. Il définit ainsi
l’assurance Takaful comme étant une « opération
d’assurance réalisée en conformité avec les avis conformes
du Conseil supérieur des Ouléma prévu au le Dahir n° 1-03-
300 du 2 Rabii I 1425 (22 Avril 2004) portant réorganisation
des Conseils des Ouléma, tel qu’il a été complété, ayant pour
objet la couverture des risques prévus au contrat
d’assurance Takaful par un compte d’assurance Takaful
géré, moyennant une rémunération de gestion, par une
entreprise d’assurance et de réassurance agréée pour
pratiquer les opérations d’assurances Takaful. Les
opérations d’assurances Takaful et l’activité de gestion du
compte d’assurance Takaful par une entreprise d’assurances
et de réassurance ne peuvent, en aucun cas, donner lieu ni à
la perception ni au versement d’intérêt ».
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De même, certaines définitions ont été complétées


pour tenir compte de la particularité de l’assurance
Takaful telles que la prime d’assurance qui peut être
appelée participation dans ce type d’assurance et le
souscripteur ou contractant qui peut être le participant
dans l’assurance Takaful.
Par ailleurs, certains principes de base concernant ce
type d’assurance ont été introduits. Il s’agit du
fonctionnement de l’opération d’assurance Takaful
conformément aux préceptes de la Charia, de la
participation dans cette opération sur la base du don et
sur l’entraide entre les participants et de la couverture
du risque par la collectivité des participants.
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Aussi, le principe de la gestion de l’assurance Takaful par l’entreprise


d’assurances et de réassurance moyennant une rémunération a été introduit.
Dans ce cadre, le code des assurances oblige l’entreprise d’assurance
gestionnaire de l’opération d’assurance Takaful de combler d’éventuels
déficits générés par cette opération par des avances sans intérêts. Ces
avances sont récupérables sur les excédents futurs. De même, les excédents
techniques et financiers réalisés dans le cadre de l’assurance Takaful sont
répartis entièrement entre les participants après déduction, le cas échéant,
des avances Takaful. La répartition de ces excédents techniques et financiers
ne peut avoir lieu qu’après constitution des différentes provisions et
réserves.

Le code des assurances dispose également que la conformité à la Charia des


opérations d’assurance Takaful est prononcée par le Comité Charia pour la
finance, créé au sein du Conseil Supérieur des Oulémas.

Les autres dispositions portent sur l’amendement de certains articles du code


des assurances afin de tenir compte des spécificités de l’assurance Takaful. Il
s’agit notamment de:

- l’obligation d’indiquer dans le contrat d’assurance Takaful les modes de


rémunération de l’entreprise d’assurances et de réassurance au titre de la
gestion de l’assurance Takaful et le montant de cette rémunération, les
modalités de répartition des excédents entre les participants ainsi que la
politique de placement de l’entreprise d’assurances et de réassurance ;
9

- la spécialisation des entreprises d’assurances agréées pour


pratiquer les opérations d’assurance Takaful ;
- le système de contrôle interne doit porter, également, sur le
risque de non-conformité à la Charia. À cet égard, la structure du
contrôle interne doit établir un rapport spécifique sur la
conformité aux préceptes de la Charia ;
- la possibilité donnée à l’ACAPS de fixer les modes de
rémunération de l’entreprise d’assurances et de réassurance au
titre de la gestion de l’assurance Takaful, les critères de
détermination de cette rémunération ainsi que les modalités de
répartition des excédents entre les participants dans ces
opération.
Il y a lieu de préciser que la nouvelle loi 87-18 modifiant et
complétant la loi 17-99 formant code des assurances promulguée
par le dahir n°1-19-110 du 9 août 2019 publiée au Bulletin Officiel
n°6806 du 22 août 2019(en langue arabe) a apporté des
modifications substantielles et ce en application de l’avis du
Conseil Supérieur des Ouléma(CSO) du 12 avril 2018.
La nouvelle loi comporte un certain nombre de dispositions qui
fixent les conditions d’exercice et d’agrément. Nous pouvons citer
à cet égard :
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1- La soumission des comptes d’assurance Takaful et des comptes de réassurance
Takaful, aux règles prévues par le code des assurances en matière de garanties
financières, de comptabilité…
2- L’octroi de la personnalité morale et de l’autonomie financière aux comptes d’assurance
et de réassurance Takaful , cette mesure prise sur recommandation expresse du CSO
confère à l’assurance takaful marocaine une particularité par rapport aux législations des
autres pays;
3- L’octroi à l’entreprise gestionnaire de l’assurance Takaful de la qualité de simple gérant
rémunéré, sans droit de propriété des fonds des adhérents;
4- L’obligation d’avoir un règlement de gestion fixant ses obligations ;
5- En cas de liquidation, obligation pour le liquidateur, de liquider, séparément, l’entreprise
gestionnaire du compte Takaful, et le compte lui-même ;
6- La fixation du plafond des dépôts et des investissements hors du Maroc ainsi que des
placements en valeurs étrangères qu’une entreprise d’assurances et de réassurance peut
effectuer, à 5% du total de son actif et des actifs des comptes d’assurance et réassurance
Takaful qu’elle gère;
7- La soumission à agrément préalable, l’exercice de l’offre de l’assurance Takaful par les
banques et les associations de microcrédit ;
8- La fixation des règles relatives au dépôt et au versement des montants non-réclamés
par les souscripteurs à leur échéance ;
9- La fixation des règles de gestion des comptes d’assurance et de réassurance Takaful ;
10- La fixation des règles de répartition des excédents de l’assurance Takaful.
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II/ LES ASSURANCES OBLIGATOIRES


En plus des assurances obligatoires prévues par le livre II du
code des assurances à savoir l’assurance chasse et l’assurance
automobile, d’autres assurances obligatoires ont été introduites
ces dernières années : la « tous risques chantier » (TRC) , la
responsabilité civile décennale (RCD) prévue par l'article 769 du
dahir formant code des obligations et des contrats ainsi que les
assurances des conséquences d’évènements catastrophiques.

1/ L'assurance chasse
• En ce qui concerne l'assurance chasse, les modifications
introduites ont renforcé le caractère obligatoire de cette branche
d'assurance en faisant de la résiliation du contrat une cause de
retrait du permis de chasse et en prévoyant des sanctions à
l'égard des sociétés d'assurances qui refuseraient de souscrire
ce genre de risque. De même qu'elles renforcent la protection
des tiers par l'inopposabilité des déchéances à leur égard sauf la
suspension régulière du contrat pour non-paiement de la prime.
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2/ L'assurance automobile

Par rapport à la législation antérieure (arrêté viziriel du 28


novembre 1934 relatif aux contrats d'assurance), la principale
modification introduite par le code des assurances porte sur la
protection des tiers dont la notion a été étendue, en matière
d’assurance automobile obligatoire, aux membres de la famille du
civilement responsable qui étaient exclus du champ de la
garantie.

Il s'agit pour le cas d'espèce d'une réforme importante qui a tenu


compte de l'évolution sociale et de la nécessité de garantir une
indemnisation à l'ensemble des victimes hormis le souscripteur
ou le conducteur, responsable du dommage, ou les personnes qui
bénéficient d'une couverture d'assurance dans un autre cadre
(salariés et représentants légaux du civilement responsable,
personne morale).
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3/ Le Fonds de garantie automobile


Le Fonds de garantie automobile (FGA) créé par le dahir du 22
février 1955 était chargé d'indemniser totalement ou partiellement,
les victimes de dommages corporels causés par un véhicule
terrestre à moteur dans le cas où le responsable de ces
dommages est inconnu ou n'est pas assuré et éventuellement en
cas d'insolvabilité d'une entreprise d'assurance.
Le code des assurances a exclu de l'intervention de ce Fonds le
cas lié à l'insolvabilité d'une entreprise d'assurances car ce
recours ne se justifie plus aujourd'hui en raison de la faiblesse
des ressources du FGA et de la création du Fonds de solidarité
(institué par la loi des finances de 1984) qui a été habilité par la loi
des finances de 1993 à contribuer à l'indemnisation des victimes
d'accidents de la circulation, en cas de liquidation d'une société
d'assurances.
Le code des assurances a introduit une réforme importante en
matière des procédures de saisine, dont le délai passe de 6 mois
à trois ans lorsque le responsable des dommages est inconnu,
pour augmenter les chances d'indemnisation des victimes.
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De même que pour accélérer les délais d'indemnisation, le code des assurances a
fait obligation au FGA d'informer les victimes ou leurs ayants droit de toute
déclaration d'accident dont le procès-verbal ne fait pas mention de l'existence
d'une couverture d'assurance en spécifiant sa position en la matière, comme il lui
impose ainsi qu'aux entreprises d'assurances leurs informations réciproques sur
leurs positions respectives à l'égard de l'indemnisation (recevable ou non), avec
obligation de les notifier aux victimes ou à leurs ayants droit.
4/ Dispositions concernant l’assurance « tous risques chantier » (TRC) et
l’assurance «responsabilité civile décennale» (RCD)
L’instauration de l’obligation de ces assurances présente des avantages
inestimables aussi bien pour les opérateurs dans le secteur du Bâtiment travaux
publics (BTP) que pour les acquéreurs et les futurs propriétaires des
constructions soumises à cette obligation. Ainsi, ces deux assurances permettent
de sécuriser les investissements des opérateurs en matière de construction, dans
la mesure où, en cas de sinistre, les réparations et les indemnisations sont prises
en charge par les assureurs, évitant ainsi des situations financières difficiles
pouvant aller jusqu’à la faillite. Indirectement, il est attendu que ces deux
obligations d’assurance puissent contribuer à la professionnalisation du secteur
du BTP et à l’amélioration de la qualité des constructions en renforçant le respect
des normes de construction.
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Pour les acquéreurs et les futurs propriétaires, en sus de l’amélioration


de la qualité de construction escomptée, l’assurance « Responsabilité
civile décennale » leur apporte une protection pérenne de leur
investissement et, en cas d’effondrement ou de danger d’effondrement
de la construction, une rapidité dans l’indemnisation et sans recherche
de responsabilité et ce, indépendamment de l’existence ou non du
civilement responsable et de sa solvabilité au moment du sinistre.
De même, l’assurance « Tous risques chantier » apporte une couverture
aux tiers vis-à-vis des dommages corporels ou matériels qui sont causés
à l’occasion des travaux de chantier, notamment les dommages causés
aux constructions mitoyennes.

a) l’assurance « tous risques chantier » (TRC)

L’obligation d’assurance « tous risques chantier » (TRC) introduite par la


loi n°05-39 modifiant et complétant la loi n° 17-99 portant code des
assurances «garantit les dommages affectant la construction pour la
personne qui agit en qualité de propriétaire de l’ouvrage et de l’obligation
d’assurance «responsabilité civile» couvrant la responsabilité civile de
cette personne ainsi que celle de toute personne ayant passé avec elle un
contrat de louage d’ouvrage ou de services, pouvant être engagée en
raison des dommages causés aux tiers du fait ou à l’occasion des
travaux dans le chantier».
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La loi a délimité le champ d’application de l’assurance TRC à travers


l’identification des constructions sur lesquelles s’applique l’obligation
d’assurance et celles exclues de cette obligation.

Il y a lieu de préciser que l’assurance «dommages à l’ouvrage» couvre les


dommages subis par l’ouvrage à hauteur du montant de la construction,
ainsi qu’aux matériaux et matériels destinés à être incorporés dans
l’ouvrage avec l’exclusion de certains dommages de l’indemnisation.

L’obligation d’assurance «responsabilité civile» permet la réparation des


dommages causés à toute personne avec l’exclusion de certaines
personnes.

Le montant, par chantier et par événement, de la garantie afférente à la


réparation des dommages dans le cadre de l’assurance « responsabilité
civile » ne peut être inférieur à un montant minimum dont les modalités
de détermination sont fixées par voie réglementaire sur proposition de
l’Autorité de Contrôle des Assurances et la Prévoyance Sociale(ACAPS).
Ce montant minimum ne peut être, dans tous les cas, ni inférieur à quatre
millions de dirhams ni supérieur à quarante millions de dirhams.

En ce qui concerne le contrôle du respect de cette obligation


d’assurance, le code a instauré trois niveaux de contrôle de l’assurance
TRC.
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Le premier niveau consiste en l’obligation de déposer auprès de la commune


et auprès de l’autorité locale, avant l’ouverture du chantier, une attestation
d’assurance faisant présumer que l’obligation d’assurance a été satisfaite.

Le deuxième niveau se rapporte à la vérification sur place de la satisfaction


de l’obligation d’assurance par les personnes chargées de constater les
infractions à la loi n° 12-90 relative à l’urbanisme.

Quant au troisième niveau de contrôle, le code exige que toute demande de


permis d’habiter ou de certificat de conformité concernant un ouvrage
soumis à l'obligation d'assurance soit accompagnée d'une attestation
d’assurance datant de moins de trois mois faisant présumer que cette
obligation a été satisfaite.

Enfin, le code des assurances a institué une amende égale à 0,1% du montant
de la construction, payable par tout propriétaire d’ouvrage qui n'aurait pas
satisfait à l’obligation d’assurance «dommages à l’ouvrage» et d’une amende
de dix mille à cent mille dirhams pour toute personne qui n'aurait pas satisfait
à l’obligation d’assurance «responsabilité civile».

Parallèlement, à ces obligations mises à charge des personnes assujetties à


l’obligation d’assurances, le code des assurances oblige les entreprises
d’assurances et de réassurance agréées pour pratiquer l’assurance TRC de
garantir toute personne assujettie à l’obligation de cette assurance.
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b) Dispositions concernant l’assurance «responsabilité civile décennale»


(RCD)

La loi n°05-39 modifiant et complétant la loi n° 17-99 portant code des


assurances a instauré l’obligation d’assurance «responsabilité civile
décennale» pour toute personne physique ou morale dont la
responsabilité peut être engagée en vertu de l'article 769 du dahir formant
code des obligations et des contrats.
Il y a lieu de préciser que cette responsabilité a pour fondement l’article
769 du Code des Obligations et Contrats du 12 août 1913 modifié par le
dahir du 3 décembre 1959 qui dispose que :

« L'architecte ou ingénieur, et l'entrepreneur chargés directement par le


maître sont responsables, lorsque, dans les dix années à partir de
l'achèvement de l'édifice ou autre ouvrage dont ils ont dirigé ou exécuté
les travaux, l'ouvrage s'écroule, en tout ou en partie, ou présente un
danger évident de s'écrouler, par défaut des matériaux, par le vice de la
construction ou par le vice du sol ».

« L'architecte qui n'a pas dirigé les travaux ne répond que des défauts de
son plan ».
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L’obligation d’assurance (RCD) s’applique à tout ouvrage ayant


une structure en béton et/ou en béton armé et/ou en béton
précontraint et/ou en acier et/ou en maçonnerie en moellons avec
l’identification des constructions sur lesquelles s’applique cette
obligation et celles qui en sont exclues.

L'obligation d'assurance s'applique à la réparation de tous les


dommages à la construction sous réserve des exclusions et des
déchéances fixées par voie réglementaire.

Le montant minimum de garantie ne peut être inférieur au montant


définitif des travaux de construction et le contrat d'assurance peut
prévoir une franchise n’excédant pas un montant maximum fixé
par voie réglementaire.

Le contrat d'assurance doit porter sur la durée de la


responsabilité civile décennale pesant sur la personne assujettie
à l'obligation d'assurance, ce délai de dix ans commence à courir
du jour de la réception des travaux. L'action doit être intentée
dans les trente jours à partir du jour où s'est vérifié le fait qui
donne lieu à la garantie; elle n'est pas recevable après ce délai
(article 769 du DOC, alinéa 3).
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Pour s’assurer de la satisfaction à l’obligation de l’assurance


RCD, le code des assurances applique les mêmes règles que pour
la TRC. De plus, le code a prévu que tout acte de transfert de
propriété ou de jouissance d'un ouvrage soumis à l'obligation
d'assurance RCD, intervenant avant l'expiration du délai de dix
ans, doit faire mention de l'existence ou de l'absence de cette
assurance ;

Le code des assurances a institué une amende égale à 0,5% du


montant définitif des travaux de construction pour toute personne
qui n'aurait pas satisfait à l'obligation d'assurance RCD tout en
obligeant les entreprises d’assurances et de réassurance agréées
pour pratiquer les opérations d’assurance RCD à garantir toute
personne assujettie à l’obligation de cette assurance.
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5/ régime de couverture des conséquences


d’événements catastrophiques

Notre pays reste un pays exposé à des périls naturels


multiples et variés, susceptibles de provoquer des
préjudices corporels et la destruction des biens,
pouvant occasionner des dommages qui ne seront pas
sans effets négatifs sur la communauté.

En effet, au cours de ces dernières années, plusieurs


types de catastrophes naturelles ont touché Le Maroc
tels que les inondations, les tremblements de terre,....
En plus de ces catastrophes naturelles, le Maroc a été
l'objet d’actes de terrorisme.
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Certes, l’action du mouvement de solidarité nationale se met en place mais un état


de désorganisation ce qui montre les limites de cette improvisation face aux
évènements catastrophiques. En conséquence, la collectivité nationale devait
anticiper et organiser en amont la couverture et l’indemnisation des victimes
frappées par ces fléaux.

