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12/10/2008
Haut fourneau
Théorie
par Maurice BURTEAUX
Ingénieur de l’École Centrale de Paris
Ancien Chef des hauts fourneaux de Longwy et Dunkerque
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1. Place du haut fourneau cet appareil, le fer en est évacué sous forme liquide dans la fonte.
Enfin, il est essentiel que la fonte produite pour l’affinage satisfasse
les besoins de l’aciérie où elle est convertie en acier ; strictement
1.1 Historique du haut fourneau parlant, cette dernière transformation ne concerne que la diminution
de la teneur en carbone du métal, mais l’opération au haut fourneau
introduit également dans l’alliage fer-carbone un certain nombre
Dans l’Antiquité et au Moyen Âge, le fer était produit directement
d’autres éléments qui doivent, à des degrés divers, être éliminés de
à partir des minerais de fer par la réduction de ceux-ci dans des fours
l’acier marchand.
de petites dimensions, dont l’évolution a conduit, au 14e siècle, au
four à masse, haut d’environ 2 mètres. Le produit obtenu était une La désulfuration s’effectue mal et de façon coûteuse au conver-
éponge de fer presque pur, mais mélangé de scories. Avec l’utili- tisseur, la teneur en soufre de la fonte est donc généralement
sation du soufflet hydraulique, la température dans les fours atteignit abaissée dans un stand de désulfuration situé entre le haut fourneau
un niveau suffisant pour conduire à la fabrication d’un produit et l’aciérie : la teneur en soufre de la fonte à la coulée doit donc être
liquide, la fonte, alliage de fer et de carbone ; le haut fourneau est compatible avec les possibilités du système de désulfuration et la
né de cette circonstance. Au milieu du 18e siècle, sa forme générale teneur finale visée dans l’acier.
est fixée et il fabrique, au mieux, une tonne de fonte par jour ; les La teneur en phosphore, exigée pour certaines qualités d’acier,
hauts fourneaux anglais sont alors alimentés en coke, en rempla- nécessite de limiter strictement la présence de cet élément dans la
cement du charbon de bois. Le haut fourneau du 19e siècle est le fonte.
siège d’un foisonnement d’essais et d’inventions qui conduisent à
La désiliciation s’effectue bien au convertisseur, mais au prix d’une
des perfectionnements de grande importance : l’emploi du vent
consommation de chaux et de la production correspondante de
chaud, la récupération puis l’épuration du gaz, la mécanisation du
laitier, génératrice de pertes en fer ; l’amélioration du coût de pro-
chargement, l’augmentation de la capacité de soufflage... À l’aube
duction, de la productivité et de la tenue du convertisseur a conduit
du 20e siècle, les plus gros appareils produisent 6 à 700 tonnes par
à demander la production de fonte moins chargée en silicium.
jour. Après une relative stagnation, le progrès reprend à partir des
années 50 (préparation poussée de la charge, emploi de vent très La teneur en manganèse ne pose habituellement pas de problème,
chaud et de la contre-pression, injections diverses aux tuyères, déve- étant donné la teneur obtenue naturellement à partir des minerais
loppement des moyens de mesures et du traitement de celles-ci, de fer.
recherches approfondies sur le fonctionnement) ; tout cela conduira Enfin, notons que certains éléments comme le chrome, le cuivre,
en une trentaine d’années à une production, pour les plus grosses le nickel, qu’on ne peut éliminer économiquement de la fonte,
unités, de 8 à 9 000 tonnes par jour et à des résultats remarquables doivent être écartés de l’enfournement au haut fourneau, de façon
dans les domaines de la consommation de combustibles, de la à ce que la fonte n’en contienne pas.
régularité de marche et de la durée des campagnes.
La régularité de la production de fonte et la régularité de son
analyse sont absolument nécessaires pour assurer une bonne pro-
ductivité à l’aciérie et un flux régulier du métal dans toute l’usine
1.2 Qualité de la fonte sidérurgique.
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3. Aspects théoriques
du fonctionnement
3.1 Aspects thermiques
3.1.1 Échauffement des particules solides par le gaz
Il est le résultat de l’échange thermique superficiel et du transfert
thermique à l’intérieur de chaque particule ; il dépend donc du coef-
ficient d’échange par convection entre le gaz et les solides et des
caractéristiques physiques des particules.
En fonction des données du tableau 1, on calcule que le coke
s’échauffe trois fois moins vite que l’aggloméré [2]. (0)
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Le rendement en hydrogène mesure, par analogie avec celui Les réactions (12), (13), (14) et (15) sont des réactions d’équilibre
de CO, l’utilisation de H2 pour la réduction. Il s’exprime, en fonc- dont les domaines sont visibles sur la figure 4 saut celui de Fe2O3 ;
tion des teneurs dans le gaz, par la relation : il suffit en effet d’une très faible teneur en CO du gaz pour
réduire Fe2O3 ; la courbe d’équilibre Fe2O3 / Fe3O4 coïncide donc
r H2 = %H2O/(%H2 + %H2O) (11) avec l’axe des abscisses.
— Toutes les réactions (12), (13), (14) et (15) se font sans
changement de volume gazeux, elles sont donc insensibles à une
3.2.4 Réduction des oxydes de fer par CO et H2 variation de pression dans le haut fourneau.
— Le diagramme de la figure 4 est établi pour une réduction en
Le taux d’oxydation (exprimé en atomes d’oxygène par atome de
lit fixe qui peut se prolonger aussi longtemps qu’il le faut pour
fer) des oxydes de fer varie de 1 (FeO de l’aggloméré et de certains
atteindre l’équilibre ; ce n’est pas le cas dans le haut fourneau où
minerais) à 1,33 (dans la magnétite rarement enfournée crue) et à 1,5
l’équilibre entre la composition du gaz et l’état d’oxydation du
(cas général). Pour plus de précisions sur la nature des produits
minerai ne peut, en pratique, être atteint qu’au niveau de la wüstite.
enfournés, on peut consulter les articles Minerais et fondants
On considère donc que, dans le haut fourneau dit idéal, la wüstite
[M 7 040] et Agglomération des minerais de fer [M 7 320] dans le pré-
est un point de passage obligé pour les oxydes supérieurs réduits
sent traité. La diminution du taux d’oxydation est la conséquence
par les réactions (12) et (13). Les oxydes non réduits en wüstite dans
de la réduction.
cette première étape sont réduits plus tard dans des conditions
moins favorables ; ils génèrent alors un défaut d’idéalité (§ 3.2.7).
