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L'Essentiel de La Gestion de Projet - Ed13
L'Essentiel de La Gestion de Projet - Ed13
L’essentiel
un point actualisé
Sommaire
Gestion
de l’ENSAE, est l’auteur de nombreux ouvrages - L e domaine du projet
universitaires. -S ituer le projet dans l’entreprise
Méthodes et organisation
- L e triangle d’or du projet
- L a relation « client-fournisseur »
- L es structures organisationnelles
- L e cycle de vie d’un projet
de projet
Public - L ’organigramme technique
- L e planning projet
- Étudiants des cursus universitaires - L ’analyse des coûts d’un projet
de gestion et des IAE - L a maîtrise des risques du projet
- Étudiants des écoles de commerce et - L es réunions et la communication
d’ingénieurs de groupe
- L es outils classiques de la qualité
- Étudiants en Sciences de gestion et
- L e tableau de bord projet
en Sciences économiques
R. Aïm
- Responsables et chefs de projet
2019 2020
Prix : 15,50 e
ISBN 978-2-297-09039-1
www.gualino.fr
Roger Aïm
L’essentiel
de la
Gestion
de projet
13e édition
2019 2020
Cette collection de livres présente de manière synthétique,
Les rigoureuse et pratique l’ensemble des connaissances que
CARRés l’étudiant doit posséder sur le sujet traité. Elle couvre :
......... – le Droit et la Science Politique ;
– les Sciences économiques ;
– les Sciences de gestion ;
– les concours de la Fonction publique.
Roger Aïm, ingénieur diplômé de l’ESTACA et de l’ENSAE, est l’auteur de nombreux ouvrages
universitaires. Il a effectué toute sa carrière dans l’industrie aéronautique et spatiale et a
enseigné la gestion de projet à l’IUP de management des entreprises de l’université de Nice
Sophia Antipolis.
Ce livre est conçu pour être un outil pédagogique traitant, dans un ouvrage unique, les
« fondamentaux » de la conduite d’un grand projet industriel. Il est architecturé en deux
grandes parties et quinze chapitres. Il consacre la première partie, à l’analyse du concept
de projet et à son émergence historique et économique de la Renaissance italienne
à nos jours et, la seconde partie, à l’ensemble des méthodes proprement dites de
gestion et d’organisation couvrant les principes de base, mais aussi, la maîtrise des
risques, la conduite de réunion ou encore la réalisation d’un tableau de bord.
En fin d’ouvrage, un index franco-anglais des termes fondamentaux de la gestion de
projet a été intégré ; il a pour principal objectif de s’assurer du bon usage d’un mot, d’une
expression ou d’un sigle.
Préface
La démarche de management de projet permet de répondre aux exigences de compétitivité
des entreprises, et de s’adapter aux évolutions du marché, dans un environnement de plus
en plus complexe et incertain. Elle concerne de nombreuses entreprises, aux tailles et aux
domaines d’activité multiples et variés.
La gestion de projet impose, en effet, le respect d’un certain nombre de modèles théoriques
et de méthodes d’organisation qui exigent des outils communs : outils normalisés de planifi-
cation, de contrôle et d’ordonnancement, outils de management et de communication.
Cet ouvrage fournit les informations essentielles pour tout responsable de projet. Il s’adresse
donc, aussi bien aux étudiants en écoles de management et en écoles d’ingénieurs qui souhai-
tent se familiariser avec cette discipline, qu’aux professionnels de toutes les spécialités qui
veulent prendre du recul quant à la pratique de leur activité et la mise en œuvre de leurs projets.
La démarche originale de l’auteur porte, principalement, sur une approche historique de la
gestion de projet, remontant bien avant les années 1960 : l’idée de projet est aussi vieille
que l’activité humaine ! Cette évolution de la gestion de projet retracée au cours du temps
met l’accent sur l’émergence de nouvelles technologies et leurs répercussions sur les modes
de management de projet.
De plus, l’auteur combine habilement une approche pragmatique, liée à son expérience
professionnelle acquise dans ce domaine, à une vision théorique résultant de ses enseigne-
ments universitaires dans cette discipline.
PRÉSENTATION 5
Fournir toutes les clés méthodologiques pour faire face à la complexité des projets
et s’adapter à leur changement, c’est ce que propose l’auteur dans cet ouvrage d’une
grande clarté pédagogique.
Présentation 3
PARTIE 1
Le concept de projet
SOMMAIRE
41
1 – Le projet et l’entreprise leader dans son marché 41
2 – Le projet et l’entreprise « conglomérale » 42
3 – Le projet fédère des entreprises 42
4 – Le projet est confondu avec l’entreprise 43
5 – Le projet d’entreprise 43
PARTIE 2
Méthodes et organisation
SOMMAIRE
Le développement ou phase « C » 68
■ La série ou phase « D » 68
■ L’exploitation ou phase « E » 69
■ Le démantèlement ou phase « F » 69
■ Tableau de synthèse d’enchaînement des phases d’un projet 70
3 – Les revues 70
■ Revue de Projet 70
■ Définition 70
■ Principe 71
■ Les trois phases de déroulement d’une revue 72
■ Les grandes revues 73
■ Synthèse du cycle de vie d’un projet 74
■ Cycle « créativité – savoir » 74
4 – Cycle de vie économique d’un produit 75
■ Définition 75
■ Analyse stratégique 76
SOMMAIRE
101
1 – Définition de l’AMDEC 101
2 – Mise en œuvre de la méthodologie 102
■ La phase d’identification des risques 102
■ La phase d’évaluation des risques 103
■ Traitement des risques 105
■ Gestion des risques 106
SOMMAIRE
124
■ Présentation 124
■ Principe 124
■ Réalisation 124
11 – La méthode de « Metaplan® » 125
■ Présentation 125
■ Principe 125
■ Réalisation 125
12 – Tableau de synthèse 125
La gestion de projet est une démarche méthodologique qui a été introduite structurellement dans l’entreprise
à partir du milieu du XXe siècle pour conduire à bonne fin des grands projets. On admet que son origine date
de la Renaissance italienne et qu’elle ne cessera dès lors de s’enrichir et de s‘adapter aux réalités économi-
ques et technologiques.
« Le chemin est long du projet à la chose. » Molière
1 Architectes et ingénieurs
■ Méthodologie de l’anticipation
En revenant au style de l’Antiquité, avec des projets de plus en plus élaborés et complexes (retour
de la symétrie, des proportions...), l’architecture de la Renaissance exige des changements. Elle
renonce donc aux chantiers médiévaux qui étaient improvisés et aux exploits des maîtres maçons
du Moyen Âge utilisant de simples schémas et ignorant tout du concept de projet pour, désor-
mais, aborder un nouveau mode de fonctionnement et laisser la place à l’architecte (architecte et
ingénieur seront souvent synonymes jusqu’au XVIIIe siècle), le « donneur de dessin » qui concevra de
vrais projets.
Jean-Pierre Boutinet, au sujet des conduites d’anticipation qui caractérisent la notion même de
projet, écrit : « Malgré tout, le projet n’est pas n’importe quelle forme d’anticipation. Il constitue
au contraire une forme typique de la culture moderne en associant deux moments de l’activité de
création, le moment de la conception, le moment de la réalisation » (extrait Psychologie des
conduites à projet, PUF, collection « Que sais-je ? », page 9).
20 L’ESSENTIEL DE LA GESTION DE PROJET
Ces deux moments fondamentaux ont une origine historique qui se situe au XVe siècle à Florence
et qu’il convient d’expliciter pour comprendre le concept même de projet.
La construction de la coupole de la cathédrale de Florence, Santa Maria del Fiore, est l’illustration
de ce profond changement. Sa réalisation est un immense projet qui représenta, au début du
e
XV siècle pour Florence, toute son ambition : une ville ouverte sur le monde.
Une des premières mentions faites à son sujet est de Léon Battista Alberti qui cite : « érigée contre
le ciel, si vaste qu’elle couvre de son ombre tous les peuples toscans, faite sans l’aide de poutres »
(extrait de L’encyclopédie de l’art, 1997, Éditions de la Martinière, page 217).
Arnolfo del Cambio commença le chantier de la cathédrale en 1296. L’édifice fut modifié à de
nombreuses reprises et achevé par la construction de sa coupole en 1434.
Revenons à la problématique de sa construction.
Elle concerne la réalisation de la voûte de cette immense coupole. Celle-ci devant s’élever sur un
tambour octogonal, aucune solution technique n’a encore été trouvée en ce début du XIVe siècle.
Florence doit alors se résigner à arrêter le chantier en 1367.
On est alors confronté aux limites du « pouvoir technologique » de l’époque. Le chantier béant de
la cathédrale reste inachevé et silencieux pendant de longues années.
Il faudra attendre la naissance de Filippo Brunelleschi en 1377 et, plus précisément l’année 1409,
pour que ce problème posé par la réalisation de la voûte de la coupole passionne cet homme, lui,
qui sera l’un des plus grands architectes du Quattrocento, créateur d’un art nouveau. Il lancera les
bases de l’architecture de la Renaissance. Également reconnu comme étant le plus important
théoricien de la perspective, il décide de relever ce défi en y consacrant une grande partie de son
existence.
Remportant en 1418 le concours, il défendra une solution technique audacieuse permettant de
construire la coupole sans l’aide de cintres. L’encyclopédie de l’art, concernant sa construction,
indique : « Cette structure à double coque, avec son appareillage en arête de poisson, permettait
à la voûte de se soutenir toute seule, au fur et à mesure qu’on allait vers la lanterne ».
On notera que la réalisation technique de la coupole, considérée comme l’un des plus haut fait de
l’ingénierie de la Renaissance, n’a toujours pas livré tous ses secrets.
Il attendra 1423 pour être chargé de sa construction.
Pour mettre en œuvre son projet, Filippo Brunelleschi va grâce aux lois de la perspective, montrer
la conception de son projet, l’œuvre à venir, et séparer clairement :
– la phase de conception : le projet ;
– et la phase de réalisation : la mise en œuvre.
CHAPITRE 1 – Introduction historique et économique 21
Il faut donc attendre la fin du Moyen Âge et l‘avènement de projets architecturaux complexes
fondés sur des principes esthétiques supérieurs, pour remettre en cause les méthodes habituelles
de travail fondées sur la « responsabilité collective ». Filippo Brunelleschi introduit la méthodologie
de l’anticipation de l’œuvre à venir définie du point de vue linguistique par le terme de disegno,
qui se décompose en :
– disegno interno (dessein – conception) ;
– disegno externo (dessin – réalisation).
Le projet, « la pensée », se disjoint donc de la réalisation, « le faire ». On passe du dessein au
dessin. Cette méthodologie de l’anticipation prônée par Filippo Brunelleschi n’est pas qu’un tour-
nant fondamental d’ordre technique mais aussi d’ordre social car, de fait, il scinde socialement :
– les acteurs des métiers liés à la conception la « pensée » ;
– des acteurs métiers liés à la réalisation le « faire ». L’organisation des tâches par métier se met
en place. Ces nouvelles bases annoncent une structuration rationnelle de la conduite d’un
projet. Dès lors, on pourra se tourner vers la conception de systèmes complexes.
mis au service de la cité, notamment dans les moyens de transport maritime (ingénieur de la
marine, 1732) et fluvial, dans le développement des voies terrestres (ingénieur des ponts et chaus-
sées, 1747) et surtout dans le domaine militaire.
