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IDEX SANTE

SFE2
EDUCATION A LA VIE FAMILIALE (E.V.F)

Chapitre 5: LES AVORTEMENTS PROVOQUES CLANDESTINS

INTRODUCTION
Les avortements provoqués clandestins sont devenus un phénomène de
société non négligeable dans nos communautés. Lorsqu’elles
tombent enceinte, certaines jeunes filles recourent vers ces pratiques pour
diverses raisons. Dans la plupart des cas, ces avortements se font dans des
conditions précaires en empêchant le développement vital de l’embryon ou
du fœtus dans le but de l’éliminer. Cette pratique a des conséquences
néfastes sur la vie des femmes et certaines peuvent y trouver la mort.
I. DEFINITION
L’avortement provoqué clandestin est défini comme une intervention visant
à interrompre une grossesse, effectuée généralement par des personnes
n’ayant pas les compétences nécessaires, souvent pratiquée dans un
environnement non conforme aux standards minimum.
C’est aussi toute interruption de grossesse effectuée en dehors du
cadre légal défini par le pays de résidence de la femme.
II. LES CAUSES ET FACTEURS FAVORISANTS
Les principales causes sont les grossesses précoces, non désirées ou non
planifiées. Parmi les facteurs favorisants on peut noter :
 La faible pratique de l’utilisation des méthodes contraceptives
 L’augmentation de la population sexuellement active surtout chez les
jeunes
 Le manque d’éducation à la santé sexuelle et reproductive
 L’infidélité ou le multi partenariat sexuel
 La crainte liée à la réaction des membres de la famille
 La stigmatisation sociale contre les grossesses hors mariage

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 Le manque de moyens pour subvenir aux besoins liés à la prise en charge
de l’enfant
 La pression personnelle ou du partenaire sexuel
 Le refus de la maternité précoce ou même de la paternité
 La peur de devenir mère et d’abandon des études ou d’une formation
 Les mariages tardifs et les tentations liées au célibat

III. LES METHODES DANGEREUSES D’AVORTEMENTS


Les méthodes dangereuses d’avortement provoqué clandestin sont variées
et incluent l’utilisation de produits chimiques, d’objets perçants et de
plantes. Elles consistent à :
 S’enfoncer dans le vagin ou dans l’utérus, des objets perçants et pointus.
 S’introduire des plantes ou des produits dans le vagin ou l’utérus, ou d’en
avaler.
 S’injecter dans le vagin et l’utérus, ou avaler des produits chimiques.
 Avaler de grandes quantités de médicaments.
 Se porter des coups sur le ventre, le bander très serré, faire des exercices
physiques très violents.
Toutes ces méthodes sont dangereuses et même souvent mortelles. De
plus, elles sont parfois sans effet.
IV. LES RISQUES ET COMPLICATIONS
1. Sur le plan médical
Les signes de complication apparaissent généralement quelques temps
après l’avortement.
On note :
 Les infections : Elles peuvent être locales, limitées à l’utérus ou
envahir tout l’abdomen (péritonite). Elles sont à l’origine de la
majorité des cas de décès dû à l’APC.
 Les avortements incomplets : Ils ont lieu lorsque la personne qui
pratique les APC ne connaît pas très bien l’anatomie féminine ou ne
dispose pas des instruments adéquats pour mesurer la profondeur
de l’utérus.

