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Traitements thermiques des pièces

en aciers moulés

par Marie-Thérèse LEGER


Ingénieur de l’École Technique Supérieure du Laboratoire (ESL)
Ancien chef du Service Produits Moulés en Acier du Centre Technique des Industries
de la Fonderie (CTIF)

1. Traitements classiques de qualité ....................................................... M 1 148 - 2


1.1 Normalisation ou recuit des aciers non alliés ........................................... — 2
1.2 Trempe et revenu des aciers moulés non alliés ou alliés ........................ — 5
1.3 Hypertrempe des aciers fortement alliés austénitiques
ou austéno-ferritiques ................................................................................. — 15
2. Traitements thermiques de qualité additionnels ............................ — 18
2.1 Homogénéisation ........................................................................................ — 18
2.2 Traitement intercritique............................................................................... — 20
3. Traitements thermiques particuliers .................................................. — 22
3.1 Recuits d’adoucissement ............................................................................ — 22
3.2 Recuit de régénération ................................................................................ — 22
3.3 Traitements de réduction des contraintes ................................................. — 23
3.4 Traitements thermiques susceptibles d’assurer une bonne stabilité
dimensionnelle ............................................................................................ — 26
Pour en savoir plus ........................................................................................... Doc. M 1 148

L es traitements thermiques constituent une phase importante du cycle de


fabrication des aciers moulés. En effet les pièces moulées en acier, contrai-
rement à un certain nombre de produits corroyés, sont la plupart du temps
livrées traitées thermiquement, prêtes à l’usage avant usinage ultime, voire usi-
nées.
Le rôle essentiel des traitements thermiques est de modifier la structure brute
de coulée obtenue dans le moule afin d’obtenir les caractéristiques recherchées.
En effet la structure brute de coulée est loin de conduire aux caractéristiques
optimales car elle est généralement grossière et hétérogène :
— soit parce qu’elle résulte d’une transformation allotropique à partir d’une
structure austénitique formée à haute température : c’est le cas des aciers non
alliés ou alliés jusqu’à 16 % de chrome environ ;
— soit parce qu’elle est directement issue de la solidification, en totalité ou en
partie, et/ou que des précipités indésirables se sont formés lors du refroidisse-
ment dans le moule : c’est le cas des aciers austénitiques au manganèse et des
aciers inoxydables austénitiques et austéno-ferritiques.
Les divers traitements thermiques classiques de qualité, c’est-à-dire destinés
à conférer aux pièces les caractéristiques recherchées pour leur emploi, ne diffé-
rent pas, dans leur principe, de ceux qui sont appliqués aux produits corroyés de
nuances identiques.
Outre ces traitements classiques qui sont appliqués à la quasi-totalité des
aciers moulés (sauf les aciers réfractaires notamment), les pièces peuvent être

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soumises, selon leur composition et leur processus de mise en œuvre, à des trai-
tements thermiques de qualité additionnels et/ou des traitements thermiques
particuliers.
Les divers traitements thermiques applicables aux aciers en général sont défi-
nis dans la norme NF EN 10052. Par ailleurs les différentes normes de produits
concernant les aciers moulés, classés par usage, donnent, à titre indicatif, les
traitements thermiques applicables à chaque nuance pour l’obtention de carac-
téristiques mécaniques garanties, en fonction de l’épaisseur.
Le lecteur pourra se reporter utilement aux articles suivants, dans le même traité :
— Transformations dans les aciers [M 1 115] ;
— articles de la rubrique Traitements thermiques.

1. Traitements classiques
de qualité

Température (°C)
900

800 Ac3
Ces traitements ont pour objet de détruire la structure brute
de coulée grossière et/ou hétérogène pour obtenir la structure Ac1
convenable pour les caractéristiques recherchées. 700
A
A+F A+F+C
100
100
100
100
600 100
100
100
100
100
100
1.1 Normalisation ou recuit des aciers
500
non alliés 92

400
Ces aciers subissent lors d’un chauffage et d’un refroidissement
Ms
une transformation allotropique réversible α ↔ γ et, en raison de
300
leur très faible trempabilité, la structure obtenue après refroidisse- A+M
ment est toujours composée de constituants d’équilibre : ferrite +
perlite. Ceci est vrai pour toute la gamme des vitesses de refroidis- 200
sement subies par les pièces soit dans le moule (structure brute),
soit lors de traitements thermiques de pièces d’épaisseurs couran-
100
tes supérieures à 10 mm et également pour toutes les teneurs en
carbone usuelles, le plus souvent comprises entre 0,18 % et 0,40 %. HRC 28 25 220 215 200 195 HV
Le diagramme (présenté figure 1) de transformation en refroidisse- 0
ment continu (TTTRc) d’un acier à 0,44 % de carbone qui conduit à 1 2 5 10 20 50 100 200 500 103 104 105
la limite supérieure de trempabilité de ces aciers non alliés, montre Temps (s)

que l’obtention du constituant hors d’équilibre, de type martensite, 1 min 2 min 15 min 1 h 2 h4 h 8 h 24 h
ne peut avoir lieu que partiellement pour des vitesses de refroidisse-
Nuance Composition chimique (%)
ment extrêmement rapides peu réalisables industriellement.
C Mn Si S P Ni Cr Mo
XC 42
Nota : la trempabilité de l’acier caractérise les possibilités de réalisation de la structure 0,44 0,72 0,26 0,028 0,038 0,09 0,16 0,02
martensitique, sans précipitation de carbure, par rapport aux conditions technologiques
dans lesquelles peut être réalisée la trempe. Acier austénitisé à 850 °C pendant 30 mn
Grosseur du grain : 10 (AFNOR)
À l’état brut de coulée, la structure des pièces en aciers moulés A austénite
non alliés est constituée de ferrite et de perlite réparties sous une F ferrite
forme grossière et hétérogène : C cémentite
M martensite
— soit cellulaire dans le cas de pièces épaisses et/ou à teneur en
carbone relativement faible (figure 2 a) ;
— soit sous la forme aiguillée de Vidmanstätten dans des pièces Figure 1 – Courbe de transformation en refroidissement continu
minces et/ou à teneur en carbone relativement élevée (figure 2 b) ; d’un acier non allié à 0,44 % de carbone [1]

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Température
Tc

Austénite

Ac3

a cellulaire
Ac1

Ferrite-Perlite

RECUIT
BRUT

NORMALISÉ
Temps
b Widmanstätten
Figure 3 – Évolution de la structure ferrito-perlitique brute de coulée
Figure 2 – Structures brutes de coulée de pièces en acier moulé lors d’un traitement de normalisation ou de recuit de pièces en aciers
non allié moulés non ou faiblement alliés

— soit d’un mélange des deux selon les différentes parties d’une 1 000
Température (°C)

même pièce.
Ac
3+
Ac C3

Les traitements de normalisation ou recuit consistent à affiner


Ac33

950
cette structure ferrito-perlitique brute de coulée grossière, par
+5
AAcc

transformation en austénite à grains fins, en portant les pièces à



iieerr

une température comprise entre Ac3, limite supérieure de stabi-


ss m
mo

lité de la ferrite, et la température critique de grossissement du cc3


A
A

ouu

grain austénitique : Tc (figure 3). 900 3 AA


cciie
llééss

err
ss
ccoo
rrrro
oyy
Les températures Ac3 des aciers moulés non alliés sont indiquées ééss
850
sur la figure 4 pour les vitesses habituelles de chauffage comprises
Ac

entre 100 ˚C/h et 300 ˚C/h. Dans les pièces en aciers moulés, néces-
3
Di

sairement calmés, généralement à l’aluminium, la température criti-


ag

que de grossissement du grain est toujours supérieure à 1 000 ˚C, m


ra

800
m
(et le plus souvent de l’ordre de 1 100 ˚C, température de mise en e
Fe
solution des précipités de nitrure d’aluminium qui ancrent les joints -C
de grains austénitiques) [3].
750
■ La température d’austénitisation d’un lot homogène de pièces
en aciers moulés se situe habituellement à Ac3 + 50 ˚C. Cependant,
le risque de grossissement du grain γ étant nul en dessous de 700
1 000 ˚C, ceci permet de traiter dans un même lot, des pièces à 0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8
teneurs en carbone différentes, la température du four étant réglée Teneur en carbone (%)
à la valeur Ac3 + 50 ˚C de la nuance la moins carburée (figure 4).
Cette possibilité est souvent exploitée lors de la fabrication de piè- Figure 4 – Températures de normalisation de pièces en aciers moulés
ces unitaires ou en petites séries permise par la souplesse des au carbone [2] obtenues expérimentalement : aciers moulés
moyens d’élaboration de la fonderie. (source : CTIF), aciers corroyés (source : Pokorny)

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Tc

Température
960 °C (1 à 5 h)

Ac3

Ac1

2 600 °C/h 230 °C/h


1 200 °C/h 500 °C/h

100 µm

Rm (MPa) Rp 0,2 (MPa) A (%) KV20 °C (J) KV0 °C (J)


550

Rm
Rp 0,2

KV20 °C
350 100 100
35

KV0 °C
30
500
300 50 50
25

20
450
a État brut de coulée b État normalisé c État normalisé d Normalisation incorrecte e Recuit

Valeurs exigées par le projet de norme NF EN 10293

Rm Résistance à la traction Rp 0,2 Limite d'élasticité conventionnelle A Allongement KV Énergie de rupture par choc
à 0,2 % d'allongement

Figure 5 – Effets de la température d’austénitisation et de la vitesse de refroidissement sur la structure et les caractéristiques mécaniques de
l’acier GE 300.

Dans le cas de pièces massives on aura intérêt à viser une tempé-


rature voisine de 1 000 ˚C afin de favoriser l’homogénéisation de θ (°C)
l’austénite [4].

Si la température atteinte par les pièces est insuffisante, c’est-à- Four


dire inférieure à Ac3, l’austénitisation est incomplète et la structure θf
brute de coulée n’est pas entièrement détruite. Il en résulte des Surface Charge
caractéristiques mécaniques médiocres avec notamment une limite
d’élasticité faible ; dans l’exemple montré sur la figure 5 d d’un
acier GE 300, la limite d’élasticité (Rp 0,2) n’atteint pas la valeur
minimale de 300 MPa exigée selon le projet de norme NF EN 10293 θτ
et reste voisine de la limite d’élasticité de l’état brut (figure 5 a). Cœur

■ Un temps de maintien de 15 min à 2 h [3] est suffisant dès que


l’ensemble de la charge a atteint la température d’austénitisation
visée. Il est donc nécessaire de connaître l’hystérésis existant entre τ t Temps
la température de l’enceinte du four θf, donnée par le(s) thermocou-
ple(s) de régulation et la température de la charge (figure 6) [5] [6]. Figure 6 – Schéma de l’échauffement de la charge [5]

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● Dans le cas d’une charge dispersée il est souhaitable de regrou- • dans une charge de four de 10 t à 20 t, plus ou moins com-
per autant que faire se peut des pièces d’épaisseurs moyennes pacte, les vitesses de refroidissement à l’air peuvent passer
comparables et de disposer les pièces sur des grilles ou des sup- d’environ 1 200 ˚C/h pour des pièces de 30 mm d’épaisseur
ports afin de faciliter la circulation des gaz et donc l’homogénéité de situées à la périphérie de la charge (avec soufflage d’air) à
température de la charge [7] [8]. 200 ˚C/h pour des pièces plus massives ou situées au centre de la
● Dans le cas d’une pièce massive, il y a lieu de tenir compte éga- charge (air calme) [10].
lement de l’hystérésis de température entre la surface et le cœur de Pour une vitesse de refroidissement de 1 200 ˚C/h (figure 5 c), la
la pièce (figure 6). L’écart de température reste assez faible tant que structure et les caractéristiques sont encore très voisines du cas pré-
la vitesse de chauffage est de l’ordre de 100 ˚C/h à 300 ˚C/h, vitesse cédent, typique de l’état normalisé, tandis qu’à 200 ˚C/h (figure 5 e)
habituelle d’un traitement « départ four froid » mais peut devenir on obtient une véritable structure « recuite » avec des valeurs moins
sensible dans le cas d’une vitesse de chauffage élevée, obtenue en élevées de limite d’élasticité et de résilience, bien que satisfaisant
introduisant la pièce dans le four chaud. encore aux exigences de la norme dans l’exemple donné.
À titre d’exemple le tableau 1 présente les valeurs obtenues en
divers points d’un bloc en acier moulé de 250 mm × 250 mm ×
400 mm comportant un lingot à quille attenant de 30 mm d’épais- On voit donc tout l’intérêt, tant pour le chauffage que le refroi-
seur [3]. dissement, de composer des charges peu denses en disposant
(0)
les pièces sur des supports ou des grilles afin de permettre un
refroidissement rapide des pièces à l’air calme, voire soufflé, et
Tableau 1 – Temps mis pour atteindre 900 ˚C si possible séparé de celui de la sole dans le cas de four à sole
mobile.
Point où est prise
Départ four froid Départ four à 900 ˚C
la température
Lingotin attenant 1.2 Trempe et revenu des aciers moulés
Côté opposé au bloc 5h 1h non alliés ou alliés
(à 260 mm
de celui-ci)
Côté bloc 5 h 08 min 1 h 54 min
C’est le traitement de qualité de tous les aciers alliés (et éven-
Bloc tuellement non alliés à haute teneur en carbone) présentant une
En surface, au centre 5 h 17 2 h 15 transformation allotropique α ↔ γ pour lesquels on recherche,
de la face 250 × 250 après trempe, une structure hors d’équilibre susceptible de con-
duire après revenu à des caractéristiques mécaniques supérieu-
À cœur 5 h 33 2 h 35
res à celles d’une structure « normalisée ».