Sous l’Ancien Régime, les ingénieurs sont des agents du roi. À partir de 1602, la qualité « d’ingé-
nieur du Roi » est attachée à la fonction d’ingénieur. Vauban, à qui l’on doit les « forts Vauban »,
reçoit son brevet d’ingénieur du roi et devient « ingénieur militaire responsable des fortifications »,
en 1655, à l’âge de 22 ans.
Une ambitieuse politique scientifique sera développée, sous Louis XIV, par Colbert avec :
– l’Académie Royale des Sciences, fondée en 1666, qui rassemble les plus grands savants
de France et d’Europe et dont le programme est totalement associé aux grands projets
de Colbert ;
– l’Observatoire de Paris créé en 1667 et ;
– l’Académie d’architecture en 1671.
Des illustres écoles d’ingénieurs seront créées :
– sous Louis XV, en 1747, l’École des ponts et chaussée ;
– sous Louis XVI, en 1783, l’École des mines ;
– sous la Convention, en 1794, l’École polytechnique.
Au XXe siècle, les grands projets trouvent un cadre institutionnel en France :
– en 1939, avec le CNRS (Centre national de la recherche scientifique) ;
– après la Seconde Guerre mondiale, en 1945 avec le CEA (Commissariat à l’énergie atomique) ;
– en 1961 avec le CNES (Centre national d’études spatiales).
En Europe, dans le domaine spatial, avec l’Agence spatiale européenne (ESA) qui verra le jour le
20 septembre 1973. Le lancement, dès les années 1950, des grands projets dans les domaines :
spatiaux, aéronautiques, nucléaire, BTP... a nécessité d’avoir une approche structurée et codifiée
de la gestion de projet.
■ L’interchangeabilité
Au XVe siècle, Johannes Gutenberg (1400-1468), inventeur vers 1440 des caractères mobiles
d’imprimerie en plomb interchangeables, préfigure, en Europe, le concept de l’inter-
changeabilité des pièces.
Aux États-Unis, au XVIIIe siècle, Eli Whitney, utilisant ce même principe de l’interchangeabilité des
pièces, invente la machine à égrener le coton (1793) qui sépare les fibres des graines et des brin-
dilles. On estime que son rendement pouvait être cinquante fois supérieur au travail à la main. On
assiste alors à une véritable révolution dans l’industrie du coton américain qui permet de méca-
niser la filature du coton et rendre ainsi abordable un article de luxe trop cher pour être populaire.
Cette invention rend donc possible la vente de cette précieuse fibre.
La fabrication à grande échelle de machines-outils, au milieu XVIIIe siècle, permet de réaliser un
travail de précision et ouvre définitivement la voie à la fabrication de pièces interchangeables qui
fait passer la production du stade artisanal au stade industriel.
■ Le Colbertisme
Au XVIIe siècle, Jean-Baptiste Colbert (1619-1683) développe pendant vingt ans une nouvelle
économie commerciale. Le Roi présidera un nouveau conseil, le conseil de commerce,
(septembre 1664).
Étatiste, sa pensée économique est le mercantilisme qui est la première doctrine économique
rationnelle de recherche de l’enrichissement mesuré par l’accumulation de métaux précieux (or et
argent). L’État contrôle tout (les procédés de fabrication et les normes de qualité). Pour Colbert, le
rétablissement du commerce intérieur de la France, qui était désastreux, passe par la vente de
produits manufacturés de qualité. Colbert encouragera donc, avec conviction et de fortes
incitations, la création de manufactures Royales. En matière de commerce extérieur, il fera cons-
truire une flotte marchande et militaire et développera considérablement les capacités portuaires.
Les compagnies commerciales maritimes se développeront et feront concurrence à celles des
Pays-Bas. Les compagnies Françaises qui naîtront seront : la compagnie des Indes Occidentales
(1664), la compagnie des Indes Orientales (1664), la compagnie du Nord (1669), la compagnie
du Levant (1670).
On est au début de l’ère industrielle, Colbert instaure la qualité, le contrôle qualité et des normes
qualité jugées parfois très sévères. Pour exporter, et être compétitif, il recherchera l’excellence des
produits manufacturés, en étant très soucieux des procédés de fabrication et de la réglementation.
Le règlement général pour la draperie, édicté en 1669, a été complété jusqu’en 1681 par des
24 L’ESSENTIEL DE LA GESTION DE PROJET
■ La division du travail
Au XVIIIe siècle, les travaux de l’Économiste écossais, Adam Smith (1723-1790) introduisent le
concept de la division du travail qui permet un accroissement de la productivité en spécialisant
les activités. La division du travail est, selon lui, la source de la richesse. Père de l’économie
moderne, et de l’école libérale, Adam Smith prône le développement de l’industrie. Son œuvre
maîtresse est The Wealth of Nations (1776). Il rejette le mercantilisme et les idées de l’école
physiocratique qui voient la terre comme la seule source de richesse. La « main invisible » est une
expression célèbre d’Adam Smith qui vise à faire du marché l’unique régulateur de la vie
économique.
Il fait partie du courant de pensée économique classique qui n’est pas pour une intervention de
l’État dans l’économie. L’État doit se limiter aux trois fonctions régaliennes : justice – sécurité –
défense.
■ L’industrialisation
James Watt (1736-1819) met au point la machine à vapeur. Cette invention rend possible l’indus-
trialisation moderne. C’est le début du machinisme. Le pouvoir multiplicateur de la machine
permet donc de passer de la production artisanale à la production de série. La machine à vapeur
remplace définitivement la roue hydraulique et permet l’industrialisation de différents secteurs
économiques : mines, métallurgie, minoterie, filatures...
CHAPITRE 1 – Introduction historique et économique 25
■ Le Taylorisme
Fin du XIXe siècle : Frederic Winslow Taylor (1856-1915) pionnier du management scientifique est le
créateur de l’organisation scientifique du travail (OST). Il formalise sa pensée dans ses livres Shop
Management (1904) et dans The Principles of Scientific Management (1911). Il associe la science
à l’industrie et fait passer l’industrie, de l’improvisation à une structuration rationnelle de la
production en observant trois principes :
– la division verticale du travail : séparation du travail intellectuel de conception des ingénieurs
qui organisent la production et attribuent pour chacune des tâches une durée standard du
travail d’exécution des ouvriers qui doivent appliquer les consignes spécifiées. On codifie donc
le travail par des instructions qui sont données par la hiérarchie à des exécutants ;
– la division horizontale du travail : c’est la parcellisation des tâches. On attribue à chaque
opérateur une tâche élémentaire. On décompose ainsi le travail en gestes élémentaires en
supprimant les gestes inutiles et on introduit le chronométrage ;
– le salaire au rendement : le caractère aliénant du travail de l’ouvrier ne peut être compensé
que par l’argent qui est dans ces conditions, la seule motivation. Le chronométrage déterminera
la rémunération (boni).
Frederic Winslow Taylor a codifié le monde de la production industrielle par une démarche scienti-
fique et rationnelle.
■ Le Fayolisme
Jules Henri Fayol (1841-1925), ingénieur de l’École des Mines de Saint-Étienne, est considéré
comme le père de l’école classique du management et de l’organisation de l’entreprise.
Théoricien du management, il a d’abord été reconnu aux États-Unis pour ses travaux relatifs à
l’organisation, l’administration et la gestion des entreprises ; puis il a été « réimporté » en France,
après la Seconde Guerre mondiale, par des consultants d’outre-atlantique.
Il décomposera l’entreprise en six fonctions fondamentales à savoir :
– technique ;
– commerciale ;
– comptable ;
– financière ;
– sécurité ;
– administrative.
26 L’ESSENTIEL DE LA GESTION DE PROJET
Ses travaux de recherche portent sur la fonction administrative. Son ouvrage Administration indus-
trielle et générale (1916) est le résultat d’un demi-siècle d’expérience dans la conduite des affaires.
Il développe les bases d’une théorie générale du management moderne : la doctrine administrative
qui repose sur cinq fonctions clés du management moderne à savoir :
– le commandement ;
– le contrôle ;
– l’organisation ;
– la prévision ;
– la coordination.
Le chef d’entreprise sera aidé dans la conduite de ses affaires par un État-Major et par « un outil-
lage administratif » (outils de gestion).
En analysant la fonction administrative, J.-H. Fayol recommande dans les relations hiérarchiques : la
souplesse, l’adaptabilité permanente et la mesure, l’une des principales qualités de l’administra-
teur, aujourd’hui du manager.
Ses recherches ont été reprises dans les années 1930 par de nombreux théoriciens dont Elton
Mayo (1880-1949). Les travaux de celui-ci sont à l’origine du « mouvement des relations
humaines ». E. Mayo déduit de ses expérimentations l’importance des phénomènes affectifs dans
le travail et l’importance du climat psychologique sur le comportement des travailleurs.
La pensée de ce mouvement repose sur trois idées :
– besoin d’appartenance des individus à un groupe ;
– rôle reconnu de l’individu dans la marche de l’entreprise ;
– rôle de l’environnement et des avantages matériels permettant à l’individu de s’épanouir et de
s’intégrer dans l’entreprise.
On peut faire un lien avec Abraham Maslow (1908-1970), psychologue, qui, après des études sur
le comportement humain de 1939 à 1943, définit une hiérarchisation des besoins humains.
Un besoin supérieur ne peut apparaître que lorsque les besoins inférieurs sont comblés, c’est la
pyramide des besoins de Maslow. En partant de la base de la pyramide, se superposent :
– les besoins physiologiques (faim, soif, sommeil...) ;
– les besoins de sécurité (protection, ordre...) ;
– les besoins sociaux (appartenance à un groupe, affection...) ;
– les besoins d’estime (réussite, reconnaissance...) ;
– les besoins de réalisation de soi (créativité, développement personnel...).
CHAPITRE 1 – Introduction historique et économique 27
■ Le Fordisme
Situé au début des années 1910, Henri Ford (1863-1947) met en œuvre, dans ses usines, la
production intensive en appliquant et en développant l’OST qui le conduit à la mise en œuvre de
la chaîne continue (l’ouvrier reste à un poste fixe et les produits réalisés se déplacent). Le
Fordisme, grâce au travail à la chaîne, a permis un mode de croissance économique fondé sur
la production de masse et la consommation de masse. La croissance des pays occidentaux,
des années 1945 à 1975, appelées les « Trente glorieuses », a reposé sur ce modèle économique
qui, en redistribuant, en partie, les gains de productivité réalisés sous forme de gains de pouvoir
d’achat, a permis de stimuler l’offre et la demande.
■ Le Toyotisme
Situé au début des années 1950. L’élimination totale des gaspillages est l’idée force du
système Toyota dont le père est Taïchi Ohno (1912-1992). Contrairement au Fordisme où l’on
consomme ce qui a été produit, avec le Toyotisme, on produit ce que le consommateur
demande, on produit donc à la demande. Dans ce type d’organisation du travail à flux tendu,
l’aval de la production commande l’amont. Le principe du juste à temps répond à cinq exigences
les « cinq zéros » :
Zéro stock, Zéro délai, Zéro défaut, Zéro panne, Zéro papier.
Le Toyotisme est une réponse au Taylorisme et au Fordisme qui veut offrir un plus grand intérêt au
travail en supprimant les chaînes de montage.
