3.19 Parodonte Et Prothèse Conjointe

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Prothese 19 30DA

4eme année

UNIVERSITE D’ALGER
FACULTE DE MEDECINE
DEPARTEMENT DE CHIRURGIE DENTAIRE
C.H.U MUSTAPHA BACHA
SERVICE DE PROTHESE
PR AIT MEHDI

Parodonte et prothèse conjointe

Présenté par :

Dr BENATTIA. S

Année Universitaire : 2016-2017

Le plan

Introduction

I. Rappel du parodonte

II. Définitions fondamentales

III. Examen clinique en prothèse conjointe

IV. Evaluation de l’état parodontale pré-prothétique

V. Incidences de la réalisation des prothèses conjointes sur le parodonte

VI. Savoir réconcilier prothèse fixée et parodonte

Conclusion
Introduction

La réalisation prothétique qui était trop souvent présentée comme une succession
d’acte mécanique est actuellement considérée comme une phase thérapeutique qui
trouve sa place dans une démarche globale fondée sur des éléments biologiques, en
particulier parodontaux.

Il serait impossible aujourd’hui de placer une prothèse fixée sur un parodonte


enflammé ; d’autant que à la lumière des recherches biologique une telle attitude
correspondrait à une négligence professionnelle.

I. Rappels sur le parodonte

C’est un complexe tissulaire constitué par l’ensemble des tissus qui entourent et
soutiennent la dent ; ces tissus assurent la liaison des dents aux maxillaires.

Il comporte :

Le parodonte superficiel : la gencive,

Le parodonte profond : le cément, le desmodonte, l’os alvéolaire

 La gencive :

C’est un tissu épithelio-conjonctif, elle est divisée en trois zones :

La gencive papillaire : logée dans l’embrasure formée par les dents contiguës, en
dessous du point de contact.

La gencive marginale : elle entoure la zone cervicale de la dent à la façon d’un collier,
elle s’étend du rebord marginal jusqu’à la gencive attachée dont elle est séparée par
le sillon marginal (dépression linéaire).

La gencive marginale n’adhère pas à la dent et forme la paroi molle du sulcus gingival.

La profondeur du sulcus est de 0.5 à 3 mm.

La gencive attachée : large bande de gencive très adhérente à l’os sous-jacent, elle
assure l’intégrité de la gencive marginale.

La gencive attachée s’étend jusqu’à la muqueuse jugale dont elle est séparée par la
ligne muco-gingivale. Sa hauteur varie de 0.5 à 7 mm.

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II. Définitions fondamentales

• Le sillon gingivo-dentaire :

Dépression de 0.5 à 3mm de profondeur qui entoure toute la dent et


qui est limité d’une part par la surface de la dent et d’autre part par le
revêtement épithélial interne de la gencive marginale.

L’appréciation de la profondeur du sulcus est indispensable pour déterminer la


situation future de la limite dento-prothétique.
• La jonction dento-épithéliale :
C’est la jonction qui délimite le fond du sulcus et elle constitue la
frontière entre le milieu interne et le milieu externe, mais elle est perméable
au fluide gingival et aux produits microbiens.
Les atteintes parodontales graves engendrent sa migration apicale.

• L’espace biologique :

Classiquement l’espace biologique est l’espace compris entre le fond du


sulcus et le sommet de la crête osseuse alvéolaire ; cet espace est de 2mm.

Il doit être respecté car il constitue la zone interdite à la limite prothétique


lorsqu’un bord prothétique empiète sur cet espace l’inflammation s’installe
pour aboutir à la destruction de l’os crestal puis à la migration de l’attache
épithéliale.

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III. Examen clinique en prothèse conjointe

L’examen clinique est indispensable au diagnostic et à l’élaboration du plan de


traitement prothétique, il comprend :

L’anamnèse
L’examen exo-buccal
L’examen endo-buccal

 Examen clinique :
Il est indispensable pour évaluer :
• Le degré d'hygiène dentaire du patient.
• La gravité de l'atteinte parodontale.
• L'intégrité de l'odonte et qualité des soins endodontiques.
• L'intégrité fonctionnelle de l'appareil manducateur.
Les paramètres à considérer lors de cet examen sont :
• La présence de plaque ou d'autres dépôts.
• Absence ou présence :
-D'inflammation gingivale.
-Poches parodontales.
- Alvéolyse inter-radiculaire.
• Présence ou absence de mobilité dentaire.
Sur le plan fonctionnel, les signes pathologiques d'une éventuelle dysfonction
de l'appareil manducateur sont :
* Facette d'usure des dents.
* Douleur, craquement articulaire.
* Douleur à l'ouverture buccale.
* Spasme musculaire.

