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PROCÉDÉS CHIMIE - BIO - AGRO

Ti452 - Opérations unitaires. Génie de la réaction chimique

Transfert de matière en génie


des procédés

Réf. Internet : 42326

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III
Cet ouvrage fait par tie de
Opérations unitaires. Génie de la réaction
chimique
(Réf. Internet ti452)
composé de :
Industrialisation des procédés et usine du futur Réf. Internet : 42602

Innovations en génie des procédés Réf. Internet : 42487

Modélisation en génie des procédés Réf. Internet : 42328

Thermodynamique et cinétique chimique Réf. Internet : 42323

Transfert de matière en génie des procédés Réf. Internet : 42326

Catalyse et procédés catalytiques Réf. Internet : 42325

Opérations unitaires : évaporation et séchage Réf. Internet : 42316

Opérations unitaires : techniques séparatives sur membranes Réf. Internet : 42331

Opérations unitaires : distillation et absorption Réf. Internet : 42324

Opérations unitaires : extractions fluide/fluide et fluide/ Réf. Internet : 42332


solide

Opérations unitaires : séparation de phases, décantation Réf. Internet : 42484


et filtration

Opérations unitaires : tri et traitement des liquides et des Réf. Internet : 42446
solides

Opérations unitaires : traitement des gaz Réf. Internet : 42485

Opérations unitaires : agitation et mélange Réf. Internet : 42486

Réacteurs chimiques Réf. Internet : 42330

Électrochimie Réf. Internet : 42322

Génie des procédés et protection de l'environnement Réf. Internet : 42327

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IV
Cet ouvrage fait par tie de
Opérations unitaires. Génie de la réaction
chimique
(Réf. Internet ti452)

dont les exper ts scientifiques sont :


Jean-Claude CHARPENTIER
Professeur et directeur de recherches CNRS au Laboratoire Réactions et Génie
des Procédés à l'ENSIC-Nancy, Ancien directeur de l'ENSIC-Nancy, de l' ESCPE
Lyon et du département Sciences pour l'ingénieur du CNRS, Past-président de
la Fédération européenne de génie chimique (EFCE)

Jean-Pierre DAL PONT


Président de la Société Française de Génie des Procédés (SFGP), Secrétaire
Général de la Fédération Européenne du Génie Chimique (EFCE), Président de
la Société des Experts Chimistes de France (SECF)

Jean-François JOLY
Ingénieur de l'École supérieure de chimie industrielle de Lyon, Ingénieur-
docteur de l'Université de Lyon, Directeur expert à l'IFP Énergies Nouvelles

Olivier POTIER
Responsable du Groupe Thématique de la Société Française de Génie des
Procédés (SFGP), Laboratoire Réactions et Génie des Procédés (CNRS UMR
7274, Université de Lorraine, Nancy), École Nationale Supérieure en Génie des
Systèmes et de l'Innovation (ENSGSI - Université de Lorraine)

Marie-Odile SIMONNOT
Professeur en Génie des procédés à l'Université de Lorraine (Nancy)

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V
Les auteurs ayant contribué à cet ouvrage sont :

Arnaud BUCH Dominique PAREAU


Pour les articles : J1075 – J1076 – Pour les articles : J1070 – J1072 –
J1077 – J1078 J1073 – J1074

Jean-Claude CHARPENTIER Mohamed RAKIB


Pour les articles : J1065 – J1079 Pour les articles : J1070 – J1072 –
J1073 – J1074 – J1075 – J1076 – J1077 –
Jean-Claude COURTIER J1078
Pour l’article : 24
Christine ROIZARD
Mireille DEFRANCESCHI Pour l’article : J1079
Pour l’article : 25
Moncef STAMBOULI
David Frederick FLETCHER Pour les articles : J1070 – J1072 –
Pour l’article : J1050 J1073 – J1074 – J1075 – J1076 – J1077 –
J1078
Arsène ISAMBERT
Pour l’article : J1072 Gabriel WILD
Pour l’article : J1079
Nicole LEGENT
Pour l’article : 23 Catherine XUEREB
Pour l’article : J1050
Jean-Paul MOULIN
Pour les articles : J1070 – J1072 – André ZOULALIAN
J1073 – J1074 Pour les articles : J1091 – J1092 –
J1093 – J1094

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VI
Transfert de matière en génie des procédés
(Réf. Internet 42326)

SOMMAIRE
Réf. Internet page

Mécanique des luides numérique J1050 9

Éléments de mécanique des luides. Application aux milieux poreux J1065 13

Transfert de matière. Méthodologie J1070 17

Transfert de matière. Distillation compartimentée idéale J1072 21

Transfert de matière. Extraction liquide-liquide J1073 25

Transfert de matière. Autres opérations compartimentées J1074 29

Transfert de matière. Cinétique du transfert de matière entre deux phases J1075 33

Transfert de matière. Applications des modèles cinétiques aux opérations J1076 37


compartimentées
Transfert de matière. Opérations à contact permanent J1077 39

Transfert de matière. Extraction liquide-liquide avec réaction chimique J1078 43

Absorption avec réaction chimique J1079 45

Particules poreuses interactives. Morphologie et caractérisation J1091 51

Particules poreuses interactives. Interactions physiques d'adsorption J1092 53

Particules poreuses interactives. Interactions chimiques catalytiques J1093 55

Particules poreuses interactives. Interactions chimiques consommables J1094 59

Unités de mesure SI 23 61

Unités légales et facteurs de conversion 24 65

Classiication périodique des éléments 25 67

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VII
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jQPUP

Mécanique des fluides numérique

par David Frederick FLETCHER


Chercheur à l’Université de Sydney, Australie
Chercheur invité au CNRS-LGC UMR 5503
et Catherine XUEREB
Directrice de Recherche, CNRS-LGC UMR 5503

1. Présentation de la mécanique des fluides numérique (CFD) ....... J 1 050 –2


1.1 Utilité et attendus de la CFD en ingénierie ................................................ — 2
1.2 Outils de la mise en œuvre ......................................................................... — 2
1.3 Étapes d’une simulation.............................................................................. — 2
2. Aspects numériques................................................................................ — 3
2.1 Maillage structuré ou non structuré........................................................... — 3
2.2 Schémas de discrétisation .......................................................................... — 4
3. Représentation de la physique du système ...................................... — 6
3.1 Prise en compte de la turbulence............................................................... — 6
3.2 Simulation de systèmes diphasiques ........................................................ — 7
3.3 Influence et limites des modèles physiques ............................................. — 8
3.4 Validation expérimentale ............................................................................ — 8
4. Quelques exemples.................................................................................. — 9
4.1 Cas d’une cuve agitée ................................................................................. — 9
4.2 Combustion et écoulements réactifs ......................................................... — 10
5. Évolutions attendues de la CFD........................................................... — 11
Références bibliographiques ......................................................................... — 11

et article présente la mécanique des fluides numérique en tant qu’outil pour


C l’ingénieur. L’objectif est donc de sensibiliser l’utilisateur à la CFD, en lui
présentant le plus clairement possible les capacités de cet outil, mais également
ses limites. En particulier, l’accent sera mis sur la méthodologie à adopter pour
mener à bien une simulation, et sur les questions qu’il convient de se poser aux
différentes étapes de sa mise en œuvre. Les modèles physiques classiquement
proposés par les codes de calcul seront décrits, ainsi que la façon de s’assurer
de la pertinence des résultats d’une simulation. Au moment de se lancer dans
la pratique de la CFD, l’utilisateur devra avoir recours à des descriptions beau-
coup plus avancées des modèles et, éventuellement, des méthodes utilisées,
qu’il pourra trouver dans des traités de mécanique des fluides numériques plus
exhaustifs.
p。イオエゥッョ@Z@、←」・ュ「イ・@RPPT

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur J 1 050 − 1


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jQPUP

MÉCANIQUE DES FLUIDES NUMÉRIQUE ____________________________________________________________________________________________________

1. Présentation de ■ Ordinateurs
Les codes précités offrent des versions implantables sur PC, et
la mécanique des fluides un ordinateur de bureau de 2 GHz et 2 GB de mémoire suffit pour
répondre à des besoins classiques. Pour la résolution de cas
numérique (CFD) complexes, le succès des algorithmes parallèles permet d’utiliser
des ordinateurs en réseau, à un coût moindre que celui d'une
machine de calcul très puissante.
1.1 Utilité et attendus de la CFD
en ingénierie
1.3 Étapes d’une simulation
La CFD (Computational Fluid Dynamics ) est simplement le calcul
numérique appliqué à la mécanique de fluides. Cela consiste à Nous nous intéressons ici à la méthode des volumes finis, qui
résoudre dans une géométrie donnée les équations fondamentales consiste à discrétiser le volume étudié sous la forme de petits blocs
de la mécanique des fluides, que l’on peut éventuellement coupler (volumes). Le théorème de Gauss est ensuite utilisé pour transfor-
aux équations de transfert thermique ou de réaction chimique. mer les équations aux dérivées partielles en équations algébriques.
Historiquement, la CFD a commencé à se développer en génie C’est la méthode la plus utilisée par les codes commerciaux.
mécanique, pour étudier les écoulements autour d’un objet afin de
mieux le profiler (ailes d’avions, automobiles). Dans le domaine du
génie chimique, les problèmes sont, en général, beaucoup plus 1.3.1 Représentation d’une géométrie
complexes de par, en particulier, le caractère multiphasique des
écoulements, les réactions chimiques et le comportement rhéolo- La première tâche est de borner le domaine de la simulation. Lors-
gique des fluides. que le système est fermé (réacteur batch par exemple), cela ne pose
pas de problème. Sur les systèmes ouverts, cela peut être plus
Le résultat d’une opération unitaire est souvent sous-tendu par difficile (dispersion d’un gaz dans l’atmosphère par exemple). Il faut
la qualité des écoulements qui sont produits dans l’appareil, car s’assurer soit que l’on est capable d’imposer correctement les
l’intensité des transferts en dépend fortement (mise en contact conditions de frontière aux bornes du système (cf. § 1.3.4), soit que
d’espèces, de fluides, de phases, d’internes, de parois). La connais- les frontières sont suffisamment éloignées pour que le système soit
sance des écoulements dans une installation, et des grandeurs loca- peu sensible aux conditions imposées (par exemple pour un réac-
les ou globales que l’on peut en déduire (champs de concentration, teur continu, détermination de la longueur à simuler sur les cana-
de dissipation énergétique, de température, puissance dissipée, lisations d’entrée-sortie). Plusieurs essais sont parfois nécessaires.
perte de charge, distribution de temps de séjour, etc.), aide alors Si les outils numériques permettent aujourd’hui de prendre en
l’ingénieur de procédé à mieux définir la géométrie de son équipe- compte toute la complexité géométrique du système, il faut enlever
ment et à régler avec pertinence ses paramètres opératoires. les détails mineurs (par exemple les trous de boulons) pour éviter
le gaspillage des mailles dans l’étape suivante. Cette étape doit se
faire manuellement si la géométrie est importée d’un fichier CAD.
1.2 Outils de la mise en œuvre
La CFD requiert de bons outils, et un utilisateur possédant une 1.3.2 Maillage
bonne compétence scientifique.
L’étape du maillage est une étape clé pour s’assurer de la validité
■ Ressources humaines des simulations. C’est l’étape de découpage du volume étudié en
La convivialité toujours plus grande des logiciels proposés sur le petits volumes élémentaires. Le maillage en général n’est pas
marché ne doit jamais faire oublier que la personne qui mène une régulier : les mailles doivent être plus petites (maillage fin) dans les
simulation doit posséder avant tout une excellente connaissance zones où les gradients de vitesse, de température ou de concentra-
de la physique et de la chimie du système étudié. De plus, elle doit tion vont être les plus importants (cf. § 2.1). Si ces zones ne peuvent
maîtriser certains aspects numériques, car des choix doivent être pas être prédites, il convient de faire quelques essais itératifs avec
faits quant aux méthodes de résolution des équations. ajustement du maillage. Dans le cas d’une étude des frottements ou
du transfert thermique en paroi, il faut résoudre les équations dans
■ Logiciels commerciaux la couche limite près de la paroi ; en général, les codes de calculs
Un grand choix de logiciels pour la CFD est désormais proposé proposent des moyens spécifiques pour mailler cette zone. Une
à l’utilisateur. Les sociétés qui les commercialisent annoncent en étude de sensibilité au maillage doit toujours être faite. Cela consiste
général qu’ils peuvent traiter tous les problèmes de mécanique des à faire des simulations avec un nombre de mailles différent (par
fluides. Il est donc toujours prudent de demander avant l’achat un exemple 30 % de plus) : si les résultats de simulation dépendent du
essai du logiciel sur un problème de même type que celui qui devra maillage, il convient de resserrer celui-ci jusqu’à obtenir une indé-
être traité. Les produits évoluant très rapidement, il faut également pendance entre maillage et solution. Si le maillage n’est pas assez
être attentif à la capacité de la société qui le propose à assurer son dense, certains phénomènes locaux ne seront pas capturés (recir-
développement régulier, des tests de validation et une assistance culations, décrochements de l’écoulement, points chauds, etc.).
après-vente auprès de l’utilisateur.
1.3.3 Nécessité des modèles
Parmi les logiciels de CFD, PHOENICS de CHAM, UK, a été le Il est rare que les simulations concernent l’écoulement laminaire
premier logiciel CFD commercial, dans les années 1970. Les d’un fluide newtonien, seul cas qui ne nécessite pas l’utilisation de
grandes marques aujourd’hui sont ANSYS CFX, FLUENT et modèles physiques en supplément des équations de physique fon-
STAR-CD. Bien que fondés sur les mêmes principes et propo- damentales. Dans tous les autres cas, il faudra faire appel à un ou
sant globalement les mêmes services, ils ont chacun leurs plusieurs modèles pour représenter la turbulence (cf. § 3.1), le
points forts (par exemple les modèles physiques proposés). De caractère non newtonien du fluide (voir article [A 710] Fluides non
nombreuses informations sont présentes sur les sites Internet newtoniens ), la coexistence de plusieurs phases et les interactions
de chaque compagnie, et des informations synthétiques inté- entre elles (cf. § 3.2), les réactions chimiques (cf. § 4.2), la porosité
ressantes peuvent également être trouvées sur le site du milieu, etc. Il faut donc avoir une bonne connaissance de la
http://www.cfd-online.com. physique et de la chimie de l’opération pour faire le bon choix.

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QP
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____________________________________________________________________________________________________ MÉCANIQUE DES FLUIDES NUMÉRIQUE

1.3.4 Conditions de frontière tielle. Dans la majorité des cas, l’ingénieur ne peut se permettre
qu’une validation par des valeurs globales, de type perte de charge
Au niveau des frontières du domaine simulé, certaines variables ou consommation énergétique par exemple. La concordance ne
doivent être fixées. Par exemple s’il y a une entrée de fluide, on garantit pas l’exactitude des résultats locaux, mais rassure l’utilisa-
fixera sur le plan d’entrée le profil des vitesses, le niveau de turbu- teur. Dans le cas où l’utilisateur dispose d’un pilote bien instru-
lence, éventuellement la concentration en espèces et la tempéra- menté, il est préférable de pouvoir accéder à des valeurs
ture. Sur le plan de sortie, on pourra se contenter de fixer la valeur expérimentales locales (champs de vitesse par exemple) pour
de la pression. Au niveau des parois, on spécifie les conditions de valider la simulation. Dans certains cas complexes, il peut être utile
glissement ou d’adhérence du fluide et, éventuellement, la tempé- de s’appuyer sur un laboratoire de recherche disposant de ces faci-
rature de paroi ou le flux de chaleur. Cette étape est souvent difficile lités expérimentales.
dans le cas des écoulements diphasiques. Le cas de la simulation
d’un cyclone est un exemple particulièrement compliqué (sépara-
tion des phases, écoulement tourbillonnant, importance des
couches limites en paroi).
2. Aspects numériques
La plupart des codes de calcul proposent également deux types
de conditions de frontière particulières : le plan de symétrie et le
plan de conditions cycliques. Le premier permet de réduire la taille Chaque utilisateur doit dans tous les cas se référer à la docu-
du système simulé s’il existe un plan de symétrie dans la géométrie, mentation livrée avec le logiciel pour connaître les méthodes et les
mais il existe un risque qui est de ne pas mettre en évidence l’exis- schémas qui sont utilisés par le code de calcul.
tence de phénomènes instationnaires. Le second permet, par
exemple, de ne modéliser qu’une aube dans une machine tournante
ou de définir un domaine qui comporte une entrée et une sortie, et 2.1 Maillage structuré ou non structuré
d’imposer que les conditions de frontière sur l’entrée soient systé-
matiquement égales aux conditions calculées sur le plan de sortie. Historiquement, les premiers codes de CFD fonctionnaient avec
des maillages structurés, c’est-à-dire formés de volumes hexa-
édriques agencés dans une matrice 3D selon un système cartésien.
1.3.5 Solveur
Puis est apparue la possibilité de traiter la combinaison de plusieurs
Le solveur est le domaine du numéricien. C’est la partie du code zones structurées, c’est ce que l’on appelle le « multiblocs », qui
de calcul consacrée à la résolution proprement dite du système permettait de traiter les géométries plus compliquées, mais l’étape
d’équations discrétisées couplées aux modèles choisis. Plus le de maillage restait fastidieuse. Des solutions permettant de fonc-
solveur est puissant, moins l’utilisateur a besoin d’intervenir. Mais tionner avec d’autres systèmes de coordonnées que cartésiennes
il est encore souvent utile d’agir sur le solveur manuellement pour ont également été proposées.
modifier le facteur de sous-relaxation ou le pas de temps afin La figure 1 montre un exemple d’une section en deux dimensions
d’assurer la convergence de la simulation. Cette convergence est des trois types de maillages structurés précédemment décrits. Dans
censée mener l’utilisateur vers la solution physique. L’unicité de tous les cas, l’angle entre les mailles est proche de 90o, ce qui est
cette solution demeure encore une hypothèse sans preuve mathé- idéal. Il vaut mieux éviter les mailles présentant un angle inférieur
matique, mais est, le plus souvent, heureusement, avérée (accord à 30o, car elles risquent, selon le schéma numérique retenu, de
avec les résultats expérimentaux). générer une perte de précision.
Le suivi de la convergence est assuré par le calcul des résidus La figure 2 montre un maillage en un seul bloc sur un cylindre.
(une mesure, souvent normalisée, des erreurs locales). Lorsque les On note certaines zones situées aux points cardinaux où le maillage
résidus passent au-dessous du seuil choisi, il convient de vérifier, est très mauvais comparé à la figure 1c. Il faut également éviter des
à partir des résultats proposés, que les bilans globaux sont corrects gradients de taille des mailles trop importants, car cela peut
(matière, enthalpie...). Si les résidus n’arrivent pas à diminuer conduire à des erreurs de troncature dans le schéma numérique.
suffisamment, il faut revenir aux étapes précédentes (choix des Tous les codes de calcul ont des outils qui permettent de vérifier la
modèles, conditions de frontière, maillage). Si tout semble correct, qualité du maillage, et il est fortement conseillé de les utiliser avant
il faut reprendre le problème en le simplifiant. Il faut également envi- de lancer une simulation.
sager que l’écoulement puisse être instationnaire alors que l’on
cherche à atteindre une solution stationnaire. Les maillages structurés présentent certains avantages :
— lorsque le maillage est aligné avec la direction principale de
l’écoulement, on obtient un bon niveau de précision car les vecteurs
1.3.6 Traitement des résultats de vitesse sont normaux aux faces des volumes ; c’est pour cette
raison que ce type de maillage est adapté à la résolution des pro-
Les codes de calcul proposent en général un logiciel de post-
blèmes physiques dans les zones proches des parois (frottements,
traitement, qui permet de visualiser facilement les champs de vec-
transfert thermique...) ;
teurs, de température, les surfaces d’isovaleur, etc. L’information est
abondante, et l’ingénieur doit alors souvent exploiter les valeurs — dans un système allongé (canalisation par exemple), le
obtenues localement pour revenir à des valeurs globales qui vont maillage peut être étiré dans la direction de l’écoulement, en per-
caractériser l’opération (bilans, calculs de débits, de pertes de mettant une réduction du nombre de mailles.
charge, de dissipation énergétique, etc.). Il peut s’appuyer sur des Leur inconvénient majeur réside dans la complexité, et donc la
menus prédéfinis dans le code pour des calculs simples, ou déve- lenteur, de leur construction pour les systèmes de géométrie un tant
lopper lui-même des sous-programmes de traitement des résultats. soit peu compliqués, qui demandent à être prédécoupés et traités
par blocs. Certains codes de calcul offrent des logiciels d’aide pour
simplifier cette tâche, parfois uniquement pour des géométries spé-
1.3.7 Validation expérimentale cifiques (par exemple pour mailler de façon structurée les aubes
L’étape ultime consiste à valider les résultats de simulation. Cette d’une turbine).
étape demeure d’autant plus indispensable qu’un certain nombre de Les maillages structurés étaient liés à des solveurs eux aussi
choix ont dû être faits par l’utilisateur, particulièrement concernant conçus pour travailler dans des systèmes de coordonnées struc-
les modèles. La validation ne peut pas concerner l’ensemble des turées. L’apparition d’une nouvelle génération de solveurs non
résultats, la somme d’informations résultant d’une simulation étant structurés a permis de faire évoluer les maillages. Les maillages non
toujours extrêmement importante. Elle ne peut donc être que par- structurés peuvent combiner des tétraèdres, des prismes, des

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Éléments de mécanique des fluides


Application aux milieux poreux
par Jean-Claude CHARPENTIER
Professeur et directeur de l’École supérieure de chimie, physique, électronique de Lyon
Directeur de recherche au CNRS
Ancien directeur scientifique du département Science pour l’Ingénieur du CNRS
Ancien directeur de l’École nationale supérieure des industries chimiques de Nancy

1. Écoulement des fluides dans une canalisation ............................... J 1 065 - 2


1.1 Fluides parfaits incompressibles en écoulement permanent .................. — 2
1.2 Fluides réels. Viscosité ................................................................................ — 2
1.2.1 Définition ............................................................................................. — 2
1.2.2 Effet de la viscosité sur l’écoulement ............................................... — 3
1.2.3 Écoulement laminaire (Re < 2000)..................................................... — 3
1.2.4 Écoulement turbulent (Re > 3000) ..................................................... — 3
2. Sédimentation........................................................................................... — 4
2.1 Mouvement d’une particule solide dans un fluide immobile .................. — 4
2.2 Sédimentation d’une suspension de particules en régime de Stokes .... — 6
3. Mouvement de gouttes et de bulles ................................................... — 7
3.1 Vitesse de déplacement d’une goutte........................................................ — 7
3.2 Vitesse de déplacement d’une bulle .......................................................... — 7
4. Écoulement à travers un lit de particules......................................... — 8
4.1 Loi de Darcy. Définition de la perméabilité ............................................... — 8
4.2 Modèle de Kozeny. Relation de Kozeny-Carman ...................................... — 8
4.3 Régimes laminaire et turbulent. Relation d’Ergun.................................... — 9
5. Fluidisation ................................................................................................ — 9
6. Filtration ..................................................................................................... — 11
6.1 Lois générales .............................................................................................. — 11
6.1.1 Relation entre l’épaisseur Z du gâteau et le volume de filtrat V ..... — 12
6.1.2 Vitesse de filtration ............................................................................. — 12
6.1.3 Résistance du support RS et résistance spécifique du gâteau α.
Équation de Ruth ................................................................................ — 12
6.1.4 Filtration à pression et débit variables.............................................. — 12
6.1.5 Filtration continue sous vide ............................................................. — 12
Pour en savoir plus........................................................................................... Doc. J 1 065

armi les nombreux problèmes de génie des procédés que rencontrent


P l’ingénieur et le pharmacien travaillant dans les industries chimiques, pétro-
lières, pharmaceutiques, cosmétiques et agroalimentaires, l’écoulement d’un ou
de plusieurs fluides à travers un milieu poreux fixe ou mobile tient une place
prépondérante. Il suffit de citer les principaux procédés unitaires du génie des
procédés (séchage, fluidisation, sédimentation, cristallisation, distillation,
échange d’ions, extraction liquide-liquide...) pour voir le nombre pléthorique de
canalisations, de colonnes, de cuves et de réacteurs au sein desquels le ou les
procédés sont réalisés.
p。イオエゥッョ@Z@ウ・ーエ・ュ「イ・@QYYY

De même, pour les industries de la santé, la formulation nécessite la concep-


tion, le développement, la production et l’écoulement de matériaux poreux (ou

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ÉLÉMENTS DE MÉCANIQUE DES FLUIDES ___________________________________________________________________________________________________

non poreux) fonctionnant par leur composition, leur préparation et leur agence-
ment pour délivrer une action et rendre un service (par exemple la galénique).
Après un bref rappel des principes fondamentaux de la mécanique des fluides
appliqués aux cas d’écoulements de fluides parfaits ou visqueux newtoniens
dans les conduites, ce texte fournit les notions de base indispensables sur
l’hydrodynamique des écoulements dans les milieux poreux rencontrés dans les
procédés de sédimentation et granulation, de réactions nécessitant un garnis-
sage, de fluidisation et de filtration.
Notre but est de proposer la ou les relations qui existent :
— entre le débit de fluide et les propriétés caractéristiques du milieu poreux
mobile et des fluides pour maintenir ce milieu poreux dans les conditions opti-
males de fonctionnement afin de réaliser le procédé et d’élaborer le produit
voulu (sédimentation, fluidisation) ;
ou
— entre les pertes de charge nécessaires pour assurer un débit connu et opti-
mum de fluide, compte tenu des propriétés caractéristiques du milieu poreux
fixe (réacteurs, filtration).
Il est bien entendu que ce texte ne se veut nullement exhaustif et le lecteur se
reportera utilement aux ouvrages hautement spécialisés présentés dans la
bibliographie, pour une connaissance plus approfondie sur tel ou tel procédé.

