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Jean-François CARLOT

MAGISTERE DROIT DES AFFAIRES - PREMIERE ANNEE


COURS DE DROIT DES ASSURANCES - II

PLAN DU COURS - II
au 01 octobre 2001

TITRE I
LA PLACE DE L'ASSURANCE DANS LA GESTION DES RISQUES

TITRE II L'ASSURANCE DES RISQUES DE L'ENTREPRISE

CHAPITRE I ASSURANCE INCENDIE ET DES RISQUES DIVER

SECTION I - GARANTIES DE BASE DU CONTRAT D'ASSURANCE INCENDIE

I - EVENEMENTS GARANTIS
II - EXCLUSIONS
III - NATURE DES PREJUDICES GARANTIS

SECTION II - EXTENSIONS DE GARANTIES OBLIGATOIRES

I - Tempête, grêle, poids de la neige sur les toitures


II - Catastrophes naturelles
III - Dommages matériels causés par des actes de terrorisme ou d'attentats

SECTION III - GARANTIES FACULTATIVES

I - Chute d'appareils de navigation aérienne ou d'engins spatiaux


II - Dommages électriques
III - Tremblements de terre, éruptions volcaniques
IV - Risque atomique
V - Actes de vandalisme (casse)
VI - Convention d'assurance contre les risques spéciaux

SECTION IV - Exclusions

II - EXCLUSIONS RACHETABLES

SECTION V - LE REGLEMENT DU SINISTRE INCENDIE


I - MESURES A PRENDRE APRES SINISTRE
A - Mesures de sauvetage
B - Déclaration circonstanciée
C - Remise d'un État des pertes
D - Communication de pièces à l'assureur

II - PROCEDURE D'EVALUATION DES DOMMAGES : EXPERTISE

1 - Expertise obligatoire en l'absence d'accord sur la fixation des dommages


2 - Expertise amiable et contradictoire
3 - Acte de nomination d'expert
4 - Recours à un tiers expert
5 - Recours à désignation d'experts par le tribunal
6 - Mission des experts et déroulement de l'expertise
7 - Procès-verbal de clôture
8 - Sauvetage

TITRE II

L'ASSURANCE DES RISQUES DE L'ENTREPRISE

CHAPITRE I

ASSURANCE INCENDIE ET DES RISQUES DIVERS

L'incendie étant le plus redouté et donc figurant le plus souvent dans l'éventail des
couvertures de l'entreprise, il était logique que le contrat incendie devienne la base sur
laquelle viennent s'adosser d'autres couvertures, donnant ainsi naissance aux contrats
multirisques et, comme on le verra ci-après, aux contrats tous risques sauf.

Aujourd'hui, la plupart des contrats industriels se rangent dans une des catégories :

• Multirisque industrielle, où l'ensemble des événements garantis est précisé.

C'est donc à l'assuré d'apporter la preuve que le préjudice subi entre bien dans le
cadre du contrat ;

• Tous risques sauf, qui à l'inverse prévoit la couverture de tous les


événements qui pourraient atteindre l'entreprise, à l'exception de ceux qui sont
clairement exclus.

Il y a inversion totale de la charge de la preuve, l'assureur étant tenu de prouver, s'il


désire décliner sa garantie, que l'événement dommageable entre dans le cadre des
exclusions.
Par ailleurs, le régime du contrat d'assurance incendie est régi :

• Par les articles L 122-1 à L 122-7 du Code des Assurances

• Par des Conditions Générales instituées par l'ASSEMBLEE PLENIERE


DES SOCIETES D'ASSURANCES DOMMAGES (APSAD) insérées
systématiquement dans tous les contrats d'assurance contre l'incendie

SECTION I - GARANTIES DE BASE DU CONTRAT D'ASSURANCE INCENDIE

La garantie délivrée par l'assureur sera, comme toutes les autres garanties, constatée par
un contrat comportant une police de base et les éventuels avenants intervenus.

Aux termes des conditions générales (Conditions générales incendie, art. 1), le contrat
incendie comporte comme garantie de base les événements suivants :

• l'incendie ;

• la chute de la foudre ;

• l'explosion et les coups d'eau des appareils à vapeur.

I - EVENEMENTS GARANTIS

Le code des assurances donne, dans son article L 122-1, une définition complète :

L'assureur contre l'incendie répond de tous dommages causés par conflagration,


embrasement ou simple combustion.

