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La Renaissance :

Au sortir du Moyen-âge et après le grand progrès réalisé au XIIIème siècle, qu’on a


appelé Le Grand siècle, L’Europe va sombrer dans immobilisme sans précédent. Cet
immobilisme qui s’est traduit sur tous les plans s’est fait ressentir au XIVème siècle et surtout au
XVème siècle et ce essentiellement à cause :

-de la guerre : en effet, La France et l’Angleterre, les deux pays les plus puissants de l’Europe en
cette époque, se sont livrées des guerres incessantes. La plus importantes de ces guerres en
termes de victimes et de pertes est celle qui a duré approximativement un siècle, d’où
l‘appellation la guerre de cent ans. Cette guerre a éclaté en 1337 à 1453. Il faut souligner que de
troubles intérieures graves se déclaraient périodiquement comme conséquence de la guerre. Ces
troubles prenaient des fois la forme de guerre civile intestine ; c’est le cas de celle qui a eu lieu en
Angleterre de 1455 jusqu’à 1485.

-des épidémies qui ont fait ravage, notamment dans les pays du Nord. Au XIVème siècle presque
deux-tiers de la population de l’Europe ont périt à cause de la peste noire.

-le faste de certaines cours pontificales qui multiplièrent les taxes et accordèrent des indulgences
de toutes sortes pour amasser de l’argent

-la crise de l’Eglise catholique qui s’est traduite par le grand schisme et le développement des
hérésies

-les multiples défaites contre l’armée Ottomane de plus en plus forte et organisée qui se
terminèrent par la prise de Constantinople.

La Renaissance en Europe a commencé vers la fin du XVème siècle en Italie et ce pour


plusieurs raisons :

-la chute de Constantinople : il va sans dire que cette chute, qui a eu lieu en 1453 et qui a marqué
la disparition totale de l’Empire Byzantin, a eu un impact fort positif sur le développement de la
culture occidentale en général et celui de l’Italie en particulier. Tout le savoir détenu par les
arabes durant des siècles va être découverts pour la première fois par les européens. Comme
L’Italie se trouve à proximité de Constantinople, qui devint un grand centre de connaissance de
toutes sortes, elle en a bénéficié plus tôt que les autres pays de l’Europe.

1
-le faste que se sont permis certains représentants de l’Eglise, qui favorisèrent certaines formes
artistiques et architecturales, notamment le baroque

-la découverte de l’imprimerie en 1468 par Gutenberg qui va faciliter la propagation des
connaissances des penseurs arabes ainsi que de leurs traductions des auteurs antiques.

La naissance du baroque :

Par ses formes sinueuses, ses lignes retorses, ses angles brisés et par le jeu des pleins et des vides,
de la lumière et de l’ombre il crée un univers indéfini, discontinu et surtout évoquant le
mouvement. Il est une recherche du dynamisme et de trompe–l’œil. Il ne privilégie aucun point.
Tous les éléments acquièrent la même importance. Il récuse la vision unique et frontale. Il se veut
être le reflet de la nouvelle condition ontologique et existentielle de l’homme à une époque où les
lois de la théodicée sont de plus en plus bafouées.

Avec le baroque, note Umberto Eco, “l’homme échappe à la norme, au canonique (garanti
par l’ordre cosmique et par la stabilité des essences) et se trouve, dans le domaine artistique aussi
bien que scientifique, en face d’un monde en mouvement, qui exige de lui une activité
créatrice ”1. L’art baroque se définit comme étant une remise en question des formes et des
valeurs reconnues par la tradition.

Selon Jean Rousset23, les caractéristiques du baroque peuvent être ramenées à quatre :

- “ L’instabilité ” : c’est celle d’un équilibre, de quelques surfaces, de quelques formes, etc.

- “ La mobilité ” : il s’agit de la mobilité des œuvres et des points de vue


- “ La métamorphose ” : c’est l’opération par laquelle un ensemble devient multiforme.
- “ La domination du décor ” ou l’exubérance.