1. Écoulement des fluides B2'

dans une canalisation B2 u2

B1'

B1 A2'
1.1 Fluides parfaits incompressibles
u1 A2
en écoulement permanent
A1'

On considère le fluide de masse volumique ρ initialement entre A1


les sections A1B1 et A2B2 puis entre les sections A 1′ B 1′ , A 2′ A 2′ au
temps dt. On désigne par A1 l’aire de la section normale à l’axe A1B1
Figure 1 – Écoulement d’un fluide parfait incompressible
et par u1 la vitesse dans cette section, A2 l’aire en A2B2 et par u2 la
dans une canalisation
vitesse dans cette section (figure 1).

Les équations de bilan sont les suivantes : 1.2 Fluides réels. Viscosité
— conservation de la matière
ρ A 1 u1 = ρ A 2 u2 = qm (1)
avec qm débit massique du fluide (kg · ; s−1) 1.2.1 Définition
— conservation de la quantité de mouvement (équation
d’Euler)
Les seules forces qui existent dans un fluide parfait sont normales
à la paroi. Dans les fluides réels que considère la mécanique des
qm ( u2 Ð u1 ) = Fe (2) fluides interviennent en plus des forces de frottement ou de visco-
sité, qui sont dans le plan de la paroi (fluides newtoniens).
avec F e résultante des forces extérieures (pesanteur, pression) ;
— conservation de l’énergie (équation de Bernouilli) La vitesse ux des filets de fluide, parallèlement à l’axe Ox de la
u 12 P 1 u 22 P 2 canalisation, varie suivant l’axe perpendiculaire Oz de la quantité
------ - + ------- + z 2 = C te
- + ------- + z 1 = ------ (3) d ux
2 g ρg 2 g ρg --------- par unité de longueur.
dz
avec g accélération due au champ de pesanteur (m · s−2),
P1, P2 pression statique (Pa), Ce gradient de vitesse est accompagné d’une force s’exerçant
entre deux filets voisins et dirigée suivant Ox. Cette force par unité
z1, z2 cote, altitude (m). de surface séparant deux filets voisins, appelée contrainte de frotte-

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QT
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jQPVU

__________________________________________________________________________________________________ ÉLÉMENTS DE MÉCANIQUE DES FLUIDES

ment τ, est proportionnelle au gradient de vitesse (relation de 1.2.3 Écoulement laminaire (Re < 2000)
Newton) :
Dans le cas où la vitesse d’écoulement est nulle lorsque le cylin-
d ux dre de fluide considéré a le même rayon que la canalisation (u = 0
τ = η --------- pour r = R), la vitesse u s’exprime :
dz
1 dp
Le coefficient de proportionnalité η, parfois noté µ, est la viscosité u = ------- ( R 2 Ð r 2 )  Ð ------- 
4η dx
η
dynamique du fluide. On considère souvent aussi le quotient ν = ---
ρ Le profil des vitesses est parabolique.
qui est la viscosité cinématique du fluide. Le débit volumique qv est :
Le tableau 1 rassemble les unités, dans différents systèmes, de d/2
πd 4

dp
ces deux grandeurs. qv = u ⋅ 2 π ⋅ r · dr = --------------  Ð ------- 
0
128 η d x

La vitesse moyenne, ou vitesse débitante, est :


Tableau 1 – Unités courantes des viscosités dynamique qv d2 dp
et cinématique - = ----------  Ð ------- 
u m = ---------
πd 2 32 η  d x 
---------
Viscosité Dimensions SI CGS MKS 4

η Poise Poiseuille La chute de pression est donnée par la formule fondamentale de


(dynamique) M.L−1 · T−1 Pa · s (Po) (dap) (1) Poiseuille :
10−1 Pa · s 10 Po
dp 32 η
η Stokes Myriastokes Ð ------- = ---------- u m (4)
ν = --- dx d2
ρ L2 · T−1 m2 · s−1 (St) (maSt)
10 m2 · s−1
−4 10 St = 1 m2 · s−1
4
(cinématique) et la perte de charge linéaire :
(1) dap : décapoise.
dH 32 η
Ð -------- = ------------- u m (5)
dx ρgd 2
Nota : Le signe « − » rappelle que les pressions décroissent au fur et à mesure que l’on
1.2.2 Effet de la viscosité sur l’écoulement progresse dans le sens de l’écoulement.
Avec les termes adimensionnels :
Dans une canalisation de diamètre d = 2R, on considère le fluide f gd d H
newtonien contenu dans un cylindre de rayon r et de longueur dx ; facteur de frottement --- = ----------- --------
2 4 um 2 dx
dp
p est la pression qui s’applique sur la face gauche et p + ------- d x celle
dx ρu m d
qui s’applique sur la face droite (figure 2). et critère de Reynolds Re = --------------
-
η
En régime permanent, la vitesse u ne dépend que de la distance r l’expression de la perte de charge (5) devient :
à l’axe de la conduite.
f 8
--- = -------
Un bilan des forces exercées sur le petit élément de volume πr 2 dx 2 Re
s’écrit :

Force de pression + Force de frottement = 0 1.2.4 Écoulement turbulent (Re > 3000)
dp du ■ Profil des vitesses (profil de von Karman)
Ð πr 2 ------- d x Ð 2 πr d x η ------- = 0
dx dr
f
On définit une vitesse fictive u∗ = u m --- .
d’où la relation fondamentale pour les vitesses : 2
● Au voisinage de la paroi, l’écoulement reste laminaire sur une
du r dp u∗ y
------- = -------  Ð -------  épaisseur y telle que ----------- < 5 . Dans ce cas :
dr 2η  dx  ν

u u∗ y
------ = ----------- (6)
u∗ ν

dx ● Au centre de la canalisation, il existe un noyau turbulent qui


R u∗ y
commence à une distance y de la paroi telle que ----------- > 30 . Dans ce
p+
dp
dx x ν
p
dx cas :
x x + dx
u u∗ y
------ = 5,75 log ----------- + 5,5 (7)
Figure 2 – Cylindre élémentaire de fluide newtonien en écoulement u∗ ν

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QU
QV
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Transfert de matière
Méthodologie
par Jean-Paul MOULIN
Ingénieur de l’École Centrale Paris
Docteur ès sciences
Professeur de génie chimique à l’École Centrale Paris
Ingénieur à la Société générale pour les techniques nouvelles (SGN)
Dominique PAREAU
Ingénieur de l’École Centrale Paris
Docteur ès sciences
Professeur de génie chimique à l’École Centrale Paris
Mohamed RAKIB
Ingénieur de l’École Centrale Paris
Docteur ès sciences
Chef de travaux à l’École Centrale Paris
et Moncef STAMBOULI
Ingénieur de l’École Centrale Paris
Docteur ès sciences
Chef de travaux à l’École Centrale Paris

1. Généralités................................................................................................. J 1 070 - 3
1.1 Opérations unitaires avec transfert de matière......................................... — 3
1.2 Application à la conception et à l’adaptation des unités industrielles.... — 4
1.3 Notion de modèle ........................................................................................ — 4
2. Régime de fonctionnement par rapport au temps ......................... — 4
3. Modèles d’écoulements ......................................................................... — 5
3.1 Modèles simples.......................................................................................... — 5
3.2 Modèles complexes..................................................................................... — 6
3.3 Conclusion.................................................................................................... — 8
4. Différents types d’opérations .............................................................. — 8
4.1 Opération simple ......................................................................................... — 8
4.2 Opération à flux croisés .............................................................................. — 9
4.3 Opération à contre-courant......................................................................... — 9
4.4 Opération avec reflux ou lavage ................................................................ — 9
4.5 Écoulements dans les opérations à contre-courant ................................. — 9
5. Application : établissement des bilans matière et enthalpique . — 9
5.1 Hypothèses générales ................................................................................. — 9
5.2 Bilan global .................................................................................................. — 11
5.3 Bilan opératoire des opérations méthodiques.......................................... — 11
6. Informatique appliquée aux bilans matière et enthalpique ......... — 12
6.1 Procédés en régime stationnaire................................................................ — 12
6.2 Procédés en régime instationnaire ............................................................ — 13
6.3 Simulateurs simplissimes........................................................................... — 15
Pour en savoir plus ........................................................................................... Doc. J 1 070

es industries de procédé, chimie, pharmacie, industries agroalimentaires,


L etc., ont suscité l’apparition d’une science appliquée, qui est connue sous le
p。イオエゥッョ@Z@ュ。イウ@RPPP

nom de génie des procédés. Le génie des procédés s’articule en deux parties :

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TRANSFERT DE MATIÈRE ________________________________________________________________________________________________________________

d’une part, l’étude des processus, chimiques, biochimiques, etc., particuliers à


chaque procédé, et d’autre part le génie chimique qui traite des appareils où ces
processus sont mis en œuvre, indépendamment du processus particulier.
L’objet du génie chimique est la détermination de l’agencement, du dimension-
nement, des conditions opératoires et de la conduite des appareils des indus-
tries de procédé, dans le but d’atteindre des performances requises. Un très
grand nombre de configurations permettent de réaliser ces performances. Le
choix entre ces configurations est conduit par la recherche d’un optimum, dans
le cadre de contraintes. Certaines contraintes sont réglementaires ou sociales :
zéro pollution, zéro accident, d’autres sont commerciales : zéro défaut, délai
minimal entre commande et livraison. L’optimum est économique : les coûts doi-
vent être minimisés. Des incertitudes sont inévitables. Elles doivent être prises
en compte : l’objectif industriel est souvent défini comme le « juste bien » : il faut
assurer le résultat sans prendre de coefficients de sécurité excessifs.
À la conception d’une unité de production, il faut équilibrer au mieux les
couples : taille des appareils, conditions opératoires (c’est-à-dire en première
approximation les consommations d’énergie), qui permettent d’assurer que les
performances requises seront atteintes. Cette dualité est transposable dans le
domaine économique et les deux parties correspondent respectivement, en sim-
plifiant à l’excès, aux investissements et aux frais de fonctionnement. Il est rare
que l’optimisation économique porte sur une seule opération : la recherche de
l’optimum sera le plus souvent effectuée pour un procédé entier. Elle porte donc
sur un ensemble complexe d’opérations et sur leurs connexions. L’adaptation
des conditions opératoires d’une unité de production à des conditions différen-
tes de celles qui présidaient à sa conception, que ce soient les matières premiè-
res ou les produits finis, est soumise aux mêmes contraintes et à la recherche de
l’optimum économique. Une nouveauté importante pour l’adaptation des unités
de production est qu’elle se fait maintenant dans un cadre dynamique, en inté-
grant par exemple la transition d’une production à une autre à l’optimisation :
c’est une part importante de l’activité connue sous le nom de gestion de produc-
tion.
Le dimensionnement des unités de production a un coût, il fait partie des
investissements et représente une part non négligeable de ceux-ci. Il doit donc
lui-même atteindre son objectif au moindre coût : de même que l’on évite de réa-
liser des unités de productions ayant des moyens surdimensionnés, de même il
faut éviter la précision excessive dans les calculs de génie chimique, car elle est
inutilement coûteuse.
La présentation du transfert de matière et des appareils qui le mettent en
œuvre vise donc l’objectif industriel suivant : il faut, en toutes circonstances,
employer le modèle qui permet d’atteindre l’objectif recherché et qui est le
moins coûteux en temps de travail (humain ou machine). C’est pourquoi il faut
utiliser le modèle le plus simple possible : c’est une faute méthodologique que
d’employer un modèle complexe (coûteux en temps de calcul) là où sa précision
est inutile ou même illusoire. La présentation des modèles qui est faite dans cet
article et dans les suivants privilégie donc les modèles simples, les plus utilisés,
au détriment des modèles complexes. Le fait qu’il soit didactique de présenter
en premier des concepts simples, et donc des modèles simples, n’est qu’un
argument supplémentaire.

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________________________________________________________________________________________________________________ TRANSFERT DE MATIÈRE

Notations et symboles Notations et symboles (suite)

Symbole Unité Désignation Symbole Unité Désignation

C kg · m−3 concentration ∆ kg · s−1 pôle ou mélange opératoire (flux de


matière algébrique qui traverse une
CA J kg · m−3 concentration du corps A dans le section droite de l’appareil dans
flux J une opération à contre-courant)

Cp J · kg−1 · K−1 capacité thermique massique (à θ s temps


pression constante)
θ s temps de séjour moyen
D kg · s−1 débit massique d’extrait
ρ kg · m−3 masse volumique
DA J m2 · s−1 diffusivité du corps A dans le flux J
Σ surface de contrôle
Dt m2 · s−1 dispersivité (diffusivité turbulente)
σJ m2 section droite offerte à l’écoulement
E kg · s−1 débit massique de résidu du flux J
I kg · s−1 débit massique d’alimentation τ
θ
temps réduit : τ = -----
θ
J (θ) fonction distribution des temps de
Indices : A relatif au constituant A
séjour (DTS)

L kg · s−1 débit massique d’un flux (liquide) f final

Li kg · s−1 débit massique d’un flux liquide J dans le flux J


(aqueux) sortant de l’étage i
i issu de l’étage i
, longueur réduite : , = z/Z
0 initial
Nφ J · s−1 flux thermique

Nm kg · s−1 flux massique

Pe nombre de Péclet (matériel,


turbulent, longitudinal)
1. Généralités
q m3 · s−1 débit volumique
1.1 Opérations unitaires avec transfert
qJ m3 · s−1 débit volumique du flux J
de matière
Si kg · s−1 débit massique d’un flux liquide
(solvant) sortant de l’étage i
Le génie chimique est divisé en deux parties principales :
T K température thermodynamique — le calcul des réacteurs chimiques dans lesquels se fait la syn-
thèse des produits marchands (ou des intermédiaires) ;
TR K température de référence — le calcul des opérations unitaires grâce auxquelles s’effectuent
les séparations :
u m· s−1 vitesse linéaire
• à partir de matières premières (minerais, produits agricoles),
V m3 volume (d’un appareil) • à partir des flux issus des réacteurs chimiques (séparation des
produits de réaction et des réactifs, par exemple).
XA fraction massique du constituant A À leur tour, les opérations unitaires peuvent se diviser en deux
grandes classes :
XA M fraction massique du corps A dans — les opérations sans transfert de matière qui sont :
un flux M quelconque
• d’une part, les opérations de simple séparation physique de
Z m longueur de l’appareil phases : filtration, centrifugation, cyclonage, etc.,
• d’autre part, des opérations qui modifient (ou classent) la gra-
z m cote d’un point dans un appareil nulométrie de solides : broyage, frittage, etc. ;
(rapportée à l’axe longitudinal)
— les opérations avec transfert de matière qui sont les opéra-
α fraction de débit assurant le tions où un corps est conduit à changer de phase : par exemple, la
mélange en retour distillation (vaporisation partielle par apport de chaleur), l’extraction
liquide-liquide (séparation par ajout d’un tiers corps).
αJ fraction de débit assurant le Ce sont ces dernières opérations qui font l’objet du présent
mélange en retour du flux J article. Il convient de noter que cette définition admet deux catégo-
ries d’exceptions entérinées par l’usage.
βJ taux de rétention du flux J dans le
volume V a) Opérations où il n’y a pas changement de phase au sens de la
thermodynamique

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TRANSFERT DE MATIÈRE ________________________________________________________________________________________________________________

Il s’agit, par exemple, de la lixiviation (ou extraction solide- 1.3 Notion de modèle
liquide), où le solide imprégné n’est pas une phase pour le thermo-
dynamicien, ou encore de l’extraction par formation de mousse
(phase métastable). Ces « phases », qui n’en sont pas au regard de Dans les appareils où sont effectuées les séparations par transfert
la thermodynamique, se prêtent aux mêmes raisonnements et cal- de matière se produisent des phénomènes d’une complexité telle
culs que les vraies phases, ce qui constitue un excellent critère qu’ils défient toute tentative de description quantifiée exacte (c’est-
méthodologique aux yeux de l’ingénieur. à-dire visant à l’exhaustivité) : les écoulements y sont le plus sou-
Nota : certaines opérations reposent sur des séparations effectuées entre des phases vent turbulents et presque toujours diphasiques. A ces phénomènes
entièrement miscibles. Elles ont peu d’applications industrielles. L’exemple le plus impor- s’ajoutent ceux de transferts de chaleur et de matière qui, dépen-
tant est la séparation des isotopes de l’uranium par passage d’un composé gazeux à tra-
vers une paroi poreuse, ou par ultracentrifugation. Nous ne traiterons pas explicitement
dant eux-mêmes des écoulements, peuvent en retour les modifier.
ces opérations, quoique nombre de raisonnements exposés ici s’y appliquent. C’est en fait un des problèmes les plus complexes de la physico-
chimie macroscopique.
b) Opérations où le changement de phase est accompagné d’une
réaction chimique Or la mécanique des fluides elle-même ne connaît pas de solu-
tions exactes aux équations de Navier-Stokes, dans le cas général
Elles sont rattachées aux opérations unitaires avec transfert de d’un fluide en écoulement turbulent. On a donc été conduit, pour
matière parce que ce dernier est prépondérant : l’absorption de décrire ces écoulements, à utiliser des modèles dont le plus célèbre
l’ammoniac par de l’eau pure ou par une solution d’acide dilué est, est celui de la couche limite.
dans les deux cas, d’abord une épuration de gaz par passage du pol-
L’étude du transfert de matière dans les opérations unitaires
luant dans une autre phase.
repose plus encore sur des modèles et des analogies entre les
Il est néanmoins évident que, en passant de l’absorption avec modèles suivants :
réaction chimique au vapocraquage, on ne rencontre pas de fron- — modèles d’écoulements d’abord, souvent différents de ceux
tière naturelle entre opération unitaire et réacteur diphasique. de la mécanique des fluides ; ceux-ci visent surtout à prévoir les per-
tes de charge, ceux-là surtout à prévoir le transport des solutés et de
la chaleur (cf. § 3) ;
— modèles de transfert de matière et de chaleur, combinés aux
1.2 Application à la conception modèles d’écoulements :
et à l’adaptation des unités • sur le plus simple de ces modèles (équilibre thermodynami-
industrielles que atteint, écoulement idéal), dit modèle de l’étage idéal (ou
théorique) reposent toutes les opérations compartimentées idéa-
les (traitées en [J 1 072]) ;
Deux grandes catégories d’actions à optimiser peuvent être dis- • les plus usuels des modèles complexes de transfert de matière
tinguées. sont introduits dans l’étude de la cinétique de transfert entre pha-
ses [J 1 075] et sont combinés avec divers modèles d’écoule-
■ Conception d’une unité de production ments dans les opérations à contact permanent [J 1 077].
Enfin, soulignons encore qu’il est vain de rechercher le « meilleur
Les données sont la nature des matières premières, les spécifica-
des modèles » à usage universel : nous avons indiqué et nous
tions des produits finis, etc. et bien sûr les lois physico-chimiques.
reviendrons sur la nécessité d’une hiérarchie des modèles selon les
Les paramètres de l’optimisation économique sont l’agencement et
étapes de la conception d’une installation.
le dimensionnement des appareils unitaires (géométrie et condi-
tions opératoires). L’optimum retenu est déterminé après avoir pris
des coefficients de sécurité relatifs à deux niveaux d’incertitude,
concernant :
— la fiabilité des prévisions sur les performances dues aux limi-
2. Régime de fonctionnement
tes de nos connaissances ; par rapport au temps
— l’évolution des paramètres (prix des matières premières et des
produits finis), due à des modifications des marchés en amont ou en
aval de la production (voir l’exemple rebattu du prix de l’énergie). Modéliser une opération unitaire du génie chimique consiste, en
fin de compte, à exprimer des grandeurs, flux de matière ou de cha-
Or toutes les études montrent que la courbe représentant l’évolu- leur, concentrations ou température, etc., à l’aide de fonctions de
tion de la fonction économique en fonction d’un paramètre n’est pas variables soit d’espace (x, y, z), soit discrètes (numéro d’étage)
symétrique par rapport à la valeur du paramètre à l’optimum. On d’une part, et du temps, d’autre part. Il est évident que les modèles
pourra être amené à choisir, sur une base probabiliste si nécessaire, les plus commodes sont les plus simples, c’est-à-dire ceux qui
un point de fonctionnement voisin, mais distinct de l’optimum dépendent d’un nombre minimal de paramètres. Nous allons déga-
mathématique à la date de conception, choisi de telle sorte que les ger dans ce paragraphe les conditions pour qu’un modèle soit indé-
fluctuations des paramètres ne provoquent que des variations mini- pendant du temps.
males des coûts de production.
Les modèles qui reposent sur les écoulements définis au para-
■ Aménagement d’une unité de production graphe 3 dépendent uniquement d’une variable d’espace ou du
numéro de l’étage et, a priori, du temps ; il est clair que si l’opération
Il s’agit d’adapter un groupe d’appareils à une production modi- est discontinue, les fonctions qui décrivent le système dépendent
fiée (par ses produits finis, ses matières premières ou ses contrain- explicitement du temps de façon essentielle : les modèles disconti-
tes technico-économiques). En simplifiant (à l’excès), les para- nus parfaitement agités ne dépendent que du temps. Si l’opération
mètres sur lesquels on peut agir sont les conditions opératoires ; la est semi-continue (opération avec une phase stationnaire par exem-
performance économique réalisable dans les nouvelles conditions ple), sa modélisation repose sur le temps et sur au moins une varia-
dépend alors largement des marges de sécurité prises à la construc- ble d’espace. Dans le cas d’une opération continue, il y a plusieurs
tion, c’est-à-dire de la flexibilité de l’installation. possibilités :
Nota : les algorithmes les plus performants pour la conception ne le sont pas toujours — l’un au moins des paramètres externes de l’appareil (débit,
pour les modifications, et réciproquement ; cette remarque vaut aussi pour les autres usa-
ges des modèles (contrôle-commande, par exemple). Conformément à l’usage, nous composition, température, etc.) a été modifié depuis suffisamment
ferons une place privilégiée aux algorithmes efficaces dans les problèmes de conception. peu de temps pour que l’influence de cette modification se fasse

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Transfert de matière
Distillation compartimentée idéale
par Jean-Paul MOULIN
Ingénieur de l’École Centrale Paris
Docteur ès sciences
Professeur de génie chimique à l’École Centrale Paris
Dominique PAREAU
Ingénieur de l’École Centrale Paris
Docteur ès sciences
Professeur à l’École Centrale Paris
Mohamed RAKIB
Ingénieur de l’École Centrale Paris
Docteur ès sciences
Chef de travaux à l’École Centrale Paris
Moncef STAMBOULI
Ingénieur de l’École Centrale Paris
Docteur ès sciences
Chef de travaux à l’École Centrale Paris
et Arsène ISAMBERT
Ingénieur de l’École Centrale Paris
Docteur-ingénieur
Professeur à l’École Centrale Paris

1. Représentation des équilibres binaires ............................................. J 1 072 - 4


2. Prévision des équilibres liquide-vapeur ............................................. — 5
3. Hypothèses particulières à la distillation ......................................... — 6
4. Distillation simple.................................................................................... — 6
5. Rectification de mélanges binaires quelconques ........................... — 7
6. Calcul des extrémités de colonne ....................................................... — 9
7. Entraînement à la vapeur....................................................................... — 10
8. Rectification à flux molaires constants............................................. — 11
9. Rectifications extractive, azéotropique et réactive ....................... — 12
10. Opérations liquide-vapeur multicomposants ................................... — 14
11. Pertinence du modèle de l’étage idéal et application ................... — 16
Références bibliographiques ......................................................................... — 16

et article présente l’une des opérations unitaires les plus anciennes, la dis-
C tillation, dont l’utilisation est très large dans l’industrie : pétrole en premier
lieu, mais aussi chimie, pharmacie, agroalimentaire...
Elle est abordée en tant qu’opération compartimentée, comportant soit un seul
étage (distillation simple), soit plusieurs étages ; la circulation des deux phases
liquide et vapeur se fait alors à contre-courant (rectification).
Le fonctionnement réel des étages est très complexe. On l’approche cepen-
dant avec une précision acceptable par le modèle de l’étage théorique ou idéal.
p。イオエゥッョ@Z@ュ。イウ@RPPQ

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RQ
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TRANSFERT DE MATIÈRE ________________________________________________________________________________________________________________

Un étage idéal assure deux fonctions essentielles :


— les phases effluentes sont en équilibre thermodynamique ;
— la séparation physique (désengagement) des deux phases effluentes est
parfaite : il n’y a pas d’entraînement mécanique d’une phase dans l’autre.
Cette définition dépasse le cadre de la distillation et peut s’appliquer aux
autres opérations unitaires que nous abordons dans les articles suivants (extrac-
tion liquide-liquide, gaz-liquide, etc.). Toutefois, dans le cas particulier de la dis-
tillation, où transferts de matière et de chaleur sont concomitants, on suppose
de plus que l’étage est adiabatique et isobare. Bien qu’elles apportent de gran-
des simplifications, ces deux hypothèses ne sont pas indispensables. L’intérêt
fondamental de ce modèle est de donner la possibilité de dimensionner un
appareil sans avoir recours ni à des données cinétiques (équilibre thermodyna-
mique atteint), ni à des données relatives aux écoulements : l’absence d’entraî-
nement ainsi que de transport de matière entre les étages permet de donner aux
relations de bilan interétage (relations opératoires) une forme particulièrement
simple.
Ses inconvénients sont liés aux hypothèses ; on détermine un nombre d’éta-
ges idéaux mais, de par la nature du modèle, on ne peut donner aucune indica-
tion sur les points suivants :
— relation entre le nombre d’étages théoriques et le nombre d’étages réels ;
— dimensionnement des étages réels.
Ces points ne peuvent être précisés qu’en recourant soit aux règles de l’art
(l’expérience), soit à des modèles moins simples (cas des opérations comparti-
mentées non idéales [J 1 074]). Toutefois, appuyé sur l’extrapolation raisonnée
des installations existantes, ce modèle permet une estimation souvent précise
du dimensionnement des appareils à compartiments séparés. Il est universelle-
ment employé pour les études d’avant-projet.
Deux types de problèmes peuvent être traités avec le modèle de l’étage idéal :
le dimensionnement d’une installation neuve et l’adaptation d’une installation
existante. La présentation de la distillation est ici faite en adoptant le premier
point de vue.
La recherche des solutions repose systématiquement sur des méthodes
graphiques : la compréhension en est facilitée et la transposition de ces métho-
des itératives au calcul automatique est aisée. La méthode de Ponchon-Savarit,
la plus générale, est présentée systématiquement. La méthode de MacCabe et
Thiele est introduite dans les cas particuliers où elle apporte une réelle simplifi-
cation (cas des flux molaires constants des deux phases).
Ces considérations, développées ici dans le cadre de la distillation, restent
valables pour les autres opérations unitaires décrites dans les articles suivants.