■ Le concept de projet
Le concept de projet se formalisera entre 1930 et 1980 pour aboutir, après trois grandes étapes
majeures, à une méthodologie codifiée.
La première étape couvre les années 1930 à 1950 avec le développement des grands projets étati-
ques d’industrialisation tels que : les grands projets militaires et aéronautiques, les grands projets
d’infrastructure (autoroutiers, ponts, barrages...), qui n’auront pas été soumis à d’exigeantes
contraintes de coûts. Au cours de cette étape, les ingénieurs appliqueront des techniques de
gestion de projet qui ne sortiront pas du cadre de leur entreprise. Processus internes de savoir-
faire des entreprises, ces méthodes ne seront ni diffusées ni standardisées.
La deuxième étape se situe au milieu des années 1950. En 1954, la société Du Pont de Nemours
créera la méthode graphique CPM (Critical Path Method) qui offre une visualisation des liaisons
entre les tâches, les coûts et les délais. En 1957, l’US Navy développera, dans le cadre du
programme Polaris, le PERT (Program Evaluation Review Technic) qui sera l’un des outils phare de
28 L’ESSENTIEL DE LA GESTION DE PROJET
la planification de projet. Dès les années 1960, la gestion de projet se structurera avec la création
d’associations professionnelles, comme le PMI (Project Management Institute créé aux États-Unis
en 1969), qui diffuseront largement des méthodes et des outils. Un modèle universel de manage-
ment de projet est donc proposé. Fondé sur une méthodologie rigoureuse, des procédures norma-
lisées, des contrôles périodiques, ce modèle de gestion offre un langage projet commun à tous les
acteurs. On assiste alors à une codification de la gestion de projet et à une large diffusion des
méthodes.
La troisième étape correspond aux années 1980. Les méthodes de gestion de projet seront géné-
ralisées et appliquées à tous les secteurs d’activité dont celui des services, comme une réponse aux
exigences de qualité et de prix des produits. La fabrication faisant de plus en plus appel à de
multiples fournisseurs et nécessitant une forte coordination doit cependant intégrer dans ses
processus des objectifs contraignants de délais et de coûts. On assiste alors au développement de
nombreux logiciels spécialisés de planification, d’ordonnancement, de gestion de la documenta-
tion et de la configuration et de découpage technique et financier des tâches.
numériques, il n’y a pas de liberté des capitaux ; sans Internet, pas de transfert sans contraintes
des technologies » (extrait de Ce monde qui vient, 2004, Grasset, page 83).
L’entreprise rentre donc dans l’ère de la nouvelle économie, l’e-économie, par l’intégration dans
son fonctionnement quotidien des NTIC (Nouvelles Technologies de l’Information et de la
Communication) qui ont révolutionné une partie des modèles de développement des grandes
entreprises mondiales.
La déréglementation de grands secteurs clés de l’économie a favorisé la globalisation de l’éco-
nomie et a permis des mouvements de délocalisations industrielles à la recherche de coûts de
production toujours de plus en plus faibles.
■ Gouvernance d’entreprise
Il s’agit d’une mutation d’ordre institutionnel de l’entreprise relative aux dispositifs de direction,
d’incitation et de contrôle, mise en œuvre dans les sociétés anonymes.
La gouvernance d’entreprise est la traduction de l’expression « corporate governance ». Ce
concept est associé à la surveillance économique, financière, morale et éthique de l’entreprise.
« L’organisation du pouvoir au sein d’une société ou d’une entreprise visant à un meilleur équilibre
entre les instances de direction, les instances de contrôle et les actionnaires ou sociétaires », est la
définition de la gouvernance d’entreprise retenue par la Commission spécialisée de terminologie et
de néologie en matière économique et financière du ministère de l’Économie, des Finances et de
l’Industrie.
En France, deux dispositifs légaux ont été instaurés en matière de gouvernement d’entreprise : la
loi relative aux nouvelles régulations économiques (loi NRE) du 15 mai 2001, et la loi de sécurité
financière (LSF) du 1er août 2003. Ces textes présentent des dispositions de base visant à la trans-
parence et à l’éthique dans l’entreprise.
Les normes ISO 14001 et ISO 14004, qui définissent les spécifications permettant la mise en
œuvre de systèmes de management environnemental (SME), donneront les moyens à l’entreprise
d’atteindre « l’excellence environnementale ».
Avec l’intégration du management environnemental dans son mode de fonctionnement, l’entre-
prise s’ouvre sur l’extérieur, sur la société. C’est l’entreprise citoyenne. Christian Thudéroz définit
l’entreprise comme un « ensemble articulé de trois sous – systèmes autonomes : le système
productif, le système organisationnel et le système institutionnel, en interaction étroite avec un
écosystème, l’environnement de l’entreprise ».
CHAPITRE 1 – Introduction historique et économique 31
Le mot projet conceptualise l’aventure humaine. Il sous-tend un potentiel d’ambitions et d’espoirs. Dès qu’il
est évoqué, il est une promesse de réussite qui nous projette dans un futur organisé, construit, où le risque
« géré » permet de mieux maîtriser l’avenir et non de le subir.
« Le projet est le brouillon de l’avenir. Parfois il faut à l’avenir des centaines de brouillon. » Jules Renard
Notre société postindustrielle, qui est une « société à projets » a fait le choix, en ce début de
e
XXI siècle, pour relever les nombreux défis du monde à venir, d’adopter une démarche de projet.
Si le mot projet est naturellement associé au monde de l’entreprise et aux grandes réalisations
architecturales et industrielles, il est aussi utilisé dans toutes les sphères de la société : politique,
juridique, scientifique, environnementale, sportive, artistique, médiatique, éducative.
On attendra le XVIIIe siècle, avec la philosophie des Lumières pour que le mot « projet » prenne un
nouvel essor et plus tard à la Révolution, pour qu’il se spécialise dans le domaine du droit et de la
politique : projet de décret (1789) et projet de loi (1792).
Au XXe siècle, Jean-Paul Sartre est le philosophe qui définira l’homme comme projet : « L’homme
n’est rien d’autre que son projet, il n’existe que dans la mesure où il se réalise, il n’est donc rien
d’autre que l’ensemble de ses actes, rien d’autre que sa vie » (extrait L’existentialisme est un
humanisme, 1968, Éd. Nagel, p. 55).
Jean-Bertrand Pontalis, philosophe, qui a Sartre comme Professeur écrira : « [...] il me faut des
projets, même si le plus souvent ils ne se réalisent pas, pour que le présent ne risque pas d’être
immobile » (extrait En marge des jours, Folio, nº 3922, p. 93).
– 1470 : idée que l’on met en avant ;
– 1529 : dessin qui représente un plan ;
– 1545 : éléments architecturaux jetés en avant ;
– 1789 : application au droit et à la politique ;
– 1950 : le mot couvre à la fois le plan et l’exécution du plan.
2 Parcours étymologique
Le mot « projet » vient du latin projectum de « projicere » qui signifie « jeter en avant ». Le préfixe
pro signifie ce qui précède dans le temps et marque l’antériorité temporelle. Le mot « projet »,
initialement ne se rapportait qu’à l’intention de faire, à un plan et non à l’exécution dudit plan.
Ce qui est réalisé selon un projet, selon un plan est un « objet ». On considère qu’il faut attendre
le milieu du XXe siècle pour que le sens du mot « projet » se fige dans son acception actuelle et
qu’il représente à la fois le projet et la réalisation de l’objet.
Le mot « problème » qui vient du grec « proballein », de « pro » (devant) et de « ballein » (jeter),
signifie aussi « jeter devant », « jeter en avant ».
L’origine grecque de problème « jeter en avant » a donc la même signification que l’origine latine
de projet « jeter en avant ».
1 Programme
La terminologie de grand programme ou de programme sous-tend un ensemble de projets ou une
famille de projets. On parle de programme nucléaire, de programme ferroviaire, de programme
autoroutier ou de programme spatial...
Un programme est donc un ensemble de projets. Le chef de programme regroupe sous son auto-
rité des chefs de projet.
2 Affaire
La notion d’affaire a une connotation économique. Elle associe au projet les engagements
contractuels liant le client à l’entreprise. Le terme affaire intègre : la réponse à l’appel d’offres, la
phase de négociation, la réalisation du projet et la phase d’exploitation opérationnelle.
38 L’ESSENTIEL DE LA GESTION DE PROJET
3 Projet
■ Projet : « ouvrage »
Le projet dit « ouvrage » est relatif à un projet unique ou non récurrent qui s’adresse à un client
unique (en cela il s’oppose au projet produit). Le projet « ouvrage » est à rapprocher du « hard
project » qui existe par lui-même et qui est un bien livrable. On est souvent, dans ce cas, dans le
domaine du projet architectural qui s’inscrit dans la durée : un ouvrage d’art (pont, tunnel,
autoroute...), un bâtiment (bibliothèque, musée...).
■ Projet : « organisationnel »
On opposera à la notion de « hard project » le « soft project » qui caractérise notamment le projet
organisationnel dont la notion de livrable est moins tangible à savoir : la numérotation à 10 chiffres,
le passage à l’an 2000, l’organisation des jeux olympiques, le changement de règle comptable...
■ Projet : « de société »
La notion de projet de société s’adresse à des valeurs de référence qui engagent la société sur un long
terme. On citera : le passage à l’euro, le projet de Constitution européenne ou encore un projet politique.
■ Projet : « produit »
Le projet dit « produit » est relatif à un projet qui sera réalisé en plusieurs exemplaires ou en série.
C’est un projet dit récurrent qui s’adresse à plusieurs clients. On est souvent, dans ce cas, dans le
domaine industriel du produit qui suit un cycle (introduction, expansion, maturité et déclin). Il est
donc par nature éphémère : avions, automobiles, ordinateurs, médicaments, parfums...
On peut caractériser les trois familles de projet comme suit :
4 Produit
Le produit est un sous-ensemble du projet. Un projet comprend plusieurs produits. Le chef de
projet regroupe sous son autorité des chefs de produit.
5 Sous-produit
Le sous-produit est un sous-ensemble du produit. Un produit comprend plusieurs sous-produits.
6 Gestion de projet
La gestion de projet est la terminologie utilisée pour caractériser l’ensemble des outils de gestion
qui doivent être mis à la disposition du groupe de projet pour conduire le projet, en termes :
– de performances techniques ;
– de contrôle des coûts ;
– de qualité ;
– de maîtrise des délais.
La gestion de projet est une approche méthodologique qui permet au chef de projet de piloter le
projet en ayant à tout instant la meilleure visibilité de l’avancement du projet et de ses points
critiques.
7 Direction de projet
La direction de projet a pour mission de donner des objectifs et de fournir les moyens associés
pour mettre en œuvre le projet. Ces objectifs sont d’ordre :
– stratégiques ;
– politiques ;
– organisationnels ;
– humains.
40 L’ESSENTIEL DE LA GESTION DE PROJET
8 Management de projet
Le management de projet regroupe :
– la gestion de projet, tel que définie au § 4 ;
– et la direction de projet, telle que définie au § 5.
Lorsque l’on évoque la gestion de projet, on cible le projet en tant que tel, et les méthodes associées à sa
réalisation. On ne peut ignorer l’entreprise et son rapport indissociable au projet. La relation qui existe entre
le projet et l’entreprise peut prendre plusieurs formes. Nous les examinerons dans ce chapitre.
