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En quoi la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne d’Olympe de Gouges

est-elle une oeuvre de combat ?


ETAPE 1 : définition des mots-clés
- “en quoi” + “est-elle” : question ouverte, c’est un plan thématique. Le verbe nous montre qu’il s’agit de prouver la
thèse affirmée, pas de la discuter. On doit donc montrer ce pourquoi elle combat.
- “DDFC” : l’oeuvre étudiée
- “oeuvre de combat” : texte combatif, texte qui attaque, qui dénonce. Elle se bat pour l’égalité des sexes, les droits
des femmes, les droits sociaux des plus faibles. Elle se bat aussi contre, notamment contre l'égoïsme des hommes.

ETAPE 2 : reformulation du sujet


Le sujet vise à développer les combats d’Olympe de Gouges dans la DDFC.
On pourrait la reformuler ainsi :
Quels combats, Olympe de Gouges, livre-t-elle dans sa Déclaration?

ETAPE 3 : création du plan


Le sujet appelle à nommer les différents combats ou sujets pour lesquels Olympe de Gouges se bat.La question appelle
un plan plutôt thématique et ne nécessite donc pas de faire trois parties. Un plan en I. & II. est possible. Ce
questionnement appelle à être progressif donc commençons par le premier combat, le plus évident, d'Olympe de
Gouges : le combat pour l'égalité des sexes. Dans un deuxième temps, on développera les autres combats. Un plan en
trois parties est possible, notamment si l'on consacré une partie entière au combat contre.

I. Un combat pour l'égalité des sexes


A. Un texte qui combat pour les femmes et leurs droits
- C'est d'abord une œuvre féministe : le titre qui met en avant les femmes et leurs conditions + le fait qu'elles soient
omniprésentes dans la DDFC. Répétition du terme « femmes», en apostrophe lorsqu'elles sont destinataires ou bien
comme sujet dans les articles. -> oeuvre féministe, pour les femmes, par une femme. + adresse à la Reine en
ouverture de l’œuvre. Elle s’y montre autoritaire, réclamant l’aide de la femme la plus importante de France, mais
aussi flatteuse : « (…) j’ai eu la force de prendre votre défense ».
- Un texte de loi qui veut donner des droits aux femmes : les 17 articles de la Déclaration qui reprennent ceux de la
Déclaration originelle. Par le pastiche de la Constitution du 26/08/1789, elle rédige un texte adressé aux députés
français. Ainsi, elle offre aux femmes, les droits législatifs que la Révolution Française ne leur a pas donnés.
ODG énumère les droits qu'elle désire octroyer aux femmes. L'exemple de l'art 14 : « un partage égal, non seulement
dans la fortune, mais encore dans l’administration publique » Ici, elle pointe du doigt l’égalité économique que
revendique et que mérite les femmes.
- Une œuvre militante : la DDFC réclame des droits dans une époque où la société française évolue. Par le ton employé
par l’autrice, c’est une œuvre combative et militante qui réclame des droits : « Femme, réveille-toi ; le tocsin de la
raison se fait entendre dans tout l’Univers ; reconnais tes droits.»