Notations et symboles
Symbole Unité Désignation
D mol · s−1 Débit molaire du distillat soutiré au condenseur d’une rectification
E mol · s−1 Débit molaire du raffinat soutiré au bouilleur d’une rectification
GE J Enthalpie libre d’excès
G JE J · mol−1 Enthalpie libre molaire d’excès du J-ième constituant
E
HJ J · mol−1 Enthalpie molaire d’excès du J-ième constituant
Hi J· mol−1 Enthalpie molaire de la vapeur Vi
hi J · mol−1 Enthalpie molaire du liquide Ri
I mol · s−1 Débit molaire d’alimentation d’une rectification
L mol · s−1 Débit molaire du mélange liquide

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J 1 072 − 2 © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie des procédés

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Notations et symboles (suite)


Symbole Unité Désignation
Li mol · s−1 Débit molaire du liquide qui ruisselle du plateau i
N, n Nombre d’étages idéaux (plateaux théoriques) d’une colonne à rectifier
N’ Nombre d’étages idéaux du tronçon de rectification
N’’ Nombre d’étages idéaux du tronçon d’épuisement
N0 mol · s−1 Débit molaire total
NA mol · s−1 Débit molaire du constituant A
NG mol · s−1 Débit molaire de gaz incondensable
nJ Nombre de moles du J-ième constituant
P Pa Pression
PJ Pa Pression partielle du J-ième constituant
P J0 Pa Pression de vapeur saturante du J-ième constituant
Q J · s−1 Quantité de chaleur par unité de temps
QB J · s−1 Quantité de chaleur apportée au bouilleur par unité de temps
QC J · s−1 Quantité de chaleur enlevée au condenseur par unité de temps
q Fraction liquide du mélange d’alimentation I (§ 8.4)
5D Taux de reflux en tête de colonne
5B Taux de reflux en pied de colonne (taux de rebouillage)
R 8,314 J · K−1 · mol−1 Constante molaire des gaz parfaits
Ri mol · s−1 Débit molaire du liquide qui ruisselle de l’étage idéal i
S JE J · K−1 Entropie molaire d’excès du J-ième constituant
T K Température thermodynamique
V mol · s−1 Débit molaire du mélange à l’état vapeur
Vi mol · s−1 Débit molaire de vapeur qui monte de l’étage théorique i
XK Fraction molaire du composant A dans un flux liquide K quelconque
Xi Fraction molaire de A dans le liquide qui ruisselle du plateau i
XJi Fraction molaire du J-ième composant dans le liquide qui ruisselle du plateau i
YK Fraction molaire du composant A dans un flux vapeur K quelconque
Yi Fraction molaire de A dans la vapeur qui monte du plateau i
YJi Fraction molaire du J-ième composant dans la vapeur qui monte du plateau i
α Volatilité relative de A et B
αmM Volatilité relative des composants m (le plus volatil) et M (le moins volatil)
γJ Coefficient d’activité du J-ième constituant
∆ mol · s−1 Débit molaire du flux qui traverse algébriquement une section entre deux
étages quelconques du tronçon de rectification
∆' mol · s−1 Débit molaire du flux qui traverse algébriquement une section entre deux
étages quelconques du tronçon d’épuisement
ηM Efficacité de Murphree (§ 1.1)
λA , λB J · mol−1 Enthalpies molaires de vaporisation des corps A et B respectivement
Σ Surface de contrôle
Indices relatifs à la phase liquide ........................................ L
à l’azéotrope ................................................ az à la clé lourde .............................................. M
au distillat ..................................................... D à la clé légère ............................................... m
au raffinat ..................................................... E au pincement (§ 10.2.3) ............................... p
à l’étage (ou plateau) i ................................. i au reflux liquide ........................................... R
au J-ième constituant ................................. J à la phase vapeur ......................................... V

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TRANSFERT DE MATIÈRE ________________________________________________________________________________________________________________

1. Représentation 1.2 Hétéroazéotropes


des équilibres binaires
On observe un hétéroazéotrope pour tout système de deux liqui-
des partiellement ou totalement non miscibles. Un tel système est
Nous ne traiterons dans ce paragraphe que les équilibres liquide- représenté sur la figure 2a. Ce diagramme étant isobare, la variance
vapeur binaires présentant un azéotrope ; on se reportera aux arti- dans le domaine III à deux liquides est égale à 1 : on a équilibre
cles de Thermodynamique chimique [J 1 025] [J 1 026] [J 1 028] entre deux phases liquides situées sur les deux parties de la courbe
dans ce traité pour l’étude des équilibres binaires simples. d’équilibre liquide-liquide (L1 et L2) (pour des températures inférieu-
res à la température d’ébullition Taz de l’azéotrope).
Un système binaire de deux corps A et B peut être décrit par un
diagramme tridimensionnel (fraction molaire ou massique, tempé- Dans le domaine IV (ou V), la variance est aussi égale à 1, on a
rature, pression). Pratiquement, on utilise des coupes isobares de ce équilibre liquide-vapeur entre une phase liquide appartenant au
diagramme : on porte en ordonnée la température et en abscisse les domaine I (ou II) et une phase vapeur appartenant au domaine VI
fractions molaires (ou massiques) de A et B dans les phases liquide (pour des températures supérieures à Taz).
et vapeur (respectivement XA, XB et YA, YB avec XA + XB = 1 et YA +
YB = 1). Les courbes obtenues sont respectivement la courbe d’ébul- Si deux liquides et une vapeur coexistent, la variance est nulle.
lition et la courbe de rosée. Tous les paramètres sont donc fixés : température Taz, compositions
des phases liquides XM et XN, composition de la vapeur Yaz.

1.1 Homoazéotropes T T
TB

On rencontre des systèmes binaires miscibles en toutes propor-


tions à l’état liquide, tels qu’il existe un mélange bouillant à compo- VI
sition constante. Un tel mélange est dit homoazéotropique. La
composition d’un homoazéotrope varie avec la pression, ce qui le
V
différencie du corps pur. Sur la figure 1 est représenté un système IV
homoazéotropique dit à point haut (température d’ébullition du
Taz N
mélange azéotropique supérieure à celles des deux corps purs). Il M Z II
existe également des homoazéotropes à point bas. I

L1 III L2

T T
0 XM Yaz XN 1
Taz,1 1
X A ou YA

P1 a diagramme température-fraction molaire

YA

TB,1 2
Taz,2
1
P2 TA,1

TB, 2
TA,2

0 YA XA Xaz, 1 Xaz, 2 1 Yaz


XA ou YA
P1 > P2 si λA > λB
1 et 2 : points représentatifs de l'azéotrope aux pressions P1 et P2
respectivement
Taz,1 et Taz,2 températures d'ébullition de l'azéotrope aux pressions
P1 et P2 respectivement
0 XM Yaz XN 1
TA,1 et TA,2 températures d'ébullition du corps A aux pressions
XA
P1 et P2 respectivement
TB,1 et TB,2 températures d'ébullition du corps B aux pressions b diagramme de distribution à pression constante
P1 et P2 respectivement M et N points représentatifs des liquides
Xaz,1 et Xaz,2 fractions molaires en A de l'azéotrope aux pressions Z point représentatif de la vapeur
P1 et P2 respectivement (composition azéotropique)
Figure 2 – Correspondance entre le diagramme température-fraction
Figure 1 – Homoazéotrope A, B à point haut molaire et le diagramme de distribution d’un hétéroazéotrope

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Transfert de matière
Extraction liquide-liquide
par Jean-Paul MOULIN
Ingénieur de l’École centrale Paris
Docteur ès sciences
Professeur de génie chimique à l’École centrale Paris
Dominique PAREAU
Ingénieur de l’École centrale Paris
Docteur ès sciences
Professeur à l’École centrale Paris
Mohammed RAKIB
Ingénieur de l’École centrale Paris
Docteur ès sciences
Chef de travaux à l’École centrale Paris
et Moncef STAMBOULI
Ingénieur de l’École centrale Paris
Docteur ès sciences
Chef de travaux à l’École centrale Paris

1. Représentation des équilibres .............................................................. J 1 073 – 3


1.1 Diagrammes décrivant totalement l’équilibre ........................................... — 3
1.2 Diagrammes ne décrivant pas totalement l’équilibre ............................... — 4
2. Opérations simples et opérations successives à courants
croisés — 5
2.1 Extraction simple ......................................................................................... — 5
2.2 Extraction à courants croisés, dite antiméthodique.................................. — 6
3. Opérations à contre-courant ................................................................. — 7
3.1 Bilans matière pour une unité de temps .................................................... — 7
3.2 Calcul et construction graphique de Ponchon-Savarit.............................. — 7
3.3 Méthode de MacCabe et Thiele .................................................................. — 8
3.4 Limitations des performances .................................................................... — 8
3.5 Calcul, à rapport de débits et nombre d’étages imposés ......................... — 9
3.6 Calcul, à nombre d’étages et fuite imposés............................................... — 9
4. Schémas avec plusieurs extractions à contre-courant.................. — 9
4.1 Extraction à deux alimentations ................................................................. — 9
4.2 Extraction-désextraction.............................................................................. — 11
5. Extraction de mélanges multicomposants........................................ — 12
5.1 Un seul constituant majeur ......................................................................... — 12
5.2 Plusieurs constituants majeurs ................................................................... — 12
6. Extraction avec réaction chimique...................................................... — 13
7. Pertinence du modèle. Conclusion...................................................... — 13
Références bibliographiques.......................................................................... — 13

’extraction liquide-liquide est une opération qui fait intervenir le transfert de


L matière d’un soluté entre deux phases liquides non totalement miscibles
entre elles.
p。イオエゥッョ@Z@ュ。イウ@RPPR

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TRANSFERT DE MATIÈRE ________________________________________________________________________________________________________________

Contrairement à la distillation, le soluté ne change pas d’état au cours de son


transfert ; les phénomènes thermiques ne jouent donc, le plus souvent, qu’un
rôle négligeable.
Considérons une solution binaire (A–B) que l’on doit séparer par extraction
liquide-liquide : cette opération nécessite l’introduction d’un tiers corps C appelé
solvant qui extrait préférentiellement l’un des deux constituants de la solution
considérée, A par exemple. Après contact et séparation, on obtient deux phases :
l’extrait, phase riche en solvant, enrichie en soluté transféré, et le raffinat, solu-
tion de départ, épuisée en soluté.
Ce mode de séparation a deux domaines principaux d’application : la grande
industrie chimique organique d’une part, l’hydrométallurgie et l’industrie
nucléaire d’autre part. L’extraction liquide-liquide permet, en effet, de séparer
des composés de températures d’ébullition voisines (hydrocarbures aliphati-
ques ou benzéniques) grâce à leurs propriétés physico-chimiques différentes (la
distillation, du fait des pressions de vapeur très voisines, exigerait un appa-
reillage beaucoup plus important, donc plus coûteux).
Dans le cas de produits instables ou thermosensibles telle la pénicilline,
l’extraction liquide-liquide permet des séparations rapides et non dégradantes.
Enfin, l’hydrométallurgie est son domaine de prédilection : séparation de
métaux en solution, traitement des combustibles nucléaires irradiés, concentra-
tion de solutions sans apport d’énergie trop important (contrairement à la dis-
tillation ou à l’évaporation).

Principaux symboles et notations Principaux symboles et notations


Symbole Définition Symbole Définition

A masse (ou débit massique) du corps A [Mi] masse réduite d’un mélange (A + B)Mi
dans un mélange
Mi Mj longueur du segment M i M j
B masse (ou débit massique) du corps B
dans un mélange n nombre d’étages

C masse (ou débit massique) du corps C qM débit volumique de la solution M


dans un mélange
E taux de reflux du côté de l’extrait
c nombre de constituants indépendants
(calcul de la variance) R débit massique du raffinat R
CM concentration volumique de A dans le mélange M
Si débit massique de phase solvant à l’étage i

CM concentration volumique de A’ dans le mélange M
v variance
Cµ concentration de l’espèce µ A
xM =  -------------- abscisse du mélange M
 A + B M dans le diagramme de Janecke
C*
M concentration de la solution organique
en équilibre avec la solution aqueuse A
de concentration CM XM =  ------------------------- fraction massique de A
 A + B + C M dans le mélange M
D coefficient de distribution
A
XM =  ---- fraction massique réduite de A
 B M dans le mélange M
Dapp coefficient de distribution apparent
C
 facteur d’extraction yM =  -------------- ordonnée du mélange M dans le
 A + B M diagramme de Janecke
E débit massique de l’extrait E
YM fraction massique de B ou de S dans M
Ki constante d’équilibre apparente d’une réaction
chimique à l’étage i ZM fraction massique de C dans M
Li débit massique de phase aqueuse à l’étage i
∆ débit massique du point opératoire
M, Mi points représentatifs des mélanges M, Mi
µ espèce métallique
M, Mi masses totales (ou débits massiques)
des mélanges M, Mi ϕ nombre de phases

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J 1 073 − 2 © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie des procédés

RV
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________________________________________________________________________________________________________________ TRANSFERT DE MATIÈRE

1. Représentation A A
des équilibres (10% B )
(20% C )
B (70% A )
M' A
Cette étude est limitée au cas des systèmes ternaires.
40% A
L’effet de la pression sur les équilibres liquide-liquide est en géné- M
60% B M2
ral négligeable. Nous nous limiterons donc ici à la représentation
des phases liquides. Les seules variables à prendre en compte sont C
la température et les compositions [1]. M1 M3
Un système ternaire peut être totalement décrit à l’aide d’un dia- B C
gramme tridimensionnel. Les sections de ce prisme à température
constante sont soit des diagrammes triangulaires (§ 1.1.1), soit des C
diagrammes de Janecke (§ 1.1.2). B

D’autres diagrammes déduits des précédents, qui ne décrivent Figure 1 – Diagramme triangulaire
pas totalement l’équilibre, sont fréquemment employés pour le cal-
cul des opérations d’extraction liquide-liquide (diagramme de distri-
bution, diagramme de sélectivité). A

1.1 Diagrammes décrivant totalement


l’équilibre

M K
1.1.1 Diagramme triangulaire
(à température et pression constantes) L

1.1.1.1 Représentation d’un mélange ternaire B C


à l'intérieur de la courbe : zone de démixtion
Le triangle considéré peut être quelconque. Si les trois consti-
tuants jouent des rôles symétriques, on lui préférera un triangle
équilatéral, ou bien, en privilégiant certains constituants, on adop- Figure 2 – Diagramme d’équilibre liquide-liquide
tera un triangle rectangle présentant l’avantage de projections
orthogonales (cf. figure 4). Chaque point du triangle représente un
mélange ternaire de composition donnée. masse totale : M 3 = M 1 + M 2
masse de A : M 3 X M3 = M 1 X M1 + M 2 X M2
Nous limiterons notre étude au triangle équilatéral ; les raison- masse de B : M 3 Y M3 = M 1 Y M1 + M 2 Y M2
nements exposés sont valables pour le triangle rectangle [2][3]. masse de C : M 3 Z M3 = M 1 Z M1 + M 2 Z M2
Chaque sommet A, B, C est représentatif d’un des trois corps Ces relations traduisent le fait que le point M3 est le barycentre
purs considérés. Chaque côté représente le mélange binaire des des points M1 et M2 affectés de coefficient égaux aux masses totales
deux corps indiqués aux sommets correspondants. On peut sur des mélanges correspondants.
chaque côté représenter la fraction (massique ou molaire) de
l’un des deux corps. Nous raisonnerons sur les masses ; tous les Le point M3 est donc situé sur la droite M1M2 et sa position est
résultats obtenus par la suite seront, bien sûr, applicables au donnée par la relation :
nombre de moles. Par exemple, sur le côté AB, on lira la teneur M3 M1 M
en B dans le sens A (0 %) vers B (100 %) ; la teneur en A se lira - = -------2-
----------------
dans le sens opposé. M3 M2 M1

avec M3 Mi longueur du segment M 3 M i .


Sur la figure 1, le point M est représentatif d’un mélange de A
Si les trois composants d’un mélange sont miscibles en toutes
(40 %) et B (60 %). De même, la teneur en C se lit sur le côté AC ou
proportions, le système est inutilisable en extraction liquide-liquide.
le côté BC. Dans le cas d’un mélange ternaire, tel celui représenté
Au contraire, les systèmes présentant deux phases liquides dans cer-
par le point M ’, on lit ses teneurs en A, B, C en projetant parallèle-
taines zones de compositions ont de l’intérêt. Il en résulte sur leur
ment aux côtés BC, AC et AB respectivement. Ainsi M ’ est un
diagramme triangulaire un domaine de démixtion (ou zone de non-
mélange de A (70 %), B (10 %) et C (20 %).
miscibilité) limité par une courbe appelée courbe binodale (figure 2).
Nota : la possibilité de représenter sur un diagramme triangulaire la composition d’un Tout mélange M dont le point représentatif est à l’intérieur de ce
mélange ternaire résulte de propriétés géométriques que nous ne démontrerons pas.
domaine se sépare en deux phases liquides représentées par les
points L et K situés sur la courbe binodale et de compositions diffé-
1.1.1.2 Relations barycentriques rentes de celle de M. La phase K est ici plus riche en A que la phase L.
Soient deux points quelconques M1 et M2 situés dans le dia- La règle de la variance s’écrit dans ce cas v = c – ϕ , car tempéra-
gramme triangulaire : ils représentent deux mélanges M1 et M2 de ture et pression sont fixées. Le nombre de constituants indépen-
composition donnée ; si on note XMi, YMi et ZMi les fractions massi- dants c est égal à 3 et le nombre de phase ϕ à 2. La variance v est
ques en A, B et C du mélange Mi et Mi sa masse totale, la position alors égale à 1.
du point M3 qui représente le mélange de M1 et M2 est donnée par Pour une phase saturée donnée, L par exemple, il existe une seule
les bilans matière suivants : phase liquide K en équilibre avec elle.

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Transfert de matière
Autres opérations compartimentées
par Jean-Paul MOULIN
Ingénieur de l’École Centrale Paris
Docteur ès sciences
Professeur de génie chimique à l’École Centrale Paris
Dominique PAREAU
Ingénieur de l’École Centrale Paris
Docteur ès sciences
Professeur à l’École Centrale Paris
Mohammed RAKIB
Ingénieur de l’École Centrale Paris
Docteur ès sciences
Chef de travaux à l’École Centrale Paris
et Moncef STAMBOULI
Ingénieur de l’École Centrale Paris
Docteur ès sciences
Chef de travaux à l’École Centrale Paris

1. Opérations gaz-liquide. Absorption-désorption .............................. J 1 074 – 2


1.1 Absorption et désorption ............................................................................ — 2
1.2 Équilibre gaz-liquide.................................................................................... — 2
1.2.1 Cas où le soluté ne réagit pas en phase liquide............................... — 2
1.2.2 Cas où le soluté réagit dans la phase liquide................................... — 3
1.2.3 Choix de l’absorbant .......................................................................... — 3
1.3 Absorption ou désorption isotherme en régime stationnaire ................. — 3
1.3.1 Principe de calcul................................................................................ — 3
1.3.2 Opération à cocourant........................................................................ — 3
1.3.3 Opération à contre-courant................................................................ — 4
1.4 Absorption non isotherme en régime stationnaire .................................. — 5
2. Opérations solide-fluide ......................................................................... — 6
2.1 Extraction solide-liquide ............................................................................. — 6
2.1.1 Choix du solvant ................................................................................. — 6
2.1.2 Étage idéal et étage pratique ............................................................ — 6
2.1.3 Différents cas d’équilibre solide-liquide ........................................... — 6
2.1.4 Calcul d’une opération à contre-courant .......................................... — 7
2.2 Adsorption.................................................................................................... — 8
2.2.1 Principe................................................................................................ — 8
2.2.2 Équilibre d’adsorption........................................................................ — 8
2.2.3 Réalisation d’une opération compartimentée.................................. — 9
2.2.4 Calcul d’une opération d’adsorption compartimentée.................... — 9
Références bibliographiques ......................................................................... — 11

a notion d'étage idéal qui a permis le calcul rapide des opérations comparti-
L mentées en distillation et en extraction liquide-liquide (sans augurer de ce
que sera réellement cet étage idéal) peut être appliquée avec le même succès à
d'autres opérations. Celles qui feront l'objet de cet article mettent en jeu un
liquide et un gaz (absorption, désorption) ou un solide et un liquide ou un gaz
(extraction solide-liquide et adsorption). La méthodologie permettant le calcul
p。イオエゥッョ@Z@ェオゥョ@RPPR

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© Techniques de l’Ingénieur, traité Génie des procédés J 1 074 − 1

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TRANSFERT DE MATIÈRE ________________________________________________________________________________________________________________

de ces opérations est la même que celle utilisée en distillation et en extraction


liquide-liquide.
Le lecteur pourra également se reporter aux articles suivants :
— Transfert de matière. Extraction liquide-liquide [J 1 073] ;
— Transfert de matière. Distillation [J 1 072].

1. Opérations gaz-liquide. Gaz porteur Soluté


Absorption-désorption
Solvant

1.1 Absorption et désorption

L’absorption et la désorption sont des opérations qui mettent en


jeu des échanges de matière entre une phase gazeuse et une phase Absorption Désorption
liquide de natures chimiques différentes.

Lors d’une opération d’absorption, un ou plusieurs consti-


tuants de la phase gazeuse passent en solution. Cette opération
est principalement utilisée pour purifier un flux gazeux ou pour
récupérer un constituant présent dans un mélange gazeux.
La désorption, souvent appelée « stripping », est l’opération
inverse de l’absorption. Gaz porteur Gaz de
+ soluté désorption

Nous appellerons : Figure 1 – Agencement d’une opération de purification d’un gaz


— solutés : les constituants du système de solubilités notables ;
— gaz porteur : le ou les constituants de la phase gazeuse dont
les solubilités sont très faibles comparées à celles des solutés ;
— absorbant ou solvant : les constituants de la phase liquide peu 1.2 Équilibre gaz-liquide
échangés avec la phase gazeuse. L’eau est l’absorbant le plus uti-
lisé.
Nous ferons les hypothèses suivantes : La solubilité d’un constituant A, présent dans un mélange gazeux,
— l’absorbant est non volatil ; dans une phase liquide dépend :
— le gaz porteur est insoluble dans le liquide. — de sa pression partielle p A et non de la pression totale P t à la
Nous nous intéressons à l’utilisation des colonnes à plateaux indi- condition que la phase gazeuse puisse être considérée comme un
vidualisés. On utilise ce type de colonne compartimentée dans le gaz parfait et que toutes les solubilités restent faibles ;
cas où le nombre d’étages nécessaire est important (de l’ordre de 10 — de la température ;
ou plus) car il peut être plus compact qu’une colonne à garnissage. — de substances présentes dans la phase liquide qui réagissent
Pour d'autres avantages à utiliser des colonnes à plateaux, voir [1]. éventuellement avec le constituant A.

