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JEAN DE LA BRUYÈRE

LES
CARACTÈRES
PRÉPARATION DISSERTATION

Base introduction :
Dans son œuvre Les Caractères , parue en 1688 , Jean de La Bruyère dénonce avec finesse les vices des
personnages qui constituent la société de son temps . Il décrit , au fil des différents livres qui composent
son ouvrage , plusieurs comportements qu'il considère comme susceptibles d'éloigner les Hommes d'un
exemple qui tend vers la droiture , l'élégance et la raison : l'idéal de l'honnête homme . Ainsi , à travers la
description des défauts de ses contemporains , l'auteur met en lumière sa propre vision de ce que doivent
être les comportements humains qui caractérisent notre société , et se fixe pour objectif d'instruire le
lecteur afin de le guider vers cette dernière .

I - La volonté d'instruire de l'auteur :


1) Un auteur moraliste :
En effet , La Bruyère est considéré comme "moraliste" , terme réservé aux écrivains qui se sont attachés à
juger de façon lapidaire, soit l'homme de tous les temps, soit la société de leur temps, en relevant
particulièrement leurs travers. Ces derniers prennent donc la morale et les mœurs pour sujet principal de
leurs œuvres . Ainsi , ils se fixent pour objectif de sensibiliser leurs lecteurs à des vices qu'ils devraient
éviter de porter selon eux , tels que par exemple la malhonnêteté , la flagornerie , l'arrogance , l'orgueil et
bien d'autres encore .
2) Un auteur témoin :
L'auteur se positionne comme étant un témoin honnête de la société , il mentionne à ce sujet dans la
préface de son œuvre : " Je rends au public ce qu'il m'a prêté , j'ai emprunté de lui la matière de cet
ouvrage " . Par conséquent nous comprenons que Jean de La Bruyère s'inspire principalement des
comportements qu'il observe afin de rédiger ses remarques . Les messages qu'il cherche à transmettre à
travers ces dernières sont donc bel et bien adressés aux personnes qui l'entourent , ce qui confirme l'idée
que l'auteur cherche à améliorer leur comportement en leur révélant les vices qu'ils portent . Vices qui en
général , nuisants plus ou moins à l'idéal d'honnêteté et de pureté que La Bruyère cherche à promouvoir .
3) Idéal de l'honnête homme :
Afin de guider ses lecteurs vers l'idéal d'un homme du monde accompli, d'un esprit cultivé mais exempt
de pédantisme, agréable et distingué tant dans son aspect physique que dans ses manières. Jean de La
Bruyère varie les vices qu'il présente dans son ouvrage , et tente de s'attaquer à plusieurs comportements
susceptibles d'éloigner ses contemporains de cet exemple de ce que devraient être les hommes. Ainsi
transparait la volonté d'instruire de La Bruyère qui ne se contente pas seulement de citer certaines
attitudes qui le dérangeraient dans sa vie quotidienne mais qui préfère s'attaquer plus en général à toutes
celles qui pourraient faire entorse à l'étiquette et aux règles de bienséance

II - Le Caractère plaisant de son écriture :