Toutefois, il ne répond pas, sauf convention contraire, de ceux occasionnés par la seule
action de la chaleur ou par le contact direct et immédiat du feu ou d'une substance
incandescente s'il n'y a eu ni incendie, ni commencement d'incendie susceptible de
dégénérer en incendie véritable"

Les conditions générales ajoutent " c'est-à-dire d'une combustion avec flammes en
dehors d'un foyer normal".

Seule la combustion vive est garantie, sauf convention contraire.

II - EXCLUSIONS
• les dommages causés par excès de chaleur mais sans flammes ;
Conditions générales incendie, art. 4, § B5) : " Sont exclus les dommages autres
que ceux d'incendie ou d'explosion causés aux objets assurés et provenant d'un vice
propre, d'un défaut de fabrication, de leur fermentation ou oxydation lente (les
pertes dues à la combustion avec flammes étant seules couvertes) ".

• les dommages de fumée, non liée à un incendie (mauvaise combustion


dans une chaudière)

• les objets consumés dans un foyer normal (chaudières, fours, etc.)

Mais un foyer normal peut devenir anormal et, dès lors, devient un incendie au
sens du contrat (le feu d'un four se communiquant à l'extracteur de fumées, par
exemple).

• les bris de matériaux entraînés par la proximité d'une source de chaleur (bris
de vitres par exemple), là aussi non liée à un incendie.

III - NATURE DES PREJUDICES GARANTIS

A - DOMMAGES MATERIELS

L'article L 122-2 du code des assurances dispose que seuls sont pris en charge les
dommages matériels résultant directement d'un incendie ou d'un commencement
d'incendie.

Le principe est ainsi posé d'une assurance des dommages aux biens, qu'il s'agisse de
préjudices subis par le bénéficiaire du contrat ou de ceux causés à des tiers et entraînant
une responsabilité contractuelle ou délictuelle.

Sont toujours exclus les dommages corporels qui font l'objet de contrats spécifiques
(police individuelle accident, responsabilité civile, etc.).

Les conditions générales précisent que sont garantis (Conditions générales incendie, art. 4
A1) :

• les dommages matériels, c'est-à-dire ceux qui portent atteinte à la structure


ou à la substance de la chose ;

• les frais et pertes, c'est-à-dire les dommages immatériels, résultant d'un


dommage matériel
B - MESURES DE SAUVETAGE ET VOL

Les articles L 122-3 et L 122-4 du code des assurances prévoient la garantie des
dommages causés par les secours et mesures de sauvetage.

La disparition d'objets assurés à la faveur d'un incendie est garantie, les objets étant
réputés détruits, à moins que l'asssureur preuve qu'il y a eu vol.

C - CHUTE DE LA FOUDRE

Il s'agit des dégâts causés directement par la chute de la foudre dûment constatée sur
les biens assurés.

Sont exclus tous les effets d'ordre électrique lorsqu'ils ne sont que la conséquence des
suites de la foudre circulant par l'électricité canalisée (Conditions générales incendie, art.
4, § B7), ces dommages pouvant être pris en charge dans le cadre de la garantie
dommages électriques.

D - EXCLUSIONS

Les explosions sont définies dans l'article 1 des conditions générales incendie comme une
" action subite et violente de la pression ou de la dépression de gaz ou de vapeurs ".
Cette définition très large englobe toutes les formes d'explosions possibles, y compris
l'implosion.

Les explosions ne sont pas seulement provoquées par des substances explosives
proprement dites, mais qu'il existe un certain nombre de matières qui, sous la forme de
poussières en suspension dans l'air, peuvent provoquer une atmosphère explosive (farine
dans les moulins, sciure de bois dans les menuiseries, etc.).

Une distinction est opérée entre :

• COUP D'EAU (garanti) : conséquence d'un refroidissement dans une


machine à vapeur, la vapeur se condense. Si l'eau ainsi formée pénètre dans le
cylindre, elle risque d'être refoulée par le piston et de provoquer l'éclatement de
l'appareil en raison de l'incompressibilité des liquides.

• COUP DE FEU (exclu) : conséquence d'un excès de chaleur dû à une


insuffisance de l'alimentation et de la circulation d'eau dans une chaudière,
entraînant ainsi une fusion ou désagrégation des tubulures ou des tôles.