Exemple : la figure 1 montre l'agencement d'une opération de


purification d'un gaz comprenant une absorption suivie d'une désorp-
tion en vue de recycler l'absorbant. 1.2.1 Cas où le soluté ne réagit pas
en phase liquide

Pour le dimensionnement d’un appareil d’absorption ou de Lorsque le soluté ne subit aucune réaction dans la phase liquide
désorption, on définit l’étage idéal comme un plateau qui réalise (A est un non-électrolyte), la loi de Henry s’applique souvent jusqu’à
l’équilibre thermodynamique entre le gaz et le liquide qui en sor- des teneurs importantes dans le liquide. Elle traduit l’équilibre de
tent. partage de l’espèce moléculaire A que l’on peut schématiser par la
réaction suivante :
Expression des teneurs
On peut utiliser les fractions molaires, x dans la phase liquide ou A gaz ⇔ A liquide
y dans la phase gazeuse, ou les fractions molaires réduites rappor-
tées à des débits molaires constants dans l’appareil d’absorption ou Cet équilibre permet d’écrire :
de désorption (débit de solvant seul ou de gaz porteur seul). Nous
noterons ces teneurs x dans la phase liquide ou y dans la phase pA = HA xA
gazeuse.
On a les relations suivantes : avec pA (Pa) pression partielle de A dans le gaz,
x y xA fraction molaire de A dans le liquide,
x = ------------ et y = ------------
1–x 1–y HA (Pa) coefficient de Henry de A.

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J 1 074 − 2 © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie des procédés

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________________________________________________________________________________________________________________ TRANSFERT DE MATIÈRE

G t0 L t0
G L
Gaz A (moléculaire) y0 x0

Liquide A (moléculaire) ⇔ A' (ionique)

y x

Figure 2 – Distribution d’un soluté entre un gaz et une solution

Les écarts par rapport à la linéarité sont principalement dus aux


variations des coefficients d’activité de l’espèce non-électrolyte A
dans la phase liquide. Si la concentration de A dans le liquide reste
faible, on peut montrer facilement que la loi de Henry s’écrit aussi G tf L tf
sous la forme : G L
pA = KA [ A ] yf xf

où K A = H A ⁄ C t Figure 3 – Absorption à cocourant

avec [A] (mol .L–1) concentration (ou solubilité S) de A Pour les équilibres des mélanges multicomposants dans des solu-
dans le liquide , tions complexes, le lecteur pourra consulter de nombreux ouvrages
KA (Pa . mol–1 . L) constante de Henry , consacrés à ce sujet parmi lesquels les deux références [1][2].
Ct concentration molaire totale de la solution.
1.2.3 Choix de l’absorbant
1.2.2 Cas où le soluté réagit dans la phase liquide Selon la problématique, la nature de l’absorbant peut être impo-
sée comme dans le cas de la récupération d’un constituant présent
Dans le cas d’une réaction chimique de A dans la phase liquide, il dans un mélange gazeux en vue de le valoriser ou bien le choix peut
faut considérer la solubilité conditionnelle S ’ qui traduit la somme être à faire, par exemple lorsque le but est de dépolluer un courant
de toutes les espèces issues du passage du constituant A de la gazeux. Des critères de solubilité, de corrosion, de sécurité ou de
phase gazeuse vers la phase liquide. Par exemple, considérons le coût entrent en ligne de compte pour faire un choix optimal.
cas où A donne lieu à une réaction acido-basique dans l’eau que
nous écrivons sous la forme :

A liquide + H 2 O ⇔ A′ + H
+ 1.3 Absorption ou désorption isotherme
où A’ est non volatil comme c’est le cas des espèces ionisées. Soit
en régime stationnaire
K c la constante d’équilibre de cette réaction relative aux concentra-
tions. La loi de Henry s’applique à l’espèce A seule. A’ est reliée à A Nous supposerons dans ce paragraphe que les opérations se
par la relation : déroulent de manière isotherme (cette hypothèse est toujours justi-
+ fiée dans le cas de l’absorption ou de la désorption de constituants
K c = [ A′ ] [ H ] ⁄ [ A ] . en traces) et que le régime stationnaire est atteint.
La solubilité conditionnelle est donnée par :
S ′ = [ A ] + [ A′ ] 1.3.1 Principe de calcul
Ce qui donne : Nous développerons uniquement le cas de l’absorption en nous
+
bornant à indiquer les résultats dans le cas de la désorption qui se
S ′ = S ( 1 + Kc ⁄ [ H ] ) . calcule de manière symétrique. Nous nous limiterons au cas de
l’absorption d’un soluté unique ou de solutés n’interférant pas l’un
Par conséquent, le partage de A entre les deux phases est régi par sur l’autre (par exemple lorsque les solutés sont en traces).
une constante de Henry apparente égale à :
Les figures 3 et 4 représentent les schémas d’une opération
+ d’absorption à cocourant et à contre-courant et précisent les nota-
K′A = K A ⁄ ( 1 + K c ⁄ [ H ] ) .
tions utilisées :
Le schéma de la figure 2 illustre cet effet. — le débit molaire du gaz porteur seul (sans le soluté) G ;
— la fraction molaire du soluté dans le gaz à traiter y 0 ;
Les gaz industriels les plus importants comme l’ammoniac, le
dioxyde de carbone ou le sulfure d’hydrogène sont des bases ou — le débit molaire de l’absorbant seul (sans le soluté) L ;
des acides faibles. Dans l’eau pure, ils ne sont que très faiblement — la fraction molaire du soluté dans la phase liquide à l’entrée x 0
dissociés et cette dissociation peut être négligée sauf pour les ou x n + 1 .
concentrations très faibles. Ainsi pour des concentrations d’ammo- Le calcul des opérations compartimentées se ramène à la déter-
niac inférieures à 10–3 mol . L–1, l’utilisation de la constante de mination de l’un ou l’autre des paramètres nombre d’étages idéaux
Henry sans tenir compte de la dissociation conduit à des résultats n ou fraction molaire résiduelle dans le gaz traité ( y f ou y n = ). On
erronés. a bien sûr une relation entre n et ε.

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© Techniques de l’Ingénieur, traité Génie des procédés J 1 074 − 3

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Transfert de matière
Cinétique du transfert de matière
entre deux phases
par Arnaud BUCH
Docteur de l’université Paris VI
Maître de conférences à l’École centrale Paris
Mohammed RAKIB
Ingénieur ECP, Docteur d’État ès sciences physiques
Professeur à l’École centrale Paris
Moncef STAMBOULI
Ingénieur ECP, Docteur d’État ès sciences physiques
Professeur à l’École centrale Paris

1. Transfert de matière dans une phase ................................................. J 1 075 – 2


1.1 Diffusion moléculaire .................................................................................. – 2
1.1.1 Généralités .......................................................................................... – 2
1.1.2 Diffusion moléculaire de Fick............................................................. – 2
1.1.3 Diffusion de Knudsen ......................................................................... – 3
1.1.4 Diffusion dans les liquides ................................................................. – 3
1.1.5 Diffusion généralisée de Maxwell-Stefan ......................................... – 4
1.2 Expression analytique de la diffusion moléculaire ................................... – 4
1.3 Diffusion stationnaire unidirectionnelle à deux constituants .................. – 4
1.3.1 Flux total et flux de diffusion ............................................................. – 4
1.3.2 Cas d’une réaction chimique ............................................................. – 5
1.3.3 Diffusion de A à travers B non diffusant ........................................... – 5
1.3.4 Contre-diffusion équimoléculaire...................................................... – 6
1.4 Diffusion turbulente..................................................................................... – 6
2. Transfert de matière entre deux phases............................................ – 7
2.1 Coefficients de transfert : définitions et estimation .................................. – 7
2.1.1 Potentiels et coefficients de transfert ................................................ – 7
2.1.2 Relations entre les coefficients de transfert ..................................... – 8
2.1.3 Analogie de Chilton-Colburn ............................................................. – 8
2.2 Modèle de la « couche limite » ................................................................... – 9
2.2.1 Hypothèses.......................................................................................... – 9
2.2.2 Calcul du coefficient de transfert particulier de la phase ................ – 9
2.2.3 Conclusion........................................................................................... – 9
2.3 Modèle de la pénétration ............................................................................ – 10
2.3.1 Hypothèses.......................................................................................... – 10
2.3.2 Détermination du flux instantané de transfert ................................. – 10
2.3.3 Détermination du flux moyen de transfert ....................................... – 10
2.3.4 Conclusion........................................................................................... – 11
2.4 Modèles synthétiques ................................................................................. – 11
2.4.1 Modèle couche limite-renouvellement régulier de l’interface ........ – 11
2.4.2 Modèle couche limite-renouvellement aléatoire de l’interface ...... – 11
2.4.3 Conclusion........................................................................................... – 12
2.5 Transfert de matière entre une goutte et un milieu continu .................... – 12
2.5.1 Généralités .......................................................................................... – 12
2.5.2 Modèle de la « goutte rigide » ........................................................... – 13
2.5.3 Modèle de la « goutte à circulation interne » ................................... – 13
2.6 Apports de la mécanique des fluides numérique (CFD) ........................... – 15
2.7 Conclusion.................................................................................................... – 15
Pour en savoir plus ........................................................................................... Doc. J 1 075
p。イオエゥッョ@Z@ェオゥョ@RPPX

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TRANSFERT DE MATIÈRE _____________________________________________________________________________________________________________

lors que l’étude des équilibres chimiques, ou, tout au moins, des lois
A générales qui les régissent, a depuis longtemps un statut d’autonomie
(c’est en effet une branche de la thermodynamique), l’étude de la cinétique du
transfert de matière, et particulièrement celle du transfert à l’interface de deux
phases, est restée pour l’essentiel au sein du génie chimique.
Certes, par des raisonnements de similitude, elle entretient des relations
étroites avec la mécanique des fluides et la thermique. En outre, la thermody-
namique du non-équilibre (développée par Onsager et ses successeurs) lui a
proposé un cadre conceptuel. Mais aucune de ces disciplines n’a réussi à
l’absorber, jusqu’à présent du moins.
Ce détour par l’histoire récente des sciences explique la présence dans ce
traité d’un article consacré à la cinétique du transfert de matière.
De plus, alors que le besoin de données cinétiques concerne pour l’essentiel
le transfert entre deux phases (§ 2), cet article commence par des déve-
loppements sur le transfert de matière au sein d’une seule phase (§ 1). Cela
n’est pas dû seulement à un souci didactique (aller du simple au complexe...).
Il s’agit en fait d’un choix lié à la nature des modèles.
En effet, la majorité des modèles proposés et utilisés pour décrire le transfert
interfacial repose sur l’hypothèse que le changement de phase, stricto sensu,
n’est pas l’étape qui limite l’acte global, et que c’est donc le transport dans
l’une et l’autre phases, entre le cœur de celles-ci et l’interface, qui détermine la
vitesse de transfert.

1. Transfert de matière les turbulences sont dues à l’application de forces extérieures ou


non, la convection est forcée ou naturelle, ce qui parachève l’ana-
dans une phase logie avec le transfert de chaleur.

1.1.2 Diffusion moléculaire de Fick


1.1 Diffusion moléculaire ■ Définition
La première loi de Fick donne l’expression du flux de matière dû
1.1.1 Généralités à la diffusion moléculaire dans les fluides où les interactions entre
molécules l’emportent sur les interactions avec les parois, c’est-à-
Dans un fluide constitué d’une seule phase immobile au sens de dire les fluides condensés (liquides ou gaz à des pressions non
l’hydrodynamique ou en écoulement stationnaire (toutes les gran- négligeables devant la pression atmosphérique) dans des conduits
deurs qui décrivent le fluide sont indépendantes du temps), sitôt macroscopiques.
qu’existe une hétérogénéité de concentrations, on observe une
évolution spontanée vers l’uniformité de ces concentrations : cela Cette loi permet d’exprimer
 le flux molaire du constituant A dû à
est dû à la diffusion moléculaire. Ce phénomène tend à amener la diffusion moléculaire (J A ) . Ce dernier est proportionnel au gra-
tout système à l’équilibre thermodynamique ; il est donc général. dient de concentration de A et à un coefficient, le coefficient de dif-
En effet, l’uniformité des concentrations au sein d’une même fusion (ou diffusivité) de A. Elle exprime également que ce flux
phase est caractéristique de l’équilibre thermodynamique, au transporte A des régions où sa concentration est élevée vers celles
même titre que l’uniformité des températures. où elle est faible.
Les vitesses de transfert de matière s’expriment en flux molaire, Pour un mélange binaire A - B, en régime stationnaire de con-
égal au nombre de moles de constituant privilégié (que nous note- centration et en l’absence de forces extérieures (électrostatiques,
rons A), qui sont transférées par unité de temps et par unité de centrifuges, ...), la loi de Fick a l’expression suivante :
surface normale à la direction de diffusion.  
(1)
J A = − D AB grad C A
Dans le cas général il est nécessaire de distinguer deux expres-
avec CA concentration volumique de A,
sions de ces flux :
 DAB coefficient de diffusion de A dans B (ou
• J A flux dû à la diffusion moléculaire ; il est rapporté à un
diffusivité) ; DAB est caractéristique de A et de B,
repère local, lié à l’écoulement moyen ;
 dépend de la température et éventuellement de
• N A flux rapporté à un repère fixe dans l’espace, qui intègre la pression.
le transport par le mouvement d’ensemble du fluide et la dif- L’expression du flux de A rapporté à un repère fixe est la
fusion moléculaire proprement dite. suivante :
La diffusion moléculaire ainsi définie est analogue à la conduc-   
tion de la chaleur dans les solides et les fluides, telle qu’elle est N A = C A umoy + J A

décrite par la loi de Fourier. où umoy est la vitesse molaire moyenne du mélange binaire AB,
Comme dans le cas du transfert de chaleur, dès que le mouve- définie par :
ment du fluide n’est plus stationnaire, le transfert de matière se  
 N + NB
fait par convection et transport par le mouvement moyen du umoy = A
fluide, et non plus seulement par diffusion moléculaire. Selon que C A + CB

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_____________________________________________________________________________________________________________ TRANSFERT DE MATIÈRE

■ Expression de la diffusivité pour les gaz Étant la manifestation macroscopique des mouvements intermo-
La diffusion moléculaire de Fick est la manifestation macroscopi- léculaires désordonnés, la diffusion moléculaire de Fick ne devient
que des mouvements intermoléculaires désordonnés. La théorie importante que lorsque les dimensions du pore sont relativement
cinétique des gaz permet de modéliser le phénomène de diffusion grandes par rapport au libre parcours moyen λ d’une molécule A
moléculaire pour un gaz parfait. En effet : (d / λ 艌 20) . Par contre, si le diamètre du pore d et la pression p t
sont tels que λ est grand devant d (d / λ 艋 0,2) , les collisions des
1 molécules contre les parois du pore deviennent prépondérantes.
D AB = uA λ La direction de réémission d’une molécule A par la paroi n’a
3 aucune relation avec la direction incidente ; chaque gaz diffuse
où uA et λ sont respectivement la vitesse moyenne des molécules indépendamment de l’autre. Inspirée de celle de Fick, la loi de
de A due à l’agitation thermique et leur libre parcours moyen. En Knudsen permet de décrire ce transfert :
première approximation, ils s’expriment de la façon suivante :  
J A = − DKA grad C A
8 RT kT coefficient de diffusion de Knudsen (m2/s).
uA = et λ = avec DKA
π MA 2
2 p t 4π ℜA D’une manière similaire à la diffusion moléculaire de Fick, on
peut écrire :
avec R constante molaire des gaz (R = 8,314 J.mol−1.K−1),
T température thermodynamique (K), 1
D KA = uA d
k constante de Boltzmann (k = 1,38.10−23 J.K−1), 3
pt pression totale du gaz (Pa), Pour un pore cylindrique, la diffusivité de Knudsen est donnée
par la relation :
MA masse molaire de A (kg.kmol−1),
ℜA rayon moléculaire de A (nm). T
D KA = 0,00485 d
Sans changer fondamentalement le résultat, quelques correc- MA
tions ont été introduites. L’expression du coefficient de diffusion la
plus couramment utilisée est [1], [2] : avec DKA coefficient de diffusion de Knudsen (m2/s),
d diamètre du pore (m).
⎛ 1 1 ⎞ 1 1 Il vient alors :
10−4 1,084
⎜ − 0,249 + +
⎝ M A MB ⎟⎠ M A MB T 3 / 2
D AB = D AB ∼ T 3 / 2 p t−1 et D KA ∼ T 1 / 2
pt
(ℜAB )2 ω ⎛⎜
kT ⎞
⎝ ε AB ⎟⎠ Exemple :
avec MA et MB masses molaires de A et B respectivement Dans le cas de l’air à la température ambiante et à la pression
(kg.kmol−1), atmosphérique, on a :

ℜ AB distance intermoléculaire de collision entre A et B u A ≅ 500 m.s−1 et λ = 20 nm


(nm), définie par :
Pour des pores de dimensions intermédiaires (20 à 2 000 nm),
les deux diffusions se produisent simultanément. La diffusivité
1
ℜ AB = ( ℜ A + ℜB ) dans le pore peut être calculée par la loi de Bosanquet qui traduit
2 l’additivité des résistances au transfert :
ℜ A et ℜB étant les rayons moléculaires de A et B (nm), 1 1 1
= +
ω ⎛⎜
kT ⎞ D A D AB DKA
fonction de collision [1],
⎝ ε AB ⎟⎠
εAB énergie d’attraction moléculaire (J), définie par :
1.1.4 Diffusion dans les liquides
ε AB = ε A εB Les études concernant la diffusion dans les liquides sont beau-
coup moins avancées que celle dans les gaz aussi bien d’un point
Il est parfois utile d’estimer les valeurs du rayon moléculaire ℜ A de vue théorique qu’expérimental. La diffusion dans les liquides
et du rapport εA/k par les formules empiriques suivantes : est due aux mouvements aléatoires des molécules mais, contraire-
ment aux gaz, le libre parcours moyen est moindre que la distance
εA moléculaires. Il en résulte que les diffusivités dans les liquides
, (Vm )
1/ 3
ℜ A = 118 et = 1,21Teb sont en général 4 à 5 ordre de grandeur moindres que celles des
k
gaz.
avec Vm (m3.kmol−1) volume molaire du constituant A liquide à sa Pour des molécules sphériques de fortes masses moléculaires
température normale d’ébullition Teb (K). (> 400 g.mol−1), la diffusivité DAL (m2.s−1) peut être calculée par
Comme l’approximation des gaz parfaits est très souvent véri- l’équation de Stokes-Einstein :
fiée, cette formule est très utile en l’absence de données expéri-
mentales. kT
D AL =
6π ℜ A µL

1.1.3 Diffusion de Knudsen avec k constante de Boltzmann (k = 1,38.10−23 J.K−1),


T température absolue (K),
Considérons la diffusion d’un gaz A dans un mélange binaire ℜA
gazeux (A + B), à l’intérieur d’un conduit capillaire cylindrique (pore), rayon de la molécule (m),
de diamètre d, de longueur ᐉ où la pression p t est constante. µL viscosité dynamique du liquide (kg.m−1.s−1).

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TRANSFERT DE MATIÈRE _____________________________________________________________________________________________________________

Pour des solutés de masses molaires modérées (< 400 g/mol), la 1.2 Expression analytique de la diffusion
diffusivité peut être déterminée par l’équation-semi empirique de
Wilke-Chang, fréquemment utilisée en extraction liquide-liquide
moléculaire
par exemple :
Pour un fluide de constituants A et B en mouvement, l’équation
générale de continuité de la mécanique des fluides s’écrit :
(ψ BMB )1 / 2 T
D AL = 2,95.10−5
µLVA0,6 ∂u ∂u y ∂uz ⎞ ∂ρ ∂ρ ∂ρ ∂ρ
ρ ⎛⎜ x + + + ux + uy + uz + =0
⎝ ∂x ∂y ∂z ⎠⎟ ∂x ∂y ∂z ∂t
avec VA volume molaire de A (m3.mol−1), avec t temps,
MB masse molaire du solvant (kg.kmol−1), ux, uy, uz composantes cartésiennes du vecteur vitesse en
un point du fluide de coordonnées (x, y, z),
ψB paramètre d’association du solvant ; les valeurs
habituellement utilisées pour ψB sont : 2,6 (eau), ρ masse volumique du fluide.
1,9 (méthanol), 1,5 (éthanol) et 1,0 (benzène,
heptane, solvants non associés). Remarque : pour un fluide incompressible (ρ = constante), il
vient :
Cette équation est valable pour les solutions diluées.
⎛ ∂u x + ∂u y + ∂uz ⎞ = 0
⎜⎝ ∂x ∂y ∂z ⎟⎠
1.1.5 Diffusion généralisée de Maxwell-Stefan Si l’on écrit le bilan relatif au constituant A dans un volume élé-
mentaire dV (dV = dx dy dz), pendant un temps dt, dans le cas où il
Pour les mélanges gazeux multicomposants, la loi de Fick n’est est produit par une réaction chimique de vitesse rA (nombre de
plus valide. La diffusion est décrite par l’équation généralisée de moles de A produites par unité de temps et par unité de volume
Maxwell-Stefan qui permet de rendre compte des différents cas de réactionnel), il vient :
diffusion, en particulier, ceux non prévus par la loi de Fick dont la
validité est restreinte aux systèmes binaires [3]. En revanche, dans
⎛ Quantité de A ⎞ ⎛ Quantité de A ⎞ ⎛ Quantité de A ⎞ ⎛ Quantité de A ⎞
le cas des systèmes multicomposants, et en particulier ternaires, ⎜ entrant dans ⎟ + ⎜ produite dans dV ⎟ = ⎜ sortant de dV ⎟ + ⎜ accumulée dans⎟
différents phénomènes de diffusion peuvent être observés ⎜ ⎟ ⎜ ⎟ ⎜ ⎟ ⎜ ⎟
⎜⎝ dV pendant dt ⎟⎠ ⎜⎝ pendant dt ⎟⎠ ⎜⎝ pendant dt ⎟⎠ ⎜⎝ dV pendant dt ⎟⎠
(figure 1) :
– diffusion osmotique : elle qualifie la diffusion effective en ou encore :
l’absence d’un gradient de concentration ;
– diffusion inverse : elle concerne la diffusion ayant lieu dans le ⎛ ∂N Ax + ∂N Ay + ∂N Az ⎞ + ∂C A = r
⎜⎝ ∂x ∂y ∂z ⎟⎠ ∂t
A
sens inverse de celui dicté par le gradient de concentration ;
– diffusion bloquée : elle correspond au cas où le flux de
En tenant compte de la relation (1), on a : NAx = uxCA + JAx
matière transféré est nul malgré l’existence d’un fort gradient de
concentration. il vient :
Contrairement à la loi de Fick, l’équation de Maxwell-Stefan ne ∂C A ∂C A ∂C A ∂u ∂u y ∂uz ⎞
ux + uy + uz + C A ⎛⎜ x + +
stipule pas nécessairement la colinéarité entre le flux de matière ∂x ∂y ∂z ⎝ ∂x ∂y ∂z ⎠⎟
d’une espèce et son gradient de concentration.
∂2C A ∂2C A ∂2C A ⎞ ∂C A
Par ailleurs, ces différents cas de diffusion ont été observés − D AB ⎛⎜ + + + = rA (2)
expérimentalement pour un mélange gazeux ternaire N2 – H2 – ⎝ ∂x 2 ∂y 2 ∂z 2 ⎠⎟ ∂t
CO2 à température et pression constantes dans les conditions de
C’est l’équation générale de continuité relative au constituant A.
diffusion équimolaire [5]. La formulation de Maxwell-Stefan a per-  
mis également d’expliquer des « anomalies » observées dans la Remarque : pour un fluide immobile (u = 0) et en l’absence de
distillation d’un mélange ternaire méthanol - propanol - eau se tra- réaction chimique (rA = 0), on obtient la deuxième loi de Fick :
duisant par une efficacité de Murphree d’un plateau de 150 % [6].
Elle a été validée expérimentalement pour des systèmes multi ∂C A ⎛ ∂2C A ∂2C A ∂2C A ⎞
= D AB ⎜ + +
composants liquides [4] et dans le cas d’une extraction liquide- ∂t ⎝ ∂x 2 ∂y 2 ∂z 2 ⎟⎠
liquide [7].

1.3 Diffusion stationnaire


Flux JA Flux JA unidirectionnelle à deux constituants
Diffusion
osmotique 1.3.1 Flux total et flux de diffusion
Considérons l’élément de fluide de section droite unitaire
Diffusion Diffusion (Ω = 1), schématisé sur la figure 2. Supposons que : CA(z1) > CA(z2).
bloquée normale
Les deux constituants vont diffuser : A vers la droite suivant la
direction z et B dans la direction opposée conformément au prin-
Diffusion
– grad CA normale Diffusion grad CA cipe de la conservation de la matière totale. Pour un observateur
inverse placé en Ω, le flux total qui traverse Ω est :
N t = NA + NB
Par conséquent, l’observateur verra passer la matière avec une
a mélange binaire b mélange ternaire vitesse molaire moyenne :
N t N A + NB
Figure 1 – Flux de diffusion en fonction du gradient umoy = =
de concentration pour : (a) mélange binaire ; (b) mélange ternaire C t C A + CB

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J 1 075 – 4 est strictement interdite. – © Editions T.I.