L’introduction de la charge en four chaud accélère la vitesse de


Tout comme les aciers corroyés, les vitesses de trempe nécessai-
chauffage, ce qui est favorable à l’obtention d’un grain austénitique
res pour obtenir les structures recherchées (bainite ou martensite)
fin ; cette pratique est donc recommandable dans la limite où la
varient très largement avec la composition des aciers et donc leur
morphologie des pièces et notamment les variations d’épaisseur
trempabilité que l’on peut notamment apprécier à l’aide des cour-
n’entraînent pas de gradients thermiques susceptibles de provoquer
bes de transformation en refroidissement continu (TTTRc).
des déformations.

Dans les deux cas (à condition que la température visée dans le Le revenu consiste ensuite à réchauffer les pièces à une tem-
cas de la pièce massive soit voisine de 1 000 ˚C) un cycle court com- pérature en principe inférieure à Ac
portant un chauffage rapide et un maintien effectif de 15 min à 2 h
permet en outre d’éviter une oxydation excessive des pièces. 1, limite inférieure du domaine de transformation de la ferrite
en austénite lors du chauffage, afin de faire évoluer les structu-
■ Le refroidissement conduit ensuite à une structure ferrite-perlite, res hors d’équilibre obtenues après trempe pour obtenir le com-
constituant du diagramme d’équilibre, mais dont la finesse, l’homo- promis résistance – ténacité recherché pour les pièces. Ce
généité et les caractéristiques dépendent de la vitesse de refroidis- traitement a également pour effet d’éliminer les contraintes
sement : internes d’origine thermique ou métallurgique (gonflement lors
— le recuit (figure 3), suivi d’un refroidissement lent dans le four de la transformation austénite → martensite), qui peuvent être
conduit à une structure ferritique à grains relativement grossiers (et élevées après trempe notamment dans le cas de pièces trem-
à une répartition interdendritique de la perlite, liée à la ségrégation pées d’épaisseur variable (§ 3.3).
du manganèse) qui est recherchée en vue de l’obtention de caracté-
ristiques magnétiques élevées [9], mais ceci au détriment de
l’ensemble des caractéristiques mécaniques, limite d’élasticité et 1.2.1 Aciers non alliés ou faiblement alliés
ductilité comme le montre la figure 5 e ;
— dans le cas de la normalisation (figure 3), traitement habituel
des aciers non alliés, un refroidissement à l’air est au contraire 1.2.1.1 Trempe à l’eau des aciers moulés non alliés
effectué afin de conduire à une structure ferrite-perlite homogène à
grains fins, recherchée pour l’obtention simultanée d’une limite Elle est peu courante compte tenu de la très faible trempabilité de
d’élasticité et d’une ductilité élevées dans les aciers de construction ces aciers déjà illustrée figure 1.
ou d’usage général. La finesse de cette structure augmente avec la Dans certains cas cependant, elle permet, en élevant la vitesse de
vitesse de refroidissement : trempe, d’affiner nettement la structure ferrite-perlite, ce qui a pour
• sur une pièce unitaire ou un lingot échantillon d’épaisseur effet d’élever à la fois la limite d’élasticité et la ténacité. On peut
30 mm refroidi à l’air à une vitesse moyenne de 2 600 ˚C/h entre ainsi obtenir sur un acier à 0,20 % de carbone les caractéristiques
800 ˚C et 500 ˚C, la structure ferrito-perlitique obtenue est très fine montrées dans le tableau 2, et par exemple étendre le domaine
et homogène, typique de l’état « normalisé », et conduit à un d’application de cet acier à des températures ambiantes légèrement
ensemble de caractéristiques optimales (figure 5 b), inférieures à 0 ˚C.

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(0)

Tableau 2 – Influence d’une trempe à l’eau sur les caractéristiques mécaniques d’un acier non allié à 0,20 %
de carbone en fonction de la vitesse de trempe
Vitesse Limite d’élasticité Énergie de rupture KV
de refroidissement conventionelle à 0,2 %
Type de traitement Indice de grosseur
800 sur une épaisseur des grains ferritiques d’allongement, à + 20 ˚C à − 20 ˚C
V R 500 de 30 mm selon NF A 04-102 Rp 0,2,à + 20 ˚C
(˚C/h) (MPa) (J) (J)

200 Recuit 7 330 45 18


2 600 Normalisation 8 370 68 38
200 000 Trempe à l’eau 10 400 92 62

(0)

Tableau 3 – Températures de transformation Ac1 et Ac3 de divers aciers moulés faiblement alliés

Ac1 Ac3 Ac1 Ac3


Nuance Nuance
(˚C) (˚C) (˚C) (˚C)

G10MnMoV6 750 890 G18CrMo2-5 730 860


G20Mn5 745 860 G17CrMo9-10 780 900
G15Ni11 680 820 G17CrMoV5-10 765 920
G12Ni16 675 790 G30CrMoV6-4 770 840
G20Mo5 765 890 G25NiCrMo2 750 840
G33MnMo6 750 820 G32CrNiMo8-5-4 720 805
G25CrMo4 750 – 770 840 – 860 G20NiCrMo12 655 845

1.2.1.2 Trempe des aciers moulés faiblement alliés — soit plus précisément sur les courbes de transformation en
refroidissement continu TTTRc établies spécifiquement pour les
La trempe de ces aciers dont la teneur du principal élément aciers moulés [11] [12] [17] ou pour les nuances corroyées équiva-
d’alliage est au plus égale à 5 %, consiste, comme précédemment, à lentes [1] [18] [19] qui sont utilisables avec une bonne approxima-
régénérer une austénite fine et homogène par chauffage des pièces tion [20].
à une température comprise entre Ac3 et Tc puis à les refroidir à une
vitesse supérieure à la vitesse critique perlitique. La figure 7 donne des exemples de courbes TTTRc d’aciers faible-
ment alliés de trempabilités très diverses : faibles pour l’acier micro
Les températures Ac3 des aciers moulés sont très proches de cel-
allié G10MnMoV6 et l’acier 25Mn6, moyenne pour l’acier G25CrMo4
les des aciers corroyés de même nuance, souvent très légèrement
et élevée pour l’acier 34NiCrMo14 qualifié d’autotrempant car
supérieures en raison de leur teneur en silicium un peu plus élevée.
exempt de ferrite-perlite même pour des refroidissements lents. On
Elles sont données, pour les aciers moulés (de même que les tem-
voit également que pour bon nombre d’aciers à trempabilité modé-
pératures Ac1) dans des dossiers ou publications techniques spécifi-
rée et pour un large éventail de vitesses de refroidissement, la struc-
ques [11] [12] [13]. Le tableau 3 rassemble, à titre indicatif ces
ture obtenue après trempe comportera un mélange de ferrite-perlite
températures pour des nuances d’aciers moulés représentatifs des
et bainite, de bainite et martensite, ou encore ferrite-perlite, bainite
diverses familles d’aciers faiblement alliés.
+ martensite.
Ici encore, la température critique de grossissement du grain Tc
Pour l’obtention d’une structure de trempe donnée sur une pièce
est toujours supérieure à 1 000 ˚C et de l’ordre de 1 100 ˚C pour la
en acier moulé, l’utilisation pratique des courbes TTTRc exige la con-
majorité des aciers moulés calmés à l’aluminium.
naissance des cycles de refroidissement en fonction de la forme de
■ Les températures d’austénitisation avant trempe des aciers mou- la pièce, de sa massivité, ainsi que la connaissance des caractéristi-
lés faiblement alliés sont : ques des milieux de refroidissement.
— de l’ordre de Ac3 + 50 ˚C pour ceux qui sont alliés à des élé- En première approximation on peut assimiler le refroidissement
ments non ou peu carburigènes (nickel, manganèse) ; d’une paroi ou d’une partie de pièce moulée à celui d’une plaque
— comprises entre Ac3 + 50˚ et 1 000 ˚C pour les aciers alliés avec d’épaisseur équivalente.
des éléments formant des carbures stables (chrome, molybdène, Le schéma simplifié de la figure 8 permet une approche rapide et
vanadium) plus difficiles à remettre en solution que la cémentite. approximative des vitesses de refroidissement au centre de plaques
■ Les vitesses de refroidissement nécessaires pour obtenir les infinies, ainsi que la correspondance entre les paramètres de refroi-
constituants recherchés (bainite ou martensite) varient très large- dissements suivants :
ment selon la composition des aciers, donc de leur trempabilité qui — vitesse moyenne de refroidissement entre 800 et 500 ˚C ;
peut être appréciée : — temps de refroidissement entre 800 et 500 ˚C ;
— soit à l’aide de courbes Jominy [14] [15] [16] ; — temps de refroidissement entre 700 et 300 ˚C.

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Vitesse de refroidissement (VR 800) entre 800 °C et 500 °C (°C/h) Vitesse de refroidissement (VR 800) entre 800 °C et 500 °C (°C/h)
500 500

106 105 104 103 102 106 105 104 103 102
Température (°C)

Température (°C)
1 000 1 000

900 Ac3 900


Ac3
800 800
A+F+C Ac1
Ac1
(P)
600 600
A A A+F A + F+ C
85 90
700 80 700
A+F+C 85 97

500 (B ) 500
A+F+C
Ms 100 20 (B )
400 55 65 15 400
A+M 10
58 3
300 300 75
15
45 35 A+M 25
200 200 42
M M
100 100
HV 320 265 225 200 170 160 140 HV 500 475 410 315 265 225 200 175
0 0
1 2 5 10 20 50 100 200 500 103 104 1 2 5 10 20 50 100 200 500 103 104
Durée de refroidissement (∆t800
500)
Temps (s) Durée de refroidissement (∆t500
800) Temps (s)
entre 800 °C et 500 °C 1 min 2 min 15 min 1 h2 h entre 800 °C et 500 °C 1 min 2 min 15 min 1 h 2 h

Nuance Composition chimique (%) Nuance Composition chimique (%)


C Mn Si S P Mo V Cr Ni Al Cu C Mn Si S P Al Mi Cr Mo Ti Cu
G10MnMoV16 G25 Cr Mo4
0,125 1,28 0,36 0,018 0,016 0,35 0,055 0,065 0,085 0,078 0,11 0,26 0,72 0,37 0,005 0,009 0,04 0,17 1,08 0,26 0,019 0,09

Homogénéisation préalable 1 050 °C - 4 h Gγ = 7 Homogénéisation préalable 1 100 °C - 3 h Gγ = 8


Austénitisation à 960 °C - 30 min Austénitisation à 905 °C - 30 min

a c
Température (°C)

Température (°C)

900 900

800 Ac3 800


Ac3
Ac1
600 700
A A+F 70
65 70 A + F – C Ac1
40 65
700 60 30 600
25
2 5 10 10
15 25
A
20
500 500
A+F+C

400 Ms 400
10 50 70
M50 70 45 Ms
300 23 13 300
A+M A + FF+– C
8 3 A+M
M50 75 90
200 200
184 HV

100 100
HRC 46 36 31 25 22 18 219 213 203 HV HRC 55,5 54 53 51 42 42
après trempe et maintien 20 mn dans N2 liquide
0 0
1 2 5 10 20 50100 200 500 103 104 105 1 2 5 10 20 50 100 200 500 103 104 105
Temps (s) Temps (s)
1 min 15 min 2h 8h 1 min 15 min 2h 8h
2 min 1h 4h 24 h 2 min 1h 4h 24 h

Nuance Composition chimique (%) Nuance Composition chimique (%)


C Mn Si S P Ni Cr Mo Cu As Co C Mn Si Si P Ni Cr Mo N2
25 Mn6 34NiCrMo14
0,24 1,58 0,20 0,014 0,016 0,20 0,24 0,022 0,12 0,040 0,018 0,34 0,35 0,26 0,006 0,008 3,55 1,54 0,31 0,008
Austénitisé à 875 °C 1/2 h Grosseur du grain : 10-11 Austénitisé à 850 °C 30 mn Grosseur du grain : 9-10
b d

A : austénite, F : ferrite, P : perlite, C : carbures, B : bainite, M : martensite.