Pour éviter toute confusion avec la garantie bris de machines, il est prévu, à l'article 4,
§ B8 des conditions générales incendie, l'exclusion des "dommages aux compresseurs,
moteurs, turbines et aux objets ou structures gonflables causés par l'explosion de ces
appareils ou objets eux-mêmes ainsi que les déformations sans rupture causées aux
récipients ou réservoirs par une explosion ayant pris naissance à l'intérieur de celui-ci".

SECTION II - EXTENSIONS DE GARANTIES OBLIGATOIRES

I - TEMPETE, GRELE, POIDS DE LA NEIGE SUR LES TOITURES

Depuis 1990 (L. no 90-509, 25 juin 1990, JO 26 juin), le nouvel article L 122-7 du code
des assurances prévoit que les contrats incendie couvrant des biens en France, ouvrent
droit pour ces biens à la garantie "tempêtes, ouragans, cyclones".

Cette extension obligatoire, comportant une prime spécifique, prend en charge les
dommages causés par :

• l'action du vent ou d'un objet projeté par le vent;

• le choc de la grêle sur les toitures;

• le poids de la neige ou de la glace accumulées sur les toitures;

• la mouille due à la pluie ou à la neige, la grêle pénétrant à l'intérieur des


bâtiments lorsque ces derniers ont été détruits par une tempête, la grêle ou le poids
de la neige.

Ces phénomènes doivent cependant répondre à des critères d'intensité :

• vitesse en principe supérieure à 100 km/h, attestée par la station de


météorologie nationale la plus proche ;

• dommages causés à d'autres bâtiments de bonne construction dans la


commune ou dans les communes avoisinantes.

Cette garantie comporte de nombreuses restrictions et exclusions spécifiques en liaison


directe avec les répercussions immédiates sur l'intensité du sinistre.

C'est ainsi que sont exclus principalement :

• les constructions non ancrées selon les règles de l'art

• les dommages résultant d'un manque d'entretien indispensable

• les bâtiments non entièrement clos et couverts ou comportant certains


matériaux tels carton ou feutre bitumé, etc., non fixés sur voligeages jointifs

• les parties vitrées de la construction


• les biens en plein air

Venant s'ajouter aux principales exclusions énumérées ci-dessus, un dispositif restrictif


est généralement prévu :

• pas de garantie valeur à neuf ;

• franchise systématique.

À noter que la loi du 25 juin 1990 précitée, ne rend pas caduques les garanties couvrant
déjà les mêmes risques dans les contrats conclus antérieurement à sa date d'entrée en
vigueur

Cass. 1re civ., 8 juill. 1997, no 95-16.236, no 1318, RGDA 1997, p. 1096.

II - CATASTROPHES NATURELLES (CAT'NAT)

La loi du 13 juillet 1982 a imposé la garantie des catastrophes naturelles dans les
contrats d'assurance de chose, telles que l'incendie, mais aussi automobile, ou perte
d'exploitation...

Articles L 125-1 à L 125-6 du Code des Assurances.

La garantie s'applique pour tous les biens mobiliers ou immobiliers assurés.

Cette garantie obligatoire est financée par un taux de prime unique, périodiquement
révisé, identique pour tous les assurés, quel que soit leur exposition à un risque.

Cette garantie légale ne peut être mise en jeu qu'en cas d'Arrêté Interministériel de
constatation de Catastrophe Naturelle.

III - DOMMAGES MATERIELS CAUSES PAR DES ACTES DE TERRORISME OU


D'ATTENTATS

Depuis la loi du 9 septembre 1986, votée à la suite de la vague de terrorisme qu'a


connue la France cette année-là, la garantie des actes de terrorisme ou d'attentats est
obligatoire.

l'article L 126-2 du Code des Assurances prévoit, en matière de dommages matériels,


que :

"Les contrats d'assurance de biens ne peuvent exclure la garantie de l'assureur des


dommages résultant d'actes de terrorisme ou d'attentats commis sur le territoire
national. Toute clause contraire est réputée non écrite"
Il s'agit donc d'une extension à un événement générateur d'un incendie, d'une explosion
ou de tout autre risque déjà couvert par le contrat incendie.

