Vous êtes sur la page 1sur 6

METHODE DU COMMENTAIRE COMPOSE

Le COMMENTAIRE met en œuvre trois qualités : analyse détaillée, travail de synthèse, souci d’écriture.

A) LE TRAVAIL D’ANALYSE PUIS DE SYNTHESE AU BROUILLON:

L’analyse est la phase d’étude du texte : on l’observe globalement et en détail, on l’interroge, au moyen
d’outils variés, afin de comprendre comment il est écrit, et dans quel but.

- 1) Sur son brouillon, dans le cas d’un devoir complet de type bac, on peut commencer par récapituler
les éléments de réponse trouvés dans ce texte pendant la 1ère heure consacrée à l’étude du corpus.

Ensuite, toujours avant de démarrer l’étude linéaire et sur le brouillon, on peut utiliser deux méthodes
pour tenter de dégager une problématique et une première idée de plan :

- 2) Se demander ce qui pose problème dans ce texte, ce qui le rend étonnant, particulier, par
exemple :

« Pourquoi Ronsard, dans un sonnet amoureux, décrit-il sa belle Hélène comme une vieille femme ? » ou
encore « Pourquoi Baudelaire adresse-t-il son poème d’amour à une passante qu’il ne connaît pas et ne lira
peut-être jamais cet hommage ? ». Cette question pourra devenir notre problématique.

- 3) Construire une définition qui prenne en compte tous les aspects du texte, par exemple :

« Ce texte est un sonnet évoquant la rencontre en pleine rue du poète avec une passante pour laquelle il ressent
un véritable coup de foudre mais qui disparaît aussitôt, ce qui fait naître chez le poète une angoisse profonde».

Cette phrase peut ainsi nous indiquer les aspects essentiels du texte, et éventuellement devenir le plan de notre
étude. (une rencontre / un coup de foudre / un échec qui fait naître un échange fantasmé).

4) Une fois ces premières observations effectuées, c’est le moment d’analyser le texte en détail, en
utilisant à la fois le texte et le brouillon :

- Sur le texte, on utilise des fluos pour surligner et un crayon pour annoter ces passages dans la
marge ;

- Sur le brouillon, on dresse un tableau pour dresser la liste de nos remarques, qu’on regroupera
ensuite pour former parties (si la 1ère étape ne nous a pas permis d’en trouver) et sous-parties (à
organiser selon un ordre logique, que l’on sera capable d’expliquer au moment des transitions).

- Modèle :

Partie / sous-partie/ Thème Procédé repéré + vers ou ligne Interprétation de ce procédé (= son effet)

… … …
DIX INSTRUMENTS D’ANALYSE INCONTOURNABLES :

Les instruments ou outils d’analyse sont les différents procédés littéraires qu’utilise l’auteur pour
composer son texte. Les étudier, c’est réfléchir au « comment » : à la manière dont le texte est écrit, et bien
sûr, à la raison qui explique ce choix de la part de l’auteur. Appuyer son commentaire littéraire sur l’étude de
ces procédés, c’est aussi la garantie de ne pas tomber dans la paraphrase, puisqu’on analyse la stratégie
d’écriture de l’auteur, au lieu de se contenter de répéter d’une autre manière le contenu du texte.
En voici une liste non exhaustive, mais il faut être conscient que beaucoup de procédés se recoupent et se
combinent :
- MISE EN PAGE : disposition du texte dans la page, choix d’une typographie (majuscules, italiques)
- PONCTUATION : expressive, traduisant ou faisant naître doute, émotion, incompréhension…
- THEME(S) du texte : leur présence étonnante ou attendue, leur évolution au fil du texte …
- ENONCIATION : qui parle ? à qui ? qui pense ? ( utilisation des pronoms)
- GRAMMAIRE: - longueur et structure des phrases
- verbes: fréquence (ou absence), sortes de verbes, modes et temps
- négations
- déterminants
- valeurs particulières du singulier et du pluriel
- adverbes
- LEXIQUE: - champ lexical
- vocabulaire appréciatif et dépréciatif
- registre de langue
- dénotation et connotation
- MUSIQUE: - rythme (binaire-ternaire, ascendant-descendant)
- sonorités: allitération-assonance, paronomase
- FIGURES DE STYLE: - d’opposition : antithèse, chiasme, oxymore
- d’insistance: répétition, anaphore, pléonasme, redondance, périphrase, hyperbole, accumulation,
gradation, inversion
- d’atténuation: euphémisme, litote, ellipse
- d’animation: comparaison, métaphore, métonymie, synecdoque, allégorie, personnification,
prosopopée, parallélisme
- PERCEPTIONS SENSITIVES :
-vue (visuel), ouïe (auditif), odorat (olfactif), toucher (tactile), goût (gustatif)
- REGISTRE ou TONALITE : liés soit à une catégorie esthétique (selon les genres littéraires):
comique, satirique, tragique, épique, lyrique, réaliste, fantastique, pathétique, historique, poétique, soit à une
catégorie stylistique (variation sur les styles): fantaisiste, symbolique, onirique, mythique, parodique,
humoristique, ironique.