C’est pour atteindre cet objectif que la loi n° 110-14 promulguée par le Dahir n° 1-
16-152 du 25 août 2016 a institué un régime de couverture des conséquences
d’événements catastrophiques en modifiant et complétant la loi n° 17-99 portant
code des assurances (Bulletin officiel n° 6506 du 6octobre 2016.

Le régime institué repose sur un système mixte d’indemnisation des victimes


d'événements catastrophiques, combinant à la fois un système assurantiel au
profit des personnes ayant souscrit un contrat d'assurance et un système
allocataire au profit des personnes physiques ne disposant d'aucune couverture.
Ainsi, il s'agit de :
- garantir à l’ensemble des individus présents sur le territoire national, un droit
minimal à compensation du préjudice corporel ou de la perte de l’usage de la
résidence principale qu’ils subissent en cas de survenance d’un événement
catastrophique.
- mettre en place une offre de couverture des évènements catastrophiques
pouvant affecter les personnes titulaires d’un contrat d’assurance.
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La mise en œuvre effective de cette assurance est programmée pour le


1er janvier 2020, À cet effet, une convention relative à la couverture des
conséquences d’événements catastrophiques, entre l’État, le Fonds de
Solidarité des Événements Catastrophiques (FSEC), la Société Centrale
de Réassurance (SCR) et la Compagnie d’Assurance Transport (CAT) a
été signée le 4 octobre 2019 à Rabat,
Cette convention fixe les modalités pour bénéficier de la garantie de
l’Etat et prévoit la prise en charge des victimes des phénomènes naturels
d’intensité anormale, comme les tremblements de terre, les inondations,
mais également les actes terroristes.

Le système de couverture prévoit pour les personnes non assurées une


indemnisation partielle, garantie par le Fonds de solidarité, plafonnée à
250.000 DH pour la perte de la résidence principale et à 70% du montant
alloué aux assurés pour le préjudice corporel.

Parallèlement, plusieurs mesures ont été adoptées:


- Le décret n° 2-18-785 du 29 avril 2019 pris pour l’application de la loi n°
110-14 instituant un régime de couverture des conséquences
d’évènements catastrophiques et modifiant et complétant la loi n° 17-99
portant code des assurances;
- Le décret n°2-19-244 instaurant une taxe parafiscale de solidarité face
aux catastrophes naturelles.

.
26

LE CONTRAT D’ASSURANCES

L’étude du contrat d’assurance se ramène à l’étude du livre premier du dahir n° 1-


02-238 du 25 rabia I 1423 (20 octobre 2002) portant promulgation de la loi n° 17 -99
portant code des assurances. Ce texte reprend l’essentiel de l’Arrêté Viziriel du 28
Novembre 1934 qui lui-même, s’est inspiré largement de la loi française du 31
juillet 1930 sur le contrat d’assurance terrestre.

Avant 1934, la réglementation du contrat d’assurance relevait du Dahir formant


Code des Obligations et Contrats (D.O.C.) du 12 août 1913 qui ne prévoyait
aucune disposition particulière en la matière à l’exception de l’article 1250 qui
avait institué un privilège spécial au profit des victimes d’accidents de tous genres
sur les indemnités d’assurances dues par les assureurs de la responsabilité civile.
Le contrat d’assurance est un contrat de droit privé. Par la nature des obligations
qu’il crée, ce contrat est, en principe, soumis aux dispositions du droit commun
(les règles du D.O.C.) pour ce qui est des conditions de validité du contrat à savoir,
le consentement, la capacité, l’objet et la cause. Toutefois, les particularités du
contrat d’assurance et sa gestion technique ont mis en relief l’utilité d’une
réglementation spéciale qui répond à la nécessité de protéger les intérêts des
assurés et bénéficiaires de contrats sans pour autant remettre en cause la fonction
de l’assurance.
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CHAPITRE PRÉLIMINAIRE

• LE CHAMP D’PPLICATION

Le domaine d’application de la loi 17-99 portant code des assurances est défini par
l’article deux du code des assurances. Il concerne exclusivement les assurances
terrestres.

Certaines catégories d’assurances sont, donc, exclues du champ d’application. Il


s’agit de :

• * l’assurance maritime et l’assurance fluviale qui sont régies par le dahir


formant code de commerce maritime du 31 mars 1919 (assurance du corps de
navires et des facultés);
• * le contrat de réassurance qui est conclu entre un assureur et un
réassureur. Ce contrat appelé communément «traité de réassurance » est défini
librement par les parties. Dans tous les cas, l’assuré n'a aucun lien de droit avec
le réassureur (article 4 du code des assurances);
• * L’assurance crédit dont le mécanisme permet aux entreprises
commerciales de garantir le remboursement des créances en cas d’insolvabilité
de leurs clients. Ces contrats sont confectionnés par les entreprises
d’assurances et soumis, à l’administration, pour homologation. L’assurance
crédit à l’exportation est régie, quant à elle, par le dahir du 23 avril 1974.
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DÉFINITION DU CONTRAT

La loi 17-99 portant code des assurances, contrairement à la loi


française en la matière, définit le contrat d’assurance comme étant
« la convention passée entre l’assureur et le souscripteur pour la
couverture d’un risque et constatant leurs engagements respectifs. ».

En France, la loi ne donne pas une définition du contrat d’assurance.


Cette tâche revient à la doctrine qui a proposé plusieurs définitions
mettant toutes l’accent sur les notions de risque, prime et sinistre.

Ainsi, le contrat d’assurance se présente comme étant «la convention


par laquelle une partie, l’assuré se fait promettre moyennant une
rémunération, la prime, pour lui ou pour un tiers en cas de réalisation
d’un risque, une prestation par une autre partie, l’assureur qui,
prenant en charge un ensemble de risques les compense
conformément à la loi de la statistique. » (J. HEMARD).
Ceci étant, il y a lieu de noter que dans le cadre d’un seul contrat
d’assurance, plusieurs risques différents par leur nature ou par leur
taux, peuvent être assurés. De même, plusieurs assureurs peuvent
s’engager par une police unique(article 5 de la loi 17-99).
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TRAITS CARACTÉRISTIQUES DU CONTRAT D’ASSURANCE

Le contrat d’assurance est à la fois un contrat consensuel, bilatéral,


aléatoire, à exécution successive, d’adhésion, de bonne foi, et onéreux.
C’est un contrat consensuel: c’est-à-dire qu’il se forme par le
consentement des parties mais pour sa validité, l’article 11 de la loi 17-99
dispose que « le contrat d'assurance doit être rédigé par écrit, en
caractères apparents »

C’est un contrat bilatéral car il regroupe deux parties : assuré et assureur.

C’est un contrat aléatoire par excellence. Ce caractère s’applique à l’objet


du contrat d’assurance à savoir le risque garanti ; l’assurance ne peut
porter donc que sur un risque aléatoire, c’est à dire, un événement non
encore réalisé.
C’est un contrat à exécution successive. L’exécution du contrat
d’assurance s’échelonne dans le temps. La période de la garantie peut
varier en fonction de la nature du contrat. Elle peut être annuelle et
reconductible tacitement comme elle peut être d’une courte durée, par
exemple, pour le temps d’un voyage aérien. Cette garantie qui fait l’objet
du contrat se prolonge toujours après l’instant de sa conclusion ou de sa
prise d’effet.
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C’est un contrat d’adhésion: Le contrat d’assurance est souvent donné


comme un exemple de contrat d’adhésion par la doctrine et considéré
comme tel par les tribunaux. En fait, il est vrai que le contrat d’assurance est
souvent confectionné par l’assureur et l’assuré qui adhère à un contrat
préétabli dont il n'a pas négocié les conditions, se contente de signer le
contrat. Néanmoins, il y a lieu de relativiser cette idée car, ce sont,
aujourd’hui, les rapports de force entre les parties qui déterminent le contenu
du contrat. En outre, les dispositions de la loi 17-99 portant code des
assurances permettent d’atténuer les effets des clauses abusives insérées
dans la police d’assurance.

C’est un contrat de bonne foi: Les rapports entre assuré et assureur doivent
être basés sur la loyauté et la confiance. L’entreprise d’assurance est obligée
de faire confiance à la déclaration de l’assuré soit à la souscription ou au
cours de l’exécution du contrat. L’entreprise d’assurance ne peut pas
matériellement procéder à la vérification des déclarations de chaque assuré.
Mais, la loi 17-99 portant code des assurances protège les assureurs
suffisamment en édictant la nullité du contrat s’il y a mauvaise foi prouvée de
l’assuré dans la déclaration des risques.
C’est un contrat à titre onéreux: L’assuré et l’assureur entendent tirer un
profit dans l’opération. L’assuré est tenu de payer le prix de la garantie
vendue par l’assureur. Ce prix est appelé « prime » s’il s’agit d’une entreprise
commerciale ou « cotisation » s’il s’agit d’une entreprise d’assurance à
caractère mutuelle.
31

CHAPITRE PREMIER

SECTION I -LES PARTIES AU CONTRAT

Le contrat d’assurance réunit deux parties au moins : l’assuré et l’assureur.

1- L’assureur

La notion d’assureur ne pose aucun problème. Il s’agit toujours d’une personne morale
agréée par l’Autorité de Contrôle des Assurances et de la Prévoyance Sociale (ACAPS)
pour pratiquer des opérations d’assurances.

L’article 161de la loi 17-99 tel que modifié par l’article 134 de la loi n° 64-12 du 06 mars
2014 et modifié ou complété par la loi n°59-13 du 25 août 2016 dispose que « les
entreprises d'assurances et de réassurance ne peuvent commencer leurs opérations
que si elles sont agréées par l’Autorité. La décision portant agrément d’une entreprise
d’assurances et de réassurance est publiée au Bulletin officiel.

Il s’ensuit donc que c’est l’assureur agréé qui prend en charge le risque dans les
conditions de souscription. Autrement dit, c'est la partie au contrat qui s'engage à
exécuter une prestation à l'assuré en cas de réalisation du risque faisant l'objet du
contrat.

Les entreprises d'assurance sont désormais des sociétés privées, qui peuvent avoir la
forme commerciale, ou civile, sous forme de mutuelle.
32

2- Le souscripteur du contrat

C'est le plus souvent l'assuré lui-même qui a la qualité de


souscripteur, lorsqu'il souscrit pour son propre compte, afin de
protéger ses intérêts contre un risque. En vertu de l’article 9 de la
loi 17-99 portant code des assurances « l'assurance peut être
contractée en vertu d'un mandat général ou spécial ou même sans
mandat, pour le compte d'une personne déterminée. Dans ce
dernier cas, l'assurance profite à la personne pour le compte de
laquelle elle a été conclue, alors même que la ratification n'aurait
lieu qu'après le sinistre.

L'assurance peut aussi être contractée pour le compte de qui il


appartiendra. La clause vaut, tant comme assurance au profit du
souscripteur du contrat que comme stipulation pour autrui au
profit du bénéficiaire connu ou éventuel de ladite clause.

Le souscripteur d'une assurance contractée pour le compte de qui


il appartiendra est seul tenu au paiement de la prime envers
l'assureur ; les exceptions que l'assureur pourrait lui opposer sont
également opposables au bénéficiaire du contrat, quel qu'il soit.
33

Selon l'Article 15 de la loi 17-99, la police d'assurance peut être à personne


dénommée, à ordre ou au porteur. Les contrats à ordre se transmettent par voie
d'endossement, même en blanc.

Le présent article n'est toutefois pas applicable aux contrats d'assurance sur la vie
que dans les conditions prévues par 73 de la loi 17-99.

Enfin, il résulte de l’article 16 de la loi 17-99 que l'assureur peut opposer au porteur
du contrat ou au tiers qui en invoque le bénéfice les exceptions opposables au
souscripteur originaire.

Il est, en effet, très fréquent, notamment en matière d'assurance pour compte, que
l'assurance soit souscrite par un tiers qui n'est pas forcément intéressé par la
garantie de l'assureur.
A ainsi la qualité de souscripteur :
• Le chef de famille, pour le compte de ses enfants
• Le banquier, pour le compte de ses emprunteurs
• Le groupement sportif, pour le compte de ses adhérents
• L'employeur, pour le compte de ses salariés
• Une société, pour le compte de ses filiales
• Le transporteur, pour le compte de ses clients (marchandises transportées)
• Le Maître de l'Ouvrage, pour le compte des entreprises intervenant sur un chantier.
• Le souscripteur d'une assurance sur la vie, pour le compte du bénéficiaire désigné
34

3- L’assuré

La notion d’assuré, en revanche est plus difficile à cerner. L’assuré


est une personne physique ou morale sur laquelle ou sur les intérêts
de laquelle repose l’assurance. Autrement dit, c'est la personne qui
est menacée par le risque couvert, soit dans sa personne, soit dans
son patrimoine.

La qualité d'assuré est donc bien spécifique et ne peut simplement


être ramenée ni à celle de partie au contrat, ni à celle de tiers
bénéficiaires.

Il est vrai qu'une confusion est souvent commise entre le terme


d'assuré et celui de souscripteur.

La notion d’assuré n'est pas facile à déterminer en matière


d’assurance de dommages et plus particulièrement en assurance de
responsabilité civile. En effet, l’assuré n'est pas obligatoirement le
souscripteur du contrat, ni le bénéficiaire, ni celui qui est tenu du
paiement de la prime. Les conditions générales- type automobiles
considèrent comme assuré : le souscripteur, le propriétaire du
véhicule et toute personne ayant la garde du véhicule assuré.
35

4-Les tiers bénéficiaires

Certains tiers étrangers au contrat, vont pouvoir en obtenir le bénéfice :


a) L'assuré pour compte
b)L'assurance de groupe
c) Le créancier privilégié ou hypothécaire
d) La victime exerçant l'action directe

a - L'assuré pour compte

Comme cela a été précisé précédemment, l'alinéa 2 de l’article 9 de la loi


17-99 permet à un contractant de stipuler pour autrui au profit du
bénéficiaire connu ou éventuel en vertu de la clause de la stipulation
pour autrui.
De même, l'assurance peut être contractée en vertu d'un mandat général
ou spécial, ou même sans mandat, pour le compte d'une personne
déterminée. Dans ce dernier cas, l'assurance profite à la personne pour le
compte de laquelle elle a été conclue, alors même que la ratification
n'aurait lieu qu'après le sinistre.
L'assurance peut aussi être contractée pour le compte de qui il
appartiendra.
36

La clause vaut tant au profit du souscripteur du contrat que comme


stipulation pour autrui au profit du bénéficiaire connu ou éventuel de ladite
clause.
Le souscripteur d'une assurance contractée pour le compte de qui il
appartiendra est seul tenu au paiement de la prime envers l'assureur.
Les exceptions que l'assureur aurait pu lui opposer sont également
opposables au bénéficiaire de la police quel qu'il soit.
L'assurance pour compte est souvent utilisée par les dépositaires de biens
mobiliers appartenant à autrui, notamment par les transporteurs, de manière
à garantir deux risques concomitants, à savoir :
- le risque d'avaries pesant sur le propriétaire de la marchandise
transportée ;
- la responsabilité contractuelle du transporteur.
Dans ce type de police, le transporteur souscrit une assurance pour le
compte de qui il appartiendra, à savoir une assurance de choses pour le
compte des propriétaires des marchandises confiées au cas où ces dernières
seraient détruites en dehors de toute responsabilité de sa part (notamment en
cas de force majeure).
37

Cette assurance de chose a pour effet de mettre le transporteur,


contractuellement responsable à l'égard du propriétaire de la
marchandise, à l'abri de toute recherche de responsabilité.

En matière d'assurance automobile, l'article 120 de la loi 17-99


oblige l’assureur à couvrir la responsabilité civile du souscripteur
du contrat, du propriétaire du véhicule et de toute personne ayant,
avec leur autorisation, la garde ou la conduite du véhicule.

La technique de l'assurance pour compte est également utilisée


dans les assurances de personnes, notamment lorsqu'un
employeur souscrit un contrat d'assurance de groupe au profit de
ses salariés.

En matière d'assurance contre le décès, c'est bien évidemment un


tiers qui bénéficie de l'indemnité.
38

b) L'assurance de groupe

L’article 103 de la loi 17-99 complété par l’article 132 de la loi n° 64-12 du
06 mars 2014) et modifié ou complété par la loi n°59-13 du 25 août 2016
dispose que « est un contrat d'assurance de groupe le contrat
d’assurance de personnes souscrit par une personne morale ou un chef
d'entreprise dit souscripteur en vue de l'adhésion d'un ensemble de
personnes dites adhérentes répondant à des conditions définies audit
contrat, pour la capitalisation ou pour la couverture des risques
dépendant de la durée de la vie humaine, des risques portant atteinte à
l'intégrité physique de la personne ou liés à la maladie ou à la maternité
et des risques d'incapacité ou d'invalidité.

Les adhérents doivent avoir un lien de même nature avec le souscripteur.

Des associations, telles que des groupements sportifs, peuvent souscrire


de tels régimes de prévoyance pour le compte de leurs adhérents.

Les employeurs, y recourent fréquemment pour organiser la prévoyance


sociale de leurs salariés.
39

c) Les créanciers hypothécaires

Il résulte de l’article 48 de la loi 17-99 que « les indemnités d'assurance sont attribuées
sans qu'il y ait besoin de délégation expresse aux créanciers privilégiés ou
hypothécaires, suivant leur rang, ou à ceux auxquels les créances hypothécaires ont été
régulièrement cédées ou transférées.