5 Le projet d’entreprise
Le dernier cas se situe, en interne, à l’intérieur même du périmètre de l’entreprise. En effet, l’entre-
prise pour faire aboutir un changement interne, aura recours à une démarche de projet dite projet
d’entreprise. La communication est le moteur de cette démarche. Elle ne se limitera pas à une
simple campagne d’information interne, mais à une réflexion et une implication de l’ensemble des
salariés. Dans ce cas, la relation « client-fournisseur » s’établira comme suit : le client est la direction
générale qui désigne, en interne, un chef de projet qui devient son fournisseur.
44 L’ESSENTIEL DE LA GESTION DE PROJET
Projet
Entreprise Entreprise Projet confondu Projet
Leader Conglomérale Fédérateur avec d’entreprise
l’entreprise
Relation
Projet- Forte Faible Forte Existentielle Structurelle
Entreprise
Nombre de
Peu Nombreux Unique Unique Unique
projets
Enjeux Maintenir une Implication
Coordination Coordination
position L’innovation interne du
des projets des entreprises
dominante personnel
● Conglomérat ● Monoculture
● Innovation ● Fédérateur
● Coordination ● Projet d’entreprise
● Leader ● Gestion des interfaces
● Diversifié ● Start-up
Méthodes PARTIE
et organisation 2
Les trois paramètres PCD (Performance – Coûts – Délais), qui caractérisent le projet, permettent de piloter le
projet pour le déclarer, in fine, conforme aux objectifs contractuels et au cahier des charges. On est dans
une approche industrielle et économique de la réussite du projet. On ne doit pas ignorer dans cette démarche
industrielle que la réelle réussite d’un projet est la satisfaction du client final, l’utilisateur de cette réalisation.
1 Triptyque PCD
Le triptyque – performance, coûts, délais – caractérise le projet.
La réussite du projet passe par la maîtrise de ces trois paramètres indissociables qui seront quanti-
fiés et traduits en objectifs à tous les niveaux de responsabilité du projet (système, sous-système et
produits). Ils seront déclinés vers les responsables qui devront, sur toute la durée du projet, les
analyser, à partir d’indicateurs pertinents, pour prendre les mesures de management qui s’impo-
sent dans une démarche d’anticipation.
Cette approche peut être assimilée à l’approche de la « qualité globale » qui réunit :
– P : la qualité technique et technologique (performance) ;
– C : la qualité financière (maîtrise des coûts) ;
– D : la qualité temporelle (maîtrise des délais).
48 L’ESSENTIEL DE LA GESTION DE PROJET
On peut envisager, entre ces deux cas, une multitude de situations possibles.
On retiendra les deux cas les plus courants.
L’opposé de la « qualité » est la « non-qualité » qui représente un coût qui s’avère généralement
plus coûteux que de « faire bien » du premier coup. Le coût de la non-qualité est d’autant plus
important qu’il est détecté tardivement dans le cycle de vie du projet. Le juste équilibre permettant
d’éliminer au maximum la non-qualité en y consacrant un budget raisonnable est toujours difficile
à trouver. La courbe, ci-contre, montre bien cet équilibre entre la « non-qualité » qui est coûteuse
et la « sur-qualité » qui est coûteuse et inutile. La qualité dite acceptable est entre ces extrêmes.
● Client ● Qualité
● Cycle de vie ● Qualité financière
● Délais ● Qualité globale
● Objectifs contractuels ● Qualité technique
● Performance ● Qualité temporelle
La relation « client- Chapitre
6
fournisseur »
Dans un projet, la relation « client-fournisseur » reste essentielle et doit être clairement identifiée pour répartir
les rôles et les responsabilités de chacun. Ce chapitre illustrera cette relation au niveau de l’organisation indus-
trielle du projet, au niveau de la qualité d’un produit ou d’un service, et au niveau contractuel.
1 L’organisation industrielle
L’organisation industrielle d’un projet illustre la relation « client-fournisseur » qui repose sur deux
entités principales :
– le maître d’ouvrage (MOA) ;
– le maître d’œuvre (MOE).
au maître d’œuvre afin de respecter les objectifs de performance, de coûts et de délais contrac-
tuels » (Dictionnaire de la qualité, 2003, AFNOR, page 110).
Le maître d’ouvrage désigne le maître d’œuvre. N’ayant pas toujours les compétences techniques
nécessaires, il pourra faire appel à un architecte industriel qui l’assistera pour les aspects techni-
ques et l’orientera vers les industriels pouvant réaliser le projet. Une structure de contrôle (comité
MOA) est mise en place pour vérifier le bon déroulement du projet et pour rendre compte au
client.
Cette structure est représentée par un directeur de projet.
Le directeur de projet :
– suit l’avancement des travaux lors des revues de projet ;
– assure le contrôle financier du projet ;
– vérifie la conformité vis-à-vis des besoins exprimés ;
– informe le client.
■ La sous-traitance
L’entreprise chargée du projet (MOE) réalise tout ou partie du projet. Dans le cas où elle ne réali-
serait pas toutes les tâches, elle pourra faire appel à des sociétés de sous-traitances qui exécute-
ront, sur plans, les travaux confiés avec leurs propres procédés.
56 L’ESSENTIEL DE LA GESTION DE PROJET
La boucle qualité qui mesure la satisfaction du client et la performance du fournisseur illustre aussi
dans le domaine de la qualité une relation « client-fournisseur » :
– la mesure de la performance du fournisseur ou mesure de l’efficacité des processus (l’entreprise)
est traduite par la mesure de l’écart entre la qualité réalisée et la qualité voulue ;
– la mesure de la satisfaction du client est traduite par la mesure de l’écart entre la qualité atten-
due et la qualité perçue.
CHAPITRE 6 – La relation « client-fournisseur » 57
■ Marché au forfait
Ce type de marché correspond à une obligation de résultat. Il concerne les projets qui répondent
aux caractéristiques suivantes.
a) Caractéristiques économiques
– engagement ferme du titulaire ;
– prix maintenu sur toute la durée du marché (non révisable) ;
– renégociation possible avec accord du client si les clauses du marché d’origine sont modifiées.
b) Caractéristiques techniques
– produit récurrent ;
– technique maîtrisée.
58 L’ESSENTIEL DE LA GESTION DE PROJET
■ Marché en régie
Ce type de marché correspond à une obligation de moyens. Il concerne les projets qui répondent
aux caractéristiques suivantes.
a) Caractéristiques économiques
– coût objectif ;
– contrôle des dépenses exercé par le client ;
– paiement sur justificatifs ;
– dépassement autorisé si justifié.
b) Caractéristiques techniques
– produit nouveau ;
– modèle unique.
L’organisation de l’entreprise n’est pas immuable. Elle évolue par nécessité en fonction de contraintes externes et
internes à l’entreprise. Nous nous attacherons, dans ce chapitre, à décrire les trois grandes structures d’organisa-
tion des entreprises, dont la structure matricielle qui est la structure la plus adaptée à la réalisation des projets.
« La raison d’être d’une organisation est de permettre à des gens ordinaires de faire des choses extraordi-
naires. » Peter Drucker
2 La structure fonctionnelle
La structure fonctionnelle s’est développée au début du XXe siècle. Elle répond au souhait d’orga-
niser l’entreprise par « fonction ». Les fonctions (ressources humaines, achats, fabrications,
études...) caractérisent les activités de l’entreprise et sont complémentaires entre elles.
60 L’ESSENTIEL DE LA GESTION DE PROJET
3 La structure divisionnelle
La structure divisionnelle s’est développée au début des années 1920. Elle répond aux limites de la
structure fonctionnelle en permettant d’organiser l’entreprise par « division », ce qui consiste à
réaliser son découpage en : produits, marchés ou en zones géographiques. Chacune des divisions
dispose de moyens humains et matériels nécessaires pour assurer son autonomie (responsabilité
opérationnelle au sein de la division). La coordination des divisions est assurée par le siège de
l’entreprise (responsabilité stratégique de l’entreprise). Chaque division est considérée comme un
centre de profit ayant à sa tête un « chef d’entreprise » qui reçoit des objectifs de performance
(prise de commandes, chiffre d’affaires, résultat, etc.) de la direction générale.
4 La structure matricielle
■ Principe
Le principe de la structure matricielle s’est développé au cours de la Seconde Guerre mondiale.
Elle répond au souhait de réaliser des projets limités dans le temps (début-fin) et qui sont soumis
à des évolutions (modifications). Pour répondre à ces exigences d’adaptabilité propre à l’essence
même des projets (bâtiment, travaux publics, aéronautique...), l’entreprise utilisera simultanément
les caractéristiques de la structure fonctionnelle (axe métier) et les caractéristiques de la structure
divisionnelle par produit (axe projet). Elle permet, en associant la structure verticale « axe des
métiers » et la structure transverse « axe des projets », de réaliser des projets, en série ou en paral-
lèle, en mettant à la disposition des projets (par détachement de personnels) les ressources métiers
(compétences) nécessaires au bon déroulement du projet pour une durée déterminée.
■ Fonctionnement
Lors du démarrage d’un projet, une concertation a lieu entre le chef de projet et les services fonc-
tionnels pour mettre en place l’équipe projet. Une évaluation des besoins et des compétences est
réalisée (spécialités, nombre de personnes nécessaires, durée des missions...) afin de détacher pour
une durée déterminée les spécialistes nécessaires au développement du projet concerné.
Comme le montre la figure, ci-dessous : les différents services (axe métiers) détachent des spécia-
listes vers les différents projets (axe projet). Les effectifs détachés réintégreront, en fin de projet,
leur service d’origine.
62 L’ESSENTIEL DE LA GESTION DE PROJET
■ Axe métier
L’axe « métier » est l’axe des compétences. Les responsables métiers ont une responsabilité hiérar-
chique de chef de département ou de service qui les engage vis-à-vis :
– de la formation des personnels (maintien et développement des compétences) ;
– de la gestion des effectifs (gestion des carrières...) ;
– de la gestion des charges (adaptation charges/effectifs) ;
– des moyens (investissements...).
CHAPITRE 7 – Les structures organisationnelles 63
■ Axe projet
L’axe « projet » est l’axe de la mise en œuvre du projet. Les chefs de projet ont une responsabilité
opérationnelle qui les engage vis-à-vis :
– du client (organisation des revues...) ;
– de l’entreprise (par délégation) ;
– du management du groupe projet ;
– de la performance technique (cahier des charges...) ;
– de la qualité (normes, procédures...) ;
– de la maîtrise des délais (planning, chemin critique...) ;
– de la tenue des coûts (suivi des dépenses...).
■ Avantages – Inconvénients
La structure matricielle est reconnue pour son efficacité, notamment en termes de gestion des
charges. Elle présente une difficulté en termes d’unicité de commandement en raison de la
double hiérarchie (métiers-projet).
a) Avantages
– Offrir une grande réactivité vers le client.
– Faire circuler l’information.
– Favoriser la communication.
– Responsabiliser l’ensemble des acteurs du projet.
– Adapter des besoins aux charges.
– Valoriser les métiers projet.
b) Inconvénients
Selon Pascal Charpentier, « Les organisations matricielles présentent l’inconvénient de remettre en
cause le principe d’unicité de commandement. La double hiérarchie (responsable fonctionnel, chef
de projet) risque de fragiliser l’organisation. Ce handicap est minimisé lorsque les projets ont une
durée de vie limitée » (Les cahiers français, Management et organisation des entreprises nº 287,
1998).