4) Le précepteur :
La Bruyère emploie également à maintes reprises le registre didactique afin de mieux capter l'attention du
lecteur , et par conséquent lui plaire . Ce qui est sûrement une conséquence de son passé en tant que
précepteur pour le cousin du roi Louis XIV , qui lui a sans doute permis d'acquérir la capacité de
transmettre des informations de manière à ce qu'elles restent gravées dans la mémoire de quiconque les
recevrait .
5) La théâtralisation des remarques :
Un des principaux facteurs contribuant au caractère agréable de l'écriture de La Bruyère est la
théâtralisation de ses remarques . L'une des plus connues de ces dernières étant celle d'Arrias ( livre V , 9
)n , dans laquelle le personnage d'Arrias , que l'on pourrait assimiler à un faux savant , qui prétend
connaître des choses dont il n'a en réalité aucune idée , se retrouve piégé lorsqu'il cite le nom d'un
homme d'état qu'il aurait côtoyé alors que ce même se trouvait par hasard à sa table , et déclarait ne pas le
connaître . En employant ce genre de mises en scène , La Bruyère fait subtilement tomber le masque dont
se couvrent ls courtisans , révélant ainsi leurs travers et les invitant de manière agréable à s'en rendre
compte et à s'en débarrasser .
6) L'utilisation de la satire :
Afin de plaire au lecteur , Jean de La Bruyère n'hésite pas à utiliser la satire . Certaines de ses remarques
sont marquées par la raillerie forte qui y est utilisée , notamment la douzième remarque du livre V dans
laquelle l'auteur s'attaque au vice de l'exagération dans les comportements , qu'il fait porter à l'archétype
Théodeste : " il rie , il crie , il éclate , on bouche ses oreilles , c'est un tonnerre " . Il parvient ainsi à exagérer le
trait qu'il considère comme mauvais , afin d'en éloigner le lecteur .

III - Plaire et instruire :


7) Un auteur appliquant le principe du placere et docere :
L'auteur applique le concept du "placere et docere" , introduit par Nicolas Boileau au XVII e siècle et
mentionné par Horace dans Ars Poetica au Ier siècle av JC , qui signifie simplement l'emploi de la forme au
profit du fond . Un concept dans lequel La Bruyère excelle et qui transparait dans sa manière d'écrire ses
remarques , tantôt les énonçant simplement , et tantôt les illustrant par des exemples de la vie quotidienne .
Il tient notamment cette méthode d'écriture du philosophe grec Théophraste ( disciple d'Aristote ) dont il
traduit l'oeuvre ( Les Caractères de Théophraste ) qui précède celle des Caractères dans certaines éditions
8) Différentes formes pour différents goûts :
La Bruyère varie les formes de ses caractères dans le sens où il leur donne parfois la forme d'historiettes ,
parfois celle de scénette et parfois celle de simples constats . Ainsi , il s'adapte aux goûts possibles des
lecteurs et arrive , à l'image de Jean de La Fontaine , qui dévoile les travers de la société en employant des
représentations animales , à mettre en lumière les vices de ses contemporains en utilisant des archétypes .
9) Les conseils de La Bruyère :
La Bruyère donne des conseils tout au long de son œuvre , ce qui prouve que ce dernier ne se contente
pas seulement de critiquer la société dans laquelle il vit mais qu'il désire profondément la changer .Ces
conseils sont surtout présent dans le livre " du Souverain ou de la République et sont en majorité addressés
au prince , soit le futur roi , ou encore l'homme dont toute la patrie devrait prendre comme exemple . Ainsi
nous pouvons présumer qu'ils sont indirectement adressés à ses contemporains en réaliser