 Examen des modèles :

L’occlusion est analysée afin de décider si la prothèse peut s’inscrire dans le schéma
occlusal existant ou de procéder si nécessaire à des corrections

Si une prothèse fixée conçue sur un déséquilibre occlusal non résolu au préalable, ce
déséquilibre sera aggravé d’où la nécessité d’une analyse occlusale pré prothétique.

 Examen radiologique
Il est indispensable pour confirmer ce que la clinique a pu déceler.

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Statut radiologique : précisant

 L’état du parodonte profond et le contour des tissus muqueux.


 L’aspect de la trabéculation osseuse.
 La forme, la profondeur et la direction des racines.
 Le rapport couronne / racine.
 Les atteintes carieuses et la qualité des traitements endodontiques.
 Présence de racines résiduelles ou de kyste.

IV. Evaluation de l’état parodontale pré- prothétique

Après un examen parodontale minutieux on peut faire face à deux situations


cliniques :

1- parodonte malade

Si l’examen clinique a révélé une parodontopathie, aucune reconstitution


prothétique ne doit être envisagée avant un traitement parodontal et cela pour les
raisons suivantes :

* Les restaurations prothétiques deviennent destructrices lorsqu’elles sont


superposées sur une parodontopathie préexistante et diminuent la longévité des
dents et des prothèses.

* La mobilité dentaire entrave la mastication et la rétention des prothèses.

* L’inflammation et la dégénérescence du parodonte peuvent empêcher les dents


piliers de faire face aux exigences fonctionnelles des prothèses.

* Des prothèses construites sur des modèles issus d’empreintes de gencive malade
ne s’adapteront pas convenablement après traitement parodontal, qui laissera des
espaces sous les pontics (accumulation de plaque et inflammation) suite à la
contraction gingivale + mal adaptation de la prothèse au pourtour cervical des
préparations.

Un plan de traitement parodontale adéquat (d’un simple détartrage jusqu’aux


différentes techniques chirurgicales) et mise en place une deuxième séance
d’évaluation clinique radiologique est nécessaire avant de poser l’indication ou la
contre-indication d’une restauration prothétique fixée.

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2- parodonte sain

Même si le parodonte est sain, il peut exister des défauts qui empêchent
d’obtenir un résultat prothétique satisfaisant qui doivent être restauré avant la mise
en place de la prothèse fixée.

Ces corrections peuvent se résumer à une:

 Elongation coronaire.
 Freinectomie.
 Recouvrement des récessions.
 Augmentation de la gencive attachée.
 Alignement du feston gingival.
 Traitement des crêtes édentées par addition ou soustraction des tissus.

V. Incidences de la réalisation de la prothèse conjointe sur le parodonte :

1. Lors de la réalisation de la préparation dentaire :


La préparation dentaire constitue une phase du traitement prothétique
susceptible de générer de très nombreuses agressions vis-à-vis des tissus pulpaire et
parodontale aux des dents supports liées tant à l’instrumentation qu’aux matériaux
utilisés. Cette étape comprend, d’une part, la préparation de la dent support, et
d’autre part, l’anesthésie locale qui la précède (dans le cas de reconstructions sur
dents pulpées), ainsi que le séchage et le nettoyage des surfaces dentaires. Les
agressions auxquelles peuvent être confrontées les structures biologiques à ce stade
sont mécaniques, bactériennes et chimiques.
Les conséquences de cette étape de préparation dentaire sur les tissus de soutien
de la dent support sont liées à la position de la limite cervicale de la préparation, la
situation la plus agressive étant représentée par les limites intrasulculaires. Cette
agression est d’ordre mécanique, directement due à l’instrument rotatif.