Dès lors, tous les dommages en résultant, qu'il s'agisse de dommages matériels ou de
dommages immatériels (pertes indirectes, pertes d'usage), sont couverts dans les
conditions du contrat, c'est-à-dire à concurrence des mêmes capitaux et sous déduction
des mêmes franchises.

Certains dommages qui ne font pas partie, sauf exceptions, d'un contrat incendie, la casse
par exemple nécessitent une extension spécifique : actes de vandalisme par exemple.

En ce qui concerne les dommages corporels causés par des actes de terrorisme ou des
attentats, ils sont indemnisés dans les conditions prévues par les articles L 422-1 à L
422-3 de Code des Assurances par le FONDS DE GARANTIE DES VICTIMES
D'ACTES DE TERRORISME ET D'AUTRES INFRACTIONS, après fixation des
indemnités par la C.I.V.I. prévue par l'article 706-4 du Code de Procédure Pénale.

SECTION III - GARANTIES FACULTATIVES

I - CHUTE D'APPAREILS DE NAVIGATION AERIENNE OU D'ENGINS SPATIAUX

Cette extension prévoit la couverture des dommages matériels autres que ceux déjà
couverts au titre de la garantie de base, causés aux biens assurés par le choc ou la chute
d'appareils de navigation aérienne ou d'objets tombés de ceux-ci.

Les assureurs, en dépit d'une fréquence infinitésimale, tiennent à percevoir une surprime.

Cela étant, le risque n'est pas illusoire notamment à proximité des aéroports. On a pu le
constater encore récemment à ROISSY où le CONCORDE s'est écrasé sur un Hôtel au
décollage. Ou bien à NEW YORK et WASHINGTON le 11 septembre 2001.

II - DOMMAGES ELECTRIQUES

La couverture chute de la foudre exclut les effets de la foudre circulant par l'électricité
canalisée.

De même, sont exclus de la garantie les dommages d'incendie, d'explosions et d'ordre


électrique subis par les appareils, machines, moteurs électriques et électroniques ainsi que
les canalisations électriques, à moins qu'ils ne soient causés par l'incendie ou l'explosion
d'un objet voisin.

C'est pourquoi, il est possible de convenir d'une couverture spécifique "dommages


électriques".

Les matériels industriels ayant une durée de vie très limitée, on se trouve très vite
confronté à la distinction entre l'entretien normal et l'aléa. Aussi la couverture dommages
électriques est-elle assortie :
• · de deux exclusions majeures :

o les dommages consécutifs à l'usure, au bris de machines, à un


fonctionnement mécanique quelconque ;

o les fusibles, les résistances, les lampes et les tubes ;

• · d'abattements contractuels de vétusté en fonction du matériel, la valeur à


neuf n'étant jamais applicable.

III - TREMBLEMENTS DE TERRE, ERUPTIONS VOLCANIQUES (RISQUES


SISMIQUES)

Les biens déjà garantis au titre de la couverture de base peuvent être assurés contre :

• un tremblement de terre, une éruption volcanique ;

• un raz de marée conséquence d'un des événements ci-dessus.

Le régime des catastrophes naturelles retire une grande partie de son intérêt à cette
couverture qui, toutefois, peut être prévue en principauté d'Andorre et principauté de
Monaco ou pour des installations situées à l'étranger, dans des zones à risques.

La tarification, assise sur les capitaux assurés au titre de la garantie de base est liée :

• à la situation du risque ; trois zones de sécurité différentes sont recensées en


France (de très facile à moyenne) ;

• à la catégorie de construction (quatre catégories).

Enfin, la garantie est assortie d'une franchise.

IV - RISQUES ATOMIQUE

Les dommages causés ou aggravés par toute source de rayonnements ionisants, hors
de toute enceinte nucléaire, peuvent être garantis selon les modalités ci-après :
• installations soumises à la loi no 76-663 du 19 juillet 1976, JO 20 juillet : le
risque atomique devra faire l'objet d'une étude par le pool français des risques
atomiques ;

• installations non soumises : le risque atomique peut faire l'objet d'une


extension dans le contrat incendie.

Peuvent être garantis :

 les dommages matériels (y compris les frais causés par les opérations de
décontamination), frais et pertes résultant d'un incendie ou d'une explosion causés par une
source de radioactivité, ou l'aggravation des dommages due à cette source ;

 les frais de destruction ou neutralisation des biens endommagés et les frais de


transport jusqu'au lieu de destruction ou neutralisation.