Représentants du baroque :

• Les principaux Représentants du baroque sont, entre autres : Rubens, Caravage et


Velázquez qui se sont distingués dans la peinture. Le Bernin italien était l'un des
principaux sculpteurs de l'époque. À Florence, pour l'architecture, Brunelleschi (Sainte
Marie aux Fleurs). En peinture, Botticelli (Le Printemps, La Naissance de Vénus),

1
Id. ibid., p. 21.

2
ROUSSET, Jean, La Littérature de l’âge baroque en France, Op. cit. ,p.63.

2
Léonard de Vinci (La Joconde, La Vierge, l'enfant Jésus et sainte Anne). Pour la
sculpture, Ghiberti (Portes du Paradis), Cellini (Persée).
• À Rome, pour l'architecture, Bramante (Tempietto de San Pietro). En peinture, Raphaël
(L'Ecole d'Athènes, La Belle Jardinière), Michel-Ange s'illustre aussi bien comme
architecte (Dôme de Saint Pierre), sculpteur (David) ou peintre (Jugement Dernier).
• À Venise, surtout des peintres : Titien (Vénus du Pardo), Tintoret (Suzanne au bain),
Véronèse (Les Noces de Cana).

https://www.wikiart.org/fr/artists-by-art-movement/baroque#!#resultType:masonry

Les principaux auteurs représentants du baroque en France sont Agrippa d’Aubigné (1552 –
1630), Honoré d’Urfé (1567 – 1625), Théophile de Viau (1590 – 1626), Marc-Antoine de Saint-
Amant (1594 – 1661)

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la littérature baroque en France se caractérise par le goût pour l’emphase (hyperbole),


pour les images (métaphore), l’imagination (personnification, voir les États et Empires de la Lune
[1657] de Cyrano de Bergerac), la perte de soi dans l’illusion (la figure mythique de Narcisse) et
par la complexité des intrigues.

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3
L’avènement de l’humanisme :

Définition : « Humanisme vient du latin humanus « humain », et humanitas signifie « culture ».


L’effervescence intellectuelle de l’âge humaniste se traduit par un optimiste général et une foi
dans l’homme qui, par l’éducation, peut s’améliorer. On se soucie de son sort et de son
bonheur. »

Au XVIème siècle, le mouvement dit humaniste a connu une grande extension en Europe.
En effet, un nombre important de philosophes ont commencé à faire de l’homme un axe central
de leur réflexion. Voulant rendre l’humanité meilleure, ces philosophes ont présenté leurs idées
dans ce sens. Il faut souligner ici quatre faits importants :

1-le XVIème siècle est marqué par les découvertes, notamment la découverte du Nouveau
monde, les découvertes de Kepler, Copernic et Galilée, entre autres, et les inventions sur tous les
plans ; cela a participé au bouleversement des méthodes d’investigation scientifique et surtout
ces nouvelles connaissances ont bouleversé chez les gens les croyances bibliques sur l’homme,
l’univers, etc. qui se sont avérées erronées.

2-les réformes religieuses surtout celles avancées Martin Luther et par Calvin

3-la redécouverte des philosophes antiques dont les textes ont été conservés par les arabes

4-la découverte des connaissances des arabes rendues accessibles surtout après la chute de
Constantinople.

Ces facteurs ont rendu une nouvelle réflexion sur le bonheur de l’homme, sa vie en
société, la manière de l’éduquer, etc. pressante. En effet, ces questions ont constituées l’essentiel
de la réflexion de la plupart des philosophes de l’époque.

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Auteurs humanistes : Agrippa d’Aubigné (1552-1630) Guillaume Budé (1467-1540) Étienne


Dolet (1509-1546) Du Bellay (1522-1560) Érasme (1469-1536) Lefèvre d’Étaples (vers 1450-
1536) Clément Marot (1496-1544) Montaigne (1533-1592) Rabelais (vers 1494-1553)
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Exemples d’œuvres : Éloge de la folie (Érasme, 1511), L’Utopie (More, 1516), L’Adolescence
clémentine (Marot, 1532), L’Heptaméron (Marguerite de Navarre, 1539), Élégies et Sonnets
(Louise Labé, 1555), Pantagruel (Rabelais, 1532), Gargantua (Rabelais, 1534), Tiers Livres
(Rabelais, 1546), Quart Livre (Rabelais, 1548), Discours de la servitude volontaire (La Boétie,
1574), Essais (Montaigne, 1580-1595).