3.2.4.1 Réduction par CO
Une première série de réactions constitue la première étape de 3.2.4.2 Réduction par H2
la réduction, à des températures qui sont au plus égales à celle de
la zone de réserve thermique (§ 3.1) ; ce sont : 3Fe 2 O 3 + H 2 ! 2Fe 3 O 4 + H 2 O – 2,09 kJ/mole de Fe 2 O 3
(16)
3Fe 2 O 3 + CO ! 2Fe 3 O 4 + CO 2 – 43,28 kJ/mole de Fe 2 O 3 (soit 0,013 MJ/kg de Fe 2 O 3 à 25 o C)
o
(12)
(soit 0,27 MJ/ kg de Fe 2 O 3 à 25 C) Fe 3 O 4 + 0,831H 2 ! 3FeO 1,056 + 0,831 H 2 O + 83,13 kJ/mole
(17)
Fe 3 O 4 + 0,831 CO ! 3FeO 1,056 + 0,831 CO 2 (soit 0,36 MJ/kg de Fe 3 O 4 à 25 o C)
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3.2.5 Réduction directe par le carbone — Chrome et vanadium : ils se comportent comme le manganèse.
— Titane : il se comporte comme le silicium.
3.2.5.1 Réduction de la wüstite
— Chaux, alumine, magnésie : à cause de leur très forte affinité
Dans la zone où la fusion permet un contact direct entre le carbone pour l’oxygène, ces oxydes ne sont pas réduits au haut fourneau,
et la wüstite, cette dernière peut être réduite selon la réaction : on les retrouve donc intégralement dans le laitier.
FeO1,056 + 1,056 C → Fe + 1,056 CO
+ 155,15 kJ/mole de FeO1,056 à 950 oC (19) 3.2.7 Droite opératoire
Cette réaction est, de toute évidence, équivalente à la somme des C’est un moyen graphique de faire la synthèse entre la production
réactions (15) et (7) qui exprime que le CO consommé par une réduc- et la consommation de gaz réducteur (figure 6). Elle est établie dans
tion indirecte est régénéré par la réaction de Boudouard. Le un système de coordonnées où sont portées, en abscisse, la quantité
chemin (15) + (7) paraît plus vraisemblable parce qu’il fait appel à d’oxygène mise en jeu rapportée à la quantité de carbone gazéifié
des contacts entre gaz (CO), solide (C) et FeO1,056 (pâteux ou liquide), (en atomes d’O2 par atome de C) et, en ordonnée, la même quantité
alors que le chemin (19) concerne des contacts entre solides ou d’oxygène rapportée à la production de fer (en atomes d’O2 par
liquides/solides : le modèle mathématique de l’IRSID emprunte le atome de Fe).
chemin (15) + (7). Le choix de l’un ou l’autre des chemins de réduc-
La production de gaz réducteur est représentée par le segment
tion n’a pas d’importance pour le bilan global, mais la comparaison
EB.
des réactions (15) et (19) montre que la réduction directe par le
carbone, fortement endothermique, est très désavantageuse du — Tout l’oxygène mis en jeu dans cette production provient du
point de vue de la consommation d’énergie. vent (v), de la réduction directe des oxydes de fer (f ) et des autres
oxydes (d). En projetant EB sur l’axe Ox , on peut donc écrire :
3.2.5.2 Autres réductions directes x v + x d + x f (atomes d’O2 /atome de C) = 1
■ Oxyde de phosphore
— La pente de la droite est m = (O/Fe)/(O/C) ; ce rapport est égal
Le phosphore est présent dans la charge sous forme de au rapport NC/NFe entre le nombre d’atomes de C consommés et
phosphate ; ce dernier est décomposé à partir de 1 100 oC : le nombre d’atomes de Fe produits par unité de temps, et donc aussi
P2O5 , 3 CaO → (P2O5)gaz + 3 CaO 1
au rapport N ----- O2 /NFe.
2
+ 673,7 kJ/mole de P2O5 à 1 400 oC (20)
puis l’oxyde est réduit :
(P2O5)gaz + 5 C → (P2)gaz + 5 CO
+ 980,6 kJ/mole de (P2O5)gaz à 1 400 oC (21)
Le phosphore ayant à peu près la même affinité pour l’oxygène
que le fer est, comme lui, réduit presque complètement au haut
fourneau.
■ Oxydes de manganèse
Le manganèse est introduit dans le fourneau sous forme de MnO
et de MnO2 ; ce dernier est facilement réduit en MnO par l’oxyde
de carbone. MnO est réduit, au-delà de 1 000 oC, selon la réaction :
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Granulométrie :
d .............................. (mm) 8,5 10 12,5 (50) 3.3.1.2 Mise en fluidisation d’un lit granulé
Perte de charge : (1) 5 630 3 680 2 580 970 Elle intervient quand le poids de la charge est équilibré par la force
∆p .......... (Pa · m–1) de pression du gaz :
--------- (2) 18 600 12 200 8 460
H ρs gHs 0 = ∆p · s 0
–2 –1
(1) Débit massique 0,5 kg · m · s .