 Agression parodontale :
La maintenance délicate de l’espace biologique n’impose que les bords
prothétiques soient distants d’un minimum de 0,4 mm du fond du sulcus (zone de
sécurité) et de 2 à 2,5 mm de la crête osseuse.
En effet, toute préparation allant au-delà du sillon cliniquement déterminé comporte
un risque parodontal effectif, en particulier si la préparation ou un dérapage
accidentel de la fraise atteint le cément (fibres de Sharpey). Ce geste traumatique a
pour conséquence l’apparition de lésions inflammatoires parodontales se traduisant
par des résorptions osseuses profondes, ou la formation de récessions tissulaires
marginales, selon que le parodonte est fin ou épais.

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2. Lors de l’élaboration des prothèses fixées transitoires :

Si les prothèses fixées transitoires présentent l’avantage de rétablir


immédiatement l’esthétique et la fonction des dents supports et assurent un rôle de
protection des tissus dentaires, tant mécanique que physique (chocs thermiques) ou
encore chimique et biologique, elles peuvent néanmoins être à l’origine d’agressions
pour les tissus pulpaires et parodontaux, du fait de la nature des matériaux qui les
composent et de leur réaction de prise.

D’après les études histologiques de Dragoo et Williams une inflammation clinique


de la gencive marginale autour des couronnes transitoires est observée au bout de 4
semaines.

 Agression thermique :

Elle est due à la réaction exo thermique de polymérisation des résines qui peut
entraîner des lésions de brûlure des muqueuses.
Agression chimique Les manifestations d’intolérance au niveau des muqueuses
sont rares ; une agression bactérienne liée à un mauvais état de surface ou un
ajustage cervical imprécis doit être recherchée en premier lieu.
Toutefois, selon certains auteurs, si les poly-méthacrylates de méthyle en tant que
tels n’induisent que peu de réactions au niveau des tissus, le monomère
(méthacrylate de méthyle) entraîne, quant à lui, dans de nombreux cas, des
irritations tissulaires soit par contact direct soit par réaction allergique. Or, comme
évoqué ci-dessus, quelle que soit la nature du matériau utilisé, la polymérisation n’est
jamais totale.
Enfin, d’autres éléments entrant dans la composition de ces résines (inhibiteur,
initiateur, pigment de coloration) peuvent engendrer des réactions inflammatoires du
même type.

 Agression bactérienne :

Le polissage de l’élément provisoire doit être minutieux en raison du mauvais état


de surface des matériaux utilisés. Lorsque ce paramètre n’est pas respecté, la plaque
dentaire se fixe rapidement au niveau de la reconstitution, engendrant une
inflammation du parodonte marginal et compromettant la qualité des étapes
ultérieures de réalisation des prothèses fixées (précision des empreintes, intégration
biologique de l’élément définitif).

Néanmoins, si cette irritation est limitée dans le temps, et qu’elle concerne un


parodonte initialement sain (condition sine qua non du succès de la thérapeutique),
l’atteinte sera réversible. Si ce n’est pas le cas, et si l’inflammation siège au fond du
sillon gingivo-dentaire, il peut en résulter une lyse de l’attache conjonctive sur le
cément, mettant en péril la préservation du support parodontal ainsi que le caractère
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esthétique des restaurations. Il importe, donc, que les restaurations transitoires
s’adaptent parfaitement aux limites cervicales rigoureusement déterminées lors de la
préparation, sans s’étendre plus apicalement.

 Agression mécanique :

Le praticien, loin de se contenter de confectionner une prothèse aux critères


morphologiques standard, doit prendre soin d’adapter l’élément transitoire au
contexte buccal, pour éviter toute agression du parodonte, et contribuer à la mise en
condition tissulaire préalable à l’élaboration de l’élément définitif. Ainsi, la réalisation
des contacts proximaux et des embrasures, l’ajustage cervical, les formes de contours
axiales et la morphologie occlusale nécessitent une attention et une rigueur toutes
particulière.

 Agression occlusale :

Une prothèse transitoire non intégrée au contexte occlusal (surcharge dans les
guidages, prématurités…) peut provoquer des réactions pulpaires et le plus
fréquemment desmodontales au même titre que des obturations mal réglées en
occlusion et lors des mouvements mandibulaires fonctionnels.

3. Lors de la prise d’empreinte :

Cette étape, qui a pour but l’enregistrement de la forme et de la dimension de


l’organe dentaire préparé et de son environnement, se décompose en 2 phases :
– d’une part, l’accès aux limites cervicales, grâce aux méthodes de déflexion ou
d’éviction gingivale ;
– d’autre part, l’insertion du matériau à empreinte et l’enregistrement des dents
préparées.