Cette disposition permet donc à tous les créanciers inscrits sur un bien faisant l'objet
d'une assurance de chose, de percevoir directement le montant de l'indemnité due par
l'assureur.

Il en est de même des indemnités dues en cas de sinistres par le locataire ou par le
voisin ou par l'auteur responsable, par application des articles 77, 678 et 769 du dahir
formant Code des obligations et contrats précité.

En cas d'assurance du risque locatif ou du recours du voisin, l'assureur ne peut payer à


un autre que le propriétaire de l'objet loué, le voisin ou le tiers subrogé dans leurs droits,
tout ou partie de la somme due, tant que ledit propriétaire, voisin ou tiers subrogé, n'a
pas été désintéressé des conséquences du sinistre jusqu'à concurrence de ladite
somme.

En cas de sinistre affectant un bien, il appartient à l'assureur de faire preuve de


prudence lors du versement de l'indemnité, en tenant compte des oppositions qui
pourraient lui être faites, même de façon informelle, par un éventuel créancier privilégié
ou hypothécaire, et notamment du fait d'avis à tiers détenteurs du Trésor ou
d'organismes sociaux.
40

d) Les tiers victimes dans les contrats d’assurance de responsabilité

L'assurance de responsabilité a pour finalité première de protéger le


patrimoine de l'assuré contre une dette de responsabilité à l'égard des tiers.

L’article 62 de la loi 17-99 dispose que «l'assureur ne peut payer à un autre que
le tiers lésé ou ses ayants droit tout ou partie de la somme due par lui, dans les
limites de la garantie prévue au contrat, tant que ce tiers n'a pas été
désintéressé, jusqu'à concurrence de ladite somme, des conséquences
pécuniaires du fait dommageable ayant entraîné la responsabilité de l'assuré.
Il y a lieu de préciser que la Chambre Civile de la Cour de Cassation française,
jugeant la même disposition que celle prévue par l’article 62 de la loi 17-99
précitée, a dans un arrêt de principe du 14 Juin 1926 (D.P. 1927, I, 57, note
Josserand; rapport A. Colin - S.1927, I, 25, note Esmein) posé le principe selon
lequel : « en armant la personne lésée d'un privilège à l'encontre des autres
créanciers, et en décidant qu'aucun paiement fait par l'assureur ne sera
libératoire tant que le créancier privilégié n'aura pas été désintéressé, la Loi
crée au profit de la personne lésée par un accident un droit propre qui sur
l'indemnité dont l'assureur se reconnait ou a été reconnu débiteur en vertu de
la convention d'assurance.
41

L’article 62 de la loi 17-99 donne donc à la victime d'un dommage un droit


d'action directe à l'encontre de l'assureur du responsable assuré.

À la différence du mécanisme de la stipulation pour autrui, il s'agit d'un droit


autonome qui se cristallise au moment de la réalisation du sinistre.

Ce droit d'action directe déroge au principe de la "relativité des conventions" et de


"l'égalité des créanciers". Le droit du tiers lésé prend naissance et se "cristallise"
au moment de la réalisation du dommage et acquiert une autonomie par rapport
aux règles du contrat d'assurances.

Le 2ème et le 3ème alinéa dudit article précisent que « aucune déchéance motivée
par un manquement de l'assuré à ses obligations commis postérieurement au
sinistre n'est opposable aux tiers bénéficiaires »,
Toutefois, en ce qui concerne les risques de responsabilité en matière des
accidents du travail, les déchéances ne sont pas opposables aux victimes ou à
leurs ayants droit, même lorsque les manquements de l'assuré à ses obligations
ont été commis antérieurement au sinistre.

Cette autonomie est telle qu'elle tente à inverser la finalité du contrat d'assurances
de responsabilité au profit de la victime qui, sans être partie au contrat, va en être
le principal bénéficiaire puisqu'elle lui permettra d'échapper à une éventuelle
insolvabilité du responsable assuré, et d'obtenir ainsi la réparation financière de
son dommage.
42

Section II - LA CONCLUSION DU CONTRAT

Les conditions de validité du contrat d’assurance sont les mêmes que


celles de tout contrat de droit privé. C’est un contrat consensuel qui se
forme par le seul échange de consentement. Néanmoins, la loi 17-99
portant code des assurances en son article 11 exige un écrit sous forme
de police ou de note de couverture. Seuls, ces deux documents
permettent de constater les engagements respectifs des parties.

PARAGRAPHE 1 ) L’INFORMATION PRÉALABLE DE L’ASSURÉ


1) droit marocain
La loi n°31-08 édictant des mesures de protection du
consommateur(Bulletin Officiel n° 6192 du 3 octobre 2013, page 2395) a
introduit de nouvelle dispositions en disposant notamment dans son
article 3 que « tout fournisseur doit mettre, par tout moyen approprié, le
consommateur en mesure de connaître les caractéristiques essentielles
du produit, du bien ou du service ainsi que l’origine du produit, ou du
bien et la date de péremption, le cas échéant, et lui fournir les
renseignements susceptibles de lui permettre de faire un choix rationnel
compte tenu de ses besoins et de ses moyens.
43

À cet effet, tout fournisseur doit notamment par voie de marquage, d’étiquetage,
d’affichage ou par tout autre procédé approprié, informer le consommateur sur les
prix des produits et biens et tarifs des services, et lui fournir le mode d’emploi et le
manuel d’utilisation, la durée de garantie et ses conditions ainsi que les conditions
particulières de la vente ou de la réalisation de la prestation et, le cas échéant, les
limitations éventuelles de la responsabilité contractuelle.
Les modalités de l’information sont fixées par voie réglementaire.

Mais tous les assurés ne sont pas de simples consommateurs, et dans tous les cas,
l’information préalable de l’assuré est l’une des mesures innovantes du droit des
assurances au Maroc. Elle a été introduite en 2002 par la loi 17-99(article 10 alinéa
1er).
Le législateur marocain a complété l’alinéa 1er de l’article 10 de la loi 17-99 par la loi
n°59-13 du 25 août 2016) comme suit « préalablement à la souscription du contrat,
l'assureur remet à l'assuré un exemplaire du projet de contrat comportant le prix ou
une notice d'information qui décrit notamment les garanties assorties des exclusions,
le prix y afférent et les obligations de l'assuré.

Le législateur marocain n’oblige pas l’assureur à remettre à l’assuré un exemplaire du


projet de contrat ou une note d’information puisqu’il utilise le verbe « remettre » au
lieu du verbe « devoir » de même qu’aucune mesure d’application n’est venue
préciser les conditions d’application de l’aliéna 1er de l’article 10.
Il a fallu attendre la publication par l’Autorité de Contrôle des Assurances et de la
prévoyance Sociale (ACAPS), de l’instruction n°P.IN.02/2019 du 24 juillet 2019 relative
à la mise en œuvre des dispositions de l'article 247 de la loi 17-99 portant code des
assurances pour inciter les entreprises d’assurances et de réassurances à s'assurer
à travers des moyens formalisés (check-lists, rapports, . . ) que, lors des phases de
conception et d'élaboration de tout produit d'assurance, les vérifications suivantes
ont été effectuées :
44

- le spécimen du contrat d'assurance est conforme aux dispositions


de la loi n° 17-99 précitée et des textes pris pour son application
ainsi qu'aux dispositions des autres textes législatifs et
réglementaires applicables aux opérations d'assurance, notamment
le Dahir formant code des obligations et des contrats et ceux relatifs
à la protection du consommateur et à la protection des données à
caractère personnel
- le processus de commercialisation du produit, y compris les
méthodes et canaux de distribution, est adapté aux clients ciblés
compte tenu, notamment, de leurs besoins en information. Le
processus de commercialisation doit, en corollaire, prévoir des
mesures raisonnables permettant d'éviter la souscription du produit
concerné par des clients qui n'ont pas besoin des couvertures
proposées( article .
-
45

- le produit d'assurance apporte une valeur ajoutée pour les clients ciblés ;
- les documents contractuels sont rédigés de manière claire et compréhensible ;
- les clauses contractuelles sont conçues et rédigées de façon à assurer
l'équilibre entre les droits et obligations des parties au contrat ;
- pour les produits d'assurance Takaful, les clauses du contrat d'assurance sont
conformes aux principes régissant les opérations d'assurances Takaful et aux
avis conformes du Conseil Supérieur des Ouléma.
Pour ce qui est de l'évaluation de la valeur ajoutée du produit visée au point b)
de l'article premier de l’instruction, il y a lieu:
- d'identifier les groupes de clients ciblés et leurs besoins en couverture ciblés et
de veiller à ce que le produit d'assurances qui leur est proposé répond à ces
besoins ;
- - d'éviter les clauses qui restreignent significativement les droits des assurés et
bénéficiaires de contrats d'assurance dont, notamment, celles édictant des
exigences contraignantes rendant la mise en jeu de la garantie quasi
impossible ou celles vidant la garantie de sa substance.
- . Le processus de commercialisation doit, en corollaire, prévoir des mesures
raisonnables permettant d'éviter la souscription du produit concerné par des
clients qui n'ont pas besoin des couvertures proposées.
46

Il est à préciser que la clarté et la compréhensibilité des documents


contractuels, est appréciée à travers, notamment :
- la cohérence des clauses prévues dans les différents documents
contractuels (conditions générales, conditions particulières, ...) ;
- la rédaction d'une manière compréhensible, claire et précise des clauses
définissant l'étendue des garanties, celles subordonnant leur mise en jeu à
la satisfaction de certaines conditions ainsi que des clauses édictant des
exclusions d'assurances, des déchéances ou des cas de non assurance ;
- le caractère formel et limité des exclusions d'assurances
- l'adéquation du langage utilisé par rapport au niveau de l'éducation des
clients ciblés, notamment leur éducation financière, lorsque le produit
d'assurance fait usage d'instruments financiers
L’instruction susvisée emprunte la notion de l'équilibre entre les droits
et obligations des parties, au droit de la consommation
À cet effet, il est précisé que l’équilibre contractuel s'apprécie par
l'absence dans le contrat d'assurance concerné de clauses ayant pour
objet ou pour effet de créer, au détriment du souscripteur et/ou de l'assuré,
un déséquilibre significatif entre les droits et obligations des parties au
contrat.
47

De plus, le contrat peut pas comporter de clauses qui réduisent ou


suppriment le droit aux dommages et intérêts de l'assuré en cas de
manquement par l'assureur à ses obligations;
- prévoient le droit à l'assureur de modifier unilatéralement les
caractéristiques du produit d'assurance, sauf s'il s'agit d'une amélioration
de ces caractéristiques et à condition qu'il n'en résulte ni augmentation
des primes d'assurance, ni altération de la qualité du produit
d'assurance;
- prévoient un engagement ferme du souscripteur et/ou de l'assuré, alors
que l'exécution de l'engagement de l'assureur est assujettie à une
condition dont la réalisation dépend de sa seule volonté;
- reconnaissent le droit pour l'assureur, en cas de manquement de l'assuré
et/ou du souscripteur à ses obligations, à des dommages et intérêts
manifestement disproportionnés par rapport au préjudice résultant de ce
manquement;
- prévoient la possibilité d'augmenter le tarif au renouvellement du contrat
sans reconnaître au souscripteur le droit de rompre le contrat au cas où il
n'accepte pas le nouveau tarif ;
- interdisent ou entravent l'exercice par le souscripteur et/ou l'assuré
d'actions en justice ou des voies de recours en limitant indûment les
moyens de preuves à leur disposition ou en leur imposant une charge de
preuve qui, en vertu du droit applicable, ne leur incombe pas.
48

2) Droit français
Le principe de l’information préalable de l’assuré a été repris de l’article
L. 112-2 du code des assurances français qui dispose que l’assureur doit
obligatoirement fournir une fiche d'information sur le prix et les garanties
avant la conclusion du contrat.

Avant la conclusion du contrat, l'assureur remet à l'assuré un exemplaire


du projet de contrat et de ses pièces annexes ou une notice d'information
sur le contrat qui décrit précisément les garanties assorties des
exclusions, ainsi que les obligations de l'assuré.

Comme on peut le constater, contrairement à la loi marocaine 17-99 qui


n’a fait qu’énoncer le principe de l’information préalable, le législateur
français, a rendu obligatoire la remise de la fiche d'information ou la
remise à l’assuré, avant la conclusion du contrat, d’un exemplaire du
projet de contrat et de ses pièces annexes ,
49

a) Obligations précontractuelles de l’assureur

Avant la formation du contrat d’assurance (qui est légalement considéré


comme scellé, rappelons-le, avec la remise de la police ou de la note de
couverture), l’assureur a envers le proposant (qui pourra être le futur
souscripteur et/ou assuré) deux types d’obligations distincts identifiés à
savoir l’obligation d’information et le devoir de conseil.

La distinction entre « obligation d’information » et « devoir de conseil » fait


l'objet de vastes débats doctrinaux et jurisprudentiels notamment en France,
dans la mesure où la notion de « devoir de conseil » n’est nulle part
mentionnée dans les textes de loi, à l’inverse de la notion d’ « obligation
d’information » (mentionnée à l’article L 112-2 du Code des Assurances).
Néanmoins, la jurisprudence a bien fait émerger cette notion (même si elle ne
la désigne pas toujours par le biais de la même formule), notamment depuis
l’important arrêt du 10 novembre 1964, qui obligeait le courtier à être "un
guide sûr et un conseiller expérimenté".

Obligation d’information de l’assureur

L’obligation d’information de l’assureur envers l’assuré est établie par la loi


et, plus précisément, par le Code des Assurances, qui stipule, à l’article L112-
2:
« L'assureur doit obligatoirement fournir une fiche d'information sur le prix et
les garanties avant la conclusion du contrat.
50

Avant la conclusion du contrat, l'assureur remet à l'assuré un exemplaire du projet de


contrat et de ses pièces annexes ou une notice d'information sur le contrat qui décrit
précisément les garanties assorties des exclusions, ainsi que les obligations de
l'assuré. Les documents remis au preneur d'assurance précisent la loi qui est applicable
au contrat si celle-ci n'est pas la loi française, les modalités d'examen des réclamations
qu'il peut formuler au sujet du contrat, y compris, le cas échéant, l'existence d'une
instance chargée en particulier de cet examen, sans préjudice pour lui d'intenter une
action en justice, ainsi que l'adresse du siège social et, le cas échéant, de la succursale
qui se propose d'accorder la couverture.[…]»

Le Code des Assurances français contraint donc l’assureur à remettre au proposant,


avant la conclusion du contrat, plusieurs éléments :
- une fiche d’information sur le prix et les garanties,
- un exemplaire du projet du contrat et de ses pièces annexes
- une fiche d’information sur la loi applicable au contrat quand ce n'est pas la loi
française.

Rappelons qu’une exception est cependant faite pour les contrats garantissant les
grands risques et les contrats à caractère temporaire, comme les assurances voyage
ou les assurances sports d’hiver. Précisons que ces exceptions n’ont pas été prévues
par l’article 10 alinéa 1er du code des assurances marocain.
Il s’ensuit que l'assureur doit fournir ces éléments à l’assuré même si ce dernier ne lui
en fait pas la demande, afin de permettre au preneur d'assurance de procéder à un
comparatif des garanties et prix pratiqués.
51

Afin de fournir un moyen permettant à l’assureur de prouver qu’il a bien


communiqué ces informations au preneur d’assurance, l’article R112-3 du
Code des Assurances français comme cela a été souligné précédemment
stipule que « La remise des documents visés au deuxième alinéa de l'article
L. 112-2 est constatée par une mention signée et datée par le souscripteur
apposée au bas de la police, par laquelle celui-ci reconnaît avoir reçu au
préalable ces documents et précisant leur nature et la date de leur remise. »
• Le manquement de l’assureur à cette obligation d’information peut entraîner
des sanctions (non prévues par la loi mais fixées par la jurisprudence)
allant jusqu’à la nullité du contrat ou la mise en cause de la responsabilité
civile précontractuelle de l’assureur.
- Devoir de conseil de l’assureur

Le devoir de conseil, mis à jour par la jurisprudence française suite


notamment à l’arrêt précité de La Cour de Cassation, Chambre civile 1, du 10
novembre 1964, (lequel obligeait le courtier à être « un guide sûr et un
conseiller expérimenté »), est destiné à orienter le choix du cocontractant au
mieux de ses intérêts. Il suppose nécessairement de la part du professionnel
de l’assurance qu’il livre une appréciation quant à l’opportunité ou non de
souscrire à tel ou tel type de contrat d’assurance.


52

Le devoir de conseil de l’assureur est donc une obligation de moyens qui


vaut pour les assureurs comme pour les intermédiaires d’assurances et
qui engage la responsabilité civile professionnelle de ceux qui manquent
à cette obligation.

En ce qui concerne le devoir de conseil, il n’est autre qu’une expression


particulière du devoir de loyauté, visant à orienter la décision de l'assuré
en opportunité et en faveur de ses intérêts. Dans sa plus parfaite
expression, le devoir de conseil de l’assureur devrait pouvoir permettre
au proposant de répondre en toute objectivité à la question de savoir s’il
doit conclure ou ne pas conclure.