Figure 7 – Courbes de transformation TTTRc d’aciers faiblement alliés : a) [11], b) [1], c) [12], d) [1]

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Milieu de
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 15 20 30 50 70 100 200 300 500 refroidissement
Air
10 15 20 30 40 50 60 7080 100 150 200 300 400500
Épaisseur des
Huile plaques (mm)
10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 200 300 400 500
Eau

105 104 103 102


(°C/h) Vitesse moyenne de
10 1 0,1 0,01 refroidissement
(°C/s) entre 800 °C et 500 °C

10 102 103 104 Temps de refroidissement


(s) entre 800 °C et 500 °C

10 102 103 104 Temps de refroidissement


(s) entre 700 °C et 300°C

Figure 8 – Valeurs indicatives de vitesses de refroidissement en fonction de l’épaisseur et du milieu de trempe (plaques infinies)

Épaisseur e (mm) Abaque HRC Courbes Jominy HV


VR 800 de l'acier considéré
400 500 60
300 800
∆t 500 = f (e, H, d ) Dureté en peau
60
600
200 Distance Jominy équivalente Dureté au 1/4
50
épaisseur 500
150
Plaques infinies e (épaisseur) Dureté

Br
d td au cœur

u
1 100 40 et 400
80 re m
Air : environ 0,0008 mm–1 pe
60 Re
Sévérité de trempe H Huile : de 0,002 à 0,04 mm–1 ve
50 30 nu
40 Eau : de 0,04 à 0,16 mm–1 à 55
0 °C 300
Re
30 Dureté : le report des courbes Jominy de l'acier ve nu à
considéré (à l'état brut de trempe ou revenu) permet 625 °C 250
20 R
d'obtenir directement la dureté d'un point situé à une e venu
20 distance d de la peau d'une plaque d'épaisseur e à 7 0 0 °C
refroidie dans un milieu de sévérité de trempe 220
H, respectivement brute de trempe ou revenue. Distance Jominy équivalente (mm)
10
10 (1 – 2d ) 0,95 0,9 0,85 0,8 0,75 0,7 0,6 0,5 0,40,2 10 20 30 40 50 60 200
200
H (mm–1) 0,0008 0,002 0,01 0,025 0,04 0,08 0,16 e

PEAU

CŒUR
2 9 12 8

1
106
0,08
0,16

0,04
10
4 105 7
0,025
H (mm–1)
PEAU (selon milieu)

10
5
102
104 11
0,01 3 6
Exemple : plaque en acier G25CrMo4
Cœur (tous milieux) de 100 mm d'épaisseur trempée à l'eau
103 (H = 0,08 mm-1) Peau d = e /4 Cœur
103
0,002 VR 800 (°C/h) 110 000 11 000 7 800
500

00
8 ∆t 800
500
(s) 11 110 160
0,0 104
102 HV brut de trempe 460 330 320
VR 800 (°C/h) ∆t 800 (s) HV revenu à 625 °C 270 235 235
500 500

Figure 9 – Prévision des vitesses de refroidissement dans une plaque en fonction de l’épaisseur et de la sévérité du milieu de trempe [12]

Une approche un peu plus précise des lois de refroidissement est avec α coefficient de transfert de chaleur entre la pièce
faite figure 9 en tenant compte : et le milieu de trempe,
— de la sévérité du milieu de trempe, définie dans le tableau 4
par l’indice de Grossmann exprimé en mm−1 [21] : λ conductivité thermique du milieu de trempe
α — de l’épaisseur e de la plaque et de la distance d à la surface de
H = -------
2λ la plaque.

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(0)
Nota : en l’absence de révision de la norme NFA32-058 depuis la mise en vigueur de la
désignation européenne des aciers selon NF EN 10027, en 1992, les aciers y restent dési-
Tableau 4 – Valeurs de l’indice de Grossmann H en fonction gnés selon l’ancien système français NF A 02-005. Ces désignations figurent dans le texte
du milieu de trempe et de l’agitation entre parenthèses, après les désignations selon NF EN 10027.
— entre 450 ˚C et Ac1 :
Circulation du
Air Huile Eau • coalescence de la cémentite dans le cas des aciers alliés à des
liquide ou
éléments fortement carburigènes : il en résulte une nouvelle dimi-
agitation de la (mm-1) (mm-1) (mm-1) nution de la résistance et une élévation de la ductilité, de faibles
pièce
teneurs en molybdène ne faisant que ralentir ces processus. Ces
Aucune environ 0,0008 0,010 à 0,012 0,035 à 0,039 évolutions sont d’autant plus marquées que la structure trempée
est riche en martensite, puis en bainite, les structures ferrito-perli-
Moyenne 0,012 à 0,014 0,039 à 0,043 tiques ne subissant qu’une légère coalescence et par suite des
variations peu sensibles des caractéristiques, comme le montre la
Modérée 0,014 à 0,016 0,047 à 0,051 figure 10 a ;
Bonne 0,016 à 0,020 0,055 à 0,059 • précipitation fine et dispersée de carbures spéciaux dans le
cas des aciers alliés à des éléments fortement carburigènes,
Forte 0,020 à 0,030 0,063 à 0,079 notamment le vanadium, ce qui entraîne un pic de durcissement
et l’augmentation de la résistance, au détriment de la ductilité
Violente 0,030 à 0,043 0,16 vers 600 ˚C. Entre 600 ˚C environ et Ac1, ces carbures spéciaux
coalescent à leur tour, provoquant une diminution de la résistance
et une restauration de la ductilité comme l’illustre la figure 11.
On peut ainsi connaître (figure 9), pour une épaisseur et un milieu C’est dans ce domaine de températures de 450 ˚C à Ac1 que sont
de trempe donné a, les vitesses de refroidissement à cœur b + c effectués les revenus des divers aciers moulés de construction et
et en surface b + d, ainsi qu’à une distance d donnée e + k. Les d’usage général retenus dans le projet de norme NF EN 10293, avec
derniers renvois h, i et l permettent en outre de situer les trois cependant une restriction entre 450 ˚C et 500 ˚C où peut apparaître
vitesses de refroidissement ainsi déterminées sur la courbe Jominy le phénomène de fragilisation réversible de revenu, lié à la présence
d’un acier donné et de prévoir les duretés qui seront obtenues à d’impuretés telles que le phosphore, l’antimoine, l’étain et l’arsenic,
cœur, en surface et à la distance d de la surface. et qui se manifeste par une remontée de la température de transi-
tion de résilience sans modification des autres caractéristiques
Exemple : l’abaque figure 9 présente l’exemple d’une plaque en mécaniques et provoque des ruptures intergranulaires [24] [25].
acier G25CrMo4 d’une épaisseur e = 100 mm, trempée à l’eau Pour les revenus effectués entre 500 ˚C et Ac1, on aura soin de
(H = 0,08 mm−1) et pour laquelle : refroidir les pièces assez rapidement pour éviter qu’elles se fragili-
sent entre 500 ˚C et 375 ˚C environ au cours du refroidissement.
(0) Pour des pièces peu épaisses et en présence de molybdène (0,25 à
0,45 %) qui s’oppose à la ségrégation des impuretés, un refroidisse-
Peau d = e/4 Cœur ment à l’air est généralement suffisant. Dans le cas de pièces plus
massives la présence de molybdène et/ou un refroidissement accé-
110 000 11 000 7 800 léré (air soufflé, huile ou eau) peut être recommandé, notamment en
800
V R 500 (˚C/h) présence d’un taux d’impuretés élevé.
■ Dans la pratique les revenus des aciers moulés de construction et
800 11 110 160 d’usage général sont donc effectués :
∆t (s) — entre 500 ˚C et 550 ˚C si l’on recherche une résistance élevée au
500
détriment de la ductilité ;
HV brut de trempe 460 330 320 — vers Ac1 − 50 ˚C si la ductilité ou la ténacité est le facteur pré-
pondérant (les températures Ac1 de divers aciers moulés faiblement
HV revenu à 625 ˚C 270 235 235
alliés sont indiquées dans le tableau 3).
● En l’absence de vanadium, c’est la vitesse de trempe la plus éle-
vée qui permet, après revenu d’obtenir la structure la plus fine et
1.2.1.3 Revenu donc le compromis optimal entre résistance et ductilité, comme le
montre la figure 10 b pour l’acier G25CrMo4.
Il provoque une évolution des structures trempées martensite et/ ● En présence de vanadium où le revenu est effectué entre la
ou bainite et des caractéristiques mécaniques, identiques à celles température du pic de durcissement et Ac1, soit 650 ˚C par exemple
observées dans les aciers corroyés de même nuance, c’est-à-dire : pour l’acier de construction G10MnMoV6, ce sont encore les vites-
— en dessous de 250 ˚C : rejet de carbone par la martensite, sous ses de trempe les plus grandes qui conduisent aux valeurs de résis-
forme de carbure Fe2,4C ; tance et de limite d’élasticité les plus élevées comme le montre la
figure 12. Cependant, dans ce cas, la ductilité est insensible à la
— entre 250 ˚C et 450 ˚C : transformation de la martensite, de la vitesse de trempe, l’affinement provoqué par une vitesse de trempe
bainite et de l’austénite résiduelle éventuellement présente en fer- élevée étant compensé par un maintien en solution du vanadium
rite et cémentite Fe3C provoquant une diminution de la résistance et lors la trempe et donc une plus grande aptitude au durcissement
une élévation de la ductilité. Dans le cas des aciers martensitiques à lors du revenu.
teneur élevée en carbone, l’apparition de cémentite en plaquette
remplaçant le carbure Fe2,4C, s’accompagne d’une fragilisation. ■ Dans le cas d’aciers d’outillage à chaud, comme l’acier
Cette transformation est retardée et donc l’adoucissement rejeté au- GX40CrMoV5, la structure trempée est toujours constituée de mar-
dessus de 400 ˚C dans les aciers alliés au silicium. Cet élément est tensite et/ou bainite, même après trempe à l’air, compte tenu de la
ainsi utilisé dans les aciers résistant à l’usure qui subissent un trempabilité élevée de cette nuance. Dans tous les cas, la dureté éle-
revenu à une température inférieure à 400 ˚C : par exemple les aciers vée recherchée, de l’ordre de 50 HRC, peut être obtenue après
G45CrSiMo6 (45CSD6-M) et G30NiSiGMoV8-6 (30NSCDV8.6-M) de la revenu à une température comprise entre 550 et 600 ˚C située au-
norme NF A 32-058 trempés et revenus entre 200 et 330 ˚C pour une dessus du pic de durcissement ; on voit sur la figure 11 b que ce
dureté comprise entre 42 et 55 HRC. dernier est nettement plus intense avec une structure bainitique,

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Vitesse de trempe
800 (°C/h) Structure (1)
VR 500

36 000 B, 85 % + M, 15 % 120
12 000 B, 95 % + M, 5 % KV (J) B, M
1 200 B, 25 % + F.P, 75 % 110
420 F, P.
100
(1) M martensite B bainite F ferrite P perlite
90
B (M)

Rp 0,2 % (MPa)

Rm (MPa)

A (%)