Chacune de ces phases peut créer une agression des structures biologiques de
soutien, laquelle doit être maîtrisée pour que l’empreinte réalisée soit la réplique la
plus fidèle possible de la situation clinique, et pour éviter l’apparition de lésions
irréversibles.

a. Liées aux méthodes d’accès aux limites cervicales :

L’objectif de cette manœuvre est de permettre l’enregistrement précis du profil


coronaire ou radiculaire de la dent support, nécessaire à la réalisation du profil
d’émergence correct de la future couronne prothétique.

Pour ce faire, il est indispensable, selon Armand que le matériau à empreinte


investisse les 2 ou 3/10 de mm de tissus non préparés, situés apicalement à la limite
de préparation pour permettre de réaliser au laboratoire un élément prothétique
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prolongeant, sans solution de continuité les profils donnés par la réplique des
surfaces non préparées

Cela impose, et tout particulièrement en cas de limite intra sulculaire, une


ouverture préalable du sillon gingival d’au moins 0,2 mm, laquelle peut être réalisée à
l’aide de méthodes de déflexion gingivale (cordonnet ( s ) imbibé(s) ou non de
substances hémostatiques – Expasyl®) ou d’éviction gingivale (électrochirurgie,
curetage rotatif) Le choix entre les diverses techniques est subordonné à différents
paramètres cliniques, parmi lesquels la profondeur du sillon et le type de parodonte
sain rencontré (épais et plus résistant ou fin et fragile). Chacune de ces méthodes, est
susceptible de présenter, de manière plus ou moins importante, un risque pathogène
pour les tissus de soutien de la dent.

 Déflexion par cordonnet(s) :

Dans le souci du respect des tissus gingivaux et de l’attache épithéliale, le


diamètre du fil inséré doit être fonction de la profondeur du sillon et de l’épaisseur
de la gencive marginale : fil fin pour un sillon de faible hauteur et une gencive fine, fil
plus gros pour un sillon profond et un tissu gingival épais avec dans les deux
situations un cordonnet visible, non entièrement enfoui, objectivant la déflexion du
rebord de la gencive libre.

Toutefois, l’insertion d’un seul cordonnet, de diamètre suffisant pour l’obtention


d’une déflexion efficace, après préparation, peut présenter un risque de lésion de
l’attache épithéliale et de saignement lors du retrait. Ces deux séquences doivent
s’effectuer avec précaution et doigté.
La technique de déflexion par double cordonnet, quant à elle, semble être une des
méthodes les moins traumatisantes pour les tissus mous.
Elle consiste à insérer, dans un premier temps, et avant la préparation clinique, un
cordonnet non imprégné de faible diamètre au fond du sulcus, assurant une déflexion
apicale de la gencive. Puis, dans un deuxième temps, une fois la préparation dentaire
réalisée et avant la prise d’empreinte, un second cordonnet, imprégné de chlorure
d’aluminium et de diamètre plus important, est inséré pour assurer la déflexion
horizontale de la gencive marginale. Seul le premier cordonnet reste en place
pendant la prise d’empreinte.

 Éviction tissulaire par électrochirurgie :

Il faut souligner que le recours à une telle technique ne peut se concevoir sans
une grande dextérité de la part du praticien. Néanmoins, même parfaitement
maîtrisée, cette méthode reste, de par sa nature, traumatique pour les tissus mous.
En effet, selon Blanchard et a l, l’observation au microscope électronique à balayage
d’un sulcus (parodonte sain) après électro-section confirme une atteinte profonde de
l’épithélium sulculaire et du tissu conjonctif en différentes zones.
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La technique consiste à « peler » l’épithélium du versant interne de la gencive
libre à l’aide d’une électrode fine orientée de 30 à 40° par rapport à l’axe de la dent
pour ne pas atteindre l’attache épithéliale, il est indispensable de prendre des points
d’appui et de travailler le plus souvent en vue directe.
Le contact avec une surface métallique (obturation métallique, inlay - core…) peut
entraîner desbrûlures et des douleurs pulpaires.

b. Liées à la nature du matériau à empreinte :

• Agression thermique :

Elle est du même ordre et concerne les mêmes matériaux que ceux évoqués
précédemment (agression thermique du tissu pulpaire).