Ce devoir de conseil concerne tout autant l’intermédiaire d’assurance qui


le plus souvent est l’unique interlocuteur du proposant. Si l’article 297 de
la loi 17-99 se contente d’annoncer que « la société de courtage
représente ses clients auprès des entreprises d'assurances et de
réassurance en ce qui concerne le placement des risques sans pour
autant légaliser ce devoir de conseil, la réglementation française sur
l’intermédiation oblige l’intermédiaire, avant la conclusion de tout contrat,
à recueillir les besoins et exigences du proposant pour ensuite préciser
les raisons qui motivent le conseil fourni quant à un produit d’assurance
déterminé. C'est pourquoi, l'intermédiaire a le devoir de se renseigner sur
l'étendue du risque à garantir, et de veiller à ce que son client soit garanti
dans les meilleures conditions possibles.
53

Il doit le mettre en garde contre les déclarations inexactes ou incomplètes,


veiller à l'adaptation de la garantie aux risques qu'ils lui sont signalés, vérifier
que la police est conforme à la demande du client, adapter le montant des
capitaux assurés à la valeur réelle des biens, veiller à toute étape de
l'exécution du contrat que l'assuré n'est pas à découvert de garantie.
Toutefois, l'intermédiaire d'assurances n'est pas tenu de vérifier les
déclarations de l'assuré, il ne peut se substituer à l'appréciation de leurs
risques par les entreprises industrielles.
C'est à l'assuré qu'il incombe de choisir en connaissance de cause s'il doit,
ou non, être garanti contre certains risques.
Il y a lieu de préciser que les différents échanges entre l’intermédiaire ou la
société d’assurances et l’assuré doivent être consignés par écrit ou sur un
support durable, évitant ainsi toute contestation ultérieure.

Paragraphe 2) fourniture à distance des opérations d’assurances

La fourniture à distance des opérations d’assurances est régie au Maroc par


la circulaire de la Direction des Assurances et de la Prévoyance Sociale
(DAPS) du Ministère de l’Economie et des Finance DAPS /EA/12/19 du 9 Mars
2012 (entrée en vigueur le 16 Avril de la même année).
54

Cette circulaire fait référence pour l’essentiel dans sa


philosophie générale, aux différentes dispositions
portant sur les contrats conclus à distance prévus par
la loi 53-05 relative à l’échange électronique de
données juridiques et par la loi 31-08 édictant des
mesures de protection des consommateurs. Il y a lieu
de préciser que ces lois ont instauré les conditions
nécessaires pour qu’un contrat conclu sous forme
électronique soit valide au Maroc.
Contrairement aux expériences de pays précurseurs
en matière de présentation à distance des opérations
d’assurances caractérisées par un certain libéralisme,
le circulaire précitée fixe de manière limitative les
entités autorisées pour la fourniture à distance
d’opérations d’assurances : il s’agit en l’occurrence
des entreprises d’assurances et de réassurance à
travers leurs bureaux directs, des intermédiaires
d’assurances et des autres entités autorisées par la loi
à présenter les opérations d’assurances.
55

À cet effet, la circulaire précise que la présentation de ce


type d’opérations ne peut être exercée qu’à partir d’un local
autorisé par la DAPS, remplacée par l’Autorité de Contrôle
des Assurances et de la Prévoyance Sociale(ACAPS) et par
un salarié ayant les compétences techniques requises en la
matière. La circulaire va plus loin en ajoutant qu’en cas
d’utilisation du téléphone, la personne en contact avec le
souscripteur doit «indiquer au début de la conversation son
identité, sa qualité et la dénomination sociale» de
l’assureur, ainsi que l’objet commercial de la
communication.
De plus, l’assureur doit préalablement à la mise en marche
de son service internet, communiquer à l’ACAPS, une fiche
de présentation du site en permettant à cette dernière de
pouvoir éventuellement y accéder avec une limitation
importante, seuls les contrats d’assurances dont les
spécimens ont été transmis et validés par l’ACAPS peuvent
être commercialisés à distance.
56

Enfin, la circulaire précise les différentes étapes à suivre pour conclure le


contrat par voie électronique et notamment les modalités selon lesquelles
les parties se libèrent de leurs obligations réciproques

PARAGRAPHE 3) LA DURÉE DU CONTRAT

1 - Mention de la durée

L’article 6 de la loi 17-99 tel qu’il a été modifié par la loi n° 39-05 du 14
février 2006 et abrogé et remplacé par la loi n° 59-13 du 25 août 2016
dispose que « la durée du contrat, qui doit être mentionnée en caractères
très apparents, est fixée par la police.

« Lorsque la durée du contrat est supérieure à une année, elle doit être
rappelée en caractères très apparents par une mention figurant au-
dessus de la signature du souscripteur. A défaut de cette mention, le
souscripteur peut, nonobstant toute clause contraire, résilier le contrat
chaque année, à la date anniversaire de sa prise d'effet, moyennant un
préavis de trente (30) jours.
La faculté de résiliation ouverte à l’une ou à l’autre partie en vertu du
présent article comporte restitution, par l'assureur, des portions de
primes ou cotisations afférentes à la période pour laquelle les risques ne
sont plus garantis.
57

« Au cas où la durée n’est pas mentionnée ou dans le cas où elle n’est pas
mentionnée en caractères très apparents dans un contrat souscrit pour une
durée supérieure à une (1) année, le contrat est réputé souscrit pour une
année. Dans ce dernier cas, l’assureur est tenu de restituer au souscripteur la
portion de prime ou de cotisation d’assurance qu’il a reçue en trop »,

2 - Tacite reconduction

L’article 7 de la loi 17-99 dispose que :«lorsque les parties conviennent de la


prorogation du contrat par tacite reconduction, elle doit être spécifiée dans le
contrat. Le contrat doit également mentionner que la durée de chacune des
prorogations successives du contrat par tacite reconduction ne peut, en
aucun cas, être supérieure à une année ».

En principe, le contrat d'assurance se renouvelle automatiquement à chaque


date anniversaire du contrat.
La tacite reconduction donne naissance à un nouveau contrat, aux clauses et
conditions de l'ancien.

L'assureur doit rappeler à l'assuré les conditions de la tacite reconduction à


chaque échéance du contrat.
58

Il y a lieu de signaler que le droit français a introduit une modification très protectrice des
intérêts des assurés en promulguant la LOI n° 2014-344 du 17 mars 2014 relative à la
consommation qui a inséré après l'article L. 113-15-1 du code des assurances un article
L. 113-15-2 ainsi rédigé :
« Art. L. 113-15-2.- Pour les contrats d'assurance couvrant les personnes physiques
en dehors de leurs activités professionnelles et relevant des branches définies par
décret en Conseil d'Etat, l'assuré peut, à l'expiration d'un délai d'un an à compter
de la première souscription, résilier sans frais ni pénalités les contrats et
adhésions tacitement reconductibles. La résiliation prend effet un mois après que
l'assureur en a reçu notification par l'assuré, par lettre ou tout autre support durable.
« Le droit de résiliation prévu au premier alinéa est mentionné dans chaque
contrat d'assurance. Il est en outre rappelé avec chaque avis d'échéance de prime
ou de cotisation.

« Lorsque le contrat est résilié dans les conditions prévues au premier alinéa,
l'assuré n'est tenu qu'au paiement de la partie de prime ou de cotisation
correspondant à la période pendant laquelle le risque est couvert, cette période
étant calculée jusqu'à la date d'effet de la résiliation. L'assureur est tenu de
rembourser le solde à l'assuré dans un délai de trente jours à compter de la date
de résiliation. A défaut de remboursement dans ce délai, les sommes dues à
l'assuré produisent de plein droit intérêts au taux légal.
59

« Pour l'assurance de responsabilité civile automobile définie à l'article L.


211-1 et pour l'assurance mentionnée au g de l'article 7 de la loi n° 89-462
du 6 juillet 1989 tendant à améliorer les rapports locatifs et portant
modification de la loi n° 86-1290 du 23 décembre 1986, le nouvel assureur
effectue pour le compte de l'assuré souhaitant le rejoindre les formalités
nécessaires à l'exercice du droit de résiliation dans les conditions
prévues au premier alinéa du présent article. Il s'assure en particulier de
la permanence de la couverture de l'assuré durant la procédure.
« Un décret en Conseil d'Etat précise les modalités et conditions
d'application du présent article».
Le décret n° 2014-1685 du 29 décembre 2014 relatif à la résiliation à tout
moment de contrats d'assurance et portant application de l'article L. 113-
15-2 du code des assurances a été publié au Journal Officiel du 31
décembre 2014,
Ce décret définit les branches dont relèvent les contrats auxquels
s'appliquent ce nouveau droit et ses modalités d'exercice. En particulier,
il organise son articulation avec les autres droits de résiliation déjà
prévus dans le code des assurances et il établit les modalités spécifiques
de résiliation pour les contrats d'assurances mentionnés au quatrième
alinéa de l'article L. 113-15-2 (contrats d'assurance de responsabilité
civile automobile et de responsabilité locative).
60

PARAGRAPHE 4) LA PRISE D’EFFET DU CONTRAT

Le contrat prend effet immédiatement dès que les parties sont d’accord sur
les conditions essentielles (nature du risque assuré, prime, durée du contrat
etc… Cependant, la prise d’effet peut être subordonnée à un événement
donné; la confection du contrat, la signature de la police ou le paiement de la
prime. En tout état de cause, le contrat doit obligatoirement mentionner avec
précision le moment de la prise d’effet (article12 de la loi 17-99).

Le contrat d'assurances étant, par nature, un contrat aléatoire, il convient


d'éviter que le risque soit réalisé au moment de sa souscription. C'est
pourquoi les contrats sont classiquement assortis de différentes clauses
retardant la prise d'effet du contrat à une date ultérieure :

• clause de prise d'effet le lendemain à midi du jour de la conclusion du


contrat,
• clause de prise d'effet à une date déterminée,
• clause de prise d'effet le lendemain midi du paiement de la première prime.

Si le contrat est parfait dès l'échange des consentements, seule l'obligation
de garantie de l'assureur est différée dans le temps.
61

L'assureur peut néanmoins accepter de conférer une garantie immédiate, ce qu'il fait en
remettant une note de couverture au souscripteur.
C'est toutefois à l'assuré d'apporter la preuve que le sinistre s'est produit ultérieurement à la
prise d'effet du contrat.
PARAGRAPHE 5-Que contient le contrat d’assurance
Article 12 : (2ème alinéa ajouté par la loi n°59-13 du 25 août 2016). Le contrat d'assurance, qui
indique les conditions générales et particulières, est daté du jour où il est souscrit. Il prévoit
notamment :
- le nom et domicile des parties contractantes;
- les choses et les personnes assurées;
- la nature des risques garantis;
- le moment à partir duquel le risque est garanti et la durée de cette garantie;
- le montant de la garantie accordée par l’assureur;
- la prime ou cotisation d'assurance;
- la condition de tacite reconduction si elle est prévue;
- les cas et conditions de prorogation ou de résiliation du contrat ou de cessation de ses
effets;
- les obligations de l’assuré à la souscription en ce qui concerne la déclaration du risque et les
autres assurances couvrant le même risque;
- les conditions et modalités de la déclaration à faire en cas de sinistre;
- Les délais dans lesquels l’indemnité, le capital ou la rente est payé;
- la procédure et les règles relatives à l’estimation des dommages en vue de la détermination
de l’indemnité pour les assurances autres que les assurances de responsabilité.
Le contrat d’assurance Takaful doit, en outre, stipuler :
-les modes de rémunération de l’entreprise d’assurances et de réassurance au titre de la
gestion du compte d’assurance Takaful et le montant de cette rémunération ;
- les modalités de répartition des excédents techniques et financiers entre les participants ;
-les conditions relatives aux placements de l’entreprise d’assurances et de réassurance en ce
qui concerne le compte d’assurance Takaful.
62

Article 13 : (modifié par la loi n° 39-05 du 14 février 2006) (modifiè ou


complété par la loi n°59-13 du 25 août 2016).
Le contrat d'assurance doit aussi :
- rappeler les dispositions du présent livre relatives à la règle
proportionnelle lorsque celle-ci n’est pas inapplicable de plein droit ou
écartée par une stipulation expresse ainsi que les dispositions portant
sur la prescription des actions dérivant des contrats d’assurance ;
- - comporter une clause spéciale précisant qu’en cas de retrait
d’agrément de l’entreprise d’assurances et de réassurance, les contrats
souscrits sont résiliés de plein droit dès le 20ème jour à midi, à compter
de la publication de la décision de l’Autorité portant le retrait
d’agrément au Bulletin officiel conformément à l’article 267 de la
présente loi.
63

PARAGRAPHE 6) LA PREUVE DU CONTRAT


La preuve du contrat est établie par un écrit. La preuve normale d’un
contrat d’assurance est la police et à défaut la note de couverture. La
police est un imprimé établi par l’entreprise d’assurance. Cet imprimé
peut être, parfois, imposé et revêtir une forme réglementaire. En pareil
cas, il s’agit de police type (article 248 du livre III du code des
assurances en vertu duquel le ministre des finances est habilité à
introduire des conditions générales- type en vue de garantir un
équilibre contractuel. Â cet effet, on peut citer l’arrêté du 11 avril 2005
fixant les conditions générales en matière d’assurance automobile,
l’arrêté du 17 octobre 2005 en matière d’assurance contre les
accidents du travail et maladies professionnelles l’arrêté du 2 Août
1965 en matière d’assurance incendie.

La note de couverture est un accord sur l’engagement des parties en


attendant l’établissement de la police.
64

La police se compose des conditions générales, identiques pour


tous les contrats garantissant le même risque et des conditions
particulières qui adaptent le contrat à chaque assuré et aux
caractéristiques du risque.
La police peut être à ordre ou au porteur. Dans la pratique, elle est
généralement libellée au nom d’une personne dénommée.
1- Exclusions de garantie
L’article 17 de la loi 17-99 dispose que « les pertes et les
dommages occasionnés par des cas fortuits ou causés par la
faute de l'assuré sont à la charge de l'assureur, sauf exclusion
formelle et limitée contenue dans le contrat »
À ce titre, la jurisprudence française est très édifiante.
Dans un arrêt du 6 octobre 2011, la Cour de cassation a approuvé
les juges du fond qui ont refusé de faire application d'une
exclusion ne se référant pas à des critères précis d'exclusion
limitativement énumérés (Cass., civ. 2e, 6 octobre 2011, n° 10-
10001).
65

En matière de garantie incapacité-invalidité, la Cour a, par


exemple, considéré que la clause excluant les troubles
psychiques, « sans autres précisions » n'était pas formelle et
limitée (Cass., civ. 2e, 2 avril 2009, n° 08-12.587). En revanche, elle
a jugé formelle et limitée la clause excluant les risques résultant
de toute atteinte discale et/ou vertébrale (Cass., civ. 2e, 13 janvier
2011, n° 10-11806). En matière d'assurance de biens, elle a validé
une clause excluant de la garantie les dommages matériels
causés par l'assuré à son propre véhicule lorsqu'il est établi qu'il
conduisait sous l'emprise d'un état alcoolique (Cass., civ. 2e, 7
avril 2011, n° 10-10868).
Quant au caractère limité de l'exclusion, il implique que celle-ci
soit sans équivoque quant à son étendue, tout en laissant la place
pour une garantie substantielle.
L'exclusion ne doit en aucun cas conduire à vider la garantie de
sa substance. Le juge apprécie alors in concreto l'incidence de
l'exclusion sur la garantie d'assurance et doit « préciser l'étendue
de la garantie subsistant après application de la clause litigieuse »
(Cass., civ. 3e, 8 juin 2010, n° 09-12968).
66

2- La clause contraire aux dispositions légales est nulle


Ainsi, dans le domaine de l'assurance de responsabilité civile
professionnelle, la Cour de cassation Française a considéré que
n'était pas limitée la clause qui excluait tout sinistre en rapport
avec l'activité de l'assuré (Cass., civ. 2e, 11 juin 2009, n° 08-12.843
; Cass., civ. 2e, 9 juillet 2009, n° 08-13780).
Lorsqu'une clause n'est pas formelle et limitée, au sens de
l'article L. 113-1 du code des assurances( article 17 de la loi 17-99),
la sanction encourue est la nullité de la clause, obligeant ainsi
l'assureur à garantir l'assuré. Toutefois, dans un arrêt du 18
novembre 2010, la deuxième chambre civile de la Cour de
cassation Française, au lieu de prononcer l'annulation de la
clause d'exclusion ambiguë, accepte que les juges du fond l'aient
interprétée dans le sens le plus favorable à l'assuré (Cass., civ. 2e,
18 novembre 2010, n° 09-71247).
Sur un autre plan, la loi 17-99 portant code des assurances
impose un formalisme assez strict pour la rédaction de
certaines clauses. Ce formalisme tend à protéger les intérêts des
assurés et bénéficiaires de contrats.
67

