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EXTRAIT
ISSU DE L’OFFRE
RÉSUMÉ
Les principes de base de la métallurgie des alliages de titane sont présentés, avec les différentes classes d'alliages et les
évolutions statiques des diverses phases en présence. Positionnant les traitements thermiques dans la mise en oeuvre des
produits, cet article couvre les aspects fondamentaux qui gèrent les traitements d'adoucissement et de durcissement. Les
moyens de favoriser plus spécifiquement une propriété particulière sont mis en évidence et les pratiques industrielles sont
présentées.
ABSTRACT
The basic principles of the metallurgy of titanium alloys are presented with the different classes of alloys and the static
evolutions of the various phases. This article presents heat treatments in the implementation of products and covers the
fundamental aspects which rule softening and hardening treatments. The means in which to, more specifically, favor a
particular property is highlighted and industrial practices presented.
Ces points sont développés plus loin, mais doivent être gardés à
1. Rôle des traitements l’esprit lorsque l’on parle de traitements thermiques des alliages de
titane. En conséquence, certains traitements thermiques modifient
thermiques significativement les propriétés du métal de la grande majorité des
alliages existants : en particulier, ils ne permettent pas d’effacer
totalement l’hérédité des étapes antérieures de la fabrication, d’où
Avant d’aborder en détail les principes des traitements thermi- l’importance du choix de la gamme thermomécanique. Néanmoins,
ques des alliages de titane, il paraı̂t utile d’introduire le plan adopté et nous le verrons plus loin, une catégorie d’alliages, les quasi b
ici, en considérant tout d’abord les objectifs recherchés et, par voie possèdent la particularité de multiplier par deux, voire trois, leurs
de conséquence, les différents types de traitements envisagés. propriétés par traitement thermique.
En parallèle, il est bon de situer les traitements thermiques dans Pour ces raisons, l’étape de traitement thermique est, le plus sou-
la gamme de mise en œuvre des alliages de titane, et surtout leur vent, placée à la fin de la mise en œuvre des alliages de titane, sur
importance en regard des autres étapes de fabrication, notamment pièce finie ou presque, ce qui impose de prendre un certain nom-
des traitements thermomécaniques, non développés ici, et dont bre de précautions, essentiellement contre la contamination et les
l’influence sur les microstructures, donc sur les propriétés mécani- distorsions (§ 7).
ques, est grande.
Au-dessous de 882 C et donc au voisinage de l’ambiante, il a 2.1.2 Effet des éléments d’alliage
une structure hexagonale pseudo-compacte, appelée phase a, de
paramètres a = 0,295 nm et c = 0,468 nm. Le rapport c/a, égal à Dans le domaine de composition habituellement utilisé pour les
1,587, est notablement inférieur à la valeur théorique de 1,633 rela- alliages de titane, les modifications apportées par les éléments
tive à la structure hexagonale compacte classique (h.c.). La tempé- d’addition se limitent, dans la majorité des cas, à un simple dépla-
rature de transition b Æ a est appelée transus b (Tb). cement des domaines d’existence des deux phases précédem-
ment décrites (ainsi qu’à une légère modification des paramètres
Par rapport aux autres métaux hexagonaux, tels que le zinc
(c/a = 1,86) ou le magnésium (c/a = 1,624), le plan de base de la des réseaux). Nous ne reviendrons que succinctement sur ce
maille perd ainsi son privilège de plan atomique de plus grande point qui a déjà été développé par ailleurs, mais il est intéressant
densité, au profit des faces du prisme ou des plans pyramidaux de rappeler l’utilité des diagrammes de phases et la classification
(selon les éléments d’alliages). La multiplicité des plans de glisse- traditionnelle qui en découle. De plus, nous décrirons rapidement
ment ou de maclage qui en résulte explique la ductilité relative- quatre phases qui peuvent apparaı̂tre dans les alliages de Titane
ment importante du titane par rapport aux autres métaux dans des conditions très particulières.
hexagonaux.
2.1.3 Diagrammes d’équilibre
Les diagrammes Ti-Al, Ti-Bi, Ti-Mo, Ti-O et Ti-Zr sont décrits
dans l’article [M 70].
Ces diagrammes peuvent être imprécis, par exemple sur l’origine
analytique et structurale du métal utilisé. Or, les impuretés, comme
l’oxygène et le fer, ont un effet prononcé sur les phases présentes
dans les alliages de titane et sur leurs évolutions thermiques. Il en
est de même de l’état initial, du fait de l’hérédité structurale que
présente le titane.