• Agression mécanique :

Des lésions peuvent être induites par la rétention de petites particules de


silicone ou d’alginate dans le sillon gingivo- dentaire. Ce phénomène peut se produire
par déchirure des bords fins du matériau au moment de la désinsertion.
Ces petites particules, qui risquent alors de stagner plusieurs jours dans le sulcus,
peuvent entraîner (de manière anecdotique), outre les réactions allergiques, des
réactions d’irritation mécanique.

• Agression chimique :

Elle dépend du type de matériau employé.

� Hydro-colloïdes réversibles
Ils ne sont pas susceptibles d’entraîner d’effet chimique au niveau des tissus
vivants.
� Hydro-colloïdes irréversibles
Il est communément admis que les alginates ne présentent pas d’effets
biologiques indésirables. Cela vient, notamment, du fait que le temps de contact avec
les tissus demeure relativement faible. Toutefois, si des débris de matériau stagnent
dans le sillon gingivo- dentaire, une réaction inflammatoire peut apparaître.
� Élastomères
Mazzanti et al, dans une étude récente, ont testé l’effet irritant d’un matériau
polyvinyle siloxane sur des lapins (contact du matériau avec la peau) et ont conclu
que les conséquences dermatologiques étaient négligeables, bien que présentes en
cas de contact prolongé. Ainsi, si pour ce matériau, un temps de contact
correspondant à la durée d’une empreinte (même répétée) n’induit pas d’irritation
significative, il faut cependant veiller à enlever tout excédent pouvant être retenu
dans le sulcus.

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Grégoire et Guyonnet quant à eux, considèrent que les composants des
accélérateurs contenus dans les élastomères aux silicones (polyvinyles, polysiloxanes)
sont des produits irritants et allergènes qui ne devraient pas entrer en contact direct
avec les tissus cutanés et les muqueuses, tout particulièrement en cas de mélanges
insuffisamment malaxés et non homogènes.
Toujours selon ces auteurs, le méthyl-dichloro-benzène sulfonate, réactif
contenu dans l’Impregum® (3M Espe), est allergène, même si le contact est bref.

4. Lors de l’assemblage entre la prothèse fixée et la préparation dentaire :

L’étape de l’assemblage entre la prothèse fixée et la préparation dentaire, tout


comme celles qui l’ont précédée dans le déroulement du traitement prothétique,
n’est pas dénuée de risques pour la santé des tissus pulpaires et parodontaux des
dents supports, et cela d’autant plus que, correspondant à l’ultime phase du
traitement, elle intéresse des structures déjà largement soumises aux manœuvres
traumatiques et fragilisées. Si les agressions qui peuvent alors être engendrées sont
en majeure partie fonction de la nature du biomatériau utilisé, l’assemblage en lui-
même constitue une manœuvre préjudiciable pour les structures biologiques.

L’aspect potentiellement néfaste de cet élément fondamental du traitement est à


prendre en considération de manière à adopter des comportements thérapeutiques
appropriés.

 Agression mécanique :

Elle résulte de la rétention de débris de matériau dans le sillon gingivo - dentaire


après la prise. L’irritation mécanique qui en découle entraîne alors une réaction
inflammatoire.

 Agression thermique :

Elle est liée à la réaction de prise exothermique des ciments au phosphate de


zinc.

 Agression chimique :

Les ciments, quelle que soit leur nature, entrent en contact avec les tissus
gingivaux avant d’atteindre leur polymérisation finale. C’est ce que De Boever et a l,
nomment l’effet toxique immédiat, par opposition à l’effet toxique tardif de ces
matériaux qui est lié à la dégradation du joint de ciment dans le temps et responsable
de la libération d’éventuels produits nocifs.

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• Ciments au phosphate de zinc
Il semble que peu d’études cliniques aient été publiées sur la cytotoxicité des
ciments au phosphate de zinc. Toutefois, des tests in vivo ont été réalisés dont il
ressort que l’acidité et l’exo-thermie de la réaction de prise sont responsables d’une
réaction antigénique impliquant des macrophages.
La dégradation du joint de ciment, ensuite induit une réaction chronique à caractère
légèrement inflammatoire.
Néanmoins, la libération d’ions zinc serait plutôt bénéfique pour les tissus.