KV (J)
80
900 70
700 30
140 60
800 120
600 50
20 100 F + P (B)
40
700 80
500 30
60
10
600 20
40 F+P
400
20 10

500 0 0 0
550 600 650 700 550 600 650 700 550 600 650 700 550 600 650 700 400 500 600 700 800 900 1 000
Température de revenu (°C) Rm (MPa)

a évolution en fonction de la température de revenu b combinaison résistance au


choc-résistance à la traction

Figure 10 – Effet du revenu (3 h) et de la vitesse de trempe préalable, sur les caractéristiques mécaniques de l’acier G25CrMo4 [12]

plus riche en austénite résiduelle, en raison de la transformation de généité de température (variation de ± 5 ˚C maximum) aux tempéra-
celle-ci qui se superpose à la précipitation des carbures de vana- tures généralement inférieures à 700 ˚C. Une vitesse de chauffage
dium. La présence d’austénite résiduelle impose, pour ces types relativement lente est recommandée pour améliorer l’homogénéité
d’acier d’effectuer un double revenu : en effet lors du premier de la charge, notamment en présence de variations d’épaisseurs
revenu la transformation de l’austénite n’est pas complète et l’aus- importantes (par exemple 50 ˚C/h environ) [29].
ténite subsistante, appauvrie en carbone par la précipitation de car-
bures, se transforme en martensite lors du refroidissement. Un La température doit être contrôlée au niveau de la charge, éven-
deuxième revenu est donc nécessaire pour conférer à cette nouvelle tuellement en divers points de celle-ci, afin de régler avec précision
martensite les caractéristiques recherchées. la durée de maintien. L’enregistrement des consommations énergé-
tiques semble par ailleurs être un bon moyen de contrôle, le début
■ Les temps de revenu des pièces en acier moulé sont générale- de la mise en palier de la charge coïncidant avec le début de palier
ment compris entre 3 h et 10 h selon les nuances et le type de piè- de faible consommation énergétique qui correspond à la simple
ces. L’évolution des structures étant conditionnée par des compensation des pertes thermiques de l’installation [29].
phénomènes diffusionnels, il existe en fait, dans chaque domaine de
température décrit, une équivalence entre temps et température de
revenu, dont le paramètre le plus connu, utilisé figure 11 b est celui
d’Hollomon et Jaffe [27] :
1.2.2 Aciers inoxydables martensitiques

P = T (K + lg t ) 10−3 Ces aciers, les moins alliés des aciers inoxydables, forment deux
avec T (K) température de revenu, groupes largement décrits dans deux dossiers techniques [30] [31] :
les aciers à 13 % de chrome où le carbone est progressivement rem-
t (h)
temps de revenu,
placé par du nickel jusqu’à 4 % et les aciers à bas carbone à 16 % de
K
constante dépendant de la composition de l’acier chrome et 4 % de nickel, avec des additions éventuelles de molyb-
(généralement compris entre 18 et 20 pour les dène (0,2 % à 2 %) et dans le deuxième groupe de cuivre (3,5 % à
divers aciers alliés). 5,5 %).
D’autres paramètres d’équivalence ont été développés plus
récemment, basés sur les lois de la diffusion, comme celui de May- Leur composition et leur structure leur confèrent une résistance
nier [28] utilisé à la figure 13 pour représenter sous forme d’un gra- mécanique élevée alliée à une résistance à la corrosion modérée qui
phique unique les variations de caractéristiques mécaniques d’une permet leur utilisation en eau douce voire chlorurée pour les plus
pièce en acier G25CrMo4 trempée et revenue entre 1 h et 4 h à des alliés. Ils sont répertoriés notamment dans la norme NF EN 10283.
températures comprises entre 550 ˚C et 750 ˚C. Ils présentent une transformation allotropique α ↔ γ et leur traite-
Les caractéristiques des pièces sont donc étroitement liées au ment consiste donc, comme précédemment, en une trempe suivie
paramètre de revenu faisant intervenir une équivalence entre la d’un revenu avec les particularités suivantes, liées à leur taux
température et le temps ; il est par suite nécessaire d’effectuer le d’alliage au chrome, élément alphagène et en nickel et carbone, élé-
traitement dans des fours spécialisés, présentant une grande homo- ments gammagènes.

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800

Rm , Rp 0,2 (MPa)
HV 30

750 Rm
320 Trempé eau
700

Rp 0,2
650
300
600

280 550

500 e
(mm) Rp 0,2 Rm
260
30
450
30
Trempé air
240 400 30
100
350
250
220
500 550 600 650 300
150
KV (J)
θ (°C) pour t = 1 h
a acier G6NiMnMoV6 S + P < 0,020 %
100

HV 30 S + P = 0,034 %
Trempe 50
martensitique

600 106 105 104 103 102


800(°C/h)
VR 500

500 Trempe
bainitique
Figure 12 – Acier G10MnMoV6 – Caractéristiques mécaniques
400 en fonction de la vitesse de trempe, après revenu 3 h à 650 ˚C
[11] [26]

300

200 1 000
A (%)

KV (J)
Rm Rp 0,2 (MPa)

900 KV

P 800 30 100
5 10 15 20
700 A
400 500 600
Rm
450 550 600 20 60
θ (°C) pour t = 1 h
500
450 550 Rp 0,2 %
10 20
400 500 600 900 1 000 1 100 1 200 P
θ (°C) pour t = 8 h
500 550 600 650 700 750 (°C)
P : paramètre de Hollomon et Jaffe 1h
P = T (20 + lgt ) 10–3 2h
3h
b acier GX40CrMoV5 4h

Figure 13 – Effet de la température et du temps de revenu, définis


Figure 11 – Effet de la température de revenu sur la dureté par le paramètre d’équivalence P [27] sur les caractéristiques
de deux aciers moulés alliés au vanadium, respectivement mécaniques d’une pièce en acier G25CrMo4 de 30 mm d’épaisseur
pour deux états trempés initiaux : a) [22], b) [23] préalablement trempée à l’eau [12]

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1.2.2.1 Trempe
1 600

Température (°C)
L L’austénitisation s’effectue dans un domaine de température situé
1 500 au-dessus de Ac3 et correspondant au « nez » de la boucle
L+δ « austénite » du diagramme Fe-Cr-C ou Fe-Cr-Ni-C, (figure 14) :
1 400 — entre 950 ˚C et 1 050 ˚C pour les aciers à 13 % de chrome sans
γ+ nickel, tel que GX12Cr12 selon NF EN 10283 ;
δ δ
1 300
— entre 1 000 et 1 050 ˚C pour les aciers à 13 % de chrome alliés
au nickel tels que GX7CrNiMo12-1 et GX4CrNi13-4 ;
1 200
— entre 1 020 et 1 070 ˚C pour les aciers à 16 % de chrome et 4 %
0,20
0,2 %
%CC de nickel tels que GX4CrNiMo16-5-1, GX4CrNiMo16-5-2 et
1 100 GX5CrNiCu16-4 ; dans le cas de ces derniers, en raison des ségréga-
γ
tions et de la présence de molybdène, alphagène, l’austénisation ne
4 % Ni 10 % Ni
1 000 peut être totale et il subsiste toujours un peu de ferrite dont le taux
doit être maintenu aussi faible que possible, entre 5 % et 10 %, en
900 équilibrant la composition, compte tenu du rôle néfaste de cette
phase sur l’ensemble des caractéristiques mécaniques.
800 L’austénite de tous ces aciers présente une trempabilité élevée,
comme le montre la figure 15 pour deux aciers à 13 % de chrome :
700 elle se transforme donc en martensite par simple refroidissement à
l’air de pièces mêmes massives, notamment en présence de nickel.
0 5 10 13 15 17 20 25 26 30 Ceci est encore plus vrai pour les nuances à 16 % de chrome et 4 %
Teneur en chrome (%) de nickel plus alliées. Ce n’est que pour l’acier GX5CrNiCu16-4 où
l’on peut être amené à accélérer le refroidissement en trempant les
Figure 14 – Section verticale simplifiée du diagramme Fe-Cr-C pièces à huile afin de maintenir en solution les éléments (Cu, Nb)
pour 0,05 % C (lignes continues) et déplacement de la frontière susceptibles de provoquer un durcissement structural lors du
γ /γ + δ respectivement pour 0,20 % C, 4 % Ni et 10 % Ni [32] revenu.

1 200 1 200
Température (°C)

Température (°C)
1 100 1 100

A
1 000 1 000
A+c
900 900

800 800
A+c
700 700

600 600

500 500
A+c+F+C
400 Ms 400

300 300
M50
1
200 200
VM M50
50
90
100 Mf 100
394 397 390 394 387 394 394 387 HV 383

0 0
0 1 2 5
10 102 103 104 105 106 1 10 102 103 104 105
Temps (s) Temps (s)
c carbures intergranulaires 1 min 15 min 1h 2h 4h 8h 24 h
VM vitesse critique de trempe martensitique

Acier X15Cr13 austénitisé à 1 100 °C Acier GX4CrNi13-4 austénitisé à 1 050 °C

Figure 15 – Courbes de transformation TTTRc d’aciers inoxydables martensitiques à 13 % de chrome [30]

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Température (°C) 500

Dureté HV
GX12Cr12

GX4CrNi13-4
450

GX4CrNiMo16-5-1
400
450 °C

GX4CrNiMo16-5-2
480 °C
Ms

GX5CrNiCu16-4
300 400
500 °C

380 °C
200 350
600 °C
Mf

100 Brut de trempe


300
0,1 0,5 1 5 10
20 °C Temps de vieillissement (h)
0
Taux d'alliage croissant
Composition chimique (%)
Figure 16 – Domaines de transformation martensitique C Mn Si Ni Cr Cu Nb
de divers aciers moulés inoxydables martensitiques [30] 0,039 0,67 0,61 5,68 15,8 3,62 0,27

Figure 17 – Durcissement structural de l’acier GX5CrNiCu16-4,


Par ailleurs, le domaine de transformation de l’austénite en mar- après trempe à l’huile [31]
tensite s’abaisse avec le taux d’alliage des aciers : pour les aciers à
13 % de chrome, la température Ms reste supérieure à la tempéra-
ture ambiante et l’austénite se transforme donc totalement en mar-
tensite, tandis que pour les aciers à 16 % de chrome et 4 % de nickel, éléments gammagènes diminue et sa composition tend vers la com-
notamment les nuances les plus alliées au molybdène ou au cuivre, position moyenne au voisinage d’Ac3, tandis que sa température MS
la transformation est généralement incomplète à la température remonte au-dessus de la température ambiante pour tendre vers la
ambiante où il subsiste environ 10 % d’austénite résiduelle température MS de l’alliage ; il en résulte alors une nouvelle trans-
(figure 16). formation martensitique au cours du refroidissement, et à nouveau
une élévation de la dureté et une diminution de la ductilité.
1.2.2.2 Revenu Les évolutions de structure et de dureté présentées figure 18
■ Si l’on recherche une résistance élevée, par exemple pour des montrent que, contrairement aux aciers martensitiques non alliés
pièces devant résister à la cavitation ou à la fatigue, le revenu après au nickel, tel que la nuance GX12Cr12 dont la température Ac1 se
trempe est effectué à une température comprise entre 500 et 530 ˚C situe vers 800 ˚C, les possibilités d’adoucissement des aciers mou-
pour l’acier GX4CrNi13-4 ou éventuellement entre 450 ˚C et 500 ˚C lés martensitiques alliés au nickel, notamment ceux du type
pour les aciers à 16 % de chrome et 4 % de nickel. La présence de GX4CrNi13-4 dont la température Ac1 est de l’ordre de 550 ˚C, se
cuivre et d’un peu de niobium dans la nuance GX5CrNiCu16-4 per- trouvent limitées après simple revenu vers 600 ˚C après trempe.
met de plus d’obtenir un durcissement structural entre 450 ˚C et Ainsi, pour obtenir une dureté HRC < 22 (soit HV < 250 ou HB < 240)
500 ˚C (figure 17), par précipitation dispersée de cuivre, voire de imposée dans l’industrie du pétrole pour éviter le risque de fissura-
carbonitrures de niobium, dans la martensite et la ferrite, condui- tion de pièces soumises à contraintes en milieu acide sulfurique
sant à une dureté de l’ordre de 450 HV, recherchée notamment pour (H2S) en présence de chlorures, un simple revenu vers 750 ˚C est
les pièces soumises à l’action d’un fluide véhiculant des particules suffisant pour l’acier GX12Cr12 ; mais dans le cas des aciers du type
abrasives. GX4CrNi13-4, il est nécessaire d’effectuer deux revenus successifs :

■ Si au contraire on cherche à obtenir la ductilité ou l’adoucisse- — le premier entre 660 ˚C et 680 ˚C, température relativement éle-
ment maximal, par exemple pour des pièces soumises à des chocs vée du domaine intercritique où l’austénite de réversion se trans-
(pièces d’hydraulique) ou à de la corrosion sous contrainte (dans forme pour une large part en martensite lors du refroidissement ;
l’industrie du pétrole), le revenu est effectué à une température
— le deuxième entre 560 ˚C et 620 ˚C pour adoucir cette marten-
comprise entre 600 ˚C et 630 ˚C.
site issue du premier revenu.
Or les additions de 4 % à 6 % de nickel dans ces aciers inoxyda-
bles martensitiques moulés ont pour effet d’abaisser la température Dans cet état adouci, les aciers martensitiques sont également
du point de transformation Ac1 vers 500 ˚C – 550 ˚C ; de ce fait, les susceptibles de présenter une bonne ténacité, recherchée notam-
revenus entre 600 ˚C et 630 ˚C sont en réalité des traitements effec- ment pour des pièces devant travailler à des températures inférieu-
tués dans le bas du domaine intercritique Ac1 – Ac3 qui entraînent la res à la température ambiante. La norme NF EN 10213-3 garantit
formation de 15 % à 30 % d’austénite de réversion stable, ce qui cor- ainsi pour l’acier GX3CrNi13-4 une énergie de rupture KV de 27 J à
respond à l’adoucissement maximal comme le montre la figure 18. − 120 ˚C.
La stabilité de cette austénite au cours du refroidissement résulte Par contre l’emploi à température élevée des aciers inoxydables
de l’abaissement de sa température de transformation MS en des- martensitiques est limité par leur aptitude au vieillissement qui se
sous de la température ambiante, dû à son enrichissement en car- traduit par une augmentation de la dureté et surtout une fragilisa-
bone et autres éléments gammagènes qui résulte de la partition des tion après des maintiens de 100 à 1 000 h à des températures com-
éléments alphagènes et gammagènes entre la ferrite et l’austénite prises entre 300 et 500 ˚C. C’est ainsi que la norme NF EN 10213-3
lors du maintien à la température du revenu. garantit des limites d’élasticité à chaud pour des températures ne
Lorsque la température du traitement s’élève, la quantité d’austé- dépassant pas 400 ˚C pour la nuance GX8CrNi12, 350˚C pour l’acier
nite augmente, et par effet de dilution sa teneur en carbone et en GX4CrNi13-4 et 300˚C pour la nuance GX4CrNiMo16-5-1.