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Voici quelques extraits des auteurs humanistes :

Érasme, Éloge de la folie (1509)

Toujours affamés et malpropres dans leurs écoles ; que dis-je, des écoles ? ce sont plutôt des
laboratoires, ou mieux encore des galères et des prisons ; au milieu d’une cohue d’enfants, ils
meurent de fatigue, sont assourdis par le vacarme, asphyxiés par la puanteur et l’infection, et
cependant, grâce à moi, ils se croient les premiers des hommes. Sont-ils contents d’eux-mêmes
quand, d’une voix et d’un air menaçants, ils épouvantent leurs marmots tremblants, qu’ils
déchirent ces malheureux à coups de férule, de verges1 et de fouet, et qu’ils se livrent à mille
accès de fureur !… Mais la haute opinion qu’ils ont de leur savoir les rend encore bien plus
heureux. Quoiqu’ils farcissent la tête des enfants de pures extravagances, ils se croient infiniment
supérieurs aux Palémon et aux Donat2. Ils ensorcellent je ne sais comment les mères sottes et les
pères idiots, qui les acceptent pour ce qu’ils se donnent. Je connais un homme versé dans toutes
les sciences, sachant le grec, le latin, les mathématiques, la philosophie, la médecine, et tout cela
à fond ; il est presque sexagénaire, et, depuis plus de vingt ans, il a tout laissé pour se casser la
tête dans l’étude de la grammaire. Tout son bonheur serait de pouvoir vivre assez longtemps pour
établir au juste la distinction des huit parties du discours, chose que jusqu’à présent, ni chez les
Grecs, ni chez les Latins, personne n’a su faire parfaitement. Comme si c’était un cas de guerre
que de prendre une conjonction pour un adverbe ! Appelez cela insanité ou folie, comme vous
voudrez, cela m’est égal, pourvu que vous reconnaissiez que, grâce à mes bienfaits, l’animal le
plus malheureux de tous goûte un tel bonheur qu’il ne voudrait pas échanger son sort contre celui
des rois de Perse.
1 Baguette servant à frapper.
2 Grammairiens latins.
Érasme, Éloge de la folie, 54, traduction de P. Mesnard, éd. Vrin.
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Érasme, De l’éducation des enfants (1529) :

Tu vas me demander de t’indiquer les connaissances qui correspondent à l’esprit des enfants et
qu’il faut leur infuser dès leur prime jeunesse. En premier lieu, la pratique des langues. Les tout-
petits y accèdent sans aucun effort, alors que chez les adultes elle ne peut s’acquérir qu’au prix
d’un grand effort. Les jeunes enfants y sont poussés, nous l’avons dit, par le plaisir naturel de
l’imitation, dont nous voyons quelques traces jusque chez les sansonnets et les perroquets. Et puis
— rien de plus délicieux — les fables des poètes. Leurs séduisants attraits charment les oreilles
5
enfantines, tandis que les adultes y trouvent le plus grand profit, pour la connaissance de la
langue autant que pour la formation du jugement et de la richesse de l’expression. Quoi de plus
plaisant à écouter pour un enfant que les apologues d’Ésope qui, par le rire et la fantaisie, n’en
transmettent pas moins des préceptes philosophiques sérieux ? Le profit est le même avec les
autres fables des poètes anciens. L’enfant apprend que les compagnons d’Ulysse ont été
transformés par l’art de Circé en pourceaux et en d’autres animaux. Le récit le fait rire mais, en
même temps, il a retenu un principe fondamental de philosophie morale, à savoir : ceux qui ne
sont pas gouvernés par la droite raison et se laissent emporter au gré de leurs passions ne sont pas
des hommes mais des bêtes. Un stoïcien s’exprimerait-il plus gravement ? Et pourtant le même
enseignement est donné par une fable amusante. Je ne veux pas te retenir en multipliant les
exemples, tant la chose est évidente. Mais quoi de plus gracieux qu’un poème bucolique ? Quoi
de plus charmant qu’une comédie ? Fondée sur l’étude des caractères, elle fait impression sur les
non-initiés et sur les enfants. Mais quelle somme de philosophie y trouve-t-on en se jouant !
Ajoute mille faits instructifs que l’on s’étonne de voir ignorés même aujourd’hui par ceux qui
sont réputés les plus savants. On y rencontre enfin des sentences brèves et attrayantes du genre
des proverbes et des mots de personnages illustres, la seule forme sous laquelle autrefois la
philosophie se répandait dans le peuple.
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Rabelais, Gargantua (1534), chapitre 57 – « L’abbaye de Thélème »