– Conflit potentiel entre les deux structures (métiers-projet).
64 L’ESSENTIEL DE LA GESTION DE PROJET
– Le personnel détaché dans les projets ne doit pas être « oublié » par sa structure d’origine
(progression en termes d’évolution de carrière...).
– Le personnel détaché doit rester informé (information générale, possibilité de formation...).
Ce chapitre est consacré au cycle de vie d’un projet qui s’étend de sa conception jusqu’à sa fin d’exploitation.
Il est fractionné en plusieurs phases ou étapes qui répondent chacune à des objectifs précis validés par des
revues. Nous ferons, en fin de chapitre, un lien entre les phases d’un projet et le cycle « créativité – savoir »
et nous décrirons le cycle type de vie économique d’un produit.
1 Définition
Cycle de vie : « Organisation logique des activités qui jalonnent la vie d’un produit, depuis l’idée
qu’on en a eue ou l’identification du besoin jusqu’à son obsolescence ou son arrêt d’utilisation »
(extrait Dictionnaire de la qualité, 2003, AFNOR, page 49).
2 Les phases
■ Principe
Décomposer le projet en plusieurs phases ou en plusieurs étapes est l’approche adoptée et la plus
cohérente pour réaliser un projet. En segmentant le cycle de vie d’un projet, on segmente les
risques.
En effet, dans cette approche, les risques potentiels, qu’ils soient d’ordre technique, économique
ou programmatique, pourront être identifiés et traités dans la phase concernée et le plus en
amont possible vis-à-vis de la date de livraison du projet.
66 L’ESSENTIEL DE LA GESTION DE PROJET
■ La faisabilité ou phase « A »
C’est une phase itérative qui a pour but d’étudier plusieurs solutions ou concepts techniques
dont la faisabilité devra être démontrée. On profitera de cette phase pour évaluer les risques, et
faire un état des points critiques par solution. On estimera également, pour chaque solution, les
performances, les coûts et les délais.
Remarque : la phase compétitive, lorsqu’elle existe, se situe dans la phase A. Elle permet à l’en-
treprise de répondre à un appel d’offres. Une équipe dédiée est désignée pour conduire cette
phase et pour élaborer une proposition technique et financière. La direction, après analyse des
différentes solutions, fera le choix de l’offre « contractuelle » qui sera remise au client. La phase
compétitive suit les étapes suivantes.
CHAPITRE 8 – Le cycle de vie d’un projet 67
68 L’ESSENTIEL DE LA GESTION DE PROJET
■ Le projet ou phase « B »
C’est une phase de définition préliminaire. On n’est plus dans une phase itérative, on fige la
solution choisie parmi toutes les solutions proposées en phase A.
On établira :
– l’organigramme technique ;
– le planning ;
– la logique de développement du projet ;
– le plan qualité ;
– les spécifications techniques de besoin.
On consultera les fournisseurs (politique industrielle).
■ Le développement ou phase « C »
C’est une phase de définition détaillée et de qualification de la solution retenue. On est dans la
phase industrielle de développement.
On devra :
– choisir les industriels ;
– lancer les approvisionnements ;
– réaliser des prototypes ;
– faire des essais élémentaires de faisabilité et de mise au point ;
– faire des essais fonctionnels ;
– finaliser les spécifications de besoin ;
– finaliser les clauses techniques et qualité ;
– finaliser les dossiers de définition ;
– finaliser les dossiers de fabrication et de contrôle.
■ La série ou phase « D »
C’est la phase de réalisation, d’intégration et d’acceptation des exemplaires de série.
On mettra en place :
– les procédures de gestion des évolutions techniques ;
– les procédures de dérogations ;
CHAPITRE 8 – Le cycle de vie d’un projet 69
■ L’exploitation ou phase « E »
On est dans la phase utilisateur. Les produits livrés sont en phase opérationnelle. Les utilisateurs
sont formés. L’industriel devra mettre en place une structure industrielle permettant :
– le transfert de responsabilité ;
– la traçabilité des exemplaires livrés ;
– le service après-vente ;
– la maintenance ;
– le retour d’expérience (analyse des pannes, anomalies et incidents...).
Au cours de cette dernière phase, le chef projet est en mesure de clore les activités avant le trans-
fert de responsabilité au client final et de procéder au REX (retour d’expérience). Cette analyse a
posteriori est fondamentale pour l’entreprise. Elle portera essentiellement sur :
– l’analyse des écarts coûts-délais entre les objectifs et la réalisation ;
– les relations client ;
– le fonctionnement du groupe projet ;
– le bilan des innovations techniques ;
– l’analyse des pannes, anomalies et incidents ;
– les points de synergie constatés avec les autres projets en cours ;
– des recommandations en termes d’amélioration des référentiels projet en cours ;
– l’archivage de la documentation projet.
■ Le démantèlement ou phase « F »
Dans certains cas, on doit prévoir une phase dite de démantèlement ou retrait de service ou
encore de déconstruction. On établira le plan de retrait de service qui correspond à l’organisa-
tion technique des tâches de déconstruction du système avec récupération et destruction de
produits. Si cette étape est connue en début de projet, elle sera étudiée en phase « C ».
70 L’ESSENTIEL DE LA GESTION DE PROJET
3 Les revues
■ Revue de Projet
La revue de projet est un outil de management et un rendez-vous majeur dans le cycle de vie du
projet. Ce point de passage obligatoire d’ordre technique, programmatique et qualité est souvent
associé à une clef de paiement. La revue rythme l’avancement du projet dans le temps. Elle valide
la fin d’une étape et autorise le passage à la phase suivante.
■ Définition
La revue de projet est une analyse critique du projet à un moment particulier de son développe-
ment. Elle est conduite par une entité indépendante du groupe projet. Elle a pour but, par
rapport aux spécifications techniques et aux exigences contractuelles, de :
– statuer sur la validité des éléments techniques présentés ;
– recommander des actions correctives ou préventives ;
– décider le passage ou non au jalon suivant
La norme NF EN ISO 9000 définit la revue du point de vue qualité comme un « examen entrepris
pour déterminer la pertinence de ce qui est examiné, son adéquation et son efficacité à atteindre
des objectifs définis ».
CHAPITRE 8 – Le cycle de vie d’un projet 71
■ Principe
Trois entités composent le groupe de revue :
– une instance exécutive, le groupe projet, en charge de réaliser le projet, prépare et présente le
dossier de revue ;
– une instance consultative, le groupe de revue, dont le président est désigné par le chef de projet
client. Ce groupe composé de spécialistes est chargé d’apporter ses remarques et observations à
travers l’analyse du dossier de revue fourni par le groupe projet ;
– une instance décisionnelle, le comité directeur, organisée autour du chef de projet client pour
l’aider dans sa prise de décision.
72 L’ESSENTIEL DE LA GESTION DE PROJET
■ Analyse stratégique
L’analyse des courbes de cycle de vie des produits permet à l’entreprise, à un instant t, de
connaître son portefeuille de produits et d’analyser leurs différents stades de rentabilité :
– niveau de rentabilité ;
– durée de vie.
CHAPITRE 8 – Le cycle de vie d’un projet 77
En décomposant le projet, on segmente sa complexité et l’on peut ainsi identifier les « points durs » et les
risques du projet.
« Aucune tâche n’est particulièrement difficile si vous la découpez en petits boulots. » Henry Ford
1 Définition
L’organigramme technique (OT) ou organigramme des tâches (WBS) est l’outil de référence du
projet. L’organigramme technique est une arborescence qui permet de décomposer analytique-
ment le projet en s’appuyant sur des critères structurels et temporels.
2 Objectifs
La démarche analytique d’élaboration de l’organigramme technique (OT) est une illustration
méthodologique de la « division du travail ». Cette méthodologie est destinée à des projets
complexes qui font appel à des spécialités techniques différentes. L’établissement de l’arbores-
cence (OT) permet d’identifier et de classer les constituants du projet. Les lots de travaux (work
package) sont affectés aux responsables appartenant à la structure industrielle (OBS) et chargés
de les réaliser dans le respect des objectifs de coûts et de délais.
L’organigramme technique doit permettre de répondre aux questions suivantes :
– Que doit-on étudier ?
– Que doit-on réaliser ?
80 L’ESSENTIEL DE LA GESTION DE PROJET
3 Réalisation
La réalisation de l’organigramme technique nécessite une définition « stabilisée » qui correspond à
la fin de la phase de faisabilité.
L’organigramme technique est construit en deux étapes.
■ Représentation graphique
a) Principe général
Pour réaliser le sous-ensemble SS1, il faut faire les tâches T1 (ingénierie, qualité, essais...) et utiliser
les moyens M1, pour le sous-ensemble SS2, il faut faire les tâches T2 et utiliser les moyens M2 et
pour le sous-ensemble SS3, les tâches T3 et les moyens M3. Pour réaliser le projet P, il faut inté-
grer les sous-ensembles : SS1, SS2 et SS3.
82 L’ESSENTIEL DE LA GESTION DE PROJET
d) Lots de travaux
En associant le WBS (décomposition technique) à l’OBS (organisation de l’entreprise), on retrouve,
par exemple, le lot de travaux LT113 qui représente un ensemble de lots de travaux élémentaires
composés de tâches à réaliser (WBS) que l’on attribuera à un responsable de la structure (OBS) qui
s’engagera à les réaliser dans un budget alloué et dans un délai défini.
84 L’ESSENTIEL DE LA GESTION DE PROJET
Les différents types de plannings étudiés, dans ce chapitre, sont des outils mis à la disposition du chef de
projet pour maîtriser le paramètre « délai » durant le cycle de vie du projet. Ils ont chacun un rôle bien ciblé
et sont tous complémentaires.
« Une petite impatience ruine un grand projet. » Confucius
1 Définitions
– Planning, time schedule : emprunté à l’anglais, to plan (prévoir). Le mot planning est utilisé
dans son acception actuelle depuis 1947. Outil de pilotage d’un projet et de communication, le
planning est une représentation graphique calendaire indiquant l’enchaînement logique des
tâches à réaliser et des dates clés majeures (jalons) ;
– Jalon, milestone : « repère prédéterminé destiné à autoriser le début d’une phase »
(NF X 50-410, RG Aéro 000 40). Le jalon est une tâche de durée nulle qui identifie un point
clé majeur ou de référence dans la logique de développement du planning. Il caractérise un
changement d’étape qui nécessite une action de management (validation, acceptation...). Le
franchissement d’un jalon valide un événement du planning irréversible par un effet cliquet ou
effet anti-retour ;
– Maîtrise des délais, scheduling control : « processus permettant, pendant toute la durée d’un
projet, de prévoir, suivre et optimiser en termes de délais les tâches et les moyens avec l’objectif
de maîtriser un délai prévisionnel final » (NF X 50-106-1).