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Température (°C)
1 000

Dureté HV

Dureté HB
340
300
300
260 900
260
220
220 GX12Cr12 800
A 1
180 F+C
180
700 100
100
1 400 100
100

Rp 0,2 , Rm (MPa)
95
1 200 600 5 15 75
Rm Rm A+C
1 000 500

800 Rp 0,2
400 F+C

600 5
120 300 25

Résilience CHARPY (J/cm2)


Ms 20
100 200
M50

80 A+M
à 20 °C 100
HV10 895 874 868 734 362 271
à 0 °C 827 470 305
60
0
1 10 102 103 104 105
40
Temps (s)
1 min 2 min 15 min 1 h 2 h 4 h 8 h 24 h
20
X200Cr12 (Z200C12) austénitisé à 975 °C/30 mn
0
Ac1 (°C) Figure 19 – Courbe de transformation en refroidissement continu
40 TTTRc de l’acier X200Cr12 (Z200C12) [33]
Austénite stable (%)

30
Trois nuances principales sont retenues dans la norme NF A 32-
20 058 : Z100CD6.1-M, Z160CDV12-M, Z200C12-M, correspondant aux
désignations nouvelles respectives : GX100CrMo6-1, GX160CrMoV12,
10 GX200Cr12.
0 Ces aciers présentant une transformation α ↔ γ, leur traitement
400 comporte une trempe et un (ou des) revenu(s) à température modé-
Ms de l'austénite (°C)

rée qui conduit (conduisent) une structure constituée d’un mélange


300 de martensite et de carbures dont la dureté élevée est comprise
entre 54 et 64 HRC.
200 En raison de la présence de carbures non dissous lors de l’austé-
nisation réalisée entre 870 ˚C et 1 000 ˚C pour la nuance à 6 % de
100 chrome et entre 980 ˚C et 1 030 ˚C pour les aciers à 12 % de chrome,
ces aciers présentent, notamment les plus alliés, une trempabilité
0
limitée (figure 19) qui restreint leur capacité de trempe à l’air
400 500 600 700 800
« calme » et impose, pour les pièces épaisses une trempe à l’air
Température de revenu (°C) soufflé ou à l’huile pour obtenir de la martensite (figure 20).
GX4CrNi13-4 Lors du revenu (figure 21) ces aciers présentent une bonne résis-
GX5CrNiCu16-4
tance à l’adoucissement jusque vers 500 ˚C, température à laquelle
un durcissement secondaire se produit en présence de vanadium ou
Figure 18 – Influence du nickel sur la structure et les propriétés de molybdène. Ainsi, les aciers à 12 % de chrome présentent une
mécaniques d’aciers moulés inoxydables martensitiques en fonction bonne résistance à l’usure à chaud jusque vers 450 ˚C et, leur teneur
de la température de revenu [32] en chrome leur confère également une certaine tenue à la corrosion.
Après trempe à l’air ou à l’huile, les pièces sont donc soumises :
— soit à un simple revenu de détensionnement entre 150 ˚C et
1.2.3 Aciers fortement alliés hypereutectoïdes 260 ˚C ;
— soit, en vue d’améliorer légèrement la résistance au choc :
• à un double revenu à 440 ˚C pour l’acier à 6 % de chrome ;
Il s’agit d’aciers à haute teneur en carbone (1 % à 2 %) et en • à un revenu à 400-520 ˚C suivi d’un autre à 150-260 ˚C pour les
chrome (6 % à 12 %), éventuellement alliés au molybdène et au nuances à 12 % de chrome. Le deuxième revenu est nécessaire
vanadium et utilisés pour des pièces devant présenter une haute pour détensionner la martensite formée au cours du refroidis-
résistance à l’usure dans des conditions où le comportement au sement du premier revenu, à partir de l’austénite résiduelle
choc n’est pas prédominant. déstabilisée par la précipitation des carbures.

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Dureté HRC
70
70
Dureté HRC

Diamètre (mm)
HRC

X200Cr12
Z200C12 Z160CDV12
X160CrMoV12 60
60

50 50

40
40

30 400
30

20
200
20
140

100

Résilience Kb (J/cm2)
X200Cr12 (Z200C12) 40
X160CrMoV12 (Z160C12)
60
30
40
Air soufflé Air calme
20
20 Kb

10
10
10 102 103 104
Durée de refroidissement jusqu'à 500 °C (s) 0
0 100 200 300 400 500 600 700 800
Température de revenu (°C)
Figure 20 – Capacités comparées de trempe à l’air calme Ambiante
et à l’air soufflé de deux aciers de la famille GX200Cr12 (Z200C12) X200Cr12 (Z200C12), T 975 °C
(NF A 32-060) [34] X160CrMoV12 (Z160CDV12), T 1 025 °C

La résilience Kb est mesurée sur une éprouvette Bennek :


éprouvette à faible section comportant une entaille de 2 mm
1.3 Hypertrempe des aciers de profondeur et un rayon en fond d'entaille de 1,5 mm
fortement alliés austénitiques
ou austéno-ferritiques
Figure 21 – Comportement au revenu (2 h) de deux aciers
de la famille X200Cr12 (Z200C12) (NF EN 32-060) [34]
Le traitement d’hypertrempe consiste en une « homogénéi-
sation physique », ou mise en solution, à haute température de
carbures ou phases intermétalliques indésirables, précipités lors ment austénitique obtenue, enrichie au carbone assure aux pièces
du refroidissement des pièces dans le moule. soumises à une usure par choc, l’association d’une ductilité élevée à
cœur et d’une grande dureté (45 à 58 HRC) de la couche superficielle
écrouie sous l’effet des chocs.
C’est le traitement thermique appliqué aux aciers inoxydables
austénitiques et austéno-ferritiques qui ne subissent pas de trans-
formation allotropique α ↔ γ, ainsi qu’aux aciers austénitiques au 1.3.2 Aciers inoxydables austénitiques
manganèse dont la trempabilité est telle que l’austénite formée lors
de la solidification ne se transforme que très partiellement lors du Avec des teneurs en chrome et en nickel plus élevées que celles
refroidissement des pièces dans le moule. des aciers inoxydables martensitiques, ce qui leur confèrent leur
structure et une résistance mécanique modérée mais une résistance
à la corrosion dans des milieux plus agressifs, ces aciers moulés
1.3.1 Aciers austénitiques au manganèse comportent deux familles, distinguées dans les normes
NF EN 10283 et NF A 32-060 :
Avec des teneurs élevées en carbone (1 % à 1,2 %) et en manga- — les nuances « austénitiques » qui se caractérisent par des
nèse (6 % à 17 %, le plus fréquemment 12 % dans les aciers Had- teneurs en chrome de 17 % à 20 %, en nickel de 9 % à 14 % et éven-
field) et des additions éventuelles de chrome, nickel ou molybdène, tuellement en molybdène de 2 % à 4,5 % et/ou de niobium avec des
ces aciers, répertoriés dans la norme NF A 32-058 présentent à l’état teneurs maximales en carbone inférieures à 0,07 %.
brut de coulée une structure constituée d’austénite et de carbures. Bien que le diagramme d’équilibre Fe-Cr-Ni de la figure 23 a pré-
L’hypertrempe est effectuée à une température comprise entre voie pour ces compositions une transformation totale de la ferrite en
1 050 à 1 100 ˚C et le refroidissement à l’eau (figure 22) afin d’assu- austénite à haute température, il subsiste toujours dans les aciers
rer la mise en solution complète des carbures : la structure totale- moulés, notamment en présence de molybdène, une petite quantité

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en molybdène que sigma) à très haute température. C’est le cas par


exemple de la nuance GX2CrNiMoCuN20-18-6 (figure 23 b).
1 100 °C La précipitation de ces phases, carbures ou intermétalliques,
s’accompagne d’un appauvrissement local en chrome de la matrice
1 050 °C austénitique environnante, ce qui est nuisible à la résistance à la
corrosion intergranulaire ou par piqûres.
Ces précipités sont également susceptibles de fragiliser les pièces
et d’en réduire l’usinabilité. Leur remise en solution s’effectue au-
dessus de 1 000 ˚C en l’absence de molybdène et au-dessus de
Eau 1 080 ˚C en présence de cet élément qui élève le domaine de stabi-
lité de la phase sigma Fe-Cr-Ni-Mo.
Les traitements d’hypertrempe des pièces sont par suite effectués
à des températures croissantes avec la teneur en molybdène des
diverses nuances :
— dans le cas des aciers austénitiques (figure 24) à une tempéra-
ture égale ou supérieure :
• à 1 050 ˚C pour les nuances sans molybdène,
• à 1 080 ˚C en présence de 2 % de molybdène,
• à 1 140 ˚C avec 4 % de molybdène ;
— dans le cas des aciers super-austénitiques à une température
égale ou supérieure :
• à 1 080 ˚C en présence de 2 % de molybdène,
• à 1 160 ˚C avec 5 % de molybdène,
• à 1 200 ˚C avec 6 % de molybdène.
La figure 25 montre ainsi l’inefficacité d’un traitement effectué à
une température trop basse de 1 160 ˚C sur l’acier
GX2CrNiMoCuN20-18-6 qui n’a eu pour effet que de faire coalescer
Brut 100 µm Hypertrempé la phase intermétallique σ au lieu de la remettre en solution, ce qui
Austénite + carbures Austénite a été obtenu en élevant la température à 1 240 ˚C.
Dans tous les cas le refroidissement doit être rapide afin d’éviter
une reprécipitation des phases nuisibles entre 1 000 ˚C et 600 ˚C : il
Figure 22 – Hypertrempe des aciers austénitiques du type est effectué à l’eau.
GX120Mn12