Ainsi, l’article 14 précise que « les clauses édictant des nullités ou


des déchéances ne sont valables que si elles sont mentionnées
en caractères très apparents ».
Une différence matérielle doit exister entre les caractères adoptés
pour les exclusions et ceux utilisés pour les autres clauses. En
effet, alors que l'article 11 de la loi 17-99 dispose que « le contrat
d'assurance doit être rédigé par écrit, en caractères apparents »,
l'article 14 de la loi 17-99 précitée prévoit que les exclusions de
garantie de la police doivent quant à elles figurer en caractères
très apparents. Ce degré supérieur d'apparence relève de
l'appréciation souveraine des juges du fond. Selon la
jurisprudence française, cette exigence se traduit par une
présentation générale qui attire l'attention de l'assuré. Ainsi, les
juges du fond estiment que lorsque des clauses d'exclusion en
caractères gras cohabitent avec des clauses de couleur rouge,
seules ces dernières respectent les prescriptions légales.
68

Les exclusions qui ne figurent pas en caractères très apparents


sont réputées non écrites. Toutefois, il convient de préciser que
cette nullité ne peut être soulevée que par les parties au contrat et
non par la victime exerçant l'action directe. Concernant la charge
de la preuve, c'est à l'assureur invoquant une exclusion de
garantie qu'il incombe de démontrer la réunion des conditions de
celle-ci. En revanche, il revient à l'assuré qui réclame à l'assureur
l'exécution de son obligation de garantie en raison d'un sinistre,
d'établir que celui-ci est survenu dans des circonstances de fait
conformes aux prévisions de la police (Cass., civ. 2e, 8 janvier
2009, n° 08-10016).
Dans un arrêt du 7 septembre 2011, la Cour de cassation
Française a censuré une cour d'appel qui, pour condamner
l'assureur à garantir son assuré, avait retenu qu'il n'apportait pas
la preuve que les conditions de l'exclusion étaient réunies, sans
pour autant rechercher si, de son côté, l'assuré apportait la preuve
que les conditions prévues par la police étaient remplies (Cass.,
civ. 3e, 7 septembre 2011, n° 09-70993).
69

3- Limites de pouvoir d'appréciation des juges


D’après la jurisprudence de la Cour de Cassation Française, les
juges du fond sont tenus de rechercher si la clause est valable au
regard des dispositions légales, mais en aucun cas, ils ne peuvent
soulever d'office une exclusion non invoquée par l'assureur. Ils ne
peuvent pas non plus se livrer à une quelconque interprétation
d'une clause claire et précise devant recevoir application. À
défaut, la Cour de cassation censure leur décision pour
dénaturation. Dans un arrêt du 9 décembre 2010, elle a ainsi
sanctionné la cour d'appel pour avoir interprété une clause
d'exclusion, pourtant claire et précise, afin de l'appliquer à une
situation non expressément prévue par l'assureur (Cass., civ. 2e, 9
décembre 2010, n° 09-17471).
De la même façon, elle a censuré la cour d'appel qui, à la suite
d'un vol, avait appliqué une exclusion au motif que l'assuré n'avait
pas fermé ses volets, alors que la clause ne visait que la fermeture
des portes à clé et celle des fenêtres (Cass., civ. 2e, 3 mars 2011,
n° 10-14832).
70

En ce qui concerne l’opposabilité à l’assuré de l’exclusion, il y a lieu de


préciser que la Cour de cassation Française a réaffirmé dans un arrêt du 6
octobre 2011, en application de l’article L. 112-2 du code des assurances,
qu'une clause d'exclusion, pour lui être opposable, doit avoir été portée à la
connaissance de l'assuré au moment de son adhésion à la police ou, à défaut,
antérieurement à la réalisation du sinistre (Cass., civ. 2e, 6 octobre 2011, n°
10-15370). Ainsi, si l'exclusion figure dans les conditions générales de la
police non remises à l'assuré, elle ne lui est pas opposable (Cass., civ. 2e, 25
juin 2009, n° 08-16206). Concernant la charge de la preuve, il appartient à
l'assureur qui invoque l'exclusion de démontrer que cette dernière a été
portée à la connaissance du souscripteur lors de l'adhésion.
En résumé, les clauses d’exclusion sont prohibées quand elles se réfèrent à
des critères imprécis et à des hypothèses non limitativement énumérées. La
jurisprudence française cherche à sanctionner les clauses trop vagues qui
nécessiteraient une interprétation, ce qui empêcherait l’assuré de connaître
l’étendue exacte de sa garantie. L’utilisation des termes « tels que » ou «
notamment » est ainsi à éviter si l’assureur souhaite éviter que sa clause soit
déclarée illicite.
L’objectif de cette exigence de clauses d’exclusions formelles et limitées est
que l’exclusion ne vide pas la garantie de sa substance. Cette notion a été
utilisée pour la première fois par la Cour de Cassation dans un arrêt du 17
février 1987 au terme duquel elle a estimé que les clauses d’exclusions
étaient ni formelles ni limitées et qu’elles annulaient quasiment toutes les
garanties prévues (1ère Civ 17 février 1987, n° 85-15350). Il s’agit aujourd’hui
d’une jurisprudence constante.
71

La sanction est la nullité de la clause, ou plus exactement la nullité des


dispositions illicites de la clause, les autres dispositions demeurant valables
et opposables à l’assuré.
Dans l’arrêt du 27 octobre 2016 susvisé, une SCI avait confié des travaux de
surélévation d’un immeuble à une entreprise assurée en multirisque
professionnelle. Se plaignant de désordres, la SCI avait assigné le
constructeur et son assureur aux fins d’indemnisation. En première instance,
les juges avaient retenu la garantie de l’assureur, mais la Cour d’Appel avait
estimé que la clause dont se prévalait ce dernier était formelle et limitée si
bien qu’il était en droit de s’en prévaloir.
La Cour de Cassation casse l’arrêt d’appel que la clause, qui excluait « les
frais exposés pour le remplacement, la remise en état ou le remboursement
des biens que vous avez fournis et/ou pour la reprise des travaux exécutés
par vos soins, cause ou origine du dommage, ainsi que les frais de dépose et
repose et les dommages immatériels qui en découlent », était sujette à
interprétation, ce qui l’empêchait d’être caractérisée de formelle et limitée.
Les clauses d’exclusion de garantie doivent donc être expresses, claires et
précises et ne pas être sujettes à interprétation si l’assureur ne souhaite pas
s’exposer à la nullité de la clause et voir ainsi retenue sa garantie. Il importe
également de préciser que lesdites clauses doivent être rédigées en
caractères très apparents ainsi que l’exige l’article L. 112-4 du Code des
assurances.
72

Au Maroc, l’instruction n°P.IN.02/2019 du 24 juillet 2019 relative à


la mise en œuvre des dispositions de l'article 247 de la loi 17-99
portant code des assurances prise par l’ ACAPS précise dans son
article 3 que la clarté et la compréhensibilité des documents
contractuels, visées au point c) de l'article premier ci-dessus, sont
appréciées à travers, notamment :
- la cohérence des clauses prévues dans les différents documents
contractuels (conditions générales, conditions particulières, ...) ;
- la rédaction d'une manière compréhensible, claire et précise
des clauses définissant l'étendue des garanties, celles
subordonnant leur mise en jeu à la satisfaction de certaines
conditions ainsi que des clauses édictant des exclusions
d'assurances, des déchéances ou des cas de non assurance;
- le caractère formel et limité des exclusions d'assurances;
- l'adéquation du langage utilisé par rapport au niveau de
l'éducation des clients ciblés, notamment leur éducation
financière, lorsque le produit d'assurance fait usage
d'instruments financiers.
73

L’article 4 stipule que : « l'équilibre entre les droits et obligations


des parties, visé au point d) de l'article premier ci-dessus,
s'apprécie par l'absence dans le contrat d'assurance concerné de
clauses ayant pour objet ou pour effet de créer, au détriment du
souscripteur et/ou de l'assuré, un déséquilibre significatif entre
les droits et obligations des parties au contrat ».
« En particulier, il y a lieu de s'assurer que le contrat d'assurance
ne comporte pas de clauses qui réduisent ou suppriment le droit
aux dommages et intérêts de l'assuré en cas de manquement par
l'assureur à ses obligations;
prévoient le droit à l'assureur de modifier unilatéralement les
caractéristiques du produit d'assurance, sauf s'il s'agit d'une
amélioration de ces caractéristiques et à condition qu'il n'en
résulte ni augmentation des primes d'assurance, ni altération de la
qualité du produit d'assurance;
prévoient un engagement ferme du souscripteur et/ou de
l'assuré, alors que l'exécution de l'engagement de l'assureur est
assujettie à une condition dont la réalisation dépend de sa seule
volonté;
74

- reconnaissent le droit pour l'assureur, en cas de manquement de l'assuré et/ou du


souscripteur à ses obligations, à des dommages et intérêts manifestement
disproportionnés par rapport au préjudice résultant de ce manquement •
- prévoient la possibilité d'augmenter le tarif au renouvellement du contrat sans
reconnaître au souscripteur le droit de rompre le contrat au cas où il n'accepte pas le
nouveau tarif ;*
- interdisent ou entravent l'exercice par le souscripteur et/ou l'assuré d'actions en
justice ou des voies de recours en limitant indûment les moyens de preuves à leur
disposition ou en leur imposant une charge de preuve qui, en vertu du droit
applicable, ne leur incombe pas.

PARAGRAPHE 5 - LA MODIFICATION DU CONTRAT


Les modifications apportées au contrat d’assurances peuvent provenir soit
conventionnellement soit par le silence gardé par l'assureur.

1- Modification conventionnelle
Les parties contractantes peuvent apporter des modifications aux conditions de
souscription initiales par le biais d’un avenant. Ces modifications peuvent toucher
l’étendue de la garantie, l’objet garanti ou l’aspect tarifaire.
• L’article 11 de la loi 17 -99 prévoit, en pareil cas, l’élaboration et la signature d’un
avenant.
• Une fois accepté, l’avenant est incorporé à la police et se trouve soumis aux mêmes
règles de fond que celle-ci.
2 – Modification du contrat par le silence de l’assureur
75

Les alinéas 2 et 3 de l'article 10 de la loi 17-99 disposent qu’ « est


considérée comme acceptée la proposition faite par lettre
recommandée de prolonger ou de modifier un contrat ou de
remettre en vigueur un contrat suspendu, si l'assureur ne refuse
pas cette proposition dans les dix (10) jours après qu'elle lui soit
parvenue ».
Les dispositions du 3e alinéa du présent article ne sont pas
applicables aux assurances sur la vie.
Cette disposition est particulièrement dangereuse pour l'assureur,
car le délai de 10 jours est extrêmement court pour permettre au
service concerné d'avoir connaissance de la demande de
modification, et de prendre parti sur celle-ci.
Le texte prévoit que le contrat peut d'abord être prolongé,
notamment s'il a été souscrit pour une durée fixe, sans clause de
tacite reconduction.
De même, un contrat conventionnellement suspendu peut être
remis en vigueur, mais cette possibilité n'existe pas lorsque la
garantie fait l'objet d'une suspension pour non-paiement de la
prime.
76

• En conséquence, l'assuré ayant adressé à l'agent général une lettre


recommandée demandant l'extension au risque « dégâts des eaux» de
la police incendie qui couvrait les locaux, et l'assureur n'ayant pas
refusé cette proposition dans les dix jours de la réception de cette
lettre, le sinistre de dégâts des eaux est garanti.
• S'il s'agit du remplacement d'un bien par un autre, le silence vaut
consentement.
• Le silence de l'assureur ne peut valoir acceptation, que si la demande
de l'assuré se rapporte à la modification d'un des éléments composant
le contrat d'assurance initial, mais non s'il s'agit d'un risque totalement
nouveau nécessitant la souscription d'un contrat distinct.
• Cass. Civ. II, 3 Septembre 2009, 08-19597 ; RC et Ass. 2009, Com.
336,note F.Leduc. En principe, toutes modifications d'un contrat
d'assurances devraient faire l'objet d'un avenant soumis aux mêmes
règles que la police avec laquelle il fait corps.
77

CHAPITRE DEUX
LA CESSATION DES EFFETS DU CONTRAT
Le contrat d’assurance s’éteint lorsqu’il arrive au terme de sa durée ; la détermination de
cette date est laissée à la libre appréciation des parties. Toutefois, la loi 17-99 donne la
faculté aux parties de se retirer à l’expiration d’une période de 365 jours à compter de la
souscription sous réserve d’en informer l’assureur, sauf en ce qui concerne l’assurance
sur la vie qui obéit à un régime spécial.

En dehors de ces hypothèses, le contrat peut prendre fin avant l’échéance prévue. Cette
extinction peut être totale ou partielle,

SECTION I - EXTINCTION DU CONTRAT

PARAG. 1 - EXTINCTION DE PLEINE DROIT

Il existe quatre cas d’extinction de cette nature.

A/ EXTINCTION PAR SUITE DE RETRAIT D’AGRÉMENT

En cas de retrait d’agrément de l’entreprise d’assurance, les contrats souscrits par cette
dernière, cessent de plein droit, d’avoir effet, vingt jours à midi, à compter de la
publication au bulletin officiel de l’arrêté prononçant ledit retrait (article 267 de la loi 17-
99 portant code des assurances). Cette prescription doit faire l’objet d’une clause
spéciale (article 13 du livre I du code des assurances).
78

B/ EXTINCTION PAR SUITE DE FAILLITE DE L’ASSUREUR

La faillite ou la liquidation judiciaire de l’assureur a pour effet de mettre fin au


contrat d’assurance un mois après la déclaration de cette faillite ou
liquidation judiciaire. Pour ce qui est de l’assurance sur la vie, la faillite
entraîne la réduction immédiate des contrats au montant de la réserve
constituée)
C/ EXTINCTION PAR SUITE DE LA PERTE DE LA CHOSE ASSURÉE

En cas de perte de la chose assurée résultant d’un événement non prévu par
la police, l’assurance prend fin de plein droit. Il en est de même lorsque la
chose cesse d’être exposée au risque.

D/ EXTINCTION PAR SUITE DE RÉQUISITION DE LA CHOSE ASSURÉE

La réquisition de tout ou partie d’une chose assurée entraîne de plein droit la
résiliation du contrat du jour du transfert de propriété. (articles 33 et 34 de la
loi 17-99 ). Toutefois, en cas de réquisition temporaire, le législateur donne la
faculté à l’assuré de demander à l’assureur de substituer à la résiliation, la
simple suspension du contrat.
79

PARAG.2 EXTINCTION VOLONTAIRE DES EFFETS DU CONTRAT


Le contrat peut être résilié à l’initiative de l’assureur ou de l’assuré dans les cas
suivants :

A/ CAS DE RESILIATION POUVANT ETRE INVOQUÉS PAR L’ASSUREUR

• 1° - Pour non paiement de la prime : l’assureur après mise en demeure de


l’assuré à compter de 20 jours, au moins, de l’échéance du contrat, peut opposer
à celui-ci la suspension de la garantie. Si la prime reste impayée, il peut procéder
à la résiliation du contrat 10 jours après, commençant à courir de la date de
suspension (article 21 de loi 17-99).
• 2° - Pour omission ou inexactitude dans la déclaration du risque : dans ce cas
l’assureur peut invoquer la nullité du contrat si les faits reprochés revêtent le
caractère de dol (article 30 de la loi). Dans le cas contraire, il peut exiger de
l’assuré un nouveau taux de prime ; si ce taux n’est pas accepté, il peut résilier
le contrat. Ces solutions ne sont, toutefois, valables que si l’omission ou
l’inexactitude ait été relevée avant sinistre (article 31 de loi). Dans l’hypothèse
contraire, l’assureur fait application de la règle proportionnelle (article 31 de loi).
80

• 3° - Pour non déclaration des circonstances


aggravantes du risque : l’assuré est tenu de déclarer
à l’assureur les circonstances aggravantes du risque
lorsque celles-ci sont spécifiées dans le contrat. Cette
omission justifie une nouvelle tarification du risque
ou à défaut la résiliation du contrat (article 24 de loi),

• 4° - Pour sinistralité : La police d’assurance peut


prévoir la résiliation du contrat après sinistre. Celle-ci
prend effet un mois à compter de la réception de la
notification par l’assuré (article 26 de loi).
81

B/ LES CAS DE RÉSILIATION POUVANT ETRE INVOQUÉS PAR L’ASSURÉ


• 1° - Pour non réduction du taux de prime après disparition des circonstances aggravantes :
ce droit répond à celui dont peut se prévaloir l’assureur lorsque l’assuré ne déclare par les
circonstances aggravantes du risque spécifiées dans le contrat ; auquel cas, il peut exiger
une augmentation du taux de prime.
• 2° - Pour résiliation par l’assureur d’un contrat, après sinistre : dans ce cas, l’assuré a le
droit de résilier tous les contrats souscrits auprès de cette entreprise d’assurance.