86 L’ESSENTIEL DE LA GESTION DE PROJET
2 Principe
La décomposition du projet en produits et sous-produits, donnée par l’organigramme technique
(OT), permet de bâtir le planning d’ensemble du projet (planning directeur), mais aussi les plan-
nings des produits qui composent le projet.
a) Avantages
La lecture est aisée et ne présente aucune difficulté d’interprétation. Elle est sans ambiguïté.
b) Inconvénients
La représentation ne peut comprendre qu’un nombre limité de tâches et un enchaînement simple
de tâches.
c) Élaboration
– définir une échelle de temps correspondant à la durée de planification des travaux ;
– définir les tâches à planifier ;
– pour chacune d’elles, on déterminera une date de début et une date de fin ;
CHAPITRE 10 – Le planning projet 87
d) Analyse
Le planning présenté montre à la date d’analyse de la situation :
– les travaux réalisés ;
– les travaux restant à réaliser ;
– les travaux en retard ;
– les objectifs ;
– les points clés ;
– les enchaînements.
88 L’ESSENTIEL DE LA GESTION DE PROJET
Une tâche présente un retard de 2 mois, qui aura un impact de 2 mois sur la date de livraison si
aucune action n’est engagée.
– Planning CPM (Critical Path Method). Cette méthode de planification, mise au point en 1954
par la Société Dupont de Nemours, dite du chemin critique est identique au planning PERT,
mais elle introduit une relation entre les coûts et les délais, ce qui permet d’obtenir une optimi-
sation des coûts du projet.
– La méthode des antécédents (Precedence diagram method).
Cette méthode est inspirée de la méthode des potentiels, mise au point en 1958 par M.B. Roy, et
la complète. Elle prend en compte les liaisons « fin-début ». Une activité ne pourra débuter que si
les activités antécédentes sont terminées. La représentation graphique est composée de flèches
(liaisons) et de rectangles (activités).
CHAPITRE 10 – Le planning projet 89
a) Avantages
Il permet de planifier des grands projets grâce au nombre considérable de tâches qu’il peut gérer.
Il détermine le chemin critique du planning constitué de l’ensemble des tâches qui sont à « iso
marge », de plus faible marge, de marge nulle ou de marge négative.
b) Inconvénients
La représentation en réseau est peu lisible et ne permet pas une exploitation directe (pas d’échelle
de temps). L’exploitation et l’interprétation des réseaux seront faites par des spécialistes.
c) Élaboration
Sa réalisation est faite à partir de l’analyse du plan de développement (logique de déroulement du
projet) et de l’organigramme technique.
d) Analyse
L’exploitation de ce type de planning permet de hiérarchiser la criticité des tâches à partir de l’ana-
lyse du chemin critique. Des actions de management pourront être engagées, en amont, au
niveau des tâches critiques identifiées et au niveau de la logique d’enchaînement des travaux.
90 L’ESSENTIEL DE LA GESTION DE PROJET
a) Avantages
La lecture est aisée et ne présente aucune difficulté d’interprétation. Elle est sans ambiguïté
comme pour le planning de GANTT.
b) Inconvénients
La représentation sur une même planche ne peut comporter qu’un nombre limité de tâches à
piloter.
CHAPITRE 10 – Le planning projet 91
c) Analyse
Cette activité A, considérée comme critique, donc à suivre, ne présente, mois après mois, aucun
retard. La date initialement prévue, fin avril, est confirmée à chaque réunion d’avancement. Le
management de cette activité a été maîtrisé sur toute sa durée.
De nombreuses actions de management ont été engagées, mois après mois, pour limiter à 2 mois
le retard final (fin mai pour fin mars). Un retour d’expérience sera déclenché concernant l’activité
C pour analyser les causes du retard.
Un fait technique a accentué la mauvaise tendance constatée de l’activité D, après 1 mois de suivi.
L’activité, à partir de fin janvier, accuse un retard d’un mois par mois de suivi. Dans ce cas, et sans
action forte de management (audit, task force...), on ne pourra que constater la dérive de cette
activité, mois après mois.
CHAPITRE 10 – Le planning projet 93
On utilisera également, dans le cadre des plannings de tendance, une représentation de suivi de
type « cible ». Cette représentation est adaptée au pilotage de la dérive d’un jalon de référence
par rapport à son objectif.
Prenons, comme jalon de référence, la date de livraison du projet. Le premier mois de suivi, on
observe un mois d’avance par rapport à la date « cible ». Cette avance se confirme jusqu’à la fin
du troisième mois. À partir du quatrième mois, des retards importants sur des activités du planning
influent directement sur la date de livraison, jusqu’à 3 mois de retard constaté. L’analyse des
événements critiques issue du chemin critique (planning PERT) permet d’engager des actions
fortes de management :
– travail en équipe ;
– modification de la logique de développement ;
– suppression d’essais en accord avec le client...
pour maintenir la date de livraison « cible » initiale.
La maîtrise des coûts est indissociable de la maîtrise des délais qui est elle-même subordonnée à la perfor-
mance technique. La garantie des objectifs de coûts passe donc par la maîtrise de la technique du projet. On
maîtrisera plus facilement les coûts d’un projet récurrent (connaissance technique du produit) que ceux d’un
projet non récurrent (fort développement technique). Ce chapitre a pour objectif de présenter, pour un
projet en cours, une analyse des coûts à un instant t de l’avancement du projet.
1 Définitions
– Coûts, cost : « charge ou dépense supportée par un intervenant économique par suite de la
production ou de l’utilisation d’un produit ou de l’ensemble des deux » (NF X 50-150).
– Maîtrise des coûts, Coûtenance, cost control : « processus permettant, pendant toute la durée
d’un projet, de prévoir, suivre et optimiser tous les coûts des activités successives avec l’objectif
de maîtriser un coût prévisionnel final » (NF X50-106-1).
– Rapport de coût, cost report : « document périodique sous forme de tableaux et/ou de
diagrammes, récapitulant pour chacune des lignes budgétaires :
• le budget initial et ses révisions éventuelles,
• les engagements à une date donnée,
• l’estimation des coûts futurs jusqu’à l’achèvement du projet,
• le coût total prévisionnel, son écart avec le budget éventuellement révisé et sa dérive par
rapport au précédent coût total prévisionnel » (NF X50-106-2).
96 L’ESSENTIEL DE LA GESTION DE PROJET
2 Principe
La décomposition du projet en, produits et sous-produits, donnée par l’organigramme technique
(OT), permet de bâtir l’organigramme de gestion (OG). On déclinera donc, à partir du montant
total affecté au projet, les allocations budgétaires par entité responsable. Ces entités ont un
objectif de budget plafond et devront, sur la durée de leurs tâches, maîtriser les coûts alloués en
début de projet. Elles rendront compte périodiquement de l’avancement des dépenses réalisées et
à venir, à travers un rapport de coût.
En abscisse :
J0 : date contractuelle de début du projet
Jc : date contractuelle de fin du projet
Jp : date prévisionnelle d’achèvement estimée au jour J
J : analyse des coûts au jour J
En ordonnée :
C : valeur budgétaire du réalisé dans les conditions conduisant au budget à date (BD)
B : budget encouru au jour J
D : coût encouru
BD : budget à date
CP : coût prévisionnel de l’affaire complète, réestimé au jour J
100 L’ESSENTIEL DE LA GESTION DE PROJET
Interprétation :
D-C : représente le surcoût (dépenses engagées – dépenses qui auraient dû être engagées pour le
travail réalisé)
J-R : le retard au jour j
D-O : le coût encouru
CP-D : le reste à encourir
CP-BD : écart de coût final prévisionnel au jour j
JP-JC : retard final prévisionnel au jour j
Remarque : la position des trois courbes est indicative au jour, J, de l’analyse. Les écarts peuvent
être positifs ou négatifs.
Le risque est principalement de deux natures : organisationnel (coûts et délais) et (ou) technique (sûreté de
fonctionnement). La démarche méthodologique de gestion d’un projet (découpage du projet en produits,
segmentation du cycle de vie, revues autorisant les changements de phases...) contribue à favoriser la maîtrise
des risques mais on aura recours à une méthodologie structurée comme l’AMDEC pour supprimer, réduire au
maximum ou définir un niveau de risque « acceptable ».
1 Définition de l’AMDEC
L’AMDEC (Analyse des Modes de Défaillance, de leurs Effets et de leur Criticité) est la méthode la
plus répandue recommandée au niveau international.
Utilisée pour la première fois dès les années 1960 dans l’aéronautique, elle est reprise dans les
industries à risque (nucléaire, chimie, spatial).
L’AMDEC est définie comme une « méthode de prévention quantitative d’analyse de la fiabilité
d’un système par la détermination, en termes de gravité et d’occurrence, des effets de chaque
mode de défaillance et leur criticité sur d’autres éléments et/ou fonctions du système. C’est une
méthode inductive portant sur les risques de défaillance en conception » (Dictionnaire de la
qualité, 2003, AFNOR, page 7).
102 L’ESSENTIEL DE LA GESTION DE PROJET
Paramètre G
Note Niveau de Gravité
1 Mineur
2 Moyen
3 Majeur
4 Inacceptable
Paramètre Pr
Note Occurrence
1 Inexistante
2 Rare
3 Occasionnelle
4 Fréquente
104 L’ESSENTIEL DE LA GESTION DE PROJET
Paramètre Nd
Note Occurrence
1 Détection assurée
2 Détection possible
3 Détection aléatoire
4 Non détectable
– Matrice de criticité
Cette matrice, très employée, permet de visualiser les zones de criticité des risques en prenant en
compte uniquement les critères de gravité et d’occurrence.
CHAPITRE 12 – La maîtrise des risques du projet 105
Si le seuil de criticité est fixé à 4, on déterminera deux zones : une zone critique (criticité > 4) et
une zone non critique (criticité < 4).
– Tableau de synthèse de quantification des risques après avoir pris en compte les actions correc-
tives. On déterminera la criticité finale si les actions correctives sont suffisantes. Dans le cas
contraire on renouvellera le processus.
Dans tous les cas, on validera les scénarios qui conduiront à l’événement redouté. En effet, le
risque étant consécutif à un ou plusieurs événements initiateurs qui devront être identifiés, il
faudra également interrompre le ou (les) scénarios de propagation des événements redoutés ou
en limiter leurs effets, pour que le risque redouté soit considéré comme traité.
Contrôle trimestriel
Risques 1er Trimestre 2e Trimestre
État Tendance Actions État Tendance Actions
A
B
C
D
Contrôle trimestriel
e
Risques 3 Trimestre 4e Trimestre
État Tendance Actions État Tendance Actions
A
B
C
D
Menaces Opportunités
Environnement
Forces Faiblesses
Potentialités
● AMDEC ● Occurrence
● Criticité ● Gravité
● Risque ● Détection
● Défaillance ● Actions correctives
● Prévention ● MOFF
Les réunions
Chapitre
et la communication 13
de groupe
On ne peut traiter de gestion de projet sans aborder la notion de réunion. Pour conduire efficacement une
réunion, il faut être sensibilisé à la notion de groupe et à la notion de communication. L’objet de ce chapitre
est d’en donner les grands principes.
« Se réunir est un début ; rester ensemble est un progrès ; travailler ensemble est la réussite. » Henry Ford
1 La notion de groupe
■ Définitions
Un groupe est généralement défini comme le rassemblement d’au moins deux personnes qui ont
à partager quelque chose en commun. Le Littré donne comme définition du groupe : « Ensemble
de personnes qui ont des caractères, des intérêts communs ».