Pour les alliages de titane industriels, on peut raisonner de façon
simplifiée sur un diagramme pseudo-binaire (figure 2), où ont été
confondus les effets des différents éléments a-gènes d’une part, et
b-gènes d’autre part.
Alliage a a+b b
stable
Température a+b
instable
mécaniquement
stable
a mécaniquement
Mf Ms instable
martensite biphasée
Structure
a¢ a¢ + b b métastable b stable
de trempe
résiduelle
Densité
Réponse aux traitements thermiques
Résistance à la traction
Tenue au fluage
Sensibilité à la vitesse de déformation
Facilité de soudage
Facilité de mise en œuvre
a quasi a a+b b
TNA TA5E IMI685 TA8DV TA3V TA6V IMI550 TD5AC b-CEZ 10-2-3 TV15CA b21s
En jaune : phase b
Dans la structure a + b, des traces de phase a’ aux joints de grains sont relevées.
Figure 3 – Représentation schématique des structures micrographiques d’équilibre des alliages de titane
Les éléments a-gènes sont l’aluminium (Al), l’oxygène (O), le car- – les a + b proprement dit,
bone (C) et l’azote (N). – les quasi b (ou b métastables, possédant peu de phase a et pro-
ches des alliages b).
Parmi les éléments b-gènes, sont distingués :
– les éléments b-isomorphes, miscibles en toute proportion dans Dans ce qui suit, nous présenterons des résultats le plus souvent
la phase b : l’hydrogène (H), le molybdène (Mo), le vanadium (V) et sur le Ti-6 %Al-4 %V (TA6V en abrégé), un alliage a + b dont le tran-
le niobium (Nb) ; sus est 1 000 C, sur le Ti-4,5 %Al-5 %Mo-1,5 %Cr (TD5AC en
– les éléments b-eutectoı̈des, pouvant former des précipités : le abrégé), un alliage a + b lui aussi, mais au caractère b plus pro-
manganèse (Mn), le fer (Fe), le chrome (Cr), le silicium (Si), le nickel noncé que le TA6V et dont le transus est 940 C, et sur le
(Ni) et le cuivre (Cu). Ti-5 %Al-2 %Sn-4 %Zr-4 %Mo-2 %Cr-1 %Fe (b-CEZ en abrégé), un
alliage b métastable dont le transus est 890 C.
Enfin, certains éléments sont qualifiés de neutres, tels que le zir- Les structures d’équilibre typiques ont été représentées schéma-
conium (Zr) et l’étain (Sn). tiquement sur la figure 3 [2]. Ont été également indiqués la posi-
Outre leur action sur les équilibres thermodynamiques, les élé- tion des plus utilisés parmi les alliages industriels ainsi que l’effet
ments d’addition : de la structure sur les principales propriétés d’emploi des alliages
de titane. On note, en particulier, l’effet du pourcentage de phase b
– ont une influence propre sur les propriétés des phases (par sur la réponse au traitement thermique. De même, le tableau 1 ras-
effet de solution solide d’insertion ou de substitution), et semble les principaux avantages et inconvénients des divers types
– conditionnent la cinétique de transformation b Æ a (création d’alliages [3] [4].
d’états métastables à évolution plus ou moins lente ; c’est le cas
des alliages quasi b évoqués plus bas). Cependant, cette classification ne doit pas faire oublier qu’il peut
exister des états hors équilibre :
Les éléments d’addition stabilisent donc a ou b en plus ou moin- – pour les compositions relativement pauvres en éléments
dre grande quantité à la température ambiante. Les effets des élé- b-gènes (dit faiblement stabilisés), on obtient soit la martensite
ments a-gènes et b-gènes étant approximativement additifs, on hexagonale (appelée phase a′), soit une structure de type baini-
peut classer les différents alliages de titane en trois grandes famil- tique (dite en vannerie ou en lattes) où une faible diffusion des élé-
les selon leur proportion de phase a et b retenue à la température ments interstitiels s’est produite perpendiculairement au plan des
ambiante. cisaillements qui ont servi de germe (figure 4) ;
Les alliages a sont 100 % a et les alliages b, 100 % b, à 20 C. Les – pour les compositions suffisamment riches (appelées fortement
alliages a + b sont donc mixtes. Cette dernière catégorie étant très stabilisées), la phase b peut être conservée à l’ambiante à l’état
vaste, on distingue trois sous-classes : métastable (hypertrempée).
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