(2) Débit massique 1 kg · m – 2 · s–1.
avec ρs masse volumique des grains en vrac,
g accélération de la pesanteur,
H hauteur du lit,
Cet exemple montre clairement l’effet de la granulométrie des s0 section moyenne du haut fourneau,
matières et du débit massique de gaz sur la perte de charge par
à la mise en fluidisation la perte de charge s’exprime donc par la
mètre de hauteur du lit. On constate que la perméabilité au gaz est
relation :
surtout apportée par le coke, et que les parties les plus fines sont
∆p
très néfastes. --------- = ρ s g (25)
H
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— le facteur d’engorgement :
Ql ρg
FE = ---------- --------
- (27)
Qg ρl
Dans leur descente sous l’effet de leur poids (qui génère une
pression ps), les matières de la charge sont soumises au frottement
contre les parois (soit p f la force de frottement par unité de section
de la cuve) et à la poussée du gaz (soit P la perte de charge
globale). La pression verticale résultante est :
P V = p s – (P + p f ) (28)
Figure 9 – Courbes de Furnas
Le tableau 3 montre les résultats d’une expérimentation faite
aux hauts fourneaux de Magnitogorsk [3].
Pour un aggloméré, ρs ≈ 1 800 kg/m3, avec g = 9,81 m/s 2, il vient
∆p /H = 17 658 Pa/m ; c’est l’ordre de grandeur de certains résultats L’altitude H est comptée depuis le gueulard ; p L est la pression
du tableau 2 ; la mise en fluidisation est donc possible au haut latérale de la charge. Les valeurs du rapport P V / p s indiquent que
fourneau et elle y a été effectivement constatée. Par ailleurs, si la la pression résultante est de l’ordre du tiers de l’effet de la pesanteur.
fluidisation ne peut se développer quand la relation (25) est satisfaite, Sur la base des formules de Jansen, qui concernent la vidange
le mouvement de la charge vers le bas est interrompu par la poussée d’un silo, on peut formaliser l’expression de la pression
du gaz, c’est alors l’accrochage. résultante P V , qui dépend de ρ s (masse volumique des solides en
vrac), de la perte de charge ∆p/H (§ 3.3.2), de D (diamètre de la cuve
à l’altitude H ), de f (coefficient de frottement sur la paroi) et
3.3.2 Passage du gaz dans un lit de coke de X = p L /P V :
à travers lequel s’écoulent des liquides
∆p
H
- D 1 – exp – 4 f X ------- --------------
ρ g – --------- H 1
PV = s (29)
Dans la partie basse du haut fourneau, le laitier et la fonte liquide D 4f X
s’écoulent vers le creuset à travers un massif de coke, alors que le
gaz traverse en sens inverse ce même massif. Cette situation (0)
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Figure 11 – Études thermochimiques : expérimentations sur hauts fourneaux en marche ([21] pour (a) et (b) ; [22] pour (c ))
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4.1.2 Fonctionnement du fer à l’enfournement (y0 = 1,468 atome O2 /atome Fe), on peut
écrire l’ensemble des réactions (12) + (13) selon la réaction :
Il revient à l’IRSID d’avoir, dans les années 50, établi une théorie
du fonctionnement du haut fourneau fondée sur les aspects thermo- FeO y0 + [y 0 – (1,056 + ω)]CO
chimiques et qui est résumée par la figure 12. Les transferts de → FeO1,056 + ω + [y 0 – (1,056 + ω)] CO2 (30)
masse y sont figurés par la variation du taux d’oxydation de la
charge, qui est évidemment en relation directe avec les teneurs soit pour le haut fourneau HF4 :
en CO2 et CO du gaz que nous avons considérées ci-avant. Le niveau FeO1,468 + 0,382CO → FeO1,086 + 0,382CO2
d’oxydation de la wüstite (1,05), dans ce schéma, sépare le haut four-
neau en deux zones fonctionnelles :
4.1.3.3 Bilan du coke
— la zone de préparation où, dans le cas idéal, les oxydes de fer
sont réduits jusqu’à l’état de wüstite ; La consommation de combustible est, dans l’exemple, de 294 kg
— la zone d’élaboration où la wüstite est réduite en fer et où se de coke et de 180 kg de charbon par tonne de fonte. Le charbon
forment la fonte et le laitier. Le fonctionnement du haut fourneau et 130,9 kg de coke sont brûlés aux tuyères :
peut être appréhendé par les bilans des transferts de masse • 106,9 kg de coke sont dissous par la réaction (7) de
(matières) et des transferts de chaleur de chacune des deux zones. régénération ;
• 4,4 kg servent à la réduction des oxydes non ferreux et à la
désulfuration ;
4.1.3 Bilans de matière • 51,8 kg servent à la carburation de la fonte.
Le pourcentage de coke dissous (36,4 %) est ici particulièrement
élevé à cause de la grande quantité de charbon injecté.
Remarque : les chiffres cités aux paragraphes 4.1.3 et 4.1.4
concernent la marche du haut fourneau HF4 de Dunkerque au
cours de l’année 1990 et résultent de calculs effectués par l’IRSID.
4.1.4 Bilans thermiques
Sans détailler les bilans de matière on examine ici quelques Les tableaux 5 et 6 détaillent ceux de la zone de préparation, et
points intéressants. de la zone d’élaboration pour laquelle les besoins thermiques
proviennent surtout des réactions et de l’enthalpie des liquides.
4.1.3.1 Bilan de l’azote Les bilans thermiques étagés ne sont pas additifs. La chaleur prise
On écrit que l’azote traverse le haut fourneau sans réagir, ce qui en compte, dans la zone de préparation, pour l’échauffement de la
est justifié par le fait que l’azote ne se combine qu’en très faible partie des solides destinée à être gazéifiée (oxygène correspondant
quantité dans KCN et TiN. à la réduction hématite → wüstite, carbone dissous) n’est pas un vrai
besoin puisqu’elle est réutilisée pour le réchauffage des solides
enfournés ultérieurement. Le bilan thermique global, établi selon les
4.1.3.2 Réduction des oxydes de fer par CO mêmes principes, met en jeu 4 245 MJ/t de fonte (article Haut Four-
On introduit là un niveau intermédiaire d’oxydation de 1,056 + ω neau. Exploitation [M 7 411] dans le présent traité).
pour tenir compte du défaut d’idéalité (ω = 0,03 atome O2 /atome Fe (0)
pour le haut fourneau HF4) et, étant donné le taux d’oxydation réel
(0)
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— La zone de fusion peut avoir des formes diverses (figure 14), 4.2.2.4 Zone des tuyères
en fonction de la forme des isothermes (§ 6.3.2.2).