C / LES CAS DE RESILIATION POUVANT ETRE INVOQUÉS A LA FOIS PAR


L’ASSURÉ ET L’ASSUREUR

• Cette éventualité se présente en cas de transfert de propriété de la chose assurée, ledit


transfert peut résulter soit de l’aliénation de la chose assurée, soit du décès de l’assuré soit
encore de sa faillite.
• En cas d’aliénation, l’acquéreur a le droit de résilier le contrat au même titre que l’assureur.
Toutefois, pour ce qui est de l’assurance automobile, l’aliénation d’un véhicule entraîne de
plein droit la résiliation du contrat à la date d’immatriculation dudit véhicule ou 8 jours à
compter de la date de sa cession lorsqu’il s’agit d’un véhicule non soumis à
l’immatriculation (article 29 de loi).
• En cas de décès de l’assuré, l’assurance continue au profit de ses héritiers. Néanmoins, ces
derniers, au même titre que l’assureur, ont la faculté de résilier le contrat (article 28 de la loi).
• Comme pour les cas précédents, la déconfiture ou la liquidation judiciaire de l’assuré donne
droit à la masse des créanciers de résilier le contrat. Ce droit est reconnu à l’assureur
également (article 27 de loi).
82

• PARAG. 3 - CONDITIONS ET EFFETS DE LA RÉSILIATION

• Aux termes de l’article 8 de loi 17-99 portant code des


assurances, l’assuré peut notifier la résiliation du
contrat à l’assureur par simple déclaration faite au
siège social de celui-ci ou auprès de son
représentant. Il peut le faire également par acte
extrajudiciaire ou par lettre recommandée ou par tout
autre moyen indiqué dans la police.

• Le législateur n’impose aucune forme pour l’assureur


; toutefois, celle-ci doit être indiquée dans la police.

• La résiliation ne prend effet qu’au terme d’un préavis


indiqué dans la police et dont le législateur a fixé la
période entre un et six mois (article 6).
83

Section II – EXTINCTION PARTIELLE DU CONTRAT

• Outre la résiliation qui met fin au contrat d’assurance, celui-ci tout en continuant
à courir peut voir ses effets atténués suite à sa suspension ou à une déchéance
invoquée par l’assureur.

• PARAG. I -EXTINCTION PROVISOIRE DU CONTRAT PAR SUSPENSION

• La suspension du contrat peut revêtir deux formes. Elle peut être appliquée par
l’assureur à titre de sanction en cas de non paiement de la prime. Dans ce cas, il
s’agit de la suspension de la garantie et l’assuré demeure tenu du paiement de la
prime.

• Elle peut, par ailleurs, concerner le contrat dans sa globalité, c’est à dire qu’elle
met en sommeil provisoirement le contrat et éteint tous ses effets. Dans ce cas,
il ne peut s’agir que d’une suspension conventionnelle faisant l’objet d’une
clause spécifiée dans la police (l’assuré souhaitant suspendre le contrat pendant
la période où la chose assurée n’est pas exposée au risque
• D’autre part, bien qu’en principe, la réquisition de la chose assurée entraîne de
plein droit la résiliation du contrat d’assurance, l’assuré peut demander à son
assureur de substituer à la résiliation la simple suspension des effets de la
garantie en cas de réquisition temporaire.
84

• PARAG. II – L’ATTÉNUATION DES EFFETS DU CONTRAT PAR


SUITE DE DÉCHÉANCE
• La déchéance a pour effet de priver l’assuré d’une
indemnité qu’il était en droit d’attendre de son assureur.
Elle est appliquée par ce dernier en cas de manquement
de l’assuré à l’une de ses obligations contractuelles.
L’extinction de ce droit laisse subsister les autres effets du
contrat. Elle se différencie, par conséquent, de la nullité
qui anéantit tous les effets du contrat, de la suspension
qui gèle les effets du contrat pendant une période
déterminée et la non assurance qui suppose que le risque
n’a jamais été pris en charge par l’assureur. La nullité
comme la suspension et la non assurance sont
opposables aux tiers. En revanche, la déchéance est
inopposable aux tiers.
85

CHAPITRE III -LE CONTENTIEUX DU CONTRAT


D’ASSURANCE
• Le contentieux du contrat soulève le problème de la compétence judiciaire et de la
prescription.

• SECTION 1 LA COMPÉTENCE JUDICIAIRE

• Le contrat d’assurance relève de la compétence du tribunal de première instance. Les


actions sont portées devant le tribunal du domicile de l’assuré et à défaut, de celui de l’agent
général de l’assureur. Toutefois, en ce qui concerne les affaires portant sur les biens
immeubles, les actions sont portées devant le tribunal du lieu de situation des objets
assurés. De même, qu’en ce qui concerne les accidents, les actions sont portées devant le
tribunal du lieu où s’est produit le fait dommageable.

• Section 2 LA PRESCIPTION

• En application de l’article 36 de loi n° 17-99 portant code des assurances, les actions
dérivant d’un contrat d’assurance sont prescrites par deux ans. Ce principe s’applique quel
qu’en soit la nature des parties et quel qu’en soit la nature du risque assuré. Il est toutefois
inapplicable en ce qui concerne les actions suivantes : celle de la victime à l’égard de
l’assuré ou de l’assureur; celle de l’assuré ou, de l’assureur subrogé dans les droits de
l’assuré, contre le tiers responsable du dommage ; celle des créanciers hypothécaires à
l’encontre de l’assureur. Ces actions ne dérivent pas du contrat d’assurance et se
prescrivent par conséquent selon les règles du droit commun.
• La prescription a pour effet d’éteindre les actions relatives aux obligations principales
comme celle relatives aux obligations accessoires. Elle n’est pas d’ordre public et le juge ne
peut l’appliquer d’office; c’est un moyen de défense qui peut être invoqué par le défendeur.
86

• En principe, la prescription commence à courir du jour de l’événement qui lui donne


naissance, toutefois, elle peut être suspendue ou interrompue.

• PAR. I LA SUSPENSION DE LA PRESCIPTION

La prescription ne court pas contre les mineurs non émancipés et autres incapables s’ils
n’ont pas de tuteur, jusqu’à leur majorité, leur émancipation ou la nomination d’un
représentant légal.
• Au même titre que l’incapacité, l’impossibilité d’agir est une cause de suspension de la
prescription. En effet, un cas de force majeure, apprécié souverainement par le juge, peut
suspendre la prescription.
• PAR. II L’INTERRUPTION DE LA PRESCRIPTION
• Le droit commun prévoit comme causes d'interruption de la prescription :
• une citation en justice ;
• un commandement de payer ;
• une saisie ;
• la reconnaissance par le débiteur de son obligation envers son créancier.
• Le droit des assurances prévoit, quant à lui, deux causes d'interruption de la prescription :
• 1 - La désignation d'experts à la suite d'un sinistre. Qu'elle soit amiable (ou judiciaire (
• 2 - L'envoi d'une lettre recommandée avec accusé de réception (LRAR). Que cette lettre soit
adressée par l'assureur à l'assuré en ce qui concerne l'action en paiement de la prime et par
l'assuré à l'assureur en ce qui concerne le règlement de l'indemnité( article 38 alinéa 2 de la
loi 17-99 formant code des assurances.
87

CHAPITRE IV LES ÉLÉMENTS DU CONTRAT

• La définition du contrat fait ressortir trois éléments essentiels sans lesquels il ne peut y avoir
d’assurance à savoir : le risque, la prime, et le sinistre.

• SECTION 1 LE RISQUE

• Le risque est l’élément le plus important du contrat. En tant qu’événement incertain, il


confère au contrat un caractère aléatoire. Sa définition détermine la garantie de l’assureur.

• PARAGRAPHE PREMIER : LA GARANTIE DE L'ASSUREUR


• En principe les parties sont libres de déterminer le domaine de leurs


engagements réciproques. Toutefois, le législateur a, quelque peu, restreint cette
liberté. Les restrictions ont, soit un caractère obligatoire, soit un caractère
facultatif qui admet la convention contraire.

• A/ LES RESTRICTIONS OBLIGATOIRES

• L'assurance ne peut porter sur un risque ayant pour objet une chose ou une activité illicite.
C'est le cas de la contrebande. De même qu'elle ne peut porter sur, notamment :

• - une chose non existante (article 46 50 de la loi).
• - un événement réalisé avant la conclusion du contrat (article 50 de la loi).
• - un événement dépendant de la volonté de l'assuré (article 17 de loi).
88

B/ LES RESTRICTIONS FACULTATIVES


• Ces restrictions supposent soit que le risque est garanti sauf dispositions contraires, soit en
revanche, que le risque n'est pas garanti.
a) Les risques supposés garantis sauf clauses contraires sont, notamment :
• - les dommages occasionnés par des cas fortuits ou causés par la faute de l'assuré (article
17).
• - les dommages causés (sauf à cette chose) par le vice propre de la chose assurée (articles
55).
• - la perte des objets assurés pendant l'incendie (article 52).
• - les dommages matériels causés aux objets assurés lors des secours et mesures de
sauvetage (article 53).
b) Dans les risques supposés non garantis sauf dispositions contraires, on peut citer :
les pertes et dommages occasionnés par la guerre étrangère, la guerre civile, les émeutes ou
les mouvements populaires (article 45).
- les déchets, diminutions et pertes subies par la chose assurée et qui proviennent de son vice
propre (article 44).
- les dommages occasionnés par la seule action de la chaleur ou par le contact direct ou
indirect du feu ou d'une substance incandescente, s'il y a eu ni incendie ni commencement
d'incendie susceptible de dégénérer en véritable incendie (article 51)
les dommages résultant d'incendie occasionné directement par des éruptions volcaniques,
tremblements de terre et autres cataclysmes (article 56).
89

• PARAGRAPHE DEUX : LA DÉCLARATION DU RISQUE

• En vertu de l'article 20 de loi susvisée, l'assuré est tenu de déclarer à l'assureur toutes les
circonstances connues de lui qui sont de nature à faire apprécier par ce dernier les risques
qu'il prend à sa charge.

• C'est à l'assuré qu'incombe cette obligation qui est de natures diverses (positive, négative,
porte sur les antécédents du risque).

• Cette déclaration permet d'identifier le risque et de déterminer les antécédents.

• Il n'existe aucune modalité obligatoire à la déclaration du risque, cependant, les assureurs


font souvent usage d'un questionnaire.

• A cela s'ajoute l'obligation pour l'assuré de procéder aux déclarations nécessaires à la


détermination de la prime lorsque celle-ci est variable (article 20-3°)

• B/ LA DÉCLARATION EN COURS DE CONTRAT

• L'assuré doit déclarer à l'assureur les circonstances spécifiées dans la police qui aggravent le risque de
telle manière que si le nouvel état, avait existé lors de la conclusion du contrat, l'assureur n'aurait pas
contracté ou ne l'aurait fait, que moyennant une prime plus élevée (article 20-4° et 24 -1°).

• La déclaration de l'aggravation doit se faire par lettre recommandée, préalablement à sa survenance


lorsqu'elle est le fait de l'assuré et, dans tous les autres cas, dans un délai maximum de 8 jours à compter
du jour où il en a eu connaissance.
90

• En présence d'une déclaration régulière de l'aggravation, l'assureur peut choisir entre


maintenir le contrat dans sa forme initiale, augmenter le taux de prime ou résilier le contrat.
En revanche, lorsque la circonstance aggravante ayant donné lieu à une majoration de prime
disparaît, l'assuré a droit à une réduction du taux, à défaut, il peut résilier le contrat (article
24 alinéa 2).

• C/ LES SANCTIONS POUR NON DÉCLARATION DU RISQUE

• Ces sanctions sont prévues par les articles 30 et 31 de loi n° 17-99.

• L'article 30 traite du cas de mauvaise foi. En effet, si l'assuré donne intentionnellement de


fausses déclarations ou omet de les donner, le contrat est réputé nul, les parties reviennent à
la situation d'avant la souscription du contrat, toutefois les primes payées demeurent
acquises à l'assureur qui, en plus, a droit à toutes les primes échues à titre de dommages-
intérêts.

• L'article 31 quant à lui, traite du cas où ces mauvaises déclarations ou omissions sont
opérées de bonne foi. Dans ce cas, il y a lieu de distinguer entre l'hypothèse où la mauvaise
déclaration ou l'omission est constatée avant ou après sinistre.

• Lorsqu'elle est constatée avant sinistre, l'assureur a le choix entre:

• - maintenir le contrat dans sa forme initiale.


• - proposer à l'assuré un nouveau taux de prime. Si ce taux n'est pas accepté par l'assuré,
l'assureur peut résilier le contrat.
• - opter directement pour la résiliation du contrat avec un préavis de 10 jours.
91

• Pour éviter les implications de la déclaration du risque, les parties peuvent opter pour la clause de
l'incontestabilité.

• Lorsque la mauvaise déclaration ou l’omission opérée de bonne foi est constatée après sinistre,
l’assureur est en droit d’appliquer la règle proportionnelle de prime. L’indemnité devrait donc être
réduite comme suit :
• Taux de prime appliqué
• Montant du dommage x------------------------------------
• Taux de prime dû

• SECTION II LA PRIME

• La prime ou cotisation est la rémunération que doit verser l'assuré à l'assureur en contre
partie de la prise en charge du risque, par ce dernier.

• Elle est régie par le principe de la proportionnalité à l'intensité du risque.

• La prime est payée soit d'avance, soit à terme échu. Elle peut être prévue comme condition à
la prise d'effet du contrat d'assurance.

• La prime est soit fixe (pour les sociétés commerciales), soit variable (pour les sociétés
mutuelles qui prévoient le cas dans leurs statuts). Bien que fixe, la prime peut être ajustable
dans l'hypothèse où tous les éléments qui concourent à sa détermination ne peuvent être
connus d'avance (masse salariale pour les accidents du travail et l'assurance-maladie, les
stocks pour l'assurance exploitation générale...).
92

• PARAG.I - LES COMPOSANTES DE LA PRIME


• La prime se compose de la prime pure ou prime de risque. Elle correspond au coût du
risque. Pour chaque assuré, elle s'obtient en multipliant le coût moyen par la
fréquence (cette formule n'est valable que pour les assurances de dommages).
• A la prime pure s’ajoute les chargements que l’assureur perçoit pour compenser la
rémunération due aux intermédiaires et les frais de fonctionnement, ce qui donne la
prime commerciale.
• De plus, l’assureur perçoit pour le compte du Trésor, une taxe qui est l’équivalent de la
TVA pour les autres produits, sans oublier les taxes dues aux collectivités locales, au
fonds de garantie des accidents de la circulation, aux fonds du travail et la
contribution au comité national de prévention contre les accidents de la circulation.

• PARAG. II LE PAIEMENT DE LA PRIME


• Contrairement à la règlementation antérieure issue des dispositions de l’article
16 de l’arrêté viziriel du 28 novembre 1934 relatif au contrat d’assurances qui
avait opté pour le principe de la quérabilité de la prime à l’exception de la
première, le code des assurances (article 21) a instauré le principe de la
portabilité de la prime. L’alinéa premier dudit article dispose que « Sauf clause
contraire spécifiée au contrat, la prime est payable au domicile de l’assureur ou
du mandataire désigné par lui à cet effet »
• Le paiement de la prime incombe au souscripteur. Ce paiement doit intervenir
aux époques spécifiées au contrat d’assurance ; l’échéance étant la date
d’exigibilité. L’assuré peut se libérer soit en une seule fois (prime unique), soit
en plusieurs fractions (prime fractionnée).
93

• En cas de non-paiement d’une prime arrivée à échéance


l’assureur, en vertu des articles 21 et 22 de loi n° 17-99,
peut adresser, dans les dix jours de l’échéance une lettre
recommandée sous forme de mise en demeure. Vingt jours
après la transmission de cette lettre, il a la faculté de
suspendre la garantie. Si l’assuré paye sa prime entre
temps la garantie reprend ses effets le lendemain à midi
du jour du paiement. Si en revanche la prime reste
impayée, il peut résilier le contrat dix jours après la
suspension de la garantie, sans préjudice pour lui d’en
poursuivre l’exécution par voie de justice. A noter
toutefois, que l’arrivée de la prochaine échéance sans que
le contrat soit résilié met un terme à la mise en demeure et
oblige l’assureur à recommencer l’opération.
94

SECTION III LE SINISTRE

• Le sinistre matérialise la réalisation du risque assuré et met en jeu la


garantie. C’est pour cette raison que le législateur fait obligation à l’assuré
de le déclarer dans les meilleurs délais (5 jours généralement) (article 20-5°)
et que l’assureur l’oblige souvent par clause contractuelle à prendre des
mesures de sauvegarde et à préserver, éventuellement, son recours contre
l’auteur du dommage.

• Le délai de la déclaration commence à courir du jour où l’assuré a eu


connaissance du sinistre. Néanmoins en matière d’assurance de
responsabilité ce délai ne court qu’à compter de la date de réclamation
amiable ou judiciaire faite par la victime à l’assuré.

• Tout retard dans le délai de déclaration fonde l’assureur à opposer la


déchéance à l’assuré. Toutefois, celle-ci est inopposable aux tiers. De même
que cette sanction ne peut être appliquée au retard de déclaration du
sinistre aux autorités ou au défaut de production de certains documents et
pièces. Dans ce cas, il peut tout au plus demander une indemnité.
Néanmoins, si l’assureur fait la preuve de la mauvaise foi de l’assuré, il peut
lui opposer la déchéance si le cas est prévu par le contrat (fausse
déclaration sur la date du sinistre, la nature des pertes…). Il en est de même
de la non préservation du recours, si celle-ci est prévue par la police, elle
peut entraîner la déchéance.
95

• L’indemnité d’assurance est généralement versée à


l’assuré s’il en est bénéficiaire. En assurance de
responsabilité elle est toujours versée à la victime ou à
ses ayants-droit. En assurance sur la vie, elle est payée au
bénéficiaire pour lequel a stipulé le souscripteur. Elle peut
être également versée aux créanciers privilégiés.