 Aux dix instruments d’analyse utilisables pour l’ensemble des textes littéraires, il faut ajouter des
instruments d’analyse adaptés aux différents textes: narration, description, argumentation, dialogue,
poésie. Pour en savoir plus, voir la fiche « Commentaire : les bons réflexes pour chaque genre ».
B) LE TRAVAIL DE SYNTHESE AU BROUILLON :

• Elaborer un plan
- introduction
- développement organisé en deux ou trois parties - chacune composée d’au-moins deux sous-parties
- conclusion.
Les parties ne se construisent pas par juxtaposent pas de façon arbitraire : il y un lien logique entre elle, qui
doit être indiquée au moyen d’une transition. On fait donc une phrase de transition entre les parties, et on se
sert de liens logiques pour passer d’une sous-partie à une autre sous-partie.

• Elaborer une « grande partie ».


Une “grande partie” s’applique à l’ensemble du texte et ne sépare pas le fond (les idées ) de la forme
(manière d’exprimer ces idées).
Chaque instrument d’analyse produit des données que l’on interprète. Le travail de synthèse consiste à
regrouper ces diverses interprétations vers une idée centrale. A l’intérieur d’une grande partie, on classe les
sous-parties selon une progression qui ménage l’intérêt et la curiosité du lecteur; chacune correspond à un
paragraphe.

• Trouver les axes des grandes parties :


- grande partie axée autour d’un thème ou d’une image ( repérés grâce à l’analyse des champs lexicaux et du
vocabulaire dominant )
- grande partie axée autour du renouvellement d’un thème traditionnel
- grande partie axée autour de la transfiguration du thème par l’écriture
- grande partie axée autour de l’évocation d’un sentiment éprouvé par l’auteur, le narrateur, un personnage ou
le lecteur grâce à l’analyse d’un vocabulaire de l’affectivité et l’importance de la ponctuation.
- grande partie axée autour de la mise en corrélation de deux notions, dans le but de montrer soit leur union,
soit leur opposition (chacune d’elles ne peut pas constituer une grande partie de commentaire : celle-ci
se construit à partir de l’étude de leur comparaison, parallélisme, entrelacement, opposition...)
- grande partie axée autour d’un mode d’expression ( ex. le conte, le chant, la confidence, l’hymne,
l’anecdote, le dialogue théâtral dans un texte romanesque ) par l’analyse des procédés d’écriture et
d’énonciation
- grande partie axée autour d’une tonalité esthétique ou stylistique définie par l’analyse des procédés
d’écriture
- s’il s’agit d’un récit : le rythme et la progression du récit ; le mode de présentation des faits ; le rôle de la
focalisation ;
- s’il s’agit d’une description ou d’un portrait : le mode de caractérisation des personnages ; les contrastes ; le
caractère élogieux ou dépréciatif ; la fonction de la description ou du portrait ;