Au nez de chaque tuyère se déroulent deux phénomènes : d’une
— Elle joue un rôle important dans la distribution du gaz vers la part la combustion du coke et des combustibles injectés, d’autre
zone sèche ; en effet, à cause de leur ramollissement, les couches part le mouvement du coke balayé violemment par le vent qui sort
de matières minérales sont pratiquement imperméables au gaz, de la tuyère. On peut donc définir là deux zones que l’on confond
qui ne peut donc traverser la zone de fusion que dans l’épaisseur souvent en les nommant.
des couches de coke. Ces persiennes de coke interviennent donc
a ) La zone de combustion : là, le carbone du coke et des injections
pour beaucoup dans l’établissement de la perte de charge globale
brûle [réactions (4), (6) et (7)], l’eau du vent est réduite [réaction (10));
du gaz dans le haut fourneau ; de plus, elles orientent et
à cause du grand excès de carbone, l’hydrogène des injections
répartissent le gaz à la sortie de la zone.
traverse la zone sans réagir. La figure 15 montre une analyse du gaz
— L’épaisseur de la zone de fusion dépend de l’écartement des dans cette zone, on y constate que la région oxydante (où il y a O 2
isothermes et de la nature de la gangue : les matières siliceuses ou CO 2) disparaît à environ un mètre du nez de la tuyère ; dans
ont une température de début de fusion relativement basse, mais d’autres essais, on a trouvé jusqu’à 1,3 m, ce qui reste faible devant
un grand intervalle de fusion ; c’est le contraire pour les matières le diamètre des creusets actuels, soit 8 à 14 m. Sauf injection massive
calcaires. de produits hydrogénés ou forte suroxygénation du vent, le gaz qui
— L’altitude de la zone de fusion (et donc des isothermes) est sort de la zone de combustion contient 35 % de CO, 1 à 3 % d’hydro-
fonction de la répartition des solides dans la cuve (§ 6.3) et des gène et le complément d’azote.
conditions de marche du haut fourneau ; ainsi, toutes choses étant La température de flamme T F , au nez de la tuyère, se calcule par
égales par ailleurs, l’augmentation de la température aux tuyères le bilan thermique de la zone de combustion considérée isolément,
provoque l’abaissement de la zone de fusion. d’où le nom de température adiabatique de flamme. Une bonne
— La carte thermique du haut fourneau, et en particulier la posi- estimation en est donnée par la relation :
tion des isothermes de fusion, peut être déterminée par une méthode
mise au point par l’IRSID, et qui consiste à enfourner, en un point T F (oC) = 1 455 + 0,8 T v – 5,9 (H2O) v + 3,67 (Ox) – El (31)
repéré sur un rayon, une capsule contenant du xénon radioactif avec Tv température du vent,
(Xe 133) ; cette capsule est obturée par un bouchon fait de différents
alliages dont la température de fusion est de 800, 1 060, 1 145 (H2O)v eau du vent en g/m 3 de vent,
ou 1 270 oC. La détection du passage du xénon à la sortie du haut (Ox) suroxygénation du vent en m 3/1 000 Nm3 de vent,
fourneau permet de déterminer la position du point de fusion du El effet refroidissant global des injections, dû principa-
bouchon. L’enfournement de plusieurs capsules donne la forme et lement à leur chaleur de crackage.
la position de l’isotherme.
Le tableau 7 donne les valeurs de El. (0)
4.2.2.3 Zone d’égouttage, ou zone active
Cette zone est limitée par deux surfaces : le bas de la zone de
fusion et la limite supérieure de la zone stagnante ou homme-mort Tableau 7 – Effet du refroidissement des injections
(§ 4.2.2.5). Là le coke est en mouvement vers les tuyères où il est
brûlé ; la distance L (figure 13) entre ces deux surfaces est un Injection Effet refroidissant global El
paramètre important pour l’écoulement du coke, et donc pour la
descente des charges. Fuel........................... – 3,67 oC · L–1 pour 1 000 m3 de vent
Gaz naturel .............. – 3,4 oC · m–3 pour 1 t de fonte
Le gaz qui vient des tuyères se dirige vers les persiennes de coke Gaz de cokerie ......... – 2,3 oC · m–3 pour 1 t de fonte
de la zone de fusion ; les liquides s’écoulent sur toute la surface ;
Charbon ................... – 1,5 à 2 oC · kg –1 pour 1 t de fonte
tous ces écoulements se font à travers les morceaux de coke, seul
solide présent ; il en résulte que cette zone se comporte comme un
réacteur parfaitement brassé dont la caractéristique principale est
que tous les éléments de matières qui y sont contenus ont la
même probabilité de sortie, quel que soit leur temps de séjour
dans la zone.
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d’échauffement des solides, à partir de la mesure des températures phosphoreuse avec 1,6 % de phosphore contient, toutes choses
locales au-dessus de la charge, et la loi de réduction des oxydes de égales par ailleurs, 0,53 % de moins de carbone qu’une fonte
fer, à partir de l’analyse du gaz prélevé localement au-dessus de la hématite.
charge ; les flux de matières solides sont appréhendés par des Dans la fonte solidifiée, le carbone se trouve sous forme de
mesures faites sur la surface de chargement. C’est le modèle CLEF graphite ou de carbure de fer Fe3C ; le graphite se dépose au joint
de caractérisation locale de l’état du haut fourneau. des grains, d’où l’aspect gris-noir des fontes chargées en graphite ;
le carbure est en solution solide. Le silicium favorise la graphitisation
du carbone, le manganèse favorise la formation de carbure. Le phos-
5. Fonte et laitier phore abaisse la température de fusion de la fonte et augmente sa
fluidité.