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Transfert de matière
Applications des modèles cinétiques
aux opérations compartimentées

par Arnaud BUCH


Docteur de l’Université Paris VI
Maître de conférences à l’École Centrale Paris
Mohammed RAKIB
Ingénieur ECP, Docteur d’état ès sciences physiques
Professeur à l’École Centrale Paris
et Moncef STAMBOULI
Ingénieur ECP, Docteur d’état ès sciences physiques
Professeur à l’École Centrale Paris

1. Modélisation d’un étage d’extraction liquide-liquide .................... J 1 076 - 3


1.1 Introduction .................................................................................................. — 3
1.2 Estimation de l’écart entre étages réels et idéaux :
notion d’efficacité......................................................................................... — 3
1.3 Transfert de matière en extraction liquide-liquide compartimentée ....... — 3
1.3.1 Description d’un étage et modélisation ........................................... — 3
1.3.2 Efficacité d’un étage........................................................................... — 4
1.3.3 Application : utilisation de l’efficacité de Murphree........................ — 4
2. Modélisation d’un étage de distillation (plateau)............................ — 6
2.1 Modélisation d’un étage réel et efficacité de Murphree ........................... — 6
2.1.1 Généralités.......................................................................................... — 6
2.1.2 Hypothèses sur les écoulements ...................................................... — 6
2.1.3 Calcul de l’efficacité de Murphree locale ......................................... — 6
2.1.4 Calcul de l’efficacité de Murphree du plateau ................................. — 7
2.2 Prévision de l’efficacité d’un plateau et application.................................. — 7
2.2.1 Prévision de l’efficacité d’un plateau................................................ — 7
2.2.2 Utilisation graphique de l’efficacité de Murphree ........................... — 8
2.2.3 Relation entre les efficacités globale et de Murphree..................... — 8
Pour en savoir plus ........................................................................................... Doc. J 1 076

e modèle de l’étage idéal (ou théorique) suppose que les phases issues de
L l’étage sont en équilibre thermodynamique. Ainsi, la donnée des débits et
des compositions des flux à l’entrée de l’étage suffit donc à déterminer les
débits et les compositions des flux de sortie.
Pour un étage réel, l’équilibre thermodynamique n’est pas atteint. Le dimen-
sionnement de l’étage nécessite des données sur la cinétique du transfert de
matière entre les deux phases. Mais cela ne suffit pas. En effet, entre les gran-
deurs caractéristiques de l’équilibre thermodynamique et les données
cinétiques, il y a une différence fondamentale qui confère une complexité
essentielle à tout modèle où l’équilibre thermodynamique n’est pas atteint :
– dans le premier cas, l’équilibre de partage entre deux phases est le même
quelle que soit la façon dont il est atteint ; il peut être aisément déterminé par
p。イオエゥッョ@Z@ュ。イウ@RPPX

l’expérimentation ou accessible dans des banques de données ;

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TRANSFERT DE MATIÈRE _____________________________________________________________________________________________________________

– dans le second cas, la quantité de matière totale transférée d’une phase à


l’autre au cours d’une opération dépend de la vitesse à laquelle le transfert de
matière s’effectue en tout point. Cette vitesse locale dépend à son tour de l’écart
à l’équilibre, des concentrations des deux phases et donc de la mise en œuvre
du contact et de la circulation des fluides dans l’étage.
Pour pouvoir utiliser efficacement les données cinétiques, il faut donc
connaître les écoulements dans l’appareil considéré ou, à défaut de les
connaître, faire des hypothèses sur leur nature. À cet égard, nous utiliserons
les mêmes modèles d’écoulement que ceux adoptés pour le calcul des réac-
teurs chimiques (écoulement « parfaitement agité », écoulement « piston »,
modèle « piston-dispersion »...) (voir [J 1 070, § 3]).
Le calcul des opérations non idéales repose donc sur l’utilisation des mêmes
bilans matière que ceux utilisés pour le calcul des opérations idéales (bilan
global, bilan opératoire entre une extrémité de l’appareil et un point courant...),
mais il faudra toujours y adjoindre un bilan particulier, qui permet d’utiliser
conjointement la connaissance que l’on a (ou les hypothèses que l’on est
amené à faire) sur les phénomènes cinétiques et les écoulements dans l’appa-
reil (voir [J 1 075]).
Ce bilan est établi sur l’une des phases. Il exprime la variation de flux du
constituant privilégié dans l’une des phases, qui est due au transfert de ce
constituant d’une phase à l’autre. Ce bilan doit donc être établi sur un inter-
valle de temps et une surface d’échange où le flux spécifique de matière est
uniforme.
Nous nous limiterons à l’étude des opérations en régime stationnaire.
Comme toutes les autres grandeurs, les flux spécifiques sont alors constants au
cours du temps et l’intervalle de temps le plus approprié est l’unité de temps.
La surface d’échange doit être associée à un volume d’appareil. On admet en
général que l’aire d’interface est proportionnelle au volume utile d’appareil. La
détermination du volume dans lequel le flux spécifique est uniforme est le
point le plus délicat de ces calculs : il n’y a aucune règle générale. Tout au plus
sait-on, lorsque l’on se limite aux écoulements idéaux, que toutes les gran-
deurs physiques sont uniformes à l’intérieur de l’appareil ou de la portion
d’appareil où l’écoulement est « parfaitement agité » et que ces mêmes gran-
deurs ne sont fonction que d’une coordonnée d’espace quand l’écoulement est
« piston ».
Nous avons pris le parti d’utiliser le plus possible les écoulements idéaux
pour deux raisons : la simplicité des calculs qu’ils autorisent et l’intérêt des
résultats qu’ils permettent d’atteindre. Le choix de la nature de la phase sur
laquelle on mène le calcul, repose souvent sur des considérations liées à la
nature des écoulements. On cherche à alléger les calculs en utilisant au mieux
les propriétés de ces écoulements. Toujours pour alléger les calculs, nous
avons systématiquement utilisé des hypothèses simplificatrices relatives
notamment à l’invariance des débits à travers l’étage considéré.
À noter également qu’en régime stationnaire, l’exploitation d’une cinétique
et de modèles d’écoulement ne conduit pas à la détermination explicite d’un
temps, mais d’un volume. Ce volume peut cependant être associé à des temps
de séjour moyens, un par phase.
Nous allons appliquer cette approche aux opérations compartimentées. Le
but poursuivi est double : didactique d’abord, car c’est avec ces opérations que
les notions présentées ci-dessus sont mises en œuvre le plus simplement, pra-
tique ensuite, car ces applications souvent négligées ont un intérêt indéniable,
même (et peut-être surtout !) quand les conclusions que l’on en peut tirer ne
sont que qualitatives.

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J 1 076 – 2 est strictement interdite. – © Editions T.I.

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Transfert de matière
Opérations à c
ontact permanent

par Arnaud BUCH


Docteur de l’Université Paris VI
Maître de conférences à l’École Centrale Paris
Mohammed RAKIB
Ingénieur ECP, Docteur d’état ès sciences physiques
Professeur à l’École Centrale Paris
et Moncef STAMBOULI
Ingénieur ECP, Docteur d’état ès sciences physiques
Professeur à l’École Centrale Paris

1. Dimensionnement d’une colonne à contact permanent


à courants parallèles (modèle piston) ................................................ J 1 077 - 2
1.1 Écoulements à cocourant ............................................................................ — 2
1.2 Écoulements à contre-courant .................................................................... — 4
1.3 Notion de NPT (nombre de plateaux théoriques)
et HEPT (hauteur équivalente à un plateau théorique) ............................. — 4
1.4 Équation de cinétique de transfert de matière .......................................... — 5
1.5 Conclusion .................................................................................................... — 6
2. Dimensionnement d’une colonne à contact permanent
à contre-courant (mélange axial) ......................................................... — 6
2.1 Définition ...................................................................................................... — 6
2.2 Modèle piston-dispersion ou piston-diffusion .......................................... — 6
2.3 Mélangeurs parfaits en série avec débits de retour .................................. — 10
2.4 Particularités de la phase dispersée ........................................................... — 10
3. Exemple de calcul d’une absorption ................................................... — 11
4. Conclusion.................................................................................................. — 12
Pour en savoir plus ........................................................................................... Doc. J 1 077

n appareil échangeur de matière à contact permanent est constitué pour


U sa partie active d’un fût cylindrique dans lequel s’opère un transfert de
matière entre deux phases sans qu’il y ait d’étages matérialisés dans lesquels
ce transfert se déroule. Généralement, les deux phases qui échangent de la
matière sont des liquides, des gaz, des vapeurs ou même des solides. L’indus-
trie fait un large emploi de ces échangeurs à contact permanent du fait de leur
adaptabilité aux conditions de production et de leur coût beaucoup moins
important que le coût d’une installation à étages individualisés.
Le fonctionnement d’un échangeur de matière à contact permanent exige
une surface de contact entre les deux phases traitées. Pour plus d’efficacité, la
surface de contact des deux phases par unité de volume de contacteur doit
être la plus élevée possible. Cela favorise la capacité d’échange entre les deux
phases. Pour cela on a recours à plusieurs techniques comme le remplissage
du contacteur par un garnissage ou une méthode permettant de maintenir la
dispersion d’une phase dans l’autre comme les pulsations ou l’agitation. Parmi
les garnissages les plus répandus citons les anneaux de Raschig (anneaux en
verre ou en céramique) et les selles de Berl. Une autre condition pour avoir un
p。イオエゥッョ@Z@ュ。イウ@RPPX

transfert notable est l’existence d’une différence de potentiel entre les deux

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TRANSFERT DE MATIÈRE _____________________________________________________________________________________________________________

phases. C’est ainsi que l’équilibre n’est jamais réalisé dans les appareils à
contact permanent. Ou du moins s’il est réalisé en un point de la colonne, le
restant de la colonne est inopérant.
Les opérations à contact permanent sont couramment utilisées en absorption,
distillation, extraction liquide-liquide, séchage, humidification, chromatogra-
phie, échange d’ions.
Le transfert de matière s’accompagne presque toujours d’un transfert
d’énergie (ou de chaleur). Nous considérerons uniquement les opérations où le
transfert de chaleur est négligeable.
De façon générale, on opère à contre-courant sauf à de très rares exceptions
comme par exemple lors de l’absorption d’un gaz pur. Les écoulements ont une
importance capitale car ces opérations sont sous contrôle cinétique. Nous
allons voir l’application des modèles idéaux simples et des modèles plus
sophistiqués au calcul de ces opérations.

1. Dimensionnement
d’une colonne à contact
1 1
q2 (c 2) q1 (c 1)
z=Z
permanent à courants
parallèles (modèle piston) q2 (c 2) q1 (c 1)

Hypothèses générales
z=0

• On considère le transfert d’un soluté unique d’une phase 1 q (c 0) q (c 0)


2 2 1 1
vers une phase 2.
• Les débits volumiques des deux phases sont considérés Figure 1 – Échangeur de matière à cocourant
comme constants. C’est le cas lors de l’extraction liquide-
liquide pour des solvants immiscibles et solutés en traces et de
l’absorption de constituants en traces. On peut raisonner en Les écoulements des deux phases sont du type piston. À l’instar
débits molaires si ceux-ci sont constants dans l’appareil et en du déplacement d’un piston, les deux phases se déplacent par
fractions molaires (cas de la distillation à flux molaires convection tranche par tranche sans interactions entre les
constants). différentes tranches élémentaires. Chaque tranche élémentaire est
homogène. Le déplacement des deux phases peut avoir lieu dans
j
• c i désigne la concentration du soluté dans la phase i au le même sens (cocourant) ou en sens contraires (contre-courant).
niveau j avec j = 0 pour l’entrée de la phase 1 (z = 0) et j = 1 Ce dernier mode est le plus important. L’équilibre entre les deux
pour la sortie de la phase 1 (z = Z ), et ci représente la phases est caractérisé par une répartition de A qui dépend des affi-
concentration du soluté dans la phase i à une cote arbitraire z. nités respectives des deux phases pour le constituant A. Il est
représenté par une courbe dans le diagramme de distribution
• On fixe les concentrations du soluté A échangé dans le c 1e = eq (c 2e), c 1e et c 2e étant respectivement les concentrations
flux d’alimentation (c 10 ) et dans le flux traité (c 11) . c 11 repré- de A dans les phases 1 et 2 en équilibre.
sente une concentration limite qu’on accepte de laisser dans
le raffinat. On suppose de plus que A n’est pas présent dans la
phase réceptrice au départ (c 12 = 0) .
1.1 Écoulements à cocourant
• Une autre donnée est la connaissance issue généralement Le but est de calculer la hauteur de l’appareil nécessaire pour
de l’expérimentation sur maquette de la capacité d’échange l’opération souhaitée (atteindre la fuite tolérée). L’appareil se pré-
E g a où E g est le coefficient global de transfert de matière et a sente comme un fût dont on se donnera la section.
l’aire interfaciale par unité de volume de colonne. En règle La figure 1 reporte un schéma d’échangeur de matière avec les
générale, pour un garnissage donné, E g a dépend des débits notations utilisées. On traitera le cas particulier important où
des deux phases (hydrodynamique) et des caractéristiques
l’équilibre est décrit par une relation affine c *1 = mc 2 + p .
des constituants comme le coefficient de diffusion. Des corré-
lations sont données dans la littérature spécialisée dans le cas
des opérations courantes. Le flux de transfert peut être
exprimé de plusieurs façons (cf. [J 1 075]). Partage d’un soluté entre deux phases
• Les bilans seront écrits en supposant le régime station-
La courbe de partage d’un soluté entre deux phases peut
naire établi.
être approximée par une relation affine dans un domaine plus
• On supposera, pour simplifier, le fonctionnement iso- ou moins réduit de concentrations. Pour un soluté en traces,
therme. l’équilibre est linéaire.

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TP
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_____________________________________________________________________________________________________________ TRANSFERT DE MATIÈRE

c2 q2 q1
c + dc c + dc
0,8 2 2 1 1
z + dz
0,7
c 2 = eq (c 1) dn
0,6 EQ
c2
1 z=Z z
q2 q1
0,5 c c
Droite 2 1
opératoire
0,4
Figure 3 – Bilan de matière d’une tranche élémentaire de colonne
c0 0,3 z=0
2

0,2
Soit, en exprimant le flux de transfert par le potentiel global côté
0,1 phase 1 et en tenant compte de q 1 constant :

0 q1 dc1 = − dn = − E 1g (c1 − c1* )a σ dz (4)


0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 c1
1 0
c1 c1 avec σ section de l’échangeur.

c *1 s’exprime en fonction de c 2 lequel est fonction de c 1 par la


Figure 2 – Distribution du constituant A dans le cas d’une opération
à contact permanent et à cocourant relation opératoire. Il est donc possible de calculer, dans le cas
général, c 1 − c *1 Par exemple dans le cas où l’équilibre est linéaire :

1.1.1 Bilan global


c *1 = mc 2 + p (5)
Le bilan global exprime la conservation de la matière quand on
considère le fonctionnement global de la colonne. En régime sta- avec :
tionnaire, on peut écrire :
(
c 2 = q1 / q 2 c 01 − c 1 ) (6
)
q1c 01 + q 2 c 02 = q1c 11 + q 2 c 12 (1)
Ces relations permettent de calculer la hauteur de la colonne :
Cette équation permet de calculer c 12 qui est la seule inconnue.
c10 dc1 u c10 dc1
∫ ∫
q1
Z = = 1 (7
)
E 1g a σ c11 c1 − c *1 E 1g a c11 c1 − c *1
1.1.2 Bilan opératoire
La relation opératoire exprime la conservation de la matière avec ui vitesse de la phase i (rapport du débit par la section de la
entre une extrémité de la colonne et une section arbitraire de celle- colonne vide).
ci où les concentrations sont c 1 et c 2 . Elle s’écrit dans ce cas : Cette équation montre que la hauteur de la colonne est le pro-
duit de deux grandeurs. Le terme constitué de l’intégrale est un
q1c 1 + q 2 c 2 = q1c 01 + q 2 c 02 = q1c 11 + q 2 c 12 (2) nombre sans dimension que nous analyserons plus loin. Il dépend
de la séparation envisagée. On l’appelle nombre d’unités de trans-
Sur un diagramme de distribution, le point (c 1 , c 2) appartient à fert (NUT ). Le deuxième terme est homogène à une hauteur. Il
dépend des débits et de l’échangeur utilisé. On le nomme hauteur
( ) (
la droite qui passe par les points c 01 , c 02 et c 11, c 12 et de pente ) d’une unité de transfert (HUT ). On a donc l’expression de Z :
(– q 1 /q 2). La figure 2 présente la construction graphique qui
montre que le système tend vers l’équilibre au point EQ (intersec- Z = (HUT )1 (NUT )1 (8)
tion de la courbe d’équilibre et de la droite opératoire atteinte pour
z infini).
u1
HUT 1 = g
(9)
1.1.3 Bilan cinétique E 1a

Le bilan cinétique s’obtient en écrivant la conservation de la


E 1g a Z c10 dc1

matière pour une des deux phases dans la tranche élémentaire
NUT 1 = = (10
)
comprise entre z et z + dz. La figure 3 représente les entrées et u1 c11 c1 − c *1
sorties dans cette tranche. Le bilan sur la phase 1 s’écrit :
HUT 1 est la hauteur d’une unité de transfert du côté de la phase
q1c1 + d(q1c1 ) + dn = q1c1 (3) 1 et NUT 1 est le nombre d’unités de transfert du côté de la phase
1. On peut définir les mêmes grandeurs du côté de la phase 2.
avec dn quantité échangée entre les deux phases dans la tranche Cette décomposition correspond à une répartition du travail entre
considérée par unité de temps. le bureau d’études (NUT ) et l’atelier (HUT ).

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TQ
TR
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Transfert de matière
Extraction liquide-liquide
avec réaction chimique

par Arnaud BUCH


Docteur de l’Université Paris VI
Maître de conférences à l’École Centrale Paris ECP
Mohammed RAKIB
Ingénieur ECP
Docteur d’État ès Sciences physiques
Professeur à l’École Centrale Paris
et Moncef STAMBOULI
Ingénieur ECP
Docteur d’État ès Sciences physiques
Professeur à l’École Centrale Paris

1 . Mise en équation du phénomène ......................................................... J 1 078 - 2


1.1 Mise en équations ........................................................................................ — 2
1.2 Signification des nombres adimensionnels .............................................. — 3
1.3 Résolution dans un cas simplifié ................................................................ — 4
2 . Régimes de transfert en présence de réaction chimique ............. — 4
2.1 Régime de réaction lente (Ha < 0,3)............................................................ — 4
2.2 Régime de réaction modérément rapide (0,3 < Ha < 3) ............................ — 5
2.3 Régime de réaction instantanée (Ha > 3) ................................................... — 6
3 . Exemple d’application : partition uranium – plutonium................ — 6
3.1 Cas simplifié : impact sur le dimensionnement du contacteur
liquide-liquide............................................................................................... — 6
3.2 Cas réel : impact sur le choix des réactifs .................................................. — 7
4 . Conclusion.................................................................................................. — 8
Pour en savoir plus ........................................................................................... Doc. J 1 078

e transfert de matière entre deux phases avec réaction chimique dans une
L des phases est un phénomène qui joue un rôle considérable dans les o p é -
rations d’absorption gaz-liquide (absorption d’un gaz acide par une solution
basique et vice versa), ainsi qu’en hydrométallurgie (retour sélectif d’une
espèce métallique du solvant vers la phase aqueuse par changement d’état
d’oxydation en présence d’un oxydant ou d’un réducteur approprié).
Lorsque l’espèce transférée est consommée par une réaction chimique, on
observe une accélération du transfert de matière : l’action sur le facteur poten-
tiel se conçoit aisément. L’analyse du problème montre qu’il y a également
action sur le coefficient de transfert dans certains cas.
p。イオエゥッョ@Z@ェオゥョ@RPPY

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TRANSFERT DE MATIÈRE _____________________________________________________________________________________________________________

1. Mise en équation Remarque : comme le cas de l’absorption gaz-liquide est déjà


étudié (cf. [J 1 079]), nous avons choisi de traiter le cas de la
du phénomène désextraction. Pour alléger les notations, nous ne faisons plus
figurer l’indice 2 relatif à cette phase aqueuse. Au besoin, nous
introduirons les indices a (phase aqueuse) et s (phase solvant).

Compte tenu de l’impossibilité de traiter le problème dans


toute son ampleur, nous nous limitons à un exemple de por-
tée générale dans lequel une espèce M est transférée de la 1.1 Mise en équations
phase 1 (gaz ou solvant) vers la phase 2 (phase aqueuse), où
elle est consommée par une réaction irréversible :
Nota : les valeurs surlignées sont relatives au cœur du
liquide, et les valeurs comportant l’exposant i sont relatives à
M + B → M′
l’interface.

Cette réaction suit la loi de vitesse : Pour établir l’expression du flux molaire de M à l’interface ΦM ,
considérons un volume de couche limite de section unité, du côté
rM = k 0 CMCB de la phase liquide aqueuse (figure 1). Écrivons les bilans relatifs à
M et B pendant une unité de temps dans une tranche élémentaire
avec C M(mol · m–3) concentration volumique de M dans la de ce volume, comprise entre les cotes z et z + dz, (0 ⭐ z ⭐ δ ) :
phase 2,
C B(mol · m–3) concentration volumique de B dans la  dC   dC 
phase 2, − DM  M  = − DM  M  + k 0 CMCB dz
 dz  z  dz  z +dz
rM(mol · m–3 · s–1) vitesse de la réaction dans la phase 2,
et (1)
k0(mol–1 · m3 · s–1) constante de vitesse.
 dC   dC 
− DB  B  = − DB  B  + k 0 CMCB dz
Hypothèses simplificatrices  dz  z  dz  z +dz
– Nous supposons que B et M′ ne sont solubles que dans la avec DM(m2 · s–1) coefficient de diffusion de M dans la
phase 2. phase aqueuse,
– Nous utilisons le modèle de la couche limite, qui permet un DB(m2 · s–1) coefficient de diffusion de B dans la
allégement considérable de l’appareil mathématique par phase aqueuse,
comparaison avec les modèles de la pénétration ou du renouvel-
ΦM(mol · m2 · s–1) flux molaire de M.
lement, et qui mène, ce qui est plus surprenant, à des résultats très
voisins, voire identiques, dans un grand nombre de cas. In fine, Il vient :
nous supposons que le régime stationnaire de concentrations est  d2 CM  
établi et le transfert est infiniment rapide à l’interface (équilibre DM  = k 0 CMCB 
atteint à l’interface).  dz 2  z 
 (2)
 d2 CB 
= k 0 CMCB 
– Compte tenu de la consommation de M par la réaction
DB  
chimique, nous admettons que la concentration de M dans la phase  dz 2  z 

2 est suffisamment faible pour que l’on puisse confondre le flux
molaire NM de M rapporté à un point fixe et le flux molaire JM de avec les conditions aux limites suivantes :
M rapporté à l’écoulement moyen du fluide.
 Ci
i = M1
– Nous supposons également que le coefficient de distribution à CM = CM
l’équilibre Déq de M entre les deux phases 1 et 2 est constant z =0  Déq (3)
(cf. [J 1 075, § 1.3.3]). Cette hypothèse, le plus souvent vérifiée, 
ΦB = 0 ; car B ne quitte pas la phase liquide
permet de calculer des coefficients globaux de transfert.
et :
CB = CB
On rappelle que le coefficient de distribution à l’équilibre est z =δ  (4)
défini comme étant le rapport des concentrations (au sens CM = CM
générique du terme) de M entre les deux phases 1 et 2 à
l’équilibre :
C  i
Déq =  M1 
 CM2  équilibre
1 2 CB
i
CM

En extraction liquide-liquide (cf. [J 1 076]), CM1 et CM2 sont des CM1


concentrations volumiques (ou molarités, exprimées en mol · m–3)
du soluté M respectivement dans les phases solvant et aqueuse ; Déq
est le coefficient de partage ou de distribution utilisé. L’utilisation des i
CM1
concentrations volumiques se justifie par le fait que le soluté M est CM
généralement à l’état de traces de telle sorte que l’on puisse considé- CBi
rer les coefficients d’activité comme à peu près constants. z z + dz z
En revanche, dans le cas de l’absorption gaz-liquide
(cf. [J 1 079]), CM1 correspond alors à la pression partielle pM dans δ′ δ
la phase 1 gazeuse et CM2 est la fraction molaire de M dans la
Figure 1 – Profils de concentration dans les deux phases
phase liquide 2 ; Déq est identique à la constante de Henry H. dans le cas d’un transfert en présence d’une réaction chimique

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Absorption avec réaction chimique

par Christine ROIZARD


Laboratoire des sciences du Génie chimique CNRS-ENSIC
Professeur à l’École supérieure d’ingénieurs des techniques de l’industrie (Institut national
polytechnique de Lorraine)
Gabriel WILD
Laboratoire des sciences du Génie chimique CNRS-ENSIC
Directeur de recherche au CNRS
et Jean-Claude CHARPENTIER
Professeur et Directeur de l’École supérieure de chimie, physique, électronique de Lyon
Directeur de recherche au CNRS
Ancien Directeur scientifique du département Sciences pour l’ingénieur du CNRS