1.3.3 Aciers inoxydables austéno-ferritiques


de ferrite qui résulte de l’apparition de cette phase lors de la solidifi-
cation et de sa transformation incomplète en austénite à l’état Moins alliés que les précédents, avec, selon NF EN 10283, des
solide, compte tenu des ségrégations et de la partition des éléments teneurs en chrome de 21 % à 27 %, en nickel de 4,5 % à 8 %, en azote
alphagènes et gammagènes entre ferrite et austénite. de 0,10 % à 0,25 %, et pour la plupart de molybdène de 2,5 % à 5 %
avec éventuellement du cuivre jusqu’à 3,50 % ou du tungstène
— les nuances « entièrement austénitiques » ou « super- (1 %), ces aciers se solidifient entièrement en ferrite (figure 23 a),
austénitiques », plus alliées, donc résistant à la corrosion dans des cette dernière se transformant à haute température environ à 50 %
milieux particulièrement agressifs, avec des teneurs en nickel de en austénite lors du refroidissement [35] ; cette structure mixte aus-
18 % à 30 %, en chrome de 19 % à 26 %, en molybdène de 2 % à 7 %, ténite + ferrite leur vaut leur appellation d’aciers duplex, voire
en azote jusqu’à 0,25 % et éventuellement du cuivre jusqu’à 4 %, les superduplex pour les plus alliés d’entre eux qui présentent une
teneurs en carbone maximales étant le plus souvent limitées à excellente résistance à la corrosion intergranulaire et à la corrosion
0,03 %. sous contrainte notamment en milieu chloruré et acide (H2S).
Comme le montre le diagramme d’équilibre de la figure 23 b ces Cependant lors du refroidissement dans le moule, notamment de
aciers se solidifient totalement en austénite et ne subissent aucune pièces épaisses, la phase ferritique, riche en chrome et en molyb-
transformation à haute température au cours du refroidissement. dène, constituant environ 50 % de la structure, présente une très
forte tendance à se transformer en austénite et phases intermétalli-
Cependant, dans ces deux catégories d’aciers moulés inoxyda-
ques notamment sigma entre 1 000 ˚C et 600 ˚C, en même temps
bles austénitiques, les joints de grains se trouvent plus ou moins
que précipitent des carbures et des nitrures riches en chrome. Cette
« sensibilisés » par précipitation de phases riches en chrome, à des
tendance augmente avec le taux de présence des éléments chrome,
températures inférieures à 1 000 ˚C, lors du refroidissement dans le
molybdène, silicium et tungstène comme le montre la figure 26.
moule : carbures et dans le cas des aciers moulés austénitiques con-
tenant un peu de ferrite, cette dernière peut se transformer partielle- Les pièces brutes se trouvent donc plus ou moins fragilisées et
ment en austénite + phase sigma (σ). La précipitation de cette phase sensibilisées notamment si elles sont assez épaisses, même après
directement à partir de l’austénite, bien que prévue par le dia- un décochage effectué vers 1 000 ˚C.
gramme d’équilibre n’est pas à craindre lors du refroidissement des Le traitement d’hypertrempe comporte un certain nombre de pré-
pièces dans le moule, en raison de la lenteur de la cinétique de pré- cautions (figure 27) :
cipitation dans ce cas.
— au chauffage :
Par contre dans les aciers super-austénitiques à haute teneur en • palier d’homogénéisation de la température en dessous de
molybdène (5 à 7 %), compte tenu du coefficient de ségrégation 500 ˚C dans le cas de pièces d’épaisseur très variable,
élevé de cet élément à la fois sigmagène et alphagène, un peu de • chauffage aussi rapide que possible dans la zone 600 ˚C-
ferrite riche en molybdène peut apparaître en fin de solidification et 1 000 ˚C de précipitation de la phase sigma et autres
se transformer en phase intermétallique sigma ou chi (χ) (plus riche précipités ;

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100 % austénitiques et
Austénitiques Austéno-ferritiques super austénitiques
GX2CrNiMoCuN20-18-6

Cre/Nie (1) 1,5 1,95


Température (°C)

Température (°C)
1 600 1 600

γ+L δ+L γ+L δ+L

1 400 1 400
γ+δ+L γ+δ+L
δ
δ
1 200 1 200

γ γ+δ γ γ+δ
1 000 1 000

800 γ 800
+
δ δ+σ
γ+δ+σ
γ+σ + γ+σ
σ
600 600

400 400
5 10 15 20 25 30 15 20 25 30 35 40
Teneur en Cr (%) Teneur en Cr (%)

25 20 15 10 5 0 30 22 20 15 10 5
Teneur en Ni (%) Teneur en Ni (%)

(1) Cre = Cr + 1,37 Mo + 1,5 Si + 2 Nb + 3 Ti


Nie = Ni + 0,31 Mn + 22 C + 14,2 N + Cu

a 70 % Fe b 55 % Fe

Figure 23 – Coupes verticales du diagramme Fe-Cr-Ni, à fer constant et situation des diverses familles d’aciers inoxydables austénitiques
et austéno-ferritiques [32]

— maintien à une température au moins égale à 1 120 ˚C assurant La structure hypertrempée entièrement austéno-ferritique est
la mise en solution complète des phases précipitées, notamment celle qui conduit à la résistance à la corrosion optimale.
sigma (exceptionnellement au-dessus de 1 040 ˚C en l’absence de
molybdène) ; Dans le cas où les pièces, non soumises à des chocs, doivent
— refroidissement permettant le maintien en solution des résister à un milieu à la fois corrosif et abrasif, elles peuvent subir,
précipités : dans le cas le plus fréquent de pièces de forme et épais- après hypertrempe, un traitement entre 480 ˚C et 510 ˚C qui provo-
seur complexes, il est prudent de laisser les températures des piè-
que un durcissement structural de la ferrite alliée au cuivre comme
ces s’homogénéiser dans le four entre 1 060 ˚C et 1 010 ˚C avant de
les refroidir rapidement par trempe dans l’eau, compte tenu de la le montre la figure 28 a pour un acier moulé super duplex. En effet
relative fragilité de la ferrite au chrome. l’élévation de dureté résultante, jusqu’à 300 HB environ s’accompa-
Un traitement à une température insuffisante et/ou un refroidisse- gne d’une fragilisation mais reste sans effet sur la résistance à la
ment trop lent dans ce domaine 1000-600 ˚C conduisent à une struc- corrosion par piqûre tant qu’une température de l’ordre de 510 ˚C
ture austéno-ferritique où la présence de phase sigma est observée entraînant un « survieillissement » notable n’est pas atteinte,
aux interfaces austénite-ferrite (figure 27). comme le montre la figure 28 b.

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1 150 °C

Température (°C)
Mo, W, Si
1 050 °C
1 000
Phase σ
Cr Cr2 N
Mo
Phase χ
W
Si Phase γ2
Eau
M23C6
Phase R
Phase π
Phase ε (Cu)
Cr, Mo, Cu, W
Phase α'
Phase G
300
Cr, Mo, Cu, W
Temps (s)

Figure 26 – Précipitations possibles dans les pièces en aciers


austéno-ferritiques [36]

1 200 °C
Brut 10 µm Hypertrempé
Austénite + ferrite + carbures + σ Austénite + ferrite 1 120 °C
1 060 °C
Figure 24 – Hypertrempe des aciers inoxydables austénitiques 1 010 °C
moulés Trempe 10 µm
à l'eau

Austénite + sigma Austénite + ferrite Austénite + ferrite + (sigma)


+ (ferrite) Correcte Incorrecte
Brut Hypertrempe

25 µm Figure 27 – Hypertrempe des aciers inoxydables austéno-ferritiques


moulés pour la mise en solution de la phase intermétallique sigma
a hypertrempé à 1 160 °C b hypertrempé à 1 240 °C et des carbures [37]
γ+σ γ + δ (0,2 %)

Figure 25 – Effet de la température d’hypertrempe sur la mise


en solution de la phase sigma dans une pièce en acier 2.1 Homogénéisation
superausténitique GX2CrNiMoCuN20-18-6 [32]

Dans le cas des aciers moulés de construction alliés notamment


au chrome, molybdène, vanadium, le traitement de qualité trempe +
revenu est souvent précédé d’un traitement « d’homogénéisation
2. Traitements thermiques chimique » à haute température qui a pour effet de réduire les
microségrégations issues du processus de solidification : les zones
de qualité additionnels interdendritiques solidifées en dernier sont en effet toujours plus
chargées en éléments d’alliage que les zones intradendritiques soli-
difiées en premier. Il en résulte une trempabilité différente de ces
zones qui conduit, pour un certain nombre de vitesses de refroidis-
Ces traitements peuvent constituer une étape supplémentaire sement lors de la trempe, à des structures différentes dans chaque
du traitement classique de trempe et revenu de pièces en aciers zone : les structures obtenues dans l’exemple figure 29, sont pré-
moulés alliés afin d’en optimiser les caractéristiques. sentées au tableau 5.

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Dureté HB TRAITEMENTS THERMIQUES DES PIÈCES EN ACIERS MOULÉS

300

CD
250

a
EI
Potentiel de piqûre dans NaCl, à 30 °C (mV/SCE)

KV KV (J)

Température
1 000 100

Potentiel
de piqûre

600 60 A

FP

200 20

B
0 0
20 300 400 500 600
Température de maintien (3-4 h) (°C)

b
M

Figure 28 – Effet du vieillissement sur les caractéristiques d’un acier 1 2 3 4 5


moulé super duplex GX2CrNiMoCuN25-6-3-3 [36]

lg t
(0)

Tableau 5 – Structures obtenues en fonction de la vitesse Figure 29 – Augmentation de la trempabilité des zones
de trempe (figure 29) interdendritiques (EI) par rapport aux zones intradendritiques (CD)
liée à la microségrégation des éléments d’alliage
lors de la solidification [37] (tableau 5)
Vitesse Zones intradendritiques Zones interdendritiques
de trempe no (CD) (EI)
Le niveau de microségrégation est évalué par un indice de
ségrégation :
1 Martensite (M) Martensite (M)
X EI
2 Bainite (B) + Martensite (M) I = -----------
X CD
Martensite (M)
avec XEI (%) concentration moyenne de l’élément X dans les
3 Ferrite, Perlite (F + P) Bainite (B) espaces interdendritiques (EI),
+ Bainite (B) + Martensite (M)
+ Martensite (M) XCD (%) concentration moyenne de X dans les zones au
centre des dendrites (CD) [38].

4 Ferrite, Perlite (F + P) Ferrite, Perlite (F + P) La diffusion des éléments obéit à la loi de Fick, ce qui implique
+ Bainite (B) que la température en est le paramètre de contrôle essentiel : pour
+ Martensite (M)
être efficaces, les traitements d’homogénéisation doivent être effec-
tués à une température supérieure ou égale à 1 050 ˚C , générale-
5 Ferrite, Perlite (F + P) Ferrite, Perlite (F + P) ment de l’ordre de 1 100 ˚C. Par ailleurs, les éléments présentant le
plus fort gradient de concentration sont ceux qui diffusent le plus vite.

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I Trempabilité : courbes Jominy d'un acier G30MnMo6


1,5 Cr
1 20 8 4 3 2,5 V (°C/h)
2 10 50 100 HRC
I
60
5

4
Indice de ségrégation
40
XEI 3 Ho
I= m og
XCD énéisé 20 h à 1 175 °C
Mo
2 N o n h o mo g é n é i s é
20
1
Brut 2 10 50 100 h
0 10 20 30 40 50 60
Temps de maintien à 1 100 °C (h)
G Distance à l'extrémité trempée (mm)
9
Grosseur du grain γ Caractéristiques mécaniques
régénéré à 860 °C 8 d'un acier G30Cr4 (épaisseur 30 mm)
Homogénéisation
7 préalable
2 h à 1 100 °C
6
sans avec
2 10 50 100 h
R (MPa) 740 720
Microstructure E (MPa) 450 450
après
A … (%) 15 19
Z … (%) 40 49
homogénéisation KCU (J . cm–2) 38 57
+ trempe à l'air Trempé à l'air à 900 °C
à 860 °C + revenu à 500 °C
+ revenu à 650 °C
Figure 31 – Effet d’un traitement d’homogénéisation
sur la trempabilité et sur les caractéristiques mécaniques de deux
aciers moulés faiblement alliés [14] [38]

a b 2.2 Traitement intercritique


Figure 30 – Effet d’un traitement d’homogénéisation
sur la ségrégation dendritique et la structure obtenue après trempe Dans certains cas, on peut avoir recours à un traitement intercriti-
et revenu d’une pièce en acier G35CrMo4 de 30 mm d’épaisseur [38] que intermédiaire entre trempe et revenu, dans le traitement de
qualité de pièces moulées en aciers faiblement ou micro-alliés ou
encore dans le cas d’aciers inoxydables martensitiques.
Exemple : dans le cas d’un acier G35CrMo4, montré à la figure 30, Ce traitement consiste en un chauffage à une température com-
un maintien de 100 h à 1 100 ˚C est apparu nécessaire pour réduire prise entre Ac1 et Ac3, entraînant une transformation partielle en
l’ensemble des indices de ségrégation à une valeur voisine de 1. Il en austénite, suivi d’un refroidissement à une vitesse identique à celle
résulte, après trempe et revenu, une homogénéisation de la structure, réalisée pour la trempe (figure 32).
entièrement constituée de bainite revenue (figure 30 b), au lieu d’un
mélange hétérogène de ferrite + perlite + bainite dans les zones intra- Il en résulte un affinement supplémentaire de la structure consti-
dendritiques et bainite + martensite dans les zones interdendritiques tuée d’un mélange de ferrite et de constituants de trempe issus de la
(figure 30 a). part d’austénite formée dont la trempabilité est plus élevée que celle
de l’acier, et d’autant plus élevée que cette part est faible.
Cependant, des temps de traitements aussi longs s’accompa-
gnent d’un certain nombre d’inconvénients tels que le grossisse- En effet, la partition des éléments gammagènes dans cette austé-
ment du grain γ régénéré lors de la trempe, sans parler de la nite, notamment le carbone, a pour effet d’abaisser la température
décarburation, des éventuelles déformations par fluage ou de MS de cette phase à des valeurs qui peuvent être inférieures à la
l’aspect économique. température ambiante pour les faibles taux d’austénite. Lorsque ce
taux augmente (figure 33), la température MS s’élève progressive-
Nota : le lecteur pourra se référer à l’article Action du corroyage sur la structure de cou- ment pour atteindre la température MS de l’alliage lorsque la tempé-
lée des aciers [M 610], du même traité, pour avoir la correspondance entre la grosseur de rature intercritique atteint Ac3, non significativement différente de la
grain exprimée par l’indice G et le diamètre moyen d’un grain. température à l’équilibre Ae3 pour les vitesses habituelles de chauf-
fage de 100 ˚C à 300 ˚C.
Les temps d’homogénéisation habituels de 2 à 10 h sont suffi-
sants pour apporter une réduction sensible de la microségrégation Selon la composition de l’acier la proportion des constituants de
par rapport à l’état non homogénéisé, et une amélioration apprécia- trempe évolue dans l’intervalle A1 – A3. La dureté résultante passe
ble du compromis ténacité/limite d’élasticité (figure 31) en liaison par un minimum pour le maximum d’austénite stable (γr) et par un
avec l’augmentation de trempabilité résultant de l’enrichissement maximum correspondant à l’obtention des constituants de type
en éléments d’alliage des zones intradendritiques. martensite-bainite.