V - ACTES DE VANDALISME (casse)

les actes de vandalisme n'entrent pas dans le cadre des actes liés aux émeutes et aux
mouvements populaires, et doivent faire l'objet d'une extension spécifique.

Mais, la "casse" pouvant constituer une infraction, elle peut être couverte, dans certains
cas, par le FONDS DE GARANTIE DES VICTIMES D'ACTES DE TERRORISME ET
D'AUTRES INFRACTIONS.

VI - RISQUES SPECIAUX

L'intérêt évident de certaines des extensions de garanties vues ci-dessus a amené les
assureurs à les regrouper dans un intercalaire "risques spéciaux" reprenant :

• tempêtes, grêle et neige sur les toitures, dans les mêmes formes que celles
étudiées précédemment (voir 1436) ; fumées : défectuosité d'un appareil de
chauffage ;

• chutes d'appareils de navigation aérienne et d'engins spatiaux ;

• choc d'un véhicule terrestre ;

• dégâts des eaux, gel, dans des conditions tout à fait comparables à celles
figurant dans les contrats multirisques ;

• émeutes et mouvements populaires, actes de terrorisme et de sabotage,


attentats.

On retrouvera donc très souvent ce type de couverture dans les programmes d'assurance
dommages des entreprises.
SECTION IV - EXCLUSIONS

I - EXCLUSIONS INCONTOURNABLES

Ne sont pas rachetables les exclusions ci-dessous :

1) dommages corporels

2) faute intentionnelle de l'assuré : l'article L 113-1 du code des assurances précise que
"l'assureur ne répond pas des pertes et dommages provenant d'une faute intentionnelle ou
dolosive de l'assuré".

Cette disposition, d'ordre public, est prolongée par l'article 4, § A2 des conditions
générales incendie qui ajoute " les dommages intentionnellement causés ou provoqués
par l'assuré ou avec sa complicité ainsi que par les mandataires sociaux de l'assuré ".

Mais, c'est à l'assureur d'apporter la preuve de la faute intentionnelle ou dolosive, c'est à


dire la volonté de provoquer le dommage lui-même.

La Cour de Cassation reconnaît aux juges du fond une appréciation souveraine de la faute
intentionnelle.

3) AMENDES

II - EXCLUSIONS RACHETABLES

1.

L'article L 121-8 du Code des Assurances dispose que l'assureur ne répond pas, sauf
convention contraire, des dommages occasionnés, soit par la guerre étrangère, soit par
la guerre civile, soit par des émeutes ou mouvements populaires.

Il est donc théoriquement possible de prévoir une extension de garantie aux dommages
causés par :

• . Guerre étrangère : la guerre étrangère que l'on peut définir comme


perpétration d'hostilités entre des États ou des peuples différents (Cass. 1re civ., 2
mars 1954, RGAT 1954, p. 454) est le plus souvent exclue des contrats.

Toutefois, conformément à l'article L 121-8 du code des assurances et à l'article 4,


§ B des conditions générales incendie, c'est à l'assuré qu'incombe la charge de la
preuve. Le seul contexte de guerre étrangère ne suffit pas, il faut que le dommage
lui-même puisse être lié à un fait de guerre.

• · Guerre civile : doivent être qualifiées de guerre civile des opérations


militaires étendues dans le temps et dans l'espace, entre un ou plusieurs partis dotés
d'organisation militaire, ayant pour but unique le renversement du gouvernement
établi.

Les dommages en résultant, conformément là aussi à l'article L 121-8 du code des


assurances et à l'article 4, § B des conditions générales incendie, sont exclus.

Il y a toutefois un renversement de la charge de la preuve : c'est à l'assureur qu'il


incombe de prouver le lien de causalité entre la guerre civile et le dommage.

2.

Par ailleurs, il est possible de faire garantir les dommages causés à certains biens annexes
à l'objet de la garantie principale

• canalisations enterrées (en raison des travaux que nécessite leur accès) ;

• clôtures ;

• espèces monnayées, les titres ;

• véhicules à moteur (en raison de l'obligation d'assurance à laquelle ils sont


soumis).