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 Les saignements importants ou hémorragies utérines : Ils
peuvent survenir si l’avortement est fait au cours du second
trimestre. Ils peuvent aussi être causés par un avortement incomplet
ou par des déchirures de l’utérus.
 Les déchirures dans les parois de l’utérus : Elles sont
provoquées par les raclements effectués avec la curette ou par
l’introduction d’objets perçants.
 Les lésions de l’appareil génital et des organes internes : Elles
sont causées par l’insertion d’objets dangereux, comme des
baguettes, des aiguilles à tricoter ou du verre pilé, dans les parties
génitales.
 L’inflammation du col de l’utérus et des trompes qui peut
entraîner la stérilité.
D’autres complications sont aussi possibles :
 Une septicémie, une anémie et un tétanos
 Une perforation intestinale,
 Une réaction toxique aux médicaments utilisés.
 Des maladies inflammatoires pelviennes chroniques;
 Une infertilité;
 Des troubles hormonaux;
 Un impact de l'avortement sur la grossesse future;
 Une augmentation du risque de cancer.
NB : Les complications sont parfois si graves qu’elles peuvent entrainer la
mort si on n’intervient pas très rapidement.
2. Sur le plan psychologique
On évoque des conséquences possibles sur ce plan à savoir, les
traumatisme psychologiques et réactions négatives de la société.
On peut noter aussi :
 Des troubles mentaux ou dépressions ;
 La peur, la culpabilité ;
 L’insomnie, et les cauchemars ;
 L’irritabilité et le stress ;
 La névrose et les sautes d'humeur fréquentes ;

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 Des pensées suicidaires ;
 L’instabilité et le sentiment d’être perdue.
NB : Ces conséquences morales ou psychologiques sont appelés
syndrome post-avortement et peuvent nuire à la santé générale: peut
apparaître maux de tête, des palpitations cardiaques, diminution ou une
augmentation de la pression artérielle, des problèmes avec le système
digestif et d'autres.
REMARQUE : Il existe parfois des conséquences sociales et économiques,
notamment l’abandon scolaire, le rejet familial et possibilité d’être
stigmatisée. Il s’y ajouté aussi l’emprisonnement de la victime ou de ses
complices et les dépenses énormes pour la famille.

V. PENALISATION DE L’IVG
 Article 305 du CP :
« Quiconque, par aliments, breuvages, médicaments, manœuvres,
violences, ou par tout autre moyen, aura procuré ou tenté de procurer
l’avortement d’une femme enceinte, qu’elle y ait consenti ou non, sera puni
d’un emprisonnement d’un an à cinq ans et d’une amende de 20.000 à
100.000 francs. […] »
« Sera punie d’un emprisonnement de six mois à deux ans et d’une amende
de 20 000 à 100 000 francs, la femme qui se sera procurée l’avortement à
elle-même ou aura tenté de se le procurer, ou qui aura consenti à faire
usage des moyens à elle indiqués ou administrés à cet effet »
 Article 305 alinéa 4
« Les médecins, les pharmaciens et toute personne exerçant une
profession médicale, paramédicale ainsi que les étudiants en médecine, les
étudiants ou employés en pharmacie, herboristes, bandagistes, marchands
d’instruments de chirurgie, qui auront indiqué, favorisé ou pratiqué les
moyens de procurer l’avortement, seront condamnés aux peines prévues
aux alinéas premier et second du présent article »
VI. PREVENTION
On peut éviter les avortements provoqués à risque par:
 L’abstinence de tous rapports sexuels hors mariage

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 L’éducation sexuelle de qualité surtout envers les adolescents et
jeunes;
 La lutte contre les grossesses non désirées au moyen d’une
contraception efficace;
 La sensibilisation par les paires ou au niveau communautaire ;
 L’adoption d’une sexualité saine et responsable permettant de
s’assumer en cas de grossesse.
REMARQUE : Au Sénégal l’interruption volontaire de grossesse est
interdite formellement sauf l’lorsqu’elle est autorisée par la loi. En aucun cas
elle ne saurait être considérée comme une méthode contraceptive.

CONCLUSION
Généralement réalisés dans des conditions sanitaires dangereuses, les
avortements clandestins sont le facteur déterminant de graves
complications et même d'une forte mortalité féminine dans de nombreux
pays. Ils sont le plus souvent pratiqués en dehors des structures adaptées
ou par des praticiens n'ayant pas les compétences requises et des millions
de femmes en gardent des séquelles.

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