• Ciments verres ionomères


La biocompatibilité de ces ciments varie selon la nature du produit, allant
d’une absence de changements cytomorphologiques significatifs dans les cultures de
fibroblastes gingivaux à une mort cellulaire complète.
De plus, la réaction cytotoxique des verres ionomères périmés est beaucoup plus
forte que des produits frais, cela étant probablement lié à une conversion très
incomplète in vivo.
Néanmoins, tous les verres ionomères semblent bien tolérés par les tissus.
• Colles
L’effet toxique de ces éléments (observé lors d’études in vitro) est quasiment
inexistant, in vivo, si l’on respecte les exigences propres à ce type de matériaux :
– préparation supra-gingivale ;
– utilisation de la digue.

 Agression bactérienne :

La dissolution du joint de ciment s’accompagne d’une augmentation de la


rétention de plaque à ce niveau, responsable d’une inflammation tissulaire.

VI. Savoir réconcilier prothèse fixée et parodonte

a. Précautions à observer pour limiter l’agression parodontale lors de la


préparation dentaire

• Localisation de la limite cervicale :

Les bords prothétiques situés dans le sulcus sont directement responsables de


réactions inflammatoires parodontales, car elles favorisent la rétention de plaque
bactérienne. Il faut donc les éviter dès que la situation le permet.
Cependant, la demande esthétique et les exigences mécaniques contraignent le plus
souvent à réaliser ce joint dento-prothétique en position intrasulculaire.
Néanmoins, dans le cas où l’esthétique est peu importante, c’est-à-dire dans les
secteurs postérieurs ou en lingual et palatin, il convient de réaliser des limites supra-

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gingivales et tout particulièrement lorsque le patient présente une fragilité
parodontale (parodonte fin, par exemple).
Chez les patients à forte susceptibilité carieuse et peu sensibles à la maladie
parodontale, le choix des limites intra-sulculaires, même profondes, peut être indiqué
car cela diminue la probabilité de récidive des caries.
La distance séparant la limite prothétique envisagée de la crête osseuse doit être
appréciée cliniquement à l’aide d’une sonde et d’un cliché radiographique, la valeur
de l’espace biologique étant variable d’un individu à un autre et d’une dent à une
autre. De plus, une adaptation précise des bords prothétiques, permettant un
contrôle de la plaque dentaire efficace, nécessite qu’ils soient distants de plus de 0,4
mm du fond du sulcus.

• Réalisation de la limite cervicale :

 Contrôle de la quantité dentaire excisée :

Il constitue une mesure de protection des tissus mous en permettant la réalisation


d’une limite cervicale régulière, précise et suffisamment large pour loger les
différents matériaux de l’élément prothétique ; les surcontours, préjudiciables à la
santé parodontale, sont ainsi évités.

 Mise en place d’un cordonnet de déflexion gingivale


Cette méthode permet de préparer les limites intrasulculaires sans traumatisme
vis-à-vis des tissus mous, l’action mécanique du cordonnet entraînant un
déplacement gingival tant apical que latéral.
Le cordonnet permet, en outre, au praticien de réaliser une limite à distance régulière
du fond du sillon gingival, et constitue une « jauge de profondeur » pour situer la
ligne de finition, sans interférence avec l’espace biologique.
Magne et Belser préconisent, quant à eux, l’utilisation d’instruments oscillatoires.
En raison de leur action non rotative et de leur surface de guidage non travaillante,
les embouts inserts oscillatoires permettent de réaliser rapidement des préparations
a minima ; la précision de la limite est notablement meilleure, sans risque pour la
dent adjacente et sans lésion des tissus mous lors de la réalisation de limites intra-
sulculaires.
Pour conclure, il faut rappeler que les lésions ponctuelles des tissus sulculaires sains,
si elles sont mineures, guérissent facilement, en quelques jours, sans altération des
rapports gingivo-dentaires.

b. Précautions à prendre pour limiter l’agression parodontale lors de la


confection des prothèses transitoires

Trois éléments doivent retenir l’attention du praticien lors de la confection des


prothèses transitoires : la réalisation d’une prothèse à l’état de surface lisse, à la
morphologie adéquate, et présentant une adaptation cervicale précise.
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• État de surface :
L’élément prothétique doit être poli et présenter un état de surface aussi lisse
que possible pour éviter le dépôt de plaque dentaire.