5.1 Fonte
5.1.3 Transfert du silicium vers la fonte
5.1.1 Caractéristiques physiques de la fonte liquide
La réaction (23) participe à la production du silicium contenu dans
Elles sont fonction de l’analyse de la fonte (tableau 8). la fonte mais, à cause de la lenteur de la cinétique globale du transfert
La viscosité est cinq fois plus forte que celle de l’eau, mais cent par cette voie, on calcule qu’elle apporte au plus, à la fonte, 10 %
fois moins forte que celle d’un « bon » laitier. Sa forte tension super- du silicium qu’elle contient.
ficielle fait de la fonte un produit peu mouillant ; la tension inter- La principale source de silicium a son origine dans la zone de
faciale au contact du laitier est 0,8 N/m. La température de fusion combustion où, à cause de la très haute température, se produit la
varie en fonction de la teneur en carbone comme l’indique le dia- réaction :
gramme fer/carbone (figure 21). (0)
SiO 2 + C → (SiO)gaz + CO (34)
la silice étant fournie surtout par les cendres du coke. Le gaz SiO
Tableau 8 – Caractéristiques physiques et thermiques rencontre, dans la zone active, le carbone du coke et libère du silicium
de la fonte à 1 500 oC par la réaction :
SiO + C → Si + CO (35)
Masse Viscosité Tension Conductivité Enthalpie entre
volumique dynamique superficielle thermique 25 et 1 500 oC ce silicium est alors disponible pour silicier la fonte. SiO non réduit
(t /m3) (Pa · s) (N/m) [W/(K · m)] (MJ/kg) est réoxydé dans une région à température plus basse et où se trouve
de l’oxygène (le bas de la zone de fusion) selon la réaction :
6,4 0,005 1,3 à 1,7 16,5 1,3
SiO + FeO → SiO2 + Fe (36)
(0)
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5.2 Laitier
Figure 23 – Relation entre la teneur en silicium
5.2.1 Généralités dans la fonte et la température (Expérimentation faite à Sollac-Fos/Mer) [28]
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— Le laitier, du fait de la complexité de sa composition, ne subit La viscosité dépend de la composition du laitier ; en règle générale,
jamais une fusion franche : il peut y avoir des cristaux dans le elle diminue quand la basicité augmente et, à basicité B constante,
laitier qui circule dans le creuset ou qui s’écoule du haut fourneau. quand on augmente le pourcentage de MgO au détriment de celui
L’intervalle entre la température de début de fusion et celle de de CaO (figure 25).
fusion complète est toujours plus faible pour les laitiers basiques
que pour les laitiers acides.
5.2.4 Capacité de désulfuration du laitier
5.2.3 Viscosité L’enfournement net de soufre SE (kg/t de fonte) est fixé par le
soufre apporté par les combustibles et la charge ferrifère, diminué
Il s’agit de la viscosité dynamique vraie η (Pa · s) ; la présence de du soufre emporté par les poussières de gaz. Ce soufre se partage
cristaux dans le laitier peut lui donner une viscosité apparente plus entre la fonte et le laitier ; la relation (38) où Q L est la quantité de
élevée. La viscosité doit être aussi faible que possible pour un bon laitier en kg/t de fonte exprime le bilan du soufre :
écoulement du laitier, pour favoriser les transferts de masse entre
fonte et laitier et permettre une bonne décantation entre fonte et SE
[ S ] = ------------------------------------------------ (38)
laitier à la coulée. La viscosité diminue quand la température (S)
augmente selon une loi de la forme : 10 + 0,01Q L -----------
[S ]
B avec (S)/[S] coefficient de partage du soufre.
η = A exp -------
T
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-----------------------------------------------
- × 33,19 MJ/ kg
de réaction, et l’affaiblissement de la structure sont les causes de 100 – % eau 100 – % cendres
l’augmentation de la réactivité. PCS = ------------------------------------ (42)
100 100
6.1.1.4 Caractéristiques requises pour le coke ■ L’analyse des cendres (tableau 12), permet de mesurer les apports
nuisibles comme le soufre (dont on fixe la limite en fonction des
Elles résultent de son rôle, des éléments chimiques présents et possibilités de désulfuration), K2O (0,6 kg/t de fonte entrant par le
des sollicitations décrites ci-avant. De nombreux essais ont montré coke pour une entrée totale de 1,5 kg de K2O/ t de fonte au haut
l’importance de la qualité du coke sur la marche du haut fourneau ; fourneau HF4 Dunkerque par exemple) et le phosphore (quand on
la figure 28 donne un exemple où la diminution de la résistance à produit des aciers à très bas phosphore).
l’abrasion augmente la perte de charge dans les étalages.
■ La réactivité du coke est le paramètre primordial de la réaction (7) ;
■ Pour assurer son rôle de support perméable, nous avons vu que par là, elle a un effet sur le niveau de température de la zone de
le coke doit être assez gros et bien classé (peu de fines). Il lui faut donc réserve thermique : un accroissement de réactivité diminue la tem-
une bonne résistance à froid ; dans l’essai IRSID, cette résistance est pérature de cette zone, ce qui n’est pas favorable à l’achèvement des
déterminée par un test au tambour suivi d’un criblage (tableau 11). réductions indirectes ; de plus, l’activation de la réaction (7) favorise
la dégradation du coke.
(0)
Tableau 11 – Valeurs préconisées
pour les essais de cohésion IRSID (1) 6.1.2 Autres combustibles solides
Résistance 6.1.2.1 Petit coke
Résistance à l’abrasion
à la fragmentation
I 40 (%) I 20 (%) I 10 (%) Le criblage du coke en fait éliminer la fraction granulométrique
Fraction supérieure Fraction supérieure Fraction inférieure inférieure à 25 mm ; une partie de cette fraction peut être valorisée
à 40 mm à 20 mm à 10 mm par l’enfournement au haut fourneau, c’est le petit coke (15 à 25 mm).