1. Classification des principaux types d’absorbeurs.......................... J 1 079 - 4


2. Transfert de matière dans les réacteurs gaz-liquide...................... — 5
2.1 Absorption physique ................................................................................... — 5
2.2 Transfert de matière en présence d’une réaction chimique irréversible
d’ordre 1,1 .................................................................................................... — 6
2.2.1 Régime de réaction lente dans le film de transfert.......................... — 8
2.2.2 Régime de réaction modérément rapide.......................................... — 9
2.2.3 Régime de réaction rapide dans le film diffusionnel....................... — 9
2.3 Transfert de matière en présence d’une réaction chimique irréversible
d’ordre m, n.................................................................................................. — 11
2.4 Transfert de matière avec résistance en phase gazeuse .......................... — 12
2.5 Transfert de matière en présence de systèmes réactionnels complexes — 13
2.6 Désorption.................................................................................................... — 14
2.6.1 Désorption non nucléée ..................................................................... — 14
2.6.2 Désorption nucléée............................................................................. — 15
3. Aires interfaciales et coefficients de transfert de matière ......... — 15
3.1 Détermination de l’aire interfaciale a......................................................... — 15
3.1.1 Techniques physiques ........................................................................ — 15
3.1.2 Techniques chimiques........................................................................ — 16
3.2 Détermination du coefficient volumique de transfert de matière côté
liquide kLa..................................................................................................... — 17
3.2.1 Techniques physiques ........................................................................ — 17
3.2.2 Techniques chimiques........................................................................ — 18
3.3 Détermination simultanée du coefficient de transfert de matière kL et de
l’aire interfaciale spécifique a ..................................................................... — 19
3.4 Détermination du coefficient volumique d’absorption du côté gaz (kGa ) — 19
Pour en savoir plus........................................................................................... Doc. J 1 079

ombreuses sont les applications industrielles où une espèce gazeuse est


N transférée d’un mélange de gaz dans une phase liquide contenant un ou
plusieurs réactifs avec le(s)quel(s) le gaz dissous peut réagir. On peut citer, par
exemple, les procédés en phase liquide comme les hydrogénations, les oxyda-
tions, les halogénations... ou encore les procédés de lavage de gaz (H2S, SO2 ,
NOx , Cl2 , HCI, HF, COV (*)...) dans la lutte contre la pollution de l’air, voire les
procédés biologiques ou les procédés de fabrication de produits purs.
(*) COV : composés organiques volatils.
p。イオエゥッョ@Z@ェオゥョ@QYYW

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ABSORPTION AVEC RÉACTION CHIMIQUE ___________________________________________________________________________________________________

Les performances globales de l’absorbeur, rendements et sélectivité, dépendent


des phénomènes mis en jeu :
— équilibres thermodynamiques à l’interface (solubilités) ;
— lois de transport dans les phases (diffusivités) ;
— lois de transfert au voisinage des interfaces (coefficients de transfert, aires
interfaciales) ;
— cinétiques des réactions chimiques (schémas réactionnels, constantes ciné-
tiques, ordres de réactions).
Selon le système considéré, notamment en fonction des temps caractéris-
tiques de transfert, de transport ou de réaction, l’absorbeur devra être choisi soit
en fonction de ses performances du point de vue transfert de matière, soit en
fonction du volume de liquide mis en jeu. En conséquence, les absorbeurs
utilisés dans l’industrie ont des formes très diverses :
— réacteurs tubulaires à bulles, à gouttes, à film tombant, à garnissage, à plateaux ;
— réacteurs à cuve agitée mécaniquement ;
— réacteurs de type jets ou venturis.
Le but de cet article est de donner les outils indispensables au choix d’un absor-
beur et à sa mise en œuvre dans des conditions hydrodynamiques et énergé-
tiques optimales. Le fonctionnement est bien entendu lié aux différents
paramètres des phénomènes mis en jeu. Ensuite, le dimensionnement et l’extra-
polation du réacteur nécessitent l’établissement d’un modèle mathématique
comportant une théorie de l’absorption avec réaction chimique en rapport avec
la réalité et bien adapté à l’objectif visé.
C’est pourquoi nous présenterons :
— la théorie de l’absorption avec réaction chimique, qui est nécessaire à l’éta-
blissement du modèle du réacteur ;
— les techniques de mesure des paramètres caractérisant le transfert de matière,
qui interviennent dans ce modèle.

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__________________________________________________________________________________________________ ABSORPTION AVEC RÉACTION CHIMIQUE

Principaux symboles et notations Principaux symboles et notations

Symbole Unité Nom de la grandeur Symbole Unité Nom de la grandeur

a m–1 aire interfaciale par unité de Q m3 · s–1 débit volumique de liquide


volume de réacteur
R rapport réaction/transfert
a’ m–1 aire interfaciale par unité de
volume de liquide clair r mol · m–3 · s–1 vitesse de réaction

A concentration adimensionnelle S m2 aire interfaciale


de A ( = C A / C*A )
t s temps
B concentration adimensionnelle
de B ( = C B /C Bs) T K température

C mol · m–3 concentration V m3 volume

C* mol · m–3 concentration à l’équilibre x m distance à l’interface

D m2 · s–1 diffusivité X distance adimensionnelle


à l’interface ( = x /δL)
Da nombre de Damköhler
xi titre molaire de l’espèce i
E facteur d’accélération
Z rapport concentration/diffusion
Ei facteur d’accélération en régime
de réaction instantanée β fraction de phase dispersée

Ha critère de Hatta δ m épaisseur de couche limite

He Pa · m3 · mol–1 coefficient de Henry εL taux de rétention de liquide

K constante d’équilibre d’une λ m distance de l’interface au plan


réaction réversible de réaction instantanée

KG mol · m–2 · s–1 · Pa–1 conductance globale de transfert ν coefficient stœchiométrique de B


définie par rapport
aux pressions τ s temps de passage ( = V R/Q )

KL m · s–1 conductance globale de transfert Φ mol · m–3 · s–1 flux global d’absorption par une
définie par rapport unité de volume d’absorbeur
aux concentrations
ϕ mol · m–2 · s–1 flux spécifique moyen
k (mol · m–3)1–m–n s–1 constantes de vitesse d’absorption par unité d’aire
de réactions (k 2, k mn...) interfaciale

kG mol · Pa–1 · m–2 · s–1 coefficient de transfert de matière Ω m2 section droite de colonne
du côté gaz

kL m · s–1 coefficient de transfert de matière


du côté liquide Liste des Indices

m ordre de réaction par rapport au A gaz absorbé (dissous) L relatif à la phase liquide
gaz dissous A
B réactif liquide dissous P produit de réaction
n ordre de réaction par rapport au
réactif liquide B E à l’entrée du réacteur R relatif au réacteur

N˙ B mol · s–1 débit molaire d’hydrazine G relatif à la phase gazeuse 0 à l’état de référence
introduit dans le réacteur
i à l’interface s au sein du liquide (sortie
p Pa pression partielle de réacteur)

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ABSORPTION AVEC RÉACTION CHIMIQUE ___________________________________________________________________________________________________

1. Classification des cients de transfert de matière du côté gaz et du côté liquide, leurs
domaines d’utilisation et des exemples d’application sont rassem-
principaux types blés à titre indicatif dans le tableau 1 d’après [1] [2].Ces différents
absorbeurs sont classés, de façon classique, en fonction de la réten-
d’absorbeurs tion en liquide ε L (volume de liquide par unité de volume de
réacteur) :
— forte rétention : colonne à bulles, cuve agitée, jet immergé ;
La figure 1 réunit les différents types d’absorbeurs gaz-liquide uti- — rétention moyenne : colonnes à plateau et à garnissage ;
lisés industriellement. Leurs caractéristiques principales, c’est-à-dire — faible rétention : colonnes à film et à pulvérisation, venturi,
les fractions de phase dispersée, les aires interfaciales, les coeffi- éjecteur.

Figure 1 – Différents types de contacteurs gaz-liquide

(0)

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__________________________________________________________________________________________________ ABSORPTION AVEC RÉACTION CHIMIQUE

Tableau 1 – Caractéristiques et exemples d’application des contacteurs gaz-liquide


Domaines Exemples
Caractéristiques (1)
d’utilisation (2) d’application

Coefficient de transfert volumique


Aire spécifique (ou interfaciale)

kG (10–5 mol · m–2 · Pa–1 · s–1)


Fraction de phase dispersée

Coefficient de transfert

Coefficient de transfert

Perte de charge dans


Débit de gaz à traiter
Vitesse de réaction
Temps de passage

la phase gazeuse
en phase liquide
kL (10–4 m . s–1)
Phase continue

du côté liquide

du côté liquide
kL a (10–2 s– 1)
a (10–2 m–1)

du côté gaz
β (%)

τ (s)
Colonne à bulles ................ Liq. 60-98 0,5-6 1-4 0,5-2 0,5-12 f fàm g à tg Oxydations, chlorations
Cuve agitée ......................... Liq. 20-95 1-20 0,3-4 0,3-80 900-7 200 f fàm g à tg Oxydations, fermentations
Colonnes .............................
– à plateaux perforés ........ Liq. 10-95 1,5-5 5-13 0,5-6 7,5-60 5-10
màg m à tg g à tg Fabrication de HNO3
– à plateaux à calottes ...... Liq. 10-95 1,5-6 3-10 0,5-2 5,5-60 5-10
Colonnes à garnissage ......
– à contre-courant ............. Gaz 2-25 0,1-3,5 0,4-2 0,02-2 0,04-7
g à tg m à tg f Absorption, lavage de gaz
– à cocourant ...................... Gaz 2-95 0,1-17 0,4-6 0,1-3 0,04-100
Venturi .................................. Gaz 2-10 1,6-25 5-10 2-10 tg 1-4 f Lavage de gaz chargés en
poussières
Colonne à pulvérisation..... Gaz 2-10 0,1-1 0,7-1,5 0,5-2 tg 3-4 f Lavage de gaz chargés en
poussières
 Gaz 
Colonne à film......................   1-10 2-5 0,5-8 tg 1-2 f Réactions très exothermi-
 Liq.  ques
(1) Rapportées à l’unité de volume de réacteur
(2) Abréviations utilisées
f : faible ; m : moyen ; g : grand ; tg : très grand.

2. Transfert de matière Il n’y a flux de transfert de matière que lorsqu’il n’y a pas équilibre
thermodynamique entre l’interface et le sein du fluide ; il est donc
dans les réacteurs opportun d’utiliser une différence de potentiel motrice définie
comme un écart à l’équilibre. On pourrait utiliser les activités et les
gaz-liquide potentiels chimiques dans les équations des flux, mais, dans la réa-
lité, on se servira presque toujours des concentrations (en mol · m–3).
Dans tout ce qui suit, nous supposerons qu’à l’interface, la
2.1 Absorption physique concentration C*A correspond à l’équilibre avec la pression partielle
pAi . Ce faisant, nous supposons qu’il n’y a pas de résistance de
transfert interfaciale ; cette hypothèse est vérifiée dans la majeure
Lorsque l’on met en œuvre l’absorption d’une espèce gazeuse partie des cas. Elle risque d’être caduque lorsque l’on est en présence
dans une solution liquide, outre les phénomènes de transport au de produits amphiphiles s’accumulant aux interfaces (tensioactifs).
sein des deux phases par diffusion moléculaire, convection..., se
En l’absence de réaction chimique, on définit alors les coefficients de
produisent des phénomènes de transfert de la phase gazeuse vers
la phase liquide au niveau de l’interface. Les conditions dans la transfert de matière du côté gaz et du côté liquide par les relations
région très proche de cette interface sont très difficiles à observer suivantes :
expérimentalement; on est, de ce fait, souvent amené à utiliser des Φ = ϕ a = k L a ( CA* – C As ) = k G a ( p A – p Ai ) (1)
modèles simples issus de la mécanique des fluides et décrivant
des couches limites au voisinage de l’interface [3] [4]. avec a (m–1) aire interfaciale gaz-liquide rapportée à
l’unité de volume,
Le facteur le plus important, en ce qui concerne le transfert de
matière vers (ou à partir d’) un écoulement turbulent, est l’existence ϕ (mol · m–2 · s–1) flux spécifique moyen d’absorption par
d’une résistance au transfert de matière localisée dans une région unité d’aire interfaciale,
de faible épaisseur, adjacente à l’interface. Φ (mol · m–3 · s–1) flux globale d’absorption par unité de
volume d’absorbeur,

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Particules poreuses interactives


Morphologie et caractérisation
par André ZOULALIAN
Professeur à l’université Henri-Poincaré (Nancy I)
Docteur ès sciences
Docteur-ingénieur ENSIC (École nationale supérieure des industries chimiques de Nancy)

1. Processus élémentaires observables au sein d’une particule


poreuse ....................................................................................................... J 1 091 – 3
2. Modèles morphologiques d’une particule solide poreuse ........... — 3
2.1 Modèles hétérogènes.................................................................................. — 4
2.2 Modèles pseudo-homogènes..................................................................... — 5
2.3 Autres modèles............................................................................................ — 5
3. Données nécessaires à l’étude des interactions............................. — 6
3.1 Isothermes d’adsorption............................................................................. — 6
3.2 Vitesse de réaction ...................................................................................... — 7
3.2.1 Cas des réactions hétérogènes catalytiques .................................... — 7
3.2.2 Cas des réactions hétérogènes consommables .............................. — 7
3.3 Caractéristiques convectives et diffusionnelles au sein d’un grain solide
poreux .......................................................................................................... — 8
3.4 Caractéristiques de transfert à la surface externe des grains solides..... — 8
Références bibliographiques ......................................................................... — 10

e nombreux phénomènes physiques et/ou chimiques se déroulent au sein de


D milieux solides poreux naturels ou synthétiques. La morphologie de ces
milieux n’est pas nécessairement structurée et l’analyse des interactions nécessite
d’imaginer une simplification de la texture. Cette représentation simplifiée n’empê-
che pas l’obtention de résultats globaux cohérents permettant l’optimisation, l’auto-
matisation et l’extrapolation des procédés industriels à base de ces interactions.
L’objectif de cette étude est de présenter au lecteur, au niveau d’une particule
solide, l’analyse globale d’une interaction se déroulant au sein de la particule
dans l’un des trois cas suivants :
— l’interaction est une adsorption physique (dossier [J 1 092]) ;
— l’interaction est une réaction chimique catalytique (dossier [J 1 093]) ;
— l’interaction est une réaction chimique consommable (dossier [J 1 094]).
Pour chacune des interactions, l’analyse globale initiale correspondra à un cas
où l’influence de certains processus élémentaires observables sera supposée
négligeable. Lorsque cette dernière hypothèse ne sera pas vérifiée nous donne-
rons son impact sur l’interaction. Enfin, pour chacune des trois interactions,
nous présenterons un cas simplifié d’analyse globale permettant au lecteur
d’avoir une quantification de l’incidence des processus élémentaires de transfert
sur l’interaction chimique ou physique.
L’analyse globale d’une interaction physique et/ou chimique au sein d’une par-
ticule poreuse ne peut déboucher sans une connaissance préalable de la mor-
phologie de la particule et des caractéristiques physico-chimiques de transfert de
matière et de chaleur à associer aux interactions.
L’objet de ce dossier [J 1 091] est de rappeler, d’une part, les modèles simplis-
simes de morphologie avec les paramètres de transfert associés et, d’autre part,
les données thermodynamiques et cinétiques propres à chacun des trois types
p。イオエゥッョ@Z@ェオゥョ@RPPV

d’interactions examinés successivement dans les dossiers suivants.

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PARTICULES POREUSES INTERACTIVES ____________________________________________________________________________________________________

Les notions présentées dans ces dossiers se retrouvent dans de nombreux livres en langue
anglaise et française. On trouvera, dans la bibliographie les principaux ouvrages en langue
anglaise [12] [13] [17] et en langue française [18] [19] sur lesquels s’appuient les exposés.
(0)

Notations et symboles
Symbole Unité Désignation
B m2 Perméabilité de la particule
C mole ⋅ m–3 Concentration d’un constituant
Cp J ⋅ kg–1 ⋅ K–1 Capacité thermique massique
dc m Diamètre de capillaires
dp m Diamètre des particules
De m2 ⋅ s–1 Diffusivité apparente d’un constituant au sein
d’une particule
DAB m2 ⋅ s–1 Coefficient de diffusion de Fick du mélange
binaire A + B
DK m2 ⋅ s–1 Coefficient de diffusion de Knudsen
E J ⋅ mole–1 Énergie d’activation d’une constante de vitesse
h W ⋅ m–2 ⋅ K–1 Coefficient de transfert de chaleur convectif
k, k ’ Constante de vitesse d’une réaction chimique
(unité dépendant de l’ordre cinétique
de la réaction)
kC m ⋅ s–1 Coefficient de transfert de matière convectif
3 –1
K m ⋅ mole Constante d’équilibre d’adsorption
Lc m Longueur des capillaires
N mole ⋅ s–1 Débit de matière transférée au sein
de la particule
N’ W Débit de chaleur transférée au sein
de la particule
Nc Nombre total de capillaires
P Pa Pression partielle d’un constituant
Ps Pa Pression de vapeur saturante d’un constituant
S’ Facteur correctif de section des capillaires
Sc m2 Surface occupée par les bouches de pores sur
une particule
Sp m2 Surface externe d’une particule
T K Température
u m ⋅ s–1 Vitesse de la phase fluide
Vp m3 Volume externe de la particule
X Masse d’adsorbat par masse d’adsorbant
∆H J ⋅ mole–1 Variation d’enthalpie d’une réaction chimique
α Angle moyen des capillaires avec la direction de
l’écoulement
εi Porosité interne d’une particule
ϕm mole ⋅ m2 ⋅ s–1 Flux de matière transférée
ϕt W ⋅ m–2 Flux de chaleur transférée
λe W⋅ m–1 ⋅ K–1 Conductivité thermique apparente
σ m2 ⋅ kg–1 Surface spécifique des particules
µ Pa ⋅ s Viscosité dynamique de la phase gazeuse
ρa kg ⋅ m–3 Masse volumique apparente de la particule
ρs kg ⋅ m–3 Masse volumique du solide constituant
la particule
τ Facteur de tortuosité de la particule

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J 1 091 − 2 © Techniques de l’Ingénieur

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Particules poreuses interactives


Interactions physiques d’adsorption
par André ZOULALIAN
Professeur à l’université Henri-Poincaré (Nancy I)
Docteur ès sciences
Docteur-ingénieur ENSIC (École nationale supérieure des industries chimiques de Nancy)

1. Présentation du phénomène d’adsorption ....................................... J 1 092 – 3


2. Adsorption isotherme............................................................................. — 3
2.1 Modélisation de l’adsorption...................................................................... — 3
2.2 Solutions analytiques de quelques cas industriels particuliers............... — 4
2.2.1 Résistances diffusionnelles externe et interne dans les
macropores négligeables .................................................................. — 4
2.2.2 Résistances diffusionnelles externe et interne dans les micropores
des cristallites négligeables............................................................... — 5
2.2.3 Résistance diffusionnelle externe négligeable et résistances
diffusionnelles internes du même ordre de grandeur..................... — 6
3. Adsorption non isotherme .................................................................... — 6
4. Exemple d’application ............................................................................ — 7
4.1 Énoncé.......................................................................................................... — 7
4.2 Solution ........................................................................................................ — 7
Références bibliographiques ......................................................................... — 8

ans plusieurs procédés industriels, le transport et le transfert des fluides au


D sein de particules poreuses se font en l’absence de transformation chimi-
que. C’est en particulier le cas des colonnes d’adsorption, de certaines colonnes
chromatographiques, des opérations de séchage de produits naturels poreux, etc.
Dans ce dossier, nous privilégierons les analyses des milieux poreux représen-
tatifs des adsorbants synthétiques où les particules d’adsorbant (de quelques
millimètres) sont obtenues par agglomération de microcristallites (de quelques
micromètres) également poreuses.
C’est, en particulier, le cas de certaines alumines, des charbons actifs et des
tamis moléculaires (figure A).
Dans ce cas, il faudra distinguer les transferts diffusionnels au sein des micro-
cristallites de ceux observés dans le volume poreux extérieur aux microcristalli-
tes qui représente la macroporosité de la particule, le volume poreux des
microcristallites correspondant à la microporosité de la particule.
En définitive, ce dossier va se limiter à une analyse simplifiée de l’adsorption dans
le cas d’une particule d’adsorbant obtenue par agglomération, placée dans un écoule-
ment. Pour la description des différents adsorbants industriels, de leurs caractéristi-
ques physico-chimiques et des procédés industriels d’adsorption, on pourra consulter
le dossier Adsorption du traité Génie Chimique. De plus, si l’on souhaite avoir des
informations théoriques complémentaires sur ces différents aspects, on pourra
consulter l’ouvrage proposé par D.M. Ruthven [2] sur lequel nous nous appuyons.
Enfin, l’adsorption est un phénomène exothermique. Par suite, un échange d’éner-
gie thermique entre la particule et le milieu extérieur peut apparaître. Dans le
paragraphe 2, nous nous placerons dans le cas où la résistance de transfert thermique
est négligeable (adsorption isotherme). L’étude de l’adsorption non isotherme sera
présentée dans le paragraphe 3 et un exemple d’application de l’adsorption d’un
p。イオエゥッョ@Z@ェオゥョ@RPPV

composé organique sur un tamis moléculaire sera traité dans le paragraphe 4.