« Toute leur vie était ordonnée non selon des lois, des statuts ou des règles, mais selon leur bon
vouloir et leur libre arbitre. Ils se levaient quand bon leur semblait, buvaient, mangeaient,
travaillaient, et dormaient quand le désir leur en venait. Nul ne les réveillait, nul ne les
contraignait à boire, à manger, ni à faire quoi que ce soit. Ainsi en avait décidé Gargantua. Pour
toute règle, il n’y avait que cette clause, Fais ce que tu voudras ; parce que les gens libres, bien
nés et bien éduqués, vivant en bonne compagnie, ont par nature un instinct, un aiguillon qui les
pousse toujours à la vertu et les éloigne du vice, qu’ils appelaient honneur. Ces gens-là, quand ils
sont opprimés et asservis par une honteuse sujétion et par la contrainte, détournent cette noble
inclination par laquelle ils tendaient librement à la vertu, vers le rejet et la violation du joug de
servitude ; car nous entreprenons toujours ce qui nous est interdit et nous convoitons ce qui nous
est refusé. C’est cette liberté même qui les poussa à une louable émulation : faire tous ce qu’ils
voyaient faire plaisir à un seul. Si l’un ou l’une d’entre eux disait : « Buvons », ils buvaient tous ;
s’il disait : « Jouons », tous jouaient ; s’il disait : « Allons nous ébattre aux champs », tous y
allaient. S’il s’agissait de chasser à courre ou au vol, les dames, montées sur de belles haquenées1
suivies du palefroi de guerre, portaient sur leur poing joliment gantelé un épervier, un laneret ou
un émerillon2. Les hommes portaient les autres oiseaux. Ils étaient si bien éduqués qu’il n’y avait
parmi eux homme ni femme qui ne sût lire, écrire, chanter, jouer d’instruments de musique,
parler cinq ou six langues et y composer, tant en vers qu’en prose. 1 Cheval ou jument de taille
moyenne. 2 Oiseaux de proie. Traduction en français moderne de M.-M. Fragonard, éd. Pocket.
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Montaigne Essais (1580-1588-1592), I, 26 – « De l’institution des enfants »

6
Pour tout ceci, je ne veux pas qu’on emprisonne ce garçon. Je ne veux pas qu’on l’abandonne à
l’humeur mélancolique d’un furieux maître d’école. Je ne veux pas corrompre son esprit à le tenir
à la géhenne1 et au travail, à la mode des autres, quatorze ou quinze heures par jour, comme un
portefaix. Ni ne trouverais bon, quand par quelque complexion2 solitaire et mélancolique on le
verrait adonné d’une application trop indiscrète3 à l’étude des livres, qu’on la lui nourrît ; cela les
rend ineptes à la conversation civile et les détourne de meilleures occupations. Et combien ai-je
vu de mon temps d’hommes abêtis par téméraire avidité de science ? Carnéade s’en trouva si
affolé qu’il n’eut plus de loisir de se faire le poil et les ongles. Ni ne veux gâter ses mœurs
généreuses par l’incivilité et barbarie d’autrui. La sagesse française a été anciennement en
proverbe, pour une sagesse qui prenait de bonne heure, et n’avait guère de tenue. À la vérité, nous
voyons encore qu’il n’est rien si gentil que les petits enfants en France ; mais ordinairement ils
trompent l’espérance qu’on en a conçue, et, hommes faits, on n’y voit aucune excellence. J’ai ouï
tenir à gens d’entendement que ces collèges où on les envoie, de quoi ils ont foison, les
abrutissent ainsi. Au nôtre, un cabinet, un jardin, la table et le lit, la solitude, la compagnie, le
matin et le vêpre4, toutes les heures lui seront unes, toutes places lui seront étude : car la
philosophie, qui, comme formatrice des jugements et des mœurs, sera sa principale leçon, a ce
privilège de se mêler partout. […] Les jeux mêmes et les exercices seront une bonne partie de
l’étude : la course, la lutte, la musique, la danse, la chasse, le maniement des chevaux et des
armes. Je veux que la bienséance extérieure, et l’entregent5, et la disposition de la personne, se
façonne quant et quant à l’âme6. Ce n’est pas une âme, ce n’est pas un corps qu’on dresse, c’est
un homme ; il n’en faut pas faire à deux. Et, comme dit Platon, il ne faut pas les dresser l’un sans
l’autre, mais les conduire également, comme un couple de chevaux attelés à même timon.
1 Torture appliquée aux criminels. 2 Humeur, caractère. 3 Effrénée, excessive. 4 Le soir. 5
Adresse à se conduire en société. 6 Avec, en même temps que l’âme.
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Le XVIIème siècle et la gloire du classicisme :