• Morphologie :

La morphologie, et tout particulièrement les embrasures et les contacts


proximaux constituent des éléments primordiaux auxquels le praticien doit être
attentif. En effet, si le déplacement par compression des bords de la gencive libre et
des papilles interdentaires peut n’avoir qu’une signification définitive limitée dans la
mesure où il ne persiste que quelques jours (les tissus déplacés ayant tendance à
revenir à leur place normale dès qu’on le leur permet), cette compression peut
aboutir à une atrophie parodontale progressive si le déplacement est maintenu
pendant un laps de temps prolongé.

• Adaptation cervicale :

Elle doit être la plus précise possible, toute sur-extension apicale, surplomb,
retrait ou hiatus pouvant entraîner une inflammation gingivale plus ou moins
importante en fonction, notamment, du type de parodonte, de la durée de portée de
cette prothèse transitoire et du niveau d’hygiène du patient.
L’élimination des excès de ciment provisoire, sources d’inflammation, est favorisée
lorsqu’un cordonnet a été maintenu en place durant la préparation, la réalisation de
la prothèse transitoire et le scellement.

• Occlusion :

Les différents réglages occlusaux des éléments transitoires doivent être


réalisés au cours des différents essais cliniques et après scellement en demandant au
patient d’effectuer d’abord une propulsion et une diduction sur un marqueur encré,
puis des mouvements inverses d’incision et de mastication.

c. Précautions à observer pour limiter l’agression parodontale de la séance de


prise d’empreinte :

Concernant les méthodes de déflexion gingivale, la technique du double


cordonnet semble présenter la plus grande innocuité vis-à-vis des tissus parodontaux.

Le système Expasyl ® constitue, également, une technique atraumatique si l’on


prend garde, toutefois, de respecter les temps d’application préconisés par le
fabricant et d’effectuer un rinçage minutieux visant à éliminer le produit du sulcus.
Il n’existe pas de précautions particulières à observer concernant la prise d’empreinte
en elle-même outre, d’une part, le respect du protocole de mise en œuvre (selon le

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matériau utilisé) par le praticien et par le prothésiste de laboratoire (traitement de
l’empreinte), pour éviter toute déformation préjudiciable à la pérennité de la
prothèse définitive, et d’autre part, la vigilance de l’opérateur vis-à-vis d’éventuels
débris de matériau qui subsisteraient dans le sillon gingivo - dentaire après
désinsertion.

Le praticien doit également veiller à l’enregistrement précis des limites ainsi qu’à leur
interprétation correcte au laboratoire de prothèse pour éviter, après scellement ou
collage, un joint dento-prothétique approximatif aboutissant à une zone de dentine
cruentée et inesthétique (zone de prédilection de dépôt de plaque).

d. Précautions à observer pour limiter l’agression parodontale lors de la phase


de scellement :

Les agressions thermique et chimique des ciments au phosphate de zinc sont


limitées par les règles de mises en œuvre de ce matériau, décrites précédemment, et
visant à réduire l’exothermie et l’acidité de la réaction de prise.
Quel que soit le ciment utilisé, la mise en place d’un cordonnet de très petit diamètre
dans le sulcus avant le scellement permet d’éviter que le matériau ne fuse dans la
profondeur de ce sillon, les excès sont ainsi facilement déposés, et l’irritation
mécanique due à la rétention de débris de matériau inexistante.
Enfin, pour pallier l’augmentation de rétention de plaque au niveau des zones de
dissolution du joint de ciment, des mesures d’hygiène buccodentaire rigoureuses
doivent être adoptées par le patient.

CONCLUSION

La bonne gestion du parodonte en prothèse dépend non seulement d'un


certain nombre de choix qui doivent faire suite à un diagnostic parodontal précis,
mais également de la réalisation rigoureuse des gestes cliniques ou techniques.
Chaque étape doit être franchie sans compromis, en y consacrant le temps
nécessaire, pour suivre à démarche décrite dans son ensemble et ne pas laisser
s'additionner, au fil des séances, des erreurs souvent irrattrapables, qui conduisent à
l'échec.

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