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PARTICULES POREUSES INTERACTIVES ____________________________________________________________________________________________________

Figure A – Représentation schématique d’une particule d’adsorbant obtenue par agglomération

(0)

Notations et symboles
Symbole Unités Désignation
–1
a m Surface spécifique de la particule
Ce mole ⋅ m–3 Concentration d’un constituant dans la phase
gazeuse externe
Cm mole ⋅ m–3 Concentration d’un constituant
dans les micropores
CM mole ⋅ m–3 Concentration d’un constituant
dans les macropores
Cv J ⋅ mole ⋅ m–3 ⋅ K–1 Capacité thermique volumique de la particule
C* mole ⋅ m–3 Concentration d’un constituant adsorbé au sein
de la particule
Dm m2 ⋅ s–1 Diffusivité d’un constituant
au sein des micropores
DM m2 ⋅ s–1 Diffusivité d’un constituant
au sein des macropores
D m2 ⋅ s–1 Diffusivité apparente au niveau de la particule
D* m2 ⋅ s–1 Diffusivité apparente au niveau
des microcristallites
h W ⋅ m–2 ⋅ K–1 Coefficient de transfert de chaleur convectif au
niveau de la particule
K Constante d’équilibre
ᐉm m Demi-épaisseur caractéristique
des microcristallites représentées
par le modèle du feuillet
ᐉM m Demi-épaisseur caractéristique de la particule
représentée par le modèle du feuillet
t s Temps
T K Température
x m Variable d’espace au niveau des microcristallites
X m Variable d’espace au niveau de la particule
ε Porosité relative
ξ m Demi-épaisseur du feuillet non adsorbé
τ s Temps au bout duquel la particule est totalement
adsorbée
τm s Temps de diffusion au niveau des micropores
τM s Temps de diffusion au niveau des macropores

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J 1 092 − 2 © Techniques de l’Ingénieur

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Particules poreuses interactives


Interactions chimiques catalytiques
par André ZOULALIAN
Professeur à l’université Henri-Poincaré (Nancy I)
Docteur ès sciences
Docteur-ingénieur ENSIC (École nationale supérieure des industries chimiques de Nancy)

1. Transformation catalytique à stœchiométrie unique


en conditions isothermes ...................................................................... J 1 093 - 3
1.1 Réaction unique isochore d’ordre cinétique 1........................................... — 5
1.2 Réaction unique isochore d’ordre cinétique n .......................................... — 6
2. Influence de la non-isothermicité sur une interaction
catalytique ................................................................................................. — 6
2.1 Échauffements maximaux réduits interne et externe............................... — 6
2.2 Expression de l’efficacité interne et de l’efficacité globale ...................... — 7
3. Réaction à stœchiométrie multiple, isochore, isotherme,
d’ordre 1 ..................................................................................................... — 8
3.1 Cas de deux réactions simultanées indépendantes ................................. — 8
3.2 Cas de deux réactions en parallèle ............................................................ — 8
3.3 Cas de deux réactions en série, concurrentes........................................... — 9
4. Influence d’un écoulement convectif interne sur l’efficacité
interne ........................................................................................................ — 9
4.1 Variation de l’efficacité interne en présence d’une réaction
non isochore................................................................................................. — 10
4.2 Variation de l’efficacité interne en présence d’un écoulement généré
par l’écoulement externe ............................................................................ — 10
5. Influence du transfert en phase adsorbée sur l’efficacité
interne ........................................................................................................ — 10
5.1 Cas d’une réaction à stœchiométrie unique.............................................. — 11
5.2 Variation de l’efficacité interne du catalyseur en présence ou non
du transfert en phase adsorbée.................................................................. — 11
6. Exemple d’oxydation catalytique de SO2 dans un réacteur
à lit fixe différentiel................................................................................. — 11
6.1 Énoncé du problème ................................................................................... — 11
6.2 Calculs .......................................................................................................... — 12
Références bibliographiques ......................................................................... — 13

i l’on considère les interactions chimiques au sein d’un grain de catalyseur,


S le nombre de processus élémentaires intervenant peut devenir important
puisque, dans le cas d’une réaction catalytique où seul le réactif A réagit à la
surface d’un grain de catalyseur pour donner un produit P, on observe déjà sept
processus élémentaires (figure A), soit :
— un transfert par diffusion externe du réactif A à travers la couche limite
située au voisinage du grain ;
— un transfert par diffusion interne du réactif A dans la structure poreuse du
catalyseur. Ce transfert peut se faire uniquement par diffusion mais un écoule-
ment convectif peut apparaître dans certains cas ;
— une chimisorption du réactif A sur un site actif de la surface interne du
grain ;
— une réaction entre espèces adsorbées permettant de transformer le réactif
p。イオエゥッョ@Z@ュ。イウ@RPPW

A adsorbé en produit P adsorbé ;

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PARTICULES POREUSES INTERACTIVES ____________________________________________________________________________________________________

— une désorption du produit P adsorbé (inverse de l’adsorption de A) ;


— un transfert par diffusion interne du produit P dans la structure poreuse du
catalyseur (inverse du transfert par diffusion interne du réactif A) ;
— un transfert par diffusion externe du produit P dans la couche limite située
au voisinage du grain (inverse du transfert par diffusion externe du réactif A).
Les trois étapes : adsorption de A, réaction entre espèces adsorbées et
désorption de P, constituent le processus réactionnel et sont intégrées dans
l’expression de la vitesse de la transformation chimique catalytique. Cette
vitesse est généralement exprimée par unité de masse ou de volume du cata-
lyseur (r M ou r V).
Dans les processus de transfert, nous avons négligé le transfert diffusionnel
en phase adsorbée. Nous verrons que, dans certaines conditions, la prise en
compte de ces transferts peut modifier notablement les performances obser-
vées au niveau du grain de catalyseur.
Pour des transformations chimiques mettant en œuvre plusieurs réactifs
et/ou produits, plusieurs étapes réactionnelles indépendantes (transformations
chimiques à stœchiométries multiples), ainsi que pour les transformations chi-
miques non isothermes et/ou non isobares, le nombre de processus élémen-
taires est plus élevé et, aux bilans de matière, il faudra associer les bilans
d’énergie et/ou de quantité de mouvement.
L’analyse de l’interaction au niveau d’une particule de catalyseur est néces-
saire pour atteindre l’un des deux objectifs suivants :
— préciser le débit de réactif consommé pour une interaction chimique don-
née, les conditions externes au grain de compositions et de températures étant
fixées ;
— déterminer la cinétique de l’interaction connaissant le débit de réactif
consommé pour des conditions opératoires externes au grain fixées.
Dans ce qui suit, nous allons étudier cette interaction dans le cas d’une réac-
tion à stœchiométrie unique simple se déroulant dans des conditions isother-
mes. Puis nous préciserons l’influence de la non-isothermicité. Nous
examinerons ensuite le cas des transformations à stœchiométrie multiple ainsi
que l’influence d’un écoulement convectif et d’un transfert diffusionnel en
phase absorbée.
Les processus étudiés dans ce dossier [J 1 093] font appel à des notions présentées dans les
deux premiers volets de l’ensemble concernant les particules poreuses interactives :
— [J 1 091] – Particules poreuses interactives – Morphologie et caractérisation ;
— [J 1 092] – Particules poreuses interactives – Interactions physiques d’adsorption,
déjà parus dans les Techniques de l’Ingénieur.
Le lecteur pourra s’y reporter si nécessaire.
En dehors des ouvrages généraux [3] [4] [5], on pourra consulter les chapitres correspon-
dants de la référence [11].

7
6 5 Pore
2 3 4 intergranulaire
1

Grain poreux

Figure A – Processus élémentaires pour une interaction chimique catalytique


au sein d’un grain poreux

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____________________________________________________________________________________________________ PARTICULES POREUSES INTERACTIVES

Notations et symboles Notations et symboles

Symbole Unité Désignation Symbole Unité Désignation

(A L ) kg–1 nombre de sites actifs occupés x m variable d’espace du modèle


par le constituant A pseudo-homogène

Ce mole · m–3 concentration d’un constituant Φe fraction de résistance externe


dans la phase gazeuse externe
Φi critère de Thiele modifié
Ci mole · m–3 concentration d’un constituant
à la surface du grain de γi critère d’Arrhenius interne
catalyseur γ i = E /RT
C′ mole · m–3 concentration d’un constituant Φi ′ critère de Thiele interne
au sein du grain représenté
par le modèle Φe′ critère de Thiele externe
pseudo-homogène Φ∗′ critère de Thiele en phase
adsorbée
De m2 · s–1 diffusivité apparente d’un
constituant en phase gazeuse λe W · m–1 · K–1 conductibilité thermique
au sein du grain apparente du grain de
catalyseur
DA m2 · s–1 diffusivité apparente d’un ηe efficacité globale du grain de
constituant en phase adsorbée catalyseur
au sein du grain
ηi efficacité interne du grain de
catalyseur
E J · mole–1 énergie d’activation de la
constante de vitesse ρa kg · m–3 masse volumique apparente
du grain de catalyseur
h W · m–2 · K–1 coefficient de transfert de θe échauffement maximal
chaleur caractérisant le externe réduit
transfert convectif entre la
phase gazeuse et la surface du θi échauffement maximal
grain interne réduit

k mole · s–1 · (site)–1 constante de vitesse de la Nombres adimensionnels


réaction en phase adsorbée
pour une réaction d’ordre
cinétique 1 B iM nombre de Biot matière
B iM = k c L /D e
kc m · s–1 coefficient de transfert de B iT nombre de Biot thermique
matière caractérisant le B iT = h L / λ e
transfert convectif entre la
phase gazeuse et la surface du Pr nombre de Prandtl
grain Re nombre de Reynolds
kM m3 · s–1 · kg–1 constante de vitesse de la Sc nombre de Schmidt
réaction exprimée par unité de Sh nombre de Sherwood
masse du catalyseur pour une
réaction d’ordre cinétique 1 Pe nombre de Péclet

L m demi-épaisseur du modèle
pseudo-homogène du feuillet

(L) site · kg–1 nombre de sites actifs non


occupés par un constituant
1. Transformation catalytique
N mole · s–1 débit de réactif consommé au
à stœchiométrie unique
sein du catalyseur en conditions isothermes
R J · mole–1 · K–1 constante molaire des gaz

S m2 surface externe du grain de Nous nous plaçons dans le cas d’une réaction admettant la stœ-
catalyseur chiométrie suivante :

Te K température de la phase A→P (1)


gazeuse externe
dont la loi de vitesse par unité de masse de catalyseur est d’ordre
Ti K température de la surface du n par rapport au réactif A, soit :
grain de catalyseur

T′ K température au sein du grain r M = k (T ) C n (2)


de catalyseur
La particule de catalyseur étant représentée par un modèle
V m3 volume externe du grain de pseudo-homogène (cf. [J 1 091] § 2.2) (ici le modèle du feuillet de
catalyseur demi-épaisseur L = V /S ), en régime stationnaire et en l’absence

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Particules poreuses interactives


Interactions chimiques consommables
par André ZOULALIAN
Professeur à l’université Henri-Poincaré (Nancy II)
Docteur ès sciences
Docteur-ingénieur ENSIC (École nationale supérieure des industries chimiques de Nancy)

1. Transformation objet de la modélisation .......................................... J 1 094 - 3


2. Cas où le volume réactionnel et les propriétés
de transfert restent constants ............................................................. — 3
2.1 Modélisation ................................................................................................ — 3
2.2 Résolution numérique................................................................................. — 4
3. Cas où le volume réactionnel et/ou les propriétés
de transfert sont variables .................................................................... — 4
3.1 Cas où la transformation du solide réactif ne conduit
qu’à des produits gazeux ............................................................................ — 5
3.2 Cas où la transformation du solide réactif conduit à un produit solide
et à des produits gazeux ............................................................................. — 5
4. Étude de deux cas particuliers d’interactions
consommables .......................................................................................... — 7
4.1 Cas particulier de la première famille ........................................................ — 7
4.2 Cas particulier de la deuxième famille....................................................... — 7
5. Exemple d’application : combustion totale
d’une particule de charbon ................................................................... — 8
5.1 Énoncé .......................................................................................................... — 8
5.2 Solution ........................................................................................................ — 8
Références bibliographiques ......................................................................... — 10

es interactions chimiques dites « consommables » concernent toutes celles


L où une réaction chimique met en œuvre une phase solide qui se transforme
en phase fluide et/ou en une autre phase solide. Elles sont nombreuses au
niveau industriel. On peut citer les régénérations des catalyseurs solides, la dis-
solution réactive d’un solide, les nombreuses opérations de transformations
des industries minérales et sidérurgiques.
Au niveau de la particule solide, l’interaction consommable ne peut pas être
analysée par un seul modèle. On trouve, dans des ouvrages généraux, plu-
sieurs types de modèles adaptés aux interactions, mais ces modèles peuvent
être rassemblés en deux grandes familles, à savoir :
— la famille de modèles à volume réactionnel et à propriétés de transfert
constants ;
— la famille de modèles à volume réactionnel et/ou à propriétés de transfert
variables.
Pour la première famille, la modélisation de l’évolution de la particule est repré-
sentative des grandeurs réelles et une métrologie fine peut permettre de valider
les profils de température et composition observés au sein de la particule.
Pour la deuxième famille, l’objectif de la modélisation est de représenter au
mieux l’évolution macroscopique de la particule. Les simplifications
sous-jacentes des modèles ne permettent pas généralement de représenter au
mieux les profils de composition et de température au sein de la particule. En
revanche, le taux de transformation du réactif solide est bien estimé.
Dans ce dossier, nous allons présenter les analyses relatives à ces deux familles.
p。イオエゥッョ@Z@ェオゥョ@RPPW

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PARTICULES POREUSES INTERACTIVES ____________________________________________________________________________________________________

À l’issue de la description des modèles, nous appliquerons l’un des modèles


à la combustion d’une particule de charbon.
Les notions présentées dans ces dossiers se retrouvent dans de nombreux livres en langue
anglaise et française. On trouvera, dans la bibliographie, les principaux ouvrages en langue
anglaise [2] [3] [4] et en langue française [5] [6] sur lesquels s’appuient les exposés.
Ce dossier est le quatrième fascicule d’une série sur les particules poreuses. Le lecteur devra
donc se reporter, lorsqu’il le jugera nécessaire, à :
— [J 1 091] : Particules poreuses interactives. Morphologie et caractérisation ;
— [J 1 092] : Particules poreuses interactives. Interactions physiques d’absorption ;
— [J 1 093] : Particules poreuses interactives. Interactions chimiques catalytiques.

Notations et symboles Notations et symboles

Symbole Unité Désignation Symbole Unité Désignation

C mol · m–3 Concentration d’un constituant Te K Température de la phase gazeuse


gazeux externe
C ′, C ′′ mol · m–3 Concentration d’un constituant u m · s–1 Vitesse de la phase gazeuse
gazeux au sein de la particule externe
solide représentée par le modèle x m Variable d’espace du modèle
pseudo-homogène pseudo-homogène
Ci mol · m–3 Concentration d’un constituant X Taux de transformation
gazeux à la surface de la particule
ΔH J · mol–1 Variation d’enthalpie de la
Ce mol · m–3 Concentration d’un constituant réaction
gazeux dans la phase gazeuse
externe ε Porosité de la particule
Cp J· kg–1 · K–1 Capacité thermique massique ξ m Demi-épaisseur du feuillet où la
masse volumique du réactif solide
dp m Diamètre de la particule supposée n’est pas nulle
sphérique λ W · m–1 · K–1 Conductivité thermique de la
D m2 · s–1 Diffusivité d’un constituant dans phase gazeuse externe
une phase gazeuse λe W · m–1 · K–1 Conductivité thermique
De m2 · s–1 Diffusivité apparente d’un apparente de la particule
constituant gazeux au sein de la ρ kg · m–3 Masse volumique de la phase
particule gazeuse externe
E J · mol–1 Énergie d’activation de la ρa kg · m–3 Masse volumique apparente de la
constante de vitesse particule
h W · m–2 · K–1 Coefficient de transfert de chaleur ρB kg · m–3 Masse volumique apparente du
caractérisant le transfert convectif réactif solide
entre la phase gazeuse et la
surface de la particule νB Coefficient stœchiométrique
entre le réactif solide B et le réactif
k mol1/2 · s–1 · m–1/2 Constante de vitesse exprimée gazeux A
par unité de surface de réactif σ m2 · kg–1 Surface par unité de masse de la
solide pour une réaction d’ordre particule
cinétique 1/2 pour le réactif
gazeux μ Pa · s Viscosité de la phase gazeuse
kC m · s–1 Coefficient de transfert de matière τ Facteur de tortuosité de la
caractérisant le transfert convectif particule
entre la phase gazeuse et la Φe Fraction de résistance externe
surface de la particule
Φ i′ Critère de Thiele interne
ᐉ m Demi-épaisseur du modèle
pseudo-homogène du feuillet Φ e′ Critère de Thiele externe
M kg · mol–1 Masse molaire θe Échauffement maximal externe
réduit
r mol · s–1 · kg–1 Vitesse de la réaction par unité de θi Échauffement maximal interne
mol · s–1 · m–2 masse ou par unité de surface réduit
t s Temps
Nombres adimensionnels
T K Température des phases gazeuse
et solide
Pr Nombre de Prandtl (Pr = μCp /λ)
T ′, T ′′ K Température au sein de la
particule solide Re Nombre de Reynolds
(Re = ρud p /μ)
Ti K Température à la surface de la Sc Nombre de Schmidt (Sc = μ /ρD )
particule

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Unités de mesure SI

par Nicole LEGENT


Ingénieur du Conservatoire national des arts et métiers (CNAM)
Ingénieur en normalisation à l’Association française de normalisation (AFNOR)

1. Définitions générales .............................................................................. 23v2 — 2


2. Organismes responsables...................................................................... — 3
3. Système métrique .................................................................................... — 6
4. Système international d’unités SI ....................................................... — 7
5. Unités hors système ............................................................................... — 10
6. Définition des unités............................................................................... — 11
Pour en savoir plus ........................................................................................... Doc. 23v2

l’époque de la mondialisation, le système international d’unités, tel que


A nous le connaissons, paraît évident.
Ce dossier présente sa longue et intéressante histoire, vécue par des scienti-
fiques de renom, ses règles strictes et ses exceptions.
p。イオエゥッョ@Z@ェオゥャャ・エ@RPPV

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UNITÉS DE MESURE SI __________________________________________________________________________________________________________________

1. Définitions générales 1.5 Noms spéciaux

Les noms spéciaux sont les appellations de certaines unités déri-


1.1 Grandeur et unité vées (§ 1.15) adoptées par la Conférence générale des poids et
mesures (CGPM).

Une grandeur est l’attribut d’un phénomène, d’un corps ou d’une Exemple : le pascal est le nom spécial du newton par mètre carré.
substance, qui est susceptible d’être distingué qualitativement et
déterminé quantitativement. Ce terme grandeur peut se rapporter à
une grandeur dans un sens général, par exemple la longueur, le
temps, la masse, la résistance électrique, etc., ou à une grandeur 1.6 Système de grandeurs
particulière, par exemple la longueur d’une tige donnée, la résis-
tance électrique d’un échantillon donné de fil. Les grandeurs qui
peuvent être classées les unes par rapport aux autres en ordre crois-
sant (ou décroissant) sont appelées grandeurs de même nature. Un système de grandeurs est un ensemble de grandeurs (dans le
sens général) entre lesquelles il existe des relations définies. Il
L’unité de mesure est une grandeur particulière, définie et adop- s’applique à un domaine particulier, par exemple le système de
tée par convention, à laquelle on compare les autres grandeurs de grandeurs de la mécanique, ou à tous les domaines de la science et
même nature pour les exprimer quantitativement par rapport à cette de la technique.
grandeur.
Exemple : l’épaisseur, la circonférence et la longueur d’onde sont À un système de grandeurs donné, on fait habituellement corres-
des grandeurs de même nature ; leur unité SI de mesure (§ 4.2) est le pondre un système d’unités déterminé.
mètre.

1.7 Grandeurs de base


1.2 Métrologie et mesurage

La métrologie, qui est la science de la mesure, embrasse tous les Les grandeurs de base d’un système de grandeurs sont les gran-
aspects aussi bien théoriques que pratiques se rapportant aux deurs qui sont admises par convention comme étant fonctionnelle-
mesurages, quelle que soit l’incertitude de ceux-ci, dans quelque ment indépendantes les unes des autres.
domaine de la science et de la technologie que ce soit. Exemple : les grandeurs longueur, temps et masse sont générale-
Le mesurage est l’ensemble des opérations ayant pour but de ment prises comme grandeurs de base dans le domaine de la mécani-
déterminer la valeur d’une grandeur. que.

1.3 Étalon 1.8 Grandeurs dérivées

Un étalon est une mesure matérialisée, un appareil de mesure, un


matériau de référence ou un système de mesure destiné à définir, Les grandeurs dérivées d’un système de grandeurs sont les gran-
réaliser, conserver ou reproduire une unité ou une ou plusieurs deurs définies comme fonction des grandeurs de base de ce sys-
valeurs d’une grandeur pour servir de référence. tème.
Exemple : étalon de masse de 1 kg, étalon de fréquence à césium, Exemple : dans le système de grandeurs de la mécanique du
électrode de référence à hydrogène. paragraphe 1.7, où les grandeurs de base sont la longueur, la masse et
le temps, les grandeurs vitesse, force, pression, énergie, etc., sont des
grandeurs dérivées.

1.4 Symbole

Dans le domaine particulier des unités de mesure, un symbole est


1.9 Dimension d’une grandeur
un signe littéral conventionnel qui permet de représenter une gran-
deur ou une unité sous une forme simple.
Un symbole est généralement constitué d’une lettre, parfois La dimension d’une grandeur est l’expression qui représente une
d’une association de deux ou trois lettres, éventuellement avec un grandeur d’un système de grandeurs comme le produit de puissan-
indice. ces de facteurs représentatifs des grandeurs de base de ce système.

L’écriture des symboles est régie par des règles précises (§ 4.4.3). Exemple : dans le système de grandeurs de la mécanique du
La principale correspond à l’écriture des symboles de grandeurs en paragraphe 1.7 où les dimensions des grandeurs de base longueur,
italique et des symboles d’unités en droit. masse et temps sont représentées respectivement par L, M et T, la
dimension de la force est LMT−2.
Un symbole de grandeur ou d’unité ne doit pas être confondu
avec une abréviation ou un sigle.
Les unités de grandeurs qui ont la même dimension dans un sys-
Exemple : UA est le symbole de l’unité astronomique ; A est le tème donné peuvent avoir le même nom et le même symbole,
symbole de l’ampère. même si ces grandeurs ne sont pas de même nature.

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_________________________________________________________________________________________________________________ UNITÉS DE MESURE SI

1.10 Équation entre grandeurs 1.17 Multiple ou sous-multiple


d’une unité
Une équation entre grandeurs représente la relation fonctionnelle
entre ces grandeurs. Elle s’écrit en utilisant les symboles des gran- On appelle multiple (ou sous-multiple) d’une unité de mesure,
deurs. Elle est indépendante du choix des unités de mesure. une unité de mesure plus grande (plus petite) formée à partir d’une
unité donnée selon des conventions d’échelonnement.
Exemple : l’un des multiples décimaux du mètre est le kilomètre ;
1.11 Grandeur sans dimension l’un des sous-multiple non décimaux de l’heure est la seconde.

Une grandeur sans dimension est une grandeur dont l’expression


dimensionnelle en fonction des dimensions des grandeurs de base 1.18 Unité légale
d’un système donné présente tous ses exposants nuls. On dit aussi
grandeur de dimension un.
Une unité de mesure est dite légale lorsque son emploi est pres-
Exemple : dilatation linéique relative e = ∆ᐉ ⁄ ᐉ 0 .
crit par un texte réglementaire (par exemple, décret sur les unités).

1.12 Système d’unités (de mesure) 1.19 Unité hors système

Un système d’unités (de mesure) est l’ensemble des unités cor-


Une unité de mesure hors système est une unité de mesure qui
respondant aux grandeurs d’un système de grandeurs donné.
n’appartient pas à un système d’unités donné.
Exemple : système international d’unités, SI ; système CGS.
Exemple : le jour, l’heure, la minute sont des unités hors système
pour le SI.

1.13 Système cohérent d’unités


1.20 Valeur d’une grandeur,
Un système cohérent d’unités est un système d’unités où les rela- valeur numérique d’une grandeur
tions entre les unités et les relations entre les grandeurs correspon-
dantes présentent les mêmes facteurs de proportionnalité. Dans un
tel système, les unités sont dites cohérentes. La valeur d’une grandeur est l’expression quantitative d’une gran-
deur particulière, généralement sous la forme d’une unité de
Exemple : les unités suivantes (représentées par leurs symboles) mesure multipliée par un nombre. Ce nombre est appelé valeur
font partie du système cohérent d’unités de la mécanique dans le SI : numérique de la grandeur.
m ; kg ; s ; m2 ; m3 ; Hz = s−1 ; m · s−1 ; m · s−2.
— longueur d’une tige : 5,34 m ;
— masse d’un corps : 0,152 kg.

1.14 Unité de base

L’unité de mesure de base est l’unité de mesure d’une grandeur


2. Organismes responsables
de base dans un système donné de grandeurs.
Exemple : les 7 unités de base du SI (§ 4.2.1). La responsabilité du domaine des unités de mesure incombe, à
différents titres et à différents niveaux, à un certain nombre d’orga-
nismes chargés de définir ces unités, d’en établir la réglementation,
d’en contrôler l’application, d’en assurer la normalisation.
1.15 Unité dérivée
Ces organismes se situent au plan international, au plan européen
et au plan national.
L’unité de mesure dérivée est l’unité de mesure d’une grandeur
dérivée dans un système donné de grandeurs.
Exemple : mètre cube, newton, pascal qui sont respectivement les 2.1 Bureau international des poids
unités des grandeurs dérivées volume, force, pression dans le SI. et mesures (BIPM), CGPM, CIPM

1.16 Unité composée Le Bureau international des poids et mesures (BIPM) a été créé
par la Convention du mètre signée à Paris le 20 mai 1875 et il est
situé au Pavillon de Breteuil à Sèvres, France. Son entretien est
assuré à frais communs par les États membres de la Convention du
On appelle unité composée une unité dérivée qui n’a pas reçu de
mètre. En août 2005, 51 États étaient membres de cette Convention.
nom spécial.
Le BIPM a pour mission d’assurer l’unification mondiale des mesu-
Exemple : kilogramme-mètre par seconde. res physiques.

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UNITÉS DE MESURE SI __________________________________________________________________________________________________________________

Le BIPM fonctionne sous la surveillance exclusive du Comité Dans le domaine des unités de mesure, le comité technique ISO/
international des poids et mesures (CIPM) composé de scientifiques TC 12 Grandeurs, unités, symboles, facteurs de conversion et tables
appartenant à des États différents. de conversion a élaboré la norme ISO 31 qui comporte 14 parties et
Le CIPM est placé sous l’autorité de la Conférence générale des qui définit les grandeurs, unités et symboles par domaine techni-
poids et mesures (CGPM) formée des délégués de tous les États que.
membres de la Convention du mètre et qui se réunit actuellement Le comité technique ISO/TC 12 a également établi la norme
tous les 4 ans. Les responsabilités de la CGPM sont : ISO 1000 qui décrit le système international d’unités SI et donne les
— de prendre les mesures nécessaires pour assurer la propaga- règles d’emploi des multiples et sous-multiples.
tion et le perfectionnement du Système international d’unités (SI), 25 pays participent activement aux travaux de ce comité techni-
forme moderne du système métrique ; que dont le secrétariat est géré depuis 1982 par la Suède.
— de sanctionner les résultats des nouvelles déterminations
métrologiques fondamentales ;
— d’adopter les décisions importantes concernant l’organisation
et le développement du BIPM. 2.4 Commission électrotechnique
La 1reCGPM s’est réunie en 1889 ; la 22e
s’est tenue en 2003. Les internationale (IEC), IEC/CE 25
décisions de la CGPM font l’objet de résolutions [1] à [9].
Le CIPM a institué, depuis 1927, dix Comités consultatifs destinés La Commission électrotechnique internationale (IEC) a été fondée
à la renseigner sur des questions spécialisées et à lui proposer des en 1906. C’est l’autorité pour les normes mondiales en ingénierie
recommandations pour coordonner les travaux internationaux électrique et électronique. L’IEC est composée en 2005 de 52 pays
effectués dans leurs domaines respectifs. membres.
Le réseau des mesures dans le monde est constitué d’un tissu de Le comité d’étude 25 de l’IEC, IEC/TC 25, Grandeurs et unités et
plus en plus complexe d’accords et d’échanges officiels et non offi- leurs symboles littéraux, a pour objet de préparer les normes inter-
ciels. nationales sur les grandeurs et unités à utiliser en technologie élec-
La Convention du mètre, par l’intermédiaire de la Conférence trique. Pour ces grandeurs et unités, ces normes peuvent donner
générale des poids et mesures, du Comité international des poids et leurs définitions, noms, symboles littéraux et utilisation, les rela-
mesures et du BIPM, fournit la base formelle et physique des mesu- tions dans lesquelles elles apparaissent et les signes et symboles
res sur laquelle se fonde tout le reste de l’activité internationale en utilisés avec ces grandeurs et unités.
métrologie pratique. Publications : IEC 60027, Symboles littéraux à utiliser en électro-
technique, parties 1 à 4 et leurs amendements.