Un groupe de projet répond à cette définition. C’est un groupe social dont les membres partagent
les mêmes centres d’intérêt et souhaitent atteindre les mêmes objectifs. Pour être plus précis, on
distinguera sociologiquement deux types majeurs de groupes :
– le groupe primaire ou restreint (peu de personnes communiquant entre elles, « face à face »),
est défini comme : « un système psychosocial pouvant être composé de 3 à 20 personnes qui
se réunissent et interagissent en vue d’atteindre une cible commune » (S. Landry, Le groupe
restreint : prémisses conceptuelles et modélisation, 1995). On est bien dans le cas du groupe
de projet ;
– le groupe secondaire ou large (groupe important qui repose sur des relations impersonnelles).
110 L’ESSENTIEL DE LA GESTION DE PROJET
On évoque également, lorsque l’on parle de groupe, le groupe d’appartenance (groupe dont on
est membre) ou encore le groupe de référence (groupe dont on partage les idéaux).
■ Conduite de réunion
Revenons à la réunion elle-même qui est au centre de l’organisation et de la méthodologie d’un
projet. Sa réussite passe par sa préparation technique et par le choix des participants, mais aussi
par l’animateur qui a un rôle fondamental. Conduire une réunion, c’est conduire, dans le cas
d’un projet, un groupe restreint qui nécessite, de la part de l’animateur, la prise en compte des
aspects psychologiques, affectifs et sociaux du groupe (dynamique de groupe).
Il doit posséder, pour faire progresser le groupe, les différentes techniques de questionnement à
savoir :
– la question ouverte : pouvez-vous nous donner votre point de vue ? Précisez ? Cette technique
permet de recueillir le plus d’informations possibles, d’explorer un domaine, d’échanger des
idées ;
– la question fermée : à quelle date êtes-vous arrivés ? D’où venez-vous ? On recherche, dans ce
cas, la réponse immédiate à une question posée (une date, un lieu, oui, non...) ;
– la question directe : forme la plus simple de questionnement qui s’adresse à un individu ;
– la question écho : l’animateur renvoie la question posée à l’intéressé et lui demande de
répondre à sa propre question ;
– la question relais : l’animateur renvoie la question posée à un autre participant ;
– la question miroir : l’animateur renvoie la question posée à l’ensemble du groupe. Et aussi,
quelques techniques de communication comme principalement :
– la reformulation : l’intervention d’un participant est reformulée pour la rendre plus pertinente ;
– la relance : l’animateur attentif aux questions restées sans réponses ou dont certaines n’ont pas
fourni les éléments attendus devra les relancer ;
– la synthèse : l’animateur, au moment jugé opportun, fera un court résumé des idées impor-
tantes émises par le groupe ;
– le silence : la communication non verbale (silence, sourire, attitude...) peut traduire un message
fort qui devra être exploité par l’animateur. Le silence peut aussi signifier, de la part de l’anima-
teur, plus de précision à la réponse donnée. C’est une forme de relance.
CHAPITRE 13 – Les réunions et la communication de groupe 111
Ici le retour d’information, dont dépendent les échanges et l’enrichissement du débat, ressort de
l’importance de l’écoute active du groupe et de la qualité du message qui doit être reçu.
112 L’ESSENTIEL DE LA GESTION DE PROJET
Dans le cas d’un projet, les étapes Forming – Storming précèdent la phase B. L’étape de Norming
se situe au tout début de la phase B. Le séminaire Team Building, ou construction d’équipe, orga-
nisé en début de phase B a pour objectif de renforcer la cohésion entre les différents acteurs du
projet et de créer les conditions optimales pour engager au plus tôt l’étape Performing du
modèle de Tuckman.
■ Réunion d’information
– But : délivrer un message stratégique qui doit être connu de tous.
– Fréquence : fonction des événements.
– Information : type descendante.
■ Réunion de management
– But : délivrer un message à caractère organisationnel qui a pour objet de diriger (to manage) ou
de faire fonctionner une entité.
– Fréquence : régulière (hebdomadaire ou mensuelle selon le niveau hiérarchique).
– Information : type descendante.
■ Réunion de travail
– But : rassembler des spécialistes du (ou des) domaine(s) concerné(s) pour répondre à des actions
données, résoudre un point précis.
– Fréquence : fonction des exigences.
– Information : type horizontale.
■ Réunion de négociation
– But : parvenir à un accord entre deux entités. Un client et un fournisseur.
– Fréquence : fonction des exigences.
– Information : type transverse.
114 L’ESSENTIEL DE LA GESTION DE PROJET
■ Réunion d’avancement
– But : suivre une affaire en cours du point de vue technique, économique, programmatique et
contractuel. Elle permet de recueillir les informations des différents acteurs du projet et de faire
le bilan des actions (nouvelles, en cours et terminées). On mesure ainsi la progression du projet.
– Fréquence : hebdomadaire.
– Information : type montante.
■ Réunion de coordination
– But : gérer des priorités entre plusieurs affaires. Cet arbitrage nécessaire permet de débloquer
des situations critiques à venir.
– Fréquence : fonction des exigences.
– Information : type descendante.
■ Réunion de chantier
– But : établir sur le « terrain », de visu, un état des lieux. Vérifier l’état réel de l’avancement des
travaux et de l’application des règles de sécurité.
– Fréquence : mensuel ou hebdomadaire selon les phases d’avancement.
– Information : type montante.
Réunions
Coordination Task force Chantier Retour
d’expérience
But Arbitrage Urgence Visualisation Capitalisation
Fréquence Ponctuelle Ponctuelle Régulière Ponctuelle
Information Descendante Transverse Montante Montante
5 L’Obeya Room
Appelé parfois « war room » ou « project cockpit », le terme d’Obeya qui veut dire en japonais
« grande salle » s’est imposé pour désigner un lieu où les réunions se font debout et dans une
courte durée. C’est une véritable rupture avec le mode habituel d’organisation des réunions de
projet dont on a souvent reproché la lourdeur et la faible efficacité.
Le concept de l’Obeya Room est fondé sur une communication qui privilégie la vision et la voix.
Cette méthode passe obligatoirement par la création d’un espace physique de rencontre dédié au
groupe projet dans lequel sont regroupées des informations visuelles pertinentes de type :
– planning ;
– courbes ;
– indicateurs de performance ;
– tableaux ;
– plans ;
116 L’ESSENTIEL DE LA GESTION DE PROJET
– organigrammes ;
– arborescences, etc.
La réunion Obeya conduite par le chef de projet est organisée debout (stand-up meeting). Courte
et structurée, elle améliore par son mode de fonctionnement l’efficacité :
– du partage de l’information ;
– de la communication entre les métiers ;
– de l’attention des participants (pas d’ordinateur, pas de téléphone portable...).
CHAPITRE 13 – Les réunions et la communication de groupe 117
Parmi les nombreux outils méthodologiques de la qualité qui contribuent au management et à la réalisation
d’un projet, on retiendra, dans ce chapitre, quelques outils de questionnement, de diagnostic ou de résolu-
tion de problèmes.
1 La feuille de relevés
■ Présentation
Préalable à toute analyse, cet outil d’aide à la mise en place de la mesure permet de recueillir des
données chiffrées ou non et de les classer.
■ Principe
Après avoir précisément défini l’objectif à atteindre, on définira les éléments à relever (grandeur à
mesurer, critères de classement...) qui devront être exploitables et analysables. La feuille de relevés
se présente sous forme d’un tableau à une ou deux entrées permettant l’enregistrement métho-
dique des données.
120 L’ESSENTIEL DE LA GESTION DE PROJET
2 Le diagramme de Pareto
■ Présentation
Le diagramme de Pareto, ou loi des 80/20, est une méthode simple et efficace permettant une
prise de décision rapide par l’aide à la détermination de priorité.
■ Principe
À partir d’une représentation graphique de type histogramme on visualisera le « poids » de
chaque cause d’un problème qui sera hiérarchisé par ordre d’importance. En traitant la ou les
causes les plus importantes, on élimine la majeure partie du problème posé. Il résulte de cette
analyse que 80 % des conséquences sont dues à 20 % des causes. Règle des 80/20.
3 Le diagramme d’Ishikawa
■ Présentation
Outil graphique qui permet d’analyser et de visualiser toutes les causes potentielles d’un
problème. Appelé aussi le diagramme cause – effet, ou diagramme en arêtes de poisson, il sert à
analyser le rapport qui existe entre un problème et ses causes. Il s’agit en fait d’un brainstorming
où les causes d’un problème sont classées par famille en utilisant la logique des « 5M ».
■ Principe
Mettre en place un groupe conduit par un animateur qui, dans une première approche de type
« Brainstorming » énoncera toutes les causes possibles au défaut de qualité. Les causes seront
ensuite classées en 5 familles (Matières, Milieu, Méthodes, Matériels et Main d’œuvre) et dispo-
sées sur le diagramme. Le groupe déterminera la ou les causes responsables, échangera des idées
et agira sur la ou les causes pour corriger le défaut en proposant des solutions.
4 La matrice MOFF
■ Présentation
Outil de diagnostic et de stratégie de la réalisation d’un projet. Cette méthodologie permet de
prendre connaissance d’une situation donnée dans l’entreprise et de mettre en évidence ses
CHAPITRE 14 – Les outils classiques de la qualité 121
■ Principe
On identifiera, sous forme de matrice, les paramètres qui caractérisent les conditions environne-
mentales et les potentialités :
– les facteurs qui caractérisent les conditions de son environnement, à savoir : Menaces (ou
risques) et opportunités ;
– les facteurs qui caractérisent le potentiel, à savoir : Forces et Faiblesses.
■ Principe
Trier et pondérer par ordre d’importance les réponses aux problèmes posés :
– vote pondéré simple : si le problème n’est pas complexe, chaque membre du groupe sélec-
tionne les causes qu’il juge les plus importantes et il les classe par ordre décroissant en
122 L’ESSENTIEL DE LA GESTION DE PROJET
attribuant une pondération pour chacune d’elles. On somme ensuite les points de l’ensemble
des membres du groupe et l’on retient le total le plus important ;
– vote pondéré multicritère : les membres du groupe définissent des critères de choix. Chacune
des causes sera donc pondérée en fonction de ces critères à partir d’une matrice (causes/
critères). On pourra calculer le poids relatif de chacune des causes et le groupe sera en mesure
de les classer.
6 Le logigramme
■ Présentation
Le logigramme ou flowchart est un outil simple et visuel permettant de construire un enchaîne-
ment séquentiel et logique de différentes étapes. Le logigramme est l’outil idéal d’aide à la rédac-
tion d’une procédure.
■ Principe
Dessiner le logigramme en utilisant des symboles (ovales ; rectangles ; cercles et losanges) permet-
tant d’identifier à chaque étape de sa construction « qui » fait « quoi » et « comment ».
7 La matrice de compatibilité
■ Présentation
Outil d’analyse et d’aide à la prise de décision qui permet de juger de la compatibilité de diffé-
rentes solutions à partir de critères de choix définis en reportant les résultats dans une matrice.
Cet outil facile et rapide à mettre en œuvre est proche du vote pondéré.
■ Principe
La matrice de compatibilité se présente sous la forme d’un tableau à double entrée (lignes :
critères de choix ; colonnes : solutions, problèmes ou actions d’amélioration). On remplira les
cases de la matrice en y indiquant les relations de compatibilité existantes entre les critères et le
sujet en cause en utilisant les signes suivants :
– « + » si la solution est compatible avec le critère défini ;
– « – » si la solution est incompatible avec le critère défini ;
CHAPITRE 14 – Les outils classiques de la qualité 123
8 La méthodologie QQOQCCP
■ Présentation
Outil de questionnement systématique ou d’aide à la construction d’une réflexion. Cette métho-
dologie est utilisée comme technique de recherche d’informations pour faire émerger des idées,
en d’autres termes, pour débroussailler une situation.