• Le montant de la prestation est soit connu d’avance étant


fixé dans le contrat (assurance sur la vie), soit que son
montant découle des capitaux assurés et du préjudice
subi.

• La date de paiement de la prestation doit être prévue par la


police, généralement un mois après accord amiable entre
les parties ou à compter de la notification d’une décision
de justice, exécutoire. Le retard de paiement peut donner
lieu à l’allocation par le juge de dommages et intérêts.
96

CHAPITRE V
LA CLASSIFICATION DES OPÉRATIONS D’ASSURANCES
ET LEURS PARTICULARITÉS
La première classification est fondée sur le domaine naturel des risques, elle permet de distinguer 4
catégories d'assurance :

Les assurances maritimes appliquées aux risques de transport par mer que ces risques concernent
les marchandises (assurance sur faculté) ou le navire lui-même (assurance sur corps).

Elles garantissent les biens, non les personnes exposées à de tels risques.

Elles obéissent à des règles spécifiques régies par le dahir formant Code de commerce maritime du
31 mars 1919) (B.O du 26 mai 1919, p. 478 et rectificatif du 15 août 1930, p. 95).

Les assurances fluviales et lacustres qui couvrent les risques de transport sur les fleuves, lacs,
canaux et rivières.

Elles concernent de même les marchandises transportées et les bateaux dont le régime est calqué
sur celui des assurances maritimes.

Les assurances aériennes, elles, couvrent les risques aériens, l'aéronef et les marchandises.
Les assurances terrestres, elles constituent le droit commun des assurances car elles couvrent tous
les risques autres que ceux exclus par les assurances maritimes et fluviales, lesquels ne concernent
que les biens.

Il faut encore écarter les assurances sociales (Dahir portant loi n° 1-72-184 du 27 juillet 1972 relatif au
régime de sécurité sociale et les assurances contre les accidents du travail, qui depuis le dahir du 25
juin 1927, obéissent à un régime propre.
97

Les assurances terrestres sont donc des assurances privées dont le domaine s'étend à
toutes les assurances de personnes et aux assurances de dommage non maritime ni
fluviales.

Cette distinction s’explique autant par la nature des obligations souscrites que par les
aspects techniques de la gestion qui en découle.

La différence entre ces deux assurances, réside dans le fait que dans les premières, le
sinistre équivaut à une atteinte immédiate au bien de l'assuré alors que dans les
secondes, cette atteinte est seulement médiate. En effet, elle résulte d'un dommage
causé à la personne ou au bien d'autrui, lequel engendre une dette de responsabilité
civile.
98

Assurances de dommages Assurances de personnes


 Assurance de choses Prévoyance, Invalidité, retraite,
dépendance...
 Assurance de responsabilité Individuelle accident
Assurance Vie
Principe indemnitaire Principe forfaitaire
Article 39 de la loi n° 17-99 Sauf si la prestation versée a un
caractère indemnitaire
Subrogation légale de l'assureur :
Article 47 de la loi n° 17-99
Subrogation impossible
Sauf si prestation à caractère
Subrogation conventionnelle
indemnitaire
possible
Article 48 de la loi n° 17-99
99

SECTION I LES ASSURANCES DE DOMMAGES

Le rôle essentiel des assurances de dommages est de protéger et de reconstituer les


patrimoines des individus et des entités de production. De ce fait, elles sont aussi
nombreuses que les risques auxquels sont exposés ces patrimoines, c’est ce qui ressort
de la loi (article 40 alinéa 2) qui spécifie que " tout intérêt direct ou indirect à la
réalisation d’un risque peut faire l’objet d’une assurance ". Il fut précisé dans les
développements précédents qu’il existe des limites à la liberté de souscription des
parties.

Les assurances de dommages qui se répartissent en assurances de biens et en


assurances de responsabilité, sont dominées par le principe indemnitaire. En effet, elles
indemnisent tout ou partie de la perte subie, soit directement par l’assuré, soit par un
tiers, consécutivement à la réalisation du risque prévu au contrat. Ce principe influe sur la
détermination de la garantie et sur l’indemnité de sinistre.
100

Paragraphe 1 Distinction entre assurances de biens et assurances de


responsabilité

A) Les assurances de choses


Elles sont appelées assurance de biens, elles correspondent aux formes classiques de l'Assurance
.
Elles ont pour objet de garantir dans leur forme première contre la perte des marchandises transportées par mer ou
dans le domaine terrestre contre la perte des immeubles du fait de l'incendie.

La protection complète du patrimoine de l'assuré s'agrandit contre les risques de perte pécuniaire.

S'agissant des pertes matérielles, il y a l'assurance des dommages causés aux marchandises transportées ainsi
qu'au corps des véhicules, que ce soit les corps terrestres, maritimes ou aériens. (Incendie, grêle, gel..., mortalité du
bétail, vol...dégâts des eaux...)

B) Les assurances de responsabilité

Elles garantissent l'assuré contre les recours exercés par des tiers à son encontre en raison du préjudice par eux
subi dont il lui impute la responsabilité.

Elles ont la particularité de toujours mettre une 3ème personne en présence de l'assuré et de l'assureur, c'est la
victime (tiers lésé) dont l'action contre l'assuré crée le droit à l'indemnité.

Ces assurances peuvent garantir l'assuré contre toutes les causes possibles de sa responsabilité civile excepté
contre la conséquence de sa faute intentionnelle.

Les polices ne prévoient souvent que des responsabilités particulières et déterminées.


101

Ainsi elles peuvent garantir la responsabilité contractuelle ou délictuelle de l'assuré, de ce


fait elles peuvent ne s'appliquer qu'à sa responsabilité du fait d'autrui ou du fait personnel.
(Qu’à sa responsabilité en tant que gardien d'une chose ou de propriétaire d'un
immeuble, articles 88 et suivants du DOC),

L'assurance de responsabilité joue un rôle important dans la vie sociale actuelle, le


législateur intervient de ce fait de plus en plus pour la rendre obligatoire. Comme cela a
été précisé précédemment, le code des assurances a rendu obligatoire l’assurance tous
risques chantiers, la responsabilité décennale et la couverture des conséquences
d'événements catastrophiques.

En France, de 60 assurances obligatoires dénombrées il y a 20 ans, on compte


aujourd’hui environ 150

Ces Assurance obligatoires concernent 3 domaines de risque : - relatifs aux moyens de


transport, à l'exercice d'une profession, les activités sportives et les loisirs
102

• PARAGRAPHE 2–DÉTERMINATION DE LA GARANTIE

• Les limites de la garantie sont énoncées par l’article 39 de la loi n° 17-99 : " l’assurance
relative aux biens est un contrat d’indemnité. L’indemnité due par l’assureur à l’assuré ne
peut dépasser le montant de la valeur de la chose assurée au moment du sinistre ". Cette
règle s’applique également aux assurances de responsabilité en ce sens que l’assureur
ne peut être tenu au delà du préjudice subi par la victime et dans les limites du contrat.

• Ainsi, le principe indemnitaire évite de faire de l’assurance une source d’enrichissement


sans cause ou encore un moyen de spéculation. Par conséquent, l’indemnité se limite au
préjudice réellement subi et à la valeur du bien assuré. Cette valeur, à moins d’indication
précise dans le contrat est la valeur vénale, c’est à dire celle qu’aurait rapporté la chose
une fois vendue si elle n’était pas sinistrée. Autrement dit, en cas de sinistre l’assureur
déduira la vétusté de la valeur à neuf.

• Toutefois, le contrat peut prévoir la prise en charge de la vétusté. De même que les
parties peuvent se mettre d’accord sur une valeur agréée fixée notamment, par voie
d’expertise.

• De même que le contrat peut prévoir la prise en charge du gain manqué par l’assuré.
103

Puisque le dommage est par principe égal à la valeur de la chose assurée au moment du
sinistre, c'est au jour du sinistre qu'il doit être évalué.
Dans l’Assurance de chose, l'Assuré a droit à la valeur appréciée à ce jour plus les dommages
et intérêts moratoires et éventuellement des dommages et intérêts compensatoires en cas de
retard abusif de l'Assureur.
En Assurance de responsabilité, la dette de l'Assureur est seulement fonction de la dette de
responsabilité de l'Assuré, fixée au jour où les juges statuent.
La valeur de la chose est appréciée différemment selon qu'elle était ou non destinée à la
vente.
Dans le 1er cas, c'est la valeur commerciale ou vénale qui est prise en considération.
Il s'agira pour un producteur de la somme qu'il aurait obtenu s'il avait vendu ses récoltes. C’est
à dire de leurs valeurs marchandes déterminées par les cours habituels.
Pour un commerçant ce sera la valeur d'achat au jour du sinistre.
Pour un fabricant c'est le prix de revient
Quand la chose n'est pas destinée à la vente, c'est seulement la valeur d'usage qui est prise
en considération qui équivaut à l'utilité que la chose détruite procurait à l'Assuré.
Donc l'Assuré devra recevoir une somme égale à celle que nécessiterait sa reconstruction ou
l'achat d'une chose semblable déduction faite de la vétusté de la chose sinistrée faute de quoi
il recevrait de plus une somme correspondant à l'amortissement de sa chose.

C'est la valeur de remplacement pour les meubles.


104

Ainsi, le dommage subi par le propriétaire d'un bâtiment équivaut à la valeur de


reconstruction sous déduction de la vétusté et celui qu'a éprouvé le propriétaire d'un objet
mobilier à la valeur de remplacement, c’est à dire à la valeur d'acquisition d'un objet similaire
vétusté déduite.
C'est la valeur de remplacement pour les meubles.
Cette déduction de la vétusté peut être écartée dans l’Assurance "valeur à neuf" ou de
vétusté qui peut être souscrite en complément de l’Assurance de la valeur d'usage.
Seule cette valeur à neuf permettra à l'Assuré de reconstruire l'immeuble et parfois de
remplacer le bien mobilier détruit.
Pour éviter que cette évaluation valeur à neuf ne porte atteinte à ce principe, le montant de la
différence entre cette indemnité (valeur à neuf) et celle correspondant à la valeur d'usage ne
sera payée qu'après justification de la reconstruction ou du remplacement. Lesquels devront
intervenir dans un délai de 2 ans.
C'est l'Assuré demandeur en indemnité qui doit établir outre l'obligation de garantie de
l'Assureur et l'existence des biens sinistrés au moment et au lieu du sinistre mais aussi la
valeur même de ses biens.
Or, la preuve de la valeur variera selon qu'il les aura assurés en valeur déclarée ou en valeur
agréée (Pour les Assurance de chose)
Pour les Assurance de responsabilité, la somme assurée ne peut servir à déterminer la
valeur du dommage.
105

Dans l’Assurance en valeur déclarée, la somme assurée librement arrêtée par le


souscripteur sert à fixer la prime et non pas à prouver ni même à présumer la valeur du
dommage.
S'il en était différemment, l'Assuré réaliserait un bénéfice quand cette somme serait dès
l'origine ou deviendrait en cours de contrat supérieure à la valeur de la chose assurée. Ce
qui serait contraire au principe indemnitaire.
Cette somme qu'il appartient à l'Assuré de fixer aussi exactement que possible ne constitue
que la limite maximum de l'engagement de l'Assureur.
La valeur réelle de la chose sinistrée dont dépend le montant de l'indemnité fera l'objet
généralement d'une estimation commune et contradictoire au moyen d'une expertise.
Faute d'accord entre les parties, c'est le juge qui l'appréciera.
Dans l’Assurance en valeur agréée qui est pratiquée surtout en matière industrielle, des
objets d'arts ou pièces de collection... la somme est fixée contradictoirement entre les parties
lors de la conclusion du contrat en général à la suite d'une expertise préalable de la chose
soumise au contrat.
106

L'accord initial de l'Assureur quant à la valeur de cette chose au moment où il la garantit,


facilitera la preuve que devra faire l'Assuré de la valeur qu'elle avait au moment du
sinistre.

La valeur agréée servira de fondement à la demande d'indemnité.


L'Assureur en invoquant le principe indemnitaire pourra prouver que l'estimation convenue
est excessive soit parce qu'elle ne correspondait pas à la valeur réelle de la chose soit
parce qu'elle n'y correspond plus.

La valeur de la chose ayant entre temps baissée.

Cette valeur agréée en faisant présumer la valeur de la chose au moment du sinistre


opérera un renversement de la charge de la preuve.

Grâce à la valeur agréée, l'Assuré sera en situation favorable. Ce sera à l'Assureur de


faire la preuve contraire.

Faute par l'Assureur d'établir qu'elle est supérieure à la valeur réelle, elle fondera
l'évaluation de l'indemnité qu'il devra payer.
107

Le principe indemnitaire donne lieu à l’application de règles particulières en


cas de sous-assurance ou en revanche de sur-assurance.

A / LA SOUS – ASSURANCE

L’assuré peut délibérément opter de rester son propre assureur pour une
part de risque et dans ce cas, il supporte une part du dommage (article
43). Ainsi, l’assureur lui applique la règle proportionnelle. Il en est de
même lorsque la valeur de la chose assurée a augmenté entre la date de
souscription du contrat et le jour du sinistre.

L’application de la règle proportionnelle se traduit par la réduction de


l’indemnité dont le montant serait égal au montant du dommage multiplié
par le rapport entre la valeur d’assurance figurant au contrat et la valeur
réelle du bien assuré.
Valeur d’assurance
Indemnité réduite = montant du dommage x_______________________
Valeur réelle

).
108

• L’application de la règle proportionnelle peut être


écartée par clause spéciale du contrat. Mais le cas est
assez rare. Néanmoins sans pour autant renoncer à
l’application de la règle proportionnelle certaines
dispositions de souplesse sont parfois prévues. Il en
est ainsi des conditions générales « Type » en matière
incendie qui prévoient le report des excédents des
garanties sur les risques insuffisamment couverts, à
condition qu’il s’agisse d’un même établissement.
• Outre l’aspect de la valeur, évoqué précédemment,
l’assuré peut être tenu de participer au dommage
(article 39 alinéa 2). Cette participation peut être
rachetée (franchise).
109

• B/ LA SUR – ASSURANCE
• En application du principe indemnitaire, l’assuré ne peut demander la garantie
d’un risque pour un montant supérieur à sa valeur réelle.
• Ainsi lorsque la sur-assurance est constatée et si la preuve de la fraude est
établie, la partie lésée peut demander la nullité du contrat et exiger, s’il y a lieu des
dommages et intérêts. Si en revanche il n’y a pas fraude, le contrat reste valable
mais uniquement dans la limite de la valeur réelle de la chose assurée, avec
l’obligation pour l’assureur de rembourser l’excédent indu de la prime (article 41).
• Pour éviter le recours à la sur-assurance par la souscription de plusieurs contrats
auprès de divers assureurs, le législateur fait obligation à l’assuré de déclarer
lesdits contrats à l’ensemble des assureurs intéressés par les risques présentant
la même identité d’objet, d’intérêt et de dommages.
• Par conséquent, si les assurances cumulatives sont admises, elles sont
suffisamment encadrées pour enrayer la fraude. C’est ainsi qu’en cas de sinistre,
chaque contrat produirait ses effets en proportion de la somme à laquelle elle
s’applique ou jusqu’à concurrence de l’entière valeur de la chose assurée (article
41 alinéa 3). Pour ce dernier cas, il sera fait application d’une réduction
proportionnelle à moins que les parties aient choisi l’ordre des dates ou la
solidarité entre les assureurs (article 41 alinéa 4).
110

• PARAG.II - LE RÈGLEMENT DU SINISTRE

• Le principe indemnitaire s’oppose à ce que l’assuré soit indemnisé au delà


du préjudice effectivement subi. Or, au cas où le dommage a été causé
par une tierce personne, même si l’assuré peut prétendre à une indemnité
de la part de cette personne, il ne peut cumuler cette indemnité avec la
prestation d’assurance sauf en complément de cette dernière lorsqu’elle
ne couvre pas la totalité du dommage.
• Aussi, la loi autorise l’assureur à récupérer de l’auteur du dommage
l’indemnité à laquelle aurait droit l’assuré; c’est la subrogation légale.

• De plus, les créanciers de l’assuré peuvent se prévaloir de l’indemnité


d’assurance dans le cadre de la subrogation réelle.

• A/ LA SUBROGATION LÉGALE

• L’assureur, est subrogé dans les droits et actions de l’assuré contre les
tiers responsables du dommage (article 47 de la loi 17-99), à condition :
• - qu’il justifie du paiement de l’indemnité d’assurance ;
• - que l’assuré disposait d’une action en responsabilité contre l’auteur du
dommage ;
111

• B / LA SUBROGATION RÉELLE

• Les créanciers privilégiés ou qui disposent d’une hypothèque, ont droit à l’indemnité
d’assurance lorsque celle-ci est prévue pour réparer le dommage causé à la chose, ou au bien
sur lequel porte le privilège. Il en est de même des prestations bénéficiant de cette protection
comme les prestations sociales par exemple (article 48 de la loi 17-99).

• PARAGRAPHE III LES ASSURANCES DE RESPONSABILITÉ

• Les assurances de responsabilité se distinguent par la nature du sinistre et par le bénéficiaire


de l’indemnité.