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Les paramètres température et temps du traitement intercritique Il en résulte une amélioration très sensible de la ténacité, accom-
(TI) doivent être réglés avec une grande précision en fonction de la pagnée d’un léger adoucissement, notamment dans le cas d’une
structure initiale trempée et des objectifs recherchés [39]. vitesse de trempe élevée (figure 35).
Comme cela a été montré au paragraphe 1.2.2, cet adoucissement
La figure 34 montre les structures ainsi obtenues sur deux aciers est mis à profit dans le cas de l’acier GX4CrNi13-4 pour son utilisa-
de construction : tion dans un environnement en milieu acide (H2S) + chlorures [30].

— G25CrMo4 trempé à 1 200 ˚C/h : TI : 765 ˚C-2 h (80 % γ) ;


— G10MnMoV6 trempé à 36 000 ˚C/h : TI : 750 ˚C-2 h (30 % γ).

Dureté HV
Température

Ac3
Ac3 100

% phases
Ac1
Ac1


50 α+C FP

M
γr
Temps Temps 0
Traitement classique : Traitement en trois étapes : Ae1 Ae3
trempe + revenu trempe + trempe intercritique + revenu Température

Figure 33 – Évolutions schématiques de la dureté et de la structure


Figure 32 – Principe du traitement en trois étapes avec introduction obtenues après trempe intercritique en fonction de la température
d’une trempe intercritique entre trempe et revenu classique [37] atteinte dans le domaine intercritique A1 – A3 [37]

795 °C 830 °C
765 °C – 2h Ae3
750 °C – 2h
80 % γ
30 % γ
720 °C 720 °C

Ae1

1 200 °C/h
36 000 °C/h

20 µm

Trempé 1 200 °C/h Trempé 36 000 °C/h


Acier G25CrMo4 Acier G10MnMoV6
Figure 34 – Modification de la structure trempée de deux aciers moulés de construction par un traitement intercritique à température « idéale »
conduisant à une optimisation des caractéristiques mécaniques après revenu final [37]

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Dans les aciers de construction tels que G25CrMo4 et G10MnMoV6


cette baisse de résistance peut être compensée, tout en gardant une
ténacité améliorée, en abaissant la température du revenu final,
l’acier étant rendu insensible à la fragilisation de revenu (figure 35).
Le projet de norme NF EN 10293-2 garantit ainsi, sur l’acier
G10MnMoV6, pour des épaisseurs jusqu’à 100 mm, et grâce à un
250
traitement intercritique entre trempe et revenu, une énergie de rup-
ture KV de 27 J à − 20 ˚C, associée à une limite d’élasticité de 400 MPa.
KV (J)
Avec TI 2 600 °C/h
200
36 000 °C/h
3. Traitements thermiques
150 particuliers
Sans TI
100
3.1 Recuits d’adoucissement

50 Ces traitements s’appliquent aux pièces pour l’usage desquel-


les on recherche un niveau élevé de dureté, afin d’obtenir une
structure adoucie pour faciliter leur ébauchage par usinage
0
avant le traitement de qualité (trempe + revenu).
– 100 – 50 0 50 100
Température (°C)
Quatre types de traitements peuvent être effectués, schématisés
TI traitement intercritique
par ordre croissant d’efficacité (figure 36) :
— recuit simple par maintien prolongé à une température juste
avec TI sans TI
700
inférieure à Ac1, par exemple à 650 ˚C sur l’acier GX100CrMo6-1
Rm (MPa)

(Z100CD6.1-M) (240 HB) ou 700 à 760 ˚C sur l’acier GX200Cr12


(Z200C12-M) (300-350 HB), selon NF A 32-058 (figure 36 a) ;
600
— recuit oscillant autour de Ac1 qui permet une coalescence éle-
vée des carbures, mais peu fréquemment utilisé sur des pièces de
500 fonderie (figure 36 b) ;
600
Rp 0,2 (MPa)

— recuit complet qui consiste à austénitiser les pièces puis leur


faire subir un refroidissement avec un palier de perlitisation iso-
500 therme (figure 36 c) ou un refroidissement continu à une vitesse
lente inférieure à la vitesse critique de recuit perlitique
(figure 36 d) : par exemple sur l’acier GX200Cr12 (Z200C12-M) :
400
950 ˚C à 1 100 ˚C + palier isotherme de 4 à 10 h à 760 ˚C ou refroidis-
sement à 25 ˚C/h jusqu’à 550 ˚C respectivement (la dureté est alors
A (%)

de 230 HB à 290 HB comme indiqué dans la norme NF A 32-058).


30 Dans la pratique, une combinaison des deux types de refroidisse-
ment peut également être envisagée ; par exemple, sur acier
20 GX200Cr12 (Z200C12-M), un refroidissement à 30 ˚C/h jusqu’à
760 ˚C suivi d’un palier de 3 h à cette température conduisent aussi
KV (J)

200 à la structure perlitique coalescée adoucie.


°C
°C 20
20
0 °C
0 °C
150

3.2 Recuit de régénération


100

50 Les structures martensitiques et/ou bainitiques grossières des


500 550 600 650 700 500 550 600 650 700 pièces brutes de coulée en aciers auto-trempants présentent une
Température de revenu (°C) certaine difficulté à se transformer en austénite à grains fins lors
Trempe à 36 000 °C/h Trempe à 2 600 °C/h d’un réchauffage au-dessus de Ac3 : c’est le cas par exemple de
l’acier G30CrNiMo14. Le phénomène d’« hérédité » de grosseur de
grain et par suite de structure de trempe (figure 37 a) résulte notam-
ment de la présence d’austénite résiduelle (γr) dans la structure [40]
[41].

Afin de « casser » cette hérédité, on peut faire subir aux pièces,


avant le traitement de trempe, un traitement de « régénération »
Figure 35 – Acier G10MnMoV6. Effet sur les caractéristiques (figure 37 b) qui n’est rien d’autre qu’un traitement de perlitisation,
mécaniques, d’une trempe intercritique TI à 740 ˚C entre trempe identique au traitement d’adoucissement (figure 36 c) décrit au
et revenu final pour deux vitesses de trempe [37] paragraphe 3.1.

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Température (°C)

Température (°C)
Ac3 Ac3

Ac1 Ac1

Temps Temps

a recuit simple b recuit oscillant


Température (°C)

Température (°C)
Ac3 Ac3

Ac1 Ac1

Temps Temps
A.1 000 °C A.1 000 °C
900
Température (°C)

Ac1 HV Ac1
230
A+c
700 F+C
300
A+c F+C
Température (°C)

500 500

Ms Ms

A+M M50 A + M
271
827
474
305
874
895
HV

900

1 15 mn 1 15 mn

1 4 24 h 1 4 24 h
lg t lg t
Acier GX200Cr12 (Z200Cr12-M) Acier GX200Cr12 (Z200Cr12-M)

c recuit complet avec palier isotherme d recuit complet avec refroidissement lent

Figure 36 – Recuits d’adoucissement

Dans le cas de pièces de grande dureté ce traitement, effectué que, donc la structure finale et par suite d’améliorer les
avant trempe et revenu permettra non seulement de faciliter l’usi- caractéristiques de ductilité, tout en conservant un niveau de résis-
nage d’ébauche mais également de régénérer un grain austénitique tance encore très élevé, comme le montre le tableau 6.
fin et donc une structure finale trempée elle-même affinée (figure 37 c).
Une double trempe peut aussi parfois contribuer à affiner le grain
austénitique et donc la structure finale. 3.3 Traitements de réduction
C’est le cas de l’acier maraging G1NiCoMoTi17-9-5, dont la struc-
des contraintes
ture trempée martensitique après traitement de mise en solution ou
homogénéisation à 1 150 ˚C est susceptible de subir un durcisse- Un certain nombre de traitements sont de pratique courante en
ment structural par précipitation de Ni3Ti au cours d’un revenu ou fonderie d’acier pour réduire les contraintes internes d’origine ther-
vieillissement à 480 ˚C. Le traitement d’homogénéisation à 1 150 ˚C mique et/ou de transformation engendrées dans les pièces lors de
entraîne cependant un grossissement du grain. Un double traite- leur traitement thermique ou de diverses opérations (découpage
ment à 1 000 ˚C s’est révélé susceptible d’affiner le grain austéniti- thermique, soudage).

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A A

Température
Ac3

Ac1

Perlitisation

a b c

M + B + γr M + B + γr F+P M + B + (γr)

Temps

Figure 37 – Recuit de régénération

Ces traitements ont pour objet : Il n’y a pas de différence fondamentale de comportement au sou-
dage des aciers moulés par rapport aux aciers corroyés de même
— soit de limiter l’apparition de ces contraintes par réduction des nuance et ce sont donc les mêmes critères d’appréciation qui sont
gradients thermiques, tout en favorisant la diffusion d’éléments fra- retenus pour déterminer les conditions de préchauffage :
gilisants tels que l’hydrogène : il s’agit de traitements de pré- et
• le carbone équivalent :
post-chauffage lors d’opérations d’oxycoupage des masselottes
[43] ou de soudage de finition ou d’assemblage de pièces ou de par- Mn Cr + Mo + V Ni + Cu
ties de pièces dont la trempabilité est suffisante pour entraîner, si C eq = C + --------- + --------------------------------- + ---------------------
ces opérations étaient réalisées à la température ambiante, la for- 6 5 15
mation de plus de 80 % de martensite dans la zone affectée thermi- où le symbole de chaque élément représente sa teneur exprimée
quement et par suite un risque de « fissuration à froid » de cette en pour cent (%), selon l’Institut International de Soudure. Les
zone [44] ; aciers non ou faiblement alliés dont la teneur en carbone équiva-
lent dépasse 0,45 nécessitent un préchauffage : de l’ordre de 100
(0) à 200 ˚C jusqu’à Ceq = 0,48, de 200 (˚C) à 370 ˚C pour Ceq compris
Tableau 6 – Amélioration de l’acier maraging entre 0,48 et 0,55 et de 370 ˚C à 450 ˚C pour Ceq > 0,55,
G1NiCoMoTi17-9-5 à l’aide d’un traitement • la vitesse critique de trempe martensitique (VM) en conditions
de régénération [42] thermiques de soudage (courbes TTTRC-S) et la fissibilité de la
Traitement zone affectée thermiquement par le soudage à l’aide de la
thermique : méthode des implants. Ces méthodes ont permis de déterminer,
de façon plus précise pour chaque nuance d’acier, en fonction de
Homogénéisation 1,5 h à 1 150 ˚C 1,5 h à 1 150 ˚C l’épaisseur, de l’énergie de soudage et également des contraintes
Régénération 2 × (1 h à 1 000 ˚C) de bridage, de la température de préchauffage et le temps de
Vieillissement 3 h à 480 ˚C 3 h à 480 ˚C post-chauffage nécessaires pour éviter la fissuration des zones
affectées thermiquement.
Indice de grosseur
de grain Les températures de préchauffage sont données, à titre indicatif
1à2 5à6 pour chaque nuance d’acier dans les diverses normes de produits
austénitique
(selon NF A 04-102) (Pr NF EN 10293, NF A 32-058, NF EN 10283, NF EN 10213,
Caractéristiques NF EN 10295) et résumées par familles dans le tableau 7 ;
mécaniques : — soit de réduire les contraintes apparues dans les pièces lors du
Rm....................(MPa) 1 680 1 590 traitement thermique ou d’opérations de soudage, par exemple :
A...........................(%) 4,7 6,9 • traitement de détensionnement entre 100 ˚C et 300 ˚C (ou
Z...........................(%) 20 39 400 ˚C en présence d’un taux élevé de silicium, (§ 1.2.1) de pièces
en aciers résistant à l’usure où la dureté très élevée recherchée est
KV..........................(J) 14 20 obtenue par trempe martensitique.