• La dynamique du plan
Toute la cohérence du commentaire repose sur l’organisation des différentes grandes parties du plan. La
composition est primordiale car elle rend compte du sens et des enjeux du texte.
Il est conseillé de suivre l’un des trois principes suivants :

aller du plus simple au plus complexe


aller du plus évident au plus subtil ou implicite
aller du plus commun au plus surprenant
C) LE TRAVAIL D’ECRITURE :

• Il faut respecter trois principes essentiels :


1. la disposition sur la page : Saut d’une ligne entre introduction, parties et conclusion ; alinéa au début
de chaque sous-partie. On doit pouvoir trouver le plan du commentaire au premier coup d’œil.
2. les transitions ( phrases qui ont pour fonction de réunir deux idées, en résumant l’idée qui précède et
en annonçant l’idée qui suit ) et les liens logiques ( mots ou locutions dont la fonction est de relier deux idées
en annonçant l’idée suivante )
3. la variété du style : évitez à tout prix les répétitions, et pour cela cherchez pour chaque idée le terme
le plus adapté, le plus précis. Pour éviter le «on voit», «on note», mettez le fait observé en position de sujet.

• L’élaboration de l’introduction:
Elle se présente sous la forme d’un seul paragraphe, avec UN SEUL ALINEA, au début.
Elle se décompose en trois étapes successives :
- une entrée en matière qui a pour but de replacer le texte dans une perspective générale en utilisant les
connaissances sur l’œuvre, l’auteur ou l’époque en référence directe au texte ; ou encore sur le thème du texte
ou l’histoire d’une forme. Si l’on ignore l’un de ces éléments, surtout, on n’invente rien ! Mieux vaut passer à
la suite, cela ne nous sera pas reproché, alors qu’une erreur dans les premières lignes fait mauvais effet.
- une présentation du texte qui vise à le caractériser : type (narratif, descriptif …), structure (2 parties
qui s’opposent, ton de plus en plus violent, récit puis morale … ), bref résumé du contenu.
- l’annonce de la problématique : celle-ci est la question, à laquelle le plan répond en plusieurs étapes.
- l’annonce du plan qui consiste à présenter avec brièveté et élégance les axes de lecture du
commentaire c’est à dire les grandes parties du plan sans les sous-parties.

• L’élaboration de la conclusion:
Elle se présente sous la forme d’un seul paragraphe.
Elle se compose de trois étapes successives :
- une synthèse du développement qui constitue le point d’aboutissement des grandes parties du
devoir ; elle doit mettre en lumière l’organisation logique du plan en reprenant les grands axes du
commentaire et en les justifiant.
- une analyse de la portée du texte qui conclut sur la signification générale du texte en spécifiant sa ou
ses dimension(s) qui peuvent être d’ordre esthétique, philosophique, historique, lyrique, tragique, ironique...
Les étapes 2 et 3 sont au choix.

• L’insertion des citations


Il est obligatoire d’illustrer le commentaire par des références précises empruntées au texte : les
citations. Celles-ci servent de vérification de l’analyse et doivent être intégrées à la phrase de diverses
manières :
- le mot ou l’expression cités sont mis en apposition
- des termes importants et illustratifs sont intégrés à la phrase en une énumération qui peut être mise
entre parenthèses
- la citation vient expliciter l’idée exprimée juste avant
- il est parfois nécessaire de couper une citation, grâce à ce signe (…), tout en gardant une cohérence !
- il est parfois nécessaire d’adapter une citation, grâce à la mise entre crochets : « [il] imagine »
- les mots cités doivent apparaître tels qu’ils se présentent dans l’œuvre originale et mis entre
guillemets
• Erreurs à éviter : • Il faut :
- le commentaire allusif, survolant le texte - souligner les titres d’œuvres
- l’avalanche de citations non expliquées - mettre les titres de poèmes entre guillemets
- la paraphrase du texte : dire la même chose - mettre des majuscules aux titres et aux noms propres
autrement que le texte, sans l’analyser - faire intro et cclus° au brouillon si possible.
Bon courage!

Vous aimerez peut-être aussi