■ Principe
Répondre aux sept questions posées :
– Qui ? Question en rapport avec les personnes, les responsables ;
– Quoi ? Question en rapport avec les objets, les aspects matériels ;
– Où ? Question en rapport avec le lieu ;
– Quand ? Question en rapport avec le temps, la durée ;
– Combien ? Question en rapport avec les quantités ;
– Comment ? Question en rapport avec les moyens, les méthodes, les outils ;
– Pourquoi ? Question en rapport avec la raison d’utiliser telle procédure, tel moyen.
■ Principe
À partir de la question « pourquoi » que l’on s’oblige à poser cinq fois de suite on passe d’un
niveau général de réflexion à un niveau très détaillé. Cette méthode est simple et rapide. On
posera la question « pourquoi » le problème existe et on notera la réponse. On redemandera, au
regard des réponses apportées, « pourquoi » le problème existe et ce jusqu’à ce qu’aucune
réponse ne soit fournie.
■ Principe
Mettre en place un groupe hétérogène de 15 personnes maximum sous la conduite d’un anima-
teur spécialisé. Les séances ne dureront pas plus d’une heure. Les idées exprimées ont toutes la
même valeur, pas de jugement de valeur, ni vis-à-vis des participants, ni au sujet des idées expri-
mées. C’est tout l’art de l’animateur qui contribue par son expérience à la réussite de cet exercice.
■ Réalisation
Toutes les idées exprimées sont inscrites sur un tableau par l’animateur et numérotées. Elles seront
triées et classées par famille pour dégager une orientation.
CHAPITRE 14 – Les outils classiques de la qualité 125
11 La méthode de « Metaplan® »
■ Présentation
Outil de créativité de groupe fondé sur la discussion par l’écrit. Cette méthode consiste à répondre
aux questions de l’animateur, par écrit, sur des cartes autocollantes. On y recourt pour analyser
une criticité, résoudre un problème donné.
■ Principe
Mettre en place un groupe limité à 5 personnes, sous la conduite d’un animateur spécialisé.
■ Réalisation
À partir d’une question ouverte, on exprimera une idée par carte. Affichées et lues à haute voix,
les cartes seront regroupées par famille. Les participants hiérarchiseront les réponses en collant
des gommettes sur les cartes. L’animateur, par l’observation des masses de gommettes, proposera
des hypothèses.
12 Tableau de synthèse
------------------------------------------------------------------------------------------
La matrice MOFF Identifier et analyser les Diagnostiquer une Réalisation d’une matrice
éléments situation
d’environnement
internes et externes d’un
projet
La méthode du vote Trier par ordre Choisir une solution Tableau de pondération
pondéré d’importance les
réponses aux problèmes
posés selon une
pondération
Le logigramme Construction d’un Rédiger une procédure Synoptique
enchaînement logique
et séquentiel de tâches
La matrice de Juger de la compatibilité Choisir une solution Réalisation d’une matrice
compatibilité de différentes solutions à
partir de critères de choix
définis
La méthodologie Technique de recherches Collecter des Réalisation d’un tableau
QQOQCPC d’informations par le informations
questionnement
La méthodologie des Énoncer un problème Identifier les causes d’un Réalisation d’un tableau
cinq pourquoi sous la forme problème
« pourquoi », trouver une
réponse et la reformuler
en question commençant
par « pourquoi » en
recommençant cinq fois.
Les réunions Produire le plus d’idées Collecter des Réalisation d’un tableau
Brainstorming possibles dans une durée informations
définie
La méthode Réflexion et créativité de Collecter des Réalisation d’un tableau
Metaplan® groupe fondées sur la informations
discussion par l’écrit
CHAPITRE 14 – Les outils classiques de la qualité 127
● Questionnement ● Qualité
● Outils ● Diagnostic
● Histogramme ● Créativité
● Causes ● Consensus
● Animateur ● Décision
Chapitre
Le tableau de bord projet 15
« ... Colbert établit trois registres, l’un pour les prévisions de recettes, l’autre pour les prévisions de dépenses,
le troisième pour les ordonnances de dépenses engagées... En outre, le ministre fit dresser un tableau
synoptique des recettes et des dépenses de l’État sous forme d’agenda, que le roi pouvait porter dans sa
poche. » (extrait de J.-C. Petitfils, Louis XIV, 2002, Édition Tempus).
1 Définitions
Le vocable tableau de bord est apparu vers 1790. Le Petit Robert en donne la définition suivante :
« ... présentation des principaux renseignements représentatifs de la marche d’une entreprise, de
la situation économique d’une nation ».
Cette définition souligne le caractère stratégique de ce document de synthèse qui permet de
comprendre la globalité d’une situation.
Le tableau de bord est défini par le lexique de gestion Dalloz, comme une : « représentation
synthétique chiffrée des principales informations nécessaires aux dirigeants (entrepreneurs, gouver-
nements) pour le contrôle de l’exécution d’un programme d’action et d’orientation en cas d’écarts
par rapport aux projets ou projections ».
Cette autre définition, en introduisant les notions de chiffre, d’écart par rapport à une référence,
et de tendance, caractérise ce document comme un outil de management.
Faisons un bref retour historique. Jean-Baptiste Colbert (1619-1683), contrôleur général des
finances, homme de confiance de Louis XIV est, par son approche organisée de l’économie, le
précurseur des synthèses économiques.
130 L’ESSENTIEL DE LA GESTION DE PROJET
Reprenons l’extrait cité en tête de chapitre : « ... En outre, le ministre fit dresser un tableau synoptique
des recettes et des dépenses de l’État sous forme d’agenda, que le roi pouvait porter dans sa poche ».
Dans cet extrait, on trouve l’essentiel des mots clés d’un tableau de bord moderne. Reprenons-les,
un par un :
– « tableau synoptique » qui renvoie à la notion de tableau de synthèse chiffré ;
– « agenda » qui renvoie à la notion de document ergonomique facilement consultable ;
– « roi » qui renvoie à la personne importante à qui ce document est destiné – au manager
d’aujourd’hui ou au responsable qui décide ;
– « poche » qui renvoie à la notion de disponibilité immédiate.
2 Outil de management
Le chef de projet consulte son tableau de bord pour diriger son projet comme le commandant de
bord consulte son plan de vol pour analyser son parcours, ou le navigateur consulte ses cartes
maritimes pour se diriger. Le tableau de bord n’est pas un document de « reporting ». C’est un
outil au même titre qu’une carte. Les informations contenues sont vraies à une date donnée. On
consultera donc le document en vigueur. Les éditions qui précédent n’ont aucune valeur.
3 Structuration et élaboration
■ Architecture du document
Il sera structuré de telle sorte qu’il permette au décideur :
– d’anticiper les points durs par des alertes ;
– de suivre les événements majeurs et leurs tendances par l’utilisation d’indicateurs de gestion ;
– de capitaliser les informations pertinentes.
Le tableau de bord projet rendra compte de la vie du projet et de ses contraintes internes et
externes. On trouvera les grands thèmes suivants :
Thèmes Sous-thèmes
– Contrat
– Visites
Relations client
– Revues
– Finances
------------------------------------------------------------------------------------------
CHAPITRE 15 – Le tableau de bord projet 131
------------------------------------------------------------------------------------------
– Points durs
Avancement technique – Axes de progrès
– Modifications
– Dates de livraison
Relations fournisseurs
– Contrats
– Planning général
Avancement délai
– Courbes de tendances
– Budgets
Économie affaire – Dépenses
– Prévisions
■ Pictogrammes
L’utilisation des pictogrammes est très adaptée aux tableaux de bord. Ils permettent de faire
passer un message visuel sans ambiguïté. Ils seront utilisés dans un texte, dans des graphiques ou
des tableaux. Entre deux tableaux de bord, ils permettent de donner immédiatement la tendance
d’une situation.
132 L’ESSENTIEL DE LA GESTION DE PROJET
■ Présentation
Pour favoriser la lecture du document, on privilégiera une présentation sous forme de fiches, des
synthèses sous forme de tableaux et des textes courts.
– Phase 2 : Analyse des données : analyse des écarts, des dérives et des tendances. Interpréta-
tion des résultats.
– Phase 3 : Prise de décision : demandes de compléments d’analyse. Plan d’action (audit,
réunions de travail...).
■ 10 mauvaises pratiques
1. Utiliser des sources non vérifiées.
2. Utiliser trop d’indicateurs.
3. Confier la rédaction du tableau de bord à une personne qui ne connaît pas assez
l’entreprise.
4. Privilégier uniquement la forme (présentation en couleurs, graphique 3D...).
5. Choisir des indicateurs non adaptés à l’activité.
6. Présenter des courbes sans commentaires.
7. Limiter le tableau de bord à un texte sans représentations graphiques.
8. Utiliser les conclusions du tableau de bord comme un moyen de contrôle et de sanctions.
9. Ne pas indiquer les sources utilisées.
10. Ne pas faire de lien entre deux éditions du tableau de bord.
134 L’ESSENTIEL DE LA GESTION DE PROJET
Courbe en S S-Curve
Coût Cost
Coût budgété du travail effectué (CBTE) Budgeted Cost of Work Performed (BCWP)
Coût budgété du travail prévu (CBTP) Budgeted Cost of Work Scheduled (BCWS)
Coût réel du travail effectué (CRTE) Actual Cost of Work Performed (ACWP)
Cycle de vie Life cycle
Date butoir Dead-line
Date de début Start date
Date de fin Finish date
Demande d’achat Purchase request
Demande d’information Request for Information (RFI)
Demande de modification Change request
Demande de prix Request for Quotation (RFQ)
Devis Quotation
Diagramme Chart
Diagramme à barres Bar chart
Diagramme d’Ishikawa Ishikawa diagram
Diagramme de Gantt Gantt chart
Diagramme de flux produits Products flowchart
Diagramme d’enchaînement des activités Activity sequence diagram
Diagramme fléché Arrow diagram
Diagramme PERT PERT diagram
Diagramme temps-temps Time-time chart
Direction de projet Project management
Donnée d’entrée Input
Donnée de sortie Output
Donnée Data
140 L’ESSENTIEL DE LA GESTION DE PROJET
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Sommaire
Gestion
de l’ENSAE, est l’auteur de nombreux ouvrages - L e domaine du projet
universitaires. -S ituer le projet dans l’entreprise
Méthodes et organisation
- L e triangle d’or du projet
- L a relation « client-fournisseur »
- L es structures organisationnelles
- L e cycle de vie d’un projet
de projet
Public - L ’organigramme technique
- L e planning projet
- Étudiants des cursus universitaires - L ’analyse des coûts d’un projet
de gestion et des IAE - L a maîtrise des risques du projet
- Étudiants des écoles de commerce et - L es réunions et la communication
d’ingénieurs de groupe
- L es outils classiques de la qualité
- Étudiants en Sciences de gestion et
- L e tableau de bord projet
en Sciences économiques
R. Aïm
- Responsables et chefs de projet
2019 2020
Prix : 15,50 e
ISBN 978-2-297-09039-1
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