L’art classique procède d’un imaginaire fort différent de celui qui a donné naissance au baroque.
L’œuvre conventionnelle se caractérise essentiellement par ses angles fermés, ses lignes
symétriques, par son espace axé autour d’un centre et par son statisme. Elle se plie
impérativement aux lois de l’ordre, de la causalité et du mimétisme. Elle est une sorte d’édifice
univoque, harmonieux et stable. Quoi de plus normal puisqu’elle est le reflet de la conception de
l’homme classique qui fait de Dieu et de ses caractéristiques le centre du monde ! L’Univers
classique est aussi l’image d’une science syllogistique selon laquelle le réel ne peut se manifester
que suivant un mode ordonné, unidimensionnel et clos.

Représentants célèbres du classicisme :

Pierre Corneille (1606 – 1684), François de La Rochefoucauld (1613 – 1680), Jean de La


Fontaine (1621 – 1695), Molière (1622 – 1673), Madame de Sévigné (1626 – 1696), Jacques
Bénigne Bossuet (1627 – 1704), Madame de La Fayette (1634 – 1693), Jean Racine (1639 –
1699), Nicolas Boileau (1636 – 1711) ou Jean de La Bruyère (1645 – 1696) et Fénélon (1651 –
1715).

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Le terme « classique » est pour la première fois utilisé par Stendhal au XIXème siècle pour
désigner les œuvres du XVIIème qui s’inspirent de l’art antique. Le classicisme est un
humanisme qui s’applique à l’analyse et à la peinture de l’homme en se référant à l’enseignement
des anciens, mais il a des valeurs propres et strictes : la discipline, l’ordre et la régularité. Le
classicisme est un mouvement culturel qui s’est imposé dans la peinture, la sculpture,
l’architecture, la littérature et la philosophie.
L’auteur classique est discipliné car il doit se plier à des règles et à la bienséance. Tout d’abord il
doit faire preuve de lucidité et d’analyse : le déraisonnable est soumis à la raison, les passions
contrôlables par la volonté.
C’est dans le genre théâtral que la régularité et la discipline s’expriment le plus, le roman étant un
genre mineur à l’époque : une tragédie classique est toujours en cinq actes, une comédie peut-être
en trois ou cinq actes. La règle des trois unités doit être respectée : unité de lieu, unité de temps,
unité d’action. Elle est définie par Boileau dans son Art Poétique : « Qu’en un lieu, en un jour, un
seul fait accompli/Tienne jusqu’à la fin le théâtre rempli ».
La bienséance doit aussi être assurée : « Ce qu’on ne doit point voir, qu’un récit nous
l’impose/Les yeux en le voyant saisiront mieux la chose/Mais il est des objets que l’art

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judicieux/Doit offrir à l’oreille et reculer des yeux. » Ainsi, ni mort, ni combat, ni sang ne seront
jamais représentés dans le théâtre classique.
Enfin pour ce qui est de l’ordre, le classicisme équivaut à une harmonie à plusieurs niveaux.
C’est l’harmonie de l’auteur avec son milieu, à l’inverse des romantiques du XIXème qui se
sentiront ou surhomme ou paria, l’harmonie de la grandeur de l’art avec la grandeur de la
royauté, l’harmonie de la pensée et de l’expression, en somme du fond et de la forme.