2.2 Organisation internationale


de métrologie légale (OIML), BIML, CIML 2.5 Union internationale de physique pure
et appliquée (UIPPA), SUN
L’Organisation internationale de métrologie légale (OIML) est fon-
dée sur une convention internationale établie en 1955. En août 2005, L’Union internationale de physique pure et appliquée (UIPPA) a
elle comprenait 18 comités techniques, 60 pays membres et 53 pays été créée en 1922 à Bruxelles. Parmi d’autres, ses objectifs sont de :
membres correspondants. Les principaux objectifs de cette organi- — stimuler la coopération internationale en physique ;
sation intergouvernementale sont : — promouvoir des accords internationaux sur l’utilisation des
— de déterminer les principes généraux de la métrologie légale ; symboles, unités, nomenclature et normes.
— d’étudier les problèmes de métrologie légale de caractère Dans chaque pays, l’UIPPA est représentée par un comité natio-
législatif et réglementaire ; nal. En 2005, le nombre de pays membres de l’UIPPA est de 48.
— d’établir des modèles de projets de lois et règlements pour les L’ Assemblée générale dirige les travaux de l’Union, nomme le
instruments de mesure. Comité exécutif et établit les commissions convenables pour le tra-
Les instances de cette organisation sont : vail de l’Union.
— Le Bureau international de métrologie légale (BIML), situé à En 1931, la Commission pour les symboles, les unités et la
Paris, France ; nomenclature (Commission SUN) a été créée pour promouvoir un
— le Comité international de métrologie légale (CIML) ; accord international et faire des recommandations internationales
— la Conférence internationale de métrologie légale avec un cer- dans le domaine des symboles, des unités et de la nomenclature. En
tain nombre de comités techniques (Secrétariats pilotes et Secréta- 1987, l’UIPPA a décidé de fondre la Commission SUN avec sa
riats rapporteurs). Commission des Masses Atomiques et Constantes Fondamentales.
La plus récente publication est le document IUPAP 25 (1987), Sym-
Alors que la CGPM (§ 2.1) traite essentiellement des domaines de bols, Units, Nomenclature and Fundamental Constants in Physics,
la métrologie scientifique, l’OIML traite des questions de métrologie publiée en 1987 et rédigée par la Commission SUN-AMCO.
pratique et légale.
L’OIML publie des recommandations internationales.
2.6 Union internationale de chimie pure
et appliquée (IUPAC)
2.3 Organisation internationale
de normalisation (ISO), ISO/TC 12
L’Union internationale de chimie pure et appliquée (IUPAC), fon-
dée en 1919, est le comité international qui représente la chimie
Créée en 1947, l’ISO regroupe (en 2005) 99 comités membres parmi les autres disciplines des sciences. Ses objectifs sont de :
(dont la France représentée par l’AFNOR) et 36 membres correspon- — promouvoir une coopération continue parmi les chimistes de
dants. Elle publie principalement des normes internationales. ses pays membres ;

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23v2 − 4 © Techniques de l’Ingénieur

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Unités légales et facteurs


de conversion

par Jean-Claude COURTIER


Ingénieur de l’École supérieure de physique et chimie industrielles (ESPCI)

1. Grandeurs, unités et symboles ............................................................. PE 24 - 1


2. Facteurs de conversion ........................................................................... — 13
Références bibliographiques .......................................................................... Doc. PE 24

ne unité de mesure est une grandeur particulière, choisie par convention


U pour pouvoir attribuer, par comparaison, des valeurs numériques à des
grandeurs de même nature.
Dans un système de grandeurs, lorsque les relations entre les unités sont les
mêmes que celles qui existent entre les grandeurs, on dit que le système d’uni-
tés ainsi formé est cohérent. C’est le cas pour le système international d’unités,
SI, pratiquement utilisé dans le monde entier et d’application légale en France.
Dans le passé, il n’en a pas toujours été ainsi. De très nombreuses unités, non
cohérentes, ont été utilisées. Certaines sont encore en usage, par exemple dans
le grand public aux États-Unis. C’est la raison pour laquelle le présent article
donne les facteurs de conversion pour les plus importantes unités hors SI, par-
fois encore utilisées.
En France même, quelques unités hors SI, souvent dans des domaines spécia-
lisés, peuvent légalement être utilisées. C’est le cas, par exemple, du carat métri-
que, dans le domaine des pierres précieuses, mais aussi de la minute, de l’heure,
du jour, dont l’usage continuera évidemment de subsister.
p。イオエゥッョ@Z@ュ。ゥ@QYYT

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© Techniques de l’Ingénieur, traité Analyse et Caractérisation PE 24 − 1

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_____________________________________________________________________________________________________________________________________

1. Grandeurs, unités Le tableau 1 indique uniquement les unités légales en France,


conformément aux décrets no 82-203 du 26 février 1982 et no 85-
et symboles 1600 du 31 décembre 1985 modifiant le décret no 61-501 du 3 mai
1961 modifié [1].

Tableau 1 – Unités légales


Multiples et sous-
Grandeurs Unités SI multiples décimaux Unités légales hors système
ayant un nom spécial

Sym-
Dimensions Noms et Valeurs
Noms boles Noms et symboles Noms et symboles Valeurs en SI (3)
(2) symboles en SI
(1)
Longueur , L mètre (m) mille (4) 1 852
Longueur d’onde λ L mètre (m)
Nombre d’onde σ L–1 mètre à la puissance
–1
moins un (m )
are (a) (5) 102
Aire, superficie A L2 mètre carré (m2)
hectare (ha) 104
GÉOMÉTRIE

Section efficace σ L2 mètre carré (m2) barn (b) 10–28


Volume V L3 mètre cube (m3) litre (L ou l) 10–3
tour (tr) 2π
grade (gon) π/200
Angle plan α A radian (rad) degré (o) π/180
minute (‘) π/10 800
seconde (‘’) π/648 000
Angle solide Ω Ω stéradian (sr)
Masse m M kilogramme (kg) tonne (t) 103 carat métrique (6) 2 × 10–4
unité de masse atomi-
Masse atomique ma M kilogramme (kg) que (u) 1,66054 × 10–27

Masse linéique ρ< L–1M kilogramme par mètre tex (tex)


(kg/m) 10–6
MASSE

kilogramme par mètre


Masse surfacique ρA L–2M 2
carré (kg/m )
ρ kilogramme par mètre
Masse volumique L–3M 3
cube (kg/m )

Volume massique v L3M–1 mètre cube par kilo-


3
gramme (m /kg)
ρB kilogramme par mètre
Concentration L–3M 3
cube (kg/m )
minute (min) 60
TEMPS

Temps t T seconde (s) heure (h) 3 600


jour (d) (7) 86 400
Fréquence f T–1 hertz (Hz)
(1) Les symboles des grandeurs sont ceux qui figurent dans les normes françaises.
(2) Les formules de dimensions sont établies à partir des grandeurs de base : longueur (L), masse (M), temps (T), intensité de courant électrique (I), température
thermodynamique (Θ), intensité lumineuse (J), quantité de matière (N), auxquelles sont ajoutées les grandeurs angle plan (A) et angle solide (Ω).
(3) Cf. norme X 02-051 [2]
(4) Ces unités sont uniquement utilisées pour les distances en navigation (maritime et aérienne).
(5) Ces unités ne sont utilisées que pour les surfaces agraires.
(6) Cette unité est utilisée dans le commerce des diamants, des perles fines et des pierres précieuses.
(7) Le symbole du jour est (d) sur le plan international, mais le symbole (j) est toléré en France.
(8) L’emploi du poise et du stockes devait être limité au 31 décembre 1985, le décret modificatif n’est pas (encore) paru.
(9) Cette unité est uniquement utilisée pour les pressions des fluides.
(10) Cette unité est uniquement utilisée pour la pression sanguine et la pression des fluides corporels.
(11) L’emploi des unités curie, rad et röntgen devait être limité au 31 décembre 1985, le décret modificatif n’est pas encore paru.

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PE 24 − 2 © Techniques de l’Ingénieur, traité Analyse et Caractérisation

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Classification périodique
des éléments

par Mireille DEFRANCESCHI


Agrégée de chimie
Docteur d’état en sciences physiques

1. Atomes, éléments et isotopes............................................................ 25v3 - 2


2. Grandeurs définissant les atomes et les éléments ...................... — 2
2.1 Nom et symbole ........................................................................................ — 2
2.2 Numéro atomique ..................................................................................... — 3
2.3 Nombre de masse ..................................................................................... — 3
2.4 Masse atomique ........................................................................................ — 3
2.5 Configuration électronique ....................................................................... — 3
2.6 Rayon atomique......................................................................................... — 4
2.7 Potentiel d’ionisation et affinité électronique ......................................... — 4
2.8 Degrés d’oxydation ................................................................................... — 5
2.9 Électronégativité ........................................................................................ — 5
3. Classification périodique des éléments .......................................... — 6
3.1 Classification historique............................................................................ — 6
3.2 Classification périodique actuelle ............................................................ — 6
3.3 Les cases .................................................................................................... — 6
4. Utilisations de la classification périodique.................................... — 7
4.1 Familles chimiques.................................................................................... — 7
4.2 Prévision du nombre de liaisons covalentes que peut établir un atome — 8
4.3 Prévision de la charge des anions et des cations ................................... — 8
4.4 Énergie d’ionisation................................................................................... — 8
4.5 Variation de l’électronégativité dans le tableau périodique .................. — 9
4.6 Caractère redox.......................................................................................... — 9
4.7 Points d’ébullition et de fusion................................................................. — 9
5. Conclusion ............................................................................................... — 9
Pour en savoir plus ........................................................................................... Doc. 25v3

onsidérant que les propriétés des éléments chimiques ne sont pas le fruit
C du hasard et qu’elles varient de façon périodique en fonction de la masse
atomique des éléments représentés, Dmitri Ivanovitch Mendeleïev (1834-1907)
décrivit entre 1869 et 1871 un tableau comportant huit colonnes, dans les-
quelles étaient rassemblés des éléments possédant des propriétés voisines
classés par ordre de masse atomique croissante de haut en bas et dix neuf
lignes dans lesquelles les éléments étaient répartis par masse atomique crois-
sante de gauche à droite. La disposition faisait que, dans une même colonne,
ne figuraient que des éléments de propriétés chimiques voisines.
Cette classification périodique est différente de celle utilisée aujourd’hui mais
similaire dans son principe : elle propose une classification systématique des élé-
ments chimiques étroitement liée à la périodicité de leurs propriétés chimiques.
Le tableau périodique a connu de nombreux réajustements depuis la fin du
XIXe siècle, il s’est enrichi d’éléments naturels inconnus à l’époque de
Mendeleïev – mais que Mendeleïev avait prévus en laissant des cases vides
dans son tableau –, d’éléments artificiels jusqu’à prendre la forme que nous lui
connaissons aujourd’hui. C’est un classement universel, qui s’est enrichi de
p。イオエゥッョ@Z@ュ。ゥ@RPQS

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CLASSIFICATION PÉRIODIQUE DES ÉLÉMENTS ___________________________________________________________________________________________

données physiques et auquel peuvent être rapportés tous les types de comportements physique et chimique des élé-
ments. Actuellement, sa forme standard comporte 118 éléments, allant de 1H à 118Uuo.
Dans le tableau des éléments sont fournies diverses grandeurs physiques et chimiques, qui sont caractéristiques de
l’élément. Ces grandeurs sont des valeurs de référence, c’est-à-dire qu’elles ont été normalisées par différentes organi-
sations, comme l’Union Internationale de Chimie Pure et Appliquée (UICPA), aussi désignée par son nom anglais
IUPAC, et le National Bureau of Standards (NBS) ou encore le Committee on Data for Science and Technology
(CODATA). Ces grandeurs sont détaillées dans la suite.

1. Atomes, éléments de traces) a un nombre de masse égal à 14. Ils sont respectivement
notés 136 C et 146 C .
et isotopes Parmi les 118 éléments observés, 90 éléments se rencontrent dans
le milieu naturel, ce sont tous les éléments de numéro atomique infé-
Un atome est la plus petite partie constitutive des composés chimi-
rieur ou égal à 92, hormis le technétium 43Tc et le prométhium 61Pm.
ques, pouvant se combiner chimiquement avec d’autres. Cette notion
Sur ces 90 éléments, seuls 80 ont au moins un isotope stable (non
d’atome, connue depuis l’Antiquité, est la base des sciences de la
radioactif), ce sont tous les éléments de numéro atomique inférieur
matière modernes et principalement de la chimie. Bien qu’en chimie,
l’atome soit considéré comme l’entité insécable de base, dans ou égal à 82, c’est-à-dire jusqu’au plomb 82Pb, hormis le technétium
43Tc et le prométhium 61Pm. Parmi ceux-ci, seuls 14 n’ont qu’un seul
d’autres domaines, il n’est plus toujours considéré comme tel, depuis
les expériences de physique nucléaire ayant mis en évidence sa struc- isotope stable (par exemple le fluor, constitué exclusivement de l’iso-
ture au début du XXe siècle. Un atome est constitué d’un noyau tope 19F), les 66 autres en ont au moins deux (par exemple le carbone
concentrant plus de 99,9 % de sa masse, autour duquel se distribuent
est composé à hauteur de 98,90 % de 126 C et 1,10 % de 136 C ). Il existe
des électrons pour former un nuage 40 000 fois plus étendu que le
en tout 256 isotopes stables connus des 80 éléments non radioactifs
noyau lui-même. Le noyau est constitué de protons, chargés positive-
et une vingtaine d’isotopes faiblement radioactifs présents dans le
ment, et de neutrons, électriquement neutres. Les électrons sont en
milieu naturel (parfois avec une période radioactive tellement grande
interaction avec le noyau, tandis que les nucléons sont maintenus
qu’elle en devient non mesurable), certains éléments ayant à eux
ensemble au sein du noyau par l’interaction nucléaire forte. Le nuage
seuls plus d’une demi-douzaine d’isotopes stables (par exemple,
électronique est distribué sur des niveaux d’énergie quantifiés autour
du noyau définissant des couches et des sous-couches électroniques. l’étain 50Sn en a dix, d’occurrences naturelles fort variables).
Plusieurs atomes peuvent établir des liaisons chimiques entre Tous les isotopes d’un même élément occupent la même case
eux grâce à leurs électrons et, d’une manière générale, les proprié- du tableau périodique.
tés chimiques des atomes sont déterminées par leur configuration Alors qu’un élément chimique ne peut pas se transformer en un
électronique, laquelle découle du nombre de protons de leur autre élément par une réaction chimique, un élément chimique
noyau. Ce nombre est appelé numéro atomique, il est noté Z. peut se transformer en un autre élément par une réaction
On appelle élément chimique, ou simplement élément, un nucléaire appelée transmutation.
atome ou un ensemble d’atomes et les ions monoatomiques dont
les noyaux ont le même nombre de protons. Les atomes étant
électriquement neutres, ils comptent autant d’électrons, chargés
négativement, que de protons, chargés positivement, de sorte que
2. Grandeurs définissant
le numéro atomique représente également le nombre d’électrons
des atomes d’un élément donné. Ce nombre Z est appelé le
les atomes et les éléments
numéro atomique de l’élément. Les propriétés chimiques sont
déterminées par la configuration électronique de l’atome, elles 2.1 Nom et symbole
dépendent directement du numéro atomique.
Les symboles sont pour la plupart arrêtés depuis longtemps,
Au total, 118 éléments chimiques ont été observés à ce jour, de sauf pour les éléments instables découverts récemment, pour les-
numéro atomique allant de 1 à 118. Un élément chimique ne peut quels l’IUPAC propose une nomenclature systématique. Cette
pas se transformer en un autre élément par une réaction chimique, nomenclature est doublée d’une symbolique à 3 lettres (une capi-
comme formulé pour la première fois par Lavoisier en 1789. tale et deux minuscules). À chaque chiffre (de 0 à 9) des unités du
Deux atomes dont le noyau contient le même nombre de pro- numéro atomique est attribué une lettre (0 = N comme Nil, 1 = U
tons mais un nombre différent de neutrons sont dits isotopes de comme Un...). À l’élément 103 est ainsi attribué le symbole Unt et
l’élément chimique défini par le nombre de protons de ces atomes. le nom unniltrium et au dernier élément connu (Z = 118) est attri-
Un atome est couramment désigné par son symbole chimique, bué le nom d’ununoctium, son symbole est Uuo. Les éléments de
complété par son nombre de masse A (égal au nombre de Z = 104 à 112 ont, en plus du symbole à 3 lettres, reçu des noms et
nucléons de l’atome) placé en haut et à gauche du symbole. Par donc des symboles chimiques, en suivant une recommandation de
exemple, le carbone 12 de nombre de masse A = 12 est noté 12C. 2002 de l’UICPA, qui préconise de nommer les nouveaux éléments
en référence à « un concept mythologique, un lieu, un pays, une
Il est d’usage de compléter cette écriture par le numéro atomique propriété ou un scientifique ». On a ainsi le rutherfordium (Z = 104,
Z, placé en bas et à gauche du symbole. Le carbone 12 est ainsi noté symbole Rf), le dubnium (Z = 105, symbole Db), le seaborgium
12 C . L’élément carbone a deux autres isotopes, le plus abondant
6 (Z = 106, symbole Sg), le bohrium (Z = 107, symbole Bh), le has-
(1,10 %) a un nombre de masse égal à 13 et l’autre isotope (à l’état sium (Z = 108, symbole Hn), le meitnerium (Z = 109, symbole Mt),

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____________________________________________________________________________________________ CLASSIFICATION PÉRIODIQUE DES ÉLÉMENTS

le darmstadtium (Z = 110, symbole Ds), le roentgenium (Z = 111, La masse atomique d’un type d’atome donné (c’est-à-dire d’un iso-
symbole Rg) et le copernicium (Z = 112, symbole Cn). tope précis) est définie par la masse d’une mole de tels atomes (la
Les éléments 114 et 116 viennent de recevoir un nom officiel, ils mole étant définie par le nombre d’atomes contenus dans 12,000... g
sont respectivement appelés Flerovium (symbole Fl) et Livermo- de carbone 12, soit N ≈ 6,02214179 × 1023 atomes). D’un point de vue
rium (symbole Lv). Ces noms viennent d’être formellement recon- pratique, on n’utilise quasiment jamais des isotopes purs lors de
nus, conjointement par l’IUPAC et l’IUPAP ; ils respectent la tradition réactions chimiques. On utilise les éléments chimiques en général.
en honorant le laboratoire Flerov (qui fait partie de l’institut de On définit donc la masse atomique d’un élément, c’est-à-dire celle du
recherches nucléaires de Dubna en Russie) où des éléments super- mélange isotopique constaté sur Terre. La masse atomique d’un élé-
lourds sont synthétisés. Georgiy N. Flerov (1913 – 1990) était un ment est égale à la somme du produit de la masse atomique des dif-
physicien de renom ayant contribué, entre autres, à la découverte férents isotopes, par leur abondance naturelle.
de la fission spontanée de l’uranium en 1940, et ayant plus générale- La masse atomique d’un élément chimique est ainsi la moyenne
ment travaillé en physique des ions lourds. Quant à l’élément 116, des masses atomiques de ses isotopes au prorata de leur présence
son nom honore le Lawrence Livermore National Laboratory (Cali- dans la nature. Ce choix offre un intérêt pratique évident : il per-
fornie), laboratoire dont les chercheurs ont œuvré dans de nom- met de calculer précisément les masses en jeu lorsqu’on considère
breux domaines de la physique nucléaire et ont plus des échantillons non purifiés de l’élément chimique, c’est-à-dire
particulièrement permis de fabriquer l’élément 116 en collaboration dans la situation expérimentale la plus courante.
avec le laboratoire de Dubna. Les recommandations sont publiées
Ainsi, la valeur du carbone n’est pas de 12 u comme l’on pour-
dans [1]. Dans ces conditions les noms de ununquadium et unun-
rait s’y attendre, mais un peu plus à cause de la présence du car-
hexium deviennent désuets. Notons de plus que la recherche se
bone 13 (1,1 %) et des traces de carbone 14.
concentre aujourd'hui sur les éléments 119 et 120, mais aucun labo-
ratoire n’est encore parvenu à mettre en évidence de tels éléments. De ce qui précède, on comprend qu’on ne peut définir de masse ato-
mique que pour les éléments dont on connaît la composition isotopi-
Nota : L’IUPAP est l’Union Internationale de Physique Pure et Appliquée (International
Union of Pure and Applied Physics).
que naturelle : à défaut d’une telle composition isotopique, on retient le
nombre de masse de l’isotope connu ayant la période radioactive la
plus longue, ce qu’on indique généralement en représentant la masse
2.2 Numéro atomique atomique obtenue entre parenthèses ou entre crochets (c’est le cas, par
exemple, du francium ou du polonium). Cette masse atomique est celle
Le numéro atomique d’un élément, noté Z (en référence à l’alle- portée dans les cases de la classification périodique.
mand Ordnungszahl), est égal au nombre de protons contenus
dans les noyaux des atomes de cet élément, mais aussi au nombre
d’électrons contenus par ces mêmes atomes. Les propriétés 2.5 Configuration électronique
chimiques d’un élément étant déterminées avant tout par sa
configuration électronique, on comprend que le numéro atomique L’ensemble des électrons d’un atome à plusieurs électrons
soit la caractéristique déterminante d’un élément chimique. s’organise en niveaux d’énergie, et cela de la même façon pour
Le numéro atomique définit entièrement un élément : connaître tous les atomes. Les électrons se répartissent, de façon indiscer-
le numéro atomique revient à connaître l’élément. Il est généra- nable, dans ces niveaux et seule leur organisation globale a un
lement omis avec les symboles chimiques, mais toujours présent sens. La configuration électronique d’un atome est la répartition
dans la classification périodique puisque c’est lui qui détermine des électrons sur les couches de différents niveaux d’énergie.
l’ordre de rangement des éléments. L’état d’un atome est défini par quatre nombres quantiques : n le
nombre quantique principal, ℓ le nombre quantique secondaire, m
le nombre quantique magnétique et s le nombre quantique de
2.3 Nombre de masse spin. Les cases quantiques (représentées par des carrés ou des
traits horizontaux) schématisent les orbitales qui contiennent les
Le nombre de masse d’un élément, noté A, est égal au nombre de électrons représentés par des flèches. Les niveaux énergétiques ne
nucléons (protons et neutrons) contenus dans les noyaux des atomes dépendent que des deux nombres quantiques n et ℓ .
de cet élément. Si tous les atomes d’un élément donné ont par défini-
tion le même nombre de protons, ils peuvent en revanche avoir des Chaque valeur de n définit une couche électronique, de sorte
nombres différents de neutrons, et donc des nombres de masse diffé- que tous les électrons possédant le même nombre n appartiennent
rents, ce qu’on appelle des isotopes. Le nombre de masse n’a généra- à la même couche. Les couches sont désignées par un symbole :
lement aucune incidence sur les propriétés chimiques des atomes,
car il n’affecte pas la configuration électronique ; un effet isotopique n = 1.......couche K
peut néanmoins être observé pour les atomes légers, c’est-à-dire le n = 2.......couche L
lithium 3Li, l’hélium 2He et surtout l’hydrogène 1H, car l’ajout ou le n = 3.......couche M
retrait d’un neutron dans le noyau de tels atomes entraîne une varia-
tion relative significative de la masse de l’atome, qui affecte la cinéti- n = 4.......couche N
que des réactions chimiques et l’intensité des liaisons chimiques. n = 5.......couche O
Pour les autres éléments, en revanche, le nombre de masse n’a prati- n = 6.......couche P
quement pas d’influence sur leurs propriétés chimiques.
n = 7.......couche Q
Le nombre de masse n’affectant pas les propriétés chimiques des
éléments, il est généralement omis avec les symboles chimiques, Chaque valeur de ℓ définit une sous-couche électronique. Des
sauf lorsqu’il s’agit de distinguer les isotopes d’un élément donné. électrons possédant à la fois la même valeur de n (appartenant
donc à la même couche) et la même valeur de ℓ appartiennent à
une même sous-couche. Les sous-couches sont également dési-
2.4 Masse atomique gnées par un symbole :

L’unité de masse atomique, u – éventuellement ua –, est définie ℓ = 0.......sous-couche s


comme étant exactement le douzième de la masse d’un atome de
12C, au repos, et pris dans son état fondamental : ℓ = 1.......sous-couche
ep
ℓ = 2.......sous-couche d
1 u ≈ 1,660538921 (73) × 10−27 kg ℓ = 3.......sous-couche f

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