IV - Le Theatrum mundi :
10) Une mascarade sociale et politique :
De la ville aux grands , en passant par les gentilshommes et les dames qui peuplent la cour , tous les
personnages qui entourent l'auteur jouent constamment un rôle : la métaphore du théâtre permet de
mettre en valeur le jeu des apparences comme un moyen d'assurer les hiérarchies . ( Theatrum mundi =
idée très répandue qui se développe dans les textes et les arts au XVIe et XVIIe siècles en Europe . Elle
renvoie à l'origine à une conception chrétienne de l'univers qui considère que Dieu , le créateur , est à la
fois l'auteur et le premier spectateur des actions qui s'y déroulent . Dans cette perspective , chaque être
joue un rôle , vit dans l'illusion et participe à une comédie gigantesque .
11) La cour :
La cour de Louis XIV est décrite à travers « De la Cour (VIII) ». Une satire de la cour du roi est ici réalisée par
Jean de La Bruyère, soulignant la fausseté et l'hypocrisie qui y sont présentes. La société y est mise en
avant de manière superficielle, et le caractère impitoyable de ce monde analysé. Les destinées des
courtisans y sont également étudiées, de manière à mettre en avant la possibilité d'un brusque retour à la
réalité dans certains cas.
+ 2 premières remarques du livre
12) Les apparences au profit de la hiérarchie :
Les courtisans utilisent tous le jeu des apparences comme moyen d'assurer les hiérarchies . En effet ,
certains courtisans cherchent à se donner une apparence relativement élevée en raison de leur volonté de
faire partie des Grands , c'est notamment le cas de Pamphile (50 , Des Grands )
13 ) Les coulisses de la cour :
Aussi l'auteur signale-t-il la dualité des apparences pour mieux faire comprendre à son lecteur ce qui se
joue en coulisses. L'image répandue du theatrum mundi (« le théâtre du monde ») revient en effet à
plusieurs reprises, comme avec la remarque 25 du livre vi sur les cuisines. Mais la dualité des apparences
peut également être épinglée à travers un caractère, comme celui de Théodote, comédien-né (remarque
61, livre viii), ou à travers un discours dont La Bruyère explicite avec humour les sous-entendus, comme s'il
traduisait une langue étrangère (remarque 37, livre ix). En dénonçant mensonge et hypocrisie, La Bruyère
entend amener son lecteur à un plus haut degré de lucidité.
14) L'etiquette :
À travers les remarques de La Bruyère , l'image d'une société régie par des normes ainsi que des règles de
bienséance transparaît . En effet , le sujet de la vulgarité de certains comportements de courtisans est
souvent abordé dans l'œuvre et l'impact de l'étiquette sur la vision de l'auteur est percevable . Ce devoir de
respect de l'étiquette peut également être considéré comme un facteur favorisant le jeu de rôle que les
courtisans jouent , cela car cette dernière implique le respect total de certains codes qui pourraient cacher
la réalité de la vraie nature de certains courtisans .

V - Autres sous axes possibles :


Une écriture fragmentaire :
La particularité de l’oeuvre la plus frappante est son aspect fragmentaire. En effet, c’est une accumulation
de remarques numérotées ainsi que de portaits et de descriptions qui invitent a la réflexion. Cet aspect
discontinu plait au lecteur et attire son attention par le manque d’intrigue et d’action. Chaque chapitre se
compose d’un nombre défini de remarques et chaque remarque constitue une unité autonome
indépandente ayant son propre sens. Elles peuvent donc etre lu indépendamment l’une de l’autre et peut
parfois traiter d’un theme précédemment abordé. OBJECT D'ÉTUDE II- "LA COMÉDIE SOCIALE" 4 —>
Exemple : “Les Grands” traite du comportement des aristocrates alors que “La ville” aborde les vices des
ouvriers et des paysans.
La portée universelle :
Chacun participe a sa facon dans cette comédie, traversant les époques et transformant le monde en un
vaste theatre : c’est la comédie du monde : la majorité de la société participe a cette mise d’apparence. Elle
s’étends de la cour a la ville. En effet, Paris est “le singe de la cour” et imite les comportements des
courtisans. Les “femmes de la ville” sont en “imitation des femmes de la cour”. Ce mimétisme s’étends
partout dans plusieurs domaine. Ainsi, la comédie se propage partout. Cette derniere est également
intemporelle, éternelle. Elle traverse toutes les époques sous des formes plus ou moins différentes. “Dans
cent ans le monde subsistera en son entier : ce sera le meme theatre, et les memes décorations, ce ne
seront plus les memes acteurs.”(VIII, 99). Chaque génération reprendrait et prolongerait le spéctacle, apres
eux, “de nouveaux acteurs” prendront leurs places. La comédie sociale est inhérente a la fois a la société et
a la nature humaine. La vanité n’épargnerait donc personne, et elle ferait toujours parties du coeur de
l’Homme. Bien qu'elle soit également présente dans la ville, elle est encore plus critiquée dans la Cour
puisque les courtisans possèdent un devoir d'exemplarité. La seule différence entre la Cour et la ville est la
façon dans laquelle se manifeste les vices : cachés sous un masque ou vulgairement exhibé. “Tous les
dehors du vices y sont spécieux”. Ainsi, tant que ces ressorts du comportement humain existent, la
comédie sociale durera. On peut parler dans ce cas de theatre du monde. C’est une conception datant de
l’Antiquité qui renvoie aux Dieux fixant les sorts des hommes, se comportant en tant que dramaturge d’une
piece dont ils sont spectateurs et dont les hommes sont acteurs involontaires. La Bruyere serait ici donc
observateur, spectateur privilégié, témoin des moeurs de son siecle qu’il met en avant a travers la
théatralisation de ses personnages afin de dénoncer cette comédie sociale. Il parvient donc à peindre la
nature humaine, indépendamment de l’époque, de la culture ou de la classe sociale. Si cette œuvre a
acquis le statut de « classique », à savoir une œuvre que l’on étudie souvent « en classe » aujourd’hui, c’est
qu’elle détient donc une portée universelle et intemporelle.
Citations :
" Je rends au public ce qu'il m'a prêté ; j'ai emprunté de lui la matière de cet ouvrage " -
Préface