3. . Déchets, diminutions et pertes subies par la chose assurée et provenant de son vice
propre : L 121-7 du Code des Assurances

SECTION V - LE REGLEMENT DU SINISTRE INCENDIE

I - MESURES A PRENDRE APRES SINISTRE

A - MESURES DE SAUVETAGE

Il s'agit tout d'abord des mesures à prendre immédiatement (Conditions générales


incendie, art. 12, § 2), c'est-à-dire :

 utilisation de toutes les ressources personnelles en possibilités d'extinction


(extincteurs, équipes de sécurité, etc.) ;

 appel aux pompiers ;

 protection des objets assurés et non atteints ou partiellement épargnés par :

• bâchage, nettoyage et assèchement du matériel


• gardiennage pour éviter tout pillage

Rappelons que les dommages causés par les mesures de secours et de sauvetage sont
assimilés aux dommages matériels et directs et, à ce titre, sont pris en charge par le
contrat d'assurance (C. assur., art. L 122-3).

B - DECLARATION CIRCONSTANCIEE

La déclaration initiale doit mentionner tous les détails nécessaires à l'assureur pour se
faire une opinion sur les mesures à prendre et l'importance des débours envisageables.

C - REMISE D'UN ETAT DE PERTES

Un état des pertes, c'est-à-dire un état estimatif des biens endommagés, détruits et
sauvés, doit être remis dans les trente jours, lequel va permettre à l'assureur de
déterminer le montant de l'indemnité à sa charge.

L'article L 122-2 du code des assurances prévoit que,

• trois mois après la remise de l'état des pertes, l'assuré peut procéder par
sommation,

• et qu'après six mois, il peut procéder judiciairement.

En partique ce document, qui comprend des données techniques assez précises (valeur
des biens atteints, coefficient de vétusté, valeur des biens sauvés, etc., sera établi avec
l'aide d'un expert.

D - COMMUNICATION DE PIECES A L'ASSUREUR

L'assuré doit communiquer à l'assureur les pièces nécessaires à l'expertise et toutes pièces
de procédure.

L'article 14 des conditions générales incendie (" dispositions diverses ") précise : "Les
inventaires des objets et marchandises sujets à une quelconque dépréciation ne seront
produits aux assureurs qu'à titre de renseignements généraux et d'indication des
existences au jour de l'arrêté de ces inventaires, sans qu'en aucun cas les prix qui y
figurent soient opposables à l'assuré comme une présomption ou une preuve de la valeur
des objets et marchandises qui y sont mentionnés."

L'assuré doit transmettre à l'assureur tous avis, lettres, convocations, assignations, actes
extrajudiciaires et pièces de procédure qui seraient adressées, remis ou signifiés à lui-
même ou à ses préposés, concernant un sinistre susceptible d'engager la responsabilité de
l'assuré.

L'article 19 des conditions générales incendie précise : " Au cas où l'assuré ferait obstacle
à l'exercice de cette faculté, les assureurs seront en droit de lui opposer la déchéance de
leur garantie ".

Enfin, les assureurs se réservent également les possibilités de transaction avec les
personnes lésées, aucune autre transaction ne pouvant leur être opposée.

II - PROCEDURE D'EVALUATION DES DOMMAGES : EXPERTISE

1 - Expertise obligatoire en l'absence d'accord sur la fixation des dommages L'article


13 des conditions générales incendie stipule que :

"Si les dommages ne sont pas fixés de gré à gré, une expertise amiable contradictoire est
toujours obligatoire sous réserve des droits respectifs des parties".

2 - Expertise amiable et contradictoire

Le caractère obligatoire de l'expertise amiable et contradictoire empêche en principe la


désignation d'un expert judiciaire pour déterminer le montant des dommages (mais non la
désignation d'un expert judiciaire pour, par exemple, rechercher les causes et les
circonstances d'un sinistre).

· EXPERT DE COMPAGNIE

L'usage a consacré le principe d'experts travaillant exclusivement pour le compte des


compagnies d'assurance et jamais pour le compte d'assurés.

Ces experts, agréés par l'APSAD et donc spécialisés dans le règlement de


sinistres,peuvent se faire assister par un sapiteur lorsqu'ils le jugent nécessaire, les frais
correspondants étant à la charge de l'assureur.