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(0)

Tableau 7 – Températures indicatives de pré- (et post-) chauffage et de traitement de détensionnement


après soudage des principaux types d’aciers moulés
Préchauffage
Types d’aciers Détensionnement
(˚C)

Aciers non alliés ou microalliés à C eq < 0 ,45 Non Non

Aciers non ou faiblement alliés dont 0 ,45 > C eq < 0 ,48 100 à 200 Revenu (1)

Aciers non ou faiblement alliés dont 0 ,48 > C eq < 0 ,55 200 à 370 Revenu (1)

Aciers faiblement alliés dont Ceq > 0,55 370 à 450 ˚C Revenu (1)

Aciers inoxydables martensitiques Non ou faible Revenu (1)

Aciers inoxydables et réfractaires austénitiques Non Non

Aciers inoxydables austéno-ferritiques Non Non si très faible énergie ou si forte


énergie (2)

Aciers réfractaires martensitiques 350 à 500 ˚C Recuit 700 à 800 ˚C

Aciers réfractaires ferritiques 700 à 800 ˚C Refroidissement lent au four

(1) Revenu de détensionnement souvent effectué à une température inférieure de 20 à 30 ˚C à celle du revenu « de qualité ».
(2) Un traitement d’hypertrempe peut être utile pour les soudures importantes.
Dureté HB
Pourcentage de relaxation des contraintes (%)

40
200

50 190 C : 0,4 %

180
60
480 °C
170 C : 0,3 %
70
160
540 °C
80
150 C : 0,2 %
595 °C
90 650 °C 140

700 °C 130
100 C : 0,1 %
1 3 5 7 9 11 13 15 17
120
Temps de maintien (h)
550 600 650 700
Figure 38 – Effet de la température et du temps de revenu Température de revenu (°C)
sur la relaxation des contraintes des aciers au carbone
Figure 39 – Effet du revenu sur la dureté d’aciers au carbone moulés
normalisés

Ce traitement peut pratiquement faire partie du traitement de


qualité de ces aciers, mais étant effectué à température réduite
afin d’éviter un adoucissement, il ne peut que réduire partielle- des variations d’épaisseur ou de la complexité du tracé des
ment les contraintes : c’est par exemple le détensionnement entre pièces.
200 ˚C et 300 ˚C de pièces en acier G32NiCrMo8 (32NCD8-M) Un traitement de détensionnement entre 550 ˚C et 600 ˚C est
d’épaisseur inférieure à 80 mm, après austénitisation entre 850 et alors susceptible d’éliminer 90 % des contraintes (figure 38) sans
900 ˚C, suivie de trempe à l’eau, selon la norme NF A 32-058, nuire de façon significative à la dureté donc à la résistance des
pièces (figure 39), pour les teneurs en carbone usuelles voisines
• dans le cas des pièces en aciers alliés trempées et revenues à de 0,20 %,
une température proche de Ac1, la relaxation des contraintes
• dans le cas de pièces ayant subi une soudure, c’est ce même
engendrées lors de la trempe se produit au cours du revenu,
traitement de détensionnement entre 550 ˚C et 600 ˚C qui est
• dans le cas des pièces en aciers non alliés (ou très faiblement appliqué aux aciers non alliés, préalablement normalisés. Pour
alliés) qui présentent après simple normalisation une structure les pièces soudées en acier de construction, préalablement trem-
ferrito-perlitique ne nécessitant pas de revenu, seules des pées et revenues, le détensionnement se fait à une température
contraintes d’origine thermique peut exister, fonction notamment au plus égale à la température de revenu − 30 ˚C environ.

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Contraction (mm/m)
Maintien à basse température
pendant 10 h Durée de revenu
15 1,5
1,5

10 h
5h
Austénite résiduelle
γr 2 % 2h
10 1
1 1h
30 mn

Quantité d'austénite transformée (%)

Amplitude de la transformation (mm/m)


15 mn
Amplitude totale de la transformation
après retour à 20 °C

5 0,5
0,5
Yr 6 %

– 100 – 50 0

0
100 150 200 250
Amplitude de la transformation isotherme 0,5
5 Température de revenu (°C)

Figure 41 – Acier 100Cr6. Évolution de la contraction


pendant le revenu de la martensite après 850 °C (15 min) huile
et traitement par le froid à − 110 °C (1 h) air, en fonction
de la température et de la durée du revenu [46]
0 0
– 100 – 50 0
Température (°C)
Selon la température d’emploi des pièces et leur composition, on
pourra donc avoir recours à deux types de traitements afin de garan-
Figure 40 – Évolution de la transformation martensitique secondaire tir leur stabilité dimensionnelle au cours de leur utilisation :
lors du traitement par le froid d’un acier 34NiCrMo14 [46]
■ Dans le cas de l’acier G42NiCrMo16 (42NCD16-M), le traitement
thermique appliqué est : austénitisation et trempe, traitement
immédiat par le froid, par refroidissement entre − 30 ˚C et − 140 ˚C
Les divers types de traitement de détensionnement après sou-
puis revenu entre 200 ˚C et 250 ˚C. La figure 40 montre que pour
dure sont indiqués pour chaque nuance dans les normes de pro-
une nuance très voisine c’est vers − 80 ˚C à − 100 ˚C que l’amplitude
duits et résumées, tout comme les températures de préchauffage,
de la transformation de l’austénite résiduelle en martensite secon-
dans le tableau 7.
daire est maximale même si elle n’atteint jamais 100 %.
Lors du revenu entre 200 ˚C et 250 ˚C effectué sur ces pièces
3.4 Traitements thermiques susceptibles d’usure pour lesquelles on vise une dureté élevée de l’ordre de
50HRC, il se produit une contraction due au premier stade de revenu
d’assurer une bonne stabilité de la martensite, à savoir le rejet de carbone sous forme de carbure
dimensionnelle Fe2,4C. La figure 41 donne une idée de cette contraction pour un
acier plus carburé du type 100Cr6.
La transformation allotropique γ → α s’effectuant, rappelons-le, Les pièces ainsi traitées sont stables pour leur emploi habituel à
avec une dilatation volumique de l’ordre de 1 %, la présence d’aus- une température inférieure à la température de revenu de 200 ˚C à
ténite résiduelle dans les aciers alliés trempés et revenus est donc à 250 ˚C.
éviter si l’on veut garantir une bonne stabilité dimensionnelle des Nota : dans le cas où on se contente pour les pièces d’une dureté de l’ordre de 330 HB
pièces. le revenu est effectué entre 550 ˚C et 600 ˚C et le traitement préalable par le froid n’est plus
nécessaire, puisque l’austénite se transforme en une structure stable ferrite + carbures lors
Cette phase est fréquemment rencontrée après trempe, dans les du revenu.
pièces en aciers dont la température MS est relativement basse,
c’est-à-dire inférieure à 300 ˚C et son taux est prévisible à partir des ■ Dans le cas de l’acier GX35CrMoV5, le traitement thermique
courbes TTTRc et de la vitesse de trempe [45]. appliqué est : austénitisation et trempe, puis double revenu vers
En effet l’austénite non transformée après trempe à la tempéra- 550 ˚C, l’austénite résiduelle se transformant lors du premier revenu
ture ambiante, est susceptible de se transformer : partiellement en ferrite + carbures lors du maintien, puis en marten-
site lors du refroidissement à la température ambiante (dilatation) ;
— soit par un refroidissement immédiat en dessous de la tempé-
puis cette martensite se transforme elle même en ferrite + carbures
rature ambiante ;
lors du deuxième revenu (contraction) : les pièces sont alors stables
— soit par réchauffage à une température de l’ordre de 300 ˚C lors d’un service à chaud à une température inférieure à la tempéra-
pour un acier faiblement allié pour pièces résistant à l’usure ture du deuxième revenu (550 ˚C à 600 ˚C).
42NiCrMo16 (42NCD16-M) ou à une température de l’ordre de
550 ˚C pour un acier plus allié d’outillage à chaud tel que l’acier Ce traitement constitue en fait le traitement de qualité de ce type
GX35CrMoV5. d’acier déjà évoqué dans le paragraphe 1.2.1.

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_________________________________________________________________________________ TRAITEMENTS THERMIQUES DES PIÈCES EN ACIERS MOULÉS

Liste des mots clés Z160CDV12-M


§ 1.2.3
Z200C12-M
Aciers moulés § 1.2.3
Traitements thermiques GX100CrMo6-1
Traitements thermiques §1 § 1.2.3
Traitements thermiques §2 GX160CrMoV12
Traitements thermiques §3 § 1.2.3
Normalisation § 1.1 GX200Cr12
Recuit § 1.1 § 1.2.3
GE 300 G1NiCoMoTi17-9-5 § 3.2
Trempe § 1.2 Réduction des contraintes § 3.3
Trempe § 1.2 Carbone équivalent § 3.3
Revenu § 1.2 32NCD8 § 3.3 (§ 3.3)
Revenu § 1.2 G32NiCrMo8
Trempe § 1.2 § 3.3
Revenu Stabilité dimensionnelle § 3.4
G10MnMoV6 42NCD16-M § 3.4
§ 1.2.1.2 § 1.2.1.3 42NiCrMo16
34NiCrMo14 § 3.4 (§ 3.4)
§ 1.2.1.2 § 1.2.1.3 GX35CrMoV5 § 3.4
34NiCrMo14 Z200C12
§ 1.2.1.2 § 1.2.3
45CSD6-M Hypertrempe § 1.3
§ 1.2.1.3 Hypertrempe § 1.3
30NSCDV8.6-M GX120Mn12
§ 1.2.1.3 § 1.3
Aciers moulés de construction § 1.2.1.3 Aciers inoxydables austénitiques § 1.3.2
Aciers moulés d’usage général § 1.2.1.3 GX2CrNiMoCuN20-18-6
Aciers d’outillage à chaud § 1.2.1.3 § 1.3.3
GX40CrMoV5 Aciers inoxydables austéno-ferritiques § 1.3.3
§ 1.2.1.3 Aciers duplex § 1.3.3
Hollomon et Jaffe § 1.2.1.3 Aciers super duplex § 1.3.3
Maynier § 1.2.1.3 G35CrMo4
Aciers inoxydables martensitiques § 1.2.2 § 2.1
Trempe § 1.2.2.1 GX2CrNiMoCuN25-6-3-3
GX12Cr12 § 2.1
§ 1.2.2.1 § 1.2.2.2 G35CrMo4
GX7CrNiMo12-1 § 2.1
§ 1.2.2.1 G25CrMo4
GX4CrNi13-4 § 2.1
§ 1.2.2.1 § 1.2.2.2 G10MnMoV6
GX4CrNiMo16-5-1 § 2.1
§ 1.2.2.1 § 1.2.2.2 Recuit d’adoucissement § 3.1
GX4CrNiMo16-5-2 Z100CD6.1-M
§ 1.2.2.1 § 3.1
GX5CrNiCu16-4 Z200C12-M
§ 1.2.2.1 § 1.2.2.2 § 3.1
Revenu § 1.2.2.2 GX200Cr12
GX3CrNi13-4 § 3.1
§ 1.2.2.2 GX100CrMo6-1
GX8CrNi12 § 3.1
§ 1.2.2.2 Recuit de régénération
Aciers fortement alliés hypereutectoïdes § 1.2.3 § 3.2
Z100CD6.1-M G30CrNiMo14
§ 1.2.3 § 3.2

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N˚ de sous-rubrique : 1
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N˚ de la fiche doc : M1148 doc

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