Il faut évidemment le séparer du gros coke et, généralement, il est
> 50 % > 70 % < 20 % enfourné en mélange avec l’aggloméré, dont la granulométrie est
proche de la sienne. À cause de sa grande surface spécifique, le petit
(1) Essais après 500 tours (tambour tournant à 25 tours /min : article Coke
métallurgique [M 7 340] dans ce traité). coke est un acteur privilégié de la réaction de dissolution (7), ce qui
ménage d’autant le gros coke.
(0)
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6.1.3 Aggloméré
6.1.3.1 Avantages de l’aggloméré
Il sont multiples :
— c’est un produit en morceaux grossiers, fabriqué à partir de
parties fines qui sont ainsi éliminées du lit de fusion ;
— c’est un produit dont la composition est prévue à l’avance et
dans lequel on peut mettre des additions dont le faible dosage ne
permet pas un enfournement séparé ;
— avant agglomération, le mélange facile des minerais fins de
différentes provenances permet une homogénéisation et, par là,
une qualité d’aggloméré constante ;
— c’est un produit séché, déshydraté et décarbonaté, ce qui
soulage l’action du gaz dans le haut de cuve et évite que les réactions
de réduction soient ralenties par le dégagement de vapeur d’eau ou
de gaz carbonique.
Figure 29 – Évolution de l’aggloméré dans le haut fourneau (d’après [31])
6.1.3.2 Évolution de l’aggloméré dans le haut fourneau
Depuis le gueulard jusqu’à la fusion, l’aggloméré subit une évo- 6.1.3.4 Caractéristiques requises pour l’aggloméré
lution chimique par la réduction de l’oxyde de fer qu’il contient ■ La perméabilité au gaz de l’aggloméré doit être aussi élevée que
(figure 11c p. 11) et une dégradation granulométrique (figure 29) possible ; cela s’obtient par un criblage soigné, à une maille de
très sévère [31] puisque, dans l’exemple, la fraction fine (< 3 mm) quelques millimètres, avant enfournement et par une résistance
passe de 5 à 60 % ; le même texte indique que la dimension mécanique à froid suffisante. Cette résistance peut être mesurée, par
moyenne varie de 20 mm au gueulard à 5 mm en bas de cuve. exemple par le test ISO (ISO 3271 de 6-1986), test au tambour où un
bon objectif est d’atteindre au moins 78 % de morceaux > 6,3 mm
6.1.3.3 Sollicitations mécaniques après l’essai. Pour ce qui est de la résistance mécanique à chaud, on
vise un RDI au maximum égal à 35 %.
Elles sont semblables à celles que subit le coke ; on s’accorde à
penser que leur effet est minime en comparaison de l’effet de celles ■ La ségrégation au chargement est importante à cause de la grande
qui sont provoquées par la réduction. Le passage de l’hématite Fe2O3 différence de perméabilité entre les parties fines et les parties gros-
à la magnétite Fe3O4 s’accompagne d’une augmentation de la taille sières. On a pu constater par exemple [9], à la surface de la charge,
des cristaux qui engendre des tensions dans les morceaux d’agglo- un diamètre moyen de 18 mm au centre du gueulard et de 8 mm au
méré. Ces tensions sont d’autant plus dangereuses que l’aggloméré niveau de la paroi. L’aggloméré ne doit pas être trop fin (pour la
n’a encore acquis aucune plasticité du fait de la température de perméabilité) et pas trop gros (pour limiter la ségrégation). À
réduction relativement basse (500 à 650 oC). On mesure la résistance Dunkerque [9], on vise ainsi 10 % de morceaux supérieurs à 40 mm
de l’aggloméré à ce type de sollicitation, dite résistance à chaud, et 45 % de dimensions allant de 5 à 15 mm. (0)
par le RDI (Reduction Degradation Index), qui est un essai japonais
au tambour après action, à 500 oC, d’un gaz réducteur sur l’échan- ■ La réductibilité de l’aggloméré est favorisée par une grande poro-
tillon (ISO 4696) ; l’essai est suivi d’un criblage où l’on mesure le sité, qui elle-même varie en fonction de la teneur en FeO ; de plus,
pourcentage de morceaux de dimension inférieure à 3,15 mm : plus FeO forme avec la silice un silicate peu réductible. La teneur en FeO
le RDI est faible et plus la résistance est élevée. La résistance à la est ainsi souvent utilisée comme repère de la réductibilité. Les autres
dégradation par réduction à basse température s’améliore par l’aug- conditions favorables à l’obtention d’une forte réductibilité sont
mentation des teneurs en gangue, en MgO et en FeO ; par contre, (tableau 13) :
elle se dégrade quand on augmente les teneurs en Al2O3 , en TiO2 — une forte teneur en chaux (qui neutralise SiO2 et limite la for-
et en K2O, ce dernier altérant sensiblement la structure de l’agglo- mation du silicate de fer) ;
méré pendant la réduction. — une faible quantité de gangue (la gangue gène le contact entre
gaz et oxydes) ;
— une faible dimension moyenne (qui augmente la surface de
réaction), mais on est, là, limité par l’exigence de la perméabilité.
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Usine
Fe Fe++ SiO2 CaO MgO Al2O3 Gangue Indice
(% en masse) (% en masse) (% en masse) (% en masse) (% en masse) (% en masse) (% en masse) de basicité i
Dunkerque (Sollac) 56,46 4,37 5,80 10,45 1,60 1,06 18,91 1,80
Rombas (Lorfonte) 44,49 4,85 11,08 15,39 1,85 5,63 33,95 1,39
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6.1.6.3 Bauxite
Elle est parfois enfournée pour augmenter la teneur en alumine
du laitier, afin d’augmenter l’hydraulicité du sable de laitier. On
l’enfourne de préférence sous forme rocheuse à cause de son effet
nuisible sur le RDI.