" On ne doit parler , on ne doit écrire que pour l'instruction ; et s'il arrive que l'on plaise ,
il ne faut pas néanmoins s'en repentir , si cela sert à insinuer et à faire recevoir les
vérités qui doivent instruire " - Préface

"Un caractère bien fade et celui de n'en avoir aucun " - 1 , De la société et de la
conversation

"L'on ouvre et l'on étale tous les matins pour tromper son monde ; et l'on ferme le soir
après avoir trompé tout le jour " - 42 , Des biens de fortune

Gîton = 83 , Des biens de fortune

" Un homme qui sait la cour est maître de son geste , de ses yeux et de son visage ; il
est profond , impénétrable ; il dissimule les mauvais offices " - 2 , De la cour

" La cour est comme un édifice bâti de marbre : je veux dire qu'elle est composée
d'hommes forts durs , mais forts polis " - 10 , De la cour

" Dans cent ans le monde subsistera encore en son entier : ce sera le même théâtre et
les mêmes décorations , ce ne seront plus les mêmes acteurs . " - 99 , De la cour

"Les hommes n'aiment point à vous admirer, ils veulent plaire. " - De la société et de la
conversation
"Qui ne sait rien croit enseigner aux autres ce qu'il vient d'apprendre lui-même. " - De la
société et de la conversation

"La moquerie est souvent indigence d'esprit. "- De la société et de la conversation

"Un caractère bien fade est celui de n'en avoir aucun. " - De la société et de la
conversation

" Il se croit des talents et de l'esprit : il est riche. " - Des biens de fortune

"Soyez effronté, et vous réussirez. "- De la cour

"La faveur met l'homme au-dessus de ses égaux, et sa chute au-dessous. " - De la cour

"Les hommes en un sens ne sont point légers, ou ne le sont que dans les petites
choses : ils changent leurs habits, leur langage, les dehors, les bienséances ; ils
changent de goût quelquefois ; ils gardent leurs mœurs toujours mauvaises, fermes et
constants dans le mal, ou dans l’indifférence pour la vertu." - De l'homme
"Il est difficile de décider si l’irrésolution rend l’homme plus malheureux que méprisable ;
de même s’il y a toujours plus d’inconvénient à prendre un mauvais parti, qu’à n’en
prendre aucun." - De l'homme

" Il y a des vices que nous ne devons à personne, que nous apportons en naissant, et que
nous fortifions par l’habitude" - De l'homme

" L'un des malheurs du prince est d’être souvent trop plein de son secret , par le péril qu'il y
a a le répandre : son bonheur est de rencontrer une personne sure qui l'en décharge " - Du
souverain ou de la république

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