Le principe de la vraisemblance complète les loisci-dessus, car il ne s’agit pas de représenter le


vrai, car, pour citer une troisième fois Boileau : «Jamais au spectateur n’offrez rien
d’incroyable/Le vrai peut quelquefois n’être pas vraisemblable/Une merveille absurde est pour
moi sans appât ; / L’esprit n’est point ému de ce qu’il ne croit pas. »
En effet un des buts du théâtre classique est bien d’émouvoir le lecteur : il veut réformer le public
par la représentation vraisemblable de passions qu’il connaît, lui inspirer pitié, effroi et
admiration. Ainsi s’effectue l’épuration des passions du spectateur : c’est la catharsis. Le
classicisme a donc une dimension morale.
Caractéristiques: Les thèmes:

-Les scènes et personnages issus de la mythologie grecque

-Les scènes et les personnages bibliques

-Les scènes historiques et allégoriques qui glorifient notamment le roi Louis XIV

-Les portraits d’aristocrates

-Les paysages, construits selon les règles de la perspective (scènes pastorales ou thème
mythologique..) présentent la nature comme une force immuable par opposition aux hommes
dont le destin est éphémère. La peinture classique incarne un idéal de beauté à travers des sujets
nobles (personnages bibliques, figures héroïques, mythologie grecque...) Elle symbolise le
triomphe de la raison sur le désordre des passions.

Règles et techniques:

-En peinture: la composition du tableau est claire et ordonnée: la scène se déroule entièrement à
l’intérieur du cadre (contrairement au baroque où les personnages et motifs sont hors cadre)

L’art des proportions et de la perspective: l’espace du tableau est structuré en plans successifs;
les diagonales et les spirales caractéristiques des œuvres baroques sont évitées. Le tableau est
construit selon une harmonie mathématique: la symétrie et le respect des proportions sont
primordiaux.

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Le respect de la bienséance: l’artiste peut représenter des scènes de violence, de cruauté, mais il
doit bannir la vulgarité de l’horreur. Il s’agit d’éviter toute fascination pour le morbide et
d’inviter le spectateur à éprouver de la pitié pour les victimes.

Les contours des personnages et des motifs sont nets; la pâleur de la chair assimile les
personnages à des statues antiques.

La lumière: elle est vive car le classicisme aspire à un idéal de clarté. De fait chaque motif a
une couleur définie, ce qui évite la présence de contrastes violents et permet de mettre davantage
en valeur les formes.

Les poses: les personnages adoptent des attitudes sobres; la grandeur des personnages est
représentée par des poses stables, statiques qui inspirent la respectabilité. Ainsi, le classicisme est
une esthétique à la recherche d’un idéal de perfection, à travers le respect des proportions, de
l’équilibre et de l’ordre. La monarchie française s’appuie sur ce mouvement culturel afin de se
représenter au sommet de sa puissance aux yeux de toute l’Europe.

En architecture: Les bâtiments classiques se distinguent par la recherche de la symétrie et de la


rigueur géométrique. Les lignes sont droites et les surfaces sont sobres, par opposition aux
constructions baroques qui se caractérisent par la présence de surcharges ornementales, tout en
courbes et contre-courbes.

La tragédie

• La tragédie antique
• naissance au VIe siècle av. J.-C. en Grèce
o des rôles joués par des hommes portant un masque
o des dialogues qui alternent avec les chants et danses du chœur
• une œuvre lyrique et dramatique, qui met en scène un malheur arrivé à de très hauts
personnages dont l’histoire est en général empruntée à l’épopée
• apogée de la tragédie antique au Ve siècle :
o Eschyle, Sophocle et Euripide pour les Grecs
o Sénèque pour les Latins ; les Romains transposent les tragédies grecques pour les
adapter à leur culture
• selon la Poétique d’Aristote, la tragédie doit permettre la purgation des passions,
catharsis, en suscitant chez le spectateur terreur et pitié, sentiments qui caractérisent le
registre tragique

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• La tragédie classique
• au XVIIe siècle, sous l’impulsion de Richelieu, naissance du théâtre classique, « miroir
du Grand siècle » et pilier de la politique culturelle de Louis XIV
• la tragédie classique est un genre très codifié. Cf. les règles et conventions du genre
données par Boileau dans son Art poétique :
o une pièce en 5 actes, en vers qui met en scène des personnages de très haut
rang (rois, princes) s’exprimant avec un registre de langue élevé et dont l’action
concerne l’État
o la règle des 3 unités (de lieu, de temps, d’action)
o la règle de la vraisemblance
o la règle de la bienséance
• des sujets empruntés à l’histoire antique, biblique ou mythologique. Cf. le principe
d’imitation des Anciens (inspiration dans les sources antiques)
• le dénouement, le plus souvent funeste, est toujours lié à un péril de mort ; le sort du
personnage est réglé depuis le début de la pièce
Écriture et registres de la tragédie
• le registre pathétique (du grec « pathos » : ce qu’on éprouve, d’où « passion ») se
caractérise par :
o l’expression de la souffrance et du malheur
o des lamentations et plaintes lyriques
o une « tristesse majestueuse » (Racine)
o la volonté d’apitoyer le public
o le vocabulaire de la compassion
o des supplications religieuses
• le registre tragique se caractérise par :
o l’expression de la mort inéluctable
o l’expression de contradictions insolubles
o la lucidité des héros tragiques qui s’expriment de façon morale et qui mêlent
impuissance et colère
Procédés d’écriture :