B. un plaidoyer pour une égalité H/F


- ODG réclame et se bat pour une égalité pure et totale des deux sexes. On le voit dans l'article 3, dans le 6 lorsqu’elle
cite «toutes les citoyennes et citoyens (…)« ou encore dans l'article 13, lorsqu'elle ajoute le pronom féminin au
masculin ou le terme «femme » à celui déjà présent «homme », preuve de l'égalité qu'elle désire et qu'elle demande.
- Le plaidoyer qu’elle fait pour l’égalité H/F passe aussi par une virulent réquisitoire des hommes et leur
comportement. ODG note à plusieurs reprises, l’égoïsme des hommes. C’est le cas notamment dans l’exhortation aux
hommes, qui précède le préambule et qu’elle ouvre par « Homme, es-tu capable d’être juste ? C’est une femme qui
t’en fait la question (…) » ou encore dans ce même texte : « l’homme seul s’est fagoté un principe de cette exception.
Bizarre, aveugle, boursouflé de sciences et dénégéré, dans ce siècle de lumières et de sagacité (…) il veut commander
en despote sur un sexe qui a reçu toutes les facutés intellectuelles ». Dans ce célèbre passage, elle use de toute sa
rhétorique pour montrer et dénoncer la domination des hommes. De même, dans le postambule, elle affirme que
l'homme « devenu libre, il est devenu injuste envers sa compagne». Ce passage illustre cette idée présente dans la
Déclaration, de l'inaction des hommes et d'une certaine forme d'égoïsme.
La DDFC d’Olympe de Gouges est donc bien une œuvre qui combat pour les femmes, leurs droits mais aussi pour
une égalité des sexes. C'est également un texte qui combat les travers des hommes et leur inaction face à l'injustice
qui touche les femmes. Nous allons tout de même voir que cet écrit est également pour Olympe de Gouges, le lieu
d’un combat plus large, pour la société toute entière.
II. Un combat social
A. Un texte qui se bat contre l'injustice sociale
- ODG écrit aussi pour les plus faibles. Elle mentionne souvent le statut des filles-mères. Ce sont les jeunes femmes qui
ont un enfant sans être mariées. Ce statut est longuement évoqué, ainsi que celui des enfants de ces jeunes femmes,
dans l’article 11 où elle dit « Toute citoyenne peut donc dire librement : je suis la mère d’un enfant qui vous
appartient, sans qu’un préjugé barbare la force à dissimuler la vérité (…)». On voit ici le souci qu’elle porte à ceux que
la société n’admet pas et l’hypocrisie de cette dernière puisque les hommes en sont en grande partie responsables.
- ODG s’engage aussi contre l’esclavage. Si elle a écrit des textes distincts de la Déclaration pour ce combat, comme la
pièce de théâtre Zamore et Mirza, on retrouve également la mention dans la postambule : « (…) nécessaire que je dise
quelques mots sur les troubles que cause, dit-on, le décret en faveur des hommes de couleur, dans nos îles. C’est là où
la nature frémit d’horreur ; c’est là où la raison et l’humanité, n’ont pas encore touché les âmes endurcies ; c’est là
surtout où la division et la discorde agitent leurs habitants.(…) = ici, ODG rappelle le terrible sort des noirs des Antilles
que les Français réduisent en esclavage. C’est un propos fort et dénonciateur sur cette ignominie qu’est l’esclavage.
Elle mentionne d’ailleurs l’idée de la nature et notamment de l’ordre naturel que les hommes tordent à leur
avantage. : « (…) Les Colons prétendent régner en despotes sur des hommes dont ils sont les pères et les frères ; et
méconnaissant les droits de la nature (…). »
Cette lutte contre l’esclavage inscrit ODG aux côtés de Montesquieu et de son pamphlet aussi virulent qu’ironique De
l’esclavage des nègres mais aussi aux côtés de Voltaire. Dans le chapitre 19 de Candide intitulé, « ce qui leur arriva à
Surinam », le héros éponyme et son camarade rencontrent un homme noir réduit en esclavage et lourdement mutilé.
Dans ce tableau pathétique, Voltaire critique habilement la cupidité et la cruauté des négociants. Il révèle aussi toute
l’hypocrisie de la religion qui sous-couvert de fraternité, participe à l’immonde esclavage. ODG se tient donc auprès de
ses contemporains philosophes des Lumières et se bat, elle aussi, contre l’injustice sociale.

B. Une lutte pour un monde plus juste.


- De même, dans «Forme du contrat social», qui suit la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, ODG
propose une mariage plus juste et plus équitable pour les hommes et surtout pour les femmes. ODG réclame donc une
nouvelle société, fondée sur l’égalité et l’équité.
- La diversité des destinataires de la DDFC montre aussi la volonté d’ODG de toucher toutes les parties de la société et
donc de la changer durablement. Elle s’adresse à la Reine, alors symbole de la monarchie, aux hommes (notamment
dans l’exhortation aux hommes et dans le préambule) que ce soient les citoyens les plus simples aux députés les plus
puissants. Elle s’adresse aussi aux femmes, notamment dans le postambule. Cette pluralité, cette richesse montre son
désir de toucher une société toute entière. Rappelons également que la brièveté de l’œuvre (quelques dizaines de
pages) en fait un texte facile à distribuer, une brochure, un tract. Il peut alors être lu rapidement. ODG vise une
diffusion massive.
- Enfin, ODG semble créer une nouvelle condition féminine. Ce serait une erreur de se cantonner à une intégration des
femmes dans les lois et la société déjà existantes. ODG crée une féminité nouvelle que l’on peut voir avec les termes
qu’elle y associe : la création du mot «citoyenne » est déjà en soi une nouveauté, les termes guerriers et le ton militant
« force », « tocsin », « étendard » mais aussi la périphrase du préambule « le sexe supérieur en beauté comme en
courage ». Elle dépeint ici une nouvelle femme, forte et guerrière, une femme d’avenir que l’on peut retrouver dans
les mots de Leïla Slimani dans l’essai « Un porc, tu nais ? »publié en 2018. Cette dernière réclame une liberté totale
des femmes, faisant écho aux propos d’Olympe de Gouges, deux cent ans plus tôt. De même, dans son essai Chère
Ijaewele. Un manifeste pour une éducation féministe, Chimamanda Ngozi Adichie, dans le sillage d’Olympe de Gouges,
propose les conseils pour une éducation féministe. Ces femmes d’aujourd’hui se posent comme les filles, les héritières
du combat d’Olympe.

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