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La fonte contient normalement un peu de zinc (0,01 %) ; elle en 6.3.2 Importance de la répartition
contient jusqu’à 0,4 % lors de la chute de garnis. L’évacuation du
zinc par la fonte ne peut être considérée comme une méthode habi- 6.3.2.1 Flux de gaz dans la zone sèche
tuelle, parce qu’elle refroidit trop le creuset ; la seule voie possible
est l’évacuation par les poussières de gaz ; pour cela, la température Ils se répartissent en fonction de la perméabilité locale, c’est-à-dire
du flux de gaz central doit être d’au moins 450 oC, pour interdire la qu’ils sont forts (§ 3.3) soit là où le rapport C/M est élevé, soit là où
condensation du zinc. se trouvent les plus gros morceaux de coke, pour les couches de
coke, et les plus gros morceaux d’aggloméré, pour les couches
d’aggloméré.
6.3 Répartition des matières au gueulard 6.3.2.2 Zone de fusion
6.3.1 Définition À cause des passages de gaz préférentiels qu’ils déterminent, les
rapports C/M locaux (et dans une moindre mesure la ségrégation
C’est la façon avec laquelle le coke et les matières ferrifères sont locale) fixent la position des isothermes dans la cuve, et donc la
déposés dans le gueulard par l’appareil de chargement ; ce dernier ; position de la zone de fusion.
décrit dans l’article Haut fourneau. Conception et technologie Si, par exemple, C / M est localement plus faible que la valeur
[M 7 410], permet le déversement, soit par une cloche en forme de moyenne, la quantité de gaz empruntant la ligne verticale considérée
cône, soit par une goulotte inclinée qui, en tournant, décrit un cône est faible, sa température moyenne est faible et les isothermes sont
(figure 1 p. 3). Par construction pour la cloche, et par choix habituel très écartées : un premier résultat est que la zone de fusion sera
de l’opérateur pour la goulotte, le chargement se fait près de la paroi. épaisse sur cette verticale ; de plus, la masse de matières ferrifères
La répartition circulaire est considérée comme uniforme tout au long à réchauffer est relativement forte là où la quantité de chaleur
d’un cercle, à cause de la symétrie de révolution du haut fourneau apportée par le gaz est faible, les isothermes sont basses : la zone
et de son appareil de chargement. Un manque d’uniformité dans la de fusion est basse. De tels mécanismes expliquent les différentes
répartition circulaire est à assimiler à un incident, bien que le formes de zones de fusion de la figure 14 (p. 14). En particulier, à
gueulard équipé d’une goulotte alimentée par deux trémies semble cause du chargement à la périphérie du gueulard et du V formé par
donner parfois des fluctuations de répartition circulaire. L’objet de la surface des charges, le centre du fourneau est souvent chargé en
ce paragraphe est donc l’étude de la répartition radiale. En premier gros coke, ce qui provoque un flux central important et rend très
lieu, cette répartition est caractérisée par le rapport, sur une ligne courante la forme de zone de fusion en V renversé.
verticale donnée, entre la hauteur de coke C et la hauteur des
matières minérales M, ces constituants étant apportés par une ou 6.3.2.3 Zone sèche, zone de fusion
plusieurs unités de chargement (ou charges). On considère donc C/M
D’une part les persiennes de coke de la zone de fusion distribuent
ou C/(C + M).
le gaz dans la zone sèche, d’autre part la répartition des matières
dans la zone sèche fixe certaines caractéristiques de la zone de
fusion ; il y a donc interaction entre les écoulements dans ces deux
zones.
■ La masse volumique (en vrac : 0,45 t/m3 pour le coke ; 1,5 à 1,8
pour l’aggloméré ; 2,2 pour les boulettes) donne aux matières miné-
rales une énergie cinétique de chute plus forte que celle du coke, d’où
des trajectoires différentes et surtout un effet de chasse qui modifie
l’allure des couches de coke quand l’aggloméré tombe dessus.
■ La dimension des morceaux : à cause de l’étendue de la granulo-
métrie, il y a ségrégation le long du talus d’éboulement, les gros
morceaux roulant vers le bas et le fin restant sur la crête. La figure 33
montre clairement ce phénomène pour un gros haut fourneau.
De plus, les particules les plus fines peuvent s’infiltrer dans les
couches de matières plus grossières (cas de l’aggloméré fin et du
coke) et sont facilement déviées par le gaz qui se dirige vers les prises
de gaz. Il a été montré que l’angle de talus de matières solides (déter-
miné par la génératrice du tas) balayées par un courant gazeux
diminuait très vite quand on dépasse 40 % de la vitesse de mise en
fluidisation, ce qui est plus facilement atteint pour les particules les
plus fines ou les plus légères. Cela explique, dans les marches à fort
flux central, l’aplatissement de la surface des charges au centre du
gueulard.
■ La forme et la masse volumique déterminent l’angle de talus
naturel d’un tas au repos, constitué de façon standard. Des mesures
Figure 32 – Mécanisme de la recirculation du zinc au haut fourneau faites à Dunkerque en 1975 donnaient : 28o 58′ pour le coke ; 27 o 52′
(d’après [32]) pour l’aggloméré et 20o48′ pour les boulettes, qui ont un angle de
talus plutôt faible à cause de leur forme sphérique.