On ne peut pas dire pour autant que les "experts de compagnie" opèrent dans le cadre
d'un mandat : leurs travaux et les propositions qu'ils peuvent être amenés à formuler
auprès des assurés et de leurs experts n'ont donc qu'une valeur d'appréciation technique et
ne sauraient en aucun cas engager la compagnie sur l'application du contrat et donc la
prise en charge effective du sinistre.

La jurisprudence est constante sur ce point et l'on peut estimer que l'expert de compagnie
agit non comme mandataire, mais comme locateur d'ouvrage.

· EXPERT D'ASSURE Sa désignation est libre et aucun titre ni compétence particuliers


ne sont requis. Toutefois, l'assuré aura bien entendu intérêt à le choisir en fonction des
connaissances que peut réclamer le règlement d'un sinistre.
Dans la plupart des cas, le choix s'opérera entre les cabinets spécialisés qui effectuent
également les estimations préalables.

Les honoraires de l'expert d'assuré sont en principe pris en charge au titre d'une
garantie facultative "honoraires d'experts".

3 - ACTE DE NOMINATION D'EXPERTS

La nomination de ces experts et leur reconnaissance réciproque sera constatée par un acte
de nomination d'experts souvent rédigé, dans le cadre de sinistres importants tout au
moins, lors d'une réunion de constitution d'expertise.

Lors des sinistres pouvant mettre en jeu la responsabilité de tiers, ces derniers, dûment
convoqués, sont invités à intervenir à l'acte de nomination d'experts, à exprimer leurs
éventuelles réserves et à désigner un représentant pour suivre les opérations d'expertise.
Ce dispositif a pour but évident d'accélérer le règlement de manière que, lorsque les
responsabilités seront examinées au fond, il ne puisse y avoir aucune contestation
ultérieure sur le quantum des dommages et donc sur l'importance du recours.

Les assureurs faisant partie de l'APSAD ont élaboré entre eux une convention, non
opposable aux tiers, prévoyant un calendrier précis et des mesures coercitives en cas de
non-respect de ladite convention.

4 - RECOURS A UN TIERS EXPERT

Les opérations d'expertise se déroulent dans un cadre amiable même si les experts
missionnés par les deux parties ne trouvaient pas de terrain d'entente.

Dans ce cas, l'article 13 des conditions générales incendie prévoit : "Si les experts ainsi
désignés ne sont pas d'accord, ils s'adjoignent un troisième expert. Les trois experts
opèrent en commun et à la majorité des voix".

Le rapport du tiers expert ne revêt une connotation judiciaire.

5 - NOMINATION D'EXPERT PAR LE TRIBUNAL

Aux termes de l'article 13 des conditions générales incendie :

" Faute par l'une des parties de nommer son expert, ou par les deux experts de s'entendre
sur le choix du troisième, la désignation est effectuée par le président du tribunal de
grande instance ou du tribunal dans le ressort duquel le sinistre s'est produit. Cette
nomination a lieu sur simple requête de la partie la plus diligente ".

Cet expert n'a donc pas la qualité d'expert judiciaire.

6 - MISSION DES EXPERTS


L'acte de nomination d'experts comporte les éléments principaux de la mission des
experts, par exemple :

• recherche du point de départ, de l'origine et des causes du sinistres

• vérification de la conformité des déclarations mentionnées dans le contrat


d'assurance

• estimation du montant des pertes.

7 - PROCES-VERBAL DE CLOTURE

La fin des opérations d'expertise est sanctionnée par la rédaction d'un procès-verbal
constatant dans la plupart des cas l'accord des parties sur le montant des dommages (et
non pas sur le montant de l'indemnité).

En cas de désaccord, seul le recours à une procédure judiciaire reste possible.

Mais en tout état de cause, les travaux techniques des experts peuvent servir de base à
l'expert judiciaire éventuellement désigné, et au Tribunal.

8 - SAUVETAGE

L'article 121-14 du code des assurances, relayé par l'article 13 des conditions générales
incendie, précise que l'assuré ne peut faire aucun délaissement des objets garantis,
comme cela se pratique notamment en matière d'assurance maritime.

Les biens sinistrés, qu'ils soient intacts ou partiellement endommagés, restent, en


principe, la propriété de l'assuré, sauf convention contraire avec l'assureur. Leur valeur
peut venir en déduction de l'indemnité due par ce dernier.

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