• A/ LA NATURE DU SINISTRE

• La garantie de l’assureur n’est mise en cause qu’en cas de réclamation amiable ou judiciaire
de la victime du dommage couvert par le contrat (article 61 de la loi 17-99). Aussi, l’action de la
victime bien que mettant en cause l’assureur s’exerce contre l’auteur du dommage. Par
conséquent, l’action s’exerce selon les règles de la responsabilité civile. Le délai de cinq jours
prévu pour la déclaration des sinistres est inopposable aux tiers. Par ailleurs, l’assureur prend
en charge même les réclamations faites après l’expiration du contrat pourvu que le dommage
soit survenu pendant la période assurée.

• De plus l’assureur en plus des dommages-intérêts prend en charge les frais de l’instance
judiciaire auxquels l’assuré est condamné.
112

• B / LE BÉNÉFICIAIRE DE L’INDEMNITÉ

• Le bénéficiaire de l’indemnité étant toujours une personne autre


que l’assuré, il est normal que le législateur soit intervenu pour
protéger ses droits. Ainsi, il dispose d’une action directe contre
l’assureur qui ne peut s’exonérer de son obligation qu’entre ses
mains (article 62 de la loi 17-99).
• D’un autre côté l’assuré ayant transféré contractuellement les
conséquences pécuniaires de sa responsabilité sur l’assureur, il est
normal que ce dernier puisse s’arroger le droit de lui interdire de
reconnaître sa responsabilité ou de négocier avec la victime. De
manière générale, c’est l’assureur qui dirige le procès.

• SECTION II- LES ASSURANCES DE PERSONNES

• Les assurances de personnes ne sont pas régies par le principe


indemnitaire. Néanmoins, ceci n’est valable que pour les
assurances renfermant une notion d’épargne comme c’est le cas
pour les assurances sur la vie. Il en est autrement des assurances
qui prévoient le remboursement de certains frais : assurance contre
la maladie et les accidents corporels qui empruntent leurs règles
aux assurances de dommages et aux assurances sur la vie.
113

• B / LE BÉNEFICIAIRE DE L’INDEMNITÉ

• Le bénéficiaire de l’indemnité étant toujours une personne autre


que l’assuré, il est normal que le législateur soit intervenu pour
protéger ses droits. Ainsi, il dispose d’une action directe contre
l’assureur qui ne peut s’exonérer de son obligation qu’entre ses
mains (article 62).
• D’un autre côté l’assuré ayant transféré contractuellement les
conséquences pécuniaires de sa responsabilité sur l’assureur, il est
normal que ce dernier puisse s’arroger le droit de lui interdire de
reconnaître sa responsabilité ou de négocier avec la victime. De
manière générale, c’est l’assureur qui dirige le procès.

• SECTION .II- LES ASSURANCES DE PERSONNES

• Les assurances de personnes ne sont pas régies par le principe


indemnitaire. Néanmoins, ceci n’est valable que pour les
assurances renfermant une notion d’épargne comme c’est le cas
pour les assurances sur la vie. Il en est autrement des assurances
qui prévoient le remboursement de certains frais : assurance contre
la maladie et les accidents corporels qui empruntent leurs règles
aux assurances de dommages et aux assurances sur la vie
114

• PARAG.II - LES ASSURANCES SUR LA VIE

• Les assurances sur la vie sont des assurances de personnes


comportant des garanties dont l’exécution dépend de la durée de la
vie humaine et dont la gestion financière permet la constitution de «
provisions mathématiques» .

• Plusieurs types de contrats sont proposés au public. Nous rappelons


les plus répandus :

• Les assurances en cas de vie :

• 1-l’assurance de capital différé est l’assurance qui garantit le


paiement d’un capital déterminé si l’assuré est encore en vie à
l’échéance du contrat.

• 2-L’assurance de rente en cas de vie : elle garantit au souscripteur «


une rente immédiate » ou « une rente différée » contre le paiement
d’une prime unique lors de la souscription du contrat pour le premier
cas ou des primes annuelles temporaires que l’assuré paiera aussi
longtemps qu’il est en activité.
• .
115

• Les assurances en cas de décès


• 1-L’assurance en cas de décès « vie entière » est l’assurance qui garantit lors du
décès de l’assuré à quelque époque qu’il survienne, le paiement au bénéficiaire du capital
fixé au contrat.
• 2-L’assurance temporaire décès : est l’assurance qui ne garantit le paiement du capital
prévu au contrat que si le décès survient avant une date déterminée. Cette combinaison ne
constitue pas une épargne car si l’assuré est toujours vivant à l’échéance, l’assureur est
dégagé de toute obligation.
• 3-« L’assurance de survie » concerne l’obligation de l’assureur d’une condition : c'est-à-
dire, l’assureur ne s’engage ici à verser le capital déterminé au bénéficiaire désigné, que si
celui-ci survit à l’assuré. En revanche, si le bénéficiaire est décédé avant l’assuré, l’assureur
ne doit rien.
• Mais quelque soit le type de contrat d’assurance de vie il demeure régi par les principes
suivants :

• A / LA NON APPLICATION DU PRINCIPE INDEMNITAIRE

• Ces assurances ont pour objet la personne de l’assuré et comportent des prestations
indépendantes du dommage pouvant résulter de la réalisation du risque couvert. A ce titre,
elles constituent des opérations d’épargne et par conséquent, elles n’obéissent pas au
principe indemnitaire, ce qui implique les observations suivantes :
116

• •elles sont gérées en capitalisation ;


• •la notion de sous-assurance ou de sur-assurance est sans
objet. Le capital (ou la rente) promis est fixé par la police
d’assurance. La prime est calculée en fonction de celui-ci et de
l’âge de l’assuré ainsi que du taux d’intérêt réglementaire. Aussi,
l’assuré peut souscrire autant de contrats qu’il le souhaite ;
• la déclaration du sinistre n’obéit pas à la règle générale des 5
jours;
• •il en est de même de la déclaration du risque sauf lorsqu’il
s’agit d’erreur sur l’âge de l’assuré (articles 94 et 95 de la loi 17-
99);
• •l’assureur n’a pas d’action contre le souscripteur pour le
paiement de la prime et ne peut suspendre la garantie.
L’application de l’article 86 de la loi de la loi 17-99 se limite à la
possibilité de résiliation avec remboursement des primes ou de
réduction du capital (ou de la rente) ;
• •l’assureur ne peut être subrogé dans les droits de l’assuré
contre le tiers responsable du dommage qui aurait déclenché la
garantie de l’assureur (article 66 alinéa 1° de la loi 17-99).
117

• B/ LA SOUSCRIPTION DU CONTRAT ET LES DROITS DU BÉNÉFICIAIRE

• Le souscripteur du contrat peut souscrire sur sa propre tête ou sur la tête de quelqu’un d’autre
à condition que cette personne ait donné son accord par écrit (article 68 de la loi 17-99).
Toutefois, il est interdit de souscrire une assurance en cas de décès sur la tête d’un mineur âgé
de moins de 12 ans (article 69 de la loi). Les contrats d’assurances en cas de décès peuvent
être souscrits sur la tête d’un mineur âgé de 12 à condition d’avoir l’accord de son tuteur
(article 70 de la loi 17-99) .

• Il y a lieu de préciser que contrairement à l’article 59 de l’arrêté viziriel du 28 novembre 1934


relatif au contrat d’assurance qui interdisait de souscrire une assurance en cas de décès sur la
tête d’une femme mariée sans l’autorisation de son mari, l’article 70 de la loi 17-99 formant
code des assurances a levé cette interdiction surannée en ne citant plus la femme mariée et en
se contentant du cas du mineur âgé de plus de 12 ans. Cet article dispose qu’ « une assurance
en cas de décès ne peut être contractée par une autre personne, sur la tête d'un mineur
parvenu à l'âge de douze (12) ans, sans l'autorisation de son représentant légal.

• Cette autorisation ne dispense pas du consentement personnel du mineur.

• A défaut de cette autorisation et de ce consentement, la nullité du contrat est prononcée à la


demande de tout intéressé ».

• Par ailleurs, les contrats sur la vie font une application très large à la notion de stipulation pour
autrui. En effet, le souscripteur peut stipuler pour lui même pour une personne déterminée ou
identifiable. Toutefois, cette stipulation ne prend effet qu’après accord du bénéficiaire qui peut
intervenir par divers moyens et à tout moment même après la survenance du sinistre. Tant que
cet accord n’est pas intervenu, le souscripteur a toujours la possibilité de revenir sur sa
décision. Il peut également revenir sur sa décision lorsque le bénéficiaire a intenté, sans
résultat à la vie de l’assuré. Si sa tentative a provoqué le décès de l’assuré, le contrat est nul.
118

• L’acceptation du bénéficiaire de la stipulation faite à son profit lui


confère des droits sur la prestation qui se trouve ainsi, soustraite du
patrimoine successoral. De même que les créanciers n’y ont pas droit
sauf le cas de fraude.

• Le contrat d’assurance étant un contrat d’épargne, le souscripteur


peut demander la réduction de son capital, le rachat de celui-ci ou
encore une avance. Le contrat doit spécifier les conditions de rachat
et de réduction.

• PARAGRAPHE II- LES ASSURANCES CONTRE LA MALADIE ET LES


ACCIDENTS CORPORELS

• Ces assurances garantissent le versement d’une prestation en cas


d’interruption de l’activité de l’assuré par suite de maladie ou
d’accident dû à une circonstance prévue au contrat, ainsi que le
remboursement des frais générés par cette maladie ou accident. Pour
ce dernier aspect, ces assurances sont soumises aux règles du
principe indemnitaire. Par ce biais, elles se trouvent soumises aux
règles des assurances de dommages pour ce qui est de la déclaration
du risque et du sinistre ainsi que le paiement de la prime ;
119

En règle générale, l’assureur garantit le paiement des prestations suivantes, dont les
montants sont indiqués aux Conditions Particulières:

1) Décès:

En cas de décès survenant immédiatement ou dans le délai d’un an des suites de l’accident,
un capital, net de droits de mutation, est payable au (x) bénéficiaire(s) désigné(s).

2) Infirmité permanente

En cas d’infirmité permanente et définitive de l’Assuré: le contrat garantit le paiement à


l’assuré d’une indemnité dont le montant est égal :
Si l’infirmité est totale : au capital prévu aux conditions particulières. L’infirmité est totale
lorsque, calculée conformément au barème prévu par le contrat, elle atteint le taux de 80%.

Si l’infirmité est partielle : le contrat garantit à l’assuré un pourcentage du capital prévu aux
conditions particulières. Ce pourcentage est égal au taux d’infirmité calculé conformément au
barème prévu par le contrat.

3) Invalidités Permanentes Totales : elles donnent droit au paiement d’une indemnité égale au
capital de base, exemples:
- Aliénation mentale et totale résultant directement et exclusivement d’un accident ; paralysie
organique complète ; cécité complète ; infirmité portant sur deux membres: perte par
amputation ou perte complète de l’usage des deux bras ou des deux mains ; perte par
amputation ou perte complète de l’usage des deux jambes ou des deux pieds ; perte par
amputation ou perte complète de l’usage d’un bras et d’une jambe ou d’une main et d’une
jambe ; perte par amputation ou perte complète de l’usage d’une main et d’un pied ou d’un
bras et d’un pied.
120

4) Invalidités Permanentes Partielles : elles donnent droit au paiement d’une indemnité


proportionnelle au capital de Base, suivant le taux d’infirmité fixé par le barême annexé au
contrat.
a) Le taux d’infirmité est fixé en tenant compte uniquement des atteintes à l’intégrité physique,
sans prendre en considération la profession de l’assuré, le préjudice esthétique, le préjudice
d’agrément et tous éléments subjectifs.
Le taux d’infirmité est arrêté sur la base du barème prévu au contrat sur expertise médicale et
après consolidation du malade, la consolidation étant définie comme l’ état où, d’après les
progrès de la médecine, les lésions corporelles ne peuvent plus évoluer ni pour s’améliorer, ni
pour s’empirer.
b) Les infirmités non énumérées au barème prévu au contrat seront indemnisées en
proportion de leur gravité comparée à celle des cas énumérés.
c) S’il est mentionné aux conditions particulières que l’Assuré est gaucher, les taux prévus au
barème ci-dessus pour les différentes infirmités des membres supérieurs droit et gauche
seront inversés.
En cas de perte partielle de la vue, l’indemnité sera proportionnée à la diminution d’acuité
visuelle.
e)- L’incapacité fonctionnelle totale ou partielle d’un membre ou d’un organe est assimilée à sa
perte totale ou partielle.
f) Si plusieurs infirmités résultant d’un même accident affectent plusieurs membres ou
organes, l’indemnité est calculée en retenant tout d’abord le taux prévu au barème ci-dessus
pour l’infirmité la plus importante, puis en ajoutant successivement et par ordre décroissant, le
taux de chacune des infirmités suivantes, en fonction chaque fois de la capacité restante.
121

g) La perte d’un membre ou d’un organe frappé avant l’accident :


- d’incapacité fonctionnelle totale, ne donne lieu au paiement d’aucune indemnité ;
- d’incapacité fonctionnelle partielle, n’est indemnisée que par différence entre l’état antérieur
et l’état postérieur à l’accident.
• Les frais médicaux occasionnés ou engagés à la suite d’un sinistre sont remboursés dans
la limite du montant garanti dans les conditions particulières.
• En cas de traitement, les remboursements sont faits sur remise des pièces justificatives,
des frais médicaux, chirurgicaux, pharmaceutiques et d’hospitalisation, à concurrence, par
sinistre, de la somme fixée aux Conditions Particulières.
• Les frais de prothèse et d’orthopédie sont compris dans la garantie « Frais de traitement »’,
à concurrence de 20% de la somme prévue pour cette garantie. Les frais de cure sont
exclus.
• Sont seuls pris en charge les frais de traitement dispensés par des praticiens munis des
diplômes exigés par les pouvoirs publics.
• Le remboursement ne viendra éventuellement qu’en complément des indemnités ou des
prestations de même nature garanties pour le même risque, par la sécurité sociale ou tout
autre régime de prévoyance, ou par un contrat d’assurance antérieur au présent contrat,
sans que l’Assuré puisse recevoir, au total, un montant supérieur à celui de son débours
réel ou celui éventuellement prévu par les dispositions législatives ou réglementaires.
122

5° Incapacité temporaire

En cas d’incapacité temporaire et totale pour l’assuré de se livrer à ses occupations habituelles après
le quinzième jour suivant la date de l’accident, et au plus tôt du premier jour du traitement médical, une
indemnité forfaitaire quotidienne telle que fixée aux Conditions Particulières sera allouée à l’assuré.
Cette allocation est payable à l’assuré mensuellement dans les 15 jours qui suivent la remise des
pièces justificatives. Cependant, elle cesse d’être due dès le moment où, par suite de l’accident, une
incapacité permanente totale est constatée. Elle ne s’étend jamais au-delà du 365e jour à partir du jour
de l’accident; elle n’est due qu’autant que l’accident entraîne une
interruption réelle des occupations professionnelles de l’Assuré et que ce dernier suit un traitement
médical et se soumet au repos complet nécessaire à sa guérison ou, s’il n’a pas de profession, tant
qu’il est obligé de garder la chambre. Cette allocation est réduite de moitié si l’assuré n’interrompt pas
complètement ses occupations ou dès qu’il peut les reprendre partiellement.

6° Recherche, sauvetage et transport de l’Assuré

En cas de recherche, de sauvetage et de transport de l’Assuré à la suite d’un accident : remboursement


à concurrence de la somme fixée aux Conditions Particulières, des frais occasionnés par ces
opérations effectuées par les sauveteurs isolés ou par des organismes de secours, privés ou publics.
Lorsque l’Assuré exposé à un risque entrant dans le champ d’application du contrat, non accidenté
mais signalé en détresse est recherché, secouru et/ou transporté par les personnes ou organismes
mentionnés ci-dessus, l’Assureur accorde la même garantie, à concurrence de la moitié de la somme
fixée aux Conditions Particulières.
Par ‘’transport’’, il faut entendre le transfert de l’Assuré du lieu de l’accident ou du sauvetage jusqu’à la
localité la plus proche ou, si son état exige une hospitalisation, jusqu’à la clinique ou l’hôpital le plus
proche. Par dérogation aux dispositions du paragraphe 1° e°) de l’article 5, seront considérés comme
garantis, les accidents subis par l’Assuré transporté au cours de son sauvetage dans un avion ou
hélicoptère privé ou public.
123

- Cumul des Indemnités

Les différentes indemnités garanties par le contrat se cumulent, sauf celles prévues en cas
de décès et d’infirmité permanente. Toutefois, si l’accident entraîne, dans les douze (12)
mois qui suivent le jour de sa survenance, le décès de l’assuré, et si l’assureur a versé une
indemnité pour infirmité permanente, le bénéficiaire recevra le capital prévu en cas de
décès, diminué de cette indemnité.

Aggravation des conséquences d’un accident

Lorsque les conséquences d’un accident sont aggravées soit par une maladie, une infirmité
ou une mutilation indépendante de cet accident, soit par un manque de soins dû à la
négligence de l’assuré ou par un traitement empirique, les indemnités sont calculées
d’après les conséquences qu’aurait eu l’accident chez un sujet de constitution ou de santé
normale, soumis à un traitement médical rationnel.

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