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gx 2
y = x tan α + ------------------------------------------------------------------------------------------------------
2
- (43)
2 v 0 + 2Lg ( sin α – Φ cos α ) cos 2 α
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Le vent apporte l’oxygène nécessaire à la combustion et de l’humi- 7.1.2.1 Facteurs de conditionnement du vent
dité naturelle, mais il est, de plus, le véhicule éventuel de corps divers et effet sur certains paramètres ou résultats de marche
qui sont utiles au fonctionnement ou à l’économie du haut fourneau : On distingue deux catégories de facteurs (tableau 18) :
vapeur d’eau, oxygène, combustible d’appoint, poudres diverses,
voire azote. Par ailleurs, son débit fixe l’allure de combustion et, par — la température du vent et l’oxygène de suroxygénation, qui
là, la production du haut fourneau, sa pression traduit l’aptitude des augmentent la température de flamme et diminuent la consomma-
matières de la charge à être traversées par le gaz, sa température tion de vent, la production de gaz et sa température ;
en fait un véhicule de chaleur et permet de réinjecter dans le haut — l’humidité du vent et les injections de combustible (ici du
fourneau 30 à 35 % de la chaleur qui l’a quitté sous forme de chaleur charbon maigre), qui ont les effets inverses.
latente du gaz de gueulard (tableau 17). (0)
(0)
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Il est donc possible de choisir la stratégie de fonctionnement, par 7.1.2.5 Réchauffage du vent
exemple en maintenant la température de flamme par suroxygéna-
tion si l’on injecte du charbon. Il est fait de façon classique par les cowpers. Un chauffage
d’appoint est parfois pratiqué en utilisant l’énergie électrique mise
L’effet des paramètres de conditionnement du vent sur la consom-
en œuvre par la torche à plasma, qui est étudiée dans l’article Haut
mation de coke (ou mise au mille) dépend de leur apport énergétique
Fourneau. Exploitation [M 7 411].
(PCS du charbon, enthalpie du vent) ou du besoin thermique qu’ils
engendrent (cas de la vapeur d’eau).
7.1.2.4 Injection d’un combustible d’appoint 7.2.2 Perméabilité au gaz du haut fourneau
■ Le taux de remplacement, ou d’équivalence, mesure la quantité de On peut définir un coefficient de perméabilité a à partir de la
coke économisé par kilogramme ou mètre cube de combustible perte de charge élémentaire dans une tranche de lit de fusion. Ce
injecté. Il résulte, théoriquement, de la chaleur latente apportée par coefficient dépend de ∆p /H, de la section droite du fourneau et de
le combustible, diminuée des besoins thermiques de l’injection l’évolution de la quantité de gaz et de sa température. On le calcule
(réchauffage à la température du coke et chaleur de craquage, ou de par la relation :
carbonisation pour le charbon). Le taux de remplacement théorique
ne peut être atteint que si tout le combustible est utilisé, ce qui n’est Dm
a = ------------------------
2 2
- (46)
pas toujours le cas (fuel formant des suies aux forts taux d’injection) ; p t –pg
il peut être dépassé quand l’injection entraîne des effets secondaires
importants (par exemple l’amélioration de la régularité de marche). avec p t et p g bar (1 bar = 105 Pa) pression absolue du vent aux
tuyères et du gaz au gueulard,
■ La décision d’injecter et le choix de combustible injecté dépendent
d’abord de l’intérêt économique de l’injection ; on a ainsi, dans les D (m3/min ou m 3/h) théoriquement débit massique
années 60, privilégié l’injection de fuel, on injecte, actuellement, de du vent, industriellement débit
préférence du charbon. volumique,
L’injection de combustible est aussi un moyen de diminuer la m = 1 à 2 suivant que l’on est en
température de flamme, moins coûteux que l’augmentation de régime laminaire ou turbulent,
l’humidité du vent ou que la baisse de sa température ; cette action c’est-à-dire qu’il varie en fonc-
est souvent nécessaire pour stabiliser la marche du haut fourneau, tion de la vitesse du gaz et des
en augmentant le volume de la zone active. Elle a ainsi permis caractéristiques du lit de fusion
l’emploi de hautes températures de vent, ce qui a beaucoup amélioré qui déterminent les canaux par
l’économie du haut fourneau. où passe le gaz (la dimension
moyenne et l’indice de vide).
L’injection de combustible accroît habituellement la teneur en Pratiquement on prend m = 1,7.
hydrogène du gaz des tuyères parce que les produits injectés en
contiennent ; c’est un élément favorable pour la réduction des Certains préfèrent considérer la résistance K du haut fourneau
oxydes de fer (§ 3.2). soit :
K = 1/a
■ Le combustible injecté doit brûler aussi complètement que
possible ; il n’y a apparemment pas de difficultés avec les gaz (gaz
naturel, gaz de cokerie). Les combustibles liquides doivent être 7.2.3 Vitesse du gaz
pulvérisés par un dispositif statique ou dynamique (pulvérisation par
un gaz) et réchauffés pour se trouver à un bas niveau de viscosité Elle est en général calculée pour le passage dans la section vide
(viscosité Engler du fuel lourd : 100 à 20 oC ; 2 à 3 à 100 oC). considérée et pour les conditions réelles de température et de pres-
La combustion du charbon se déroule en deux phases ; le charbon sion. En 1989, à Dunkerque, les vitesses au gueulard étaient ainsi
est d’abord cokéfié et les matières volatiles dégagées brûlent de 1,3 m/s au haut fourneau HF2, de, 1,08 m/s au HF3 et de 0,91 m/s
rapidement, ensuite le semi-coke produit brûle à son tour. La au HF4. Cette notion a de l’importance pour l’évacuation des pous-
gazéification du semi-coke semble être très rapide à cause de sa sières de gaz comme l’a montré R. Paoletti [12]. Le tableau 20 donne
grande réactivité. La combustion du charbon dépend des conditions un exemple de ses calculs dans le cas de l’aggloméré lorrain.
auxquelles il est soumis (température et teneur en oxygène du vent) Un certain effet d’entraînement est nécessaire pour éliminer par
et de sa granulométrie : il doit être, de préférence, broyé finement autocriblage les particules très fines, dangereuses pour la perméa-
(charbon à Dunkerque : 65 % de dimension < 80 µm et 80 % de bilité du lit de fusion ; par contre, il n’est pas économique de rejeter
dimension < 100 µm) [17]. Le respect de ces conditions autorise une trop de poussières et le départ des grosses poussières bouleverse
consommation très élevée de charbon, comme au haut fourneau HF4 la répartition dans le gueulard.
de Dunkerque en juillet 1990 : 180 kg de charbon + 270 kg de
(0)
coke + 25 kg de petit coke (15 à 25 mm).
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