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• thèmes récurrents : champs lexicaux de la souffrance, de la mort certaine, de l’amour, du
doute, du choix
• nombreuses figures de style : hyperbole, répétition, accumulation, antithèse, litote,
euphémisme, comparaison, métaphore
• ponctuation expressive : modalités de phrases exclamatives et interrogatives
• apostrophes et invocations qui prennent à témoins les faiseurs du fatum
• vers solennels et lourds
• registre de langue soutenu

o A) Corneille (1616-1684)
▪ un théâtre optimiste qui affirme la liberté humaine

▪ grandeur du héros généreux, caractérisé par :

▪ un orgueil vertueux et lucide : le héros conscient de sa valeur


personnelle est guidé par la morale

▪ une réponse donnée au défi du destin

▪ le devoir cornélien :

▪ dépassement héroïque

▪ renoncement à ce que le héros aime

▪ chez Corneille, le conflit tragique naît du dilemme entre l’amour et le devoir,


souvent associé à un enjeu politique. Ex. : Rodrigue dans Le Cid est partagé
entre son amour pour Chimène et son honneur (venger son père en tuant le
père de Chimène) ; Horace dans la tragédie éponyme doit affronter le fiancé de
sa sœur (et ses deux frères) dans un combat à mort pour faire triompher Rome.

o B) Racine
▪ thématique dominante : tragique de la condition humaine (vision janséniste
pessimiste d’un homme sans liberté)

▪ le héros racinien est caractérisé par sa faiblesse et sa lucidité qui l’humanise

▪ la passion racinienne, démesure et monstruosité : par cet amour passionnel, le


héros racinien perd tout devoir moral et toute dignité

▪ chez Racine, le conflit tragique naît d’un déchirement intérieur. Ex. : Phèdre est
déchirée par son amour impossible et incestueux pour Hippolyte
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La tragédie : enjeux et significations

o A) Pouvoir et conflit
▪ la tragédie, depuis son origine, pose la question du rapport de l’individu à la
liberté et au pouvoir : le héros tragique est confronté aux décisions arbitraires
d’un roi, aux vengeances des dieux, et doit faire un choix douloureux entre
honneur et sentiments personnels (conflits entre valeurs héroïques et violence
du tyran)

▪ la tragédie classique se fonde sur le conflit entre la passion amoureuse


(bonheur personnel) et la raison politique (intérêt général)

▪ le destin (fatum) qui pesait sur le héros tragique antique évolue : c’est le devoir
qui broie le héros cornélien, la passion chez Racine ; on passe d’une fatalité
extérieure à une fatalité intérieure

o B) Les significations du héros tragique classique


▪ héros victime de forces supérieures (dieu vengeur, tyran) ou de ses propres
excès (hybris) : ambition, sens de l’honneur, jalousie, etc.

▪ l’action resserrée autour de la crise et de la catastrophe doit conduire


irrémédiablement le héros à sa perte, ce qui questionne la notion même de
héros

o C) Effets sur le spectateur


▪ émouvoir et instruire le spectateur ; susciter la compassion

▪ catharsis et purgation des passions (terreur et pitié)

▪ visée morale du théâtre de la passion : Racine affirme que la peinture des vices
ne peut que les faire haïr

▪ interrogations métaphysiques sur le Mal, la place de l’homme dans l’univers, la


liberté, la mort ; ces interrogations, souvent présentes dans les mythes, seront
approfondies dans le théâtre contemporain


A lire : http://www.didatticanda.it/mater_triennio/dossier_classicisme.pdf

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